L'Astre Tyran

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By Helera Kor'rial
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ImageLa petite boîte trônait au centre de l’aire d’entraînement, rayonnant d’une aura invisible et terriblement noire, lançant ses ondes de démences, d’effroi et de folie sur tous les êtres vivants qui avaient le malheur de croiser son passage. Pourtant, elle n’avait rien d’extraordinaire. Cette boîte de métal parfaitement carrée était reliée sur le couvercle par des symboles ésotériques et très anciens. Une écriture dont devait taire la signification et dont les lecteurs ne se comptaient plus que les doigts d’une main. Cette langue runique qui avait vu naître les êtres les plus vils de la galaxie, les aidant dans leur progression de destruction galactique. En outre, ces runes jaunâtres ainsi disposés ne formaient pas véritablement de mots, mais plutôt était-ce une mise en garde. Le coffret métallique quant à lui était sobre, noir comme la suie, froid au touché et brûlant au regard. La corruption qui émanait de l’ensemble était palpable dans l’air et provoquait chez la reine quelques frissons d’horreurs. Son esprit vacillait entre indécision et résolution, étant persuadée de ce qu’elle devait faire mais doutait d’avoir à utiliser cet objet.

Elle était assise au centre de la pièce du vaisseau, les mains sur les cuisses et le regard rivé sur sa convoitise, confiée par les Forces de la Confédération. Elle savait que se cachait dans ces cryptes secrètes des êtres et des objets pires encore, défiant toute raison, pouvant détruire une âme non avertie sans le moindre effort. Des objets qui n’avaient pas leur place dans les mondes civilisés et qui irradiaient encore aujourd’hui, attirant padawans et chasseurs de trésor. Car il y dormait en son centre l’épicentre des perturbations cosmique, le responsable de son agitation dont elle avait par deux fois eu à faire. Celui qui avait vendu son corps pour vivre par-delà la mortalité. Si puissant dans le côté obscur qu’il en était redouté par ces mêmes utilisateurs. L’avoir devant-elle, c’était comme regarder ses défaites passées, ressentir ses deuils et ses erreurs. Pourtant, il était sans doute le seul à lui assurer un avenir et l’aider dans sa quête de protection, volontairement … ou non. Son esprit dériva un instant vers son royaume de neige, tandis que quelques visages défilèrent devant ses yeux. Jamais elle ne pourrait les abandonner, et puis, les récents évènements de Cyborrea était déjà une alerte sur l’urgence de la situation. Sans réfléchir davantage, elle fit sauter le cran de sécurité, l’ôta lentement et leva le couvercle, découvrant une pyramide rougeâtre dont le centre semblait s’activer comme un cœur. Elle murmura, comme sombre incantation pour invoquer son vieil ennemi :

« Andeddu. »

L’atmosphère changea brutalement et même s’il n’était pas véritablement « normal » tomba littéralement dans les ténèbres. Les lumières clignotèrent, l’obscurité grandit et l’enveloppa totalement, la submergea et faisant remonter son lot de sentiments pervertis, à tel point qu’il lui fut difficile de garder son calme. Mais elle n’était désormais plus une enfant, et patienta dans la même position. L’holocron s’agita sur lui-même, cognant les bords de sa boîte, jusqu’à s’épuiser dans l’immobilité.

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« Qui ose perturber mon sommeil ? »


Lentement, une forme apparue. D’abord fugace et insaisissable, elle prit consistance, formant depuis l’humanoïde, un être unique que même après toutes ses années, elle ne pouvait oublier. Une mine décrépite, dénuée de gencives autour de la bouche et donc les joues étaient à moitié rongé. Des yeux aux pupilles noirs, tout autant que les iris qui les entouraient, surmontant un nez inexistant mais symbolisé par deux petits trous. Il était apprêté de sa longue robe portant les mêmes runes que sa boite et tombant jusqu’au sol. De sa personne, de son être profond, irradiait une telle puissance qu’elle n’avait qu’à tendre la main et s’approprier son pouvoir et détruire elle-même toutes les menaces. Peut-être même devenir impératrice galactique… Non … Elle ferma les yeux un instant, cherchant à enfouir le lot de noirceur qu’elle avait par mégarde ouverte tantôt. Qu’avait-elle laissé sortir du fond de son être, sur la planète Hutt ? Helera se sentait en danger, mais pas à cause de la présence devant elle. Elle se sentait en danger à cause des noires auras qui gravitaient désormais au-dessus de sa tête et dont elle avait libéré le passage. Qui lui avait procuré l’espace d’un instant euphorie, puissance et résolution. Et dont elle se rappelait par quelques résidus mnémoniques avoir largement profité lors de son passé Sith.

« Helera Kor’rial, si je suis enfermé dans cette boite, c’est par ta faute. Et voilà que tu viens m’en libérer. Hm … »


Si son visage se durcissait sous les traits de la colère, tirant une moue plus horrible encore que ce que le personnage était à son état d’origine, ce n’était pas pour effrayer la reine. Mais très vite sa colère retomba et il fronça les sourcils, l’observant avec un plus grand intérêt encore. Ses sourcils se froncèrent, croisant le regard azur de l’intéressée, toujours assise à terre, dans le silence.

« Je sens en toi une grande puissance, très grande puissance… Mais également le doute. Tu as besoin de moi, c’est ça ! Ha ! »


Darth Andeddu fut prit d’un de ses rires ignobles qui lui glaçaient à chaque fois le sang, tant son âme s’en retrouvait ébranler. Il résidait dans ce personnage une telle noirceur et pourtant une telle sagesse, que sa simple présence lui faisait froid dans le dos. Il frôlait avec l’omniscience et il aurait pu être l’entité venant du fond du cosmos pour lui indiquer son futur, qu’elle ne l’aurait qu’à moitié acceptée. Helera se releva et croisa les mains dans le dos, cherchant à garder bonne figure devant lui, sans succomber à la terreur.
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« En effet, j’ai besoin de vous. J’ai besoin de votre savoir sur les fils du destin. J’ai eu l’écho d’un futur me concernant et j’aimerai enrayer ce qui se prépare. »

Le Sith fit la moue, tirant de nouveau une de ses horribles grimaces.

« Le futur est en constant changement, jamais il ne peut être contrôlé, jamais. Si tu as eu la vision de ta mort, sache que je m’en réjouis. Je prendrai plaisir à narguer ton esprit. »


Mais la reine resta de marbre.

« Il ne s’agit pas de moi, mais de ma planète. »

« Tu me réveilles de mon sommeil forcé pour me demander d’user de mon savoir pour … ça. Ce sont les Jedi et leurs affligeante magie qui gaspille leur énergie à ce genre de choses. »


Helera ne répondit pas. Il était évident qu’il avait raison, que les Jedi étaient peut-être les mieux placés pour l’aider. Ou du moins l’étaient-ils dans la conscience populaire. A l’heure actuelle, elle se demandait simplement si la lumière n’était pas un autre dogme politique. Et pire que ça …

« Tu as peur, c’est donc cela. Tu doutes de ce que tu as appris, de ce que l’on t’a forcé à te mettre dans le crâne. Quand je t’ai pris sous mon aile, tu n’avais pas ces doutes là et ton esprit était encore sain. Mais tu as décidé de me trahir. Pourquoi t’aiderai-je ? »


« Je suis prête à entendre vos propositions. »

Un sourire béant se dessina sur son visage, dévoilant une série de dent jaunies par le temps. Même s’il n’était qu’un esprit, Helera pouvait presque sentir son souffle putride lui emplir les poumons. Il l’écœurait, la répugnait et représentait la pestilence à l’état pure, la folie de la course au pouvoir. Le sacrifice absolu pour une cause personnelle, en dépit de tout et de tous. L’antipode de sa raison.

« Je crois bien me délecter de ce moment. Tandis que la reine de veut protéger son royaume, elle demande l’aide du seigneur noir des Sith. Je sens la peur qui te ronge de l’intérieur. Tu aurais pu éviter tout cela si tu n’avais pas abandonné. »


« Allez-vous m’aider ? »

« Qu’en pense tes amis et ta famille, de ce petit entretien ? Oh … Rien ? C’est cela, ils sont morts. Ton père tué par les républicains, tes enfants trop jeunes, sans père pour les élever. Tu es donc leur seul espoir. Te rends tu comptes de tes échecs passés ? »


La reine commençait à perdre patience, mais garda néanmoins contenance.

« J’en ai conscience, mais la lumière me … »

« Mensonges ! La lumière t’aveugle, idiote. Ne vois-tu pas où elle t’a mené ? Dans une impasse ! Tu le sais, je le sens au plus profond de toi. Tu doutes de tes choix, tu hésites alors que tu devrais être résolue. Ta planète ne mérite pas l’hésitation ! »


Helera garda le silence mais baissa la tête, son visage ne trahit aucune émotion, car il n’était nul besoin de cela pour qu’il la sonde. Il savait ce qu’elle ressentait, à n’importe quel instant. Elle approcha ses deux mains et les posa sur ses genoux.

« Je sais ce que j’ai fait, ce que mes choix m’ont fait perdre. Et oui, j’ai peur. J’ai peur de les perdre. Mon royaume et ma planète… »

« Pitoyable. »


L’esprit se détourna d’elle et sembla peu à peu disparaître, jugeant par son regard embrasé la reine prostrée. Voyant ce phénomène, elle fronça les sourcils et se leva.

« Vous n’avez pas le droit de partir ! »

Pas de réponse.

« Vous voulez savoir ce que je suis prête à faire ? Ce que je suis prête à vous donner, si jamais vous m’aider ? Tout, absolument tout ! »

Sur ces mots, elle arqua son pouce et son index, visant la gorge de l’esprit disparaissant. Ce dernier fut soulevé du sol qu’il ne touchait déjà pas et attiré vers elle. Il porta ses mains à sa gorge, sans émettre le moindre son. Le visage de la reine se déforma sous la colère, mais une larme coula le long de sa joue. Le démon spirituel fut porté à son niveau, mais comme une vulgaire brise, il chassa l’étreinte d’un revers de sa main. Helera tomba à genoux tandis qu’un flot de sentiments la submergea sans pouvoir les retenir. Elle frappa plusieurs fois de ses poings contre le sol, de toutes ses forces. A tel point que ses phalanges organiques rosirent puis saignèrent sur le sol. Son désespoir une fois passée, elle continua de pleurer en silence, n’ayant que pour seule volonté, sa haine envers celui qui refusait de l’aider. Elle était désormais certaine de n’avoir aucune solution. Mais contre toute attente, c’est Andeddu qui brisa le silence.

« Si tu veux de l’aide, accepte qui tu es, et par voie de fait, prête-moi allégeance, maintenant et jusqu’à ce que notre contrat prenne fin. Je n’exigerai rien d’autres. »


Helera à genoux, leva ses yeux implorés vers l’esprit, son visage plus démoniaque qu’auparavant. Il ne subsistait que la ferme résolution sur ses traits. Mais elle y voyait autre chose, peut-être la preuve de sa rédemption et le sauvetage de son peuple. La reine porta sa main droite sur son cœur et baissa la tête, n’étant plus certaine de ce qu’elle faisait, à demi entre rêve et réalité, perdue dans son propre corps, perdue sur sa voie.

« Je vous servirai, Seigneur, si vous me donnez la force d’enrayer ce futur. »
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« Bien, bien … Pour commencer, tu vas devoir trouver un objet ayant appartenu à mes contemporains. Une base de connaissance regorgeant des savoirs des anciens Seigneurs, accumulés au fil des millénaire. »


Le visage de la reine sembla s’illuminer d’un nouvel espoir. Elle sentait au fond de son ventre comme une fleur en pleine épanouissement, véhiculant dans ses veines un désir renouvelé.

« Cet objet est très particulier et surement très bien gardé. Nul être non averti ne peut l’utiliser, sans y être consumé. Tu vas devoir te libérer de tes entraves, si tu veux le trouver, et ainsi … sauver ton royaume. »


Helera se releva et fit face au Seigneur Andeddu, fixant ses yeux de lave, sans se concentrer sur son allure fantomatique décrépie. La terreur qu’il lui inspirait tantôt avait été relayée au second rang devant son nouvel objectif. Car désormais, elle avait un but clairement défini. Elle était prête à prendre tous les risques pour retrouver cet objet de savoir, dont elle était certaine, contenait tout le nécessaire pour accomplir sa quête.

« Je n’ai pas d’entraves. »

« Ne sois pas stupide, tu mens, c’est ta première entrave. Tu comptes trop sur les autres et pas assez sur tes capacités. Tu cherches à protéger plutôt qu’à accomplir ton objectif. Il n’y a nul réconfort à celui qui termine deuxième, surtout quand les enjeux sont si grands. »


« Que voulez-vous que je fasse ? »

« Laisse couler tes sentiments, laisse couler la Force et rends-toi compte de qui tu es. Hm … Tu vas aller sur Yavin 4. Là-bas, à travers la jungle le tombeau du Seigneur Naga Shadow. »


Helera opina du chef. Elle avait un nom et une direction, il ne lui fallait pas davantage. Elle savait Yavin 4 être une des planètes les plus dangereuses de la galaxie. Aussi ne comptait-elle pas y aller toute seul, mais dépêcherai peut-être une division de soldats, ainsi que certains de ces chevaliers. Elle n’avait pas été aussi résolue et déterminée depuis bien longtemps et savait sa quête noble et juste. Cela prouvait de nouveau que les Jedi avaient tort, et il pouvait y exister une alliance entre les deux parties. Si la cause n’appelle pas à la domination ou l’élévation personnelle, sans que les moyens ne soient impies, elle était persuadée que le risque était minime. Sombrer du côté obscur revenait alors à un choix personnel, plus qu’à une véritable maladie. La reine laissa une ultime fois ses erreurs passés refaire surface, se demandant quel aurait été le résultat si tous ses choix n’avaient pas été enfermés dans des dogmes. Probablement meilleurs, pour tous. Ses yeux azurs fixèrent l’esprit, puis la boite, et referma le contenu. Le seigneur de la démence devrait attendre son retour.

Mais il n’était pas si simple de contraindre Andeddu maintenant qu’il avait été libéré. La boîte ne le fit pas disparaître et il ne s’en inquiéta pas. La reine n’en avait cure non plus et était bien disposée à accomplir sa mission, à ses côtés ou non. Et puis, elle l’avait vaincu une fois, elle saurait réitérer l’expérience. Elle se dirigea dans le cockpit et entra les coordonnées de la planète, une de celles dont personne n’avait le secret. Des derniers rapports à sa disposition, l’empire s’était écarté de la planète et elle était désormais abandonnée à l’espace ténébreux. Mais avant tout, la reine se munis d’une trousse d’urgence rougeâtre marquée d’une croix blanche, pour en sortir un bandeau de tissu. Elle se prépara à s’en recouvrir la main quand l’esprit se manifesta plus intensément. Les orbites vides tournées vers l’espace infini, il la stoppa d’un geste.

« N’en fais rien. »


« Pardon ? »

« Que cette marque soit celle du contrat qui nous lie. Je veux que tu la regardes quand tu te sers de ta main. »


La reine laissa tomber le matériel sur ses cuisses.

« Vous avez vraiment peur que je vous trahisse ? »

Il tourna lentement vers elle une de ses faces les plus abominables, armée d’un sourire presque moqueur et pervers.

« Je veux m’assurer que tu n’oublies pas le premier pas de ce voyage, Helera Kor’rial. »
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