- sam. 12 juil. 2014 15:24
#12273
Bastion ou l'ultime refuge
Bastion, malgré son apparence confortable et ses coordonnées secrètes, ne convenait absolument pas pour être la capitale d'un empire et surtout pas DE l'Empire, songeait Trachta. Avec une telle planète, inaccessible et éloignée, l'Empire Galactique semblait comme un animal que les prédateurs avaient acculé dans un coin. Ce coin, le Nord Galactique, n'était pas forcément le plus pitoyable, mais il éloignait pour de bon les élites de l'Empire du noyau, faisant ainsi de l'Empire un de ces califats, un genre d'hégémonie juste un peu plus puissante que les autres.
Avant Bastion, Trachta, qui s'était réfugié sur Byss après la déroute de Coruscant, dut renoncer de facto à son rang de Grand Moff et participa comme simple gouverneur planétaire à la gestion de la planète obscure. Si le Nord Galactique semblait être un endroit à bouseux pour les élites du Noyau, Byss, elle, était inconnue au bataillon et ne figurait pas sur les cartes officielles. Une chance. Le fait d'avoir une planète, aussi pitoyable soit-elle, dans le Noyau Profond de la galaxie était une opportunité unique de s'en servir comme d'appui pour la reconquête. Et Byss n'avait rien de pitoyable et n'était pas peuplée de bouseux.
La reconquête passe par le noyau, et non les régions périphériques. Les escarmouches pour gratter le territoire ne devait pas être une fin. Le Noyau, lui, est une fin. Byss, lui, pourrait être un début.
Si Byss était réputée pour être sous influence côté obscur, Trachta repoussa tout compromis avec des Jedi Noirs lorsqu'il était sur la planète. Il n'était pas borné, se servir des Sith allait être inévitable pour gagner la guerre, mais il était hors de question de leur donner les rennes de l'Empire. Korriban, un secteur et rien de plus : si l'Empire gagnait.
« Atterrissage dans moins de une minute, monsieur » annonça le pilote.
Trachta ne prêta même pas attention, enveloppé par ses pensées pendant que la navette Lambada entamait un atterrissage.
Il rumina : *l'erreur de Palpatine avait été d'avoir concentré tous les pouvoirs*. Non que Trachta était subitement devenu démocrate, non. Mais en stratégie militaire comme en politique, la centralisation à outrance aboutit souvent au désastre. Dans le cas actuel, le problème était le relâchement de la discipline et un bordel général.
Le problème s'annonce paradoxal pour l'Empire : ayant perdu parce que pas assez souple et décentralisé, les restes courent à leurs pertes parce que les seigneurs de la guerre n'ont font qu'à leurs têtes et que tout le dispositif s'est étalé au bon vouloir de ces derniers.
Il fallait voir ce qu'était le conseil impérial, dirigeait par il ne sait qui, tellement le flux informations qui arrivaient à Byss – quand il arrivait – était parfois contradictoire. Les meneurs changeaient au bon vouloir de assassinats et autres coups bas. Maintenant, on parlait d'un triumvirat. Il paraît même qu'on avait retrouvé des Jedi Noirs et autres Mains pour refonder un Inquisitorius. Il restait à savoir jusqu'à quelle degré d'influence avaient atteints les Sith sur les têtes de l'Empire.
Arrivé sur Bastion, Trachta était flanqué de quelques StormTroopers comme cela se devait pour un Grand Moff. Un rituel indispensable pour Trachta à la bonne vieille époque. Maintenant il en était presque gêné, vu la situation de l'Empire. C'en était presque un cérémonial de pacotille
« Grand Moff, je suis l'officier de liaison chargé de vous accompagnez jusqu'au haut commandement. Lieutenant Beckett, monsieur. Bienvenue sur Bastion. »
L'officier resta de marbre mais Trachta pouvait voir à quel point le colonel Beckett était perplexe : il ne s'attendait pas à voir un type comme lui sur Bastion. Pendant un moment les lèvres de l'officier restèrent en suspend puis se clouèrent définitivement : sans doute voulait-il lancer un bienvenue chez lui. Non, Trachta n'était pas chez lui et il n'était pas spécialement enchanté d'être ici. La carcasse ambulante qu'il était, devait rappeler un Vador à Beckett. Peut-être que quelques uns de ses collègues furent tués pour incompétence par l'ancien seigneur noir. Tout ça semblait tiré d'une époque violente révolue pour un jeune impérial, mais avait un reflet de passé glorieux pour une antiquité comme Trachta.
Beckett bomba le torse, la silhouette tel un i. On lui avait tout de même dit que c'était un Grand Moff. Celui qui commandait le Noyau. Il était pour le Noyau ce que Tarkin fut pour la Bordure Extérieure.
Embarqués dans un speeder entourés d'une escorte, elle aussi symbolique, Trachta et sa baby-sitter arrivèrent enfin au Palais Triumviral. Ce dernier était en fait le concentré de tous les pouvoirs : militaire, politique, culturel... Tout ce qui se décidait avait force de loi, était loi. Le conseil, composé de militaires pour la majorité, était le siège du pouvoir militaire ultime. Le haut commandement – l'état major - assurait et exécutait les directives à la lettre et rien d'autres. Une institution désuète : le prestige de la victoire revenait au conseil, l'affront de la défaite incombait aux généraux.
Ils étaient déjà à l'intérieur. Le bâtiment était immense, des dizaines et des dizaines d'ascenseurs, des étages à n'en plus finir. La salle d'entrée, l'accueil était plus grand que le pont d'un Super Destroyer Executor. Le colonel Beckett semblait être chez lui. Toutes les personnes se dépêchaient, entraient, sortaient des ascenseurs. Tous semblaient savoir ce qu'ils voulaient, savaient où ils allaient. Trachta, lui, suivait Beckett et tentait de dissimuler au mieux sa mélancolie par une démarche assurée. De nombreux passants lui jetèrent des coups d’œils. Les plus vieux officiers qui le reconnaissaient pour l'avoir vu sur l'HoloNet ou à une réception sur Coruscant, le saluaient. Ils le firent par protocole, parce qu'il avait ses galons de Grand Moff. Il n'était rien maintenant, ou pas grand chose. Tous ces saluts se perdaient dans d'autres saluts beaucoup plus avenants pour les nouveaux maîtres du jeu, composés parfois d'aliens. Le colonel Beckett était le seul à se montrer plus courtois que les autres, ou du moins, faisait mine de l’être. Il espérait sans doute améliorer sa condition de petit officier de liaison. Il pouvait toujours rêver...
« Voici vos appartements, monsieur. L'étage est réservé aux officiers supérieurs de la Marine et de l'armée. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, la réception travaille nuit et jour. Moi même je me tiens à votre disposition. Les briefings, exposés de missions et informations commençant par la classe B et le reste vous sont autorisés. Nous sommes navrés mais les missions cataloguées de classe A sont réservées uniquement aux membres du Conseil. Les codes se trouvent sur le bureau avec comlink sécurisé. »
Le dernier étage était sans doute réservé aux appartements des membres du Conseil, songea-t-il. Là où les grands humanocentristes s'envoient en l'air avec des Twi'leks.
« Votre demande d'entrevue faite au Grand Moff Kiez du Triumvirat du Conseil Impérial ou, si indisponibilité de ce dernier, de tout autre membre de ce même conseil a été transmise. Très bientôt, une entrevue vous sera accordée. »
L'officier salua et sortit.
La vue était impressionnante, une baie vitrée qui laissait contempler tout Bastion. *Finalement elle fera l'affaire, provisoirement*. En attendant, il s’allongea et se souvint enfin où il avait entendu le nom de Kiez. En regardant son datapad les informations sur les membres du conseil, il n'avait plus de doute : c'était l'amiral de la première armée du SurSecteur Zéro. Trachta était son supérieur direct en ce temps là. Un excellent officier de Marine – comme tous les Kuati - qui fit tout pour remédier à la défense du Noyau, pendant que les anciennes huiles du régime s’entre-déchiraient sur Coruscant. Peut-être que ce dernier se souvenait de lui aussi ? C'était plus que probable.
En continuant à regarder le datapad, il vit deux aliens membres du triumvirat... *Leur entrée dans les arcanes du pouvoir est trop précipité*. Humanoïdes, quand même.
Sur le bureau, Trachta tapa un code et le comlink sécurisé s'activa : il était prêt à prendre la communication qui allait venir dans les prochaines heures. Il était temps de se remettre au travail, certes, mais c'était plus par vieux réflexe blasé que par conviction profonde. Son monde s'était effondré : un empire en miettes repris par deux non-humains et un humain. Trachta espérait que ce dernier n'était pas là pour faire la décoration. L'empire avait touché le fond.
Se trompait-il ? Il l'espérait très fort.
Bastion ou l'ultime refuge
Bastion, malgré son apparence confortable et ses coordonnées secrètes, ne convenait absolument pas pour être la capitale d'un empire et surtout pas DE l'Empire, songeait Trachta. Avec une telle planète, inaccessible et éloignée, l'Empire Galactique semblait comme un animal que les prédateurs avaient acculé dans un coin. Ce coin, le Nord Galactique, n'était pas forcément le plus pitoyable, mais il éloignait pour de bon les élites de l'Empire du noyau, faisant ainsi de l'Empire un de ces califats, un genre d'hégémonie juste un peu plus puissante que les autres.
Avant Bastion, Trachta, qui s'était réfugié sur Byss après la déroute de Coruscant, dut renoncer de facto à son rang de Grand Moff et participa comme simple gouverneur planétaire à la gestion de la planète obscure. Si le Nord Galactique semblait être un endroit à bouseux pour les élites du Noyau, Byss, elle, était inconnue au bataillon et ne figurait pas sur les cartes officielles. Une chance. Le fait d'avoir une planète, aussi pitoyable soit-elle, dans le Noyau Profond de la galaxie était une opportunité unique de s'en servir comme d'appui pour la reconquête. Et Byss n'avait rien de pitoyable et n'était pas peuplée de bouseux.
La reconquête passe par le noyau, et non les régions périphériques. Les escarmouches pour gratter le territoire ne devait pas être une fin. Le Noyau, lui, est une fin. Byss, lui, pourrait être un début.
Si Byss était réputée pour être sous influence côté obscur, Trachta repoussa tout compromis avec des Jedi Noirs lorsqu'il était sur la planète. Il n'était pas borné, se servir des Sith allait être inévitable pour gagner la guerre, mais il était hors de question de leur donner les rennes de l'Empire. Korriban, un secteur et rien de plus : si l'Empire gagnait.
« Atterrissage dans moins de une minute, monsieur » annonça le pilote.
Trachta ne prêta même pas attention, enveloppé par ses pensées pendant que la navette Lambada entamait un atterrissage.
Il rumina : *l'erreur de Palpatine avait été d'avoir concentré tous les pouvoirs*. Non que Trachta était subitement devenu démocrate, non. Mais en stratégie militaire comme en politique, la centralisation à outrance aboutit souvent au désastre. Dans le cas actuel, le problème était le relâchement de la discipline et un bordel général.
Le problème s'annonce paradoxal pour l'Empire : ayant perdu parce que pas assez souple et décentralisé, les restes courent à leurs pertes parce que les seigneurs de la guerre n'ont font qu'à leurs têtes et que tout le dispositif s'est étalé au bon vouloir de ces derniers.
Il fallait voir ce qu'était le conseil impérial, dirigeait par il ne sait qui, tellement le flux informations qui arrivaient à Byss – quand il arrivait – était parfois contradictoire. Les meneurs changeaient au bon vouloir de assassinats et autres coups bas. Maintenant, on parlait d'un triumvirat. Il paraît même qu'on avait retrouvé des Jedi Noirs et autres Mains pour refonder un Inquisitorius. Il restait à savoir jusqu'à quelle degré d'influence avaient atteints les Sith sur les têtes de l'Empire.
Arrivé sur Bastion, Trachta était flanqué de quelques StormTroopers comme cela se devait pour un Grand Moff. Un rituel indispensable pour Trachta à la bonne vieille époque. Maintenant il en était presque gêné, vu la situation de l'Empire. C'en était presque un cérémonial de pacotille
« Grand Moff, je suis l'officier de liaison chargé de vous accompagnez jusqu'au haut commandement. Lieutenant Beckett, monsieur. Bienvenue sur Bastion. »
L'officier resta de marbre mais Trachta pouvait voir à quel point le colonel Beckett était perplexe : il ne s'attendait pas à voir un type comme lui sur Bastion. Pendant un moment les lèvres de l'officier restèrent en suspend puis se clouèrent définitivement : sans doute voulait-il lancer un bienvenue chez lui. Non, Trachta n'était pas chez lui et il n'était pas spécialement enchanté d'être ici. La carcasse ambulante qu'il était, devait rappeler un Vador à Beckett. Peut-être que quelques uns de ses collègues furent tués pour incompétence par l'ancien seigneur noir. Tout ça semblait tiré d'une époque violente révolue pour un jeune impérial, mais avait un reflet de passé glorieux pour une antiquité comme Trachta.
Beckett bomba le torse, la silhouette tel un i. On lui avait tout de même dit que c'était un Grand Moff. Celui qui commandait le Noyau. Il était pour le Noyau ce que Tarkin fut pour la Bordure Extérieure.
Embarqués dans un speeder entourés d'une escorte, elle aussi symbolique, Trachta et sa baby-sitter arrivèrent enfin au Palais Triumviral. Ce dernier était en fait le concentré de tous les pouvoirs : militaire, politique, culturel... Tout ce qui se décidait avait force de loi, était loi. Le conseil, composé de militaires pour la majorité, était le siège du pouvoir militaire ultime. Le haut commandement – l'état major - assurait et exécutait les directives à la lettre et rien d'autres. Une institution désuète : le prestige de la victoire revenait au conseil, l'affront de la défaite incombait aux généraux.
Ils étaient déjà à l'intérieur. Le bâtiment était immense, des dizaines et des dizaines d'ascenseurs, des étages à n'en plus finir. La salle d'entrée, l'accueil était plus grand que le pont d'un Super Destroyer Executor. Le colonel Beckett semblait être chez lui. Toutes les personnes se dépêchaient, entraient, sortaient des ascenseurs. Tous semblaient savoir ce qu'ils voulaient, savaient où ils allaient. Trachta, lui, suivait Beckett et tentait de dissimuler au mieux sa mélancolie par une démarche assurée. De nombreux passants lui jetèrent des coups d’œils. Les plus vieux officiers qui le reconnaissaient pour l'avoir vu sur l'HoloNet ou à une réception sur Coruscant, le saluaient. Ils le firent par protocole, parce qu'il avait ses galons de Grand Moff. Il n'était rien maintenant, ou pas grand chose. Tous ces saluts se perdaient dans d'autres saluts beaucoup plus avenants pour les nouveaux maîtres du jeu, composés parfois d'aliens. Le colonel Beckett était le seul à se montrer plus courtois que les autres, ou du moins, faisait mine de l’être. Il espérait sans doute améliorer sa condition de petit officier de liaison. Il pouvait toujours rêver...
« Voici vos appartements, monsieur. L'étage est réservé aux officiers supérieurs de la Marine et de l'armée. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, la réception travaille nuit et jour. Moi même je me tiens à votre disposition. Les briefings, exposés de missions et informations commençant par la classe B et le reste vous sont autorisés. Nous sommes navrés mais les missions cataloguées de classe A sont réservées uniquement aux membres du Conseil. Les codes se trouvent sur le bureau avec comlink sécurisé. »
Le dernier étage était sans doute réservé aux appartements des membres du Conseil, songea-t-il. Là où les grands humanocentristes s'envoient en l'air avec des Twi'leks.
« Votre demande d'entrevue faite au Grand Moff Kiez du Triumvirat du Conseil Impérial ou, si indisponibilité de ce dernier, de tout autre membre de ce même conseil a été transmise. Très bientôt, une entrevue vous sera accordée. »
L'officier salua et sortit.
La vue était impressionnante, une baie vitrée qui laissait contempler tout Bastion. *Finalement elle fera l'affaire, provisoirement*. En attendant, il s’allongea et se souvint enfin où il avait entendu le nom de Kiez. En regardant son datapad les informations sur les membres du conseil, il n'avait plus de doute : c'était l'amiral de la première armée du SurSecteur Zéro. Trachta était son supérieur direct en ce temps là. Un excellent officier de Marine – comme tous les Kuati - qui fit tout pour remédier à la défense du Noyau, pendant que les anciennes huiles du régime s’entre-déchiraient sur Coruscant. Peut-être que ce dernier se souvenait de lui aussi ? C'était plus que probable.
En continuant à regarder le datapad, il vit deux aliens membres du triumvirat... *Leur entrée dans les arcanes du pouvoir est trop précipité*. Humanoïdes, quand même.
Sur le bureau, Trachta tapa un code et le comlink sécurisé s'activa : il était prêt à prendre la communication qui allait venir dans les prochaines heures. Il était temps de se remettre au travail, certes, mais c'était plus par vieux réflexe blasé que par conviction profonde. Son monde s'était effondré : un empire en miettes repris par deux non-humains et un humain. Trachta espérait que ce dernier n'était pas là pour faire la décoration. L'empire avait touché le fond.
Se trompait-il ? Il l'espérait très fort.