Elle allait être physiquement là durant la mission ?! Les nerfs du Mandalorien manquèrent de lâcher, et sa contenance aussi d'ailleurs. Il fut secoué d'un frisson si puissant qu'il crut se trouver sur Hoth durant un quart de seconde... Pourvu qu'elle n'ait pas ressenti sa crispation à ce moment précis, pensait-il en tâchant de rester calme et détendu. La dernière fois qu'ils s'étaient rencontrés elle avait fait un beau massacre les sabres à la main... Et la fois d'avant aussi, d'ailleurs, et l'autre fois d'avant de même. Elle avait bien trop tendance à se laisser aller à la folie meurtrière quand elle était lancée. Son instabilité sur le plan émotionnel pouvait réellement leur coûter la mission, voire la vie... Elle pourrait même se retourner contre Sareth, qui sait, elle n'était déjà pas loin de le faire sur Nar Shaddaa ! Avoir quelqu'un d'aussi imprévisible dans les pattes était une arme à double tranchant... Et la lame était sous sa gorge. Si elle se trouvait sur place avec lui cela changeait BEAUCOUP le plan, en fait c'était même tout un autre plan qui était en train de se composer dans l'esprit du chasseur de primes. Elle allait monter à bord du vaisseau qui plus est, ça aussi ce n'était pas du tout prévu, et ça corsait d'avantage la situation, il fallait prévenir tout le monde à bord et se préparer au mieux pour l'accueil d'un être aussi dangereux et imprévisible...
Pour rien au monde elle ne devait voir Ophilia, ce fut sa première pensée, elle frappa son cerveau comme un tir de blaster. Molavar... Il connaissait l'endroit, ce n'était pas loin de Tatooine, il aurait le temps de faire un détour pour déposer sa fille chez Sanya et ainsi éviter le moindre désagrément. Rooker était professionnel et avait vu bien pire, il saurait faire ce qu'on lui demande sans poser de questions... Quand à Taewyn, nul doute qu'il comprendrait l'importance d'être calme et de jouer le jeu au cours de cette mission, cela lui permettrait d'obtenir des infos sur les Siths, ce qui ravirait son oncle à n'en point douter. Seven était beaucoup moins intéressé par les considérations morales et éthiques que le reste du groupe, tant que ses amis allaient bien, il irait bien. Il serait bien pratique pour calmer Rippley qui allait sans doute céder au stress et n'en faire qu'à sa tête... Mais même si tout le monde se tenait à carreau, Sareth s'était senti TRÈS mal à l'aise lors de cette discussion avec la mirialan, elle semblait complètement ailleurs, comme si elle était plongée dans un genre de transe mystique. Pourquoi diable les sorciers semblaient-ils tous aussi étranges les uns que les autres ? Il aurait tout le loisir d'y réfléchir une autre fois, il devait déjà s'occuper de prévenir tout ce beau monde et de déposer Ophilia sur Tatooine.
Molavar, quelques heures standard plus tard.Lorsque les portes de la cantina s'ouvrirent pour laisser passer la silhouette casquée de Sareth, des regards méfiants lui furent jetés quelques instants... Il n'y avait pas grand monde ici, deux trois malfrats, un vioque qui jouait aux cartes, le barman toydarien à la mine renfrognée et... Mya, au fond de la pièce près des fenêtres, le visage entièrement à découvert. Le coin était-il suffisemment mal famé pour qu'elle se permette de se révéler en public sans craindre le moindre problème ? Il fallait croire que oui... Bien vite les regards qui lui étaient adressés disparurent, chacun avait des choses à faire, seule Mya et ses yeux vairons brillants dans l'obscurité continuait de guetter Sareth avec cette expression énigmatique dont elle seule connaissait le secret et qui parvenait parfaitement à mettre le mercenaire mal à l'aise. A bien y penser, cette cantina était quasiment la même que celle d'Hypori, à peu de choses près. Bon, cela n'avait rien d'étonnant d'un côté, les cantinas mal famées avaient toutes le même visage poussiéreux et ridé dans ce coin de la galaxie, mais si la Sith avait réellement le sens de l'ironie tragique, Sareth l'avait parfaitement saisi. Les deux avaient bien changé depuis qu'ils s'étaient quittés dans ce vieux bar mal famé de l'ancienne planète séparatiste... L'armure n'était plus la même, les visages n'étaient plus les mêmes, les caractères avaient eu tout le loisir de changer en mal comme en bien, mais surtout en mal. La seule chose qui pouvait peut être rester, à la rigueur, c'était ce sentiment, peut être faux, de respect mutuel et d'amitié tordue qui animait les deux protagonistes.
Les éperons de ses bottes tintèrent à chaque pas jusqu'à arriver à la table de la mirialan... Il s'assit face à elle et, voulant éviter de dresser un mur entre elle et lui d'entrée de jeu, retira son casque pour révéler son visage borgne à l’œil noisette unique. L'expression de Sareth se voulait neutre, mais empêcher sa jambe de taper nerveusement du pied lui demandait un effort surhumain tant la situation était riche en souvenirs et en appréhensions. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas revu son "amie" d'aussi près... La cicatrice lui avait entièrement dévoré le visage, pourtant elle avait quelque chose d'artistique une fois plantée au milieu de ce visage étonnement doux. C'était sans doute un des nombreux secrets de Ranath, de savoir mêler aussi bien la subtilité et la brutalité, la douceur et la fermeté, la peur et la confiance... Le timbre de voix fragile mais grave de la Dame Sombre avait déjà quelque chose de très maternel malgré lui, mais ses traits de visage renforçaient d'avantage cette manière de se comporter si propre à quelqu'un qui a donné la vie ou qui a souhaité la donner... Peut être avait-elle eu une fille dans une autre vie, ce qui expliquerait son comportement vis à vis d'Ophilia ? Il commençait déjà partir en conjectures, ce n'était pas le moment pour ça. Son unique œil, pourtant perçant, se retrouvait bien démuni face au regard vairon de son interlocutrice il faut dire, et éviter de s'y plonger pour tenter de trouver les réponses à l'océan de question qui remuait dans la tête du mando relevait de l'abnégation. Ils ne s'étaient pas encore adressés la parole, ils se jaugeaient... Pour briser cet instant de flottement, Sareth abaissa finalement son regard jusqu'à sa sacoche pour en sortir la boite à cigares ouvragée de son paternel, comme le "Cliff Daran" très joliment gravé dans le bois avec beaucoup de soin l'indiquait. Il ouvrit la fenêtre à sa gauche et alluma son cigare... Lorsqu'il stressait, c'était le meilleur moyen qu'il avait pour se détendre, l'odeur du tabac lui rappelait de bons souvenirs en compagnie de son mentor, ça l'aidait à garder sa tête froide... Mais se rendant compte de l'impolitesse de l'acte, il en prit un autre dans la boite et le tendit gentiment à Mya, libre à elle de l'accepter ou de le décliner. Il ignorait si elle buvait ou fumait, dans le doute, autant gentiment lui en proposer un. Une fois cette petite familiarité passée et la fumée passée au travers du nez du chasseur de primes, il prit la parole avec un léger sourire, se rappelant d'Hypori et d'une scène très similaire.
- J'ignorais que t'étais du genre nostalgique... Ça fait quoi, deux ans depuis Hypori ? Se permit-il avant d'expirer sa fumée en direction de l'extérieur. Enfin, tu as des choses à me dire je crois ? Reprit-il d'un ton plus professionnel.