L'Astre Tyran

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By Amertume
#34756
Ça s'était produit le matin même du jour ou elle attendait son apprentie. Attendre avait été une plaie maintenant qu'elle savait la petite Pantoran en route pour Dargul. Impatiente de la revoir, la Dame Sombre avait dû ronger son frein bon gré mal gré. Elle pouvait couper en deux les importuns, rompre le cou des imbéciles d'un geste et instiller la terreur chez les faibles par simple effort de volonté mais elle n'avait aucun tour dans son sac pour faire s'écouler le temps plus vite, assez vite pour être au jour J, instant T. Pas encore en tout cas, peut-être un jour. On pouvait faire tant de choses avec la Force, pourquoi pas manipuler le temps ?

Bref. Il avait bien fallu tuer le temps comme elle pouvait. Attendre avec Isabo était encore le moyen le moins pénible mais, le jour J, n'y tenant plus, la Mirialan avait décidé de se promener un peu dans les jardins publics de la ville, trop frustrée par l'attente et énervée de n'avoir aucune nouvelle. Ah les enfants, toujours à vous causer des soucis... Et après on s'étonne de voir des cheveux blancs de partout. Bande de petits garnements tiens. Les jardins avaient ça de bon qu'ils apaisèrent un peu la conscience en ébullition de Ranath. Pas beaucoup mais juste assez pour qu'elle n'éprouve plus l'envie de fracasser des mannequins d'entraînement jusqu'à les réduire en purée.

Même cet endroit était dangereux pour elle, à la réflexion. Il invitait à l'introspection, le calme, la paix et la sérénité. Or, le Code le disait si bien, la paix est un mensonge. La méditation au manoir serait peut-être une bien meilleure idée en fin de compte. En prime, ça lui permettrait de ne pas avoir à supporter la compagnie sans intérêt des gens du commun alentour et elle serait seule là-bas. Isabo n'oserait pas la déranger si elle lui indiquait de la laisser tranquille. Alors que Ranath s'apprêtait à sortir des jardins, une voix puissante s'exclama dans son dos et lâcha un hoquet interloqué.

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Se retournant, la Sith se retrouva face à l'hurluberlu le plus bizarrement vêtu qu'elle ait probablement rencontré. Un humain, la trentaine presque imperceptible avec une moustache d'une prestance presque inconvenante et habillé d'un costume 3 pièces fait sur mesure d'un noir profond avec chemise blanche, cravate noire et bottes noires, sans oublier le pantalon noir. Il avait une canne en aurorium massif qu'il se plaisait à utiliser pour fendre l'air et prenait soin de toujours fermer à demi ses yeux quand il s'exprimait.

Il était suivi d'un vieil homme d'une cinquantaine d'années presque aussi richement vêtu que lui mais tout de même moins. Sa prestance ne servait qu'à attirer l'attention sur celle, inimitable et incroyable de son jeune maître. Il avait un vieux chapeau sur le crâne qui évoquait de vieux holofilms des temps anciens passablement ridicule et semblait observer avec une admiration dérangeante son jeune maître. Et il faut dire qu'il y avait de quoi l'observer celui-là, mais peut-être pas avec une telle admiration.

Car si le bonhomme était indubitablement séduisant, charismatique, prestigieux et d'une classe rarement vue, le détail le plus frappant chez lui n'était rien de tout ça mais bien son chapeau. Ou plutôt... Son Imposante Pile de chapeaux. Fendant l'air de sa canne en frôlant de peu le visage de la Sith, le bougre s'inclina profondément - son serviteur aussi, lequel grimaça avec son pauvre dos qui souffrait - puis ôta sa pile de chapeaux en un geste à la fois délicat et comique. Puis la pile de chapeaux repartit réchauffer son cuir chevelu. Pinçant la moustache, l'inconnu se mit à s'exprimer d'une voix chantante et claironnante :

Seigneur, que la foudre me frappe si je mens mais voilà assurément la plus belle de toutes les mies que j'ai pu contempler en ce bas royaume terrestre !

La quoi de quoi qu'il a qui ? Rien compris. Qui était ce grossier personnage qui pourtant dégageait une indéniable classe ?

Pardonnez mon hardiesse Milady ! Votre humble serviteur qui se présente à vos pieds d'une exceptionnelle beauté s'en est retrouvé le souffle si coupé qu'il en a oublié les bonnes manières ! Companione, vous penserez à me réprimander au retour pour mon manque de galanterie.
Si fait, Sir.
Je me nomme Roland-Arthous Flimberg, Baron des 7 Terres Darguliennes ! Mais l'on me connait plutôt sous mon titre honorifique, le Gentle Manne of Leisure. Quadruplement honoré de faire votre connaissance, Milady... ?

Eut-elle voulu répondre à ce triste sire qu'elle n'en eut pas le temps car le bougre reprit la parole séance tenante.

Oh mais quel béat imbécile je fais ! Pour obtenir le nom d'une telle colombe échouée parmi nos pâles frontières, il me faudrait déjà en être digne ! Souffrez donc que je m'en montrasse un jour digne si le cœur vous en dit ! Companione, veuillez gratifier ma Muse sacrée de cette étincelante journée d'une offrande de ma part je vous prie.
Avec la plus grande forfaiture, Sir.

Le dénommé Companione sortit alors de la poche de son manteau ce qui semblait être un appareil de comm' mais qu'elle identifia en fait, après l'avoir reçu des mains du vieux majordome, une puce de crédit avec une somme à retirer à la première banque venue.

Sachez, ô Muse adorée de tout ce qui est saint, que mon âme ne saurait reposer en paix tant que je ne connaîtrais point votre patronyme divin qui vous fut attribué, j'en suis certain, lorsque à votre naissance vous montrâtes un don à nulle autre pareille pour la perfection. Sachez également que... Seigneur, mais qu'est-ce donc que CECI !?

Ceci, c'était une humaine à peu de choses près du même âge que le Gentle Manne et vêtue d'une robe aussi extravagante et débauchée de couleurs chaudes que dénuée de tout chapeau. Fendant l'air de sa canne, Flimberg sembla soudain empli d'une fureur et d'un mépris confinant à la folie.

AH-HA ! Vous ici ! Vous êtes aussi PRÉSOMPTUEUSE que PAUVRE et TETANE ! Ne souillez point la majesté de ma TOUR DE CHAPEAUX.

Ensuite de quoi, à grands pas furieux, il disparut, suivi de son fidèle Companione. Quant à l'étrange dame, elle se contenta d'hausser les épaules et fit un signe grossier dans le dos du Gentle Manne avant de laisser là la Dame Sombre qui, interloquée, n'avait pas la moindre idée de ce qu'il venait de se passer. En revanche, une fois rentrée et connectée par holo-terminal à une banque, elle découvrit avec ravissement que la puce de crédit n'était pas d'une somme dérisoire. Si étrange qu'avait été cette matinée, elle avait été également productive.

Restait maintenant à attendre la venue de son apprentie.


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