L'Astre Tyran

[Iala Iédastré]

La neige continue à tomber en gros flocons serrés et les luxiens ont du mal à distinguer nettement à plus de dix mètres.

Après la chute bruyante de Katy, Iala examine le collet :

- Incroyable ! Comment un être normal peut espérer piéger quelque chose avec ce système primitif qui devrait être enfoui sous la neige en moins de deux heures ? Outre cela, je doute que notre « accidenté » ait eu le temps matériel de poser des collets car il n’a pas beaucoup d’avance sur nous. Nous avons à faire à deux individus au minimum.

Le trio arrive devant une porte gigantesque dont le sommet se fond dans le flou grisâtre du rideau de neige. Katy glisse sur le manteau glacé en concentrant ses censeurs sur ses « pieds ». Elle couine d’inquiétude en découvrant l’huis éventré.


- Pas humain… première hypothèse : construction de race immensoïde. Seconde hypothèse : hangar à vaisseau.

- Ta seconde hypothèse est rejetée Katy : je ne connais aucune race construisant des vaisseaux de cette hauteur mais étroits.

Katy cliquette, suffisante :

- tu ne connais pas toutes les races Iala !

- Admettons… une autre hypothèse ?

Katy émet un gloussement métallique :

- Oui, troisième hypothèse : constructeur hyper-ultra-mégalotissime !

Iala se retourne vers Nico

- Je doute qu’il s’agisse des vestiges jedis dont tu m’as parlé. Ca ne ressemble en rien à leur conception habituelle. Avançons prudemment

- Hiiiiii, Nico, j’ai peur ! Chouine la droïde qui enchaîne :

- On va rencontrer un monstre monstrueux ! Ma dernière pensée sera pour toi Ô mon bel amour.

Les visiteurs pénètrent dans une immense salle qui évoque les contes relatant un monde imaginaire empli de châteaux, de princes et de dragons. Leurs auteurs, morts depuis des millénaires - mais dont certains restent célèbres « Pernaud », « Tilkion » par exemple, se seraient-ils inspirés d’un monde réel ? Un illuminé aurait-il voulu reproduire ces fantasmagories ?

Toutes ces pensées traversent l’esprit de Iala qui n’y attache qu’une importance secondaire. Sa main tient la poignée du sabre laser et, Nico à ses côtés, elle avance silencieusement.

- Mêêê ! Je ne trouve rien dans mes bases de données qui ressemble à ça ! S’exclame Katy dont la voix synthétique résonne dans le vaste corridor.

[Arden Lyn]

Le corps criblé de son vis-à-vis dénotait censément une vie qui semblait déjà bien remplie tant les stigmates se révélaient nombreux. Il fallait bien un être torturé pour se retrouver isolé sur cette planète, à moins d'avoir un motif important pour devoir l'explorer.

De surcroit, l'homme n'était pas si faible d'esprit, sa réplique le démontra, en plus de tourner en ridicule la tentative d'Arden. Il avait connaissance de ce genre de pouvoir, ce qui n'était pas rare à cette époque, mais le rendait encore plus redoutable aux yeux de la dame. Les cartes n'étaient pas encore abattues, et la situation n'avançait pas pour elle. Le genre de menace que venait de proférer le zigue n'avaient pas grand effet sur elle, une démarche de déstabilisation qui n'avait plus beaucoup de sens depuis son réveil de stase.

En se rhabillant, le bougre en profita pour s'armer de ses lames, ce qui fit tiquer l'assassin. Si elle n'agissait pas sur le moment, elle lâchait ouvertement du lest. Ce qu'elle fit avec amertume, le regard posé sur sa prothèse robotique. L'accident avait bien plus compliqué les choses qu'elle ne le crut de prime abord. Le repas qu'il lui proposa ne l'intéressait pas, réponse qu'elle signifia donc d'un simple hochement de tête. Il pouvait bien se repaitre à sa guise, tant qu'elle gardait un contact visuel sur lui.

L'individu avait remarqué son manque de précaution à camoufler son handicap, quelle sotte faisait-elle. La proposition de réparation semblait sincère et inattendu, il se présenta même à la dame, en ne lâchant toutefois que son prénom, voire un alias. Elle finit par ranger son arme dans une poche intérieure de son manteau de fortune, mais refusa à nouveau la nourriture, toujours à bonne distance de l'homme. Un bref soupir avant sa phrase, douloureuse pour elle.

Je m'appelle Lyn. J'ai besoin de mon bras, s'il te plait.

Très douloureux, un peu d'orgueil qui la faisait se sentir vivante, même si elle n'appréciait pas. Son égo passa subitement au second plan lorsqu'elle entendit une voix inconnue retentir, la main à nouveau au contact de son arme.

Si t'attends personne, on ferait bien d'aller cueillir l'arrivage.

Elle traversa alors chaque pièce, le pas feutré et le blaster en main, en jetant un regard en arrière de temps à autre, histoire de ne pas avoir de surprise de la part de John. Et après avoir parcouru quelques salles, elle tomba dans une galerie dans laquelle elle perçut plusieurs silhouettes. Elle resta en retrait dans un premier temps, sans pour autant se cacher, attendant une intervention de son partenaire du moment ou des arrivants.

[John Emsar]

ELle avait besoin de son bras ? Hmm, d'aaaaaccord... c'était un oui ou un non ? Qui c'était celle-là qui venait ici pour l'emmerder ? Emsar retint une envie sourde de la claquer et voir la réplique. La solitude ne le faisait jamais halluciner, mais il avait vécu un moment dans des coins chauds, et Rhen Var ne lui avait plus fait de l'effet depuis des années. Il était peut-être en train de tourner complètement zinzin. Et il imaginait une cyborg, comme une manifestation inconsciente de son propre état cybernétique.

Puis, le lapin des glaces jeté sur les épaules, il entendit des voix qui arrivaient depuis l'entrée.

« Nan mais c'est pas possib', c'est un genre de blague. Qui vient encore là ? »

Il jeta le lapin dans les bras de Lyn et passa devant, deux couteaux tirés, un kukri et une vibro-machette. L'eefet psychologique avait toujours son effet avec ces deux joujous. Les peaux se baladant au gré du vent sur ses épaules, il prit le chemin vers l'entrée, et à voir la distance qui les séparait de sa chambre, il se demanda comment ils pouvaient bien les entendre. L'écho. L'intérieur devant la porte avait vu en une poignée de jours apparaître un grand à-plat de galce sur les murs, et le son se propageait divinement mieux depuis lors.

Sans vraiment se soucier de savoir l'autre sur les talons, Emsar s'apprêtait à dire qu'il était temps d'y aller, hop-hop-hop, cette planète fait 500 putains de millions de kilomètres carré, y a pas besoin de tous squatter à la même enseigne quoi.

« OH, devant là ! »

Les pouces enfoncés dans le futal, couteaux aux pognes, Emsar toisait un mecton, sa cocotte et un droïde tellement girly qu'on l'aurait cru designé par une enfant de 4 ans. Le fleuron d'Industrial Automaton, un motherfucking droïde tout rose qui pépillait de stupidité.

« Je viens là, je suis peinard, ça fait genre 1000 ans qu'il y a pas eu un pélos pour squatter chez moi, je viens ici, y a genre 4 millions de bâtiments similaires partout ailleurs, alors d'une, vous allez m'expliquer comment vos radars marchent en tempête de neige perpétuelle, et pourquoi y a trois personnes qui choisissent JUSTE ma crèche perso pour venir jeter un oeil...

Parce que je suis pas d'accord là, si on vient là c'est pour croiser personne, pas pour organiser une partouze ! »

[Nico Aries]

Il fallut quelques secondes pour que les yeux de Nico s’adaptent à l’obscurité relative du lieu. La hauteur de plafond était appréciable dans la conception d’un lieu de vie mais la luminosité était moins au point visiblement. Le luxien retira son casque qu’il avait mis pour se soustraire aux conditions climatiques particulières de l’extérieur. La température était plus agréable à l’intérieur mais on était loin d’une chaleur « normale » dans un bâtiment en usage. La décoration n’était pas terrible non plus mais ce n’était pas les magasins d’ameublement qui couraient les rues dans le coin fallait dire. Le temps avait fait son œuvre pour ce qui était de plus ancien et le reste s’accommodait de matières premières locales peu raffinées.

C’est dans cette demeure, peu attrayante au premier coup d’œil que Nico, Iala et Katie s’étaient engouffrés sans prendre le temps de frapper à l’entrée. En même temps, quelle aurait été la taille du heurtoir pour une porte aussi démesurée ? Le droïde astro-mécano avait pris la tête du groupe juste pour éclairer au-devant avec son projecteur. Toujours dans le doute, le couple gardait sous la main leurs armes afin de répliquer à une éventuelle menace. Il n’y avait pas d’explication sur les raisons du crash qui pouvait être la résultante d’un combat et rien n’indiquait que les personnes présentes dans le coin ne constituaient pas un danger potentiel. Nico doutait du potentiel touristique de leur environnement, pour rester ici il fallait avoir une certaine force de caractère… ou de folie selon.

Ils n’eurent pas à aller bien loin sans que ce fameux occupant vienne à leur rencontre. Un gars plutôt costaud et vêtu en peaux de bêtes les interpella alors qu’ils avançaient prudemment. Des lames brillaient au bout de ses poings serrés, il n’était visiblement pas très content de leur intrusion et c’était normal en passant. Nico essaya d’adapter la réponse au niveau de la remarque, au moins il n’aurait pas à forcer le verbe avec son interlocuteur du moment, ce qui l’en rendait d’autant plus naturel et détendu.

- Relax Max, j’ai pas vraiment envie de squatter ton frigo pour le plaisir si tu veux tout savoir. Ma présence chez toi est le résultat d’une série d’événements inattendus que je vais t’expliquer si tu veux bien éviter de pointer ça vers moi.

A vrai dire les armes de l’inconnu n’étaient pas vraiment perçues comme une menace par Nico si ce n’est pour l’esthétique de son armure qui n’était pas spécialement à une rayure près à bien y réfléchir. La dernière fois qu’il était entré sans permission chez quelqu’un, le bâtiment s’était quasi effondré et le propriétaire avait fini dans un bain d’acide. Les circonstances étaient tout de même plus amicales ici. Du moins il l’espérait.

- On était sur le secteur pour affaires et on voulait passer la nuit sur place. Il n’y a pas trop d’hôtels et les gazeuses c’est pas le top pour camper alors on s’est posés là pour prendre un peu l’air malgré le temps.

Un vaisseau s’est crashé pas loin, on a voulu aller aider mais les personnes présentes étaient déjà mortes. Il y avait des traces de survivants sortis des décombres alors on a organisé une recherche avec notre navette en volant en cercles concentriques à basse altitude pour repérer des anomalies thermiques et/ou les bâtiments les plus proches pouvant constituer un abri. C’est tombé chez toi.

Maintenant si tu dis qu’il n’y a pas besoin de notre aide, y a pas de soucis gamin, on peut décamper.

Nico attendait sagement une réponse du chasseur quand son oreillette émit une brève communication pour le moins dérangeante qui l’avertissait d’un potentiel danger en approche. L’information valait le coup d’être partagée puisqu’il y avait peu de chances qu’elle le concerne directement.

- Mes gars viennent de me signaler qu’un vaisseau de chasseurs de primes traînait dans le coin. Ta tête ne vaudrait pas quelques crédits ? Personnellement je ne pense pas avoir été suivi et il y a peu de chances qu’on me cherche officiellement du moins. A moins que ce ne soit les pauvres de cette nuit qui faisaient de la contrebande…

Rien n’indiquait qui était poursuivi dans l’affaire et le problème pourrait sûrement être évité s’ils ne traînaient pas dans le coin trop longtemps. Ce n’était pas comme si c’était si facile que ça pour quelques chasseurs de prime de les repérer au hasard sur cette terre hostile. D’un autre côté il faudrait peut-être s’en occuper pour savoir le fond des choses et remonter à l’origine du problème pour celui qui était visé. Ils avaient pas mal de temps pour discuter de la manière dont ils allaient gérer la suite.

[Iala Iédastré]

Voilà le grand maître luxien, son sombre guerrier, en mode homo erectus ! Iala sourit intérieurement de sa capacité d’adaptation à ses interlocuteurs.

Il lui semble que l’homme qui leur fait face n’est pas plus évolué intellectuellement que sa dégaine ne le suggère. Mais elle reste attentive…

Inutile de lui expliquer que le cycle hydrologique est universel et que sur Rhen Var, comme ailleurs dans l’univers, il exige des périodes d’évaporation pour reformer les masses nuageuses qui elles même ne sont pas inépuisables. Et, si tel était le cas, les constructions seraient éphémères, rapidement recouvertes de neige qui sous le poids des couches successives se transformeraient en glace écrasant en quelques dizaines d’années tout bâtiment, aussi gigantesque soit-il. Mais foin de la science et de la logique…

Iala abandonne son attitude, naturellement altière, pose une main sur sa hanche et adopte un ton légèrement gouailleur :

- Tu sais, on n’a pas que des capteurs thermiques sur nos vaisseaux ! On utilise des radars électromagnétiques à longueur d’ondes qui ne sont pas affectées par les nuages, aussi denses soient-ils.

Iala prend un air légèrement moqueur avant d’ajouter :

- Je ne suis pas scientifique, mais il existe bien d’autres types d’ondes et de techniques de détection que des radars modernes utilisent… bon, je suis pas là pour te faire un cours, s’pas, mais comme tu as posé la question...

A ce moment Nico reçoit la communication de leur vaisseau

- Bref méfie toi, t’es pas si « invisible » que tu sembles le croire… surtout quand un naufragé trouve refuge chez toi en laissant son vaisseau derrière lui ! Au fait, il va comment ce naufragé ?

Iala désigne d’un mouvement de menton la silhouette qui se profile derrière l’homme. Et vous êtes nombreux ici ?

La luxienne partage naturellement ses pensées avec son compagnon mais elle ressent aussi ses humeurs… et là, il se moque gentiment de la prestation populacière de Iala.

- « MIMETISME » mon amour, il n’y a aucune raison que je ne m’amuse pas également.

Katy danse lourdement d’un pied sur l’autre :

- Y a-t-il du danger pour mon bel amour ? J’ai le trouillomètre à zéro mais je suis prête à donner ma vie pour toi.

- Katy, cesse de chouiner et de grandiloquer, tu nous connais, non ? Et puis des chasseurs de primes n’en ont probablement pas après nous et au pire… tant pis pour eux.

A ce moment une nouvelle information leur parvient :

- Présence de créatures vivantes non identifiées à proximité de la zone d'impact du vaisseau accidenté. Une dizaine d'individus de taille inhabituelle. On n'a pas décelé de déplacement préalable... étrange !

Iala s'adresse à l'homme :

- T'es sûr que t'as pas envoyé des invites... t'as raison, ça ressemble de plus en plus à une partouze qui se prépare. Faut sortir l'apéro, non ?

[Arden Lyn]

Son acolyte de circonstance tenta un peu plus tôt de refiler sa misérable viande pendant qu'il s'armait de ses lames. Il n'avait manifestement pas bien saisi le présent handicap de la dame qui ne possédait alors qu'un seul bras valide. La barbaque finit donc à terre sans autre attention de la part d'Arden, déjà partie dans la pièce voisine.

Ce John semblait excédé en voyant arriver de nouveaux visiteurs. Peut-être était-il seul tout compte fait, ses propos le laissait transparaître en tout cas. L'homme qui lui faisait face tenta d'apaiser les tensions en expliquant calmement la raison de leur venue. La coïncidence de cette multiple rencontre aurait pu être perturbante en effet, mais les derniers arrivants avaient en fait été aiguillés par l'entrée en scène quelque peu brutale de Lyn. Les deux individus et leur droïde n'étaient pas seuls, car on les informa de la présence de chasseurs de primes dans le secteur.

La femme du trio prit part à son tour à la conversation, accompagnée dans son explication teintée d'un air narquois par le droïde qui contribua à l'ambiance ridiculement comique de la situation. Les circonstances pour Arden ne s'amélioraient pourtant pas ; est-ce que ces visiteurs étaient bien ce qu'ils annonçaient, et ne se révélaient pas être les mêmes chasseurs de primes qu'ils venaient eux-mêmes de signaler ? Plus important encore, qui pouvait bien être la cible de ces chasseurs de primes ? La dame reconnaissait volontiers avoir un passif assez chargé pour être la fameuse prétendante à cette traque, mais si ses détracteurs l'avaient ardemment recherchée, elle serait déjà captive depuis des années. Elle avait été négligente dans ses déplacements bien avant cette dernière excursion, constat qui ne permit guère de faire taire ses craintes.

Son choix fut finalement de faire confiance aux nouveaux venus, elle trouverait insensé de la part de chasseurs de primes d'annoncer leur présence à leur proie. La galaxie avait tourné sans elle pendant des milliers d'années, elle espérait donc ne pas se fourvoyer dans son jugement. Toujours fut-il que si les hommes dépêchés sur place étaient venus pour elle, il lui faudrait alors pouvoir se défendre en usant de l'arme qu'elle maitrisait le mieux : le Teräs Käsi. La réparation de son bras était donc vital.

D'un pas lent et mesuré, elle se plaça à hauteur de John pour se présenter aux arrivants.

Je suis l'accidentée que vous recherchez. Je ne saurais vous dire si ma tête a été mise à prix, je ne peux pas l'exclure en tout cas.

Elle se défit temporairement de son manteau à l'aide de sa seule main valide pour exposer l'avarie de son bras robotique à la vue de tous.

Je ne pourrais combattre dans ces conditions... Avez-vous une solution de repli qui nous permettrait de gagner du temps ?

Du temps précieux pour elle, du temps qu'elle espérait suffisant pour regagner toutes ses facultés. La vulnérabilité qu'elle venait d'afficher pourrait la perdre, mais il ne faisait aucun doute pour elle que tourner le dos à sa seule aide potentielle sur ce glaçon désertique engendrerait pires conséquences.

[John Emsar]

D'emblée, le mauvais genre du bonhomme ne plut pas du tout à Emsar. Même s'il était taillé comme une armoire à glace, il y avait matière à ce qu'il se prenne une tatanne dont il se souviendrait, si tant est qu'il lui resta du temps pour se souvenir de quelque chose après qu'Emsar lui eut réglé son compte. Question formatage de margoulette, le gamin en avait dans les pognes et dans le passif. Aussi l'arrêta-t-il après sa première phrase.

« Squatter mon frigo, squatter mon frigo... ta présence elle s'explique peut-être de tas de façon différente, mais laisse-moi juste te montrer en quoi t'es une grosse baltringue. »

Puis, pointant le couteau sur son torse, Emsar fit deux pas en avant.

« La femme là, c'est ton amante... noble naissance, toi tu es du genre rôturier. Mais pas n'importe lequel... ton armure que tu cache dans ce vent possède suffisamment d'éraflures pour montrer que tu sais te battre. La première chose que tu as regardé chez moi c'est mon surin... t'as l'habitude de ça, nan ? Tu vois moi aussi, j'ai des balafres, mais pas de vie perdue à mon actif. »

Se rendant compte de son discours incohérent, il chassa ses pensées et se concentra sur le point principal.

« Et mon con, à l'avenir, évite de balancer qu'il y a des chasseurs de prime ici. Y a que ça ici quand t'en est pas un. T'en est pas un ? Qui me dit que c'est pas toi qu'on recherche ? Tu veux me faire passer pour toi en prime après m'avoir dézingué ? Bah accroche-toi bien à ton froc, parce qu'il y a pas franchement d'issue pour toi. »

Emsar raccrocha un surin à sa ceinture-holster en bandoullière, et plia les genoux. Sourd aux intonations de la femme qui accompagnait mini-colosse, John entreprit de se placer sur la droite du bonhomme, mettant ses talons près d'un ravin. Ainsi, nulle chance qu'il soit propulsé dans le vide.

Il entendit juste une phrase de la gonzesse et répondit de façon narquoise.

« Les radars c'est toujours électromagnétique ma poule. Et aucun appareil de petit tonnage ne transporte ça.

Vous êtes venus en Destroyers. »

Il avait peut-être raison finalement. On était venu le chercher. Et qui voulait le retrouver et possédait des croiseurs ? L'Empire, bien sûr.

Emsar sauta vers le colosse quand Arden se montra. Trop tard maintenant...

[Iala Iédastré]

Je ne vais pas décrire la situation exacte car je n’arrive pas à la visualiser… est-on dans la grande salle précédemment décrite ou ailleurs à proximité d'un ravin ? Bon, je vais éluder pour éviter d’écrire des co…

La luxienne considère le tableau avec détachement. Un seul geste suffirait à Nico pour terrasser l’homme, tout comme elle pourrait le faire également. Mais elle sait qu’il ne le fera pas. Nico respecte des règles strictes qu’elle-même juge parfois ridicules et souvent dangereuses. De plus, il ne souhaite probablement pas révéler sa qualité de maître manipulateur de la Force.

Outre des propos peu cohérents, Iala sent chez l’homme une sorte de confusion agressive, sans savoir si elle est la conséquence momentanée du stress ou si il s’agit d’un comportement habituel. Elle hausse légèrement les épaules et tourne son attention vers la femme, laissant son mari gérer la situation au mieux. Elle abandonne son ton « de circonstance »

- Je m’appelle Iala. Je vais essayer de vous aider .

Du regard, elle cherche un endroit qui permette se s’asseoir pour examiner le bras robotique. La jeune femme ne présente pas de blessure au niveau de l’autoplastie du membre. La guérisseuse le regrette presque, car guérir une blessure physique lui aurait été aisé. En revanche la cybernétique n’est pas son domaine.

- Katy, vient nous rejoindre, laisse les hommes se débrouiller

- Mais, je ne peux pas laisser Nico…

- C’est un ordre

La voix de Iala s’est faite autoritaire. En réalité, cette courte phrase désactive les fonctions « récréatives » ajoutées par Pent Zegmon.

Iala se tourne vers la blessée :

- Katy n’est pas qu’un « jouet », elle demeure un excellent astro-mécano amélioré par un brillant spécialiste… brillant mais terriblement facétieux. Je l’avais laissé en fonction car souvent cela désamorce des situations conflictuelles mais hélas, pas toujours…

Le R2 glisse vers les femmes et examine le bras robotique avant de répondre :

- La cybernétique n’est pas ma spécialité. Je peux réparer les fonctions mécaniques et électroniques. Je ne peux pas réparer les systèmes de contrôle liés à la communication cérébrale.

- Fais de ton mieux Katy

L’intervention méticuleuse du droïde commence sous le regard attentif de la blessée.

- En ce qui concerne une solution de repli, nous pouvons vous aider et vous déposer sur une planète d’où vous pourriez partir vers votre destination. Mais dans l’immédiat nous devons plutôt nous allier contre ces chasseurs de primes si cela s’avère nécessaire.

Je laisse Arden juger du niveau d’efficacité de la réparation

[Nico Aries]

C’était qu’il était aussi hargneux que nerveux le garçon ! L’assaillant avait la rage de l’animal sauvage débusqué dans sa tanière et la fougue de la jeunesse. Ses émotions le trahissaient tellement brutalement. Nico aurait pu ressentir son agressivité à plusieurs centaines de mètres dans une foule. Il fonçait tête baissée, sûr de sa force et de sa technique, pensant que le monde entier était un ennemi potentiel et que c’était la règle du jeu : tuer ou être tué. L’espace d’un instant, Nico revoyait un peu ce qu’il avait pu être un temps après la chute de Lehon. Cela faisait plus de vingt-cinq ans déjà…

Le Luxien leva la main droite et le jaillissement de l’inconnu fut stoppé dans sa course en quelques mètres. Ce dernier était maintenant immobilisé à peu près à deux mètres de sa cible, faisant face à la pointe du sabre laser qu’avait brandi Nico de sa main gauche. La lame de lave sortie du cœur de Mustafar n’avait que quelques minces centimètres à avancer pour pénétrer entre les deux yeux de John. Ce n’était pas un combat qui se profilait, juste un jeu de massacre si ça allait jusqu’au bout dans ces conditions. La testostérone ne faisait pas tout même si elle exacerbait son côté mandalorien. Il se contenta d’effacer son bref engouement guerrier pour désarmer calmement à la provocation.

- C’est malpoli de ne pas écouter les gens qui te répondent. Je dois reconnaître que tu en as dans le pantalon. Personne ne m’a défié en combat singulier, frontal et total depuis bien longtemps. Toutefois je dois t’avouer qu’il n’y a qu’une personne que j’ai croisé jusqu’ici qui aurait pu se le permettre en restant prudente. Même Skywalker, le héros de la République, ne m’apparaît pas comme un rival en termes de combat pur.

Nico évita de rencontrer le regard de Iala qui n’aimait pas spécialement qu’il se résume à ses qualités de duelliste ou sa capacité de destruction. La lame de son sabre se rétracta et il abaissa son bras gauche. Maintenir son emprise télépathique à ce niveau n’était pas très compliqué pour neutraliser son adversaire. Il avait l’habitude de faire valser des ennemis d’un poids équivalent voir supérieur, en garder un sous contrôle ne nécessitait pas trop de concentration ou d’énergie. Il se contenta juste de le plaquer au sol pour le moment avant de continuer.

- Dommage que tu te précipites autant, tu sembles avoir du talent et une certaine expérience. Il est nécessaire d’apprendre à juger ce que l’on ne voit pas, et de craindre ce que l’on ne sait pas. Ne gâche pas ton potentiel bêtement en fonçant sur un adversaire que tu crois connaître par quelques déductions, chère loque.

Il s’approcha juste assez près pour mettre une taloche au jeune homme avant de le libérer de son emprise tout en restant sur ses gardes.

- Et ça c’est pour que tu ne l’oublies pas.

Enfin, il leva les yeux sur Arden pour répondre à sa question mais la réponse s’adressait aussi bien à John.

- Je m’appelle Nico. L’endroit est sûr pour encore quelques temps, j’aimerais entendre votre histoire avant de décider de l’aide que je vous apporterai ou non. Cela vous semble-t-il possible de votre part et juste de la nôtre ?

Nico espérait simplement qu’il avait assez fait impression pour que son agresseur du moment comprenne qu’il n’était pas le genre de personne qu’on pouvait tout simplement suriner. L’avenir le dirait.

Je joue le perso et le 1v1 frontal comme je pense qu'il doit l'être objectivement. Ce n'est en aucun cas pour diminuer ton personnage bien entendu. Je m'excuse par avance si je me suis trop avancé ou si tu venais à le prendre mal ^^'

[Arden Lyn]

John n'en démordait pas, sa grande méfiance face au trio et ses propos teintés par moments d'un ton belliqueux rendaient compte de l'animosité qu'il portait à leur égard. Lyn avait préféré ne pas s'immiscer dans la conversation dans laquelle les jouteurs se rendaient coup pour coup, allant de ripostes verbales de plus en plus provocatrices.

L'ermite se lança sur le visiteur, sans se soucier de qui que ce soit d'autre. La main valide de la dame serra à nouveau le blaster dissimulé dans la poche de son manteau, prête à faire feu si la fougue de John allait révéler les potentielles intentions néfastes des arrivants. Au lieu de cela, la femme qui accompagnait le duelliste écarta Lyn de la scène et la prit à part pour s'occuper de son bras. Arden posa son manteau tout près d'elle sans en sortir son arme de poing et laissa Iala l'examiner. Cette dernière somma à "Katy" de les rejoindre pour évaluer les dégâts sur la prothèse robotique, un ordre qui fit changer du tout au tout le comportement du droïde. L'unité astromech répara ce qu'elle put réparer, un travail qui semblait bien suffisant pour permettre de légers mouvements que la dame effectua dans un premier temps. Elle verrait plus tard si cette rapide remise en état lui permit de recouvrer l'intégralité de ses fonctions.

Pendant ce brève interlude pour Arden, le combat entre les deux hommes prit une toute autre tournure lorsque l'assaillant fut reçu par une technique de sensitif. Cette immobilisation ne laissait guère de place au doute quant à la nature de l'opposant, un être comme elle. Se pouvait-il qu'ils l'aient repérée à cause de son aura ? Cette même aura qu'elle ne cachait jamais, faute de compétences dans le domaine, et qui pouvait la faire passer pour une créature hors de contrôle, ce qu'elle était en quelque sorte.

Iala lui proposa de se liguer contre les mercenaires avant toute chose, et Nico ajouta qu'il lui fallait savoir à qui il avait affaire avant d'entreprendre quoi que ce soit. Il était très difficile de répondre à cette question en toute franchise sans s'exposer à de cuisants retours. Sa capacité à sonder l'aura de sensitifs étant ce qu'elle était, elle préféra éviter d'attirer l'attention sur elle par une tentative probablement vaine. Cela ne l'arrangeait pas pour autant, car divulguer sa réelle nature à un vis-à-vis dont elle ne connaissait l'orientation pouvait s'avérer fort périlleux. Elle se résolut toutefois à se présenter.

Moi c'est Lyn, Arden Lyn. J'avais dans l'idée d'explorer ce monde en quête d'artefacts spéciaux. Et j'aurais probablement déjà commencé si les circonstances s'étaient révélées meilleures.

Je suis prête à coopérer et à me battre si la situation l'exige.

Elle se leva puis fit face au droïde et à Iala.

Merci.

Elle voulait signifier sa gratitude même si son bras n'était peut-être pas totalement remis. On venait de lui porter assistance, et malgré son caractère opportuniste, elle savait faire preuve de bienséance dans ces conditions.

Révéler son nom à un être sensible à la Force lui indiquerait si les connaissances historiques de ce Nico étaient si poussées. Sa seule réaction devrait pouvoir le déterminer.

Son manteau l'enveloppant à nouveau, la dame attendit d'autres interventions, occupée à tester son bras robotique en le mouvant doucement dans diverses positions.