L'Astre Tyran

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By Helera Kor'rial
#32247
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Ambiance


« Mes enfants. Je dois partir à l’avant du danger. J’ai promis à votre père que jamais je ne l’abandonnerai, envers et contre tout. Et il y a … des problèmes. Je ne sais pas quand je pourrais revenir mes petits, ni même dans quel état. Mais je peux vous promettre une chose, je vous aime plus que tout au monde. Vous êtes dans mon cœur et dans ma tête à tout jamais. »

Helera se baissa et embrassa le front des deux bébés qui dormaient paisiblement. Une larme se fraya un chemin jusqu’à sa joue sans s’y décrocher. A peine furent-ils nés que déjà elle devait s’en séparer. La vie est si mystérieuse et complexe, si ingrate et intransigeante. Le bonheur était à portée de ses mains et pourtant si lointain désormais. Jamais cependant une vie sans son Prince n’était plus possible. Alors que l’épée de Damoclès pendait au dessus de sa tête, elle devait agir, comme elle l’avait toujours fait. Agir pour le sauver, pour lui donner du temps. Agir pour trouver une solution. Elle sentit une main sur son épaule et se releva lentement.

« Je vais m’occuper d’eux ne t’en fais pas. Ils sont en sécurité ici. »

Elle étira un sourire à Loran.

« Personne n’est vraiment en sécurité. Je crains juste de ne plus les revoir… »

« Tu reviendras Helera. Nous attendrons tous le retour de notre reine et nous protégerons ses enfants et son royaume en son absence. Tu as ma parole. »

ImageIl baissa la tête et posa son poing fermé contre son torse, au niveau du cœur. Helera plaça sa main sur sa joue et son front contre le sien. Tout n’était pas encore fini avant le départ. Son frère, le régent, saurait s’occuper de tout. Helera en était persuadée. Mais pourtant … Pourtant elle avait peur. Une nouvelle peur qui avait germé au creux de son estomac et qui la tétanisait à l’évocation de ce futur hypothétique. Choisir d’être privé de son amour ou de ses descendants ? Inconcevable. Un choix inhumain. Elle ne dit davantage de mots et le dépassa sur le côté. Elle prit la passerelle de pierre sur sa gauche vers le cercle des éléments. Franchie l’arc gravée de scène de chasse dans un mouvement de jupe contre les parois. Elle était rarement habillée comme cela, aussi … dignement ? L’occasion s’y prêtait particulièrement. Elle n’allait pas rencontrer n’importe qui. Un ensemble bleu et argent, avec des teintes lumineuses, sur un tissu qui lui descendait jusqu’au genoux, sur lequel elle portait un legging noir. On était loin des standards monarchiques, mais elle n’était pas n’importe quelle reine. Elle ne suivait que le code qu’on avait bien voulu lui apprendre, ignorant alors tout des us et coutumes des autres. Une rétention d’informations à son égars à cause d’un isolement plus ou moins voulu du reste de la galaxie. La reine arriva alors au niveau du cercle, devant le brasier éteint, devant lequel l’attendait son prince et la navette qu’ils allaient emprunter. Mais avant cela, elle se tourna vers le village en contre bas, vers le peuple hétérogène qui le composait, qui attendait sagement comme à leur habitude. Elle les regarda tous un à un, croisa quelques regards. Elle ne souriait pas, ne pleurait pas, était totalement déterminée à aller jusqu’au bout de ce choix. C’est avec cette langue gutturale si particulière qu’elle s’exprima, dont les sons si caractéristiques heurtaient la sensibilité humaine. Un langage de barbares diront certains, mais dont la richesse dépassait bien au-delà du simple standard galactique.


« Nelvaan. »

Le premier mot prononcé leva une brise qui s’infiltra à travers ses vêtements et voler ses cheveux attachés et sa robe. Althar vint se poser à ses côtés.

« Au-delà des étoiles, dans le Nord, s’étend un empire. Un empire bien plus puissant que nous le sommes actuellement, un empire intransigeant et ferme. Un empire qui était autrefois mon foyer … »

Elle baissa la tête tandis que quelques flashs revinrent en tête.

« Aujourd’hui cet empire menace le Prince et avec lui l’entièrté de la planète. Je ne peux pas laisser faire cela. Je ne peux pas déssament abandonner nos valeurs de cohésion envers Althar, membre de la meute et qui partage ma vie. »

Helera lui attrapa la main.

« Je vais aujourd’hui à l’avant du danger mes frères et soeurs et je ne sais pas quand est-ce que je pourrais revenir. Je ne sais pas comment je vais pouvoir revenir. Nelvaan sera administrée par Loran tandis que vous continuerez les démarches pour aggrandir notre propre empire. Je vous ai promis les étoiles, je vous ai promis l’expansion et je vous ai promis la liberté. Je ne vous décevrai pas. Souhaitez moi bonne chance car je vais rencontrer l’Intraitable. Que la Force soit avec vous et que la grande mère vous protège, à tout jamais … »

Loran apparut de l’autre côté, sa barbe au vent et ses cheveux qui voletaient aux grés de la brise. Il leva un poing en l’air et prit un air impérieux, toisant le peuple sous lui.

« Pour la Reine et pour le prince ! »

De nouveau il plaça son poing son torse et baissa la tête, imitée par la foule qui hurlèrent à leur tour la dernière phrase. Au loin, elle vit la vague des hommes loups et des Gris qui baissèrent un à un la tête, tandis que leur poing touchait leur cœur. Helera termina dans un murmure.

« A jamais nous sommes liés, à jamais nous sommes frères … »

Helera fit alors volte face et se dirigea vers la navette qui devait les emmener dans les étoiles, à l’intérieur du territoire le plus dangereux de toute la galaxie. Elle laissa quelques temps à Althar s’il devait dire quelques mots à son frère de clan tandis qu’elle s’installa aux commandes du vaisseaux. Le vaisseau d’Althar qui avait été vidé et vérifié, sur lequel on avait scanné l’entièreté de la coque et qui serait comparé à un scan après la réunion pour attester de la présence ou non d’un objet non désiré à bord. Les précautions étaient de mises. Tous les voyants au vert, elle attendit quelques secondes que son amour ne vienne la rejoindre. Helera finalement était cernée de ses efforts récents dû à la naissance de ses deux petits. Pas le temps de se reposer cependant. Elle posa sa main sur la sienne et tourna légèrement son siège dans sa direction.

« Je t’aime mon amour. Quoi qu’il se passe, je t’aime … Je ne te le dis surement pas assez et j'espère être à la hauteur de ce que tu attends de moi. Bon, partons vite. Ils me manquent déjà. »

Et elle ne parla pas du peuple cette fois ci. Helera s’était promis de rester forte et de ne pas flancher tandis que l’image de ses enfants continuaient de la harceler. Ses deux petits bijoux. Elle avait l’impression de les abandonner déjà, de les laisser seul sur cette planète tandis qu’elle partait déjà à l’aventure. Elle avait l’impression de revivre sa propre enfance quand ses parents l’avaient laissé à feu son maître Jedi. Peut-être que … Non, il ne fallait pas penser à cela. Helera souffla lentement pour chasser toutes ses pensées parasites et fit un premier saut en direction du centre galactique, là où ils attendraient le premier passager, et pas des moindres. Cette rencontre, elle ne l’avait pas espéré de cette manière, mais pourtant, cela ne la stressait plus. Non, elle avait d’autres choses en tête désormais qui était bien plus importante, et l’ombre de l’Intraitable flottait au dessus d’eux comme un nuage noir de malheur. A destination, ils n’attendirent pas longtemps. Le temps qu’Althar confirme les codes d’authenticité. Une autre navette s’approcha alors de la leur et s’y amarra. Helera se leva la première et entraina le prince à sa suite. Ils y étaient, première étape du plan. Esperons qu’elle ne soit pas jugée attivement sur sa condition. Althar lui avait donné ses recommandations. Elle s’y tiendrait. La porte finalement s’ouvrit et laissa apparaître un homme à la barbre grisonnante. Une sorte de papy auquel on aurait envie de faire des calins quand il racontait des histoires. Seul le regard trahissait son allure et sa noble prestance dû à sa place dans la galaxie. Un charisme naturel s’échappait de cet homme qui la boulversa. Il était un roi, un vrai de vrai. Un de ceux que l’on entend dans les histoires épiques. Un roi impérieux, noble et fort. Helera n’osa pas croiser son regard et se baissa presque instantannément. Elle attendit finalement que tout le monde parle et que son tour ne vienne pour proclamer, le regard vers le sol.

« Votre majestée … J’aurai aimé vous rencontrer en de meilleures occasions. Je suis la Reine de Nelvaan, Helera Kor’rial. Enchantée de vous rencontrer. »

Première étape. La peur ne la quittait plus désormais, tandis qu'ils se rapprochaient toujours plus de l'étau qui serait le signe de leur trépas. Elle avait peur ... Comme jamais auparavant elle n'avait pu le ressentir.
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By Althar Fanrel Keto
#32294
Rattrapé par la réalité. C'est le sentiment qui l'habitait depuis l'appel. Un après-midi, bercé par un repos mérité de deux jeunes parents. Comme si le destin avait fait le choix d'épargner ce funeste présage à une mère qui donnait naissance. L'hésitation d'un père à contacter son fils avait permis ce petit miracle, offrant à cet instant de vie la saveur totale qu'elle devait avoir. Non, cet après-midi là, celle qui faisait le jour et la nuit chez lui profitait d'un instant de calme pour s'assoupir dans les bras de son Prince, lui-même luttant contre le sommeil pour regarder ce drôle de message prioritaire qui animait depuis quelques minutes son datapad. Un message de son père. Une source d'intenses questionnements que seule la projection holographique du visage marqué par le temps pourrait éclairer. La voix était familière, mais pas comme à l'accoutumée. Pas plus que ses mots ne furent porteurs de bonne nouvelle. Cette incarnation paternelle, loin d'imaginer qu'à quelques mètres de là dormaient ses petits enfants, en expliquait plus qu'il n'y avait à en dire. Plus qu'ils n'en n'auraient jamais souhaité, spectateurs d'un dialogue impérial qui les avait déjà condamné. Celle pour qui il avait abaissé le son jusqu'à la limite de l'écoute ne dormait plus. Peut-être même écoutait-elle depuis le départ, dans cette découverte imprévue d'un membre lointain de cette famille nouvelle. Ses pensées le trahissaient, tout autant que sa peur déraisonnable, aussi neuve que les deux jeunes vies supplémentaires qui occupaient l'espace. C'est ici que tout pris fin, dans cet instant silencieux où seul le manque de sommeil arriva à calmer ce qui l'habiterait désormais jusqu'à cette rencontre finale.

Les jours suivants ne furent pas normaux. Elle, et ses arguments. Tous les arguments possibles et imaginables, qu'il n'arrivait pas à réfuter face à la perspective de la décevoir. Sa propre faute, qu'elle voulait partager avec lui. Pour une autre femme, à une autre époque, dans un autre monde. Cela le paralysait, comme un spectre de mort planant sérieusement au derrière de sa propre silhouette. Une faute qu'il avait regretté, et qu'il ne pouvait pas regretter plus qu'à cet instant. Cette dernière nuit sur Nelvaan, et ce sommeil qui ne venait pas. Il les observa longuement, de ses yeux embués d'une tristesse infinie. Deux enfants qu'il ne devrait pas quitter, lui, et surtout pas elle. Tout avait changé. La Galaxie, la Nouvelle République, et surtout eux deux. Jamais il n'aurait pu imaginer être là, à cet instant, à l'heure où l'Empire, lui, ne changeait pas. Réfugié au milieu d'un monde connu de si peu, il trouvait néanmoins la capacité de le punir. De lui retirer la vue de ces petits êtres pour qui il était prêt à tout sacrifier. C'est impossible de se résoudre à les quitter, et pourtant s'il le fallait il était prêt à tout accepter pour les sauver. La prison. L'humiliation. Kessel. La mort. Tout ce qui pouvait garantir que ces deux créatures de son sang pourraient grandir en paix. Tout avait changé. Et le passé l'avait rattrapé.

Il s'était préparé dans le silence des mauvais jours. Ses pensées, sombres, avaient été ponctuées par la tristesse d'un adieu humide lorsque leur mère était partie s'habiller. Un dernier instant volé, et un déchirement. La perspective de les perdre pour toujours, par sa propre faute. La culpabilité éternelle d'un amour stupide. S'il avait suivi Helera, cette fois-là, rien ne se serait passé comme ça ... Il laissa place à leur mère en s'efforçant de faire bonne figure. Le menton haut, l'allure princière. Et une peau de bête, sur les épaules, ajout récent à l'élégance élancée de son manteau bleu impérial, apanage de sa faute. Son regard se perdit une ultime fois vers cette image d'une famille réunie et son ventre se serra. Le froid chasserait ses idées, c'est ce qu'il se disait. Courir, ou presque, pour se réfugier à l'extérieur, pour chasser les sentiments. Ses yeux, qui appréciaient pourtant toujours la vue d'un ciel dégagé, s'étaient réfugiés dans la contemplation nauséeuse de la pierre sur laquelle il reposait. Cette culpabilité était aussi source de honte. Cette détestation de ses propres actes, en sachant que tout est de sa faute. Il se redressa pour se rapprocher légèrement d'Helera, tout en restant en retrait. Et ne toujours pas regarder ce qu'il y avait en-dessous. Même cela, il avait conscience de le menacer. Tout pouvait être rasé et envahi, ravagé par la peste d'un Empereur qui voudrait le chasser. Tout cela il le menaçait de sa propre présence. Comme s'il avait oublié, en arrivant, que le monde autour de Nelvaan existait encore. Qu'il était menaçant, et que ce paradis pouvait être foulé du pied à la moindre erreur. S'il avait crainte celle qu'il ferait dans le futur, il avait oublié de redouter celle du passé. Ce discours, de toute manière, lui rappelait qu'il n'était pas de cette planète. Qu'il n'était pas un vrai membre de ce peuple. Tout juste un ajout, bon à mener leur Reine à sa perte, et à changer sa vie dans le mauvais sens. Des brides prenaient sens chez lui, peut-être aidées par les pensées qui se formulaient dans l'esprit de sa compagne, mais c'était tout. Ce n'était pas sa langue. Il n'était pas de ce monde. Son prénom, qui le tira de sa rêverie, et finalement un salut à la Reine, qu'il fit comme tous les autres. Un visiteur dévolu à l'autorité royale. C'est tout ce qu'il était. Il n'y avait pas de place pour lui, ici. Un regard vers ce peuple suffit à l'en convaincre, l'amenant finalement au dernier visage qu'il verrait en partant de là. Ce frère de clan qu'il s'était pris à jalouser éperdument. Althar ne trouva pas de mots à formuler. Tout juste un long silence, les yeux dans les yeux, et finalement une accolade sincère. Il éprouvait de l'attachement pour ce Roi en devenir, avec toute l'émotion de l'amour familial. Mais il n'en restait pas moins celui dont il voulait la place. Celui qui, ici, serait le père de ses propres enfants. Cette idée le révulsa d'autant plus, le pressant pour repartir vers leur navette. Un salut Nelvaan, une dernière fois, et tout leur joyeux rêve innocent d'une famille en pleine construction prit fin.

Plus de regard en arrière. Plus de choix. Affronter ses propres erreurs, pour leur bien à tous les quatre. Il traverse le vaisseau, laissant au passage son manteau pour pouvoir s'installer au siège de co-pilote. Faire bonne figure, oui. Faire mine de s'intéresser, de savoir. De ne pas penser à eux. Que tout ceci n'est qu'une formalité. Il entama les vérifications, mais une main se posa sur la sienne. Pour être honnête, à chaque fois que ces deux astres bleus étaient entrés dans son champs de vision, il n'y avait eut que fuite et crainte. Cette fois encore, le vaillant Prince n'osa pas affronter ce regard de glace qui avait tant de pouvoir sur lui. Pourtant elle a formulé des mots, peut-être les seuls à même de percer cette carapace sombre dans laquelle il s'était réfugiée.

    « Je ne te mérite pas ... » formula-t-il dans un chuchotement.

Le vaisseau avait pris une bonne hauteur, déjà, et les étoiles n'attendaient plus que leurs explorateurs du moment pour s'élancer. Des données copiées, une dernière vérification, et l'étrange sensation soudaine d'une vitesse intense lui parcourut l'estomac. Cette fois, il se redressa pleinement devant son siège et ne se gêna pas pour tourner celui d'Helera vers lui. Faire face à ses peurs. Faire face à celle qu'il aime. Eperduement. Toujours. Sa main trouva sa joue avec tendresse, et son visage se rapprocha du sien lentement.

    « Je ne serai jamais à la hauteur de ce que tu fais pour moi ... mais je peux te dire que je t'aime ... Je t'aime bien plus que mes actes ne te le montreront jamais ... »

Ses lèvres se posèrent sur les siennes, et ce fut tout. Un aveu. Une vérité. Un remerciement informulé pour celle qui tenait les rênes de leur destinée avec plus de sérieux que lui. Comme à chaque fois, elle était incassable. Inarrêtable. Un métal de glace que rien ne faisait fondre. Un poids qu'il aurait dû lui ôter. Et qu'il s'acharnerait désormais à le faire, autant que possible, faute de pouvoir s'occuper de leurs enfants. Elle était là, et pour cela, il devait tout faire pour elle. Ce baiser était une rédemption suffisante pour lui tirer son premier sourire de la journée. Ils feraient ça ensemble, pour qu'une famille se réunisse de nouveau. Son corps le ramena lentement à sa place sur son siège, duquel il vérifia une dernière fois qu'ils étaient bien sur la bonne route. Un dernier regard, cette fois, et un sourire complice.

    « Je ne sais pas si quelqu'un a pensé à te le dire ... mais tu es magnifique dans cette robe ma Lera ... »


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Ses bottes retentissaient dans l'espèce de zone d'accueil, dont le sas semblait verrouillé. Le verrou magnétique des deux vaisseaux fit trembler l'ensemble, sous ses pieds, mais il n'en tint pas compte. Couvert par sa cape bleue, il était aussi sobre que sa tenue. Mille pas avaient été faits en attente de ce moment. Il redoutait ce qui allait arriver, mais peut-être que tout ça lui avait fait comprendre l'importance de ce fils avec qui sa relation allait et venait. La faute était certainement partagée, mais la perspective d'avoir à appuyer sur la gâchette, le canon appuyé contre la trempe d'Althar, lui avait fait l'effet d'un électrochoc. Son propre fils. C'est peut-être pour ça qu'à cet instant il était plus impatient que véritablement inquiet. La chose s'était faite avec plus de rapidité et de volonté qu'il ne l'aurait cru, cela annonçait au moins quelque chose de bon. Et finalement, le sas s'ouvrit, pour en dévoiler ses deux occupants face à un Roi étonné. Un sourcil réhaussé accusa réception de la plantureuse demoiselle qui accompagnait le Prince, refroidissant un instant le père qui voulait accueillir son fils.

Althar avait suivi Helera en lui rappelant les derniers conseils. La manière de faire. Quoi dire, selon lui. Un accord implicite entre les deux sur l'artificialité du protocole mais pour lequel ils n'avaient pas tellement le choix. C'était une façon de répéter avant de se présenter devant l'Inévitable. Les mains princières ajustèrent légèrement le derrière de la robe, dans un dernier geste intime, et l'une des deux se sacrifia finalement pour aller se glisser dans son équivalente kuati. Main dans la main. Elle semblait moins sereine, il le sentait. Pourtant ils n'en dirent rien, pas même avant que la porte ne s'ouvre. Simplement un sourire, pour elle, pour lui montrer qu'il était heureux de la savoir là. Lui non plus n'était plus inquiet. Pas face à son père. Le vieux Roi finissait enfin par connaître celle qui occuperait la même table lors des repas sur Têta, et qui présiderait à ses côtés lors de certains évènements. Enfin la bonne, enfin celle qu'il n'avait pas peur de montrer à ses parents, celle qui rallierait le peuple et celle avec qui il vivrait. Helera. Douce et splendide Helera. Il n'y avait là plus de doute. Plus de questionnements, juste ... le regard de son père. Hm. La tenue était-elle trop parfaite pour une première fois ? Il faut avouer qu'elle a le don de la mettre en valeur, à tel point que même Althar s'en trouva étonné. Une Helera en robe se trouvait finalement être tout aussi magnifique qu'une Helera guerrière. Comment pouvait-elle encore douter de sa prestance royale ?

Malgré tout, c'est le fils qui fit le premier pas dans ce duel de regards. Sans lâcher la main de sa promise, il s'avança simplement et inclina le buste, comme un conseiller face à un Roi.

    « Père ... »

De la froideur, ici ? De la distance ? Pour des raisons qui n'avaient que peu de choses à voir avec la gêne équivalente chez les Kor'rial, l'un et l'autre eurent un instant de flottement. Une mauvaise habitude. Qui pourtant s'effaça à l'instant où l'un et l'autre s'avancèrent pour une accolade franche et virile, marquée par le contexte particulier qui les réunissait. « Althar. » L'aîné souriait finalement, flattant un instant la joue de son fils pour voir s'il s'était bien remis de toute cette maladie qui l'avait éloigné de son Royaume. Oh oui, c'était une bonne excuse. M'enfin. Malgré l'air fatigué du couple, il n'en dit rien et tourna son regard vers la jeune femme, tout en restant à proximité de son fils.

    « - Ne nous présentes-tu pas ?
    - Ha oui, pardon ... Helera, voici le Grand Vizir de l'Empire, Grand Moff du Noyau Profond, et Roi des Neuf Mondes de Koros, Rhedatt Fanrel. Mon Père. »

Une présentation un peu lourde, mais qui rappelait un instant la situation, et faisait office de véritable ouverture. Rhedatt inclina légèrement la tête, incitant par la même à ce que la jeune femme se présente. Althar n'avait nul besoin de parler pour elle, bien au contraire. Et c'est ce qu'elle fit avec brio, le père se rapprochant d'elle plus nettement. Le geste qu'il fit ensuite n'était de toute façon pas inconnu à Helera. Au contraire. Il ne dégageait pas la même chose, mais la symbolique était la même : un baise-main, et une forme de respect qui se lisait sur son visage.

    « Les circonstances sont ce qu'elles sont mais c'est toujours un plaisir de rencontrer quelqu'un de nouveau. Je suis enchanté, Votre Majestée. Cependant ... » Il n'eut pas le temps de finir.
    « Avant que tu ne le demandes, Père ... Helera, ici présente, sera mon avocate, en quelque sorte. Elle est celle qui m'a sauvé la vie, lorsque ma santé déclinait ... elle et son peuple ... Je lui dois d'être toujours là aujourd'hui, et c'est pour cela que j'ai en elle une confiance aveugle. Et toi aussi Père. Elle ... Elle est ma compagne, la femme que j'aime plus que tout. Nous espérions venir vous voir bientôt sur Têta, normalement ... Helera, voici mon père, donc, et père, voici Helera, ta belle-fille. »

Parfois il fallait mettre les pieds dans le plat. Et ce n'était là qu'une infime partie de tout ce qu'il aurait pu avouer à son propre géniteur. Il avait ressenti l'espèce de détresse de celle-ci, ce qui l'avait amené à se rapprocher toujours plus d'elle au fil des mots. Sa main s'était finalement glissée dans le dos d'Helera, avec douceur. Côte à côte. Face à Rhedatt. Le Prince était souriant. ll regardait Helera, mais également son père. Serein. C'était ça le plus étrange. Finalement, le dire, l'énoncer haut et fort, tout ça faisait du bien. Il lui donnait d'autant plus de réalité, loin de leurs enfants qui n'étaient plus qu'un souffle lointain au creux de son esprit. Le Roi, lui, observait Helera. Hélas, le luxe de lui jouer la carte de la mine renfrognée ne lui était pas permis, il se contenta donc d'un sourire, et d'un nouveau geste.

    « Je suis ravi de te connaître, dans ce cas, Hélerra. »

C'est ainsi qu'il amena la familiarité de l'homme qui accepte une situation. Un baiser sur sa joue, de sa barbe douce, et un sourire qui lui était adressé pour la rassurer. Il était loin du méchant loup, c'était certain. Peut-être que l'heure d'être un papi joueur était venue pour lui, maintenant. Après tout ce temps et toutes ces vies. Ce calme qui l'habitait ne dégageait aucune violence. Pas même un questionnement. Il tourna les talons, invitant les deux tourtereaux à le suivre. Sans s'en rendre compte, le vaisseau avait déjà entamé le départ quelques instants plus tôt, lors des présentations. L'intérieur semblait sobre et largement maintenu dans un état impeccable. Un vaisseau diplomatique, ou quelque chose dans le genre. Cela se sentait dans l'ambiance, et l'absence d'une bonne partie du personnel. Spacieux mais pas trop. Juste de l'élégance dans les traits élancés, et de la sobriété dans les éclairages et les peintures.

La figure paternelle s'était déjà éloignée, mais le Prince avait retenu la Reine. Il souriait bêtement, en la regardant. Ses joues étaient un peu chaudes, rougies par tout ça, mais il semblait content malgré tout. Ses deux mains se posèrent sur les hanches de la jeune mère, chez qui seules les traces de fatigue permettaient de comprendre ce qu'elle avait fait il y a si peu de temps.

    « Tu es merveilleuse ... tu es tellement merveilleuse ... N'en doutes jamais, surtout qu'il t'a déjà accepté, tu vois ... Tu es ... merveilleuse ... »

Ses lèvres chassèrent les siennes, après cet échange murmuré, sous l'oeil d'un père amusé dans l'encadrement de la porte. Le Prince mena ensuite sa belle son bras sous le sien jusqu'au lieu qui serait certainement celui du rassemblement pour les quelques jours à venir. Le voyage ne se ferait pas aussi rapidement qu'ils l'auraient voulu, mais ça, ils n'y pouvaient rien. Ce serait certainement la principale source de leurs frustrations. Perdre du temps. Encore et encore. Alors qu'une holo-conférence ne les aurait jamais éloignés autant de leurs progéniture. Mais il ne fallait pas y penser, il valait mieux se concentrer sur cet échange plus détendu qui s'apprêtait à avoir lieu. Installés autour d'une table confortable, dans la pièce principale, les deux avaient eu droit à une visite express du vaisseau. Le lit serait un peu petit pour deux, mais cela ne devrait pas poser un soucis, surtout après avoir goûté à une Helera enceinte. Rhedatt était face au couple, assis sur une seule et même banquette.

    « Je me disais bien que c'était étrange que tu ne sortes pas, et que tu restes autant avec nous, la dernière fois que tu étais sur Têta ... Ceci explique cela, et je dois avouer que je le comprends tout à fait, ma jeune Reine, votre beauté vous honore. »

Les yeux plissés, Althar jeta un regard à son père avant de retrouver la chaleur bien connue de la main droite d'Helera.

    « - Je me demande comment va réagir ta mère, par contre ... Une Reine qui la concurrence face à son propre fils ... Est-ce que je dois préparer le terrain ?
    - Je crois que ce ne sera pas nécessaire ... Nous viendrons certainement après tout ça, si tu es d'accord Helera ? Nous devrons rentrer récupérer des ... des affaires, et nous viendrons ... Ensuite ? »

L'interrogation n'était pas adressée à Rhedatt, mais à Helera. Si elle pensait être épargnée d'être mise au centre des affaires familiales, c'est qu'elle n'était pas tombé là où il fallait. Oh que non, elle serait mêlée à tout. Et pas qu'un peu. Surtout avec ces fameuses "affaires" qui les attendaient. L'envie de les présenter à ses parents était bien là. Peu formulée, peu dite, comme un souhait de vivre uniquement dans leur univers nelvaanien. Mais au fond de lui, cette demie année passait loin de Têta creusait l'envie de revoir un peu de sa civilisation. De son monde. De sa famille. Changer d'air, pour mieux retrouver Nelvaan ensuite. C'était sûrement égoïste. Il n'était qu'un égoïste, c'est ce qu'il disait. Mais voir ses parents avec leurs deux petits enfants dans les bras serait si ... Hm. Il n'y a pas vraiment de mots pour décirer cette pensée. Simplement un ressenti, une forme de fierté, de chaleur quelque part dans la poitrine, et le bonheur d'offrir à Helera un peu plus encore que ce qu'elle a déjà. Mais il fallait qu'elle soit d'accord. C'était peut-être l'occasion de briser la glace ... A moins que cela fasse une trop grande absence de Nelvaan. Sûrement. Non, ce n'était pas une bonne idée, ce n'était pas le bon moment de partir, avec l'expansion, avec tout ce qui se prépare et tout ce qui se joue. Elle pouvait sentir son revirement mental, même s'il n'en montra rien.

    « - Ha, d'ailleurs ... Je ne crois pas connaître votre ... Royaume, si c'est bien cela ? Est-ce son nom d'existence, ou sa localisation ? N'y voyez pas une curiosité déplacée, simplement, au cas où vous ne seriez pas au fait du rôle du Grand Vizir, j'ai notamment à ma charge une bonne partie des questions diplomatiques de l'Empire. Et si vous voyez où je veux en venir ... Peut-être seriez-vous intéressée par une normalisation des relations, surtout s'il s'avère qu'avec mon fils ...
    - Père. »

... Cela devient sérieux. C'est ce qu'il allait dire, et c'est ce qu'Althar a coupé, avec un peu de lassitude dans la voix.

    « D'accord, d'accord, je ne veux pas vous mettre la pression, et ce n'est pas une condition de toute manière pour que vous ayez le droit de supporter celui-ci ... Mais si vous venez sur le devant de la scène, n'oubliez pas ma proposition n'est-ce pas ? Cela évitera certains problèmes, peut-être. »

Althar leva les yeux au ciel, se serrant un peu plus contre Helera. Il pensait tout autre chose, même s'il savait qu'il disait vrai. C'était le prix à payer pour cacher la vérité de la situation d'Helera. Criminelle. Condamnée à mort. Peut-être que tout ceci pouvait apporter du bon. Ou peut-être pas. Elle seule avait le choix.

    « Cette question réglée, passons donc au vif du sujet. Je ne vais pas vous cacher que je ne sais pas comment cela se passera ... Je n'ai pas quitté l'Empereur en très bons termes, même si je lui ai arraché cette entrevue. Je ne sais pas ce qu'il a en tête. J'ose croise que ce n'est pas un piège, qu'il ne ferait pas ça, mais ... je ne sais pas. Je n'en ai pas la moindre idée, à vrai dire, et c'est ce qui m'inquiète. Je pensais ... je pensais commencer à la comprendre, et finalement, non. A part qu'il est prêt à tout. Mais s'il met cet effort en oeuvre, peut-être qu'il a quelque chose en tête. Je ... n'aurai jamais pu me résoudre à te dénoncer publiquement, Althar ... Ce qu'il me demandait ... »

La voix se tût. La main du Prince serra légèrement celle d'Helera. Il n'affichait rien. Il ne voulait pas le montrer. Pas le laisser entrevoir. Pourtant il s'était trahi à l'instant où il avait préféré se concentrer sur l'épaule de la kuati plutôt que de parler. C'est toujours facile de dire qu'on peut être sacrifié. De dire qu'il était caché, chez elle, sans que personne ne le sache jamais. Qu'il aurait dû le faire, pour son bien à lui et celui de sa mère morte d'inquiétude. Et la gratitude, informulée, de la sécurité de ce lien de sang, n'aurait-il dû pas l'exprimer ? Dire merci que son propre père soit prêt à sacrifier tout ce qu'il avait pour le protéger, lui et tout ce qu'il pouvait aspirer à être ? Ses lèvres finirent par formuler un baiser sur cette épaule, avant de s'ouvrir pour parler.

    « - Est-ce que .. maman va bien ?
    - .. Oui, même si tout ça lui pèse ... Tu ne lui as pas donné beaucoup de nouvelles, mais elle ne t'en tient pas rigueur, tu sais comment elle fait. Même si avec tout ça elle sera heureuse quand elle t'aura enre les mains, même si tu risques de prendre quelques gifles. Si en plus tu lui ramènes ta compagne, cela risque d'être très animé ... Enfin, nous le verrons vite, n'est-ce pas ? »

Le père se voulait amical, presque taquin, au milieu de cette gravité. Sans pouvoir s'en empêcher, regardant tour à tour Althar et Helera comme pour s'assurer que les deux comprenaient qu'ils seraient bien reçus en revenant. Une manière de les inciter à se déplacer, et à prendre le risque. La Royauté est vue comme rigide, mais ce n'est pas forcément le cas. Enfin, pas à sa manière. C'est pour ça que le Prince pouvait se permettre d'aller poser un baiser sur la joue de la Grise, tout en pensant à l'apaisement. Il ne fallait pas qu'Helera prenne peur. Tout ceci n'était qu'une plaisanterie, et ils seraient bien là-bas. Cela, elle devait le comprendre dans ses pensées.

    « - Oui, oui Père ..
    - Bon, tout ça nous éloigne du sujet. D'ailleurs ... Votre nom ... Hmmm ... Je viens de le remettre ... Kuat n'est-ce pas ? Vous avez des liens avec l'ex-Moff ? »


La question était posée sans jugement. Il n'était pas forcément un bon physionomiste des noms, mais Kuat a fait partie de ces évènements qu'il fut difficile d'ignorer. Une sorte d'onde de choc, et de paradoxe de communication entre silence d'un côté et forte inquiétude de l'autre. Une drôle d'affaire dans laquelle il n'aurait aimé être pour rien au monde. Hélas pour lui, ce nom était énoncé aujourd'hui. A l'heure où son avenir pouvait être en train de se jouer. Le destin fait parfois les choses très étrangement ...

    « Cela ne me regarde pas, à vrai dire. Simplement ... Il est très à cheval sur beaucoup de choses. Votre présence, rien que cela, est déjà une chose qu'il n'appréciera pas. Je vous le dis d'emblée, parce que je l'ai vu à l'oeuvre. Très carré, trop peut-être. Cela ne devait être qu'Althar et moi-même. Je peux vous encourager, encore, à rester dans ce vaisseau en attendant la fin de l'entrevue, mais si vous êtes là, face à moi, ce n'est pas pour vous arrêter, n'est-ce pas ? Peut-être qu'il vous fascine, ou peut-être que vous avez d'autres motivations, ça non plus cela ne me regarde pas, mais ... Je vous mets en garde. Tant qu'il est encore temps. Déjà, cela. On s'arrangera, dans un cas comme dans l'autre ... Je dirais que vous êtes une assistante, ou une infirmière pour toi. Mais si en plus vous dites que vous êtes de cette famille ... Hmmmm ... Est-ce que je devrais savoir quelque chose d'autre à propos de vous ? »

Un sourcil haussé.

    « - J'imagine que vous êtes là avec un plan en tête, et une idée de ce que vous comptez faire ? Vous ne prendriez pas le risque de menacer votre propre existence uniquement pour mon fils, si ? Cela fait longtemps que vous vous connaissez, si je comprends bien ...
    - Un an et demi, environ, peut-être plus ... Deux ans ? Déjà ?
    - Je vois ça. Mais dans ce cas j'aurai une dernière question. Hmmmm. La demande en mariage était pour une autre femme. Visiblement, vous étiez en plus en relation à cette époque ... Est-ce que le fait, aujourd'hui, de venir avec lui pour payer sa demande à une autre femme ne vous pose pas de problème ? Il posera la question. C'est une certitude. Il est encore temps de reculer ... »

Cette fois, le grand-père avait laissé fondre son masque de bonté pour retrouver celui de la figure impériale. Une autorité qui n'était pas menaçante, ni n'offrait une quelconque crainte. Mais le sérieux d'un homme aux yeux grands ouverts et à l'air grave. Cela eut au moins le don de faire se redresser Althar, qui posa sa seconde main sur celle d'Helera. Pas question de flancher.

    « Ne mets pas en cause notre amour, Helera est la future Reine de Têta. Toute cette affaire est ... bien plus compliqué que cela ... »

S'ils savaient ... oh que oui, s'ils savaient ...
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By Helera Kor'rial
#32295
Les présentations étaient posées. On y était. Lui, l’homme qui avait plus de titre que la galaxie ne comportait de planète. Le procréateur de son amant, l’Inévitable Roi d’Impératrice Têta la préstigieuse. Helera déglutit tandis qu’elle n’avait pas vraiment fière allure face à cet homme dont la noblesse s’échappait de son aura. Une noblesse qu’elle ne pouvait qu’approcher en tant que petite roturière. Ce grand homme qui s’était approché d’elle, d’un pas plus que décidé, alors même qu’elle avait failli reculer sous la menace qu’imposait sa présence. Non, il sépara ses deux mains liées pour n’en garder qu’une dans la sienne et y déposer un baiser dessus. A cet instant, Helera se tourna vers Althar tandis que le roi était baissé. C’était donc de là que cette manie lui venait ? Intéressant. Althar prit directement sa défense sans qu’elle n’ait à le faire. Non, ce n’était pas à elle de parler. Elle les regardait l’un et l’autre, essayant de trouver les points de ressemblances, les différences. Tout ce qui faisait des deux hommes des Fanrel. Sa belle fille, aie. Heureusement que le prince se rapprocha de lui pour la supporter parce qu’elle se sentait déjà partir dans les limbes. Un regard à son prince, sans un sourire, puis vers le roi, qui ne cessait de la fixer. Cinq secondes. Ce fut le temps pendant lequel elle réussit à soutenir son regard, avant de l’y baisser. Fallait-il soutenir le regard d’un roi ? C’était bien là une question à laquelle elle n’avait pas posé de questions. Helera ne connaissaait pas tous les protocoles malheureusement, et elle devait se cantonner aux quelques « on-dit » qu’elle avait reçu lors de ses voyages. C’était le premier roi légitime qu’elle voyait de sa vie, aussi le comportement se devait de suivre. Pas facile en effet. Les mains jointes au niveau de son bassin, Helera restait stoïque, alors même que le roi passa directement au tutoiement. Pouvait-elle le faire ? Assurément pas. C’était ainsi qu’elle se rappela de son cher prince face à son propre père. Carn, cependant, n’était qu’un vieil ermite abattu par la vie et par l’erreur de sa fille, guidé par sa propre erreur. Etait-ce d’ailleurs un cas similaire maintenant ? Assurément pas. Le Roi Fanrel ne faisait pas d’erreur. Comment le pouvait-il ? Il posa un baiser sur sa joue, et elle en fronça imperceptiblement les sourcils. Ce n’était pas un peu familier cela ? Drôle de coutume. Mais qui était-elle pour juger ? Chez elle, on dansait presque nu autour d’un feu en fumant des plantes hallucinogènes. Nouveau regard à Althar, qui pu y lire toute l’inquiétude qui planait chez la jeune femme. Déjà il fallait bouger. Helera avait directement cherché la main d’Althar quand le regard du roi n’était plus sur eux. Était-ce mal de se comporter si familièrement avec le membre de la famille royal et descendant de Têta ? Trop de questions …

Pas le temps d’y répondre non plus, Althar l’arrêta au détour d’un couloir pour l’y enserrer par les hanches. Tandis qu’Althar lui parlait, elle jeta des regards en direction de l’endroit où était partie le roi son père. Quand elle attesta que la voix fut sûre, elle tourna finalement son regard vers son prince.

« Non, enfin on vient de se dire bonjour. Et puis … Il y a tout le reste… »

Son anxiété bien que clôturer spirituellement pour ne pas polluer Althar était bien visible macroscopiquement. La fatigue des récents événements lui offrant peu de maîtrise de soi. Trop de pressions et de fatigues…

« Excuse moi … Je suis … »

Pas la peine de terminer, elle accepta le baiser salvateur donné par son prince. Un peu d’oxygène pour continuer son escalade de la montagne qu’était ce paternel. Et encore, Rhedatt n’était que l’inévitable. Il y a des monts bien plus inaccessibles que d’autres. C’était bien cela qui lui faisait peur, qui plus est. Finalement, ils reprirent route vers une petite salle qui aurait servit de salle de restaurant tant les sièges étaient rembourrés. Un holo au milieu de cette dernière, ambiance sobre. Quelques signes impériaux, dans le doute où l’on oubliait avec qui l’on parlait. Sa mère ? Pire ? Concurrence ? Helera déglutit de nouveau et vint trouver la main d’Althar. Si ce dernier aurait mis plus de temps pour se rapprocher d’elle, ce n’était pas son cas. Elle enroula son bras autour du sien et garda sa main près d’elle. Un geste familier ? Après toi, le roi lui avait fait un bisou. C’était sans doute normal. Ou au moins, pas anormal.

« Non, non. Je ne veux pas lui faire concurrence ni ne me montrerait encombrante ou intrusive. »

« Les affaires » ? Venait-il d’appeler ses enfants, des affaires ? Après tout, il avait raison … C’était malheureux, mais … Oh et oui, ils ne savaient pas … Gloups. Sa mère allait la tuer. Peut-être même le roi qui sait ? Cela dans tous les cas n’avait pas tellement d’importance car l’Intraitable ne les avait toujours pas relaché vivant. Ou relaché tout court. Althar eut beau essayer de la réconforter mentalement, Helera se retenait juste de s’enfuir en courant.

« Ce serait un honneur de visiter votre capital, votre majesté. Avec … nos affaires. »

Helera se tourna cette fois vers Althar et haussa seulement un sourcil. Elle ne pouvait pas priver ses enfants du royaume qui allait leur revenir de droit. Même si elle avait peur que tout n’allait pas fonctionner comme sur des roulettes. Calme. Séreinité. Conneries quand deux grosses têtes viennent de sortir de votre utérus. Finalement, Rhedatt continua. Nelvaan. Ha. Le sujet qui était pendu sur toutes les lèvres. Althar lui avait dit : Honnêteté. Pas de faux semblant. La Force était toujours aussi mystérieuse. Alors qu’elle protégeait ce secret bec et ongle, la première personne à laquelle elle révelait son existence, était le deuxième d’un gouvernement contre lequel elle voulait justement la cacher.

« Nelvaan est un petit royaume sans localisation stratégique, ni ressources de luxe, ni même quoi que ce soit d’exploitable. Continuellement sous la neige et … »

Non, peut-être pas parler des Horax. Trop tôt. Toujours parler de sa planète comme n’ayant aucun intérêt. C’était la clé, selon elle. Peut-être était-ce la mauvaise personne à laquelle dire cela. Surtout quand il saura pour les enfants. Il se pourrait alors qu’il les accepte mais refuse qu’ils vivent sur Nelvaan. Trop de paradoxes, compromis. Helera ne savait plus trop quoi dire, ni comment le dire. Normalement, ce n’était pas elle l’oratrice du couple. Elle continua de serrer bien fort la main de son prince.

« Question de rapprochement diplomatique, votre proposition m’honore, mais Nelvaan est située dans le Sud galactique, bien loin de l’empire. Je ne connais pas les tenants et aboutissants des relations diplomatiques, mais cela ne voudrait-il pas dire rentrer en guerre contre la république ? Nous n’avons pas de quoi nous battre, ni même ne le voulons. Althar sera mon guide pour ce genre de question. »

Ignare qu’elle était. Chacun son domaine après tout. Althar ne le savait pas encore, mais c’est lui qui allait s’en occuper. Sujet suivant. Le vif même du sujet. Sa majesté en plus ne la rassura pas davantage. Le deuxième était faché avec le premier et il pouvait redouter un piège. Comment le prendre autrement qu’avec de l’inquiétude ? On ne cuisinait pas un homme comme cela, ni n’allons-nous contre son jugement. C’était bien cela le problème. Helera était sans doute la médication, le punch ingball de toute cette entreprise dont Althar n’avait pas encore eu vent. Et donc il ne devait rien savoir pour l’instant. Le sujet de nouveau relancé sur sa mère, Helera était déjà ailleurs, repensant à cette entrevue avec l’homme de fer. Un homme bien trop droit et trop concentré pour n’être qu’un être humain. Il paraissait sans faiblesse. Cela était faux, bien entendu, mais Helera ne voulait pas la chercher. Cela aurait été sans doute un manque de respect. Elle pensait à ce moment que se présenter à lui humblement pourrait sans doute amener à une réponse automatique de sa part tout aussi humble. Les variables étaient nombreuses en effet et toutes relations réthoriques, ittératives ou par récurrence n’allait pas dans le sens qu’elle voulait. La case prison semblait inévitable, même sans avoir pioché la carte correspondante. Pas de possibilité de faire un six non plus. Helera releva la tête quand elle entendit son nom. Puis d’un baiser sur sa joue. Helera réaffirma sa prise autour du bras princier.

« C’est mon oncle. C’est de là que tout a commencé en fait. Le point névralgique de la mésentente avec l’empire. Les actes de mon oncle qui m’ont plongé dans la case « ennemie impériale ». Les RI m’ont … Enfin pas la peine de remettre l’histoire, vous connaissez sans doute mieux les rapports. »

Il était le second, il était surement au fait de tout cela. Evidemment, avec la version RI des choses. La fausse donc. Ce sujet était épineux et n’allait de toute manière pas dans son sens. Non, il fallait éviter.

« Si je puis me permettre votre majesté, je ne sais pas déjà ce que vous savez sur moi. »

Il fallait le dire. Finalement, elle opta pour un récapitulatif de l’histoire.

« J’ai servi l’empire pendant plusieurs années au sein de l’Inquisitorius réformé. Nous avons participé à la … heu … A la suppression des éléments obscures liés à l’époque des Sith. Nous faisions parti de l’équipe qui a récupéré l’Executor. Nous avons sauvé quelques officiers. Ce genre de missions. Mon chef est mort, il y a eu Kuat, et j’ai été désavouée du jour au lendemain. »

Première pause. Enième inspiration pour contrôler le stress.

« Je l’ai déjà vu alors qu’il n’était qu’un Grand Moff. Il sait déjà tout cela. J’étais allé le voir parce que j’avais eu la vision d’un empire qui propulsait la destruction des … de mon organisation. Il me fait plus peur qu’il ne me fascine, pour être honnête. Et j’aurai mieux aimé faire toutes les autres activités de la galaxie que d’aller le voir. Me faire passer pour l'infirmière me va très bien. Et puis finalement, ce n'est pas si loin de la réalité. Cet homme a en plus en sa possession une technologie capable de neutraliser la Force. Face à lui, je ne suis rien. »

Les deux dernières phrases étaient réservées à Althar. En présence de Lui, plus de connexion, plus de Force, plus rien. L’immense noir de la réalité banale et insipide. Cela cumulé avec son état … Elle espérait qu’elle allait avoir assez de force pour tenir. L’avenir serait témoin. A la prochaine phrase, Helera répondit au tac-o-tac.

« Si. Et sans hésiter. »

Son existence était liée à Althar. Son destin ne serait pas différent du sien. Ou pas mieux en tous cas. Encore une fois, il y avait un plan derrière tout cela. Et quel plan … Le sujet de Leia fut évoqué, avec toute la froideur d’un interrogatoire qu’elle connaissait si bien. Pourtant, cette formalité la rassura quelque peu. Cela rentrait dans le cadre dans lequel elle avait eu ses années de formation. Le cadre hiérarchique. Sortir du commandement et d’être seule à décider vers un autre cadre où l’on obéissait. Depuis combien de temps ? Deux ans déjà, sans n’avoir reçu ni suivit d’ordre ? Il était peut-être temps de s’y remettre pour aujourd’hui.

« Aucun problème Votre majesté. Je sais pourquoi il veut le voir. Ma loyauté est sans faille, malgré ce que l’on peut dire sur moi. Je ne reculerai devant aucune menace, devant aucun officier, seigneur de guerre ou dirigeant galactique. »

Impérieuse, son visage se fit plus dur et elle releva naturellement le dos pour s’y présenter plus droite, plus confiante, déterminée. Les couleurs de sa robe se refletait sur son visage et ses cheveux attachés en tresses derrière son crane y étaient comme incrustés.

« Je ne permettrai pas que l’on fasse du mal à ceux que j’aime votre majesté. Même si mes chances de succès son minces, même si je ne peux prévoir le futur au-delà de cette réunion, j’irai. Car plus qu’un devoir, cela en va de l’intégrité de ma famille. »

Car s’il ne l’avait pas compris, sa famille était à côté de lui. Prochainement, sûrement en face également. Helera était de ces lionnes qui ne permettaient pas que l’on menace son clan. Elle était de ses louves qui protégeaient leurs biens férocement. Bien loin d’être aggressive naturellement, elle n’en restait pas moins l’une des plus hargneuses combattantes de cette galaxie.
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By Althar Fanrel Keto
#32398
S'il y avait bien une chose qu'il n'avait pas imaginé voir lors de cette rencontre, c'était bien la détresse de sa compagne d'infortune. Elle qui levait si aisément le menton, qui s'affirmait contre la Galaxie s'il le fallait, s'en trouvait pourtant presque démunie face à son propre père. Etait-ce une preuve qu'elle prenait leur relation très au sérieux ? A moins que ce soit une facette qu'il n'avait pas vu, celle d'une timidité politique que son statut de Reine n'avait pas chassé ? Il s'en fichait bien, de toute façon, du moment qu'il était là pour faire en sorte qu'elle se rassure. Il ne s'était pas posé autant de questions, qui plus est. Son père qui rencontrerait la femme de sa vie, c'était d'une évidence qu'il était prêt à se fâcher avec son père pour qu'il accepte celle qui deviendrait Reine un jour. Serein, et nettement plus inquiet pour la rencontre avec l'Empereur que celle avec son père. Cela résumait bien leur situation, après tout, dans cet inverse constant qu'ils représentaient tous les deux, et qui les faisait autant s'apprécier. Elle était une double-face constante qui arrivait toujours à le surprendre. Une tendresse et une timidité cachées sous la protection d'une assurance et d'une force à nulle autre pareille. C'est cette femme là, cette complexité à toute épreuve, qui est la source de son émerveillement de ses sentiments pour elle. Et puisqu'il est hors de question d'en rater l'occasion, cette fois encore elle faisait la démonstration de ces multiples facettes face à un Roi dont la curiosité était piquée. De la jeune femme presque gênée elle s'affirmait avec la grâce et la conviction d'une véritable Reine.

Mais avant d'en venir là, il avait fallu passer par quelques étapes. Ses joues rougies face à l'idée qu'elle serait confrontée à une mère légèrement protectrice, mais également une acceptation à l'invitation de venir sur Têta. Un bon moyen de faire naître des ponts non ? Oh oui, peut-être cette réunion imprévue serait complexe à aborder pour elle, mais elle était encore loin de ce qui se déroulerait sur Têta lorsqu'elle viendrait. Nul doute qu'un couple royal, un grand repas et pourquoi pas même une grande célébration suffiraient à l'accueillir. Et si en plus leurs deux pierres précieuses étaient présentées à cette même occasion, ce serait la planète entière qui serait en fête ! Ha, oui, heureusement qu'elle a accepté de venir. Ce serait ça de moins à la convaincre. Vinrent les formalités diplomatico-religieuses, qu'un Grand Vizir qui se respecte ne put maintenir loin de lui bien longtemps, comme un rappel qu'ici rien n'était innocent. Même elle, qui voulait cacher cet Empire en construction permanente, et qu'elle déléguait à qui le souhaitait. Sauf en cas, où un jeune Prince père de deux adorables anges fut surprise d'être mêlé soudainement à ces questions sans l'avoir vu venir. Ha bon. Tiens, cette fois c'est pas Loran, le fameux Roi, qui s'en occupe ? Il a trop de choses à faire, entrer gérer l'Ordre, la planète et leurs enfants, c'est ça ? Tsss. Passé cet instant de flottement et cette jalousie mentale, il adressa un sourire entendu à Helera. Pas question de montrer qu'il n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle voulait faire, ni que leur couple pouvait avoir des faiblesses communicationnelles. Le père regarda le fils, et un simple « Je t'expliquerai ... » permit de passer finalement au vif du sujet.

Le rendez vous, et la présence d'Helera. Son père n'y était pas forcément allé avec la diplomatie qui pouvait être sienne quand il le voulait. Cette fois, c'était avec une certaine rugosité que les mots avaient mené à une interrogation concrète à la Grise, et à tout ce qu'elle représentait. Difficile d'appréhender quelqu'un qu'on ne connait pas. Et si elle pensait qu'il avait accès aux dossiers de tous les citoyens de l'Empire, hélas, elle se trompait. Tout ceci ne le regardait pas, et était loin d'être son domaine de prédilection. C'est là toute la profondeur de l'Empire : omniprésent et omniscient, d'une autorité sans borne, mais au pouvoir diffus. Chaque chose à sa place, chaque pouvoir là où il doit être. Un Grand Vizir ne maîtrise pas les ennemis politiques. Le BSI, lui, oui, et d'autant plus l'Empereur. Une machine très bien huilée, et destructrice. La preuve en était ce rendez vous. Si Rhedatt était incapable d'agir pour son fils comment pouvait-il être au courant des dangers bien plus grands que représentaient les Kor'rial ? Ha, douce ironie, l'Empereur comprendrait bien vite ce dont il s'agirait, lui. A leur défaveur complète. C'est là qu'entre en scène le caractère si singulier de la présence féminine de cette assemblée. L'honnêteté, et la détermination. Une langue des plus douces qui savaient devenir acérées le moment venu. Elle en démontra toute son étendue, soudainement, abandonnant très lentement la timidité qui était sienne pour l'aveu le plus total. D'un côté, Althar la regarda avec un étonnement qu'il eut du mal à contenir, laissant presque entendre qu'il découvrait ce passé en l'entendant pour la première fois. De l'autre, Rhedatt haussa un sourcil face à cet aveu complet qu'elle lui faisait sans qu'il ne s'y eut attendu. Peut-être avait-il trop froncé les sourcils, pour qu'elle crache tout de la sorte. Hmpf. Bon, il n'en restait pas moins qu'elle n'était pas la gentille Reine gênée, accrochée à son fils, qu'elle paraissait être. Sous ce si délicat visage se cachait une vie d'aventures et surtout d'une chose que nul n'aurait deviné d'un simple regard : elle était une sensitive. S'ajoutait à cela les services rendus à l'Empire, et une famille liée à la perte d'un monde clé de l'Empire. Un palmarès que seul le silence fut capable d'accueillir, Rhedatt presque décontenancé par la quantité de choses qui entraient en jeu à cet instant.

Althar lui aussi ne trouva rien à dire. Cela ne faisait pas partie du plan, l'honnêteté oui, mais à ce point là ... Est-ce que du bien en ressortirait ? Est-ce que son père était capable d'accepter que son fils soit en relation très intime avec une sensitive ? Et surtout, est-ce que tout ce qu'elle a fait pour l'Empire suffit à effacer tout le reste ? Il n'en revenait pas. Elle venait de tout dire, là, comme ça. Cette femme était une source constante de surprises. Et il aimait ça. Tellement qu'il serra la main de celle-ci pour l'embrasser, avec un espoir innocent qu'elle avait réussi. Son père semblait en pleine réflexion. Et lui, comme un idiot, venait d'oublier cette histoire d'appareil à couper la Force, trop pris dans cette surprise pour se rendre compte de la portée de tout cela. Ce n'était qu'un détail à côté de ce qu'elle venait d'avouer à son père. Cette femme ... cette femme ... rhaa cette folie ... Qu'est-ce qu'il peut l'aimer, sans qu'elle ne s'en rende compte. Aussi folle que de lui faire des enfants. Bon sang. Son père enchaina, avec une dernière salve de questions, un dernier souhait pour comprendre l'ensemble du spectre. La toile allait finalement être complétée, bien qu'il manque deux silhouettes sur celle-ci. Mais le gros de tout cela serait bien exprimé, et étalé sur toute la table. Le passé. Le présent. Et le futur. Héritage, espoir, et craintes. C'est ici qu'elle pouvait jouer sa plus belle carte, sans le savoir, et qu'elle le fit. D'une certitude telle qu'elle réussit, par son dernier mot, à le convaincre. Une seule chose pouvait réussir à atteindre le patriarche. Une seule et unique chose que son propre fils continuait de mettre en avant, à un degrés plus faible, mais avec d'autant plus d'actualité. Une chose qui les réunissait, à cet instant, et qui motivait toute l'idiotie de ce qu'ils s'apprêtaient à faire. Une chose qui tira un sourire au têtan, et un regard destiné à son fils avec un air impressionné. La famille. Ultime sacrement d’un groupe uni par des sentiments peu communs. Ultime objet à protéger envers et contre tout. Une chose pour laquelle un Roi avait été prêt à sacrifier son trône. L’air entendu qu’avaient pris les deux Fanrel en était presque surréaliste. Comique, même. La discussion était d’une gravité sans nom, et pourtant l’un semblait étrangement satisfait, alors que l’autre était fier. Une femme d’exception, aurait-il voulu dire à voix haute. Mais cela ne restait qu’une pensée, audible uniquement pour celle qualifiée de ces mots. Peut-être bien qu’elle avait sa place au sein de cette autre famille, elle aussi. C’est comme ça que pouvait être perçu le baiser très calme d’un Althar dans les cheveux pour une fois coiffés de sa demoiselle.

Mais Rhedatt ne commenta pas. Son petit sourire disparut et le corps fatigué du vieux Roi, qui ne l’était pas tant en vérité, se redressa avec délicatesse. Les mains jointes dans le dos, il dévoilait au regard cet uniforme d’une élégance nette, et aux marques d’appartenance quasiment invisibles. Le col, remontant très haut, ne faisait que renforcer cette impression de gravité qui se dégageait de son attitude. Et c’est avec un pas des plus posés qu’il entama sa réflexion, tournant en rond dans l’allée centrale de la pièce où ils se trouvaient tous les trois. En silence. Et en réflexion. Le regard d’Althar resta sur lui pendant quelques secondes, peut-être le temps de chercher quoi dire, avant de finalement se reporter sur Helera. Silence.

    « Hmmmm … Je crois que … Enfin, il me semble que ton père m’a dit cela, Helera .. Il … il aurait connu mon père c’est bien ça ? Comment s’appelle-t-il .. Carn Kor’rial ? »

Parfois il était nécessaire de mentir pour que les choses se réalisent. Cette histoire qu’il avait entendu de la bouche-même dudit Kor’rial ne lui était pas inconnue, loin de là. Mais il fallait aussi construire des ponts. Bâtir les liens. Assurer la prise. Althar était un homme innocent, et plein de bonnes volontés. Cacher le fait de réfléchir à une situation est facile, peut-être même la plus simple des choses à faire. Cette rencontre entre sa famille et Helera était l’objet de ses pensées depuis longtemps, depuis que l’évidence de leur relation l’avait amené à envisager ce moment. Comment faire, dès lors, pour être sûr qu’elle soit acceptée sans heurts ? Beaucoup d’idées, beaucoup de possibilités, et quelques moyens simples. La carte « jeunesse aventureuse » était un risque à prendre de toute manière. Soit il acceptait la possibilité de ne pas en avoir honte, soit il rejetait en bloc tout cela. Cela ne pouvait pas être pire, de toute manière, que de savoir ce qu’avait été la jeune et fringante reine aux cheveux blancs.

Mais ce n’était que supposition, tout dépendrait de la manière de faire d’Helera. Cette séductrice au grand cœur ne se débrouillait pas si mal jusque-là.

    « Ce que vous me dites est vrai ? L’histoire de l’Executor, et de tout le reste ? Quant à la purge c’est la manière habituelle de l’Empire de remercier ceux qui l’ont servi … Votre œuvre pour chasser l’héritage d’une époque malheureuse a porté ses fruits … Mais je n’ose pas imaginer ce que .. cela doit faire d’être de l’autre côté. Hm. J’imagine que les remerciements viennent trop tard. »

Sa marche s'arrêta, et il échangea un court regard avec elle, avant de reprendre.

    « Vous êtes courageuse, je le conçois pleinement en vous voyant ici, à avouer ce qui ne devrait pas l'être. Je ne sais ce qui vous attend si ... Vous avez dit l'avoir rencontré ? Cela c'était bien passé ? Est-ce qu'il est susceptible de vous recevoir sans trop d'animosité ? Vous êtes une ... comment faut-il le dire ? Une personne dotée de cette ... capacité ? Je ne veux pas paraître condescendant, ou insultant même si j'ai encore du mal à vous envisager en tant que telle. Cela fait bien longtemps que je n'ai guère croisé une personne telle que vous, et je ne sais plus qui croire, après tout ce temps. Même les Jedi ne semblent pas foncièrement à leur place dans la Nouvelle République ... Est-ce que ... »

Il se stoppa une nouvelle fois, les sourcils froncés. Il semblait empli d'un questionnement auquel il ne trouvait pas de réponse, au fond de lui. Croire ou ne croire, craindre ou ne pas craindre ... Ses yeux finirent par observer le couple qui ne s'était pas éloigné, loin de là.

    « ... je dois me méfier de vous ? Ces choses dont vous êtes capables, ces choses qui ont voués les vôtres à l'extinction, elles sont vraies. Tout autant que l'histoire a été parsemée de vos guerres et de vos influences. Mon passé, et celui d'Althar, est imprégné de tout ceci, il n'y en a qu'à voir les archives et tout ce que nos musées ont été obligés de recouvrir le jour venu. »

Ses paroles étaient crues. Suffisamment pour que son propre fils, celui dont le don s'était semble-t-il révélé quelques mois plus tôt, ressente un malaise. Certains sujets, qu'ils soient évidents ou non, sont réservés au silence. A l'interdiction d'une discussion qui aurait pourtant été nécessaire. L'Empire. L'Empereur. Les sensitifs. Des choses qui ne se discutent pas à table, qui ont pu passer 30 années sans être évoquées une fois, pour se rendre compte que rien n'est aussi simple qu'il n'y parait. Pas de haine simple, et pas d'innocence incarnée. Une vérité, un avis, une compréhension variable de la situation. Cette Force miraculeuse que l'Histoire avait finalement sacralisée par son importance capitale dans l'évolution de la Galaxie, et de leur monde. Ces tableaux couverts d'une toile, et ces ailes de musées emplies de poussières. Ce passé réécrit pour que rien ne soit découvert. Et leur retour, dans le reste de la Galaxie. Son père parlait, et ne semblait plus être la froide inexpression de son Empire. Il était devenu le regard intense de celui qui doute, la main invisible qui cherche à savoir si on la frappera dans l'obscurité de ce monde, ou bien si quelqu'un l'attrapera pour un meilleur futur. Tant de mots et de pensées inutiles pour n'exprimer que l'occasion saisie par un vieil homme pour éprouver des convictions qu'ont lui a imposé.

    « L'attaquerez-vous ? Votre but est la vengeance pour ce qu'il vous a fait ? Ou bien puis-je croire que l'innocence de vos traits n'est pas le masque de l'assassin ? »

La dramaturgie n'aura pas suffit à empêcher une réaction d'Althar. Il était encore loin de se projeter dans ces traits qu'on avait assigné il y a 30 années à ceux comme lui, il n'avait pas fait toutes ces choses. Mais c'était d'Helera dont il était question, et cela, il ne le permettait pas. C'est pour cela que son bras vint entourer les épaules d'Helera, avec fermeté, pour la serrer contre elle.

    « - Père !
    - Soit, ce débat n'en est pas un, et ce n'est pas l'objet de notre rencontre, je le crains. Et comprenez bien que je n'ai rien contre vous, ni contre les vôtres.
    - Papa ... »
Le mot avait changé. Une familiarité soudaine retranscrite en un simple mot si peu utilisé par le passé. Il sonnait presque étrangement, aujourd'hui. Même pour elle. Son sens avait changé. Il était lui-même devenu un ... papa ? Ce mot si particulier qui le faisait frémir, et ressentir des sentiments à mille lieux de son propre père. A cette évocation c'était ses deux louveteaux, ses petit êtres plein de vie, et qu'il venait d'abandonner, qui le hantaient. Bien avant qu'il n'en ait conscience ils seraient capables de l'appeler, et ce mot deviendrait un élément courant de sa propre vie. Papa. Il rencontrait l'Empereur pour les épargner. Pour leur permettre de vivre. Papa. Bon sang, qu'est-ce qu'ils étaient en train de faire ? A quoi rimait cette façon de faire, et ce débat inutile et inconscient ? Le luxe qu'ils avaient était peut-être celui de s'offrir une rencontre parentale, mais pas une engueulade ou quoi que ce soit d'autre qui pourrait naître d'une telle discussion. Sa belle-fille était sensitive, il devrait s'y faire. Elle n'était pas la seule dans la Galaxie, et ne le serait jamais. Même ses petits enfants le seraient, alors qu'il se taise, et qu'il écoute, pour une fois.

    « Ecoutes-moi. S'il te plait. Quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe ... Je ne te demanderai qu'une chose ... Protèges Helera, s'il te plait. Protèges la pour moi, parce que je te le demande, parce que je suis ton fils, et qu'elle est comme ta fille. Utilises la diplomatie, ou je ne sais quoi d'autre, je t'en supplie, si cela doit mal se passer, il faut ... il faut qu'elle puisse rentrer ... Elle ne fera rien d'inconsidéré, rien de fou, mais elle doit ... elle doit retourner sur sa planète ... C'est .. c'est compliqué ... »

Les mots s'adressaient avant tout à son père, mais Helera ne manquait pas non plus dans l'intention princière. Deux visages arrondis et gazouillants s'étaient ancrés dans son esprit, et cette pensée était devenue envahissante. Presque trop, même, lorsque ses yeux se reportèrent sur Helera.

    « Je suis prêt à .. à abandonner le trône s'il le faut, Père, pardonnes moi ... je dois protéger ma famille, protéger ce qui importe ... et .. les choses ne sont plus comme avant ... c'est ... je ... »

Quelque part au fond de ses entrailles sa conscience lui hurlait d'avouer. De se libérer de cette charge, pour tout expliquer. Mais ses yeux détaillaient avec frénésie le visage kuati pour y trouver une force quelconque. Celle de résister, ou celle d'aller au bout de cette envie. Les rouages avaient finis lentement par se mettre en ordre de marche, et par s'aligner. La tension, l'inquiétude, et la famille. Et ses yeux bleus. Ses magnifiques yeux bleus, horizon indépassable de cette vie à laquelle il aspire désormais.

    « Il n'y a que la paix qui vaille le coup d'être préservée ... cette Galaxie mérite mieux ... ses ... ses habitants méritent mieux, les plus jeunes méritent un monde où ils pourront ... s'épanouir librement ... je peux tout sacrifier sauf ... la paix, Père ... sauf leur paix ... »
Il n'avait rien dit jusque-là. Simplement observé. La roucoulade de son fils, l'alchimie palpable entre les deux, difficilement contestable, et l'attitude de l'ensemble. Quelque chose planait. Ce n'était pas l'entrevue, ce n'était pas cette peur-là. Autre chose. Sa manière de parler, et cette façon de la regarder. Il aurait fallu être stupide ou aveugle pour ne pas s'en rendre compte. Ce qu'il demandait ne lui ressemblait pas. Même sa conscience politique, qui s'était ravivée il y a un peu plus d'un an ne prenait pas une forme aussi ... intime. Son fils était un mystère depuis longtemps, un enfant perdu, que le trône avait trop malaxé au prix d'un dégoût prononcé de sa part. Mais il avait fini par revenir, et tout avait pris sens aux yeux de ces deux parents. Même s'ils ne le montraient pas, même s'ils ne l'exprimaient pas, il restait leur fils, leur petit garçon suivi avec une certaine distance depuis toujours. Un petit Prince au fort caractère, mais rien qui n'aurait pu les empêcher de comprendre. Ces petits mystères qui n'en étaient pas avaient bien changés, maintenant. Depuis quelques mois, depuis cette nouvelle vie, et visiblement cette nouvelle compagne ... il y avait autre chose. Quelque chose qui détournait son regard, non plus vers son père, mais vers elle. Il avait dit tant de choses avec une telle portée sans pourtant lui faire face que cette fois il ne comprit pas. Toujours debout, il incarnait la solitude, à cet instant, mais pas la colère, ni la rancoeur. Seulement, il fallait qu'il comprenne, avant qu'il ne soit trop tard. Qu'il découvre, qu'il les fasse parler.

    « Quoi ... ? Althar ? Qu'est-ce que cela signifie ? Et Têta ? »

Il jeta un regard à Helera, qui le regardait sûrement pas, mais dont l'essentiel relevait à y cacher sa détresse.

    « Est-ce une de vos idées ou de vos méthodes ? Je ne peux pas protéger ce que je ne comprends pas ... Althar, réponds moi ... »
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By Helera Kor'rial
#32399
Ambiance


Même s’il n’avait pas tout assimilé, les haussements de sourcils successifs lui indiquièrent au moins qu’il avait écouté ce qu’elle avait dit. Pourtant, avouer autant n’était peut-être pas ce qu’Althar avait ordonné de faire ? Elle ne savait plus. Helera s’était retournée vers son conjoint qui arborait le même visage étonné que son père. Première erreur, visiblement. Voilà pourquoi elle préférait taire son passé, taire ce qu’elle avait fait, et pour qui … Mais si Althar avait ordonné, elle avait obéi. Un ordre surement mal compris de sa part. Cedit Althar qui serra sa main plus fort pour y déposer un baiser. Récompenses ou justes condoléances ? Elle ne savait plus vraiment où se ranger, plus quoi penser. Rester calme, c’était la seule chose valable. Rester maître de soi et prétendre que l’on est assez fort pour affronter un empereur, alors qu’elle venait à peine d’accoucher de deux grosses têtes. Prétendre que le corps et l’esprit était toujours aux aguets alors qu’elle était mentalement plus faible qu’un asticot. Un rien pouvait ébranler l’illusion qu’elle mettait en œuvre, alors Helera restait de marbre et se posaient des questions. Inutiles, en soi, puisque ce qui avait été dit, l’était. Les deux Fanrels au final s’échangèrent un regard, visiblement positif, puisqu’elle n’y lu pas de haine ou d’envie de meurtre. Elle se pinça la lèvre et de sa main droite vint entourer le biceps d’Althar, tandis que le gauche restait encré dans la sienne. Puis, le sourire se târit aussi vite et la charismatique stature reprit de sa grandeur. Il se leva et débuta alors une marche de réflexion à travers la pièce. Helera se tourna vers Althar, ne connaissant pas ce que cela voulait dire. Ce dernier ne partagea pas cependant ce qu’il savait et directement passa à l’attaque en parlant de son père. La Reine se tourna enfin vers le roi. Mais rien. Finalement cela ne matchait pas non plus. Pour jouer le jeu d’Althar, elle continua néanmoins.

« Carn Kor’rial, oui. Pendant la guerre noire. Mais je n’en sais pas plus, il reste assez discret sur la question. »

Et a raison, cette guerre s’était soldée par l’éradication des Jedi et la promulgation d’un empire raciste envers les siens. Plusieurs des ses amis avaient été tués ce jour là. Un triste jour pour les sensitifs, mais surtout pour les Jedi. Non, Rhedatt n’en avait rien à faire, puisqu’il changea aussitôt de sujet. Helera toujours assiste, collée à son prince, était prête à recevoir les autres questions. Inspiration, expiration. Un peu de calme et tout repartait. Même pas besoin de passer une main dans ses cheveux parce qu’ils ne bougeaient pas. Pourtant, il remit sa parole en doute. Une technique d’interrogation afin que l’intéréssé(e) s’explique davantage ? Ou alors juste qu’il ne croyait pas en ses dires. Visiblement, il niait les rapports. Ou alors ceux-ci avaient déjà été modifiés ou effacés. Son passé au sein de l’empire n’existait peut-être déjà plus et il ne restait que le vague souvenir d’une femme aux cheveux noirs et au double sabre rouge, vagabondant à travers les missions à la recherche d’une identité. Perdre cela, c’était comme perdre une partie de soi au final…

« Je … heu … n’ai aucune preuve … De ce que j’avance. S’il n’y a rien d’écrit, quelque part, s’il n’y a pas de vidéos pour étayer mon propos, alors … Ca ne peut pas exister … »

Etre de l’autre côté ? De ? Contre les inquisiteurs ? C’était plutôt bien. Elle avait été du côté de la justice pour une fois et avait eu le plaisir d’arrêter ceux qui avaient instaurer la peur dans la galaxie. Qui d’autres n’auraient pas aimé le privilège que de remettre de l’ordre dans cette galaxie ? C’était toujours mieux que de tuer des Jedi, ce qui était leur deuxième but. Heureusement qu’elle avait été particulièrement inéficace à ce petit jeu là, car elle ne s’en serait sûrement pas remise.

« J’étais du côté de l’empire. Aucun remerciement n’est nécessaire, votre majesté. Je faisais ce que je devais. »

Lisser le poil, c’était le mieux. Elle avait aimé suivre les ordres, mais uniquement parce qu’il y avait Jenna à ses côtés. A l’époque, elle n’était pas aussi docile qu’aujourd’hui. Le sabre parlait, le sabre avait toujours parlé. Probablement pour cela qu’elle avait des lacunes oratrices aujourd’hui. Quant aux remerciements, les RI s’en étaient chargés. Ses loyaux services avaient été largement récompensés …

« Il était sur ses gardes je crois. J’étais venue le voir et il m’avait accueilli et écouté. Je crois cependant que je suis partie au bon moment car il avait l’air de se contenir de m’envoyer en geole. Je ne sais pas discourir, alors j’ai dû le froisser à maintes reprises. »

Question Jedi, elle n’avait rien à dire. Ce n’était pas son problème.

« Je vous prie de m’excuser votre Majesté, mais vous dites … « Les vôtres » comme pour signifier que nous sommes un peuple. Nous ne le sommes pas plus que les personnes qui sont gauchés de naissance. La différence est que nous entretenons des capacités extra-sensitives. Parmis ces personnes, et comme dans toute la galaxie, il y a de bonnes ou de mauvaises personnes. Je ne suis pas plus difficile à déchiffrer qu’une personne qui n’aurait pas ces capacités et je ne peux pas prétendre être meilleur ou moins bonne. Je ne suis pas différente des autres. Dire que nous sommes pareil, serait rapprocher les sith de mon entourage et … Je ne veux pas le pouvoir. Je ne veux pas la destruction, ni le chaos. Je ne veux rien de tout cela. Juste vivre, en paix. Juste … vivre. »

Encore une personne qui pendait d’eux qu’ils étaient tous comme ceci. Un racisme encré dans une société qui voulait leur perte. Un racisme né dans un empire dont la vocation était de détruire chaque personne qui se trouvaient différentes. D’abord l’identification, puis l’attribution des maux de la société. Et enfin l’annhiliation dudit groupe. On nait comme cela, on ne le devient pas par choix. C’est à ce moment là que prenait tout le sens de cette malédiction. On vous crachait dessus, on vous rouait de coup, parce que vous êtes différents … Et elle s’apprétait à rencontrer l’empereur de la doctrine. Elle n’allait pas s’en sortir vivante … Il porta un regard intense sur elle, et la question qu’il lui posa la fit chanceler. La pensait-il à ce point méchante et machiavélique ? Pourquoi est-ce qu’elle devait subir le jugement du premier regard et être assimilé aux pires de « son espèce » ? Pourquoi ne pouvait-elle jamais être considérée comme une femme avant d’être considérée comme une sensitive ?

« Je suis désarmée votre majestée. Et en sa présence, je n’ai aucun pouvoir. Ma parole ne vaut rien et ne saura illuminer ma pensé. Seuls comptent les actes. »

Parce qu’elle était également une maître sensitive et qu’on lui rabachait cela, alors elle envoya un peu de philosophie dogmatique des Gris. Qui pourtant s’acclimatait bien à la situation. Althar avait beau tenté de l’arrêter, Helera lui répondait simplement. Elle était juste amere, mais aucune colère ne s’échappait d’elle. Amère et ébranlée dans ses convictions. Encore une utilisation des « vôtres » suffit à Helera pour se renfermer. Pas la peine de discuter de ce sujet. Les « siens » étaient des assassins, alors à quoi bon tenter de discuter avec eux. Les siens étaient morts dans une guerre pour tenter de sauver le plus grand nombre. Les siens avaient fait de l’esprit de sacrifice leur sacro-saint. Mais non, on ne retenait d’eux que des assassins. Foutue politique. Et dans cette cacophonie mentale et pendant ce discours inquisitoirs où on lui avait craché dessus, elle en avait oublié son Althar. Son petit prince auquel elle avait commencé à desserer la main pour mieux se concentrer contre les attaques du parternel. Il parla pour elle et lui promettait des choses qu’elle n’allait pas tenir. Rien d’inconsidérée ? Sa seule présence l’était.

« Althar … »

Elle voulut le faire s’arrêter. Abandonner le trone ? Qu’est ce qu’il racontait. Sa détresse mentale arriva avec le retard de l’analyse de la Grise. Mauvaise pensée. Celle de ses enfants. Il n’avait pas le droit de les inclure dans cette réunion, il n’y avait pas leur place. Helera avait fermé son cœur pour ne pas revenir sur sa décision, et lui faisait en sorte que le poison se dilue dans son esprit, le regret. Il perdait pied et l’emmenait avec elle. La reine serra de plus belle sa main. Ce n’était pas à elle de l’avouer. Pas au père de son amant.

« Althar, ça va aller ... »

Piètre mensonge d’une femme qui ne savait plus quoi dire, plus comment lui remonter la morale. Qui en plus d’avoir été blessée dans son orgueille se trouva de plus belle déstabilisée par sa base Princière qui s’écroulait sous elle. Sa main droite caressa son bras, et son esprit tenta de le calmer, lui envoyant les ondes les plus positives qu’elle avait, pourtant … Pourtant le roi la prit de nouveau pour cible. Elle avait l’impression d’être la boite de Pendor, responsable de tous les maux. La nouvelle attaque du roi fut plus directe cette fois, et elle fut seule objet de l’artillerie royale. Sa défense explosa en petits bouts et elle fut tétanisée. La bouche ouverte, aucun son ne venait, tandis qu’elle restait figée à regarder ce roi dont le visage semblait prêt à lui lancer des éclairs. Finalement, elle baissa la tête et ne dit plus rien. Ne pas pleurer, pas comme ça. Sa respiration était chancelante et son esprit lui brûlait. Blessée, diminuée, fatiguée, Helera prenait sur elle-même pour ne pas sombrer dans la solitude spirituelle que lui imposait sa condition de jeune mère, de sensitive et d’ancien assassin. D’une petite voix, à peine audible, tenta-t-elle de répondre au roi.

« Non, votre majesté … »

Ses méthodes, ses idées … Elle en était réduite, ou élevée, au rang de conspiratrice Sith. Et il n’était que le premier pallier avant l’empereur. Après plusieurs minutes à se demander si elle était vraiment à sa place, si tout cela n’était pas qu’une erreur, si elle ne devait pas retourner dans son royaume de glace et s’enfermer dans la froideur de l’atmosphère, elle releva la tête.

« Ne me protégez pas, votre majesté … »

Elle tourna la tête vers son Prince.

« Althar, je suis une sensitive, traître à l’empire, assassin ou que sais-je. Je ne peux être protégée, ni même ne peux promettre de ne pas faire d’acte inconsidérée. »

S’il s’appréta à parler, elle lui en refusa, le temps qu’elle finisse. D’un geste de la main, elle chassa l’humidité sous son regard.

« Ecoute moi. Je savais en mon âme et conscience ce que je faisais en venant ici. Ne m’enlève pas le sens de mes actions. Je ne peux pas te promettre que tout se passera bien avec lui, mais il faut que tu te concentres sur … ce qui importe. Et si je ne reviens pas, tu prendras le contrôle de Nelvaan, Althar, tu prendras soin de … du peuple. Fais-le pour moi. Laisse moi te sauver cette fois. J’ai vécu sans mes parents, fais-en sorte que l’histoire ne se répète pas. Laisse-moi … faire … »

Elle chassa les nouvelles larmes en silence d’un autre revers de manche.

« Tu es bien plus digne que moi de gouverner, mon amour. »

Dans un dernier silence, un soupir, elle conclue

« Laisse moi sauver ce qui est important à mes yeux, et laver mon âme des péchés de mon existence … Je t’aime Althar, et quoi qu’il se passe, je t’aimerai toujours. »

Le verbaliser était toujours difficile. Non pas verbaliser son amour, cela avait été fait mainte et mainte fois, mais verbaliser que tout cela sonnait comme un ultime sacrifice, et que tout avait été préparé bien avant. Qu’au final, même avec leur poste les plus elevée, Helera avait prévu ce qu’elle allait faire, avait prévu de se donner. Une vie pour une autre, un destin pour une fin. Une boule dans la gorge ne demandait qu’à exploser, mais elle l’en empêchait. Finalement, ses yeux rougis se tournèrent une dernière fois vers le Grand Vizir.

« Ma personne, ma condition, mon passé… Je ne veux pas que cela vous soit une entrave, votre majesté. »
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By Althar Fanrel Keto
#32530
Les choses ne se déroulent pas toujours comme on l'imagine. Autant pour l'un que pour l'autre. Le patriarche s'était aventuré sur une voie qui n'était pas forcément la plus évidente pour lui, et encore moins la plus maîtrisée. Cette manière de rentrer dedans, de poser des questions incisives sans le vouloir, tout ça ne représentait pas forcément ce qu'il était au quotidien. Mais face à la stature de cette femme et au passé si singulier qui était sien, il n'y a pas d'attitude simple à avoir. Elle avait rendu des services à l'Empire, et pourtant s'en trouvait pourchassée. Et pire encore, elle semblait là, pantelante aux bras de son propre fils, dans l'incertitude de l'attitude royale. Sans le vouloir, certainement, la kuati avait appelée cette mise à la question si soudaine et si maladroite. Et le résultat en fut tout aussi confus, dans cette réponse plus humaine qu'il n'aurait pu jamais le croire. A la violence des mots elle opposa la faiblesse des sentiments. Et comme un coup que l'on donne trop fort contre un mur qui s'avère bien moins résistant qu'attendu, on en perd presque l'équilibre.

Même Althar n'avait pas bien perçu ce qui allait se passer. Son père aurait du l'accueillir, continuer sur sa lancée amicale initiale, et simplement se féliciter de voir son fils finalement heureux. Mais bien sûr que non. Jamais rien n'est simple, dans ce monde, jamais rien n'arrive comme il le devrait. Pas plus avec cette figure paternelle, qui avait eut le don de l'apaiser, qu'avec sa propre fiancée, qui s'était retrouvée sous un feu nourri sans qu'il ne réagisse. Même cette histoire de sensitifs, celle qui aurait dû le mettre à mal et le toucher à lui aussi semblait encore être une lointaine attaque ne le concernant pas. A cela, il était encore loin de s'y être fait en-dehors de Nelvaan, que ce soit clair. Et même avec Helera à côté, pris entre le feu de la puissance kuati et des attaques têtannes, tout ceci lui paraissait lointain. Il était un idiot. Un sacré idiot, même, dont l'apathie s'avéra fatalement douloureuse pour celle dont il avait la responsabilité, le temps de cette rencontre. Erreur suprême, désengagement total, et douleur intense. Ce sentiment furieux, ce malêtre profond, et cette tristesse. Stupide Prince. Son temps de réaction fut bien trop long. Les mots ne l'avaient pas atteint, pas plus qu'il n'était vraiment capable de se rappeler de ce que venait de colporter son propre père. Trop tard, le rubis perlait doucement sur la peau immaculée de sa Reine. Une intervention trop tardive pour se glisser au travers de ce front à moitié éteint, et une tentative désespérée de parler d'autre chose. De jouer la carte qu'il fallait pour que tout cesse.

Pour elle, pour eux, et pour l'Empereur. Sacrifier l'inutile au profit de la seule chose qui comptait. Sa propre famille, qu'il voyait se décomposer sous ses yeux avec le sentiment de n'avoir fait qu'empirer les choses. Ces quelques moments, dans leur relation, où il était à côté de la plaque le hantaient quelque peu. Ils n'étaient pas nombreux, mais cela venait toujours au pire des moments, à l'instant où il fallait lire dans son regard à elle combien elle souffrait. N'est-ce pas terrible de souhaiter protéger quelqu'un et de le blesser encore plus en tentant de le faire ? Cette fois encore les mots furent un poison malheureux. Sa main eut beau tenter de l'empêcher, ses appels tout autant, rien ne fut suffisant. Parce que face à elle se dressaient trois personnes, et non plus un seul et unique être. Lily et Yredan étaient là, abstraits et lointains, avec leur père. La portée de ses paroles ne résonnait que grâce à eux. Et c'est pour ça qu'elle en était blessée. Tant de choses qu'un Roi qui ne se doutait de rien était incapable de comprendre, ni d'imaginer. Tant de choses qui rendirent cet instant plus complexe, encore, qu'il ne le fut une seconde plus tôt. Tout avait foiré en un claquement de doigts.

La colère paternelle, d'un côté, prêt à sacrifier monts et merveilles pour un fils qui venait de lui dire qu'il était prêt à vendre tout ce qu'ils avaient, et finalement les aveux d'une fille. Rhedatt eut beau penser qu'elle y était pour quelque chose, ce qui s'en suivit ne fut en rien la potentielle preuve qu'il attendait. Au contraire. D'une vie passée avec sa propre femme, leur relation n'était en rien identique à ce qui se déroula sous ses yeux. Mues par une volonté entraperçue à l'évocation des raisons qui l'avaient amené là, l'aveu qu'elle était en train de faire fut ... conséquent. Le Roi se passa lentement une main sur le visage en comprenant ce dont il était question, et la complexité que revêtait cette histoire par l'ajout de cette troisième inconnue. L'amour ... un bonheur autant qu'un poison. Que pouvait-il en dire, ou à y opposer ? La sincérité de ce qu'elle disait était difficilement discutable, en tout cas à ses yeux. Et pour que son fils se risque à l'amener ici, et à la lui présenter, elle devait avoir une valeur sincère à ses yeux. Le tout entrait en collision lentement pour ne plus offrir que tristesse et silence. Un silence malheureux, appuyé par un Prince qui comprenait lentement l'intention de sa compagne. Il n'avait rien vu venir, et encore moins n'aurait-il cru l'entendre, après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Cette femme torturée qu'il s'attachait dès qu'il le pouvait à redresser, comblant les fissures des pièces recollées de cette oeuvre d'art par l'amour qu'il lui portait. Son oreille attentive, sa tendresse affective, et une famille. Un mariage, un jour, avec deux enfants dans les bras. Le tableau sombre d'une vie Kor'rial rempli lentement des plus belles choses que la Force pouvait lui destiner, transformant la lugubre sorcière en une Reine souriante. Tout ça pour qu'elle veuille se sacrifier dans un instant de folie, pour lui, ou pour elle-même, comme si plus rien n'avait existé. Leur couple, leur amour, leurs enfants, et leurs projets. L'ensemble construit pendant des mois balayés par une envie de repentir par son sacrifice. Voilà ce qu'est ce foutu Empire. Un broyeur de rêves et d'espoirs, qui fait ressortir les pires choses de l'être en sa seule présence. Un maudit Empire dont la machine à briser continuait lentement et efficacement son oeuvre sur eux.

Althar ne répondit pas à Helera, pas plus que Rhedatt ne le fit. Qu'y avait-il de plus à dire ? Le fils baissa les yeux, sans lâcher Helera, avant de jeter un regard à son père. L'expression qu'il y lut n'avait rien de bien heureuse. C'est ce qui le décida à faire un pas pour se mettre au niveau d'elle, sans brusquerie, et de poser avec douceur sa main sur son épaule. Sa voix n'était plus aussi ferme, un fonds de lassitude avait repris place. Cette fatigue lancinante, éprouvée depuis cette discussion avec l'Empereur. Cette rencontre qui devait être un rayon de soleil ne fut qu'une belle tempête.

    « Vous avez des choses à discuter, tous les deux. Je vais vous laisser. Venez me retrouver dans le bureau à droite dans le couloir lorsque vous en aurez fini, Majestée. »

Un pouce discret sembla adresser une caresse à cette chair blessée, par sympathie, peut-être, avant de s'éloigner avec l'être qui le contrôlait. Lentement, sans bruit ni violence. Un Grand Vizir s'éloignant dans l'ombre d'un Empire qui l'effaçait. Une belle allégorie pour cet instant aussi froid qu'il l'était. Althar n'osait toujours pas la regarder, perdu dans le flot de sentiments qu'il éprouvait à son égard. Pourtant, lorsqu'il fut sûr qu'ils étaient tous les deux, ses yeux cherchèrent son visage, lentement. Tout était trop pesant. Trop lourd. Cet aveu, cette discussion, ce moment.

    « Viens là ... Laisses toi aller ... Moi aussi j'en ai envie ... »

Lui en vouloir ... Juste ça, juste une réaction naturelle qui ne lui était même pas venu à l'esprit. Seulement ce besoin de faire le point, de parler d'autre chose, de penser à autre chose ... de la prendre dans ses bras. Lâcher ses mains, lâcher cette position de couple public pour retrouver l'intimité de sa présence, contre lui, et de son parfum. De pouvoir se laisser aux pires émotions, à cet instant, en la serrant contre soi pour lui prouver qu'il n'avait rien à opposer. C'était un tout, l'ensemble de ces choses, et des émotions vécues ces dernières semaines qui lui pesèrent tant. Des plus pures émotions aux pires qui soient, pour finir par se rentrer dedans au moment où tout avait l'air d'à peu près rentrer dans le compartiment qu'il fallait. Bien sûr que non ce n'était pas aussi simple. Pourquoi est-ce que aller l'Empereur ça ne devrait pas l'inquiéter, ou bien que quitter ses propres enfants qu'il avait attendu des mois durant cela ne l'affectait pas ? Stupide Prince. Aussi stupide que ce mois stupide où tout se désintègre en un appel de son père. Certains aiment les explosions, et bien qu'il se régale, parce que ce n'est pas ce qui manque. Les enfants, eux, elle et son père, l'Empereur, le Royaume, tout. Tout.

    « C'est pas la joie comme première sortie en amoureux ... »

Tout sauf elle. A jamais au plus près de ce qui bat dans sa poitrine. Au plus près de son monde rationnel au creux de ses méninges. Une remarque bête, pour chasser le silence. Une voix basse, un peu enrayée, et une prison de chair qui s'assure qu'elle va bien, par quelques allées et venues dans son dos.

    « Ils me manquent Helera ... Je sais pas comment tu fais ... Enfin ... Non ... C'est pas ce que je voulais dire ... Laisses toi aller, s'il te plait ... Reposes-toi ... Pardonnes-moi ... »

Malgré tout l'effort mis pour ajuster sa chevelure royale, Althar ne put s'empêcher d'y apposer plusieurs baisers appuyés, jusqu'à finalement chercher cette peau, et ce visage, quitte à embrasser cette tempe avec douceur. Pour l'instant, il était hors de question d'aller plus loin, de rentrer dans ce qui devrait pourtant venir sur la table. Tel un réflexe de père, les yeux rougis, gardant sa précieuse fiancée dans les bras, son corps imprima un léger balancement. Juste assez pour faire office de berceuse improvisée en plus des vibrations naturelles du vaisseau. Un moment de silence, pour essayer d'éclaircir les maussades pensées qui bataillaient au fond d'eux. La joue Grise fut gratifiée de l'attention d'un index inquiet, cherchant à effacer toute trace de tristesse qui oserait résister. Et finalement, le moment venu, lorsque enfin il put affronter son regard, la voix princière, quasi-murmure, trouva sa place à destination de celle qu'il observait.

    « C'était pas censé se passer comme ça avec mon père ... Il ... il est pas toujours comme ça ... Excuses moi de pas t'avoir défendu ... J'irai lui parler pour qu'il comprenne ... Tu es ma Lera, et personne ne peut changer ça, n'en doutes jamais ... »

Avec la lenteur propre au moment, mais surtout une étonnante hésitation, il s'approcha pour chercher ses lèvres. Etait-ce le moment de l'embrasser ? Etait-ce raisonnable ? Quelque part, il craignait que ce soit elle qui lui en veuille pour ce moment. Le doute était ravageur chez lui, mais moins que les lèvres kuati. Leur douceur et leur fraîcheur eut raison de toutes ses autres pensées. Avec une lenteur renouvelée elles trouvèrent une nouvelle fois place sur le visage encore un peu épaissi de la jeune mère, et il s'efforça de lui sourire un peu. Le reste de la discussion n'allait pas être agréable ... Et pourtant, quoi qu'il eut à dire, il n'y avait ni rancoeur ni même malheur. Ses yeux l'observèrent avec la minutie habituelle de sa contemplation, guidant une caresse de sa main le long de sa machoire. Mais c'est près de l'oreille, et de son lobe si doux, qu'elle trouva sa place. Une caresse nouvelle, et toute délicate. Peut-être venait-elle de le comprendre, mais il n'osait plus la regarder. Parce qu'il savait que ce qu'ils se diraient maintenant ne serait pas facile.

    « On a jamais .. vraiment discuté, n'est-ce pas .. De ce qu'il se passe et de .. ce qu'on ressent ... »

Une pause. Des yeux qui croisent les siens, avant de fuir de nouveau. Et toujours autant de fébrilité dans la voix.

    « J'ai fait beaucoup d'erreurs dans ma vie ... mais celle-la ... celle-la est peut-être la pire si ... cela doit mal se terminer. Mais tu sais, si aujourd'hui ... si aujourd'hui je suis face à toi, si nous avons eu des enfants ensemble, et si j'ai le coeur qui a un rythme anormal en touchant ta peau, à cet instant, c'est grâce à toi ma Lera ... C'est grâce à ta ... ton ... enfin le fait que tu me sauves, que tu fasses en sorte que je puisse vivre, Lera, de faire en sorte que je te connaissance, que nous prenions un chemin qui a peut-être changé définitivement la Galaxie, mon Amour ... »

Ses lèvres sont belles. Si naturelles, si douces, et aux traits raffinés malgré tous les coups qu'elles ont pu prendre. Cette femme est une splendeur, sous ses yeux, comme au premier jour.

    « Ton passé ... »

Les mots sont difficiles. Impossibles, presque. Quoi dire ? Quoi faire ?

    « Tu as fait tant de choses, depuis ce temps, ma Lera ... tu en as fait tant pour des innocents, des gens dans le besoin, et un peuple entier, même ! Et même pour moi, c'est ça que je voulais dire, pour moi et pour toi ... pour les deux petits humains qui ont grandis dans ton ventre ... Regardes .. Je te fais le coup à chaque fois ... Regardes ... »

Un fin sourire s'afficha sur son visage alors que sa main cherchait la sienne. Oh oui, comme à chaque fois, remontant le fil de ce bras de chair pour épouser la forme de la sienne, et la retrouver avec délicatesse, comme une oeuvre d'art.

    « Observes cette main, et vois comme elle est douce. Observes ses lignes, et la clarté de sa peau, son naturel, et son répondant ... Sens avec elle, sens ce qui glisse sous elle ... »

Sans brusquerie, tel un danseur et sa partenaire, il fixa cette main qu'il amena jusqu'à sa propre joue, comme elle l'aurait et le faisait peut-être déjà. Il la fit glisser une fois, fermant involontairement les yeux à la sensation que lui offrit, puis étira un sourire. Justement, c'est là qu'il la laissa, à cet endroit, ce coin des lèvres qu'elle aimait explorer sans qu'il ne comprenne pourquoi. Cette fois, son sourire s'éclaira un peu plus encore, comme s'il reprenait conscience lui aussi. Suffisamment pour affronter son regard à elle. Mais sa main resta sur la sienne, pour être certain qu'elle ne se retirait pas.

    « Elle n'a plus de sang sur elle ... Elle n'a plus de poids ... Elle est libre, et différente ... Elle est douce ... Capable de montrer de l'amour, capable de faire autre chose que se battre ... Elle est devenue la main qui caresse le crâne de ses bébés, et qui fait des chatouilles à son fiancé pour qu'il arrête de dire des bêtises sur elle ... Elle guide son peuple, d'un doigt fier, au travers la jungle malgré son ventre rond, et finalement va jusqu'à allumer le feu au centre du bourg, pour réchauffer ceux dans le besoin ... Elle est ça, et tellement plus ... Cette main ... ou cette Reine ... cette femme ... »

Cette main en lieu fixe lui offrit une proie de choix pour un baiser du bout des lèvres, en son sein. Serein et aimant, comme lors de ces moments d'intimité où la douceur infinie est de mise. Et après une série de baisers tranquilles, il relacha sa prisonnière et baissa les yeux, sans perdre son sourire. Son ton était étrangement calme, toujours. Et ses pensées appuyaient ses propos, comme un écho silencieux à la tendresse dont il faisait preuve avec elle jusqu'ici.

    « Si je l'avais su je sais pas si je t'aurais laissé partir avec moi ... »

Machinalement, son regard porté sur cette zone, il réajusta la jupe d'Helera d'un geste, avant de relever les deux noisettes qui brillaient face à elle.

    « ... mais tu me promets que ce sera pas en faisant une folie, mon Coeur ? Je veux pas enlever le sens à tes actes, non non ... Je te le promets, mais seulement si je suis sûr qu'on rentrera tous les trois ... Le reste d'accord, je ferme les yeux, je te tiens la main, et je suis tant que tu me diras de te suivre, tant que tu en auras besoin ... quoique tu me demandes je serais là ... Il faut dire que t'es dure en affaire ... et que je crois bien que j'ai accepté de faire quelque chose avec toi ... Oui oui les enfants mais l'autre chose là ... Avec la chaîne ou je ne sais quoi ? Ha oui, me marier avec toi ... »

Il eut un éclat de rire retenu avant de se rapprocher dangereusement d'elle pour l'embrasser.

    « Si tu veux faire des bêtises je préviendrais mon père, et lui je te le dis, il te ramènera de force, parce qu'il est Grand Vizir, et Roi, et parce qu'il est mon père .. Donc hein, je serais toi je ferais attention et je penserais à deux grosses têtes qui veulent manger deux autres choses qui t'appartiennent, ma grande Déesse de Nelvaan ... Ton peuple t'a choisi, tu es la seule à même de les guider, n'essaies pas de te cacher derrière moi quand ça t'arrange ... On est venus à trois, on partira à trois ... Qu'importe le prix ou ce qu'il se passera ... Je t'aime, Helera Kor'rial, Impératrice de Nelvaan et Princesse d'Impératrice Têta ... »

Peut-être bien qu'il pouvait se permettre de l'embrasser, cette fois. Avait-elle compris qu'il était prêt à la soutenir malgré tout ? Sa formulation était très hasardeuse, et très questionnable. Une manière détournée pour en arriver au point de lui dire qu'il la laisserait faire ... à condition de rentrer ensemble. Modeste requête à la signification lourde, dont elle comprenait largement la portée. C'était ainsi, de toute manière. Il aurait pu dire des milliers d'autres choses, parler de lui, encore, essayer de montrer l'exemple, montrer tout ce qu'il était prêt à faire, mais il n'était plus vraiment dans l'équation, dans cette configuration. Ce n'était plus ce qui comptait, dans tout ça. Ses mots, ses paroles, son ressenti ... C'était bien plus profond que tout ce qu'il avait eut à répondre à son malheur. Bien plus douloureux. Et cela, il ne serait jamais capable de l'effacer malgré lui. Le chasser, peut-être, comme ici, mais arriver à la sauver de son propre mal ... une tâche impossible, face à laquelle il se battrait une vie durant. Parce qu'il l'aime. Le baiser fut plus long qu'il l'eut voulu au départ, mais finalement c'était un mal pour un bien. Il la regarda, une nouvelle fois, et rapprocha son index de sa propre bouche pour l'humecter. Avec douceur, il s'attaqua aux vilaines traces d'un maquillage fuyard sous les paupières royales, avec un sourire.

    « Tu as un rendez-vous je crois ... C'est peut-être important ... Et si tu penses que ça se passe mal, tu sais m'appeler par le .. la ... enfin ... Comme on fait entre nous, par notre petit secret, mon Amour ... Hé, je sais pas si quelqu'un te l'a déjà dit mais ... tu es vraiment splendide dans cette robe ... »

Un baiser au coin des lèvres, et le plus beau des oiseaux aux plumes blanches pu s'envoler.



−−−−−−−−−−−−−−−−− ••••• −−−−−−−−−−−−−−−−−



La porte du Bureau ne fut pas longue à s'ouvrir. Presque attendue, la jeune Reine n'eut pas à se faire prier au moment de traverser le cadre de celle-ci. Face à elle se dévoila un bureau des plus ... communs. Le vaisseau était élégant, le reste aussi, mais ce n'était pas forcément celui qui était utilisé le plus souvent. Cela se sentait peut-être à la décoration très sobre qu'il y avait là. Un bureau à proprement parler, dénué de véritable âme, métallique et trouvable dans n'importe quel autre vaisseau. Dessus, tout juste quelques outils de travail. Et sur un des murs latéraux, des étagères où seules quelques pièces d'art dénotaient de tout le reste, forgées en un métal recueilli dans les profondeurs d'une planète aussi évidente que le locataire des lieux : Têta. De l'art têtan antique, étiré dans cette carbonite devenue pâte à modeler des pensées torturées d'un créatif quelconque. Un nom inconnu pour la kuati, et ici une oeuvre éclatante qui habillait un mur dénué d'autre intérêt. Une plante synthétique accompagnait l'ensemble, pour donner quelques couleurs à tout cela.

Mais ce n'était pas si important, à dire vrai. Ce qui attira tout de suite son oeil fut certainement le Roi, installé dans un des deux sièges posé au-devant du bureau, et non pas derrière. Il la salua d'un signe de tête avant de reposer son regard sur la source de lumière au creux de ses mains. Difficile à voir, tout d'abord, il suffisait de s'approcher pour comprendre ce dont il s'agissait. Et elle aurait l'occasion pour cela, puisqu'il lui fit signe de prendre l'autre siège. Ce dernier, disposé à un peu plus d'un mètre du sien offrait l'avantage de pouvoir avoir une véritable discussion privée en face à face. Et c'est en attendant qu'elle s'installe qu'il se redressa un peu plus élégamment au fond du confortable fauteuil, offrant une vue définitive à l'objet de son attention. Aussi étrange que cela puisse paraître, la face royale, marquée par les années, affichait une sensation discrète de .. de bonheur ? Peut-être le mot était-il trop fort, mais quelque chose, une fossette, un très léger sourire, la manière de froncer les sourcils, tout ça dégageait le sentiment d'une nostalgie impossible à maquiller. Mais si elle eut le temps de détailler ce visage barbu et silencieux, lui se contenta de lui tendre le petit objet dans sa main, qui s'avérait être un projecteur holographique. Au-dessus de lui brillait une représentation familiale entre une mère et un fils en train de se faire ajuster une chemise, quelque part de difficilement reconnaissable.

    « Vous a-t-il montré des photos de lui plus jeune ? Il doit pas se promener avec, j'imagine, ni assumer sa coupe de cheveux exubérante ... »

Le ton du père était marqué de la fatigue qu'il n'affichait plus. Une fatigue lourde, de celle qu'on a du mal à se sortir après avoir pris des coups dans la figure. D'une certaine manière, peut-être, Rhedatt avait des airs de Carn dans ses mauvais jours. Cette apathie discrète et non-voulue, cette envie de discuter qui pourtant n'en est pas une, et ce regard où brille les souvenirs merveilleux d'une vie ombragée. En soi, rien n'était comparable comme parcours de vie. Mais pour l'un comme pour l'autre, quelque chose s'était fissuré à l'instant de perdre un proche. Une femme et toute sa famille pour l'un, et son fils et son propre héritage pour l'autre. Un parallèle aussi improbable que démesuré, mais qu'il est bon de signifier. Tout cela ne l'empêcha pas de sourire à l'attention de la Grise cependant, lui laissant désactiver le projecteur et le poser sur le bureau lorsqu'elle aurait fini de regarder la tête rajeunie d'un Prince dans sa deuxième décennie d'existence.

    « Je tenais à m'excuser pour la manière dont ... nous avons échangé. Cette histoire, et sa durée, mettent les nerfs à rude épreuve de ma femme et moi. Ce n'est pas une raison suffisante pour m'en prendre à vous, d'autant que ... hmmm ... »

Son regard ne la quittait pas, reprenant un peu plus son sérieux. Une main dénuée de bijoux vint se frotter à l'impeccable barbe blanche, taillée avec une exactitude à faire pâlir géomètre.

    « Vous voulez boire quelque chose ? Un remontant, ou un jus de quelque chose ? »

Le Roi se redressa et fit le tour du bureau, pour aller trouver le dernier objet de cette pièce. Un distributeur de boisson, tel un autochef réadapté uniquement pour le liquide, brillait dans le dernier coin. Selon la volonté de la Grise, elle serait servie ou non. Lui ne prit qu'un grand verre d'eau avant de revenir se rasseoir face à elle. Une gorgée, et l'ensemble fut reposé sur le bureau à proximité. Il s'installa plus confortablement, cependant, allant jusqu'à replier une jambe au-dessus de l'autre, dans une perpendiculaire parfaite. Les choses sérieuses pouvaient commencer.

    « Puis-je vous appeler par votre prénom, Hélerra ? Bien. Je ne remettrai pas en question vos motivations ... Pour prendre le risque de suivre mon fils dans cette histoire, ce serait une insulte de continuer à douter des sentiments qui vous animent. Et vos larmes ... je suis désolé qu'elles aient été partie prenante de la discussion, je n'avais pas l'intention de vous blesser ... »

S'il affichait l'assurance naturelle d'un Roi qui a passé une très large partie de sa vie à gouverner, son discours n'en était pas moins brouillon. Il s'écrivait au fil de ses pensées, et surtout de ses hésitations. Il marqua une pause, le temps de trouver ses mots suivants. C'était peut-être l'aveu que quelque part cette discussion n'était pas prévue.

    « Je ne vous connais pas depuis longtemps mais vous me semblez être une personne bien, Hélerra. Votre passé est bien différent de votre présent, si je comprends bien, et c'est une chose très intéressante, d'autant plus pour une citoyenne impériale telle que vous. Je ne remettrai pas en question la relation que vous entretenez avec mon fils, mais ... »

Il y a toujours quelque chose qui cloche. Un silence. Une gravité soudaine. Des yeux qui la fixent, et une main qui glisse une nouvelle fois sur cette barbe. Est-ce qu'il aimait en jouer ? Peut-être un peu, mauvaise habitude de certaines réunions où un tel artifice est nécessaire pour asseoir son autorité. La pauvre jeune femme face à lui ici, pourtant, n'avait guère besoin d'une telle torture.

    « ... Si nous devons nous côtoyer plus longuement, et faire face à un adversaire commun, je dois réparer mes erreurs. Comme je vous l'ai dit, mon but n'était guère de vous faire du mal ... Il n'est facile d'entendre que son fils, accusé de pactiser avec l'ennemi, présente ce qui ressemble à une impériale en fuite ... Je n'aurai pas dû m'adresser à vous de la sorte, et je tiens à vous en présenter mes excuses une ultime fois, si vous le voulez bien. »

Une inclinaison de la tête, quasi-révérence royale fut faite en sa direction. Il tenait à y mettre les formes, et à faire les choses bien.

    « J'aimerai donc vous proposer que nous essayions d'apprendre à nous faire confiance. Cela vaudra mieux que n'importe quelle autre option, si vous devez devenir ma fille un jour ou l'autre. Je vais donc commencer ... »

Cette fois, son regard se fit un peu fuyant. Il baissa les yeux, mais se rendit rapidement compte qu'au regard de la tenue de la jeune sensitive face à lui ce n'était pas forcément le lieu où poser son regard. Il se contenta donc de son propre genoux, retenu par ses mains jointes.

    « J'ai effectivement connu votre père il y a ... 30 ans ? Nous étions jeunes, à l'époque ... Très déterminé, un peu comme vous je crois bien, avec les yeux ... bleus, non ? Hmmm moui, beaucoup de choses ont changé depuis ce temps-là ... Si je comprends bien il est .. toujours ... vivant ? C'est .. c'est bon à entendre, je crois ... Je ... je ne m'étais jamais posé la question mais c'est bon à entendre, oui ... »

Peut-être était-ce plus clair sur la soudaine perte d'assurance de Rhedatt. Une gêne profonde, autant dans les gestes que dans les paroles, d'évoquer ce passé. Un massacre, parce que cela en était un, n'est pas une chose évidente à cautionner. Ni à assumer. Apprendre à chasser toutes ses croyances et toute son éducation en un claquement de doigts l'est encore moins. Un espèce de fardeau porté par une génération qui avait fini par se rebeller ou se laisser éliminer. Non, il ne s'était jamais posé la question ... Ou en tout cas, pas plus d'une fois. Une seule fois, dans une de ces pensées qu'il n'était pas censé avoir, en sachant qu'il n'aurait jamais la réponse. Une vie croisée et aussi vite disparue. Jusqu'à aujourd'hui. Une vague sourire s'afficha sur son visage. Pas de joie, ou de sentiment positif. Mais d'une gêne mêlée à une forme de tristesse lointaine.

    « Est-ce que ... est-ce que je fais partie des gens auxquels il en voudrait ? Peut-être ... peut-être pourrais-je le rencontrer, d'une manière ou d'une autre, s'il l'accepte ... ? Le fardeau des parents ne doit pas être celui des enfants. »

Un nouveau sourire, compatissant et lointain, et un regard qui croise le sien.

    « Mais assez parlé de votre père, parlons de vous ... Etes-vous réellement Reine ? Vous êtes jeune, plus qu'Althar n'est-ce pas ? Il a toujours le chic pour trouver des femmes plus belles que lui, vous devez avoir beaucoup de patience pour le supporter ... »

Oh oui, une discussion un peu plus légère, pour éloigner le spectre de la purge. S'il vous plait.

    « Est-ce un royaume planétaire que vous avez ? Ou simplement continental peut-être ... ? Depuis le temps que nous tentons de garder des liens avec toutes les familles régnantes de la Galaxie on commence à avoi un panorama plutôt clair, et votre Royaume ne me dit rien, je le concède ... Comment avez-vous dit qu'il s'appelle ? Enfin, dans tous les cas, peut-être serait-il intéressant que ma femme et moi le visitions, dans ce cas, pour parler d'égaux à égale, et apprendre à nous connaître, si cela vous convient ... Même si j'ai cru comprendre qu'une présence impériale ne vous tente pas beaucoup. Dans ce cas, je vous reformule mon invitation à venir sur Têta de manière officielle, pour que vous découvriez ce qu'est Têta ... Y êtes-vous déjà venu ? Je ne crois pas, enfin, ce sera l'occasion. Et Ilya, la mère d'Althar, sera ravie de vous connaître ... Vous n'imaginez pas combien de questions elle va me poser déjà quand je lui parlerai de vous ... »

Mieux. Une ambiance plus détendue, et plus propice à la sympathie. Un sourire plus sincère, cette fois, et une tentative réelle de créer un lien entre eux.

    « Est-ce que je peux vous poser une question étrange ? Pourquoi faire tout ça pour mon fils ? Vos mots ne m'étaient pas destinés, je crois, tout à l'heure, j'ai donc préféré ne pas les prendre en considération. Vous risquez beaucoup en allant voir une nouvelle fois l'Empereur, même si ça peut être l'occasion de laver votre nom ... Ce n'est pas pour lui, si ? Je ne jugerai pas, je cherche simplement à comprendre ce qui vous anime, et comment nous pouvons tous y trouver un lien commun. Je ne souhaite que le bonheur de mon fils, et par extension, le vôtre. Il est temps qu'il trouve sa voie, et celle qu'il lui faut ... Je souhaiterai que ce soit vous, mais je ne peux pas vous forcer à cela. Et si je veux des petits enfants, il faut une personne entière, et jeune, et charmante. Vous remplissez les trois conditions, voire même avez déjà l'admiration de mon fils ... Qu'en dites-vous, dans ce cas ? Ne pensez-vous pas que nous pourrions rentrer tous les trois, pour goûter à quelques festivités chez moi ou chez vous, pour célébrer votre relation ? »

Voilà. Une main tendue, explicitement, et une tentative subtile de lui faire comprendre qu'il était prêt à l'accepter. Etait-ce raisonnable, si tôt ? Il ne savait pas. Mais elle dégageait une aura suffisamment unique pour y voir une personne de choix. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle remplissait toutes les conditions. Impériale, royale et ... différente. Pas une femme d'apparat, malgré sa beauté, et encore moins une de celle qui se laisse marcher sur les pieds. Prête à défier l'Empereur pour sa famille, et prête à venir discuter avec lui elle-seule. C'était aussi inattendu que souhaitable. Alors pourquoi pas ? L'Empereur était au fait de sa nature, ce qui pouvait donc régler la question dès à présent. A dire vrai, elle amenait avec elle tous les problèmes qu'elle pouvait résoudre, un coup politique pas si bête en soi. Ne restait qu'à savoir si elle-même était intéressée par Althar.

    « Mais avant ça ... Hmmm ... Je suis embêté, j'aurai bien voulu vous remercier un peu mieux que cela ... Habituellement, je ne serais pas étranger à l'idée de vous offrir des pièces de joaillerie, pour agrémenter votre très belle robe, ou des étoffes peut-être ... Mon fils a l'air d'être déjà passé par là, si j'en crois les symboles installés sur votre tenue. Mais je n'ai rien sous la main, qui plus est, ce qui me met dans l'embarras. Pour une surprise, elle a bien fonctionné. J'espère que vous m'excuserez pour cela, ce n'est pas très bien de ma part. M'enfin, du coup je vous le formule tout de même, en attendant des remerciements plus .. conséquents lorsque vous viendrez sur Têta ... Merci d'avoir sauvé mon fils, quoi que vous ayez fait. Son état était ... peu engageant, malgré tout ce qu'il a tenté de faire ... et puisqu'il a l'air heureux à vos côtés, je vous remercie milles fois pour tout cela. Sans vous ... je ne préfère pas imaginer. Aucun de nos médecins n'y arrivait. Il aura suffi de la bonne personne, peut-être. Cela fera une jolie histoire pour les livres d'histoire, qui sait ? »

Il eut un rire retenu, dans sa barbe. Son pied en l'air reprit position au sol, et dans un mouvement élégant, le vieux têtan se redressa sur ses jambes. Ses deux mains réajustèrent sa tenue tandis qu'il lui adressa un sourire.

    « Si vous le voulez bien, je peux vous remercier plus symboliquement. Et ensuite, vous pourrez me poser vos questions, si vous en avez. La confiance va dans les deux sens je crois ... Alors venez, Hélerra ... »

Ha. D'accord. Comme ça. Les bras ouverts, et une invitation des deux mains. Pour une accolade quasi-paternelle, et très peu protocolaire, entre un père et sa belle-fille. La première, et sûrement pas la dernière, si elle acceptait réellement. Aussi bizarre que son fils, celui-la. Ce dernier, qui, d'ailleurs, semblait s'être rapproché. Seule Helera pouvait s'en douter, sentant les questionnements de celui-ci sur ce qu'il pouvait bien dire, et les multiples scénarios qu'il s'imaginait mentalement. Et quelques pensées pour leurs enfants, au milieu de tout ça. Mais il n'avait pas l'air décidé à intervenir. Simplement attendre, dans le couloir. Oh non, tout allait se jouer maintenant, de toute manière. Qu'oserait-elle demander ? Et surtout, en serait-elle à régler ses comptes ? Seul l'esprit kuati pouvait le dire ...
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By Helera Kor'rial
#32541
Helera n’eut d’autres choix que d’accepter l’ordre du Grand Vizir après qu’il les ait abandonné tous les deux. Parler ? Pour dire quoi qui ne mérite d’être explicité ? Il n’y avait rien de plus évident que le futur qui l’attendait. Bastion. Ils allaient sur Bastion, rien que pour cela elle méritait la mort. Oh oui, elle connaissait son existence depuis un moment de par son oncle, mais jamais sa localisation. Et elle n’avait jamais cherché à le découvrir non plus. Rien que pour cela, l’empereur pourrait exiger sa tête. Puis le côté sensitif, un puissant moteur de meurtre. Ou encore sa « trahison » envers l’empire. Il y avait trop de paramètres qui la présentaient comme une personne à éliminer. Au moins Althar comprit son désarroi et sans qu’elle n’ait à le demander, la prit dans ses bras. Ce fut un réconfort de courte durée, mais qui aura au moins eu le mérite d’apaiser son esprit pour le temps qu’il dura. Première sortie en amoureux, oui… Evidemment, la faute à qui après tout ? Heureusement qu’elle lui portait un amour infini et qu’elle était prête à tout faire pour lui, parce qu’elle ne pouvait pas entendre ce genre de chose. Au nom de la paix, c’était peut-être un peu excessif. Heureusement, elle se passa de commentaires et se contenta de rester contre lui. Nouvelle remarque sur les enfants, avec un sous-entendu qu’elle n’était pas non plus prête à entendre. Signifier quoi que ce soit sur l’amour qu’elle portait à Lily et Yredan était très dangereux. Il l’embrassa sur le coin du crâne et fit passer un doigt sur sa joue. Helera ne bougea pas cependant et resta toujours contre lui. Parce qu’elle était bien et voulait encore profiter avant d’avoir à discuter. Ses émotions bouillonnaient au fond d’elle et elle devait les laisser redescendre avant. Ils restèrent à cet endroit, assis, jusqu’à ce qu’il ne la force à regarder dans sa direction.

« Tu veux dire par rapport à la manière dont il m’a jugé ? C’est un père après tout. Et il est grand vizir, je ne peux pas lui en vouloir. »

Le bras droit suit les idées du gouvernement auquel il appartient, sinon ce serait insensé. Helera baissa le regard, posant une main sur son torse, tandis que son esprit était ailleurs. Althar lui tourna autour, chercha son attention, chercha ses lèvres. Si au début, elle ne colla que sa tête contre la sienne, elle finit par l’embrasser évidemment. Puis se laissa aller contre son épaule. Juste pour s’y reposer un peu, tandis qu’il l’entoura d’un bras. Helera parlait peu pour le moment, se remettant toujours de ses émotions. Et dire que ce n’était que le niveau 1, qu’après viendra l’Empereur lui-même. Comment allait-elle faire … C’était bien la grande question du jour.

« De ce que l’on ressent ? »

Etonnée par la manière dont cela fut présenté, elle releva légèrement la tête. Ce qu’elle ressentait par rapport à quoi ? Son amour ne lui était pas inconnu et elle essayait de le lui rappeler autant qu’elle le pouvait. Elle esquissa un bref sourire face à la réponse. Pourtant, elle ne parla pas et le laissa s’exprimer. Elle voulait voir où il voulait en venir car ne comprenait pas pour l’instant tous les tenants de sa démonstration. Lui dire qu’elle l’avait sauvé, lui entourer le bras. Oui et donc ? Althar lui montra alors sa main et lui fit un discours sur cette dernière. Helera ne pouvait nier l’incompréhension dont elle était l’objet. Alors tel un pantin, elle se laissa faire et continua d’écouter. Les choses positives de la vie qu’elle avait faite ? Finalement, elle osa :

« Je ne comprends pas où tu veux en venir ».

Vint alors le plus intéressant, ce pourquoi toute cette démonstration avait été construire. Amener le poisson dans son camp pour mieux le capturer. Il réajusta sa tenue et continua. Oui, ils voulaient qu’ils rentrent tous. Oui, ils voulaient qu’ils aient une vie heureuse. Elle le voulait également, il ne devait pas en douter mais …

« Je ne peux pas te le promettre Althar. Car cela ne dépend pas de moi. Car nous allons dans l’antre de l’empire, car cet homme a un moyen de me détruire en brisant la Force. Autant de choses qui font que je n’ai aucune idée de la manière dont tout cela finira. J’étais sérieuse quand je te disais qu’il faudra que tu prennes le contrôle. Je t’ai promis amour, fidélité et aide. J’irai jusqu’au bout de ma démarche pour te sauver et rétablir ton nom. C’est ma parole. »

Elle posa une main sur sa joue.

« Et c’est moi qui ai accepté, mon amour, quand tu es arrivé avec les chaines. »

Helera esquissa un sourire. Qui se tarit avec la suite de ce discours. Se cacher derrière lui ? Pensait-il qu’elle n’assumait pas son rôle et qu’elle voulait lui redonner la responsabilité ? Cette conception assez blessante lui fit froncer les sourcils. Et la menace de son père n’y changea pas.

« Si ton père pouvait te sauver, il l’aurait déjà fait. Si nous sommes là, c’est bien que l’empereur mène la danse dans cette affaire. Je suis une assassin, une inquisitrice. C’est mon étiquette, c’est ce que tout le monde croit. Tu veux savoir ce que je vais faire, c’est proposer mes services d’assassin à l’empereur. Pour capturer les anciens membres du Triumvirat. Membres contre lesquels j’ai également des griefs. Je ferai cela contre ta liberté, parce que je n’ai pas d’autres choix et rien d’autres à lui présenter. »

Elle baissa la tête et la hocha négativement. Tout cela était bien trop compliqué et la dépassait totalement. De plus, elle était légèrement sur les nerfs et très fatiguée. Comment allait-elle gérer l’absence de Force chez l’empereur ? Cela allait être d’autant plus compliqué de négocier. Puis elle releva la tête. Elle n’avait pas envie de terminer sur une note négative avec lui et pas non plus envie de se disputer davantage, puisque la conversation prenait des allures qui ne lui plaisait pas. De son index et son pouce, elle lui attrapa le menton.

« Je ferai de mon mieux. Et si on revient, j’attends de toi un bon bain. Pour me remercier d’avoir enfilé cette robe qui me sert trop. »

Et sans lui laisser le temps de répondre, elle l’embrassa d’elle-même. L’empereur ne méritait surement pas qu’elle se dispute avec Althar. Personne ne le méritait. Mais il avait raison, et elle avait un rendez-vous. Une autre personne à affronter… Elle se leva et laissa trainer sa main dans la sienne. Puis finalement, avant de faire volteface, lui intima :

« Moi aussi je t’aime, Prince du noyau. »

Elle lui tira un de ses plus beaux sourires. Maintenant, c’était au tour du roi. Elle souffla avant d’entrer dans la pièce qui donnait sur son bureau, concentra ses sens et frappa. L’attente de fut pas si longue que cela et enfin elle entra. Helera salua de la tête avec tout le respect qui lui était dû. Elle attendit qu’il lui indique de s’approcher pour obtempérer. Rien de particulier à dire sur cet endroit. Un bureau, rien de plus. Helera n’était pas très penchée décoration de toute manière. En revanche, le roi occupait la place d’un interrogé, du mauvais côté du bureau, ce qui ne manqua pas de lui faire hausser un sourcil. Pourtant elle n’en fit pas part ni n’essaya de le montrer d’une quelconque autre manière. Elle s’assit enfin devant lui, alors qu’il tenait au creux de ses mains un petit disque qui faisait de la lumière. Helera récupéra le projecteur holographique et le regarda. Althar plus jeune avec sa mère, la Reine. En train de s’occuper de lui, alors qu’il essayait de garder un calme affiché. Déjà à cette époque, il avait ce petit air impérieux mais obéissant. Helera esquissa un sourire. C’est surement à cela qu’allait ressembler Yredan plus tard. A la question du roi, elle hocha la tête négativement. Ils n’avaient jamais parlé de cela, en fait. Ou peut-être au détour d’un repas, mais jamais de photo. Ni de lui, ni d’elle. Dans son cas, il n’y avait rien à montrer. Elle releva le regard vers l’homme à la barbe blanche si bien peignée. Un air de fatigue s’échappait de ce vieil homme, désormais qu’elle le voyait de plus près. Des traits marqués, des rides, un vieux bonhomme qui avait vu tout un paquet de chose.

Elle reconnut les manières du prince quand dès la deuxième phrase, il présenta des excuses. Et qu’au bout de la quatrième, il change de sujet.

« Non merci votre majesté, pas pour le moment. »

Pas d’eau, pas de liquide, rien. Elle devait rester concentrée. Etonnant ce distributeur de boisson dans un bureau diplomatique. Etait-ce un bureau diplomatique en fin de compte ? Aucune idée. Elle fit vagabonder son regard le temps qu’il se serve, dans une observation méticuleuse et peu fructueuse de l’endroit. C’est le roi lui-même qui la tira de son observation.

« Je vous en prie, votre majesté ».

Les larmes étaient la fenêtre de l’âme, paraissait-il. La sienne fuyait. Là encore, il n’y avait rien à dire, puisqu’il coupa sa phrase en plein milieu. Un vrai diplomate, tout comme son fils. A moins que ce ne soit l’inverse. Citoyenne impériale, personne bien, intéressante, autant de mot qui furent là pour enrober la discussion. Là encore, elle n’avait rien à dire de particulier, car rien n’avait été évoqué. Un silence, Helera qui ne détournait pas le regard de ses yeux à lui, soutenant avec une facilité déconcertante. Une façade, hein ? Le reste la laisse circonspecte. Ils se battaient désormais ensemble contre l’empereur ? L’empire allait si mal que cela ? Quelle est le but de la réunion, opposer les idées du grand vizir et celle du dirigeant ? Pendant un instant, elle se demanda si Althar n’était pas un prétexte ou une sorte de Casus belli, et qu’elle ne venait pas en plein milieu pour tenter d’aider ce qui avait été déjà jugé. Finalement, tout ce qui avait été enrobé finir en poussière puisque les choses furent équilibrée. Impériale en fuite, c’était le bon mot. En revanche, devenir sa fille ? C’est-à-dire qu’elle allait devoir se faire naturaliser ? C’était une coutume Têtanne surement. Idiote, elle ne s’était pas renseignée au préalable.

Helera avait les mains posées sur ses cuisses, jointes. Le dos droits, le regard ni trop dur, ni trop mou, essayant de ne pas paraitre comme le chiffon qu’elle était en réalité. Il baissa quand même les yeux face à cette déclaration, dans ce qu’elle prit pour une sorte de honte. Ou peut-être pas, il ne fallait pas présumer. Maintenant, ce fut à elle de répondre.

« Bleus c’est exact, votre majesté. Il est toujours en vie mais a dû fuir notre planète. »

Avait-il peur de la vengeance d’un jedi ? Helera esquissa un sourire sans bouger.

« Non, il ne vous en veut pas. Pour être honnête, je ne savais pas que vous vous connaissiez. Je suis sûr qu’il serait tout aussi enclin à vous voir, et cela pourrait même lui faire plaisir, votre majesté. Il a cependant beaucoup changé depuis le décès de ma mère. »

Puis, l’interrogatoire tourna vers elle, sujet finalement de cette rencontre et empêcheuse de tourner en rond.

« Je suis Reine de Nelvaan, votre majesté. Une petite planète sans intérêt stratégique ni ressource particulière dans le sud galactique. J’ai environ an de moins votre majesté. »

Impossible de se détendre, de rire, de faire autre chose que d’être totalement coincée face à l’impériosité impériale. Elle déglutit tout en continuant à se concentrer sur son langage, ses mots, sa syntaxe. L’objectif étant de ne pas paraître pour une idiote ni une simple d’esprit.

« C’est un royaume planétaire votre majesté. Je ne suis reine que depuis quelques années désormais. J’ai été … choisie par le peuple. Nous n’avons pas l’holonet dans notre partie de la galaxie donc n’avons aucun contact avec les autres familles régnantes. Le royaume s’appelle Nelvaan votre majesté. »

Le visiter ? Comme ça ? Silence.

« Et bien … Vous … Etes évidemment les bienvenus. En revanche, c’est une planète au climat assez rude. La présence impériale ne me pose aucun soucis votre majesté tant que ce ne sont pas des dizaines de destroyers. Nous sommes un royaume pacifique. Je suis déjà venue sur Têta votre majesté … en tant que … observatrice ? »

Comment expliquer qu’elle avait trompé les services de sécurité ? Elle ne le pouvait tout simplement pas. Difficile de ne pas mentir quand la vérité impliquait des faits fâcheux. Sa mère, encore un sujet piquant. Il parait qu’elle allait lui en vouloir, d’après les dires d’Althar. Silence, anxiété. Nouvelle question, de plus en plus difficile. Elle déglutit puis ouvrit légèrement la bouche pour reprendre son souffle.

« Parce que j’aime votre fils, votre majesté. Mon nom n’a aucune importance. Mon statut non plus. J’ai promis à votre fils que je l’aiderai et le soutiendrai quoi qu’il arrive et je respecte ma promesse. Nous pourrons … célébrer… votre altesse. Nous rentrerons tous les trois, si l’empereur y consent. »

Parce que s’il n’y consentait pas, case prison, ou pire. Et ce n’est pas le grand vizir qui allait y pouvoir quelque chose. Elle n’avait pas envie d’aborder encore ce sujet. Sachant que tout cela reposait sur la bonne volonté d’un seul homme et qu’il lui donnait une peur bleu. Sachant que sa bonne volonté reposait sur sa capacité à se faire bien voir, ce qui partait déjà avec de gros malus. Elle tendit maladroitement sa main mal assurée et à la limite du tremblement.

« Avec tout le respect que je vous dois, je ne porte pas de bijoux, ni de pierre, en réalité. Cela … euh … freine ma mobilité, le cas échéant. Il aura suffi de la Force pour le sauver, votre Majesté. La même qui était responsable de son état, la même qui est chassée dans l’empire. »

La provocation de trop, elle se pinça les lèvres et baissa pour la première fois la tête. Dire qu’il l’avait mérité serait appuyé le fait qu’elle ne regrettait pas ses paroles. Dans le doute, elle ponctua :

« Je vous présente mes excuses, ce n’est pas ce que je voulais dire. »

Premier mensonge, parce que c’était également ce qu’elle voulait dire. La panique la faisait mentir. Les douleurs abdominales se rajoutèrent alors à la danse pour accroître le malaise dans lequel elle se trouvait. Elle essaya de se tenir droite et resserra les jambes, essayant de focaliser sa concentration ailleurs. Ils se levèrent enfin et lui fit un câlin agrémenté d’une tape dans le dos. Droite comme un « i », elle ne lui rendit surement pas son enthousiasme, mais avait l’esprit focalisé sur sa propre respiration, jusqu’à ce que la douleur passe. Mais c’était déjà trop tard.

« Je vous remercie pour votre temps, votre majesté. Je pense que nous ne devrions pas tarder. L’empereur nous attend. »

Le seul et unique but qui l’animait, parce que son esprit était totalement incapable de voir au-delà. Incapable d’envisager un futur après cette rencontre, totalement bloquée dans sa perception et son appréciation de la réalité. Peut-être saurait-elle se montrer plus aimante quand elle serait rétabli, que son corps déchiré arrêterait de la tirailler, que la fatigue la laisse en paix et qu’elle soit en vie de retour de chez l’Intraitable.
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By Althar Fanrel Keto
#32695
Ils ne s'étaient pas compris ... aussi bizarre que cela puisse paraître, ils ne se comprenaient pas et elle était ailleurs. Un autre niveau, d'autres questions, une inquiétude différente de la sienne. Ou en tout cas, initialement. Avec ce qu'elle s'apprêtait à lui dire, tout allait changer de nature et de profondeur vis à vis de tout ce qui était en jeu. Les Fanrel abordaient le rendez-vous avec le calme olympien d'une habitude politique mêlée à la croyance naïve en l'Empereur, là où la Kor'rial y voyait la finalité terrible d'une exécution impériale qu'elle avait déjà mise en oeuvre de sa propre main. Deux écarts de compréhension qui lentement les éloignaient alors même qu'ils ne pouvaient être plus proches physiquement.

A côté de cela, sa tentative de la rassurer paraissait ridiculement inutile. Elle tombait dans l'oreille d'une personne qui ne pouvait la concevoir, la faute peut-être à un manque certain de communication entre eux jusque-là. Pas un mot, pas une discussion, rien qui suffirait à se rassurer et espérer que tout ceci pouvait bien se finir. Des humains normaux auraient sûrement pris une heure pour mettre les choses à plat, se dire leurs craintes, leurs espoirs, ce qui se passerait, partager leurs connaissances communes de tout ça et finalement y aller le menton haut et le coeur léger. Mais eux, aussi fiers-à-bras qu'ils étaient, partirent directement. Main dans la main, sans regarder derrière, avec la conviction centrale et unique dans tout cela qui était qu'ensemble, de toute manière, quoi qu'il se passe, ils vaincraient. A moins, bien sûr, que finalement chacun ait à dire ce qu'il pensait réellement de ce rendez-vous. Et que l'autre ne soit pas du tout dans la même optique. Comme maintenant. Comme la gêne qui s'était créée, soudainement, face au décalage qu'ils éprouvaient. Mais ce n'était pas ça le pire, en plus. Loin de là, bien loin de là ! Oh que non, le pire était à venir, dans une phrase, une intention révélée, finalement après tout ça ...

    « Je suis une assassin, une inquisitrice. C’est mon étiquette, c’est ce que tout le monde croit. Tu veux savoir ce que je vais faire, c’est proposer mes services d’assassin à l’empereur. Pour capturer les anciens membres du Triumvirat. Membres contre lesquels j’ai également des griefs. Je ferai cela contre ta liberté, parce que je n’ai pas d’autres choix et rien d’autres à lui présenter. »

Si l'abnégation et la froideur involontaire avaient été dans le camps de sa future femme dans les premiers instants de cette discussion, elles venaient de changer subtilement de camps dans le silence interdit d'Althar. L'aveu était à accuser et digérer, plus qu'elle ne l'imaginait certainement. Fallait-il se fâcher autour de cela ? Hausser le ton alors qu'elle venait de creuser suffisamment la surface de cette terre pour qu'ils se retrouvent à un pas du bord de la falaise ? Le vent lui battait le visage. Il pouvait le sentir, seul face à la figure devenue si imposante de sa compagne. Lui, perché en haut de ce pic naturel si dangereux, et elle, géante parmi les géantes, qui le dominait d'une taille à défier les cieux. Petit être malheureux face à cette perspective et à la distance qui s'était faite avec cette géante. Le silence glacé d'une terre desséchée. Que venait-il de se passer ? Comment expliquer tout ce que cela impliquait ?

Le plus important, peut-être, d'abord. Une mère, une jeune mère, des enfants qui n'avaient pas un mois encore, et pourtant elle était prête à remettre du sang sur ses mains. Une mère prête à quitter sa planète, son monde, et sa famille pour aller tuer on ne sait qui à l'autre bout de la Galaxie, au risque de sa propre destinée et de l'intérêt néant que tout cela comporte. Comment pouvait-elle imaginer qu'il était prêt à cautionner que leurs projets, que leurs rêves et tout ce qu'ils avaient imaginé des heures durant pouvait être relégué aussi facilement au second plan pour aller à la poursuite de choses aussi sordides ? Tout ça parce que c'est son ancienne image ? Son ancienne réputation ? Leurs mois passés sur Nelvaan n'avait-il eut aucun effet ? Aucun sens ? Elle était bien d'autres choses que cela. Son passé n'avait rien à voir avec son présent, ses actes de contrition dépassés de très loin tout ce qui avait entaché sa destinée, toutes ses fautes étaient expiées. Une femme aimée, mère, reine et princesse, une femme à l'opposé de tout cela. Il était presque choqué, même, de voir avec quelle simplicité elle avait pu lui dire ça, comme un rejet massif de leur propre vie de couple au nom de chimères de ses jeunes années et des erreurs qu'elle avait faite.

A moins qu'il ne se trompe. Qu'il ne comprenne pas, en vérité, la femme qu'il avait cru aimer jusqu'ici. Ce bout d'énergie, cette vision d'audace perçue lors de leur première rencontre, et cette intensité qu'elle mettait aux choses qu'elle faisait. Ces enfants avaient été une forme de fardeaux, peut-être, malgré les mots, malgré les actes. Les dernières semaines, et les pleurs perçus à la découverte de tout ça, était-ce pour ça ? Parce que cette vie n'était pas celle qu'elle espérait ? Elle aurait pu l'aimer et espérer voyager et traverser la Galaxie pour faire des millions de choses, alors qu'en vérité ils n'avaient fait que rester sur Nelvaan pour mieux consommer une union devenue vie de couple, avec ses pics d'activité de temps à autres dans cet univers sauvage. Mais au final, au fond d'elle n'était-elle pas une femme d'action ? N'avait-elle pas embrassé ses propres aspirations en devenant ce qu'elle avait voulu être, pour l'Empire ? Agir, être sur le terrain, en première ligne, toujours ? Ce besoin d'adrénaline, cette soif du risque, de mettre sa vie sur un fil, de dégainer ce sabre trop longtemps empoussiéré dans une chambre mal rangée ? Les erreurs commises lors de ces moments de transcendance ne pesaient pas grand chose face à ce que cela procurait dans le corps. Beaucoup l'écrivaient, pour tous ces soldats, ces hommes de main, ces gens prêts à accepter les pires métiers du monde juste pour se sentir vivants. Elle pouvait en faire partie. Pourquoi n'en ferait-elle pas partie ? Pourquoi une femme aussi parfaite ne pouvait pas vivre de cela ? Ce qu'elle était il y a quelques mois n'a rien à voir à aujourd'hui. A celle qu'il tient contre lui, celle qu'il a bien trop cajolée contre sa volonté, et réduite à une femme calme et paisible trop tranquille, correspondante à ce que lui voulait mais pas elle. La remodeler, presque littéralement avec cette grossesse, pour n'en faire qu'un substrat de ce qu'elle était réellement. Idiot. Stupide Prince.

Même ça ... même ça il l'aimait chez elle. Cette espièglerie, et cette énergie sans commune mesure, capable de fonder un royaume au milieu de nulle part, ou de sauver des Executor. Cette folie douce qui lui prenait dans ce sang bouillonnant, cette endurance qu'il avait pu mesurer trop de fois pour leurs propres plaisirs et qui la rendait si unique. Elle était ce bout de femme, cette contorsionniste comme elle aimait à le rappeler, aussi léger qu'une plume, mais aussi rapide qu'un fathier. Une pile à elle seule. Il aimait ça, et il l'avait bridé trop longtemps.

C'était de sa faute. Sa propre faute. Elle voulait repartir dans tout cela parce qu'il l'avait trop longtemps gêné, et parce qu'il lui offrait finalement l'occasion de le faire. De s'éloigner de lui, au nom de lui. Relégué au second plan, alors qu'il était le fautif principal de tout cela. Par sa propre jeunesse, sa propre énergie mal dirigée, comme il le découvrit sur Nelvaan, et qui venait à menacer la stabilité de sa propre famille. Ses enfants. Elle. Par sa faute la mère de ses enfants serait de nouveau une criminelle, une femme de peu de vertu pour qui les vies n'ont pas d'importance, et qui rentrerait un jour, les mains pleines de sang et lassée de toute une vie passées à courir après des cadavres. Parce qu'il s'était épris de la mauvaise personne, et parce qu'il n'avait pas assumé son acte complètement. Il la sacrifiait sur son propre autel, dernier acte égoïste d'un mari qui ne serait peut-être plus amené à en devenir un. C'était peut-être le sens de leur relation. La laisser passer devant. Etre avec elle, dans l'ombre, pour lui permettre de souffler le temps d'une période de repos entre deux missions, et de gérer tout ce qu'elle avait décidé de ne pas gérer. Un Royaume dont il n'était pas le Roi et dont son propre beau-frère assurait tout ce qu'il y avait à assurer, et pour qui il serait une figure de l'ombre de plus, comme sur Têta. Il n'y avait bien que leurs enfants, déjà abandonné pour ce voyage avec une douleur sans nom, qui pouvaient lui apporter une dernière consistance. A moins qu'elle ne les emporte, eux aussi, comme le sens de ce qu'il pensait avoir. Etre éthéré qu'il s'éprenait à imaginer être, à cet instant, face à la figure royale de sa propre femme. Elle le poussait derrière elle, et pourtant il ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir. Pour ses actes, ses erreurs, sa propre faute et sa propre responsabilité. Sa propre incapacité à être une personne mature et suffisamment adulte pour lui parler, et la comprendre. Pour entendre ce qu'elle avait vraiment à lui dire, et ce qu'elle était vraiment. C'était lui qui avait condamné leur couple, et c'était lui qui avait mené à la triste réalité de cet instant. Et c'était lui qui, tête baissée, reculait dans l'ombre qu'elle voulait créer au-dessus de lui, par nécessité pour ce qu'il avait échoué à être. Il n'arrivait donc pas à lui en vouloir d'être ironiquement tiré du centre de l'attention, malgré tout. De prendre sa place, sans qu'il n'ait rien demandé, au devant d'un Empereur avec qui il ne s'entendait de toute façon pas. Elle le reléguait loin derrière. Et il n'en dit rien. Il ne pouvait pas. Par peur de se fâcher avec elle, peut-être, mais pas parce qu'il l'acceptait. Au contraire. Son coeur lui hurlait de ne pas la laisser faire, mais ... Enlever le sens de ses actes ? De son pardon intime, de sa propre vie ? La laisser se sacrifier, au nom de cette noblesse qu'elle n'appréciait pas mais qui pourtant faisait largement partie de ce qui légitimait son acte ... L'amour est stupide. Il est niais. Et il fait faire n'importe quoi. Chez lui et chez elle.

Le silence, alors. Le silence de la douleur profonde face à tant de sentiments qui se rentraient dedans, entre jalousie pour ce qu'elle faisait, et refus de comprendre qu'elle puisse le vouloir. Mais également silence parce qu'il ne pouvait pas le lui refuser. Parce qu'il s'était juré de ne pas interférer dans une vie qui n'avait rien à voir avec la sienne, et dont il ne comprenait toujours pas tous les aboutissants. Le silence, et l'artifice. Trop de mots pour rien. Trop de pensées inutiles.

Le sourire, léger, les pensées bloquées, le baiser presque forcé. Elle partait. Symboliquement, sur une preuve d'amour, et il resta là, assis, bercé par les bruits légers du vaisseau. Il laissa tomber sa tête contre la table pour poser son front contre celle-ci et attendre. Cette discussion venait de faire trembler tout leur futur.


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De l'autre côté du vaisseau la discussion fut tout aussi ... décalée. Décevante, même, pour le vieil homme qui essayait de rattraper ses erreurs et ses mots emportés. En tentant l'apaisement, la sympathie, une forme de proximité qu'il n'aurait pas eu avec beaucoup d'autres, Rhedatt voulait donner sa chance à un rapprochement plus sincère avec celle qui était la compagne de son fils, d'une part, et d'autre part un électron libre dans l'improbable équation qui les menait devant l'Empereur. Une discussion franche, où il tentait d'être humain et de s'ouvrir à elle sans qu'elle ne le perçoive. A moins, bien sûr, qu'elle soit toujours vexée de ce qu'il ait pu dire un peu plus tôt, ce qui serait alors le pire scénario possible. Et forcément, parce qu'autrement la situation n'aurait pas été drôle, c'est bien ce qui se produisit. Une froideur, une rigidité, même, de sa part, qui lui faisait regretter ses paroles et son emportement. Sa pique finale était légitime, tout autant que son désamour certain pour sa personne. Même une enlaçade n'aura pas suffit à montrer toute la bonne volonté de celui qui avait peut-être entre ses mains la future Reine de Têta.

Evidemment, il ne savait pas quoi en penser. Le peu qu'il la connaissait, le peu qu'il découvrait au fur et à mesure de ces courtes discussions le titillait. Une femme plutôt belle, malgré des cheveux assez curieux, plutôt calme, malgré sa drôle de manière de faire, mais un peu rigide, trop peut-être pour cette royauté ? Ce n'était pas là ce qui l'inquiétait, s'il n'y avait eut que cela. C'était plutôt sa condition de sensitive, son rapport à l'Empire qui poseraient problème. Restait à savoir si malgré tout ce qu'en disait son fils, il était prêt à aller plus loin avec cette jeune femme. Rhedatt, lui, aurait bien aimé que la discussion continue et qu'ils échangent encore, qu'elle pose les questions qui la tracassent, qu'elle lui parle, mais elle n'était pas de cet avis. Il ne montra rien de sa déception, se contentant d'un acquiescement discret, un peu pris au dépourvu, tandis qu'il la libérait de ce qu'elle avait l'air de vivre comme une prison. Dommage.

A l'extérieur attendait Althar, dans le couloir, qui venait de visiter rapidement les cabines pour leur en trouver une. Calme, l'épaule appuyée contre la paroi, sa tête aussi y avait trouvé une place. De la sorte, il avait l'air plus fatigué qu'autre chose, même s'il esquissa un petit sourire en direction de la Grise qu'il accueillit en glissant ses bras sur ses épaules. Il n'y avait pas besoin de demander comment ça s'était passé, son regard en disait suffisamment long. Il l'embrassa doucement sur le front.

    « Je dois aller parler à mon père, si ça ne te dérange pas ... Je te rejoins vite, tu devrais en profiter pour te reposer ... Cette cabine là est libre, et il y a une espèce de salle de bain ... Par contre un lit une place ... j'essairai de pas trop te déranger ... »

Du doigt il avait désigné une porte non loin, qui donnerait effectivement sur une cabine libre, bien que très inconfortable. Ses lèvres trouvèrent leur place sur les siennes et il la libéra avec lenteur pour aller rejoindre le patriarche Fanrel, les mains dans le dos. Après un dernier regard à la figure féminine qui disparaissait derrière lui, il entra sans un mot. L'un et l'autre ne dirent rien, chacun sachant qu'il devaient se parler de toute manière. Rhedatt n'avait pas bougé. C'est dans cet esprit de défi habituel d'un fils envers son père qu'Althar ne prit pas place. Comme s'il découvrait cet endroit sans âme, il fureta faussement à l'intérieur, s'intéressant aux rares oeuvres d'art qui s'y trouvaient. Ce n'était pas à lui de parler, de toute façon.

    « Elle m'en veut ... au moins elle a du caractère, je ne peux pas lui retirer ça ... »

Aucun des deux ne bougea, mais l'attention d'Althar se reporta finalement sur son père.

    « Je lui parlerai ... Elle est juste très tendue avec cette histoire et certaines choses sur sa planète, récemment ... Elle n'est pas comme ça d'habitude .. »

Le père n'en dit rien, acceptant l'excuse comme telle. Il avait repris le projecteur entre ses doigts pour y regarder les quelques images dont il disposait. Le silence retomba, aussi gênant que celui puisse être. Ce n'était pas le moment de retomber dans ce vieux travers du manque de dialogue, et pourtant ils ont toujours fonctionné comme ça. C'était simplement que les atomes entrent en friction, le temps que la machine se relance.

    « Et ... tu l'apprécies, alors ? »

La question était stupide. Volontairement. La preuve : Althar quitta son occupation pour venir s'asseoir, lentement, face à son père, comme si la chose devenait soudainement plus importante, ou plus grave.

    « Papa ... Helera est ... elle est unique. Je ne l'aurai pas amené autrement ... Tu sais très bien que je ne te la présenterai pas si c'était le cas ... »

C'était une affirmation plutôt vraie. Si les paparazzis ne se gênaient pas pour lui attribuer plus de conquêtes qu'il n'en eut jamais réellement eut, les rares personnes qu'il présenta à ses parents furent presque dans leur intégralité simplement des amis fidèles, et non des compagnes prétendantes au trône. Une, il y a longtemps, simplement. Et elle, aujourd'hui. Cela avait donc un goût de nouveauté et de sérieux. Sans parler de l'occasion qui elle défiait tout ce qu'il avait pu faire par le passé. Un sourire fut donc de bon aloi, tout en posant le projecteur. Ses mains se joignirent sur ses cuisses, en observant son fils. Il avait encore changé, non ? Quelque chose de différent se dégageait de son regard, lui semblait-il. Il faut dire que se voir atteindre d'une maladie incurable et finalement trouver l'amour avait de quoi changer un homme. Ca, et savoir qu'on finirait en prison à vie. Althar, lui, cherchait ses mots face à son paternel. Ses gestes trahissaient sa nervosité.

    « J'aurai voulu qu'elle soit avec moi pour te l'annoncer, mais elle est épuisée, je te demande de l'excuser ... Papa ... Nous sommes fiancés depuis quelques semaines. Elle sera ma femme, et la future Princesse de Têta. »

Aussi simplement que cela. La grande annonce. Sortie de nulle part. Le Roi haussa un sourcil de surprise, perdant son sourire le temps de comprendre ce que cela impliquait. Comment allait-il réagir ? Althar n'avait pas réfléchi, pas cette fois. La fatigue, le fait d'en avoir marre, tout un ensemble de facteurs qui faisaient qu'il n'y avait plus autant de temps à perdre pour les choses inutiles. Il y eut un instant de flottement, tandis qu'ils se dévisageaient. Jusqu'à qu'une pointe de lumière survienne finalement sur le visage barbu de celui dont il recherchait l'approchait. Un sourire, et un air plutôt fier l'amenant à se redresser quelque peu pour tapoter sur la cuisse de son fils, manière très timide d'exprimer leurs sentiments respectifs. Mais cela n'empêchait pas de se comprendre, au fond d'eux.

    « Alors félicitations mon fils ... Si elle est la bonne, je vous souhaite d'avoir un mariage heureux, même si vous devrez passer sur Têta avant ... La vie loin du Noyau semble bien te réussir ... Vous réussir, plutôt ... Je suis content pour vous deux, Althar, malgré tout ça.
    - Merci père ... Je veux pas la perdre, tu sais ? Tout ça ... Tout ce qu'il se passe ... Elle ne doit pas en payer le prix ... Papa ... elle fait partie de la famille, même avec tout ce qu'elle a fait ... Tu comprends ?
    - Je sais très bien ce que cela signifie, oui ... Si tu l'aimes tant que ça, alors nous ferons front ensemble. La famille avant tout, mon fils, je suis heureux d'avoir une belle fille maintenant. »

Le sourire de l'assurance. Une famille qui se recomposait, aussi bizarre fut-il que le choix de ce moment. Les Fanrel Kor'rial, nouvelle dynastie d'un monde perdu, pour l'instant, et peut-être grands noms de cette Galaxie. Les choses avaient cette petite dose de surprise et d'ironie qui ne manquait pas de piquant, avec eux. Mais c'était ainsi, et ce n'était pas rien. Un père heureux pour son fils malgré tout, et un avenir prometteur, s'il venait à se réaliser. Il faudrait juste qu'ils apprennent à se connaître, c'est ce qu'espérait Rhedatt. Et Althar, aussi, qui se voyait mal passer ses dîners seuls entre sa femme d'un côté et ses parents de l'autre. Non non, tout irait bien, quand tout serait fini. N'était-ce pas pourquoi ils étaient là ? Si, bien sûr que si. C'est de cela qu'ils allaient parler encore un petit moment, tous les deux, dans la mise en garde d'un père envers son fils, et une tentative d'outrepasser la colère face à cet acte idiot qui leur coûterait peut-être beaucoup. L'heure n'était plus à se lamenter, mais à se défendre. Tous ensemble.



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[BASTION]
[BASTION]



Bastion ... Monde-capitale ... Et monde capital à cette histoire. Dernière étape de ce voyage annonciateur d'un futur encore mystérieux. Mais plus pour longtemps. Si entrer sur Yaga Minor relevait déjà de l'épreuve de patience pour les visiteurs, Bastion, à côté, était un défi de survie mentale pour oser espérer s'en approcher. Heureusement pour eux, il y avait à bord un Grand Vizir qui commençait à trouver le temps long à bord du vaisseau, et une invitation officielle de l'Empereur. Enfin ... pas vraiment une invitation, mais il était au fait de cette arrivée, et de ce qu'il voulait en faire. Cela a donc pu jouer sur les procédures et la capacité, après de longues minutes, à aborder lentement mais sûrement la surface tranquille de cette ancienne colonie devenue planète-clé de cette Galaxie. Qui sait combien de personnes avaient pu y mettre les pieds, depuis 7 années ? Ils faisaient partie d'une élite, sans le savoir, qui découvrirait de ses propres yeux ce nouveau modèle de gouvernance semi-galactique.

Mais ils n'étaient pas d'humeur à l'apprécier. L'astroport, l'architecture, tout ce qui fait le charme d'une planète n'existe que si on y porte une quelconque attention. Or, le couple découvrait une planète qui était surtout un tribunal pour eux alors que le Roi ne faisait qu'une visite de plus, ne sachant pas s'il était encore ici sur un lieu de travail ou présent pour une dernière visite de courtoisie avant son renvoi. La ville pouvait donc être très belle, il n'en saurait rien, même en la traversant pour en trouver l'épicentre, seul et unique lieu d'intérêt de ce jour ... pour l'instant ? Ce serait regrettable d'avoir à passer par le siège local du Bureau de la Sécurité Impériale. Très regrettable.

Le reste du voyage, depuis l'épisode de la discussion, s'était révélé étrangement tranquille. Presque silencieux, ou gêné, avec toute la complexité d'un équilibre à 3 côtés. Et ce fut pareil sur Bastion, où même dans le speeder qui les menait jusqu'à l'entrée du Palais impérial rien ne semblait émaner de ce petit monde. La blancheur inquiétante d'Helera, et son inquiétude profonde très apparente, la légère distance laissée par Rhedatt, et le comportement un peu irrationnel d'Althar qui se voulait très proche d'Helera était un ensemble étrange. Instinct paternel, peut-être, ou seul moyen de masquer sa peur en la fuyant. Sa main ne la lachait pas, son regard assez peu souvent et son sourire s'adressait souvent à elle. L'illusion de la confiance, et le besoin de la couvrir de preuves d'amour. Il n'osait rien dire, n'osant pas rappeler le protocole ou quoi que ce soit. La seule chose qui débordait de tout cela fut un fredonnement très discret, celui d'une berceuse. Quand c'était elle qui la chantait 'était plus agréable, c'est sûr. Mais ... il y pensait malgré lui. Cela trottait là, avec l'idée d'un décalage horaire avec Nelvaan qui normalement devrait leur offrir la perspective si douce de bercer deux enfants. Il n'avait qu'elle sous la main, elle et cette main à embrasser. Il ne la lacherait pas, pas cette fois, surtout dans cette tenue de Prince, sur un monde impérial, et face à l'Empereur. Qu'importe les regards ou les menaces. Assez.

Ils étaient devant. Le speeder était déjà reparti, et ici le calme était revenu. A part pour les gardes, ou pour le personnel. Mais eux, face à tout ça, qu'étaient-ils ? Ils allaient le découvrir, Rhedatt le premier, ouvreur de cette marche funèbre face au plus grand lieu de pouvoir que cet Empire connaisse.
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By Harlon Astellan
#32696
Did you think I had forgotten you ?
Perhaps you hoped I had.


Image


L'agitation croissante. Le fond de l'air devenait plus lourd, plus chargé. Les journées s'allongeaient, le soleil frappait durement. Les rayons dorés d'un soleil trop proche dardaient trop tôt sur le visage innocent des habitants d'une capitale qui n'avait d'existence que dans un registre inconnu. Ces gens savaient-ils seulement où ils étaient ? Si peu se doutaient de fréquenter en leur voisinnage un homme qui aurait pu se faire la somme de toutes les primes en sous-main de l'Undernet.

Les journées chaudes faisait se mollir les esprits et les corps, énervaient les passants et inspiraient des ventes explosantes d'eau potable en bouteille. Le gouvernement local avait prit sur lui d'installer des fontaines à eau à divers endroits stratégiques. Sage décision. Très... proche du peuple. Le soir tombait peu à peu, et on avait décidé de laisser la population en profiter un minimum. La fraîcheur du soir permettait un meilleur travail et permettait de profiter de repas en terrasse. Les gens pensaient l'être, mais ils ne l'étaient jamais vraiment. Habitués aux passages des armes de guerre qui veillaient sur eux.

Bastion avait de particulier que les patrouilles étaient plus fortes qu'ailleurs. La place forte de l'Empire accueillait des patrouilles doublées... et renforcées par des stations fixes de TB-TT, les canons tous tournés vers les allées piétonnes.

Certains s'en accommodaient. On profitait d'un dîner en terrasse, au milieu de quelques massifs de fleurs des champs, dans un restaurant bien placé en centre-ville, à écouter le sifflement du vent entre les tours sombres de style si... impérial. En périphérie, les petites maisons accueillaient les familles sur leur terrasse, à manger des fruits et des légumes frais de leur potager, à discuter de tout et de rien, sans vraiment se soucier de grand chose.

Sire ?


Harlon faillit sursauter. Son dôme de verre avait accueillit, contre son gré, une terrasse - blindée elle-aussi - et munie d'un garde-fou discret composé d'une seule barre ronde à un mètre vingt de hauteur, ainsi qu'équipée d'un bouclier qui lui permettait de laisser le vent passer sur son visage, mais aucun dispositif d'arriver jusqu'à lui. Ou lui de basculer dans le vide soudainement. Mais seulement lui.

Oh, Shtig. Venez, je vous en prie. Admirez la vue à mon côté.


Ce regret était devenu une joie. Un paysagiste renommé avait aménagé cette terrasse aussi grande qu'un penthouse en un petit jardin privatif dont il profitait depuis peu. La fraîcheur ambiante, agrémentée d'un lointain bruit de grillons et d'une brise nocturne, tout laissait place à un cadre parfait pour le travail. Un dîner peu copieux pour un travail rébarbatif dans un endroit idyllique. La compagnie n'était pas mauvaise. Shtig avait prit sur elle de venir en habits plus légers pour avoir plus d'aise au travail.

Le contrôle orbital vient de vous contacter.
Les Fanrel sont arrivés ?
Ils sont en route en ce moment même. Peut-être devriez-vous vous changer.


Harlon se regarda un instant, accoudé au garde-fou qui surplombait une ville de cent millions de lumières. Il était en pantalon de lin et en chemise en chanvre, les deux derniers boutons enlevés, laissant le col voler au gré de la douce brise et laissant refroidir son torse travaillé. Il se retourna pour faire face à Shtig, les coudes ramenés en arrière, jambes en avant.

Tsssss... Mais que pourrais-je bien faire d'eux.
Avez-vous déjà pensé au broyeur à ordures ?
Shtig...
Et bien vous pourriez songer à mettre vos menaces à exécution.
Mes menaces... pfeuh. Même ce naïf de Roi n'y a pas cru une seconde.


Ou du moins voulait-il le croire. Était-on à ce point persuadé de son savoir sur l'Empereur qu'on aurait cru un seul instant qu'il fut capable de sacrifier un enfant unique d'une famille à la fidélité forcée ? Oh, mais qui trompait-il. Aucune de ces menaces n'étaient du bluff, n'est-ce pas ?

Aussi étrange que cela paraisse, je ne les crois pas... infidèles. Juste... spéciaux. Et très sélectifs dans leur vision. Conservateurs, peut-être. Plus d'un an que j'ai demandé l'application de la politique fiscale de l'Hydien, et ce sont les seuls à ne pas s'être mis à la page.


L'Empereur laissa passer un sifflement.

Oui... quel dommage pour lui et son peuple. Se priver de si belles réformes... mais assez parlé de lui, vous le verrez bien assez tôt. Détendez-vous. Vous voulez un peu de thé ?


Harlon balaya la terrasse du regard. Il n'avait pas remarqué que Shtig était presque collée à lui.

Je ne vois pas de théière ni de pot de miel sur la petite table.


Il la sentait maintenant. Un parfum de rose bleue et de lavande, le décolleté parfumé et scintillant... un bijou émeraude, de ce vert qui rappelait étrangement les propres yeux d'Harlon, plongés entre deux rondeurs satinés sous des cheveux châtains... qu'on n'aurait qu'aimé prendre à pleine main et tirer en arrière.

On peut peut-être... se passer de thé... pour goûter directement le miel...


Elle glissa ses mains derrière celles d'Harlon, prête à tout.

Pourquoi croyez-vous que j'ai demandé à venir ici ? Ce n'est pas le travail... C'est... C'est si... Depuis que je vous ai vu...


Elle fit doucement glisser une main sur la cuisse d'Harlon, qui restait complètement figé. Les lèvres de la superbe créature s'entrouvrirent. En fermant les yeux... En laissant tomber la main entre les deux jambes... C'était si bon...

Mais on ne soupçonnait jamais la puissance physique de l'Empereur. Lui, petit ancien binoclard, homme d'état et sorte d'expert dactylo. Mais aussi et avant tout un soldat. Non. Un guerrier. Tous les matins à faire une séance physique intensive sous l'oeil critique et acerbe de son capitaine de la Garde. Qui passait deux jours de la semaine au stand de tir. Avait une barre suspendue devant son lit, où il faisait 50 tractions à chaque réveil. D'une main, il avait saisi sa gorge, et d'une main il la tenait contre le bouclier de sa terrasse. Sur fond de toile nocturne, des hexagones bleu translucides prenaient les mouvements d'épaule désespérés de Shtig. Pauvre Shtig.

Shtig... Shitg... Quelle déception.


Il la tenait sans effort, les doigts serrés, peu disposés à lâcher du lest. Sa poigne de fer portait aussi bien aux organes des hommes que sa propre politique portait sur les milliards de continents qui s'étendaient sous sa vue, et Shtig aurait du le savoir. Elle savait que l'Empereur n'avait pas de pectoraux artificiels, et que ses triceps auraient pu tracter un swoop sans effort. La tête collée contre une barrière inexistante mais bien tangible sur le plan empirique, Shtig commençait à suffoquer. Et l'Empereur s'en moquait éperdument.

Voyez, Shtig, je ne vous ai pas prise à ce poste pour... l'impression que j'ai eu sur vous, dirons-nous. J'ai passé sur les familiarités. Sur les soirées passées en ma compagnie sur mon mobilier. Sur vos habits de basse provocation. Et je passe aussi la fois sans équivoque où vous prétendiez penser être seule et n'avoir pas besoin d'une serviette après une douche.

Voyez, je l'ai fait par respect professionnel. Vous étiez si efficace... ponctuelle, jamais malade, toujours volontaire...


De sa main gauche libre, il prit le petit boîtier qui commandait, entre autres, la désactivation du bouclier de la terrasse. La hauteur faisait bien 200 mètres. Comment survivre à pareille chute ?

Pour autant, Harlon la lâcha. Elle atterrit à genoux, le chemisier plongeant, bijou pointant au sol, alors qu'elle se tenait le cou en toussant, et cherchant un nouveau souffle, tandis que son visage perdait de ce rouge vif qui lui couvrait les joues.

Harlon tripotait le boîtier dans sa poche de pantalon. Oui, il faudrait qu'il se change.

Je vous pardonne de m'avoir cru suffisamment stupide pour me laisser tomber dans vos rets de fornicatrice.


Il tapota sa poche. Gardait le dos tourné à Shtig, qui était proche du bord, encore en train de s'étouffer, et de laisser tomber quelques filets de salive en poussant des toux rauques et griffées.

Pauvre, pauvre Shtig.

Mais... je doute qu'elle vous pardonne.


En un demi-tour, il l'avait posé sur son torse. Son pied chaussé se posa doucement sur le plexus solaire de Shtig... avant qu'il ne pousse violemment sa jambe en avant. Elle roula sous le garde-fou, et son impeccable fessier roula sur un rebord qui n'eut aucune continuité. Elle glissa du rebord et commença sa chute. En hurlant. Harlon reprit son boîtier et réactiva le bouclier, après s'être penché en avant pour constater la hauteur. Et il se décida enfin à rentrer pour aller se changer.

Au revoir, Shtig. Ravi d'avoir travaillé avec vous.





Il avait opté de nouveau pour une tenue formelle mais légère. Bottes en cuir, pantalon épais gris, chemise gris clair unie et son tabard en cuir légèrement matelassé. Ainsi vêtu, il pouvait se tenir fièrement sur son trône mécanique et être en capacité de se battre. Non qu'il en ait l'intention. Même le meurtre n'avait pas loisir de faire bouillir son sang.

Appelez-moi mon chauffeur. Qu'il se tienne devant la tour dans cinq minutes.


Il ajusta une dernière fois ses manches, sans entendre de retour. Il roula des yeux et se souvint qu'il venait de renvoyer sa secrétaire. Il allait devoir s'en occuper tout seul le temps qu'on la remplace. Il alla rapidement à l'intercom pour contacter son chauffeur. Trois minutes après, il était devant l'entrée de la tour.

Empereur Astellan. Nous partirons dès que vous serez prêt.
Merci Sariss.


Les gardes devant la tour s'avancèrent vers Harlon. Les StormTroopers de Bastion avaient de particulier le liserait bleu sur toutes les tranches de leur armure, pour bien distinguer ces troupes d'élite des autres troupes de station sur les mondes impériaux tiers.

Mais au centre de ces légions se tenaient les Gardes Nova. Aux armures noir et or. Partout où il allait, ils suivaient. Pas question de laisser l'Empereur seul face à des assassins. Ils devaient être là. Pour éviter le pire.

Dans son véhicule blindé qui n'allait parcourir que trois kilomètres, le temps d'aller au Palais, Harlon songea un temps seulement à la discussion qu'il allait avoir. L'arrogance du fils et le détachement impersonnel du père. La situation serait tellement stupide et incongrue qu'il pourrait bien s'en trouver totalement désarmé. Démuni face à l'absurde. Il remercia son chauffeur - Empereur, mais courtois - et se fit escorter jusqu'à la salle de réception. Avec une seule entrée, circulaire, les murs séparés du centre par une épaisseur de deux mètres dans laquelle se tenaient plusieurs colonnes montant jusqu'au plafond culminant à 10 mètres, avant de laisser voir un trône ouvert, sur-elévé de plus d'un mètre à l'issu d'une dizaine de marches basses mais longues. L'endroit tournait autour d'une table de projection holographique marbrée qui cassait l'ouverture initiale du lieu. Un simple trône, comme on les faisait avant. Harlon se posa dans les coussins au moelleux relatif, inspectant les boutons à ses doigts, les motifs dans le marbre du sol, et le plafond parsemé de cristaux de Malab, en parodie de Galaxie à Ciel Ouvert. Une reconstitution des bureaux de l'Empereur sur Coruscant, qui ne manquait pas d'un certain panache.

Et assis là, l'Empereur put se livrer à ses exactions solitaires. Ainsi, il se pinça l'arête du nez en fermant les yeux. Il devenait fatigué de son despotisme. Centraliser le pouvoir lui permettait de contrôler chaque parcelle de son Empire, mais au prit terrible de sa condition. S'entraîner avec rigueur et exercer un pouvoir omnipotent demandait une force morale et mentale qu'il commençait à éprouver avec trop de ferveur. Il se sentait sur le fil du miroir, au risque de bientôt devoir en briser la ligne trop fragile. Si sa santé défaillait, il deviendrait vulnérable. Et ça serait la mutinerie.

Mais il devait s'essayer au calme. Trouver des délégués. Il avait limité le nombre de Conseillers Impériaux. Peut-être devait-il accorder un peu plus de confiance maîtrisée. Encadrer les aides, mais en multiplier les effectifs.

Peut-être, ainsi, arriverait-il à se gagner du temps. Représenter, même de loin. Consulter, diriger les grandes lignes. Apparaître, réprimander. Mais vivre... plus sainement.

Il glissa de nouveau la main dans sa poche. Mais pas pour prendre de quoi désactiver un bouclier, non. L'objet avait une forme de pendentif, de ces vieux bijoux pendus autour du cou. Il l'ouvrit. Et elle était là. Il avait fait confectionner cette image holographique d'Elizabeth, pour en avoir un cliché permanent sur lui. Sans son accord, évidemment. Son esprit trop rationnel aurait été dégoûté de ce genre de fétichisme. Même lui aurait trouvé ça étrange venant de quelqu'un d'autre. Mais cela lui semblait si clair maintenant.

Tu me manques, Elizabeth... tous les jours qui me séparent de toi... ma Reine...


Le bip monstrueux de son siège le réveilla.

* Empereur Astellan. Le Grand Vizir est présent. Il est accompagné de son fils et de son infirmière. *
Son infirmière ?
* Althar Fanrel requiert un suivi médical permanent, conformément à son état, Seigneur. *
Hmm. Ca fait sens.


Aucun risque que les deux Fanrel ne lui tendent un piège. Et quand bien même, il restait une légion de guerriers sous leur nez, dont une partie directement dans la salle de réception pour calmer les velléités des plus téméraires.

Faites les rentrer et mener à moi.





L'Empereur Astellan va vous recevoir. Suivez-moi.


Le sergent de l'entrée, à l'instar de la garde complète, était un Garde Nova. Son arme n'était pas un fusil E-11, mais une carabine à répétition qui, si elle était posée à son pied, lui monterait jusqu'à la taille, et avait la largeur d'un bras de Wookiee. Des poches à munition bien rangées à sa cuisse et en bandoulière ajoutaient une allure de guerrier rompu aux techniques de combat non traditionnelles. Flanqué de quelques 7 camarades d'arme, le peloton mena le trio vers un portique de sécurité moderne et impeccablement ciselé pour se fondre sans mal dans le décor de luxe austère du Palais.

Déposez là vos objets métalliques et passez sous le portique.


Pas de "s'il vous plaît". La voix robotique du sergent n'appelait pas à protestation.

Merci. Suivez-moi.


Les couloirs n'en finissaient pas. On croisait encore nombre de clercs, de ministres, de Conseillers et de gens d'importance en visite, quelques Moff de grande ancienneté pour la plupart, et donc dans la confidence de l'endroit. L'agitation était restreinte, les visages peu nombreux, les serviteurs discrets et rarement humains. Ceux qui voyaient clairement le Grand Vizir le saluaient dignement, genou à terre quand ils s'en souvenaient à temps. Puis vint la fin du couloir, à l'issue de laquelle se tenait une double porte massive en bois Wroshyr. Le garde, étrangement, poussa sans mal ces mastodontes de trois tonnes, la deuxième porte s'articulant sur le mouvement de la première, avant de la claquer contre le mur d'enceinte de la salle. A travers laquelle on voyait l'Intraitable.

Entrez. Je ne vous accompagne pas.
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By Helera Kor'rial
#32697
A peine sortit de l’entretien avec le Grand Vizir qu’elle tomba sur son futur, la mine hagard et le regard perdu. Ce qu’il avait dans la tête, elle ne le su pas. Parce qu’il commençait à s’améliorer à ce jeu-là et que sa faiblesse ne lui permettait guère ce genre de folie. Aussi se fit-elle congédier tandis que les deux hommes pénétraient de nouveau dans le bureau royal. Quant à elle, ce fut la direction de la chambre. Sobre, petite, sans grand intérêt autre que son objectif primaire. Au moins y avait-il une salle de bain et elle aurait presque cru qu’il n’y aurait pas eu d’eau. Les goûts de luxe commençaient-ils à lui monter à la tête. Probablement. Loin était le temps où il fallait dormir dans la paille d’une grande parce qu’il n’y avait rien d’autres pour se reposer. Helera se positionna sur le lit en position assise, le regard fixe en face. Le mur tout aussi sans intérêt avait ce quelque chose de fascinant qu’elle en resta plusieurs minutes à l’observer. Puis finalement, une fois s’être rendu compte de sa propre latence, se laissa tomber en arrière. Qu’est ce qui était le plus douloureux ? Son corps qui lui rappelait à chaque instant que deux grosses têtes venaient d’en sortir ? Ou l’anxiété aigüe qui la submergeait ? L’un dans l’autre, cela ne changeait pas grand-chose, puisqu’elle avait quand même une boule au ventre. Et ce n’était pas ses enfants, elle en était sûre. Dormir, c’était bien la seule chose à laquelle elle rêvait à cet instant. Quelques minutes, quelques heures tout au plus. Même cette robe n’aurait pu la gêner tant ce lit inconfortable avait un touché de velours…

Les choses étant ce qu’elles sont, elle rouvrit les yeux en sursaut. N’ayant pas bougé de sa position initiale, elle ne put dire combien de temps elle avait fermé l’œil. Se maudissant elle-même, Helera se releva d’un bond et accourue à petite enjambée vers le miroir de la salle de bain. Se réajuster, remettre en l’état son maquillage avec … Rien ? Elle ne faisait pas partie de ces femmes qui se baladaient avec une sacoche remplie d’ustensile de peinture, ni de celle qui peignaient particulièrement. Helera jura et tenta au moins de se repeigner et hésita à couper cette frange rebelle qui commençait à lui courir sur le haricot. Une fois à peu près apprêtée, elle sortit de la pièce en toute hâte pour y retrouver les Fanrel. Rien dans le salon, rien dans le bureau, dans lequel elle ne se priva pas de passer la tête après avoir frappé. Dernière chance, le poste de pilotage, dans lequel les deux compères attendaient sagement qu’on leur indique la marche à suivre. Un regard au vieux roi pour se rendre compte que les procédures ne lui plaisaient guère, et un autre vers son fiancé qui l’accueilli avec un sourire comme toujours, qu’elle lui rendit. Elle se faufila et sans un mot se mit à son flanc, regardant la planète secrète avec appréhension. Un vulgaire caillou avec des destroyers de partout. Rien de bien excitant.

« Votre majesté », commença-t-elle. « Je vous prie de bien vouloir m’excuser pour mon comportement d’alors. Cette période n’est pas très favorable pour moi à tous les plans, et je suis quelque peu apeurée par l’entreprise que nous sommes en train de tenter. J’ose espérer que cela s’améliore quand nous ressortirons de cette planète. »

Un regard vers ladite sphère, la prison, le cœur de la peur, puis de nouveau vers son interlocuteur à la barbe blanche.

« De plus, j’aurai une faveur à vous demander, à tous les deux en fait. Que jamais le nom de Nelvaan ne soit prononcé, qu’une allusion à mon état ne soit mentionné ou encore quelques attrait au Sud. Cela à compter de notre sortie du vaisseau jusqu’à ce que nous soyons retournés en espace sûr. Ceci fait, le vaisseau ne pourra pas retourner directement sur ma planète et nous devrons faire un transfert de vaisseau. En fin de compte, je pousserai bien la sécurité jusqu’à vérifier que l’on ne nous mette pas de radar dans le corps, mais ce serait peut-être abusif, quoi que tout à fait possible … »

Elle fit une pause et baissa la tête.

« Je … n’ai pas envie qu’il arrive quelque chose à Nelvaan et une armada impériale aurait tôt fait de la réduire en poussière. »

Pour son peuple, c’était déjà une chose. Les nelvaaniens avaient déjà été exploités par le passé et ne se laisseront surement pas faire. Mais d’un autre côté, ils n’avaient rien pour riposter face à des croiseurs. La victoire ou la mort. D’autre part, ses enfants se trouvaient sur la planète. Et de ce fait, le code de sécurité ne souffrirait d’aucune entorse. Depuis le début, elle accumulait les mauvais points avec son beau-père, et probablement ne l’aimait-il déjà pas. Mais le contexte ne s’y prêtait pas, et les mensonges, ou plutôt la dissimulation de la vérité qui avait lieu n’allait pas en arrangeant les choses. Helera avait horreur de mentir, qui plus, préférant omettre des faits. Tout cela en revanche ne facilitait pas des échanges cordiaux et elle avait hâte de se libérer de ses entraves pour enfin pouvoir tout avouer.




Ils arrivèrent finalement dans la capitale. La chaleur étouffante de la planète était insupportable. Les immeubles de verres et de métal non chromés renvoyait la chaleur dans toutes les directions, ajouter à cela les moteurs des véhicules et l’agglutinement des nœuds provoquaient une sorte de surchauffe ambiante qui l’affaiblissait davantage. Si l’ancienne Grise était résistante au froid, pour ne pas dire dépendante, la chaleur la ramollissait, la mettait mal à l’aise et qui plus est détruisait sa concentration. De son œil sensitif, experte en manipulation climatique, elle voyait toutes les calories qui circulaient et les axes de transfert d’énergie. Tout cela n’allait pas lui faciliter la tâche. Aussi restait-elle aux côtés du prince, sa main dans les siennes, concentrée sur son but, ne pas s’évanouir. C’était sans doute le plus important pour le moment et pour autant le moins évident. Sa robe non plus ne se prêtait pas tellement à de telles chaleurs et elle se sentait de plus en plus étouffée à l’intérieur. Rien n’allait. Pour autant, elle ne dit rien, ne pu rien dire. N’aurait pu répondre non plus à quelques questions. L’anxiété continuait de la gagner tandis qu’ils approchaient toujours plus du bâtiment central à l’intérieur de ce speeder. Enfer et damnation de cette immense structure aussi froide et dure que son résident d’honneur. Ne pas vomir, ne pas respirer, ne pas penser à la chaleur. Rien, ne penser à rien. Avancer, faire le robot, mouvements automatiques et préconstruits. Eteindre le cerveau. Facile à dire …

Mais finalement vint l’arrivée, et c’est sur des jambes fébriles et tremblantes qu’elle se réceptionna, sans quitter le contact avec le prince. Contact qui dû néanmoins se rompre. Elle était seule, parce qu’il ne devait en être autrement. Parce que le secret était de mise, et en allait de leur sécurité, probablement. Les gardes blancs ne les saluèrent ni aucune autre forme de politesse. Seule régnait l’autorité ici et l’obéissance. Deux nuances qui pouvaient se révéler dangereuses dans les mains malintentionnées d’un seul homme, au sens large du terme. Elle avait peur, elle tremblait intérieurement et des sueurs froides se manifestaient çà et là sur sa peau devenue blafarde. Pour autant, la Force ne l’avait pas quitté, et c’était sans doute la seule bonne nouvelle qu’elle pu éprouver. Non, elle était bien là, et par elle, Helera se régula, tira la Force de la vie et surtout abaissa artificiellement la température de son corps. Cela avait pour conséquence une hausse de la température de sa proximité, mais pour le coup, ce n’était pas un choix qui lui appartenait. C’était soi cela, soit le contact avec le sol et l’esprit dans les nuages. Déposer les objets métalliques, bien. Qu’avait-elle de métallique sur elle. Les broches ? Dans le doute, elle les déposa dans le bac approprié. Quoi d’autres ? Elle ne portait pas de bague, pas de colliers, ni boucles d’oreilles. Sobre, sans artifice. Parce qu’elle n’en avait pour ainsi dire rien à faire. Peut-être que cela devrait changer, ne serait-ce que pour être aux normes de la cours Tétienne. Si jamais elle avait l’occasion de s’y rendre. Un pas à travers le portique qui sonna néanmoins tout en allumant moults lumières. Si Helera était déjà blanche, elle devenait transparente. Elle se regarda de partout au cas où sa robe cachait un autre artifice qu'elle n'avait pas vu, mais rien.

« Je n'ai rien de ... »

Elle jeta un regard vers son bras gauche et se pinça les lèvres. Non parce qu'elle l'avait oublié, mais parce que ce traumatisme restait une honte pour elle et ce simple passage devant la sécurité ne cessait de lui rappeler.

« Mon bras est mécanique. Je ... Je ne peux l'enlever... »

Ils purent le vérifier. Le bras mécanique commençait au niveau de l'épaule. Puis elle attendit sur le côté que les Fanrel ne fassent de même et en profita pour souffler lentement. Evacuer le stress et l’angoisse, oui. Les mains jointes l’une sur l’autre, Helera n’osait relever la tête vers les gardes et même avec cela se sentait épier. Combien de temps avant que l’on ne regarde la supercherie ? Combien de temps avant qu’un coup de crosse malencontreux ne viennent rencontrer sa tempe ? Aucun regard à l’architecture, au grand damne des plus puristes du bâtiment. Déjà parce qu’elle n’en avait rien à faire. Et puis … parce qu’elle n’en avait rien à faire. Ce genre de frivolité était bonne pour ceux qui avaient le temps de s’en occuper. Et le temps, c’était bien actuellement ce qui allait lui manquer. Peut-être l’architecture de la prison vaut-elle le coup d’œil ? Pas de pensées négatives, se concentrer, c’est tout ce qui comptait.

Une fois cette étape passé, on les mena dans le couloir de la mort, sobrement appelé ainsi dans son esprit, puisqu’il n’y avait rien d’autres que des gardes, des hommes et femmes en uniformes, militaires ou civils et tous les grandes pontes impériaux. Des personnes âgées, pour la plupart, dénotant alors la stagnation de la classe dirigeante. A en voir le vieux roi, dans tous les cas ce n’était guère surprenant. En revanche, il émanait de lui une autorité qui la faisait pareil comme une petite fille. Par moment, un ou deux badauds s’agenouillait devant lui, littéralement. Ce comportement étonnant dénotait la soumission d’une part, et surtout la supériorité des élites d’autres parts. Un nelvaanien ne s’agenouillait pas devant elle, question de principe. Parce qu’elle n’aimait pas que l’on s’abaisse devant elle. Mais passons, ils arrivèrent alors devant une porte de bois au nom imprononçable, surement venant des planètes de l’Est, puis furent invités à entrer. Le moment tant espéré, désormais largement regretté. La neige lui manquait, son trône lui manquait, ses enfants lui manquaient. Helera entra la dernière, pièce rapportée dans un jeu qui la dépassait totalement. Il se tenait là, au fond de la salle sur son trône à en faire pâlir celui de Nelvaan. Et au moins lui avait des coussins. Helera baissa la tête et se demanda comment le saluer. Elle n’y avait pas pensé une seconde, en réalité. Le temps se figea autour d’elle tandis que son esprit se remémorait tout ce qu’elle connaissait. Comme les princesses des holo-films ? Non, pas la bonne robe. Salut militaire ? Déplacé. Ou encore peut-être une référence Jedi ? Un allé simple pour la potence. La mimique, c’était sa seule solution. Elle jeta un bref coup d’œil à Althar et l’imita dans son geste de salut, prononçant les mêmes paroles que lui. Peut-être les femmes devaient être s’incliner autrement, elle n’en savait rien. Elle ne savait même pas comment le nommer. Quelle plaie. Son cœur tambourinait dans sa poitrine dans un tout qui allait la faire exploser. Livide, apeurée, affaiblie et terriblement en manque de sucre, Helera ne parlait ni ne parlerai tant que l’on ne lui en donnerait pas l’ordre. Pour le moment, son rôle était celui de l’infirmière et elle devait écouter.


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