- mar. 30 juil. 2019 20:47
#35888
Bastion
Elle filait vite. Cette ombre, elle se glissait, regardait en arrière, jetait un air apeuré par-delà son épaule alourdie d'une besace pleine, et reprenait sa course. Les bottes martelaient le sol dallé bien remis, passant près d'une section de l'entretien des routes, qui venaient de remettre à neuf une canalisation souterraine. Des droïdes de chantier qui s'affairaient, jour et nuit, quelques humanoïdes bien vivants supervisants à coups d'ordre et de directives entre deux cafs' solubles. Quelques pas dans du sable pour mettre à niveau, passer des blocs en permabéton frais transportés sur des palettes anti-grav par des droïdes-chargeurs, et il put reprendre sa course normale. Il arriva finalement devant une porte coulissante, vitrée et propre. En y entrant, il se laissa aller au soulagement. « BIENVENUE DANS NOTRE ETABLISSEMENT ! » Un droïde d'accueil. Voix féminine, carcasse dorée toute en rondeurs, de grands yeux amicaux et une bouche en esquisse de sourire. « LE CODE INTERNE DE NOTRE ETABLISSEMENT EXIGE DE NOS CLIENTS QU'ILS RESTENT LE VISAGE DECOUVERT, EXCEPTION FAITE DES EVENEMENTS COSTUMES. » Sa capuche. Bien sûr. Le client retira sa couverture, que les transpondeurs voient et annoncent l'individu. « BIENVENUE AU CLUB DE LA VOIX DU MONDE, EMPEREUR ASTELLAN. »
« Si vous saviez, messieurs... » commença l'Empereur en tirant sur un cigare, « ... à quel point ces rendez-vous me manquent. » Le petit cercle ricana, tirant chacun sur un cigare analogue. Une cave de ce crû équivalait à deux mois de salaire minimum à temps plein. Les fonctions d'un Empereur demandait à réduire ce genre de fantaisie. Mais ses amis de La Voix valaient bien parfois qu'il fasse le mur. « C'est surtout une perte de ne plus vous voir ici... - Oui, il est regrettable de se séparer d'un compagnon aussi... - Précieux. - Vos flatteries me vont au coeur, autant qu'elles sont hypocrites. » Autres ricanements. « De plein sérieux, Harlon, j'ai obtenu ce que vous vouliez. - Dites-moi tout. » Le premier homme sortit un petit flimsi de sa poche intérieure de veston, et le tendit à Harlon plié en deux, le pinçant de l'index et du majeur. « Les actifs Sorosuub se sont effondrés après la crise avec la Nouvelle République. » Harlon glissa le flimsi dans sa propre poche, et continua d'écouter. « Les concessions minières que la société a prit d'assaut se sont effondrées dans le processus. La Cour de Justice n'avait pas prévu de déloger les nouveaux propriétaires. - Autrement dit, l'emplacement est en pleine anarchie depuis la crise. » Harlon resta songeur. « Facile d'y aller, de bloquer les communications, et d'investir la place. Personne ne remarquera rien. - Surtout si on compte sur l'agitation sur Sullust depuis peu. » Une agitation constante dont on ignorait tout. Les espions sur Sullust, trop peu nombreux, n'avaient aucun détail à fournir. Pis encore : ils s'éteignaient petit à petit. D'ici un mois ou deux, il y aurait silence radio total. Les Renseignements se tâtaient sur la marche à suivre. Qui envoyer, et surtout, si c'était nécessaire.
« Harlon, nous nous demandions... » Oui ? « Qu'allez-vous chercher sur Mustafar ? »
« ... Pourquoi me voir ? Vous croyez que j'ai le temps de recevoir chaque individu qui en formule la demande ? » Le droïde ne répondit rien. « Il parle d'un sujet qui pourrait vous intéresser. » C'était agaçant. L'Empereur n'était pas accessible. Il n'avait pas à l'être. Les troupiers à vouloir une entrevue étaient encore trop nombreux, malgré les rumeurs, fausses et vraies, sur le caractère impitoyable de l'Empereur. Shtig, la jolie secrétaire, restait dans la mémoire collective, même aussi longtemps après son... tragique accident. « Dites-lui d'entrer, mais qu'il ne sortira pas par la porte s'il m'a fait perdre mon temps. » Le droïde acquiesça et ressortit. Deux minutes après vint un petit homme, jeunesse mal tassée, trapu, un début de calvitie - à son âge ? quelle misère - et des lunettes rondes, mais d'un style s'éloignant du pedigree noble d'Harlon, au profit de celui d'un puceau timide, ancien souffre-douleur de sa classe cherchant maintenant à faire ses preuves. La peur de la mort avait passé la deuxième face à son affaire. Il tenta de s'agenouiller, mais Harlon l'interrompit directement. « Trêve de cérémonies. Mon temps est précieux, alors faites vite. » Harlon était encore à son bureau. Il avait couvert ses feuillets et datapads confidentiels par d'autres papiers, vierges ou sans importance. Son holojournal, datapad réceptionnant la presse seule, recouvrait une bonne partir de ses graphiques prévisionnels sur les pertes militaires d'une conquête en préparation. L'homme s'assit alors. Du moins... « De quel droit vous asseyez-vous sans y être invité ? » L'homme se reprit vite, et fit mine de vouloir épousseter la chaise en lieu et place d'y prendre assise. Il se racla la gorge après avoir bredouillé des mots d'une grande incompréhension. « Et bien... je travaille au Secteur Plexus comme Opérateur... Et, pendant un jour de congé, et bien, j'ai décidé de regarder un peu quelques archives, pour... euh... enfin, je corrige des fois des fautes de... d'orthographe, et... » Harlon ne réagit pas. En son for intérieur, il se demandait qui était ce petit homme. Un jour de congé passé à corriger des fautes à son travail ? Il devait vraiment être seul dans sa vie... « Et en fouillant dans les archives liés au Secteur Atravis, j'ai découvert la mention d'un déplacement d'un régiment complet de la garnison de Devaron, sans manifeste de transfert ou de transport. » Il tendit un flimsi à Harlon. « On a démobilisé tout un régiment, mais personne n'en a accusé réception ailleurs. » Harlon regarda le document, le lisant en diagonale, et attestant des dires de l'homme. « J'ai fouillé les archives dans la semaine glissante du jour du transfert. Apparemment, on a fait un gros achat à Rothana d'équipements servant à établir un camp de base sur des mondes à nature volcanique. » Il tendit un deuxième flimsi. Mention d'un contrat cadre, d'un bon de commande émis par... Harlon tiqua. Personne n'avait commandé cet équipement. Aucun nom, aucun service. Rien. « Du coup, une garnison installée sur un monde volcanique, sans qu'on ne soit au courant. Et ? - Et alors... » Harlon remarquait un regain de confiance chez l'homme. « Dans la semaine qui suivit, les communications par voie Holonet émanant de la flotte personnelle de Vador ont cessé d'exister, avant de reparaître deux semaines plus tard, depuis le secteur Atravis... » Il tendit un dernier flimsi. « Le secteur ne contient qu'une seule planète volcanique... - Mustafar. » L'homme parut surpris. Harlon la connaissait suite au scandale liant la planète et ses concessions sur place à la Sorosuub. « Il y a également mention d'un flux d'argent bloqué sur un compte accessible au Haut-Commandement à destination d'un projet baptisé PV. - PV ? - En fouillant dans un document déclassifié, je suis tombé sur cette occurrence, émanant du Grand Moff Wilhuff Tarkin. » Il tendit un dernier flimsi. Harlon comprit alors. « Le Palais de Vador... »
Harlon reprit les flimsi. L'agent avait fait un lien entre des échanges discrets et sans mention, et en avait tiré une information de premier plan. Vador aurait donc fait construire un Palais sur Mustafar... avec l'assentiment de Tarkin, et certainement de l'Empereur seul. Les dates excluaient l'Impératrice. Elle-même ne devait pas être au courant. « Vous êtes opérateur au Secteur Plexus disiez-vous ? » Harlon savait reconnaître une envie d'avancement quand il en voyait une. Mais parfois, cela semblait être une juste rétribution. « Vous irez parler au Capitaine Lortee du Bureau des Opérations au sortir d'ici. Je vais lui envoyer un message. Je crois qu'il cherchait un Chef de cellule compétent. Vous venez de montrer que vous saviez tirer profit des informations pour les mettre en lien. L'Empire a besoin d'esprits compétents comme le vôtre. » Harlon ensuite balaya l'air de la main. « Allez. Et ne me décevez pas. »
« ... Harlon ? » L'Empereur sortit de ses songes un instant. Il s'était senti flotter, là-bas, au loin dans sa tour, pendant un instant. « Que s'y trouve-t-il pour que vous souhaitiez vous assurer d'une tranquillité locale ? » Harlon leur sourit, et téta son cigare encore une fois. « J'y cherche l'histoire. »
Base de ravitaillement au sol,
Embarquement imminent
« Tout est prêt ? » Un agent des stocks, datapad à la main, deux aides à son bord, continua de calculer mentalement, avant de vite revenir sur l'Empereur. « Tout est prêt, Empereur. » L'officier balaya le dock de la main, alors que terminaient de s'affairer un ensemble de techniciens des services de soutien, poussant au choix des palettes anti-grav, transportant des tuyaux de gros diamètre, ou signifiant par des signes visuels les ordres de décoller pour certains véhicules spéciaux qui allaient à droite et à gauche. Tout était en effervescence, dans un ordre militaire impeccable, personne ne se percutant, et chacun était concentré à sa tâche. Un service d'élite, pour une légion d'élite. « L'agenda est parfaitement respecté. Il est même quelque peu en avance. Il ne restera plus qu'à terminer l'embarquement des dispositifs de fermage hydroponiques, ainsi que des derniers bataillons, et nous serons prêts au décollage. » Harlon hocha la tête et demanda le manifeste. « Les points de ravitaillement sont donc Contruum et Kessel. » L'officier acquiesça. « Nous avons envoyé des messages aux garnisons du Sur-Secteur Hydien... Les vaisseaux de ravitaillement partiront avec vous depuis Kessel. Leur nombre suffira à assurer un aller et un retour intégral, en plus d'assurer près de deux ans de stationnement sur place. » Harlon parut satisfait. « Beau travail Lieutenant. »
Il se désintéressait déjà de l'homme. Au bas, il observait, lentement, les derniers signes du départ. La montée sur la rampe d'embarquement de son Destroyer Stellaire, l'Imperator, de sa légion personnelle. La 501ème Légion. Des vétérans, tous. Des nouveaux venus, mais quelques anciens des Guerres Cloniques. Des héros de guerre, tous. « Amenez-moi un véhicule. Je vais rejoindre le bord. » Il était en bout de piste. Depuis la rampe, il y avait presque un kilomètre de distance.
Les Destroyers ne paraissaient plus si petit, vu d'en bas...
Deux semaines plus tard,
Système Arkanis
Planète Mustafar
« Arrivée dans 3... 2... 1... » Les étoiles cessèrent de défiler. Il n'exista plus qu'un banal astre rouge, boursouflé de lave en orbite d'un monde gigantesque et bleu. Le vecteur d'arrivée interdisait la venue face cachée, mais on savait l'endroit peu propice aux détections au-delà de l'atmosphère. On devait cela à la chaleur dégagée. Mais ce qui marchait dans un sens marchait aussi dans l'autre : impossible de scanner les sources technologiques dans pareille fournaise. « Balayage scanners ? - Rien, Amiral. » Rien, cela voulait dire pas d'Holonet. Pas de satellite de défense. Mais on savait qu'à la surface, bien cachée entre deux cratères, nichaient des mines automatisées, qui pompaient le sol et ses richesses pour les renvoyer aux terres républicaines. Et encore au milieu, mieux caché encore, se tenait un endroit... spécial. Aucun de la mission en-dessous d'un grade du Haut-Commandement n'avait été mis au courant de tout ce qui allait se passer. Ni le nom de l'endroit. Rien ni personne ne saurait rien à moins d'être sur place. « Envoyez cinq escadrilles de Traqueurs TIE sonder la planète. Entrée en atmosphère. Vecteur d'approche bas. » En rasant de près la lave, les scanners "ennemis" n'auraient pas à loisir de détecter les appareils mouvants. La discrétion de ces engins les rendraient à peine visible une milliseconde. Il n'y avait plus de militaire sur site depuis une décennie. Rien n'était risqué. Mais autant éviter les ennuis... et quoi de mieux en localisant les deux sites : les mines, et le palais.
Les rapports n'indiquaient pas un élément assez important : l'emplacement de la Citadelle de Vador. Des pistes indiquaient bien son existence, mais aucune archive ne mentionnait rien de plus. Tout pouvait encore finir en catastrophe.
« Informez l'Empereur Astellan que nous avez commencé les opérations d'exploration. »
Elle filait vite. Cette ombre, elle se glissait, regardait en arrière, jetait un air apeuré par-delà son épaule alourdie d'une besace pleine, et reprenait sa course. Les bottes martelaient le sol dallé bien remis, passant près d'une section de l'entretien des routes, qui venaient de remettre à neuf une canalisation souterraine. Des droïdes de chantier qui s'affairaient, jour et nuit, quelques humanoïdes bien vivants supervisants à coups d'ordre et de directives entre deux cafs' solubles. Quelques pas dans du sable pour mettre à niveau, passer des blocs en permabéton frais transportés sur des palettes anti-grav par des droïdes-chargeurs, et il put reprendre sa course normale. Il arriva finalement devant une porte coulissante, vitrée et propre. En y entrant, il se laissa aller au soulagement. « BIENVENUE DANS NOTRE ETABLISSEMENT ! » Un droïde d'accueil. Voix féminine, carcasse dorée toute en rondeurs, de grands yeux amicaux et une bouche en esquisse de sourire. « LE CODE INTERNE DE NOTRE ETABLISSEMENT EXIGE DE NOS CLIENTS QU'ILS RESTENT LE VISAGE DECOUVERT, EXCEPTION FAITE DES EVENEMENTS COSTUMES. » Sa capuche. Bien sûr. Le client retira sa couverture, que les transpondeurs voient et annoncent l'individu. « BIENVENUE AU CLUB DE LA VOIX DU MONDE, EMPEREUR ASTELLAN. »
« Si vous saviez, messieurs... » commença l'Empereur en tirant sur un cigare, « ... à quel point ces rendez-vous me manquent. » Le petit cercle ricana, tirant chacun sur un cigare analogue. Une cave de ce crû équivalait à deux mois de salaire minimum à temps plein. Les fonctions d'un Empereur demandait à réduire ce genre de fantaisie. Mais ses amis de La Voix valaient bien parfois qu'il fasse le mur. « C'est surtout une perte de ne plus vous voir ici... - Oui, il est regrettable de se séparer d'un compagnon aussi... - Précieux. - Vos flatteries me vont au coeur, autant qu'elles sont hypocrites. » Autres ricanements. « De plein sérieux, Harlon, j'ai obtenu ce que vous vouliez. - Dites-moi tout. » Le premier homme sortit un petit flimsi de sa poche intérieure de veston, et le tendit à Harlon plié en deux, le pinçant de l'index et du majeur. « Les actifs Sorosuub se sont effondrés après la crise avec la Nouvelle République. » Harlon glissa le flimsi dans sa propre poche, et continua d'écouter. « Les concessions minières que la société a prit d'assaut se sont effondrées dans le processus. La Cour de Justice n'avait pas prévu de déloger les nouveaux propriétaires. - Autrement dit, l'emplacement est en pleine anarchie depuis la crise. » Harlon resta songeur. « Facile d'y aller, de bloquer les communications, et d'investir la place. Personne ne remarquera rien. - Surtout si on compte sur l'agitation sur Sullust depuis peu. » Une agitation constante dont on ignorait tout. Les espions sur Sullust, trop peu nombreux, n'avaient aucun détail à fournir. Pis encore : ils s'éteignaient petit à petit. D'ici un mois ou deux, il y aurait silence radio total. Les Renseignements se tâtaient sur la marche à suivre. Qui envoyer, et surtout, si c'était nécessaire.
« Harlon, nous nous demandions... » Oui ? « Qu'allez-vous chercher sur Mustafar ? »
« ... Pourquoi me voir ? Vous croyez que j'ai le temps de recevoir chaque individu qui en formule la demande ? » Le droïde ne répondit rien. « Il parle d'un sujet qui pourrait vous intéresser. » C'était agaçant. L'Empereur n'était pas accessible. Il n'avait pas à l'être. Les troupiers à vouloir une entrevue étaient encore trop nombreux, malgré les rumeurs, fausses et vraies, sur le caractère impitoyable de l'Empereur. Shtig, la jolie secrétaire, restait dans la mémoire collective, même aussi longtemps après son... tragique accident. « Dites-lui d'entrer, mais qu'il ne sortira pas par la porte s'il m'a fait perdre mon temps. » Le droïde acquiesça et ressortit. Deux minutes après vint un petit homme, jeunesse mal tassée, trapu, un début de calvitie - à son âge ? quelle misère - et des lunettes rondes, mais d'un style s'éloignant du pedigree noble d'Harlon, au profit de celui d'un puceau timide, ancien souffre-douleur de sa classe cherchant maintenant à faire ses preuves. La peur de la mort avait passé la deuxième face à son affaire. Il tenta de s'agenouiller, mais Harlon l'interrompit directement. « Trêve de cérémonies. Mon temps est précieux, alors faites vite. » Harlon était encore à son bureau. Il avait couvert ses feuillets et datapads confidentiels par d'autres papiers, vierges ou sans importance. Son holojournal, datapad réceptionnant la presse seule, recouvrait une bonne partir de ses graphiques prévisionnels sur les pertes militaires d'une conquête en préparation. L'homme s'assit alors. Du moins... « De quel droit vous asseyez-vous sans y être invité ? » L'homme se reprit vite, et fit mine de vouloir épousseter la chaise en lieu et place d'y prendre assise. Il se racla la gorge après avoir bredouillé des mots d'une grande incompréhension. « Et bien... je travaille au Secteur Plexus comme Opérateur... Et, pendant un jour de congé, et bien, j'ai décidé de regarder un peu quelques archives, pour... euh... enfin, je corrige des fois des fautes de... d'orthographe, et... » Harlon ne réagit pas. En son for intérieur, il se demandait qui était ce petit homme. Un jour de congé passé à corriger des fautes à son travail ? Il devait vraiment être seul dans sa vie... « Et en fouillant dans les archives liés au Secteur Atravis, j'ai découvert la mention d'un déplacement d'un régiment complet de la garnison de Devaron, sans manifeste de transfert ou de transport. » Il tendit un flimsi à Harlon. « On a démobilisé tout un régiment, mais personne n'en a accusé réception ailleurs. » Harlon regarda le document, le lisant en diagonale, et attestant des dires de l'homme. « J'ai fouillé les archives dans la semaine glissante du jour du transfert. Apparemment, on a fait un gros achat à Rothana d'équipements servant à établir un camp de base sur des mondes à nature volcanique. » Il tendit un deuxième flimsi. Mention d'un contrat cadre, d'un bon de commande émis par... Harlon tiqua. Personne n'avait commandé cet équipement. Aucun nom, aucun service. Rien. « Du coup, une garnison installée sur un monde volcanique, sans qu'on ne soit au courant. Et ? - Et alors... » Harlon remarquait un regain de confiance chez l'homme. « Dans la semaine qui suivit, les communications par voie Holonet émanant de la flotte personnelle de Vador ont cessé d'exister, avant de reparaître deux semaines plus tard, depuis le secteur Atravis... » Il tendit un dernier flimsi. « Le secteur ne contient qu'une seule planète volcanique... - Mustafar. » L'homme parut surpris. Harlon la connaissait suite au scandale liant la planète et ses concessions sur place à la Sorosuub. « Il y a également mention d'un flux d'argent bloqué sur un compte accessible au Haut-Commandement à destination d'un projet baptisé PV. - PV ? - En fouillant dans un document déclassifié, je suis tombé sur cette occurrence, émanant du Grand Moff Wilhuff Tarkin. » Il tendit un dernier flimsi. Harlon comprit alors. « Le Palais de Vador... »
Harlon reprit les flimsi. L'agent avait fait un lien entre des échanges discrets et sans mention, et en avait tiré une information de premier plan. Vador aurait donc fait construire un Palais sur Mustafar... avec l'assentiment de Tarkin, et certainement de l'Empereur seul. Les dates excluaient l'Impératrice. Elle-même ne devait pas être au courant. « Vous êtes opérateur au Secteur Plexus disiez-vous ? » Harlon savait reconnaître une envie d'avancement quand il en voyait une. Mais parfois, cela semblait être une juste rétribution. « Vous irez parler au Capitaine Lortee du Bureau des Opérations au sortir d'ici. Je vais lui envoyer un message. Je crois qu'il cherchait un Chef de cellule compétent. Vous venez de montrer que vous saviez tirer profit des informations pour les mettre en lien. L'Empire a besoin d'esprits compétents comme le vôtre. » Harlon ensuite balaya l'air de la main. « Allez. Et ne me décevez pas. »
« ... Harlon ? » L'Empereur sortit de ses songes un instant. Il s'était senti flotter, là-bas, au loin dans sa tour, pendant un instant. « Que s'y trouve-t-il pour que vous souhaitiez vous assurer d'une tranquillité locale ? » Harlon leur sourit, et téta son cigare encore une fois. « J'y cherche l'histoire. »
Embarquement imminent
« Tout est prêt ? » Un agent des stocks, datapad à la main, deux aides à son bord, continua de calculer mentalement, avant de vite revenir sur l'Empereur. « Tout est prêt, Empereur. » L'officier balaya le dock de la main, alors que terminaient de s'affairer un ensemble de techniciens des services de soutien, poussant au choix des palettes anti-grav, transportant des tuyaux de gros diamètre, ou signifiant par des signes visuels les ordres de décoller pour certains véhicules spéciaux qui allaient à droite et à gauche. Tout était en effervescence, dans un ordre militaire impeccable, personne ne se percutant, et chacun était concentré à sa tâche. Un service d'élite, pour une légion d'élite. « L'agenda est parfaitement respecté. Il est même quelque peu en avance. Il ne restera plus qu'à terminer l'embarquement des dispositifs de fermage hydroponiques, ainsi que des derniers bataillons, et nous serons prêts au décollage. » Harlon hocha la tête et demanda le manifeste. « Les points de ravitaillement sont donc Contruum et Kessel. » L'officier acquiesça. « Nous avons envoyé des messages aux garnisons du Sur-Secteur Hydien... Les vaisseaux de ravitaillement partiront avec vous depuis Kessel. Leur nombre suffira à assurer un aller et un retour intégral, en plus d'assurer près de deux ans de stationnement sur place. » Harlon parut satisfait. « Beau travail Lieutenant. »
Il se désintéressait déjà de l'homme. Au bas, il observait, lentement, les derniers signes du départ. La montée sur la rampe d'embarquement de son Destroyer Stellaire, l'Imperator, de sa légion personnelle. La 501ème Légion. Des vétérans, tous. Des nouveaux venus, mais quelques anciens des Guerres Cloniques. Des héros de guerre, tous. « Amenez-moi un véhicule. Je vais rejoindre le bord. » Il était en bout de piste. Depuis la rampe, il y avait presque un kilomètre de distance.
Les Destroyers ne paraissaient plus si petit, vu d'en bas...
Système Arkanis
Planète Mustafar
« Arrivée dans 3... 2... 1... » Les étoiles cessèrent de défiler. Il n'exista plus qu'un banal astre rouge, boursouflé de lave en orbite d'un monde gigantesque et bleu. Le vecteur d'arrivée interdisait la venue face cachée, mais on savait l'endroit peu propice aux détections au-delà de l'atmosphère. On devait cela à la chaleur dégagée. Mais ce qui marchait dans un sens marchait aussi dans l'autre : impossible de scanner les sources technologiques dans pareille fournaise. « Balayage scanners ? - Rien, Amiral. » Rien, cela voulait dire pas d'Holonet. Pas de satellite de défense. Mais on savait qu'à la surface, bien cachée entre deux cratères, nichaient des mines automatisées, qui pompaient le sol et ses richesses pour les renvoyer aux terres républicaines. Et encore au milieu, mieux caché encore, se tenait un endroit... spécial. Aucun de la mission en-dessous d'un grade du Haut-Commandement n'avait été mis au courant de tout ce qui allait se passer. Ni le nom de l'endroit. Rien ni personne ne saurait rien à moins d'être sur place. « Envoyez cinq escadrilles de Traqueurs TIE sonder la planète. Entrée en atmosphère. Vecteur d'approche bas. » En rasant de près la lave, les scanners "ennemis" n'auraient pas à loisir de détecter les appareils mouvants. La discrétion de ces engins les rendraient à peine visible une milliseconde. Il n'y avait plus de militaire sur site depuis une décennie. Rien n'était risqué. Mais autant éviter les ennuis... et quoi de mieux en localisant les deux sites : les mines, et le palais.
Les rapports n'indiquaient pas un élément assez important : l'emplacement de la Citadelle de Vador. Des pistes indiquaient bien son existence, mais aucune archive ne mentionnait rien de plus. Tout pouvait encore finir en catastrophe.
« Informez l'Empereur Astellan que nous avez commencé les opérations d'exploration. »