L'Astre Tyran

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Korriban est une planète désertique froide. Il s'agit d'un monde sanctuaire pour les Siths car il abrite les tombeaux de nombreux seigneurs Siths légendaires. Les profondeurs de Korriban recèlent d'incroyables et obscurs pouvoirs, et pour cette raison l'Ordre Jedi émit en son temps une interdiction formelle de s'y rendre à l'encontre de ses membres.
Contrôle : Côté Obscur
#29329
D'un coup de dent rapide, je tirais un tendon hors de sa carcasse et la mâchonnait avec force de bruit. La chair crue m'offrit un répit à mon estomac vidé depuis un moment, le jeûne se terminant en un festin goûtu qui eut loisir de me remplir la panse jusqu'à satiété. Quand la bête se fut morte, expirant enfin sous mes assauts invincibles, je tournais une bouche gorgée d'un sang âcre et noirci par la corruption des lieux, et souris à pleins crocs vers le duo restant. Je tortillais ma mâchoire pour faire grincer sinistrement les extensions de ma soif, dans un crissement terrible aux tympans pour signaler que je les attendais.

Reprenant un peu de constance, les chiens maléfiques semblaient déterminer à tenter leur chance, semblant se résoudre à la solution du nombre et de la tactique plutôt qu'à l'effet de surprise, une première stratégie si efficace que leur chef bien-aimé l'avait payé en expiant ses péchés. Pourtant, la suite me laissa perplexe, et eut mérite à faire mourir mon sourire narquois de défi, empli de plaisir par anticipation. Je vis les bêtes s'incliner. Qu'était-ce là ? Un jeu, un piège ? Je sifflais entre mes crocs et me redressais. Ma langue passa sur mes rangées de dents, constatant que, inversement à mes griffes, mes appendices vampiriques semblaient déterminer à rester en place. Je passais amoureusement mon muscle dessus et goûtais un résidu cuivré déposé dessus. Si c'était le prix à payer, ma foi...

J'avais connu pire.

Je n'accordais pas un regard vers les chiens. Ils ne m'intéressaient pas le moins du monde. Mais alors que je faisais un pas en avant, il me vint à l'idée que ce qui les avait fait changer d'avis pouvait se retourner contre moi. La trahison résidait aussi dans les bêtes. Je me tournais alors et fit signe aux deux chiens de sortir du tombeau. Hors de question de les avoir dans mes pattes.

Viens à moi...

Oh. Un ordre venu d'un usurpateur. L'ironie me laissait à tirailler face à ce qui n'était pas le moins du monde un ordre légitime. Je restais planté là un petit moment, à débattre de ce que je devais faire. Y aller ? J'étais là pour ça, sur base d'un ordre de Quelque Chose pour qui j'étais en servitude pleine et entière. Mais si je le faisais, j'obéissais tacitement à un blasphémateur.

        « Je trouverai ta tombe, être de mensonges. Mais pas par ton ordre. Je vais à toi sur ordre d'un Maître qui te dépasse et te dépassera à jamais... »

Il y avait une satisfaction rhétorique à énoncer que j'obéissais déjà. Si je prétendais être libre, il aurait pu se gausser en expliquant qu'il me laissait le croire. En évoquant un maître plus haut placé, et objectif - sans le Côté Obscur, nul Sith pour se vanter d'en être un - j'évoquais son manque de puissance face au Vrai Pouvoir.

Mais par un concours de circonstance, je me voyais face à un embranchement. Dédale de tombeau, je me trouvais à la merci d'un guide de paille, et les chiens congédiés, je m'en étais livré à moi-même. Mais si je trouvais l'entrée, j'aurais aussi bien pu ne pas trouver la sortie au retour. Il était facile de perdre un voyageur imprudent dans ce genre de lieu.

Que faire alors ?

Je pris la décision qui s'imposait. Je portais aux yeux mon avant-bras meurtri de plus tôt, et le plaçais devant ma bouche. Les crocs à vif poussés plus tôt servirent à rouvrir l'entaille, d'un coup sec latéral, Slac !

Le sang coula de nouveau, plus faiblement, mais assez que j'étale brièvement une marque carmin sur l'angle des murs. Un fil d'Arianne composé de mon sang languissant... même séché, je pouvais encore, par Son Biais, le sentir comme mien, et me guider grâce à mes fluides.

Je marchais alors d'instinct, couvrant les angles à mesure de mon avancée, ouvrant encore un peu la plaie quand je sentais la source se tarir. Jusqu'à ce que je trouve l'antre de celui qui s'était cru en droit de m'appeler, de me donner un rendez-vous, comme un laquais moyen.

Au sol brillait une brume mauve, belle et flambante. Parfois s'échappa un volute qui s'enroulait autour de ma jambe, comme un tentacule langoureux qui aurait souhaité glisser sur moi et m'absorber. Résidu spirituel torturé cherchant un corps de substrat. Triste sort, pour un triste sire.

Respirer la brume, sentir la brume, glisser dans la brume, marcher sur la brume... Je sentais des afflux de toute part. Cherchait-elle à me corrompre ? M'aider ? Me tourmenter ? Me liquéfier ? Peut-être un peu de tout ça en même ? Qu'importait alors. J'observais. J'aimais l'endroit à y réfléchir. Je m'y sentais à ma place. Et, pour briser le tableau, compléter grossièrement la mise en scène, un simple cercueil de pierre vieilli. Une déception.

Ici repose la Grande Modeleuse, Celle qui comprit tout et Créa autant qu'Elle Déforma.

Du haut ridicule. La compréhension venait de Lui, il était Tout et il n'était Rien. Créer et déformer... grâce à qui ? Grâce à Lui, uniquement Lui, toujours Lui, avant, maintenant, et à jamais. Menteurs, tous, de se prétendre gardiens du savoir. Ils n'en étaient que bénéficiaires.

        « Voleur. Tu as volé un savoir au Côté Obscur. Tu as tiré de Sa source une enseignement dont tu as assuré la paternité. Malapris. Mais je t'absous de ton péché d'orgueil en reprenant ce savoir... »

Je posais deux mains sur le cercueil, sourd au martèlement sanguin qui parvenait à mes mains. Je sentais maintenant... la connexion, le coeur qui bat. Tum tum... Tum tum... Aussi étrange que cela aurait pu sembler, je sentais que la vie, loin de s'être éteinte ici, n'avait jamais été aussi présente, aussi... omnipotente.

        « ... pour le rétribuer à Notre Maître... à l'Unique... »

Et d'un coup brutal, avec la force des Dieux, je poussais le cercueil, dont le couvercle alla s'effondrer de l'autre côté, brisé en deux, soulevant la poussière. Poussière qui tomba en lambeaux pour révéler son sombre présage...
#29356
L'intérieur du cercueil était l'hôte d'un cadavre squelettique vêtu de lourdes robes de plusieurs couches recouvertes de complexes motifs dont la seule vue inspirait dégoût et respect. Des lambeaux de cheveux longs et blancs, sans qu'il soit possible de déterminer si c'est le temps qui les a coloré ainsi ou leur couleur naturelle, encadraient un crâne hurlant dont les orbites vides fixaient le profanateur.

Oui... Enfin...

Les mains, ou ce qu'il en restait après un sommeil immémorial, tenaient entre elles, le long du ventre du (de la?) défunt(e), une longue épée aux reflets rougeâtres sinistres et sanglants. Une impression de faim insatiable se dégageait de l'arme et si l'Ombre regardait de plus près, il aurait pu jurer qu'elle semblait se mouvoir lentement par sa propre volonté.

Et aux côtés du corps inhumé, à ses pieds plus précisément, reposait un coffret assez petit aux motifs funestes. La compréhension de l'ancien langage fonctionnait encore pour l'Ombre, si bien qu'il put lire les mots inscrits.


Toute création est artificielle. Par le savoir, je conquiers la Vie et je la plie à mes désirs. J'embrasse pleinement le Sentier d'Or qui me mènera au terme.


Et il put alors se rendre compte qu'il n'existait nulle serrure sur le coffret. Nulle clé telle qu'on la put concevoir ne pourrait ouvrir cette boîte de Pandore qui promettait le pouvoir le plus absolu et le plus interdit qui existe.

Un vent féroce éclata alors, sorti de nulle part, fouettant la robe et la chair de l'intrus, prenant sa source juste derrière le cercueil profané. Elle apparut, couverte de sa terrible gloire, maîtresse impie qui exigeait servitude et adoration de par sa simple présence.


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Ses cheveux blancs longs flottaient dans l'air, son visage était celui d'une déesse terrible que nul ne pouvait contraindre ni atteindre, immortelle, invincible, terrifiante. Elle toisait l'Ombre, grande et majestueuse dans la mort. Ses yeux étaient 2 puits sans fond de ténèbres, porteurs d'un pouvoir au-delà de l'imagination, promesse impie en échange de l'immolation de son âme.

Toi... Tu es celui que j'attendais... Depuis longtemps... Mon héritier...

Sa voix était douce, la douceur trompeuse de l'assassin qui endort la vigilance de sa victime avant de planter sa lame dans la chair.

Tu exécuteras Ma volonté, et celle de la Force à travers moi. Tu termineras ce que j'ai commencé.

Montrant le coffret d'un signe de tête.

Ouvre-le. Par le pouvoir du Côté Obscur, brise la serrure comme tu briseras tes chaînes.
#29377
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Le visage embué de cheveux s'égayant dans un tourbillon neigeux avait quelque chose d'affreusement définitif. Comme s'il était beau par interdit, et que rien n'aurait pu changer ceci, pas même la volonté de celle qui l'arborait. A la place des yeux se fichaient, dédaigneux, une paire de trou noir sans fond, où la lumière artificielle des torches vives aux murs ne figurait pas. Au milieu toutefois de ces abîmes à la joie figuraient maladroitement des points blancs artificiels, genre de substitut malabile aux iris d'ordinaire si pétant au milieu d'un visage. De fait l'on pouvait deviner où ses prunelles de mille ténèbres se posaient.

Force était de constater qu'elles se posèrent sur moi en cet instant. Toisant de sa stature d'être éthéré l'être vivant et malingre que j'étais, je la vis d'abord me détailler avec une curiosité mêlée de dédain, comme si me transperçer de ses dards ardents pouvait lui dévoiler mes intentions. Ce qui était peut-être le cas. Qui savait, si ce n'était elle ?

Et de ce regard chargé de mépris, elle passa rapidement à une expression de joie personnelle, affichée par un large sourire qui s'étira d'une oreille à l'autre, fente monstrueuse aussi courbe qu'une lame de scie circulaire.

Toi... Tu es celui que j'attendais... Depuis longtemps... Mon héritier...

Vraiment ? J'étais donc l'héritier d'une femme dont j'ignorais le nom, la fonction, le passé, et surtout à laquelle je n'assurerai nul avenir. Héritier ? Héritier de quoi ? Etait-ce donc à quoi nous en étions réduit, nous tous ? Hériter ? De untel ou untelle ? Cette femelle fantôme venait de trouver un très mauvais cobaye pour son discours de fausse morale.

Tu exécuteras Ma volonté, et celle de la Force à travers moi. Tu termineras ce que j'ai commencé.

C'est à ce moment-là que je me suis mis à rire. Bref et franc, mauvais et chargé de haine héréditaire, pour elle qui aimait tant ce concept. Je crus la voir froncer ses sourcils fins surmontant ses deux pans de Grand Rien, avant de pointer du doigt son petit coffret empoigné dans un squelette qui, c'était l'évidence même, était le sien.

Ouvre-le. Par le pouvoir du Côté Obscur, brise la serrure comme tu briseras tes chaînes.

Cela démarrait bien. La mention du Côté Obscur me laissait à penser que tout savoir, même de l'ennemi, était bon à prendre. Mais cette fin... cette fin... "Briser ses chaînes". Une paraphrase éhontée du dogme Sith.

Un dogme de menteurs et de pilleurs.

        « Est-ce donc ceci qui justifie l'invocation d'une âme esseûlée au point de juger le premier venu d'héritier ? »

J'empignais rageusement le coffret de la main gauche, déportant mon épaule en arrière, torse complètement offert à la chose en face, Princesse de tromperies et de maléfices creux.

        « Me crois-tu assez vulgaire et désemparé au point de jouer les pilleurs de tombe ? Me crois-tu appeuré au point de suivre ton indication primale et m'offrir à la servitude d'un cadavre séché ? Me crois-tu assez sot pour ignorer le prix d'un tel échange ?

        Me crois-tu assez couard pour choisir le moindre mal ?
        »

Je tendais à deux mains son coffret... et le lâchait par terre. S'enfoncant de peu dans le sable, en soulevant un peu de poussière, je balayais l'avant d'un geste en diagonale de ma main énervée.

        « Garde pour toi ton colifichet de Sith morte, fantôme ! Où est passé ton honneur originel ? Nous sommes tous le fruit de Celui qui N'Est, le Père et la Mère de toute chose... le Côte Obscur a fait de nous des êtres esclaves de sa parole éternelle !

        Tu oses brandir ton dogme devant moi ? Tu oses prétendre que mes chaînes se briseront si j'exécute ta volonté ? Bien mal t'en fera, spectre de pacotille. Je Le sers déjà, Lui. Il est Seul Maître en ce bas monde. Et même dans le tiens, il est encore responsable de ton tourment ou non.
        »

Un sourire narquois, révélateur de mes deux crocs vampiriques.

        « Mais si tu devais douter même du fondement naturel de toute chose, et réfuter que ton expérience ne fut dûe que par ta naissance... alors succombes à ton orgueil... Plonge donc cette lame des temps reculés dans mon coeur... Prend ma vie, et rappelle-moi à Lui, dans un endroit où les serviteurs dévoués seront à jamais les rois des vallées des tourments.

        Je me chargerai de penser avec courroux et malice aux mille façons de jouer avec ton aura.
        »

Je crachais un coup dans le sable. Ce n'était pas fini.

        « Vous autres étiez autrefois les découvreurs du savoir Sith ! Tu me lègues quoi, un holocron, conteneur épuisé de tes souvenirs les plus enfouis ? Je ne suis pas là pour récupérer le travail d'un autre.

        Je suis là pour m'inspirer de toi. Non pour arracher un labeur qui n'est pas le mien, mais m'inspirer pour le recréer de mon intellect unique. Je ne suis pas le Voleur. Je suis le Pionier.

        Ceci, fantôme, est la Voie qui seule vaut et prévaut.
        »

Un coup de pied dans le coffret.

        « Ceci, ce n'est rien. »
#29403
Un silence plus tonitruant encore par sa lourdeur emplit le vaste tombeau que s'il ne s'était agi d'un long hurlement de rage. La femme dardait ses puits de ténèbres sur la silhouette infime et infâme qui la défiait, ne cachant pas le courroux et la juste fureur qu'il s'attirait par son impudence. Nul ne lui parlait ainsi, pas même Pall n'en avait eu l'audace!

Un long et large sourire tordit alors le visage de mort de la femme, bien trop qu'il n'eut été possible sur un visage humain. Bien inconscient celui qui défiait un tel être sans en assumer les conséquences en vérité! Elle disparut soudainement, et sa voix, guère plus qu'un murmure, était omniprésente dans la salle ou elle reposait jusqu'à aujourd'hui.


Que sais-tu du monde ou je réside, enfer éternel ou sont tourmentés ceux qui ont échoué à dompter le Côté Obscur? Peux-tu imaginer l'horreur d'y vivre, la folie qu'implique la simple connaissance d'un tel lieu? Laisse-moi te montrer. Laisse-moi t'apporter la connaissance du destin qui guette les fous comme toi qui se targuent d'être des découvreurs.

Alors elle apparut tout aussi soudainement qu'elle eût disparu devant l'Ombre, et dans ses mains elle tenait l'épée de guerre Sith qu'elle avait brandie sa vie durant, qu'elle plongea dans le ventre du monstre et dont elle perça le cœur sans aucune difficulté. Et l'Ombre entendit alors résonner le rire maléfique de la femme, dont il entendit le nom scandé par mille voix hurlantes et terrifiées tandis que la mort le prenait.

Sorzus Syn...

L'Ombre se réveilla. La première chose qui le frappa ne fut pas qu'il s'éveilla après avoir été tué mais de constater son apparence. Il était un homme dans la fleur de l'âge, véritablement, et non plus la créature sans visage ni substance qui se gargarisait de l'énigme qu'il constituait. Un homme, comme les autres, avec une peau et un visage, des mains, un corps, tout cela, totalement banal.

Il n'était rien d'autre qu'un homme qui ne disposait d'aucun don dans la Force. Aveugle et coupé de la source du pouvoir et de la servitude. Et il vit alors ou il était. Une cité faite de livres. Tout, du sol aux bâtiments, en passant par les décorations murales, absolument tout, était constitué de livres. Il était en un lieu ou toute la connaissance, ou le savoir de toute chose qui fut, qui est et qui sera, était stockée.

Et nul ne pourrait jamais les consulter. Le châtiment des orgueilleux à croire qu'ils étaient des maîtres de la connaissance serait simple et effroyablement cruel: ils seraient condamnés à contempler pour l'éternité le savoir universel sans jamais pouvoir l'apprendre. L'assoiffé ne pourrait jamais boire à la fontaine du savoir.




Comment appréhender pareille vision? Quel esprit pourrait être capable de la supporter sans y perdre sa santé mentale? La prise de conscience de son arrogance et de son inutilité dans un univers sans fin et qui ne se souciait pas de soi était-elle concevable? Pourras-tu, toi qui es l'infortuné visiteur de ces lieux maudits, continuer à exister en sachant ce qui t'attends?

Et surtout, es-tu prêt à rejeter la seule chance que tu as de ne potentiellement jamais avoir à le vivre? Parfois, le pacte avec le diable est la seule manière de s'assurer que l'on puisse briser son emprise sur nous...

Savoure l'horreur de ce lieu, contemple l'avenir que tu subiras. Et fait ton choix. Rejette-la et prend le risque de n'être plus rien d'autre qu'un tourmenté, ou bien soumets-toi à elle et prépare ta vengeance et ton triomphe. Mais ne perds pas de temps, car bien plus que Syn, le Mal absolu règne en ces lieux, et chaque nouvel arrivant est pour lui un plaisir à nul autre pareil, tu risquerais de finir entre ses griffes...
#29419
Bizarrement, j'aurais du m'y attendre. Qu'elle disparaisse pour attaquer, c'était tellement prévisible. Pour autant, je ne pus m'empêcher d'esquisser un mouvement de recul auto-protecteur par surprise. Mes bras croisés se décroisèrent. Et au final je me dis "après tout"... ce n'était pas comme si je ne l'avais pas vu venir. M'attendant à une attaque, je plaçais une jambe en arrière et contractait mon bras gauche. Mourir n'était pas une fatalité. Mais quitter les desseins du Côté Obscur n'était pas spécialement dans mes projets, un constat que je ne tirais qu'en cas d'urgence. Je n'avais pas peur de la mort... mais décevoir ? Certes j'étais fidèle, mais mourir retarderait considérablement certains plans du Côté Obscur.

La voix résonna partout autour de moi, frappant les murs d'un écho vibrant.

Par défi, je lâchais ma posture de défense, et me mit à affronter la brume violette qui virevoltait au sol, persuadé de voir là l'exemple le plus oublié d'un maléfice ordinaire de la femelle décharnée.

        « Ce que j'en sais ? J'en sais autant sur toi que tu n'en saura jamais sur moi. Sais-tu d'où je viens ? Qui j'étais ? Qui je suis maintenant ? »

D'un coup franc, je tirais la corde qui maintenait ma bure serrée à ma taille, et jetait le manteau en arrière, avant d'étendre les bras.

        « Contemples ce que la damnation m'a apprise ! Je sais que tu me vois, cachée dans tes ombres volubiles... Chaque coup que je porte à ma chair me châtie d'un péché lointain que mon esprit n'oublie et n'efface pas, d'un temps où le Côté Obscur ne m'avait pas encore asservi... chaque coup m'est une bénédiction. Une régénération. Une délivrance.

        Que penses-tu que j'ai enduré pour m'infliger ce que beaucoup voient comme un supplice corporel ? Me crois-tu fou au point de fantasmer la douleur ? J'en ai vu plus que tu ne peux l'imaginer par mon parcours dont tu ne pourras jamais qu'explorer la surface.
        »

Mais, allez savoir pourquoi, je semblais avoir vexé l'ombre qui me susurra une dernière chose avant de me transperçer le coeur.

Sorzus Syn

Alors que je sentais ma chair se trancher en mon torse, que je tenais la lame de la main gauche, en fermant les yeux, sans un bruit, rejetant le visage en arrière, je me laissais à trouver une qualité à la dame : elle avait eu l'intérêt nécessaire envers moi pour me donner son nom. Un privilège que je savourais avec délice. A moins que ce ne fût là une ruse pour me tromper sur son identité. Mais dans sa colère, je présumais qu'elle avait lâché son verrou capricieux et qu'elle avait laissé fuiter une information de cette importance par inadvertance. Tant mieux. Je saurais qui rencontrer, une fois dans l'au-delà.

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Le trajet après dura un moment... une seconde ? Une semaine ? Une vie ? Une éternité ?

Mais je devais avouer ne pas m'être attendu à l'au-delà. Ou, du moins, à cet au-delà. Mon réflexe, en me levant, fut de porter ma main à mon crâne. Je me trouvais un front un peu frippé, des yeux engoncés dans des orbites avancées...

Et des mains lisses. Je mettais ma main - ma main droite ? - dans mon cou. Pas de cicatrice. Pas de balafre... une barbe de trois jours. Depuis quand ?

Et, sans même chercher à L'appeler, je savais qu'Il n'était plus là. Plus en moi, plus hors de moi. Partout autour de moi, mais certainement pas investi en mon être. Je n'étais rien, avant, à Son service. Mais ici, j'étais encore moins que cela. Je n'étais le ver de terre de personne. J'étais à la merci complète d'un univers qui ne me méprisait pas, et se contentait de m'ignorer superbement. J'expérimentais pour la première fois un sort bien moins enviable que cela de ma servitude.

J'étais seul. Totalement seul.

Autour de moi s'élevaient en piles, sous des esclaiers biscornus, dans un espace sans gravité, sans ciel et sans terre, des ouvrages en tout genre. J'effleurais un livre par inadvertance. Sous mes yeux j'en vis deux paraître quand il tomba au sol. Je bousculais un étal. L'étal devient montagne de livres. Un parchemin tomba sous ma main, il devint saga sous mes yeux.

        « VOIS-TU MAINTENANT ? »

Qui parle ? Mon tourmenteur ? Qui m'interrompt dans mon effroi ?

        « LIS-TU UN LIVRE QUE CENT AUTRES APPARAISSENT ! LIS-TU UNE PAGE QU'ELLE EST AUSSITÔT CONTREDITE 1000 FOIS L'INSTANT SUIVANT !

        LE SAVOIR N'EST QU'UN PRESENT QUE TU N'AURAS PAS ! COMPRENDS-TU ?
        »

Comprendre ? Comprendre...

Oh... Comprendre.

        « Oui. Je comprends. Rien ne sert de pourchasser le savoir universel. »

A qui pensait-il faire la leçon ? A un freluquet érudit en quête du savoir absolu ? Un tel savoir ferait imploser l'esprit de n'importe qui. En plus d'être un projet futile. Il n'y avait en fait qu'une seule voie à suivre, plus réaliste, et, même si elle exigeait un temps d'étude considérable, réalisable.

        « Je me contenterais de poursuivre dans la voie de l'Alchimie et de la Magie Obscur. »

Un temps. Un silence. Les torches sur les poutres sans sens crépitent, les flammes confuses s'égayent dans tous les sens, et aucun à la fois. Et tout à coup, un étal s'effondre. Une poutre rapetisse, un livre s'amenuise jusqu'à devenir grain de poussière. Les murs tombent, le blanc se fait, mes yeux brûlent...

Le blanc. Complet. Etonnant. J'aurais imaginé l'éternité plus... sombre. Une éternité de servitude docile. A obéir à des ordres qui s'affranchissent des contraintes physiques, à rouler une pierre au sommet d'une colline, à finir avec le foie dévoré sempiternellement par une nuée de charognards. Tant de supplices imaginés... pour finalement... rien. Rien ? Pourquoi rien ? Comment se faisait-il que le Côté Obscur ne se soit pas manifesté ? Comment avait-il pu simplement trahir sa cause en abandonnant ses laquais fidèles ?

Je songeais alors... comment pouvais-je juste être en état de penser ? Comment étais-je conscient ?

Peut-être n'était-ce pas tellement la fin finalement... Je tentais de me rattacher à un souvenir... n'importe quoi... quelque chose en contact avec moi... Oui... Oui ! Mon pied touchant le coffret ! Visualise...

...


...
Je me réveille. Par réflexe je mets ma main devant mes yeux. Nécrosée. Ouf. Je tâte aussi mon coeur. Rien. Pas de trou dans le tissu, tissu qui est bien sur moi, et plus par terre. Pas de sang, pas de douleur. Je ne comprends pas.

Pourras-tu, toi qui es l'infortuné visiteur de ces lieux maudits, continuer à exister en sachant ce qui t'attends?

Et surtout, es-tu prêt à rejeter la seule chance que tu as de ne potentiellement jamais avoir à le vivre? Parfois, le pacte avec le diable est la seule manière de s'assurer que l'on puisse briser son emprise sur nous...

Savoure l'horreur de ce lieu, contemple l'avenir que tu subiras. Et fait ton choix. Rejette-la et prend le risque de n'être plus rien d'autre qu'un tourmenté, ou bien soumets-toi à elle et prépare ta vengeance et ton triomphe. Mais ne perds pas de temps, car bien plus que Syn, le Mal absolu règne en ces lieux, et chaque nouvel arrivant est pour lui un plaisir à nul autre pareil, tu risquerais de finir entre ses griffes...


Oui... bien sûr. Bien sûr. Pactiser avec le diable. Qui me parlait ? Certainement pas Lui. Ma conscience ? Non. Elle s'était tue depuis des années. Le diable avait un nom : le Côté Obscur. Le contrat était signé : ma vie, contre sa protection. Et de tous ses contractuels, j'étais le seul à ne jamais avoir exigé de remboursement anticipé, ni n'avait tenté de le duper. Pourquoi proposer l'inverse ? Pouvait-on considérer un affluent comme plus fort et important qu'un fleuve ? Le coeur surpassait-il le corps entier ?

Comment pouvait-on considérer un subalterne comme un Diable capable de supplanter la noirceur du Côté Obscur ? Quel était ce blasphème ? Qu'espérait-on me faire avaler ?

Et, presque d'un coup, je semblais comprendre.

        « Sorzus ! »

Je prenais mon crâne à deux mains. Appuyais sur mes temps. Forçais, crispais les mâchoires.

        « Sors de là ! Affronte ton destin ! »
#29423
Agacement et admiration coexistaient ensemble dans l'esprit de Syn. Agacée par le refus de l'imbécile de ployer le genou, agacée de constater son orgueil. Il se présupposait d'une quelconque importance parce qu'il était le servant dévoué et servile du Côté Obscur tout en prétendant n'être rien qu'un insecte dispensable. Quelque part, elle trouvait ça pathétique, le rat n'avait pas même l'honnêteté de s'avouer sa haute opinion de lui-même.

Mais elle admirait également cette force de volonté. Quand bien même il ne fut jamais mort et la vision du Chaos qu'il avait eu ne fut pas réelle, ce qu'il s'y était passé, l'enfer qui s'y déroulait, c'était la vérité. Une vérité brute et infâme qui avait atteint l'Ombre plus qu'il ne voulut l'admettre. Et il y avait survécu, avait tenu tête au mensonge de son esprit pour revenir.

Elle sentait qu'il était possible de faire quelque chose avec lui. Ou de lui. Qu'il fut d'accord ne compterait pas, Syn n'avait cure de son opinion. Il restait Faible comparé à elle, et le Fort se devait de régner en toute chose. Le droit du puissant était indéniable, elle le plierait à sa volonté et trouverait un moyen de revenir en ce bas monde. S'il refusait, elle envisagerait alors un moyen plus définitif.

Elle ne put s'empêcher de pouffer de rire en l'entendant l'appeler, se frappant le crâne dans une vaine tentative de la faire sortir. Croyait-il que c'était aussi simple? Ridicule. Poussée par une curiosité malsaine, elle choisit d'elle-même d'apparaître à ses yeux. Le spectre sortit sous la forme de fumée de couleur blanche par tout les pores de la peau, s'échappant par son nez, sa bouche, ses oreilles, partout.

Immobile, goguenarde, un sourire malicieux aux lèvres, Syn observait dans un calme inquiétant l'Ombre et semblait apprécier ce qu'elle voyait.


Ce que tu as vu est la vérité. C'est là le destin qui t'attend, la fin qu'a décidé pour toi le Côté Obscur. Tu peux continuer d'être son esclave et finir par disparaître comme la larve que tu es. Ou tu peux dompter son pouvoir et devenir maître de ta destinée. Dit-toi bien que lorsque tu auras disparu, tu ne seras plus en mesure de servir quoi ou qui que ce soit.

J'ai percé ta nature et je sais quelle est ta plus grande peur. Tu crains de devenir un outil inutile qu'on jetterait de côté, tu crains de ne plus avoir de but. Parce que ce but que tu t'es fixé te définit et sans lui tu n'es plus rien, moins qu'un serviteur du Côté Obscur. Je peux t'aider. Je peux t'offrir le savoir et le pouvoir afin de te rendre indispensable. Ainsi, tu n'auras jamais plus à craindre la fin de ton utilité.


La réponse fut peu ou prou celle à laquelle elle s'était attendue: un rire méprisant et des insultes à son encontre. Soit, tentative avait été faite, il était maintenant temps de passer au plan B, le seul véritable qui soit au final. Elle poussa un soupir faussement attristé et déçu et darda ses puits de ténèbres sur le pauvre fou.

Ainsi soit-il.

Le décor disparut alors, pas progressivement, pas à la manière d'un flash de lumière aveuglante qui le rendit invisible aux yeux de l'Ombre. Il DISPARUT, comme ça. Comme si la réalité n'avait nulle importance ni consistance. A la place, l'Ombre se rendit compte qu'il lévitait dans l'air, et que partout ou portait son regard, n'était visible que le vide spatial.

Partout autour, les étoiles tourbillonnaient, et l'univers lui-même était visible dans sa suprême immensité, sans fin. Combien était saisissante cette vision de se voir flotter parmi le Vide, comme si on faisait partie d'un tout. Qui pouvait savoir ce qu'en pensait l'Ombre?


Si tu refuses de devenir plus que le vermisseau que tu es, je vais devoir te forcer à devenir le Fort. De gré ou de force, tu m'obéiras.

Le duel mental commençait. Le prix en serait l'âme et le corps de l'Ombre.
#29449
Apparue de nouveau face à moi, je me laissais aller à un fin sourire, et rejetait mon épaule gauche en arrière, ma main empignant fermement l'épée que je savais bien là. L'épée frémit de pouvoir sourd à mesure que mes doigts gourds se plaçaient en anneau protecteur autour d'une garde composée de fines lamelles de cuir sur une base en métal poli, gorgé de pouvoir obscur. Une arme forgée par la haine et le sang d'ennemis vaincus, destinée à servir d'arme, antiquité sans prix qui valait la valeur qu'un combattant y plaçait. Une relique plus qu'une arme pour moi. Un souvenir.

Je sentis comme un tentacule m'enserrer le poignet, dont je vérifiais l'existence une instant après. Ce n'était bien qu'une sensation, mais très puissante. L'humidité de l'appendice me chatouilla un instant, et sembla... comme, lier l'épée à moi. Faire en sorte que je ne la lâche pas. L'on disait que les armes Sith répondaient à la noirceur des porteurs des armes antiques. Celle-ci semblait être tombée éperdumment amoureuse de moi. Le plus cruel des Sith n'aurait pas pu effleurer mes profondeurs spirituelles. Et le plus beau dans cet exploit était que je n'avais jamais rien fait pour prétendre être le méchant. Je m'étais fait ainsi par la force des choses.

Il suffisait d'attendre que le destin vienne à soi, souvent.

Le fantôme se targua d'avoir deviné ma peur. Peur d'être inutile ? Peur de ne plus servir à rien ? J'en roulais des yeux.

        « J'ai bien une peur. Mais certes pas celle-là.

        Je suis l'Escavle du Côté Obscur. S'il décide de m'abandonner, c'est bien là son choix, et je respecte Sa volonté. Je ne cherche pas à devenir indispensable. Juste à le contenter dans la mesure de ses désirs.
        »

Je secouais la tête et tiqua de la langue.

        « Tu ne comprends décidément rien. Fais silence, tu t'embarasses. »

Ce fut, semble-t-il, la goutte de trop. Mes pieds, bien posés à terre, la plante de mes appendices déchirés foulant un sable fin et froid, tout à coup ne se posèrent sur rien. Le sol avait comme... disparu. Non par un gémissement, mais pr un bang aussi soudain qu'innattendu. Les murs s'élèverent... là où aurait dû apparaître un noyau terrestre figura un fond noir sous fond d'étoiles saignantes.

En apesanteur, dans l'espace, pourtant, je ne sentais aucun mal et aucune peur. Aucun froid, aucune chaleur, rien d'autre que l'impression qu'on m'avait prit dans un piège plus vaste. Un maléfice ordinaire, mais synonyme de quoi ? Que cherchait Syn ? Etait-elle seulement à l'origine de ceci ?

Aussi soudainement qu'était venu l'apparat mental, une douleur lancinante commença à me vriller le cerveau... un peu comme si une perçeuse mal affûtée tentait une trépanation taquine. Un peu de désarroi m'envahit. Comment lutter contre un ennemi invisible et sans aspect ? Comment m'assurer qu'elle n'entrerait pas ? Que je resterais moi ? Je tentais à nouveau de me rattacher au coffret, mais, scellé, il ne fût d'aucun secours. L'épée ? Elle n'était pas de mon sang bien qu'elle sembla m'adopter plus tôt. Je la sentais d'ailleurs toujours engoncée dans ma main gauche, comme une troisième partie de mon bras à ce stade de fusion spirituelle. Se rattacher à ce qui faisait mon entourage me redonna un peu de contenance et j'en profitais pour faire taire un peu la douleur.

Combattre... Mais sans une épée. Dans mon esprit... Comment ? Je ne voyais qu'une solution... banale, éculée, de celle que chacun eut dans une situation d'urgence où l'intellect s'en trouve amputé.

Je me concentrais, et tentais de modéliser l'image de Syn s'en prenait à mon esprit... La métaphore prit vie... et ma chute soudaine s'arrêta, mes pieds retrouvant un peu de sable, chaud, baigné sous la flamme dansante de torches murales qui éclairaient péniblement des étals complets d'ouvrages d'une bibliothèque de construction type cathédrale, avec au milieu tout un tas de piédestals où trônaient des objets de mes souvenirs : le bâton roussi de charbon, l'épée, les mémoires récupérées, tous mes fouets, mon silice... Et, flottant dans les airs, un esprit verdâtre aux bras tendus terminés par deux tentacules accrochés aux étals de cette bibliothèque... A aspirer son contenu, le pervertir, jusqu'à complète corruption.

Mon épée au flanc, je m'imaginais flottant également. Dans une vision du Côté Obscur, tout était bien possible.

        « Affrontes donc la fin de ta si belle entreprise... »

Et, cynique jusqu'au bout...

        « Néanmoins, je te remercie de l'intérêt porté à ma candidature... »
#29451
L'imbécile continuait de jouer avec elle. Il croyait vraiment qu'il pouvait se moquer de Sorzus Syn et s'en sortir indemne. Ha! Il allait vite regretter ses manières! La forme qu'elle avait pris était terrifiante et simple en même temps, elle tentait de corrompre les bibliothèques qui constituaient l'esprit de l'Ombre. Car chaque esprit est comme un livre, gommez certains passages, récrivez quelques mots par-ci par-là et vous obtenez un esprit entièrement différent de celui que vous aviez entre vos mains.

Les mortels sont bien plus fragiles qu'ils aiment à le croire. Doux mensonge servant à se rassurer sur la nature unique du Soi. L'art de Syn et de ceux qui sont arrivés après elle consiste à simplement ignorer ces détails insignifiants que sont intellect et personnalité pour ne se concentrer que sur la forme brute du sujet. Appliquer une pression par le biais de la Force sur la forme permet de créer quelque chose d'infiniment meilleur que le matériau de base. Et tant pis si cela détruit toute forme d'âme au passage.


Dit-moi donc, imposteur servile, qu'arriverait-il si j'effaçais ta dévotion au Côté Obscur pour la remplacer par une vénération incongrue pour moi? Serais-tu toujours capable de t'accepter et vivre ton existence vide?

Ton caressant, presque affectueux, du genre que sert à son amant la femme satisfaite par son attention. La langue noire s'humecte les lèvres et se lèche le bord du visage. Haaaa, grosse erreur de ta part petite chose toute fragile, pourquoi n'as-tu pas voulu accepter le marché que je t'ai proposé? Pourquoi vouloir gâcher ta vie à servir quand tu peux diriger?

Aussi soudainement qu'elle fut immobile devant l'Ombre armé d'une épée, elle apparut à ses côtés, magnifique et terrifiante déesse vivante ayant pris forme humaine, impossible figure que les yeux ne peuvent supporter de regarder. Un geste de sa main et le suppliant de s'agenouiller, sa volonté broyée par la perfection divine qu'il voit.


C'est là qu'est ta place mon cher. A genoux. Servile. Soumis. Aux ordres de mille caprices que tu ne comprendras jamais.

De ses délicats doigts aux longs ongles d'un rouge ensanglanté, elle abaisse la capuche pour contempler le visage de l'Ombre. Ce qu'elle voit semble lui plaire car elle esquisse un sourire ravi et porte ses lèvres aux siennes en riant. Le son est à la fois mélodieux et une torture pour les oreilles. La douleur est pourtant énorme pour l'Ombre, le contact de la mort n'étant pas fait pour les mortels.

Que sais-tu du Côté Obscur misérable petit être? J'ai manié sa puissance comme peu l'ont osé. Je suis devenue immortelle et toute-puissante, j'ai entendu sa voix qui m'a portée jusqu'à Korriban. Je suis le Sith'ari, l'être suprême. Tu n'es qu'un insecte qui présume de sa position dans l'ordre des choses. Je n'écoute pas la voix du Côté Obscur, je la façonne selon mes désirs et ma volonté.

Immobile, incapable de bouger, l'Ombre était comme une marionnette entre les mains de Syn, lévitant quelques centimètres au-dessus du sol, la main toujours serrée sur l'épée. Un sourire mauvais et réjoui apparaît sur sa chair sans consistance tandis que sa main droite concentre le pouvoir obscur dont elle compte faire usage rapidement.

A présent, tu vas devenir le réceptacle de ma puissance. Tu vas être mon habit de chair dans cette galaxie fétide et peuplée par les faibles. A travers toi, je vais redonner sa gloire aux Sith et aux JenJi'dai. Je serais la Maîtresse Suprême et toi, mon instrument. Ensuite je trouverai le moyen de reprendre la chair que j'eus jadis et je me débarrasserai de toi. Alors tu tomberas dans les profondeurs sans fin du Chaos et tu auras l'éternité pour te lamenter sur ton erreur.

Je suis Sorzus Syn. Toi, tu n'es rien.


Le pouvoir concentré dans a main plongea dans l'âme de l'Ombre, qui ressentit la douleur effroyable de celui qui voit son intellect et son âme violés pour devenir les substrats d'un étranger qui n'a aucun respect pour les délicats synapses de sa victime. La douleur était terrible, et le temps compté.

Fidèle serviteur...

La voix sortit de nulle part dans l'esprit de l'Ombre. Ce n'était pas Syn qui semblait ne même pas l'avoir entendue. Qu'était-ce donc? D’où cela venait-il? Pourquoi? Comment?

Pas de paix... Au milieu des étoiles... Que le rire moqueur... Des dieux assoiffés...

Il pouvait maintenant le sentir. Le pouvoir parcourait son corps, bouillonnant, incroyablement intense. Et chose incroyable, invisible toutefois aux yeux de Syn.

N'jaaa kainei met'hwa... Que ton coup soit Mon Ordre contre l'orgueilleuse...

Qu'était-ce donc? Le Côté Obscur parlait-il à son fidèle esclave? Ou bien l'Ombre, épuisé et poussé jusqu'à ses plus extrêmes limites, croyait-il entendre par hallucinations la voix du Maître?
#29461
Je haussais les épaules. Drôle de question. Et drôle de réponse...

        « Bien sûr. Mon existence m'aurait alors mené ici. Tu aurais suivi Sa Volonté, et Sa Volonté aura alors été de te servir. Si tu réussis, tu ne fais que te conformer dans un rôle déjà tissé à l'avance. Je ne te combats guère pour m'opposer au destin. Je le fais parce que le Côté Obscur a fait en sorte que je te combatte. »

Puis, en garde, épée tendue.

        « Mon âme est préparée à la damnation. Et la tienne ? »

J'allais frapper. Porter un coup en diagonale. Faire fuser l'acier millénaire et entailler cette peau délicate qui se serait ouverte comme deux pains d'un sandwhich mal garni. La voir sourire une dernière fois. Voir l'étoile du fond de ses puits s'éteindre. La voir séparée finement, les boyaux se déversant à mes pieds, la chaleur intracorporelle laissant choir un amas de vers fumants, ou, étant donné sa nature de morte, laissant échapper un globi-boulga froid, voir même juste un fluide vaporeux sans consistence tangible. Nous étions dans mon esprit après tout. Rien n'était réel. Ni réaliste.

Mais je ne frappais pas. J'avais la main droite en parasol devant l'éclat lunaire qui venait de me ramener au sol sablonneux. Loin de voler au-dessus du museum des souvenirs perdus, elle était là, en plein milieu de cette bibliothèque, mais aux murs étrangement reculés, comme si de cathédrale elle était devenue terrain vague, resplendissante, infiniment pure.

Et moi, je gisais là, impuissant. Genoux à terre, mains en protection, épée inutile pendant mollement à mon bras gauche, grimace aux lèvres, doigts arqués... Que cela s'arrête ! Enfin, que cela s'arrête ! J'étais là, sans défense, sans arme, incapable de mouvoir le moindre muscle... la pensée seule d'un effort physique suffisait à épuiser mes réserves d'énergie et m'enfonçait d'autant plus dans cet état paralytique... Le Côté Obscur avait fait son choix. Il voulait que je serve de catalyseur pour Sorzus Syn. Il voulait voir mon esprit remplacé par celui d'un être supérieur en tout.

Bien. Qu'il en soit ainsi. Je décidais alors de me laisser aller. Ma bouche redevint une fente rectiligne, mes yeux se plissèrent sans forcer, ma main se déraidit. Qu'elle me prenne. Quelle importance après tout... j'étais né pour servir. Un outil. Ce n'est pas comme si je n'étais pas au courant après tout. Autant disparaître avec un lambeau de dignité. J'allais baisser ma main. Regarder l'éclat en face. Lui accorder un sourire tranquille. Montrer comme ultime défi que les tourments éternels n'étaient pas une source de peur.

Pourtant... un écho.

Fidèle serviteur...
Pas de paix... Au milieu des étoiles... Que le rire moqueur... Des dieux assoiffés...
N'jaaa kainei met'hwa... Que ton coup soit Mon Ordre contre l'orgueilleuse...


Oui... Oh, oui... Plus, Plus... PLUS ! comme une seconde vie, je sentais Sa puissance affluer en moi, remplacer mon sang par un acide bouilli, arsenic concentré en liquide torrentiel. Ma main se raidit, se tordit... Un à-coup, comme un programme avec des ratés. Une animation saccadée, des gestes trop bruts. Quelque chose de peu naturel.

Mon cou se tort. Mes bras prennent des angles improbables. Mon corps se plie en deux, mes mains touchent mes pieds depuis mon dos... Je souris pleinement. Mon sourire se tend d'une oreille à l'autre, fente démoniaque sertie de beaux crocs et de dents limées en pointe. Les yeux pleins de noir, deux puits en leur centre. Je me recraque, comme une sauterelle libérée, mon sourire maniaque déformant mon visage. Ma tête penche sur le côté. Tout sourire, la tête coincée à 45 degrés sur la gauche. L'épée pendante. En plein dans le rai de lumière vive de la fausse déesse.

        « J'entends... J'entends... J'entends... Je L'entends... Je L'entends... et j'obéis... j'obéis... J'OBEIS... »

Pied en avant, rotation sur plante des pieds... bras plié... déploiement en pleine spirale. Lame au cou. Tête tranchée...

J'aurais attendu un jet de sang. La voir rouler. La bibliothèque exploser. Pourtant, alors que je sentais la lame traverser la chair, plus rien. Juste un... blanc. Immense. Je me réveille. Je suis nu. Entièrement. Mes mains sont derrière ma nuque, mes genoux collés à ma poitrine. Pas de cicatrice sous mes doigts. Ma main gauche est aussi pure qu'elle l'avait été jadis.

Je me mets assis, genoux toujours collés. Je les tire à moi dans mes mains. Une attitude de protection. Une attitude de faible. J'abandonne cette posture et me lève d'un coup. L'espace semble infini. Peut-être est-ce ainsi que mon au-delà se compose. Ou alors suis-je encore dans une antichambre transitoire, en attendant de revenir à la réalité ?

        « Ca dépend laquelle. »

Plaît-il ? Qui voilà ?

        « N'aie crainte. Je ne suis que ta conscience. Je me devais de te prévenir sur tu es dans une anti-chambre spirituelle. Tu retrouveras ton corps bien assez tôt. »

S'il n'était ma conscience, il la figurait pourtant assez bien. La figure était toute aussi nue que moi, un silice à la jambe droite, des trous sur la gauche, la main détruite, l'autre décharnée, une nuque où courait une estafilade du sternum à l'épaule, mais un visage sans défaut.

        « Allez, debout. »


Et pour cause. Je me trouvais de nouveau sur du sable froid. La tête posée contre une pierre tout aussi froide... Ah ! Les brumes violettes dansaient devant moi, un coffret gisait-là, je tenais moi-même une épée, et j'étais vêtu. Entièrement vêtu. Le monde avait reprit sa constance. Je me laissais aller à un soupir et me levait, m'appuyant sur le cercueil pour me relever pleinement. Je laissais traîner mon oeil sur son contenu un moment. Un squelette blanchi, aux cheveux de paille, les mains ne tenant plus l'épée. Sans savoir comment, je la sentais qui m'avait adopté. Je la glissais à ma ceinture, l'air de rien.

La victoire contre Syn ne me faisait rien. La volonté du Côté Obscur s'était accomplie. Ce n'était pas une victoire en fait. Juste un déroulement d'actions prévues depuis des millénaires. Un dessein commun qui devait s'achever ainsi. Je passais donc aussitôt à la question du coffret. Que devais-je faire ? L'emporter ? Le laisser là ? Techniquement, on m'avait demandé de venir ici. On m'y avait guidé, vision par vision. Ma tâche ne comportait pas de coffret. Juste de venir. J'étais venu, j'avais vu, j'avais vaincu. Ma leçon était théoriquement terminée. Ce coffret n'était rien. Rien ? Quelque part, je trouvais dommage de le laisser là. Aussi, quitte à ne jamais l'ouvrir, je décidais de le glisser dans ma besace. Elle s'adapta à la taille du petit objet en bois gorgé de pouvoir interdit, et je remontais doucement mon fil d'Arianne pour aller au dehors.

Il était temps de partir. J'avais terminé ma tâche ici.
#29462
Le vide, partout autour d'elle. Non, pire que du vide, c'est du Rien. Il n'y a pas même de matière ou de décor, absolument rien. Elle prend conscience de l'horreur absolue que constitue une chose pareille. Elle hurle alors de terreur et d'horreur, incapable de se retenir, sanglotant qu'on la libère. Oui, elle, Sorzus Syn, implore et pleure, supplie qu'on l'aide. C'est un destin pire encore que la mort ou même son sommeil sans fin ni repos durant tout ces millénaires qui lui a été infligé.

Elle ne peut pas le supporter. Elle qui a maîtrisé et invoqué les pouvoirs obscurs de vie et de mort, qui fut une dirigeante de l'Empire Sith. Elle veut sortir mais elle ne le peut pas. Une force bien supérieure à elle l'a emprisonné en ce lieu cloîtré et éloigné de tout, comme châtiment pour son orgueil effroyable. Mais elle ne le comprend pas, car elle reste au fond d'elle persuadée qu'elle est maîtresse de son destin.

Une éternité semble passer dans sa cellule. Elle sait avoir depuis longtemps franchi l'abîme qui sépare l'arrogance de la folie. Elle est bien au-delà de ça. Elle se souvient de son combat contre la chose venue piller son tombeau. Comment a-t-il pu la vaincre, lui qui n'est rien qu'un esclave au pouvoir ridicule? Elle ne le sait pas, et cette question la terrifie plus encore que son emprisonnement.

C'est alors qu'elle sent le pouvoir. Il est faible, mais il est là, quelque part. Obscur. Doux. Tendre. Elle sait avec certitude qu'il l'appelle elle et elle seule. Elle a enfin un moyen de se libérer. Dans un éclair de lumière aveuglante, elle comprend alors. Elle n'a pas été emprisonnée ici à dessein. Nulle volonté supérieure à elle, nulle incarnation personnifiée du Côté Obscur ne l'a châtiée.

Son Transfert a marché de manière incomplète. Elle est dans la tête du mécréant, profondément implantée dans ses strates, à un point tel qu'il n'a aucunement conscience de sa présence. Bien. Ces terres fertiles et pourtant étrangement désolées de son paysage mental lui serviront de refuge. Elle trouvera le moyen de se libérer et redevenir ce qu'elle était. Elle aura sa vengeance, et si pour cela elle doit lui souffler sans qu'il n'en ait conscience par moments de sombres secrets, qu'il en soit ainsi.

Sorzus Syn, Maîtresse alchimiste de l'Empire Sith, Seigneur des Sith, ancienne Exilée, se posa finalement au fond du cerveau de l'Ombre. Avant de prendre son mal en patience.
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