L'Astre Tyran

[Jen'Ari Nekanasaza]

-- De Vive Voix --

Quelques semaines après la réception du message d’Isabo et mon entrevue avec Maître Kota, je me rendais sur Dargul, compatissante, pour assister aux funérailles du doyen Daerenth. Isabo, particulièrement occupée par les préparatifs, ne m’accorda qu’une dizaine de minutes d’intérêt durant lesquelles je pus ressentir en elle un fond de colère. La jeune femme ne parvenait pas à assumer pleinement ses choix : elle avait renoncé à suivre Helera pour visiter Coruscant, et pendant son séjour à la capitale, je l’avais traitée comme une enfant. Je m’attendais à un féroce retour de baton de sa part. Attendant de pouvoir m’entretenir plus longuement avec elle, je patientais dans les jardins, où Xien m’exposait les nombreux avantages de son nouveau blaster. J’étais loin d’imaginer ce qui se tramait du côté de la plateforme d’atterrissage, mais la Force vibra lorsque son vaisseau se posa sur Dargul.


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Isabo, uniquement accompagnée de deux dames de compagnie, attendait de pied ferme que la porte du vaisseau ne s’ouvrît. Vêtue d’une longue robe noire pailletée d’argent, elle arborait un air solennel digne d’une visite d’état. Quand la jeune femme à la chevelure de nacre posa le pied sur le béton armé de la plateforme, c’est à peine si la rouquine esquissa un sourire. Elle l’accueillit en revanche d’une voix douce et mélodieuse que tout un chacun put entendre, une voix vibrante qui n’avait plus rien d’une intrusion cérébrale : Isabo parlait.


« Bienvenue Helera, je suis contente de te savoir parmi nous. »

[Helera Kor'rial]

Musique

Une invitation ? Helera avait d’abord prit cela pour une blague, puis en ayant vu la signature était restée perplexe. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas vu les deux femmes rencontrées sur la planète décharge. Bien des aventures après, des affrontements contre le bien, le mal et d’autres entités corruptrices, elles avaient cessées tout dialogue. Helera avait une grosse part de responsabilité là dedans, cotoyant il y a quelques temps encore des forces qui la dépassait complètement. Et ce à des fins purement personnel au final. Elle avait compris que la bonne volonté n’allait pas la sauver de ses propres démons. L’ordre avait grandit depuis ce temps et aujourd’hui il était une force de persuassion avec ses énormes vaisseaux et tout cet armement. Du défensif pour certain, de l’agressif pour d’autres. Au final la flotte grise était là, et même si elle était menaçante, elle n’en restait pas moins une force passificatrice. Il y avait les ennemis et les alliés. Le monde était manichéen, et la doctrine grise refutait cela. Mais dans tous les cas la guerre faisait désormais rage. Longtemps la jeune femme avait hésité à assister aux funérailles. Etait-ce vraiment sa place ? Evidemment que non. Cependant, on ne la faisait pas venir pour rien. Ce n’était jamais le cas avec les extérieurs.

Sur ces pensés, elle débarqua sur Dargul. Un regard à l’extérieur lui permit d’apprécier la plénitude de l’endroit. On était loin des neiges d’Ilum ou de la poussière de Hutta. Ici, tout était relativement tranquille. Un autre regard vers le couloir qui relait la plateforme au reste du bâtiment pour apercevoir les silhouettes qui s’avançaient vers elle. Il était temps. Helera s’était spécialement habillée pour l’occasion. Robe anthracite avec des brodures bleutées, par-dessus une tenue plus serrée, au cas où. Ses cheveux étaient à peu près rangés et légèrement ondulés. Elle descendit lentement la passerelle et attendit qu’on la rejoingne. De ses yeux elle vit les trois femmes, avec Isabo en leur centre. Chose plus stupéfiante et pour le moins innatendu, elle s’eprima en faisant vibrer ses cordes vocales. Helera ne laissa trahir aucun sentiment et resta totalement neutre. Pas de sourire ou de marque d’affection, cela n’était pas le moment. Quand est-ce que les deux femmes s’étaient vues pour la dernière fois ? Sur skip normalement. Ses souvenirs n’étaient plus très clairs à ce sujet. Elle lui répondit avec le même temps neutre, avec une pointe de solenelité.

-Bonjour Mesdames, bonjour Isabo. Elle inclina respectueusement la tête. Toutes mes condoléances. Je suis également contente de te revoir. L’espace est froid sans compagnie amicale.

Elle esquissa brièvement un sourire. Depuis le début de la guerre, Helera allait de secteur en secteur. Pour aider les réfugiés, libérer les esclaves ou combattre les flottes Hutts. Les colonies étaient là, mais même avec leur soutien, elle ne voyait pas la fin de cette guerre. Son visage était quelque peu marqué par la fatigue et des cernes se lisaient sous ses yeux. Néanmoins, elle ne perdit pas son sens du commandement et son leadership en montrant des faiblesses.

[Jen'Ari Nekanasaza]

« Laissez-nous. »

Intima Isabo à ces deux suivantes qui ne tardèrent pas à s’exécuter. On pouvait deviner que la jeune femme devenait, avec le temps, arrogante. Elle avait certes gagné en assurance, mais également en caractère. Helera aurait tôt fait de s’en apercevoir, peut-être aussi d’en faire les frais.

La rouquine balaya les condoléances d’un revers de main. Les robes noires qu’elle portait chaque jour étaient les seuls témoins de son deuil. Ces sanglots, eux, s’étaient tus et son chagrin était enfoui au plus profond de son être. Elle invita son interlocutrice à quitter le petit hangar pour rejoindre une coursive de la vaste maison offrant une vue époustouflante sur la plaine où s’étendait la cité capitale de Dargul. Au loin, perché sur la plus haute des collines ornant l’horizon, se tenait le palais, blanc et étincelant sous les pâles rayons de soleil qui parvenaient à se frayer un chemin entre les nuages. À l’image de cette lumière, la pensée d’Isabo vint toucher l’esprit d’Helera.


*Je suis soulagée de te savoir parmi nous. Les véritables amis se font rares. J’ai cru comprendre que tu avais parcouru beaucoup de chemin depuis notre dernière rencontre.*

La jeune femme posa un regard voilé sur la chevelure de neige de son interlocutrice. Un regard qui devait signifier quelque chose comme « dommage, je les aimais bien ».


*J’ai eu quelques échos concernant ton Ordre. Ce ne sont là que tes rumeurs, bien entendu, je n’ai aucune information de source sûre. Je suis simplement contente de savoir que tu fais parler de toi.*

Isabo était curieuse de savoir comment était désormais la vie d’Helera. La sienne était plate depuis quelques temps. Le gout de l’aventure semblait cependant l’avoir quittée : la demeure familiale offrait un certain confort et la galaxie ne lui paraissait plus aussi attirante qu’auparavant. Le décès d’Iss l’avait libérée de toute contrainte, et l’enfant qui cherchait à fuir s’était mué en une femme qui affrontait ses nouvelles responsabilités. Un vent de crainte se mit cependant à souffler dans l’esprit d’Isabo. Une petite peur quant à la réponse qu’Helera donnerait à sa prochaine question.


*Je ne peux malheureusement pas quitter Dargul pour l’instant. Mais … je voudrais apprendre. Je ressens la Force, et vois-tu, je l’utilise pour communiquer alors même que mes cordes vocales sont comme neuves. Je voudrais aller plus loin, mieux maitriser ce pouvoir. Seulement … je n’ai personne pour apprendre.*

[Helera Kor'rial]

Une forte aura d’autorité émanait de la petite rousse, mélangée avec une assurance renouvelée. Si Helera avait remarqué cette soudaine montée en caractère, elle ne le fit pas remarquer, arborant un visage neutre et sans émotion. Chacun avait évolué à sa manière et Isabo n’avait pas échappé à la règle. Helera avait une véritable femme en face d’elle, et plus cette enfant chétive qui l’avait aidé lors de la crise du vol du prototype. Qu’est ce qui avait causé ce changement soudain de visage ? Selon Helera, cela avait un rapport avec sa soudaine guérison. La mort d’Iss, bien que douloureuse pour son interlocutrice, restait muette sur son visage. Elle ne voulu même pas en parler. Le déni avait donc fini par reprendre ses droits. C’était dommage, mais à la limite, cela ne devait pas concerner Helera. Cette dernière ne parla pas jusqu’à l’évocation de l’ordre gris. Oh oui les choses n’étaient pas si belles que ce que les prétendues rumeurs laissaient entendre. Helera ne voulut même pas savoir ce dont il était question. Les rumeurs … Des parasites véhiculés par le désintéressement et l’ennui de ceux qui ne cherchent qu’à faire parler d’eux. Bon nombre de rumeurs devaient en effet circuler. D’un côté c’était positif, de l’autre cela allait leur attirer pas mal d’ennemis. Cela incombait à la responsable des gris de clarifier les choses.

-Je ne sais pas ce que tu as entendu sur nous. Pour l’instant nous sommes pas mal occupé dans l’espace Hutt. Des histoires de droit de l’être …

Isabo était assez intelligente pour comprendre les sous-entendus d’Helera. Cette guerre qui faisait rage la minait. Et même s’ils gagnaient du terrain, les batailles répétitives et le manque de repos commençait à avoir raison des gris. Ils n’étaient pas des combattants, même si leur formation le prétendait. Le voile du côté obscure approchait, et les piliers peinaient à maintenir une cohésion. Il leur fallait de l’aide, c’était indéniable. Vint ensuite la parole d’Isabo. Ainsi la véritable raison de sa présence ici était mise en lumière. Les mots qui résonnaient dans la tête d’Helera lui firent tourner le visage vers le palais blanc étincelant. Cela probablement pour ne pas trahir un rictus désagréable sur son visage. Si le mot pouvoir lui hérissa les poils de la nuque, d’autres comme apprendre et maîtrise lui plurent. Elle ne savait pas quoi penser. Isabo avait grandit, c’était indéniable. Mais à quel point ? Il était de notoriété commune que la mort d’un proche affectait ceux qui ne se contrôlaient pas. Mya s’était cependant occupé de sa formation et … Ou était-elle d’ailleurs ? Helera étendu son aura pour apercevoir la mirialan dans les parages et reporta son attention sur l’humaine. Elle lui répondit dans sa tête.

*Tu voudrais que je t’entraîne ? Dans quel but ? N’était ce pas Mya Tellis qui devait t’encadrer ? *

Helera recula et s’adossa à la rambarde. Elle utilisa cette fois des mots audibles pour appuyer son discours.

-Nous ne sommes pas des Jedi. Si tu me suis, tu seras confrontée au danger, très vite. Je ne peux garantir ta sécurité pour le moment. L’entrainement des gris est difficile et éprouve à la fois ton esprit et ton corps. Sachant cela, es-tu toujours prête à me suivre ?

[Jen'Ari Nekanasaza]

L'espace Hutt, bien trop loin pour elle, pour la petite fille qu'elle avait été jusqu'à ses 20 ans. Elle haussa vaguement les épaules. Helera mélangeait paroles et pensées, ce n'était ni plaisant ni logique. La rouquine fronça les sourcils. Pourquoi parler des Jedi ? Isabo fit quelques pas. La réponse s'insinua froidement dans l'esprit de la Grise.


* Tu refuses de m'aider ... *


Ce n'était pas une question, mais bien un constat.


* Mya n'a pas le temps. Et refuse de m'emmener là où je pourrais risquer de m’égratigner. Les Jedi sont obtus. Mais toi aussi. *

La jeune femme tournait le dos à son interlocutrice. La Force lui permettait de ressentir très nettement sa présence. Elle n'était pas loin de pouvoir visualiser ses mouvements sans pourtant lui jeter un regard. Son esprit se recroquevilla sur lui-même, seul demeurait un infime lien entre l'esprit des deux sensitives. Isabo n'aurait eu aucun mal à intégrer le réseau de pensées des Gris. Le plus problématique était les ravages qu'elle aurait pu causer en s'y connectant.

Une fureur glaciale jaillit soudain d'Isabo. Elle baissa la tête lentement, sa présence dans la tête d'Helera se fit plus oppressante. L'instant dura sans que rien ne se passât, tout esprit non entraîné en prise avec une telle force psychique s'attendrait à percevoir une douleur certaine. Mais rien n'arriva.

[Helera Kor'rial]

Helera regarait la jeune femme rousse avec insistance, observant chaque trait de son visage. Ce n’était plus avec ce même regard maternel, ou même familiale. Ce n’était même pas avec un regard amical, et encore moins de tendresse. C’était un regard plein de méfiance. Helera restait de marbre face à l’agitation que son discours produisait sur l’esprit de la jeune femme. Ayant terminée sa dernière phrase, elle enchaîna au tac-o-tac :

-Pourquoi penser que je ne veux pas ? Me crois-tu assez subtile pour ne pas dire ce que je pense ou alors interprête tu de la manière à laquelle tu t’étais attendue ?

Sa réaction fut disproportionnée par rapport à la situation, une situation qui n’était pas celle de la tempérance que les Jedi inculquaient. D’ailleurs, son discours ressemblait au sein des années plutôt, alors qu’elle s’était égarée dans les voies de la Force. Isabo changea alors du tout au tout et se referma physiquement sur elle-même. Son esprit quant à lui s’étendit et l’aura de la jeune femme emplit la pièce, avant de se concentrer sur Helera. La présence de la rousse devint alors comme une multitde d’épée sur son esprit, prêt à fondre et à la torturer. Contrairement à la logique, Helera baissa toutes ses barrières mentales et joint les mains au niveau de son ventre.

-Je sais que tu ne me feras pas de mal. Non pas parce que tu n’en as pas la capacité, mais parce que tu es quelqu’un de bien. Tu protèges les gens, tu te sacrifies pour eux. Peut-être pense tu que tes capacités ne sont plus à la hauteur de tes espérences. Peut-être as-tu l’impression d’être inférieure. Mais il n’en est rien, et tu le sais. La Force ne cherche pas de champions. La Force est une énergie, ni plus ni moins. Tu n’as nulle besoin de chercher à vouloir être supérieure. Cette voie est réservée aux faibles, aux sith. Le Gris connait les deux penchants de la Force, mais jamais ne sombre dans l’excès. Maintenant je te le redemande. Es-tu prête à me suivre ?

La détermination passa derrière son regard. Helera ne faisait pas de proposition en l’air et connaissait assez Isabo pour savoir qu’elle pouvait les rejoindre. Les Gris n’avaient-ils pas été fondés par deux Sith après tout ? La moitié de ses membres étant d’anciens adeptes des sentiments négatifs. Isabo pouvait-elle supporter l’entrainement ? Ce n’était pas à Helera de le voir, c’était un choix qui appartenait à la petite rousse.

[Jen'Ari Nekanasaza]

« Tu ne comprends pas Helera. Tu es fière de ton œuvre, tu en parles avec orgueil. Tu penses faire mieux que Siths et Jedis. Mais tu te positionnes toute de même par rapport à ces deux sectes. Tu les choisis comme frontières de ton champ des possibles. »

Isabo perdait patience. Son esprit se faisait de plus en plus tumultueux. Elle avait cependant lâché sa prise sur le cerveau d’Helera. Il était visiblement compliqué pour elle de combiner télépathie et langage parlé.


« Je te pensais … Non, je t’avais imaginée bien plus épanouie que tu ne l’es réellement. Tu es terre-à-terre. Quelle déception. La Force est bien plus qu’une énergie. »

La rouquine se retourna d’un bond, posant un regard furieux sur ma silhouette qui se détachait de la pierre blanche composant la terrasse. J’adressai un sourire confiant à Helera.


« Tu peux l’autoriser à t’accompagner. Mais je crains que tu n’aies pas suffisamment de temps pour t’occuper d’elle. C’est un travail à temps plein. Isabo n’est plus l’enfant sincère et curieuse que nous avons rencontré sur Lotho Minor. »

Je savais mes mots blessant à l’égard de la jeune femme. Ma remarque ne manqua pas de la faire entrer dans une rage silencieuse mal contenue. Elle braqua son regard capricieux sur Helera.


« Toutefois, Isabo, tu es libre de choisir ton chemin. Les Gris pourront peut-être te guider vers la voie que tu cherches. »

[Helera Kor'rial]

Les paroles d’Isabo, remplie d’une certaine mélancolie, ou peut-être même d’une once de colère, sonnait pourtant la vérité. C’était une vision qui lui avait échappé et pourtant qui venait la frapper en pleine face désormais. Sans broncher, Helera se contenta de froncer les sourcils. Isabo avait raison quant à l’étroitesse de la vision, mais pas dans ses paroles. Les Gris n’avaient pas exactement pour limite le côté obscure et lumineux. Ils englobaient le tout, sans pour autant s’aventurer du côté des Sith, trop dangereux pour les initiés. Qu’est ce qui les différenciait des Jedi alors ? Les sentiments ? Sans doute. Et encore, Helera n’en était plus très sûr désormais. Tous les gris peuvent faire ce qui leur chante et ne sont même pas obligé de la suivre, elle, et pourtant ils restent. Le fanatisme qui s’est installé est bienfaiteur pour la galaxie, mais pas pour ses membres. Au final, elle se rendait que tous étaient des martyrs pour la galaxie. Ils sacrifiaient leur vie pour les autres, comme les Jedi. Ainsi elle se rendait compte que le dogme gris et celui des Jedi était très proche. Pourtant, elle ne pourrait changer les choses, car tout était en place.

-L’ordre gris a été installé par deux Sith, sur une planète en guerre. Il est l’héritage de l’inquisitorius. Je ne cesserai jamais de le répéter. Rien de gris n’a été entreprit en réalité, nous avons tout fait pour élever les jeunes dans la plus grande neutralité. Ce que nous croyions faire était de les convertir à l’équilibre. Et c’est ce que nous avons fait, mais pas comme nous le pensions. Ils sont tous à même de choisir leur voie, mais savent rester totalement neutre politiquement parlant, ne prennent partie que pour les plus faibles et vouent leur vie pour leur prochain. Ce qui nous différencie des Jedi c’est notre volonté d’action, et la couleur de nos sabres.

Tout n’était que métaphore et autres figures de style, héritage de ses responsabilités. Helera était le grand maître, mais également le commandant en chef. Plusieurs centaines de personnes comptaient sur elle.

-La guerre Isabo change quelqu’un, je n’ai pas le temps de me poser des questions sur ce que je ressens. Si tu viens avec moi, tu devras faire face aux forces obscures, à chaque instant. Les gris sont des soldats sensitifs, qu’on le veuille ou non. Notre crédo est le non assassinat et pourtant nous tuons des gens par milliers. Ceux que nous avons-nous même jugés comme mauvais. Notre équilibre réside dans la suppression d’une vie pour en sauver d’autres. Dit comme cela, il est évident que tu peux nous prendre comme des fanatiques extrémistes et terroristes. Pourtant crois-moi nos actions sont saines et visent un plus grand objectif que nos desseins personnels. Tu n’as que ma parole et mes actions pour preuves.

C’était le seul test de confiance qu’Helera pouvait lui imposer. Ce qu’elle disait était la vérité. Elle ne pouvait pas prétendre être une pacifiste avec une des flottes les plus puissantes de la galaxie. Plus ravageur que le mensonge est l’aveuglement. Ils faisaient la guerre parce que cela devait être fait. Des gens comptaient sur eux et ils lutteraient jusqu’à ce que leurs chaines soient brisées. Helera perçut alors une vieille aura qui fit retourner d’un bond Isabo. La femme aux cheveux blancs fixa celle à la peau de jade. La façon dont elle parla d’Isabo, en sa présence, ne plu pas à la grise. Sans sourciller, elle croisa les bras.

-Bonjour Mya…

Elle laissa planer le silence quelques secondes avant de reprendre.

-Je ne suis plus désormais le seul maître à bord. Nous sommes environ autant que les Jedi, mais la relation maître apprenti n’est pas aussi poussé. L’expérience forge le caractère. Nous encadrons les jeunes, nous ne les maternons pas.

Cette pique n’était pas directement à destination de Mya, mais bien envers tout l’ordre Jedi. Helera n’était pas sûr que ce soit ce message qui soit perçut à son interlocutrice.

-Je suis sûre qu’Isabo est toujours la même jeune fille. Elle tourna la tête vers la protagoniste. Elle a toujours été quelqu’un de bien et le restera toujours. Tout comme toi Mya.

Cette fois c’est vers la Mirialan que son regard se braqua.

-Qu’as-tu fait ces derniers temps ? Je ne te réitère pas ma proposition. Tu sais très bien que l’ordre te sera toujours ouvert.

Helera esquissa un sourire et fit volte face. Alors qu’elle aura dû avoir de la gêne envers son amie, ou ancienne amie, elle n’en avait aucune. Ce qui s’était passé dans la grotte restait dans la grotte. Cela lui avait servi de leçon. Elle posa les mains sur la rambarde et regarda le vide.

-A chaque fois que nous nous retrouvons toutes les trois, chacune a évolué. Nous avons franchi pas mal d’obstacles ensemble. Vous savez que je viendrais toujours si vous avez besoin de moi …

La preuve en était aujourd’hui. Elle leva son regard vers le palais en hauteur et le contempla un temps.

[Jen'Ari Nekanasaza]

Isabo parut soudain horrifiée.


« Mais moi je ne veux pas tuer, Helera. Vous devriez être capable de régler ces conflits sans prendre de vie. »

La jeune femme avait une vision idéaliste de ce que devait être la galaxie. Et même si elle savait Helera impliquée dans de nombreux différends, elle n’avait jamais envisagé que son idole puisse prendre une vie pour servir sa guerre.


« Aucune vie n’est mauvaise. La vie est sacrée et tu n’as pas le droit de décider qui doit vivre ou qui doit mourir. Tuer quelqu’un c’est le priver de se repentir et de réparer les erreurs qu’il juge avoir commises. C’est encore pire que de le priver de sa vie. »

Indignée, la rouquine ne me prêtait plus aucune attention. La dernière phrase d’Helera était passée inaperçue. Améliorer la galaxie, selon les critères de l’Inquisitrice, amenait inévitablement des pertes importantes. Comme toute guerre. Malgré la véracité de ce fait, je ne pus m’empêcher de me trouver d’accord avec Isabo.

[Helera Kor'rial]

-Et tu as raison Isabo. La vie est sacrée, mais parfois, le choix ne t’appartient pas. Si je pouvais sauver tout le monde, crois-moi, je le ferai. Malheureusement je ne peux te donner les détails des batailles que nous livrons, mais les esclavagistes n’ont pas autant de scrupule que nous. Si en face à face je peux convaincre de se repentir, ce n’est pas le cas sur un croiseur de combat.

Helera parlait sans se retourner vers ses interlocutrices. Son visage tourné vers le ciel, les yeux fermés, elle laissait le vent caresser son visage. L’air climatisé d’un vaisseau n’avait rien à voir avec les éléments naturels. Cela lui manquait, le travail de terrain. Isabo était la copie d’Helera à son âge. Soucieuse du monde, envie de le sauver sans en payer les conséquences… La jeune femme allait les payer, dans tous les cas. La grise se retourna et fixa tour à tour les deux femmes. Désormais ses arguments les rendaient plus solidaires entre elles. L’ordre des gris n’avait rien d’un ordre basé sur la spiritualité, et c’est ce qui semblait les décevoir.

-Je ne décide pas de qui doit vivre ou mourir, Isabo. Ils le décident eux même. Je ne laisserai jamais des innocents mourir sous prétexte que je n’ai pas agis.

Le ton montait progressivement dans la voix de la grise et ses gestes devenaient plus secs.

-Si les Jedi et la république nous prêtaient main-forte, alors peut-être que nous aurions une chance de pacifier les zones avec des heurts mineurs. Mais là où nous nous trouvons, ils ne viennent pas. Je ne serai même pas surprise de constater qu’on soit jugé un jour « ordre terroriste » parce que nous nous en prenons à des riches investisseurs.

Elle fit des allers-retours de gauche à droite nerveusement, tout en agitant les mains à mesure que son discours continuait. Il n’y avait pas de colère, il y avait de la passion, avec une pointe d’impuissance.

-Nous respectons la loi, nous ne nous en prenons pas aux républicains ni aux impériaux. Notre objectif est simple : Mettre à bas le commerce d’esclave. Oui, il y a et il y aura des morts, mais nous ne pouvons pas faire autrement. S’ils nous tirent dessus, on encaisse. S’ils tirent sur des gens sans protection, on doit les arrêter, auquel cas on perd une vie.

C’est désormais Isabo qu’elle fixait, les sourcils légèrement froncés, le regard déterminé et la posture droite.

-Je n’ai pas la prétention d’avoir la meilleure solution Isabo, et si toi tu l’as, alors je l’appliquerai, tu as ma parole.