- lun. 14 janv. 2019 09:28
#34834
- La souffrance de la jeune Pantoran était intense, visible sur ses traits, mais perceptible par le sixième sens du maître sensitif. Ranath enveloppa de son esprit la pensée de Darth Varadesh. Ainsi déjà bien occupée, elle ne put néanmoins s’empêcher d’approcher l’holocron. Une présence la saisit aussitôt, comme pour la happer et l'entraîner au plus profond des abîmes de l’artefact. La Sith se rétracta au plus vite, fuyant la relique pour se cantonner à la pensée de son apprentie. Elle ne savait pas ce qu’elle pouvait trouver ici-bas, mais l’évolution récente de ses craintes et préoccupations la poussait à ne pas retenter l’expérience.
Quoi qu’il se passa au cœur de l’holocron, une lutte acharnée entre les deux entités, le Gardien et la novice, Varadesh reprit conscience, avec encore un effort de souffrance violent, sa dernière épreuve. La Pantoran articula quelques mots, comme une variante très à propos de leur cher Code Sith, avec son éternelle allusion aux chaînes. L’Apprentie se libérait de son passé. Ranath croyait savoir quelle était la dernière chaîne. Elle savait aussi que la jeune femme en viendrait finalement à bout. Ce jour-là, le Maître s’effacerait sans protester.
Pour l’heure, Varadesh avait encore besoin d’un maître, mais ce ne serait pas toujours vrai, la vie n’irait pas toujours ainsi. On préparait la fin. La Mirialan ne travaillait que pour ce jour, le jour de la fin, et du renouveau à la fois. Elle, Ranath, ne serait jamais la Dame Sombre tant attendue. Elle ne connaîtrait jamais la suprématie, il était déjà trop tard. Et ce n’était pas une faiblesse de l’admettre, tout en continuant de se battre corps et âme pour atteindre la toute puissance. Cependant, la victoire était pour Varadesh, et la Sith faisait tout pour servir cet objectif. L’Apprentie n’en avait certainement pas conscience. Elle qui se trouvait esseulée, malmenée, était une reine.
La Pantoran revint triomphante de son épreuve, en larmes et en sueur, épuisée. Son maître la soutint, les yeux brillants d’une pleine satisfaction, une main posée sur sa joue luisante, l’autre sur son épaule tremblante, apaisant son esprit par une pensée gratifiante. Le lien n’avait jamais été si plein de cette pensée, et l’ultime compliment émergea.
- Si parfaite … tu es parfaite …
Elle l’aimait tant, et si fort. Elle avait réussi, son élève était forte, déterminée, elle deviendrait la Dame Sombre que ce monde attendait. La fierté de Ranath était à son paroxysme, non pour l’exploit accompli, mais pour la conséquence engendrée. L’aura de Varadesh rayonnait désormais tout autrement, elle battait d’une puissante pulsation. Pourtant, la jeune femme avait encore tant à apprendre, elle en savait déjà tellement. Elle fendrait de sa lame l’arrogance des chiens du passé, Odion, Lyria, Krayt, et tous les fantômes encore trop impertinents. L’extase de la Sith remontait le lien pour soutenir son élève et lui partager tous ses espoirs.
Finalement, la Mirialan s’écarta.
- « Regarde. »
Elle s’était tournée vers l’holocron. La silhouette de Pall s’éleva au-dessus de la pyramide ouverte par la cime comme une fleur éclose. Une silhouette de fumée. Sa voix lointaine résonnait comme une mélodie aux deux paires d’oreilles présentes.
- Le faible finira toujours par plier, mourir ou être réduit en esclavage. Seul le fort survivra et conservera sa liberté. Nous qui suivons les enseignements des Sith acceptons cette vérité fondamentale. Contrairement aux Jedi. C'est la Règle du Fort, que les Sith ont toujours suivi. Le pouvoir est à celui assez fort pour le prendre. Les Faibles doivent servir les Forts car c'est la nature même qui l'exige et nul n'est plus Fort qu'un Sith.
Cette vérité fondamentale doit s'appliquer en toute chose. Pas davantage qu'aux faibles, le Fort ne doit se plier à ses semblables. Il doit les affronter et les vaincre comme tous ses autres ennemis. Seuls les plus Forts survivront et renforceront ainsi la société toute entière qu'ils ont bâti. Le conflit doit être permanent et sans merci entre les Forts. S'il est vaincu par un autre Sith, alors ce dernier était suffisamment Fort pour le supplanter. Un chef Fort donne de la force à son empire.
Entends ma sagesse et mon savoir, découvre qui je fus, ce que j'ai fait, ce que j'ai vu, le pouvoir dont j'ai bénéficié. Un millier de mondes pliait le genou devant moi qui fût le maître suprême de notre empire, nul ne put jamais mettre en doute ma parole ou ma puissance. Par mes mots, tu deviendras plus que ce que tu as jamais été, Darth.
La Dame Sombre avait déjà entendu le discours, les mémoires du premier Seigneur Noir, mais elle les écoutait de nouveau avec tout autant d’intérêt. L’histoire défilait sous leurs yeux d’or, l’histoire de l’Empire Sith, l’histoire de leurs prédécesseurs, et leurs leçons. Et Varadesh pouvait y glisser son esprit, pour n’en rater aucun mot, pour parcourir le récit de Pall, ses exploits, ses défaites.
Quand il eut fini, Ranath glissa quelques mots à son apprentie.
- « Il reste un dernier secret dans cet holocron, une dernière leçon que le Seigneur Noir prétend donner. Garde-le un peu, tu auras peut-être des questions.
Va te reposer maintenant, nous allons partir tôt demain. »
La Sith regarda son apprentie quitter la pièce, l’artefact caché au creux de ses mains.
- « Varadesh. Je suis très fière de toi. »
Plus, c’était bien plus que cela. Elle tuerait pour elle. Elle aurait volontiers égorgé le père d’Ophillia, lui qui avait osé poser la main sur le saphir de sa peau. Elle tuerait Jeny. Elle tuerait la jeune Tega. Elle tuerait Marak. Par jalousie. Par passion.
Dès lors que l’Apprentie fut seule, la pensée d’Isabo accrocha son esprit.
- Pardon, Dame Varadesh.
La jeune Humaine était là, plantée au bout du couloir, une moue timide agrafée au visage.
- Je vais vous montrer votre chambre.
Elle la guida dans le manoir, par les escaliers, et un large couloir. Elle ouvrit une porte, s’écarta pour laisser entrer la Pantoran.
- Elle vous plaît ? J’ai pensé que vous y seriez bien.
La pièce était spacieuse, et cachait, derrière une porte dérobée, une salle de bain privative. Malgré la nuit tombante, la chambre demeurait lumineuse. De plus, en cherchant derrière l’une des tapisseries, la Pantoran trouverait un coffre encastré dans l’un des murs, vide, dont elle pourrait disposer à l’avenir.
Le regard d’Isabo était posé sur les mains de Varadesh, abritant la relique. Comme n’importe qui, la gamine était attirée par l’aura de l’objet. Elle l’avait déjà vu pourtant, déjà tenu, mais encore une fois, son murmure l’attirait.
- Pardonnez-moi …
Osait-elle ? Un pied de nez à sa timidité maladive …
- Pourrais-je .. pourriez-vous … me montrer votre sabre ?
Elle-même n’en avait pas, et nourrissait une certaine fascination à l’égard de cette marque de puissance.