- mer. 1 août 2018 21:43
#33412
Quelques jours après un séjour sur Ryloth ...
Une vengeance. Non, c'était un trop grand mot. Une mise au point. Une mesquinerie. Une rencontre.
Après le coûteux achat de quelques hectares à la rentabilité tout à fait relative, Isabo, la Comtesse Daerenth, avait regagné Dargul. Son maître ne lui avait confié qu’une seule mission, une toute petite mission : courir chaque jour, une heure, deux heures, pourquoi pas plus, jusqu'à ne plus pouvoir poser un pied devant l'autre. Isabo n’avait pas avancé de question, elle le ferait, mais elle discernait difficilement l’intérêt de cet exercice pénible. L’endurance. La résilience. Qu'en savait-elle.
Ranath, de nouveau, voyageait seule.
Mille et une raisons menaient à Malastare. Business, contrebande, paris. La Dame Sombre, quant à elle, s'y rendait à l’improviste, rappeler à un arrogant imprudent qu’il avait abusé de sa patience. Par deux fois, celui-là lui avait fait faux bond. Il s’était excusé tout d'abord pour un négoce bancal, puis pour une invitation qu'il avait lui-même formulée et qu'il n'avait pas honorée. Le déplacement inutile avait valu à la Sith une colère démesurée et la promesse d'une vengeance certaine. Vengeance qui avec le recul, s’apparentait à un caprice. Mais peu importait le nom qu'on voudrait bien lui donner, cette correction aurait lieu.
L’Odonata se posa tard dans la nuit à Tedrem. Son pilote descendit la rampe d’un pas décidé, franchit le contrôle douanier sans sourciller et quitta l’astroport. Sa voie était toute tracée jusqu’à sa destination. Elle ne savait pas ce qu’elle y trouverait, mais c’était le seul endroit directement et évidemment relié au contrebandier. Pour une fois, la Sith allait le nez au vent, sans appréhension, sans anticipation. Elle aviserait sur place, gardant seulement à l’esprit son désir de destruction, qui avec les jours passant, était devenu une véritable lubie. Familière de ce genre de réactions impulsives, la Mirialan avait identifié avec précision l’origine de sa colère et la solution qu’il lui fallait apporter. D’ici peu, Iro Kehera serait un homme mort. Et rien ne faisait plus plaisir à Darth Ranath que de songer passer ses nerfs sur un idiot de son espèce.
Une heure complète fut nécessaire à la Sith pour rejoindre la banlieue miteuse où était situé l’atelier de l’escroc. La rue accueillait plusieurs garages de ce genre, tous aussi crasseux les uns que les autres. Arrivée devant la grille close de la cour boueuse de l’Aérolithe, Ranath reconnut la planque pourrie décrite par l’imprudent de Ryloth.
La Sith, d’un bond léger, attrapa le haut de la grille, s’y hissa, et franchit barrière d’acier rouillé. Alors que son regard balayait le cimetière de carcasses métalliques, quelque chose bougea dans le fond, contre le mur, juste à côté de la porte. Ce quelque chose était un quelqu’un. Il se redressa, n’avait rien d’un Dug. Il avait l’air d’un Humain, il en avait la silhouette. Il était armé, le plastique moulé brillait à la faible lueur des discrets néons de la rue.
- « T’es qui ? T'as pas vu que le portail était fermé… »
Il pointa le nez de son blaster en direction de la Sith mais n’avança pas. Elle s’approchait.
- « Stop. »
Encore un pas.
- « Je te crève. »
La Mirialan, sous sa capuche, esquissa un sourire moqueur. T'aurais déjà dû tirer.
- « Je viens voir Kehera.
L’est pas là. Casse toi. »
Il sautait à la conclusion bien trop rapidement pour la Dame Sombre.
- « Il m'a donné rendez-vous ici.
J’crois pas.
Demande à Barmo. »
Il ne répondit pas, semblant hésiter. Ranath laissa faire les choses. Finalement, la porte du bâtiment derrière lui s’ouvrit.
- « Tu causes à qui ?
Euh … bah … t'es qui ?
Liuhin Jama.
Quoi ? »
Le deuxième lui mit un coup de coude.
- « C'est Kehera que tu veux voir. Amène toi. Il revient bientôt. »
Aux oreilles de la Mirialan, cela sonnait comme un mensonge qu'elle ne releva pas. Elle rejoignit donc les deux idiots.
- « Fais voir ta tronche par contre. »
Sans un mot, elle saisit de ses deux mains, dont le dos était entièrement encré, les bords de la capuche et la rabattit en arrière. Ce qui frappa tout d'abord les deux hommes fut les deux tatouages rectilignes qui coulaient à la verticale, du front jusqu'au milieu des joues et qui couvraient les paupières, ainsi que le troisième trait qui remontait du menton jusqu'au dessus de la lèvre supérieure. La seconde chose qui marqua le duo fut la chevelure complètement tressée de minuscules tresses, des dizaines et des dizaines, prenant racine sur le crâne et se faufilant au coeur d'un chignon réalisé avec excellence. Enfin, ils remarquèrent, à la lumière qui s’échappait de la porte ouverte, les deux yeux bleus comme l’océan qui posaient sur eux un regard curieux. L’un lui fit signe d'entrer, l’autre se remit à son poste contre le mur, non sans grogner.
Dès son entrée dans le bâtiment, la Sith analysa son environnement. Le plafond était haut, au moins six mètres. Sur sa droite il y avait une large porte métallique devant laquelle était installé un pont de levage. Sur sa gauche, quelques étagères désordonnés et une carcasse à la peinture effritée. Dans le fond, il y avait deux tables éclairées par une grosse ampoule suspendue à même la charpente. Et vraiment tout au fond, un bar miteux. Sur la table de droite, quatre hommes qui jouaient aux cartes. Sur la table de gauche, deux hommes qui discutaient. Derrière le bar, un grand costaud qui planqua on ne savait quoi en voyant arriver une invitée. Tout ce petit monde fumait et buvait allègrement. Le regard de la Mirialan se promenait ici et là.
- « C'est qui ?
Elle vient voir Kehera. »
Rires étouffés. L'un fronçait les sourcils.
- « On s'est déjà vu, nan ? »
Elle haussa les épaules. Oui, il l’avait déjà vue. Sur Naboo peut-être. Ou sur Ryloth.
- « T'es la nouvelle copine de Kehera ?
Non, non. »
Rires tonitruants.