L'Astre Tyran

[Jen'Ari Nekanasaza]

L’horreur se mua en confusion. Lentement, Isabo s’approcha de la balustrade. Elle réfléchissait. Ses pensées dérivèrent en souvenirs. Son grand-père … Elle leva le nez vers Helera.


« Je crois … Je crois qu’en faisant la guerre contre l’esclavage à la place des esclaves tu entretiens la servitude de ces gens. Une fois que tu les auras libérés, leur liberté ne durera qu’un temps, le temps qu’un nouveau maître ne prenne le contrôle. Si les esclaves pouvaient se libérer eux-mêmes, leur liberté aurait une bien plus grande valeur, et la force avec laquelle ils la défendraient serait aussi bien plus grande. Je ne sais pas si je m’exprime correctement … »

Les idées trop complexes avaient encore du mal à passer de vive voix. La jeune femme avait l’esprit vif mais sa langue ne semblait pas assez entrainée pour lui permettre d’exposer toutes ses idées de manière précise et ordonnée. J’appuyai son point de vue.


« Menez-vous également votre combat dans l’ombre ? Avez-vous montré aux esclaves comment instaurer un nouveau modèle plus égalitaire ?
- Il y a quelqu’un qui fait ce travail, Helera ? »

Cette fois, les yeux d’Isabo pétillaient du curiosité.

[Helera Kor'rial]

Helera écouta la petite avec intérêt. Déjà à son âge, elle avait un sens de l’analyse poussé. Ce qu’elle disait paraissait vrai. Pourtant elle avait des exemples d’anciens esclaves qui s’en étaient sortis. Que faire ? Mettre en place une cession de réhabilitation ? Les Gris n’en avaient pas les capacités, ni les effectifs et encore moins les infrastructures… De toute manière, la question n’était plus là désormais, elle s’expliqua :

-Je vois ce que tu veux dire Isabo. Néanmoins en tapant dans la fourmilière, nous avons excité les insectes. Depuis peu, les flottilles se sont mises à attaquer les cargos et convois de civils et de marchands, nous obligeant à diviser nos flottes. Notre puissance n’est pas suffisante, il nous faut rapidement taper dans le centre et détruire la reine.

Mais d’abord, c’était le valet qu’ils essayaient d’atteindre. Nar Shadaa était à portée de canon, et l’attaque se préparait. Une attaque qui allait probablement faire parler les holojournaux … Quant à la question suivante, il y avait bien quelqu’un qui tenait un rôle dans ce sens.

-Nos alliés s’en occupent. Après la prise du ciel, il nous faut pacifier le sol, et mettre en place un gouvernement fiable. Nous surveillons et organisons des élections, ou du moins c’est ce que nous avons prévu... Nos forces sont divisées et les combats font encore rage.

Pour le moment, aucune planète n’avait été entièrement pacifiée, la tâche était trop importante, et les gris trop peu nombreux. L’administratrice et sa politique de paix et de pacification étaient de grands atouts. En essaie déjà dans les colonies, ils attendaient de le mettre en place chez les Hutts.

-Je suis désolée mais je dois rester flou sur ces sujets. Le secret est notre plus grand atout, et nous ne désirons pas être connus.

Désormais complètement calmée, Helera se radossa à la rambarde, à côté d’Isabo.

-Qu’as-tu découvert qui te rende si méfiante ? Que tu ne me crois pas est une chose, que tu refuse de le faire en est une autre. Parle sans détours.

La question allait également envers Mya qui depuis le début de la conversation restait interdite. Ses interventions n’avaient que pour but de déstabiliser l’une ou l’autre des humaines. Que cherchait-elle à faire ?

[Jen'Ari Nekanasaza]

Je n'étais pas loin d'atteindre mon objectif. Helera se livrait partiellement, exposait ses idéaux et expliquait ses actes de guerre à Isabo. Toutes deux étaient désormais côte à côte. Je demeurais à quelques mètres d'elles, en retrait.


« Découvert ? »

Isabo me jeta un regard surpris. Tout sentiment de colère avait disparu en elle. Elle revint à Helera.


« Je n'ai rien découvert. Je constate que tu as changé, de beaucoup. Je n'avais pas ce souvenir là de toi, et je ne vois pas où pourrait être ma place dans l'Ordre Gris. Je pensais que tu pourrais m'aider mais je ... je découvre que ce n'est peut-être pas une bonne idée. »

Le regard de la rouquine glissa sur les dalles blanches de la terrasse. Pensive, elle tenta de formuler verbalement sa pensée.


« Je pense qu'il était possible de mieux préparer cette révolte. Avec plus de finesse et moins de morts. Je trouve que ... quelque part ... c'est un échec. Je suis désolée ... »

Idéaliste jusqu'au bout. Dans la théorie, Isabo avait parfaitement raison. La pratique n'offrait souvent pas de place aux idéaux de ce genre.

[Helera Kor'rial]

La question avait fait mouche, son attention fut détournée et sa colère diminua. Helera resta à côté d’elle et l’écouta attentivement tenté de démêler la question qui ne nécessitait pas de réponse. La petite rousse continua sur ses craintes et sur sa déception. Son interlocutrice ne pouvait pas lui en vouloir, ce qu’elle ressentait, Helera l’avait également vécu pour les Jedi. Mais les choses étaient comme cela. Un jour on se rendait compte que tout ce que l’on avait pour acquis ne l’était pas. Helera jeta un coup d’œil vers Mya, qui n’avait toujours pas bougé, qui les observait, d’une manière troublante.

-Je n’ai pas changé, Isabo, j’ai dû m’adapter. En l’absence de repère, on peut se perdre et suivre la mauvaise voie …

Ses yeux étaient restés rivés sur la mirialan, pour qui cette phrase était destinée. Pas un sourire, pas une esquisse qui aurait pu trahir de la méfiance, de l’amitié ou même de la sympathie. Puis elle tourna la tête vers Isabo et lui répondit pleinement.

-Tu sais, nous ne sommes pas tous des soldats. Certains se concentrent à la pénible tâche de soutien moral et d’aide aux populations. Une tâche que nous sommes tous prédestinés à faire une fois la guerre terminée.

Elle prit une pause pendant laquelle elle canalisa rapidement la Force et pénétra l’esprit d’Isabo.

*Mya t’as laissé combien de temps ? Qu’est ce qu’elle a fait ?*

Rapidement, elle reprit à pleine voix.

-Tu n’es pas obligé de nous rejoindre Isabo, je ne t’y obligerai pas. Je peux néanmoins te former pendant un temps pour te placer là où tu veux plus tard. Juste pour que tu sois capable de te défendre contre la tentation.

Sa prochaine remarque, Helera ne la comprit pas. De quelle révolte parlait-elle ? Pourquoi était-elle désolée ? La chef grise montra son incompréhension par un froncement de sourcil. Sans formuler sa remarque à haute voix, elle attendait que la jeune femme s’explique mais également qu’elle lui raconte ce que Mya était allé faire. Son aura était masqué, comme pour tout le monde, et Helera n’allait pas briser ses défenses pour vérifier sa pensée. La situation semblait plus complexe qu’il n’y paraissait et elle n’était pas au bout de ses surprises …

[Jen'Ari Nekanasaza]

Au vu de l’air surpris d’Helera, la rouquine crut bon de s’expliquer brièvement.


« Résoudre un problème par la violence, pour moi c’est un échec. L’esclavagisme est violence, tu le résous par la violence. Donc la victoire est loin d’être totale. En fait ce n’est pratiquement pas une victoire. »

Il y eut un court silence. Du moins en apparence. Isabo répondait à la question mentale.


* Mya ne m’a jamais permis de l’accompagner dans ses missions. Mais … je n’ai jamais fait partie de l’Ordre Jedi. J’aurais voulu qu’elle m’accorde plus de temps. Tu doutes d’elle ? Pourquoi ? *


« Et c’est valable pour tout le monde, je ne me fais pas d’illusion sur les méthodes des Jedi. »

Je ne relevai pas l’attaque. Je m’approchai à mon tour de la balustrade, posant un regard absent sur le palais qu’on pouvait distinguer dans le lointain. À nouveau, une vaste impression de vertige me saisit. Mes mains se crispèrent sur le marbre blanc tandis que je gardais une expression des plus neutres. Je m’adressai finalement à Isabo, quelque peu tendue.


« Tu devrais repartir avec Helera. Comme tu l’as toujours voulu. Si cela ne te plait pas et que tu souhaites abandonner en cours de route, je pense que les Gris ne t’en tiendront pas rigueur outre mesure. »

[Helera Kor'rial]

Isabo répondit à sa question silencieuse. Helera ne fit que confirmer ses dires.

-Et tu as raison, Isabo. Mais quand l’argent est en jeu, les êtres ont tendances à ne rien lâcher. Pas même la Force ne peut faire changer d’avis un esprit cupide et avide de pouvoir. Dans ce cas, tu dois prendre des mesures plus brutales, ou alors tu ne fais rien, le choix reste le tiens. Les Gris ont choisi d’agir. Est-ce le meilleur choix ? Sincèrement je ne sais pas. Peut-être y a-t-il une autre voie, un autre moyen, je ne sais pas…

Helera ne répondit pas à la question mentale pour le moment. Elle resta adossée à la balustrade, les bras croisés. Ses yeux tournés vers la petite épiaient néanmoins son maître du coin de l’œil. Au final, elle n’avait plus aucune information sur Mya. La dernière fois qu’elle l’a vu, c’était pour se battre contre elle et contre le seigneur noir des Sith, Andeddu, désormais enfouis dansa les profondeurs de la planète de glace. La fois d’avant, c’était suite au combat contre les Sith, et sur la première chute de Mya vers l’extrême. Cela faisait trop de coïncidences, trop de côté obscure dans l’air. Que s’était-il passé après ? Avait-elle rejoint finalement les Jedi comme il était prévu ou s’était-elle permise de se livrer à des arts plus noirs, sans entraînement. Helera n’en avait aucune idée, et pour être honnête, avait complètement oublié son amie. Une faute grave qui pourrait lui couter bien plus qu’une simple « embrouille ». En outre, elle n’était plus sûre de qui était en face d’elle, et vers qui se tournait ses allégeances.

-Les jedi ne sont pas mauvais. Nous n’apprécions simplement pas qu’ils prennent partie pour la république. Cela et un certain nombre d’autres choses… Mais il faut être sûr d’une chose, contrairement aux Sith, ils essaient de faire le bien autour d’eux, et cela ne doit jamais leur être enlevé.

Sans enlever son regard insistant de Mya, sa dernière remarque confirma ses soupçons. Helera ne pouvait pas la laisser vagabonder sans « surveillance » désormais. Le rôle des Gris était de protéger les « innocents », mais également de lutter contre ceux qui propagent le mal. Même si ils ne chassaient pas les Sith, les Gris ne les portaient pas dans leur cœur. La perte d’un Jedi voulait nécessairement dire une croissance dans leur rang. Au nom de celle qui fut son amie, Helera savait ce qu’elle avait à faire. Par la pensée, elle informa Isabo :

*On ne devient pas chevalier en rangeant des livres, Mya le sait très bien et pourtant ne te laisse pas la suivre. De plus, un Jedi ne se sépare jamais vraiment de son apprenti, et ne le livre en aucun cas à une autre faction… *

Puis elle fit quelques pas et se retrouva au centre de la terrasse, face aux deux femmes sur la balustrade.

-Mya à raison. Pour ta propre sécurité, tu devrais me suivre pour le moment.

L’affirmation lourde de sous-entendu fut posée sans détour. Helera n’était pas en posture de défi face à Mya, mais n’était pas non plus neutre à son égard. Les dents légèrement serrées, l’adrénaline qui n’attendait que le signal de son cerveau pour se déverser. Il n’y aurait pas de combat ici, Helera se le refusait. Cependant, il fallait parer à toute éventualité. La colère commençait à monter, non pas envers Mya, mais envers l’excès du côté obscure. Si jamais elle trouvait un quelconque rapport entre elle et Korriban, la flotte grise ferait un détour pour une Base Delta Zéro intempestive.

[Jen'Ari Nekanasaza]

L’esprit d’Isabo se rebella contre la nouvelle intrusion. Une pensée qui sonnait comme une protestation vint toucher l’esprit d’Helera. Cela ne faisait aucun doute pour moi qu’elles entretenaient une conversation qui m’était cachée, à laquelle je ne voulais pas participer. Ma voix interrompit Isabo dans la formulation d’une explication mentale.


« Laisse-nous maintenant, Isabo. Je te rejoindrai tout à l’heure, ne t’en fais pas. »

La tristesse s’abattit sur la rouquine. Je la réconfortai d’un sourire auquel son esprit s’accrocha de toutes ses forces. Puis Isabo nous laissa seules, Helera et moi, face à face. Je me tournai vers celle qui fut mon amie.


« Ta colère, tes mots … Tu te fourvoies, Helera. Et pourtant j’ai le sentiment que je devrais attacher de l’important à ton avertissement. »

Je lui tournai délibérément le dos, laissant une fois encore mon regard se perdre dans le paysage.


« Je ne crains pas le Côté Obscur, parce qu’à mon sens, cette représentation de la Force est erronée. Les Gris ont certainement trouvé le meilleur compromis, mais leur mode d’action n’est pas en accord avec mes convictions. Je pensais te l’avoir déjà expliqué. »

Je marquai une pause, suffisamment courte pour ne pas laisser à Helera le temps de me répondre.


« J’ai … peur de quelque chose qui approche. Je ne crois pas que ce soit la mort, bien qu’elle m’effraie par certains côtés. Cela prend la forme d’un inévitable néant. Je pressens une chute vers ce néant. Depuis notre rencontre sur Ilum, j’ai entrepris de me construire une carapace, un bouclier, qui, je l’espère, me protègera de ce néant. Ces derniers mois j’ai investi la plupart de mon temps à préparer son arrivée. Je pense être convenablement préparée : le bouclier est prêt, j’ai transformé mon esprit et ma mémoire en chambre forte … Mais rien n’y fait, la peur est toujours là. »

[Helera Kor'rial]

Helera reçut la pique mentale en clignant imperceptiblement des yeux. Elle reçut une vague de mécontentement. Le silence dans sa tête fut vite interrompu par les paroles de Mya. Inutile de se demander ce qu’il s’était passé, elle savait. Helera était prête à lui parler, mais pas à l’attaquer. A ce moment précis, elle se ferait terrasser, par le simple fait qu’elle n’était pas prête. L’ex-inquisitrice l’a laissé parlé et s’expliquer. Plus les mots avançait, moins elle pouvait croire ce qu’elle entendait. Mya était en train de sombrer, mais ce n’était pas inévitable. Les bras toujours croisés, elle leva légèrement la tête, comme pour toisé la Jedi.

-Est-ce que tu entends ce que tu me dis ? Comment peux-tu ne pas craindre le côté obscure alors que les plus grands maître Jedi se révulsent rien qu’à son évocation. Mya, tu t’engages sur une voie dangereuse.

Elle s’approcha d’elle et se posta à ses côtés, essayant de se baser sur une interprétation Jedi de la Force. Interprétation qui visiblement ne lui correspondait plus désormais.

-Loin de moi que de penser que seuls les gris peuvent combattre l’obscurité, mais nous nous sommes entraînés. Mya, avec tout le respect que je te dois, et au nom de notre amitié, tu n’as pas le bagage pour lutter contre la tentation. Ne répète pas mes erreurs.

La colère avait encore une fois laissée place à une longue plainte. Elle l’implorait de revenir vers la lumière, ou au moins à ses côtés. Helera ne voyait pas dans sa tête, mais elle voyait un possible futur obscure, qui, elle le savait, se finirait par la mort de l’une des deux.

-Tu m’avais dit que tu n’étais pas en accord avec le dogme gris et que tu préférais les Jedi. L’extrême n’est jamais entré dans l’équation et tu le sais.

Elle posa une main sur son épaule et la força à la regarder.

-Mya, une carapace est une protection, mais si l’intérieur est sous pression, elle risque d’exploser. Nous pouvons discuter de ce que tu ressens, je peux te ramener sur Coruscant pour en parler aux maîtres. Mais ne te crois pas invincible, ne laisse pas la corruption te pervertir. Ne m’oblige pas à devoir lutter contre l’obscurité qui est en toi …

Sa dernière phrase n’était pas une menace, loin de là. Helera essayait d’être réconfortante, mais elle devait la prévenir de ce qui allait se passer. De plus, le plus grand sacrifice qu’elle pouvait faire était de se livrer aux Jedi pour que Mya obtienne une entrevue. Même si ils ne la recherchaient pas, elle savait pertinemment qu’ils essayaient de la surveiller.

[Jen'Ari Nekanasaza]

Interloquée par les propos d’Helera, je la regardais avec insistance.


« Non, tu ne comprends pas … »

Et je me retrouvai seule, à essayer de trouver un moyen d’expliquer à Helera ce qui me trottait dans la tête. Je repris depuis le début.


« La Force est un tout, dans lequel le Côté Obscur n’est qu’un concept. Le danger ne vient pas du « Côté Obscur », mais de l’usage qu’on en fait. Passons sur ça, veux-tu, ça n’a pas de réelle importance. »

Nous avions chacune notre vision bien précise de la Force, et rien ne ferait changer d’avis une mirialan têtue éduquée dans la religion des temples de Mirial. Tout comme j’étais persuadée que rien ne ferait changer cette humaine caractérielle.


« Il me semble que s’il s’agissait de quelque chose d’obscur, je pourrais le sentir. Comme les fois précédentes. Cette fois, c’est une chose au-delà de laquelle je ne peux pas voir. »

J’espérai que mon interlocutrice aurait compris, sinon il me faudrait abandonner toute tentative de nouvelle explication. Il y avait toutefois une précision que je trouvai bon d’apporter …


« C’est pour ça que je voudrais tenir Isabo loin de moi. »

[Helera Kor'rial]

-Oui, et de cela je suis d’accord avec toi. C’est la base du précepte gris. Cependant je partais du principe que tu suivais encore les enseignements Jedi.

C’était effectivement le cas, car Helera, loin d’être fermée d’esprit, s’adaptait à l’interlocuteur qu’elle avait en face. Loin d’elle l’idée d’essayer de convaincre la mirialan, la discussion avait déjà eu lieu. Cependant, elle crut bon de rajouter :

-Cela a son importance, car même si l’excès mène à la corruption, ne pas avoir peur du côté obscure, revient à ne pas avoir peur de l’excès. Comme le drogué n’a pas peur de l’overdose. De plus, souvent, l’excès de sentiments mènent à la destruction de soit même. Ce n’est qu’en présence d’un maître « obscure » qu’elle est canalisée, et que le sensitif devient véritablement un Sith.

Simple exposition de faits que Mya devait avoir en tête avant de continuer sa voie. Pour l’avoir vécu, elle pouvait en parler. La destruction de soi menait à une puissance dévastatrice. L’utilisateur en restait marqué à vie, et les cadavres s’empilaient derrière lui. Une pensée furtive de Nal Hutta du temps de sa période obscure passa dans son esprit, avec le massacre des passants, rapidement chassé.

-Tu as eu une vision d’un futur probable Mya. Si tu as un don de divination, sache que ce que tu vois n’est pas forcément la réalité, et que cela peut ne pas se produire.

En réalité, elle ne savait pas si Mya possédait un tel don, ni même si c’était bien de cela dont il était question. Cependant, c’était ce qui s’en rapprochait le plus, et Helera n’avait pas le temps nécessaire pour étudier la question.

-Sincèrement, tes craintes sur un éventuel futur peuvent te mener à lui. Je n’ai pas de conseils à te donner, ni même n’ai la prétention d’avoir réponse à tout. Fais attention à tes sentiments, Mya. Ne les nie pas, mais ne laisse pas les pulsions guider tes choix. Je m’occuperai d’Isabo, dans tous les cas.

Ce qu’elle lui expliqua était un des préceptes des gris. Avoir conscience de ce que l’on est sans pour autant se laisser aller à sa condition. Evoluer et jamais stagner. Utiliser son cerveau plutôt que ses sensations, tout en se laissant guider par son instinct et par la Force. La question était désormais de savoir si Mya allait être réceptive.