L'Astre Tyran

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Planète au climat tempéré et à l'environnement accueillant, Mrisst, le monde natal des Mrissi, a forgé sa réputation grâce à ses prestigieuses académies d'arts et de sciences. Sa position particulière aux portes du Noyau en fait également un monde d'importance stratégique pour la Nouvelle République.
Gouvernement : Confédération des Systèmes Unis
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By Alayna Tega
#34302
Par les mots III
Echec et mat

Acte I. Architecte

Mrisst - Holonet Confédéré


Précédemment


Alayna était de retour sur Mrisst. Elle avait visité une dizaine de planète de la confédération avant de revenir sur la capitale. A chaque fois, elle avait associé rendez-vous avec l’élite et immersion dans le peuple. Une manière d’entretenir la popularité qu’elle possédait déjà et de l’étendre un peu plus. Elle voulait s’imposer dans l’esprit d’un plus grand nombre comme l’évidence.

La dernière étape de son périple n’était pas des moindres. C’est même la pierre angulaire de son projet. Une interview dans le talkshow le plus suivi de la Confédération. Elle qui n’avait jamais réellement accepté de se livrer à l’holonet. La Princesse n’avait rien laissait au hasard pour cette première réelle confrontation. Elle devait être à la hauteur de l’imaginaire collectif et même au-delà. Elle avait revenu une robe blanche et bleue qui donnait une impression de pureté, d’innocence. Son maquillage était simple, soulignant légèrement sa jeunesse et son énergie. Autour de son cou, un collier d’argent auquel pendait un émeraude marqué son raffinement et sa position. Elle semblait être la jeune fille fantasmée. Belle, souriante. Brillante. Une parcelle d’espoir incarnée.

Le plateau qui accueillait l’entretien était assez simple. Un salon reconstitué, avec une cheminé crépitante derrière les fauteuils. Elle serait face à l’une des animatrices les plus connes de la confédération. Lara Often. Une présentatrice qui avait accueilli plusieurs fois sa mère. Doucement, chacun prit place. Alayna. Lara. Le réalisateur, les techniciens. Tout le monde était prêt. La chandrillienne l’était également. C’était une première, mais elle n’avait aucune crainte. Bien au contraire. Son surplus de confiance l’avait poussé à ne pas faire vérifier les questions à l’avance. Face aux deux jeunes femmes, un homme entamant un décompte avec les doigts. On y était. La dernière partie de cet acte. Son dernier déplacement de pion avant la mi-temps.


« Mesdames, messieurs bonsoir ! Vous regardez Tonight Star, en direct et en stéréo. Ce soir, nous accueillons une invitée exceptionnelle ! C’est sa première grande interview, et nous avons certainement tous hâte de faire un peu mieux sa connaissance, j’ai nommée, notre Prima, son Excellence Alayna Tega. Bienvenue Excellence ! »


L’élargissement du champ de la caméra fit apparaître Alayna sur le fauteuil voisin de celui de Lara. Elle était souriante et leva la main pour saluer le public. Les acclamations ne tardèrent pas avant que l’animatrice ne reprenne la main.

« Merci d’être venue votre Excellence, je suis très heureuse de pouvoir enfin vous parler »

« Je suis également heureuse d’être ici Lara. C’est un honneur. Mais faites-moi plaisir, appelez-moi Alayna s’il vous plait. Laissons un peu de côté le protocole ce soir. »

« Oui...Et bien d’accord Alayna. Dites-nous donc, qui êtes-vous ? Tout le monde vous connait en tant que plus jeune dirigeante interplanètaire depuis des années, tout le monde a connu votre parcours et le fakegate vous a révéler à la galaxie…mais vous ne vous êtes jamais livré sur qui vous êtes réellement. Qui se cache derrière la couronne ? »


Un monstre ? Une jeune fille idéale ? La question n’appelait pas de vérité. Mais Alayna aurait été incapable d’y répondre de manière franche.

« Une jeune fille presque comme les autres. J’ai mes petites habitudes de jeune adulte. Se coucher tard à force de se promettre à soi-même que chaque épisode d’une série est le dernier. Regarder les étoiles avant d’aller se coucher. Passer plus de temps que nécessaire à choisir une tenue le matin… »

« Vous seriez donc une jeune fille normale ? »

« Oui oui, je le suis. Presque c’est vrai si l’on regarde mon emploi du temps. »


Rire. Le ton de la discussion était léger.

« Alors, comment une fille normale fait pour diriger la troisième puissance galactique ? »

« Elle sourit pour adoucir les conseillers de l’assemblée… »


Nouveau rire accompagnait d’un rictus de la Prima avant que celle-ci ne reprenne rapidement la parole.

« Non, en réalité, je fais ce que je pense être bon. J’écoute les gens sur le terrain, je me rends sur place, je discute avec mes conseillers, puis seulement j’envisage les possibilités qui s’offrent au gouvernement. C’est la seule façon de diriger qui me semble durable, même si je n’aime pas le terme de dirigeant. Il fait ressortir un sentiment d’élite qui dirige le peuple alors que ce n’est pas ce que je souhaite faire. Je veux que ce soit le peuple qui soit acteur des décisions. »

« C’est une sage opinion pour quelqu’un de votre âge. Vous n’avez pas peur d’être trop jeune pour de telle responsabilité ? »

« J’ai eu quelque crainte au tout début, je ne vous le cacherez pas. Pas à cause de ma jeunesse. Plutôt à cause de la soudaineté de ce qui s’imposait à moi. C’était aller dans l’inconnue. Mais à présent, je n’ai plus ces peurs. Je pense qu’il n’y a pas d’âge pour avoir des responsabilités. »

« Vous avez d’ailleurs récemment présenté une loi ambitieuse devant la chambre. Une loi de financement qui définit une centralisation bien plus grande qu’auparavant. Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans cette direction ? »

« Ce projet était un projet de longue date et que ne concerne d’ailleurs pas que moi. Il est issu d’un profond constat et de l’écoute de nos concitoyens. La Confédération a petit à petit déployé des services complémentaires à ceux des planètes. Mais jusqu’ici, les statuts et les prérogatives de ses institutions restaient floues. Nous avions besoin de clarifié les compétences de chacun. Notre but était de rendre la coopération entre les services centraux et les institutions planétaire plus simple et plus efficaces. »

« Un projet ambitieux et applaudis dans l’ensemble de la Confédération. Je vous propose de marquer une courte pause avant de nous retrouver dans quelques minutes ! »


Lara tourna le regard vers la caméra avant qu’une voix annonce la fin de la synchronisation. Elles n’étaient plus en direct pour quelques minutes.

« Vous vous en sortez très bien pour quelqu’un qui n’a pas voulu lire les questions avant »

« Merci Lara. Je ne voulais pas tricher. Cette interview doit me présenter au spectateur tel que je suis. »

« C’est très noble. Tout le monde n’accepte pas de me donner carte blanche. »


La voix s’éleva de nouveau et un homme reprit un compte à rebours. Trois. Deux. Un..

« Vous regardez bien Tonight Star et nous sommes toujours en compagnie de son Excellence, Alayna Tega. Alayna, juste avant cette courte pause nous parlions de la loi de finance, acceptée par l’assemblée. Vous avez récemment fait une tournée politique dans une dizaine de planète de la Confédération. Etait-ce pour représentait ce projet ? »

« Pas tout à fait. Ce voyage devait être pour moi la possibilité de constater les effets de notre politique. J’ai pu ainsi être invité à l’inauguration d’une école en partie financer par notre loi budgétaire. Mais ce n’est pas tout. Ce n’était pas jute une tournée politique faite d’inauguration et de gala. Je voulais avant tout faire ce que je n’avais plus eu l’occasion de faire depuis ma prise de fonction : rencontrer les personnes sur le terrain. Les écouter pour faire mieux que ce que nous faisons actuellement. Les rendre acteurs de notre nation. »

« Et vous êtes revenu avec des projets ? »

« Oui, de nombreux projets et quelques corrections que nous pourrions apporter à nos actions en cours. Nous avons encore tant à faire pour notre nation. »

« Une dernière question pour cette partie, Alayna. Vous avez de nombreux projets, vous vous sentez capable d’exercer la fonction de Prima, et, nous venons de l’apprendre en exclusivité, 65% des confédérés seraient favorables à votre maintien en poste à l’issu de la période d’intérim. Est-ce que vous nous ferriez le plaisir d’annoncer en direct votre candidature en tant que prochaine Prima de la Confédération ? »

« Vous savez Lara que personne ne peux déclarer sa candidature avant l’ouverture officielle des élections, donc je ne pourrais malheureusement rien vous dire. C’est une décision qui demande réflexion. Tous ce que je peux vous dire c’est que quel que soit la réponse, je serais là pour aider à la construction de notre confédération et à la défense de nos idéaux. C’est une promesse que j’ai faite et que je tiendrai. Mais pour en savoir plus, vous devrez malheureusement attendre encore un peu… »


***


« Espèce de petite pute ! »
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By Alayna Tega
#34316
Le plan d’Alayna avançait comme elle le voulait. Tout se passait comme elle l’avait prédit. Cette fois, c’était elle qui avait un coup d’avance sur tout le monde. Elle avait fait de sa popularité une arme visible et elle avait évoqué en public la possibilité d’une candidature à l’élection du nouveau Prima. Elle savait alors que ce n’était plus qu’une question de temps. Tout allait à présent vite s’enclencher et elle devait être rapide et précise.

Comme elle l’avait anticipé, son service de secrétariat reçu une demande d’entrevue dans les deux jours qui suivirent l’entretien sur l’holonet. Bien qu’elle aurait pu se libérer avant, elle laissa Milers attendre trois jours de plus. Il fallait le faire macérer un peu avant de le rencontrer. Laisser la pression et le doute l’envahir petit à petit. La colère devait être à point pour le rendre plus fragile.

Le jour de sa venue, Alayna avait tout organisé. Elle avait troqué le bureau de Princesse de Chandrila du premier entretien pour celui de Prima de la Confédération. Une symbolique déjà forte. Contrairement à son homologue sur la planète natale d’Alayna, celui-ci était froid et moderne. Du marbre parfait mais glacial. Des murs de gris et de blanc. Des canapés de cuirs noirs. Et un bureau ressemblait à s’y méprendre à un bout d’aileron de vaisseau. Et version polis et blanc brillant.

La Prima portait elle une robe noire, bien plus stricte et plus sobre que ses robes habituellement colorés. Comme à son habitude, la Chandrillienne soignait sa mise en scène. Dès l’entrée de l’homme, elle voulait qu’il comprenne qu’elle n’était pas une gamine tentant de jouer à un jeu d’adulte. Il devait tout de suite sentir qu’elle avait le contrôle de la situation.


« Madame, votre invité est là. »

« Lyria, pourriez-vous le faire patienter quelques petites minutes ? Je dois terminer un entretien holographique avant de le recevoir. »

« Bien madame. »


Il n’y avait bien sûr pas d’entretiens. Juste une attente inutile pour faire élever encore plus la pression dans le bain bouillonnant que devait être Milers. Le male alpha qu’il se pensait être était menacer par une gamine à peine adulte. Et sans le savoir, il avait déjà perdu.

Quelques minutes plus tard, elle jugeant qu’il était temps de le faire entrer. Il était temps d’en finir avec cette affaire. Lorsqu’il se présentant face à elle, Alayna vu dans son regard qu’elle ne s’était pas trompé. Il était à point. Elle en ferait ce qu’elle désirait. Ils s’installèrent l’un et l’autre de chaque côté du bureau.

« Monsieur le Conseillers Milers, que me vaut votre visite ? »

« Votre Excellence. Vous devez avoir une petite idée, non ? »

« Aucune. Mais je suis tout ouïe »

« Bon sang, Alayna, a quoi vous jouer ! Ne me prenez pas pour un idiot ! C’était quoi cette tournée dans les Colonies ? Tous ses meetings ! A quoi vous jouer ? Vous pensez que je ne vois pas qu’il s’agit d’une campagne politique ?! Tout le monde ne parle que de votre interview et de votre soit disant candidature ! Vous avez perdu la tête ? »

« C’est tout ? Vous avez finit ? »


Alayna était restait souriante tout du long, prenant une expression froide, presque inquiétant seulement lors de sa remarque. Sa voix avait sonné comme un coup de fouet. Elle tranché avec l’énervement palpable du conseiller. La jeune fille était totalement dans la mesure.

« A votre avis, à quel jeu je joue ? Etait-ce une campagne ? Bien évidement. Vous pensiez que j’allais abandonner comme ça ? »

« Vous ne comprenez vraiment pas. Vous ne passerez pas ! Vous allez juste fracturer notre parti politique ! »

« Vous voulez un spoiler ? Je suis au courant. »

« Et vous comptez vraiment faire imploser le mouvement qu’à fonder votre mère ? Et prendre le risque de voir un de ses opposants prendre le pouvoir ? »

« Non. J’espère que vous prendriez le pouvoir. »


Cette fois, il paraissait perdu. Abasourdi. Son regard tentait de sonder la jeune fille en vain. Elle menait la danse avec trois pas d’avance.

« Mais…pourquoi avoir fait campagne dans ce cas ? »

« Je vous veux au pouvoir, mais à mes conditions. Vous avez raison, je ne passerai pas. Même avec le soutien du peuple, puisque vous contrôlez l’assemblée. Mais si je me déclarer en faveur d’un autre candidat que vous, vous ne passeriez pas non plus. Pire, vous n’auriez certainement plus aucune influence sur vos collègues après cette défaite. »

« Qu’est-ce que vous voulez si vous ne voulez pas vous présenter ? »

« Votre place à vous. Coordinatrice de la majorité et future cheffe des démocrates à l’assemblée. En échange, je vous supporterez officiellement dès votre annonce. Le scrutin sera un jeu d’enfant. »


L’homme sembla hésiter un court instant. Il avait du mal à s’y retrouver. Tout semblait se bousculer.

« Comment être sûr que vous ne tenterez pas de retourner le parti contre moi ? »

« J’ai foi en notre mouvement et je ne risquerais pas de le fracturer pour vous éliminer. Mon offre et à prendre ou à laisser. »


L’homme s’enfonça au fond de son fauteuil.

« J’aurais une dernière condition. Une condition personnelle. »

« Laquelle ? »

« Avant le lancement officiel de l’élection sur l’Holonet, j’aimerais m’exprimer via l’Holonet au peuple et à l’assemblée. Je sais, mon statut de Prima m’empêcherai théoriquement de m’adressait à l’hémicycle. Mais j’aimerai que nous rendions un dernier hommage à ma défunte mère. Rien de long. Quelques minutes tout au plus. »

« Il faut que j’y réfléchisse »


Doucement, l’homme se releva, visiblement prêt à partir.

« Comment puis-je être sûr de pouvoir vous faire confiance ? »

« En avez-vous encore le choix ? Nous désirons la même chose. Il serait regrettable d’en arriver à une lutte fratricide. »

« Je sonderai mes collègues avant de me décider. »

« Faites. Mais cette offre est ma dernière. »


A sa sortie, Alayna afficha un sourire ravie. Elle avait vaincu. La Prima était morte. Longue vie à la Prima.
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