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Faux et usage de faux

MessagePosté :lun. 2 mai 2016 15:00
par Darth Oxious
        Un soir ordinaire dans Port City. Les mineurs de Tibanna déambulaient dans les rues, les uns finissant leur journée de travail, les autres la commençant. À bord de la Cité des Nuages, l'activité était incessante. Les sociétés minières avaient institué des rotations continues pour que l'exploitation du précieux gaz ne s'interrompe jamais. Ainsi, on voyait toujours le même ballet à l'heure de la relève : les visages fatigués de ceux qui terminaient croisant ceux, à peine moins las, de ceux qui allaient pointer. Cela créait d'importants mouvements de personnes, sorte de chassé-croisé du labeur, et cela faisait les choux gras des établissements comme le Paul's Cantina.

        Il n'y avait plus de Paul au comptoir, mais l'endroit gardait son nom. Les habitués de l'époque étaient revenus montrer leur fidélité, entraînant avec eux des nouvelles têtes, qui elles-même avaient parlé de l'établissement, et cætera. Le bouche à oreille, voilà une arme de choix pour tout commerce. Mais il fallait rester vigilant. Si une bonne réputation était difficile à construire, il était aisé de la défaire rapidement. Aussi, tous les efforts du personnel devaient être maintenus, et c'était le travail du manager que de s'en assurer.

        Dans le fond de la salle, le propriétaire des lieux était assis à une table discrète, à l'écart des activités proposées. Monsieur Vaa'rm – le nom qu'il utilisait ici – venait de rentrer de voyage et il se montrait fatigué et plus renfrogné que d'habitude. Il semblait soucieux.
        Et il l'était. Qu'en étaient les raisons ? Personne ne le savait, à part lui. Et comment pouvait-il en être autrement ? Ses plans, jusqu'ici, ne se portaient pas pour le mieux. L'Ordre se reconstruisait, sous l'impulsion de Darth Krayt, mais ceci exclu, rien n'allait vraiment. Les projets pour montrer un Ordre puissant et stable à la face de la Galaxie étaient largement compromis après les événements de Corellia. Un Sith, un Sang-Pur, s'était montré assez malin et puissant pour mettre en échec quatre d'entre eux, et ce malgré d'autres personnes venues perturber les choses. Ils ne savaient toujours pas quel était le sens de tout cela. Le sauraient-ils jamais ?

        Il n'était plus temps de s'interroger. S'ils devaient savoir qui étaient ces Sang-Purs, cela viendrait en temps voulu. Maintenant, ce qu'ils devaient prévoir, c'était la suite des événements pour eux, ceux de l'Ordre. Qu'étaient-ils tous devenus? Oxious avait reçu le message de Naego, ce qui lui confirmait sa survie et celle de Lyria qui l'accompagnait. Voïdh, lui, s'en était tiré et avait gagné Korriban avec Suho, où ils attendaient des nouvelles de lui – et il leur en donnerait quand il le jugerait nécessaire.

        Il se posait de nombreuses questions. Que fallait-il faire en priorité ? Voilà quelques temps, il aurait pensé que renforcer l'Ordre aurait été primordial, et qu'une armée d'hommes bien armés et bien dirigés aurait facilement raison d'une offensive. Mais ils avaient à faire à des êtres d'un autre temps. Comment ils avaient survécu jusqu'à maintenant, malgré l'extinction apparente de leur espèce, c'était une chose qui importait peu. On pouvait se douter qu'ils avaient eu recours à une sorte de stase, se cachant sur un monde perdu et inconnu. Ce qui comptait, c'était ce qu'on ignorait à leur sujet. Combien étaient-ils, étaient-ils tous versés dans le Côté Obscur, disposaient-ils d'une flotte, d'une armée ? Quelles étaient leurs intentions ? Étaient-ils réellement dangereux, ou s'agissait-il d'un simple coup de bluff ? Oxious ne croyait pas à cela. Il prenait la menace au sérieux.

        Il lui apparaissait urgent de prévoir une retraite. Un endroit où se replier en cas de besoin. Il y avait déjà pensé voilà longtemps, mais il n'avait pas encore trouvé d'urgence à s'en occuper. C'était maintenant le cas. Où rechercher un tel lieu ? Sur un monde peuplé, ou désert ; un des nombreux mondes connus, ou un de ceux de l'Espace Sauvage ou des Régions Inconnues ? Plusieurs solutions se présentaient, mais Oxious en voyait une préférable. Il pouvait faire d'une pierre deux coup en choisissant un monde et en se l'accaparant. Il pouvait facilement s'imaginer s'immiscer dans les rouages d'un gouvernement pour en corrompre le fonctionnement à son avantage. Cela lui rapporterait sans doute assez d'argent pour commencer quelque chose de concret dans son intérêt, et au moins cela serait une solution quant à la planète de repli.

        Pour le moment, tout ça n'était qu'au stade de l'idée. Il faudrait encore du temps et quelques moyens pour pouvoir enfin penser à ce genre de choses, histoire de laisser mûrir le projet, le laisser prendre forme dans tous ses détails.

        Le Zabrak fut tiré de ses pensées par de l'agitation. On se disputait près de l'entrée. Repoussant sa chaise, il sortit de l'ombre et se dirigea vers l'origine du vacarme.


        « Que se passe-t-il, ici ? »


Re: Faux et usage de faux

MessagePosté :lun. 2 mai 2016 19:26
par Darth Oxious
        La dispute s'arrêta net. Un humain, petit pour son espèce, mais pas nain pour autant, était maintenu par deux gorilles qui faisaient office de videurs. Saisi à chaque bras, il était soulevé du sol et ses pieds pendaient à quelques centimètre du sol, mais Oxious devait tout de même baisser les yeux pour le regarder.

        Image


        L'homme était chauve, et portait une moustache et une mince bande de barbe lui descendait sur le menton juste sous la lèvre. Il grimaçait et se débattait sans succès, maintenu par la poigne d'acier des deux gorilles. Le manager, qui était intervenu, expliqua la situation à son patron.


          « Cet homme est un escroc. Ça fait plusieurs fois que je le vois venir ici, et je l'ai déjà prévenu...
          Est-il déjà parti sans payer ?
          Non, mais...
          A-t-il provoqué une bagarre, ou provoqué quelque incident ?
          Non plus, mais je vous assure que...
          Alors relâchez-le.
          Mais, Monsieur Vaa'rm... »

        Le seul regard que le Zabrak posa sur le manager suffit à terminer la discussion. Un signe de tête du gérant, et les deux sbires relâchèrent leur prise sur le petit humain, qui bomba le torse de manière ridicule, s'épousseta les manches et redressa sa veste en affichant un air supérieur.

          « Je vous prie d'accepter les excuses de l'établissement, monsieur... ?
          Ackermann. Hal Ackermann.
          Le prochain verre est offert par la maison, monsieur Ackermann. En guise de compensation.
          C'est aimable. Encore que la compensation est faible en regard du préjudice.
          J'en suis navré. Mais c'est tout ce que je suis en mesure de faire, nous sommes un modeste commerce, et nous ne pouvons que nous excuser pour ce désagrément. Nos clients sont toujours vu comme des personnes importantes, sans distinction de quelque sorte.
          Alors informez-en votre gérant, qui ne semble pas au fait de ces choses.
          Nous aurons un entretien lui et moi, soyez-en assuré. Puis-je me joindre à vous pour ce verre dont nous parlions ?
          Ma foi, pourquoi pas. »

        Oxious et son invité allèrent s'asseoir au bar et la commande fut passée, vite servie. Autour de ces boissons, les deux discutèrent un peu.

          « Alors, comment se portent les affaires ?
          Pas trop mal, dût avouer le Zabrak. Pas tout à fait ce dont j'ai l'habitude, mais c'est un début.
          J'ai connu cet endroit avant... C'était un Anzat qui le tenait, un Paul. Pas facile, mais sympa. C'était pas mal, à l'époque.
          Je possédait déjà l'établissement. J'ai du mettre mes affaires de côté pour... raison de santé.
          Ah, ce sont des choses qui arrivent, je suppose... »

        Un long silence suivit, durant lequel les deux hommes burent leurs verres lentement. Puis Ackermann rouvrit la discussion.

          « Par hasard, arrive-t-il que vos clients recherchent des services que vous n'offrez pas, et vous demandent si vous connaissez quelqu'un ?
          Quel genre de services ?
          Le genre qu'on peut acheter avec assez d'argent, et je ne parle pas des filles ou des Bâtons de la Mort.
          Vous avez du cran. Arriver ici et me demander ce genre de choses, à moi. Qui vous dit que vous ne risquez rien ?
          Je risque quelque chose ?
          Pas pour le moment. Tout dépend de votre degrés d'honnêteté. Envers moi, s'entend.
          J'ai travaillé un temps pour les services impériaux. Dans l'administration. J'étais aux renseignements. Rien de très exotique, j'en ai peur. Je m'occupais des documents d'identité.
          Vous n'y êtes plus ?
          Remaniement du service. Fusion avec les licences de pilotage, et le service d'état civil galactique. Bref, j'ai perdu mon job. Mais j'ai su rebondir. Comme j'étais assez bon dans ce que je faisais, je me suis lancé dans une branche lucrative. Les faux papiers.
          Assez bon ? Assez bon comment ?
          Assez pour produire des ID aussi vrais que vrais. Les officiers impériaux et républicains ne feraient pas la différence. Un indentiscan, en revanche... Mais j'y travaille. »

        Voilà qui pouvait être intéressant. Avec ce genre d'atout, Oxious pourrait voyager dans la Galaxie sans craindre les contrôles. Il serait toujours utile de pouvoir compter sur un bon faussaire. S'il avait d'autres compétences, il pouvait même se montrer tout à fait indispensable.

          « Que savez-vous faire d'autre, au cas où un client demanderait ?
          J'ai une formation en informatique. Systèmes de sécurité et administration réseau. J'étais assez bon.
          Alors pourquoi les ID impériales ?
          J'ai été arrêté par les forces impériales pour trafic de drogue. Je revendais du Ryll à mes potes d'école. J'ai été viré. J'ai continué à m'intéresser à tout ça, pour m'amuser.
          Assez pour slicer un système ?
          Peut-être pas une conception d'usage militaire, mais quelque chose de moins pointu, oui. »

        Voilà quelque chose d'intéressant. Slicer et faussaire. De quoi fournir quelques services utiles.

          « J'imagine que ça ne paye pas toujours correctement, le marché noir.
          Pourquoi je sens que vous avez une proposition à faire ?
          C'est possible. Je suis un honnête commerçant, mais il m'arrive de me livrer à d'autres occupations. En vérité, c'est l'inverse : il m'arrive d'être un honnête commerçant, mais je suis bien plus que cela. Et cela m'amène à devoir passer au travers de contrôles et de systèmes, pour le bien de mes projets.
          Ackermann eut un sourire.
          Continuez.
          Travaillez pour moi. Je vous paierai, et vous utiliserez vos talents pour mon compte. Quelques faux papiers, et un peu de hacking. Peut-être plus, si vous vous montrez doué. Je ne vais pas vous mentir, ce n'est pas sans risque, et ça ne paiera pas aussi bien qu'un contrat ponctuel, mais... ce sera un revenu régulier pour vous. Et si mon projet aboutit, vous y trouverez votre compte. C'est une promesse. »

        Ackermann se lissa la moustache, puis caressa son crâne chauve. Ça paraissait intéressant. Très intéressant. Si bien qu'il cherchait l'arnaque. Mais il n'en trouvait pas. Ce Vaa'rm lui semblait franc, il lui avait dit que l'affaire présentait un risque, mais le gain était potentiellement important. Et il avait promis. S'il avait le même sens de l'honneur que lui, ce Zabrak tiendrait parole. Ou Ackermann l'y obligerait.
        L'humain attrapa son verre et le leva.


          « Je marche. Pour 5,000 par mois.
          Parfait. »

        A son tour, Oxious prit son verre et trinqua avec son nouvel associé. Ils burent une longue gorgée, et reposèrent leur verre de concert.

          « . À notre collaboration. Puisse-t-elle être profitable à chacun de nous.
          Amen mon frère... »