L'Astre Tyran

[Ilyas Dhanab Al-Asad]

Le fond de la bouteille vint moins rapidement que le coup qui suivit. Pour être honnête, l’originaire d’Emberlene l'avait bien cherché. Disons que voler la place et la bière d'un inconnu était généralement peu recommandé dans l'éthique du bon client de bar mal famé de la Bordure Extérieure. Mauvais lecteur, Ilyas devait avoir passé par-dessus ce chapitre tout comme son nouvel ennemi avait passé par-dessus celui des réponses diplomatiques. Un « pardonnez-moi, cher monsieur, mais ceci est ma bière » aurait probablement eut moins d'impact que son poing droit contre la mâchoire de l’ancien sultan d’Emberlene, mais les deux compères auraient pu habilement en discuter sans qu’Ilyas ait eu à se presser un sac de glace contre la bouche. Il n'était d’ailleurs pas dans les habitudes d’Ilyas de fréquenter ce genre d'établissement mais les raisons de sa présence dans cette sombre taverne de Mos Eisley serait ultérieurement expliquée. Pour l'instant tout était momentanément obscur et paralysé sous l'impact du coup de poing. La tête de l’Emberlenois se retrouva contre le bois écaillé du comptoir et le collet de sa pâle chemise entre les doigts de cet homme à l'haleine alcoolisée. Un mélange de gin et de cognac : un habitué des sens engourdis. Il lui raconte sa vie de misère puis fait valser Ilyas un peu plus loin avant de siéger à nouveau sur son trône d'ivrogne.

Il était déjà tard cette soirée là et Ilyas avait déjà descendu trois verres de fort au goût plutôt merdique. C’est ce qu’il détestait le plus de la Bordure Extérieure : incapable de se procurer de l’alcool de bonne qualité sans en payer la grosse somme. Faut dire qu’il ne se tenait pas non plus dans les institutions les plus mondaines de divertissement. Ce soir, par exemple, c’était au très chic Trou du Wookie qu’il s'était finalement assis à une table éloignée de son adversaire de tout à l’heure. Sa soirée lui avait été accordée par son employeur actuel, un Rodien véreux en quête de crédits à travers la contrebande. Avec la Guerre Civile de terminée, les affaires étaient beaucoup moins lucratives mais il y avait toujours preneur pour des cargaisons d’épices.

Du coin de l’œil, Ilyas regarda le pianiste qui, de sa voix rauque, chantait l’amour impossible à une dénommée Rosie. Le jeune homme soupira. Lui aussi avait abandonné son amour.

La serveuse, fatiguée, les yeux cernés, demanda ce que prendrait Ilyas, déguisant son visage d’un sourire.

-« Un scotch. » Et elle s’en fut.

Comme il avait été trouillard! Le Conseil des Onze ne pouvait le tenir à l’écart éternellement. Et pourtant, c’était lui qui se terrait dans les confins de la galaxie. Le scotch arriva, la serveuse repartit. Une gorgée, deux gorgée, trois gorgée.

Noir.

Coup de poing. Ils étaient cinq. La ruelle lui apparait aussi clairement qu’en plein jour. Il tente de sortir sa vibrodague; se fait rapidement désarmer comme un amateur. La poussière lui pique les yeux, il est la tête contre le sol.

Noir.

Pourvu qu’il puisse revoir Dana.

[Ilyas Dhanab Al-Asad]

Le brouillard se dissipait progressivement. Toujours ce bourdonnement dans les oreilles, agaçant. Puis, comme une explosion, tout s'éveille. Les yeux grands ouverts, redressement rapide, tête qui éclate. Vous savez cette impression que l'Univers en entier, qui était vacillant quelques instants plutôt, se retourne soudainement contre soi? Conspiration cosmique.

Encore à demi-endormi ou toujours sous l'effet de l'alcool, Ilyas réalise tranquillement qu'il se situe bel et bien dans une cellule. Pourtant, il ne se rappelait pas d'avoir eu affaire à des policiers... comme s'il pouvait bien se fier à ce qu'il se souvenait! Torse nu et marqué de coups, les poches de son pantalon de voyage tout aussi vide que sa mémoire il se releva péniblement afin de mieux vomir un peu plus loin. Pathétique! Grognant entre ses dents, l'Emberlenois se redressa de toute sa taille, s'administra quelques claques au visage et retrouva enfin le peu d'esprit qu'il lui restait.

Pas de doute, il était bien dans une cellule et le seul souvenir qu'il avait était celui de l'attaque dans la ruelle de Mos Eisley. Ilyas s'exécuta alors à tenter de reconstituer le puzzle de sa mémoire. Des pas venaient dans sa direction, à l'extérieur de son cachot...

[Ekiam Rul'mos]

Kalse était "confortablement" installé contre le mur du fond de la cellule, légèrement incommodé par l'odeur de pisse qu'il avait laissé cinq minutes plus tôt à un mètre à peine, ayant tenté d'écrire de son mieux son prénom sans grand succès. A vrai dire, Kalse avait beau avoir l'air d'un vieux rabougri, il n'en était pas moins un véritable gamin dont l'insouciance de l'adolescence ne semblait jamais l'avoir vraiment quitté.
C'est d'ailleurs sans doute cette même insouciance accompagné d'une insolence certaine qui l'avait fait enfermé dans cette cellule miteuse sur une planète tout aussi "incroyable".
Soit disant, soit disant il aurait "piqué" une bouteille de whisky du bar sur lequel il était accoudé ! N'importe quoi, il n'avait fait que l'examiner attentivement ! D'ailleurs, quand les gorilles servant d'amis au tavernier sont venus vérifier l'histoire d'un air menaçant, il n'avait pas hésité à rendre la bouteille immédiatement... bien que le fait qu'il l'ait fait exploser sur le crâne du gérant de cantina n'ait sans doute pas adouci les choses en fait...

Ils l'avaient traîné comme un misérable, lui, Kalse O'moria ! Le grand Capitaine Contrebandier ! Roué de coups devant une horde de gens avide de sang (bien qu'à vrai dire, la cantina était tellement paumée qu'il n'y avait que quatre spectateurs..) ! Trop sonné pour faire quoi que ce soit ni pour se souvenir du trajet d'aller, il s'était retrouvé dans cette cellule adossé contre le mur, la lèvre encore saignante des coups reçus.

Depuis plus de deux heures il n'avait pas bougé de sa position, réfléchissant d'un air plus que posé à la situation dans laquelle il se trouvait : seul, sur une planète inconnue, enfermé par un gang dont il ignorait tout... bah ça ira !

Il ne fallut pas longtemps avant que les gardes ne reviennent. A sa grande surprise, il ne recevrait pas de nouvelle raclée des gorilles mais ceux ci avaient préférés lui laisser un mec à moitié à poil et assommé pour seul compagnie. Dans un effort paraissant extrêmement pénible à sa flémardise, il tâta du pied son nouveau compagnon de cellule qui ne lui répondit que par un bref grognement. Au moins il était en vie.

Pensant que le nouveau venu en avait encore pour quelques heures avant de se réveiller, Kalse ferma les yeux, prêt à un petit somme peinard tandis qu'il se renfrognait sur lui même, adossé au mur. Il ne fallut pas trente secondes avant qu'il n'entende le doux son mélodieux du vomissement de l'inconnu un peu plus loin dans la cellule, permettant ainsi aux deux hommes d'apprécier le savant mélange d'odeur d'urine et de rejet gastrique qui régnait sur cette pièce.

Vraisemblablement, le bruit du malade avait du attirer l'attention des gardes ...


"Ressaisis toi gamin, ça m'étonnerais pas que ces têtes de glands ne reviennent pour nous en remettre une pâtée..." dit-il brièvement à l'homme qui ne l'avait même pas vu, avant que deux gardes Rodiens armés de matraque ne surgissent.

[Ilyas Dhanab Al-Asad]

[font=georgia]-« ...têtes de glands ne reviennent pour nous en remettre une pâtée. »[/font]

Voix de vieillard derrière lui. Ilyas n'eut à peine le temps de se retourner pour voir qui lui adressait ainsi la parole que la porte de la cellule s'ouvrit à la volée et deux Rodiens peu commodes entrèrent en trombe pour rouer de coups le pauvre Emberlenois. S'écroulant à nouveau contre le sol glacé sous ses pieds, Ilyas grogna de douleur lorsque les matraques épousèrent la douceur de sa peau. Encore et encore. Cessant subitement leur séance de massothérapie à la dur, les deux geôliers pointèrent le vieil homme et lui débitèrent des menaces dans leur langue natale qu'Ilyas ne connaissait pas. De toute façon, il était beaucoup plus obnubilé par la douleur de ses côtes pour tenter de déchiffrer quoique ce soit. Dernier coup d'une violence plus que gratuite et les deux énergumènes s'en allèrent aussi promptement qu'ils étaient arrivés.

Grognement. Roulement sur le dos. Jambes repliées à quatre-vingt-dix degrés. Retour à la case départ, mais cette fois-ci le jeune homme savait qu'il n'était pas seul dans sa situation. Sans même ouvrir les yeux, il répondit finalement à l'avertissement de son compagnon de cellule.

-« Merci du conseil, l'ami. »

Cheveux mi-long bruns en bataille, barbe plutôt saillante et à peine entretenue, torse musclé mais parsemé de cicatrice et de blessures, pantalons déchirés, désarmé, l'ancien sultan d'Emberlene avait certainement connu des jours meilleurs. Comme il avait pu être bête. Lui, au sommet de sa gloire il y avait à peine onze ans de cela et maintenant il croupissait dans un cachot sur Tatooine. Décidant finalement d'être bon joueur de son malheur, il tourna délicatement la tête dans la direction du vieil homme, lui arrachant un rictus de douleur. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'avait pas le profil type d'un prisonnier. Regardant un peu plus loin sur la gauche, Ilyas découvrit enfin la source de cette envoûtante effluve: ruisseau de pisse contre le mur. Il crut même y déceler vaguement la lettre K.

Reportant son regard bleuté sur le vieil homme, Ilyas demanda de sa voix enrouée:

-« Et moi qui croyait que la sagesse venait inévitablement après un certain âge... cela ne semble pas être votre cas, je me trompe? »

[Ekiam Rul'mos]

Kalse regarda impassiblement le pauvre homme se faire rouer de coups par les deux Rodiens, qui n'avaient rien trouvé de mieux à faire pour passer leur temps. Le vieux contrebandier s'occupait, lui, à se décrasser les narines à coup de doigts avant que les deux aliens ne pointent leurs matraques dans sa direction, le menaçant et l'insultant de tout les noms dans leur propre langue :

"Tu mouftes pas un seul mot le viok, ou j'te jure qu'on te bute !" avait finit par lancer l'un des deux voyous en Rodese avant qu'ils ne s'eclipsent, laissant à nouveau seuls dans la cellule Kalse et l'homme blessé. O'moria avait pris grand soin à feindre l'incompréhension face à ce flot d'insultes, bien qu'il le comprenait parfaitement. C'était souvent en jouant aux imbéciles que l'on pouvait reprendre le dessus sur des adversaires trop confiants.
En effet, beaucoup d'aliens gardent une certaine rancoeur envers les humains, persuadés que ces derniers, trop anthropocentriste, ne prendrait jamais la peine de connaître une langue autre que le basic. Et surtout, à quoi bon faire l'effort d'apprendre une langue quand les droides de protocole étaient là pour tout traduire ? Mais c'était bien mal connaître le Corellien, qui ne faisait jamais rien comme tout le monde.

Une fois les deux Rodiens partis, Kalse jeta son regard sur l'autre prisonnier. Doté d'une forte musculature, parsemés de cicatrices et à l'aspect particulièrement bourru, Kalse aurait pu se poser la question de comment un homme comme lui avait put se faire prendre par de tels minables, mais la forte odeur d'alcool qui émanait de son compagnon de cellule lui indiquait clairement qu'il n'avait que trop insisté sur la binouze. De plus, si lui, Kalse le Contrebandier, s'était fait prendre, alors n'importe qui le pourrait... c'était juste de la malchance.

-« Et moi qui croyait que la sagesse venait inévitablement après un certain âge... cela ne semble pas être votre cas, je me trompe? » avait grommelé l'homme au regard bleu.

Kalse répondit par un rire sonore, plus proche de l'aboiement qu'autre chose :

"Bah tu sais l'ami, ce qu'est la sagesse c'est somme toute assez subjectif. Vaut mieux vivre comme un gosse toute sa vie pour mieux en profiter et être heureux ou comme un mec trop sérieux comblé de soucis ? C'est juste une philosophie de vie."

Prenant son courage à deux mains, Kalse fit l'effort de se lever, surplombant l'homme couché de son mètre quatre vingt. S'approchant des barreaux de la cellule, il pouvait entendre les deux Rodiens se disputer à propos d'une histoire de des truqués et de crédits à rembourser. Se tournant vers Ilyas, il dit de sa voix nonchalante :

"J'm'appelle Kalse O'moria au passage. Bon, on se trouve un moyen de se barrer d'ici ? Car à mon avis ce qu'ils vont faire de nous va pas nous faire plaisir et, je sais pas toi, mais j'ai pas envie de finir comme l'esclave sexuel d'un Hutt suintant."

[Arthas Menias]

PNJ : James "Jim" Larx

[font=Lucida Fax]« Hey, les gens ! j'vais men j'ter une chez Duke, j'reviens dans une heure ! »[/font]
[font=Lucida Fax]« Bien Jim, on t'attend. »[/font]

Jim leur adressa un signe de la main et sortit, prenant la direction de son speeder. Il jeta son cigare déjà bien entamé et mit en route sa machine. Son frère était encore à la maison. Ils s'aimaient beaucoup, Jim était encore plus heureux qu'il ne l'était d'ordinaire avec lui. Avec les autres de la famille, c'était juste un pur bonheur. Ouais, son frère. Son Jedi de frère, Connor. Celui qu'on avait enlevé à la famille pour l'entraîner à devenir un Sith, ce qu'il avait refusé d'être de toute son âme. Il avait de quoi être fier, il s'était montré plus fort que n'importe qui en refusant un destin qu'on voulait lui imposer. Le destin est peut-être tissé, mais il t'appartient de choisir les couleurs et la taille du fil disait-il. Vrai.

Jim se gara devant chez Duke, son bar favori, constatant trop tard que c'était fermé.

[font=Lucida Fax]« Putain de bordel de chierie de merde de mes couilles de... »[/font]

Enfin, vous avez saisi l'idée. Aussi continua-t-il dans les rues, jusqu'à tomber sur un bar à l'air pas trop craignos, presque vide. Tranquille. Une serveuse se baladait entre les tables dans un déhanché expert pour servir les boissons. Jim s'installa au bar et susurra au passage de la femelle...

[font=Lucida Fax]« Hey, tu me mets une t'chiotte goutte de whisky ? »[/font]
[font=Lucida Fax]« La bibine, c'est moi gère, barde de trois'j. »[/font]

Un type à l'allure aussi amicale que possible nettoyait des verres avec un torchon à l'air propre. Etonnant. Chez Duke, on nettoyait avec un slip de la veille, et personne n'y trouvait rien à redire, sauf quand le tenancier venait d'avoir la chiasse.

[font=Lucida Fax]« J'veux bien, mais t'as pas l'profil de la bombe baisable. »[/font]
[font=Lucida Fax]« Je-vous-sers-quoi ? »[/font]
[font=Lucida Fax]« Whisky sec s'te plaît. »[/font]

Servi. Jim en but 6 d'affilée sans prendre de malus temporaire. Son foie était bien costaud après toutes ces années.

[font=Lucida Fax]« Encore un ! »[/font]
[font=Lucida Fax]« T'en as d'jà bu 6 mon pote, t'as l'intention de payer ? »[/font]

Jim émit un rot aspiré, prenant l'air de celui qui rigolait d'une mauvaise blague.

[font=Lucida Fax]« Payer... Payer... L'ardoise c'est à combien ici ? »[/font]
[font=Lucida Fax]« Pas d'ardoise, coco, pas de crédits, que du cash... Où est ta monnaie ? »[/font]
[font=Lucida Fax]« Hey... moi j'paye en fin d'semaine, vu ? »[/font]

Sourire du tenancier.

[font=Lucida Fax]« Okay, un dernier verre. »[/font]

Un dernier verre en effet. Après ce fut le trou noir. Puis une cellule. Froide, humide, par terre, nulle part. Avec lui, deux autres hommes qu'il n'avait jamais vu. Jim agrippa sa tête à deux mains, la serrant pour faire disparaître un mal de crâne terrible.

[font=Lucida Fax]« Ohhhhhhhh... ma tête... »[/font]

Puis, un regard vers les colocataires de fortune.

[font=Lucida Fax]« Salut... Z'êtes qui, et on est où ? »[/font]

---

[font=Lucida Fax]« Ce - n'est - pas - normal ! »[/font]

Connor tournait en rond. Ils étaient tous allés dormir en pensant que Jim avait retardé sa biture, mais déjà on était le matin. Et pas de Jim. Et Connor se faisait du soucis.

[font=Lucida Fax]« Calme-toi Connor, il est peut-être juste endormi sur le trottoir comme il le fait des fois... »[/font]
[font=Lucida Fax]« Oh, arrête avec ça, il l'a fait une fois, et encore, on l'avait viré du bar dans son sommeil, nuance... Non, mon instinct me dit que quelque chose ne va pas. »[/font]

Lisa ne dit plus rien. L'instinct d'un Jedi prévalait sur tout, hélas. Le reste de la famille était là : ses deux soeurs, Lisa, la troisième après Jim, son jeune frère Max et la cadette, Jenna. Les deux derniers ne disaient mot. Ils ne savaient quoi penser.

[font=Lucida Fax]« Max, je prends ton swoop... Rassure-toi, je le ramène en un seul morceau. Inutile de m'attendre, je reviendrais. Je vais chercher Jim, qu'il aille bien ou non. »[/font]

Il se dirigea vers la porte.

[font=Lucida Fax]« Et si par malheur on lui a fait du mal... »[/font]

La porte se déchaussa de ses gonds, seule. Connor partit vers Mos Eisley. Oui, si on lui avait fait du mal...

Alors Connor userait de toute sa part de Côté Obscur pour montrer qu'on ne s'en prenait pas à sa famille.

[Ilyas Dhanab Al-Asad]

Ils étaient trois donc. Les trois mousquetaires en déroute.

[font=georgia]-« J'm'appelle Kalse O'moria au passage. Bon, on se trouve un moyen de se barrer d'ici ? Car à mon avis ce qu'ils vont faire de nous va pas nous faire plaisir et, je sais pas toi, mais j'ai pas envie de finir comme l'esclave sexuel d'un Hutt suintant. »[/font]

Ilyas dévisagea son premier compagnon de cellule. Il pétait le feu, le vieux, alors que lui, il venait de se faire rouer de coups par les deux Rodiens mal engueulés. Soupirant, l'Emberlenois s'efforça de s'asseoir sur ses deux fesses, s'arrachant un cri de douleur. Il en avait vécu des batailles, mais c'était l'une des seules fois où il se retrouvait dans une si piètre position.

Décida alors de se réveiller un deuxième compatriote d'infortune. Un humain, aussi, qui semblait avoir autant, sinon plus, bu que l'ancien sultan. La gueule de bois était un fléau sur Tatooine.

[font=georgia]-« Salut... Z'êtes qui, et on est où ? »[/font]

Le vieil homme répéta son nom à connotation corellienne et Ilyas se présenta sommairement à son tour.

-« Ilyas Al-Asad. On est tous les trois prisonniers d'une merde qui emploi des Rodiens. Faut se sortir de là les gars. »

L'Emberlenois se regarda la poitrine dénudée et ajouta:

-« ... et récupérer nos trucs, si possible. »

Tout aussi péniblement qu'il s'était assis, Ilyas se mit debout et alla rejoindre le vieil homme contre les barreaux de la cellule. Ils échangèrent une poignée de main et le jeune homme jeta un coup d'oeil en direction de leurs deux ennemis de tout à l'heure. Le charabia prononcé dans une langue inconnue d'Ilyas ne lui dit rien du tout, il décida donc de reporter son attention sur ses deux collègues de fortune.

-« Vous savez vous battre? L'on pourrait simuler un malaise de Kalse pour les attirer dans la cellule. Ils sont deux, nous sommes trois, je vous laisse faire les mathématiques. »

Expert en combat à mains nues, Ilyas n'avait pas peur de s'en prendre aux deux Rodiens maintenant qu'il n'était plus sous l'influence de l'alcool. On avait profité de sa soulerie qu'une seule fois: il comptait bien prendre sa revanche.

[Ekiam Rul'mos]

Un grognement au fond de la cellule indiqua que le dernier prisonnier, auquel il n'avait pas trop prêté attention jusque là, venait de se réveiller. A son apparence de pilier de comptoir, le deuxième colocataire de Kalse avait l'air d'apprécier particulièrement la bibine. Kalse n'avait aucune idée de ce qu'il se passait et ce dont les Rodiens (ou probablement leur employeur) avaient l'attention de faire d'eux, mais une chose était sûr : ils avaient un penchant pour la capture d'ivrognes. Cette pensée fit sourire le Corellien :

"Hé ben... on est pas dans la merde !" murmura t-il, plus pour lui même qu'à l'adresse de ses deux compagnons d'infortune.

Après que tous ce soit brièvement présenté, Kalse écouta la proposition d'Ilyas quant à leur évasion de ce trou pourri. C'était une pas trop mauvaise idée, bien que le fait que ce soit Kalse qui fasse "l'appât" lui arracha un petit rictus :

"Ha ha, forcément c'est le soit-disant vieux qui doit faire l'mourant ! A l'aise les jeunes, soyez prêt ! J'suis un foutu bon comédien, j'aurais pu r'cevoir un prix au Festival d'Alderaan si j'avais été acteur ... et si la planète existait 'cor..."

S'accrochant soudainement aux barreaux, Kalse commença à tousser de toutes ses forces, crachant et émettant des faux bruits de régurgitations et de suffocations. Titubant de quelques pas en arrières tandis que les deux Rodiens arrivaient en courant, il se laissa tomber comme une masse au sol, mimant des convulsions à la perfection. Ouvrant la cellule en tout précipitation, l'un des deux Rodiens s'agenouilla au côté du vieux contrebandier tandis que l'autre, matraque levée, faisait en sorte de tenir à distance les deux autres prisonniers.

La suffocation se transforma en un petit rire tandis que les yeux, qui était cinq secondes plus tôt révulsés regardèrent le Rodien d'un air amusé.

"Surprise bâtard !" lâcha Kalse en Rodese. Renversant l'alien sur le dos, le Corellien prit, sous l'effet de surprise, rapidement l'avantage. Enroulant ses bras autour du cou de son adversaire, il ne fallut pas longtemps avant que la prise de soumission fasse perdre conscience au Rodien qui manquait d'oxygène. Comme quoi, même des années après, l'entraînement de la CorSec faisait toujours ses preuves.

[Arthas Menias]

Ainsi donc il n'était pas seul. Génial. Enfermé on ne sait où, en compagnie de deux inconnus qui semblent aussi avoir des problèmes de biture. Croustillant. Jim tenta de se redresser, adossé au mur avec une jambe dépliée de tout son long, un genou remonté près de son menton.

[font=Lucida Fax]« S'sortir de là... J'veux bien, mais on fait comment au juste ? Moi je peux pas tord' les barreaux d'une piaule forcée. »[/font]

Il se gratta le menton d'un air songeur avant de poursuivre :

[font=Lucida Fax]« J'ai mon frangin qui doit me chercher à c't'heure, si on attend gentiment, il tordra la peau du cou de ces machins tout moches. »[/font]

Apparemment, on ne l'avait pas écouté, les deux autres semblèrent s'accorder sur un plan d'évasion aussi génial que grotesque.

[font=Lucida Fax]« Hey, hey, attend attend, Ilaïs, Ilyai, enfin, machin... y sont deux ici, mais dans l'aut' pièce y sont combien ? Tomber sur un escadron de quarante voleurs, ça m'dit rien, perso. Vous pouvez pas juste vous asseoir et réfléchir ? »[/font]

Visiblement, c'était la spontanéité qui était de mise à ce moment, le vieux décidant de mettre en branle le plan d'Ilos... enfin, de truc. Le type était aussi crédible qu'un acteur d'holo-feuilletons de série Z, mais bon, un rodien ça connaît rien. Les deux verdâtres pénètrent dans l'âtre pénitentiaire compressé qu'on appelait communément une cellule, permettant à Jim de porter un coup de poing magistral au premier qui se présentait, suivit de biens d'autres. Il n'avait reçu aucune formation, mais l'école de la rue, et surtout l'école des bars, c'était un centre universitaire pour l'apprentissage de la bagarre. Le groupe de gardien fut vite mit K.O., Jim se saisissant de la matraque laissée à terre, étant le moins apte à un combat à mains nues.

Le petit contact avec la Force qu'avait Jim lui envoya une décharge dans la nuque un bref instant, ce qui le mit en alerte. Il avait reçu les miettes de la Force que son aîné lui avait laissé, pas suffisamment pour faire des pirouettes et balancer des vagues de machin-chose, mais assez pour deviner les cartes de son voisin d'en face au sabbacc... Ou pour sentir le danger imminent.

[font=Lucida Fax]« Les gars, faut pas prendre c'te porte... Faites-moi confiance, sinon ça va être la misère... »[/font]

---

[font=Lucida Fax]« Fermé toute la soirée, tu es sûr ? »[/font]
[font=Lucida Fax]« Ouep, Duke c'est fermé pour la semaine, impossible que ton frangin y soit passé, Connor. »[/font]
[font=Lucida Fax]« Tu as une idée de l'endroit qu'il a emprunté ? »[/font]
[font=Lucida Fax]« Tu connais ton frère, ct'e feignasse, il a sûrement fait le tour pour aller au bar, juste là... »[/font]

Connor tenta un coup d'oeil à gauche de l'établissement, plus profond dans la ruelle qui longeait le bar favori de son frère. En effet, il y avait une enseigne.

[font=Lucida Fax]« Okay, merci Bob, je te r'vaudrais ça. »[/font]
[font=Lucida Fax]« Pas de quoi mon gars. »[/font]

Connor s'en fut vers le bar. Peu fréquenté, avec une serveuse aguicheuse, et un barman assez louche. Connor se laissa aller dans la Force, demandant au Côté Obscur de lui offrir le pouvoir de faire ce qu'il désirait, et au Côté Lumineux de l'y aider pour retrouver son frère. Ainsi, en combinant les deux, il put sonder les pensées de certains clients. Lire dans les pensées était trop ardu pour qu'il s'y essaye, même un grand maître aurait eu du mal, mais les émotions transparaissait facilement en dehors des individus, et Connor pouvait percevoir les variations dans les émotions, lui donnant des indications sur les pensées générales. Un des clients dispensait un message d'urgence sans importance pour Connor comme pour lui-même. Une autre un sentiment de... chaleur ? Ah, oui, Connor pouvait presque sentir les phéromones émanant de la femelle et de son mâle qui la tripotait... Et le barman... Des pensées sombres en tout cas. Une bonne piste.

[font=Lucida Fax]« Salut, barman. »[/font]
[font=Lucida Fax]« Bonjour, j'vous sers ? »[/font]

Connor ft passer deux doigts devant lui dans un geste fluide.

[font=Lucida Fax]« Vous allez me dire où est passé l'ivrogne d'hier soir. »[/font]

[Ilyas Dhanab Al-Asad]

Pif! Paf! Pouf! Les deux Rodiens étaient hors d'état de nuire et nos trois compagnons pouvaient fuir leur cellule comme la peste. Cependant, l'homme qui s'était réveillé le dernier et qui ne s'était toujours pas présenté s'arrêta brusquement devant la porte, regardant ses deux coéquipiers d'un air absent.

[font=georgia]-« Les gars, faut pas prendre c'te porte... Faites-moi confiance, sinon ça va être la misère... »[/font]

Ilyas, qui avait la main sur la poignée, arrêta son geste et regarda le jeune homme qui semblait ne pas se sentir très bien. Après nombreuses péripéties, si Ilyas avait bien appris quelque chose, c'était de reconnaitre les mauvais pressentiments d’autrui. Et quoi de plus important pour la culture emberlenoise que les superstitions! Ainsi, le jeune homme à la barbe retira doucement sa main de la poignée et questionna son compagnon:

-« Et quelle est ton idée? Rester ici et attendre ton frère qui ne sait probablement pas où nous sommes? »

Réfléchissant aussi à une alternative, Ilyas exécuta ce geste qui était devenu une habitude pour lui en moment d'hésitation, tâter la bague que Dana lui avait offerte le jour de leur... la bague? Où était-elle! Soudainement affolé, Ilyas regarda sa main pour constater, qu'effectivement, la bague d'acier offerte par l'ancienne sénatrice de Merisee avait disparu de son doigt.

-« Je me fout de savoir s'il sont dix, douze ou vingt de l'autre côté de cette porte, je dois retrouver ma bague! Et mes armes et mes vêtements, mais surtout ma bague! Ces salauds vont le payer de leur vie s'il le faut! »