- mer. 24 juil. 2019 19:30
#35863
Bastion
L'endroit sentait l'humidité. L'air était lourd. La saison avait changé, et du petit froid printanier, on était passé à une chaleur accablante. Le soleil continuait son funeste projet, même tapi dans l'ombre de la planète capitale. Harlon se refusait à porter des vêtements plus légers que ceux dont il se parait, de jour comme de nuit, été comme hiver. Il trichait d'une sous combinaison noire de troupier de choc, de celle qui thermo-régulait les corps, les maintenant à une température allant du supportable-froid au supportable-chaud, dans la limite des excès thermique ambiant. Il commençait à être incommodé plutôt qu'handicapé. Plus la surface tenait la distance au-dessus de lui, plus l'ambiance allait en s'alourdissant. Ses Gardes ne transparaissaient aucune gêne. Entraînés dans des combinaisons fermées sous le soleil permanent de Yinchorr, le sable leur grattant la peau comme un vil papier de verre amoureux, aussi l'air alourdi de Bastion devait être d'un banal hautain.
Le turboflit les avaient mené à une poignée de centaines de mètres sous terre. Au sortir de l'unique accès, élargi pour y accueillir une troupe de quarante personnes, ils se trouvèrent sur une sorte de plate-forme, taillée dans le roc lui-même. Une grotte naturelle, froide et au vent frais, balaya l'horizon au complet. Au loin, des lumières blafardes le long des parois mises à nue indiquaient le chemin qui menait... ailleurs. L'endroit était bien gardé. Des troupes en armes, des StormTroopers armés de fusil laser à répétition, d'un calibre autrement plus élevé que les traditionnels E-11 montaient la garde. A la vue de l'Empereur, un officier en tenue noire actionna un levier, de ceux qui servaient autrefois à décharger l'énergie électrique dans un condamné. Dans un grincement qui ricochait sur la pierre, un petit chariot commença de venir, glissant sur un rail suspendu. « Je vous suggère de renoncer, Empereur. » C'était l'officier. « Je le désire néanmoins. » Il n'y eut pas plus de discussion. Il monta sur le chariot, sans garde-fou, et attendit que l'officier redémarre.
La descente ne dura que peu. Crissements et échos, passages de chauve-souris et tirs sur Mynock de la part de tourelles blaster en saillie sur les parois, le tout en observant l'environnement. En bas s'étendait un filet de récupération en matière élastique d'une grande résistance. Fixé sur des dizaines de niveaux par des pitons de plusieurs mètres de profondeur, il aurait pu retenir un Transport de Reconnaissance entier sans craquer. Pour les malheureux qui tombaient, la chute mortelle n'était pas assurée. Mais la matière gluante, issue des salives de certains animaux marécageux de la Bordure Extérieure, aurait tôt fait de les empêcher de se débattre, le temps qu'on vienne les chercher là. Un invité de marque ne risquait donc rien. Un évadé retournerait en geôle, après une sévère correction.
Car c'était bien là qu'ils allaient. Dans un complexe secret de prisonniers de grande envergure. Le rail termina sa descente, et le trio impérial descendit sur une autre plate-forme nivelée dans la roche grise. On y trouvait encore des gardes en faction, alors que la plateforme, lisse et sans rien pour s'abriter, avec un mirador accessible par une seule échelle de maintenance suivant la courbe des roches non taillées, menait sur trois portes ovales, chacune frappée d'un numéro blanc, propre et sans éraflure. « Vous avez reçu les papiers de transfert d'un prisonnier il y a une semaine. » L'Empereur parlait à un officier en charge de l'arrivée depuis le chariot de mine. « En effet. Porte trois. » Il indiqua la marche à suivre. Il le mena sur le devant, présenta ses cylindres, et entrouvrit de dégager l'accès à l'intérieur. « Ne tendez pas d'objet, ne vous approchez pas des barreaux, ne communiquez que le minimum d'informations et... - Je suis familier des règles inhérentes à ma sécurité et à celle de l'Empire, Capitaine. Ouvrez la porte. » Il n'eut pas besoin d'en rajouter.
Le couloir était un long boyau sans cache sur les côtés, qui menait sur un terminal circulaire où veillait un gardien en uniforme gris. Le couloir, s'il était lisse à première vue, contenait déjà une série de tourelles automatiques, dont les commandes de désactivation étaient situées à l'entrée. Harlon enjamba la distance avec prestance et célérité, pour ensuite observer le peu de cage qui se tenaient là. Derrière chacune des trois portes, on n'accueillait que trente cellules. Mais chacune contenait un potentiel de destruction et de nuisance aussi élevé que dans tout un centre pénitencier d'une Lune-Prison, comme l'Empire avait l'habitude d'en faire. Sur trois niveaux, seules les cellules du niveau intermédiaire étaient droites. Normales, en sommes. Les autres, pour être dans l'alignement du gardien, étaient penchées en avant, ou en arrière. L'inconfort d'un sol irrégulier était réservé aux prisonniers qui avaient mérité un enfermement cruel, plutôt qu'une simple mort. Harlon zieuta sur les maigres cellules remplies. Des violeurs d'enfants. Des chefs de réseaux rebelles ultra-violents. Des officiers supérieurs renégats, prit à déclencher une dernière phase d'un coup d'état dans l'Empire... Cet endroit avait un seul but : leur amener le désir de mourir. Pour se le voir refusé.
Mais dans une cellule intermédiaire, au sol plat, et aux lits qui ne les faisaient pas tomber, on trouvait simplement des prisonniers à laisser isolés. Ou aux sentences prochaines. Le prisonnier qui intéressait Harlon était plus sale que jamais. Vêtu de haillons brunis par la saleté, avec des cheveux et une barbe hirsute, on le devinait avec une ancienne carrure, mais sa maigreur extrême le poussait maintenant à côtoyer les mendiants et les Zanibars sur le plan de la forme physique. Il toussa bruyamment, cracha un glaire rouge, et renifla, sans faire attention aux visiteurs. Un champ de force bleuté masquait à peine un côté pour l'autre. Harlon se pencha sur le gardien. « Désactivez le champ de force de celui-là. » Le Gardien parut estomaqué. « Mais, Empereur... Les risques qu'il tente quelque chose sont... trop... ... » Un regard. Tout ce qu'il avait suffit pour que sa protestation, née d'une logique de protection carcérale, vola en éclat. L'Empereur entendit le chuintement d'un champ d'énergie qu'on coupe, et observa la figure, qui agitait la tête dans sa direction. Harlon pénétra l'endroit, s'adossa contre un mur gris, humide et rêche où courait des blattes.
« Bonjour, père. »
L'endroit sentait l'humidité. L'air était lourd. La saison avait changé, et du petit froid printanier, on était passé à une chaleur accablante. Le soleil continuait son funeste projet, même tapi dans l'ombre de la planète capitale. Harlon se refusait à porter des vêtements plus légers que ceux dont il se parait, de jour comme de nuit, été comme hiver. Il trichait d'une sous combinaison noire de troupier de choc, de celle qui thermo-régulait les corps, les maintenant à une température allant du supportable-froid au supportable-chaud, dans la limite des excès thermique ambiant. Il commençait à être incommodé plutôt qu'handicapé. Plus la surface tenait la distance au-dessus de lui, plus l'ambiance allait en s'alourdissant. Ses Gardes ne transparaissaient aucune gêne. Entraînés dans des combinaisons fermées sous le soleil permanent de Yinchorr, le sable leur grattant la peau comme un vil papier de verre amoureux, aussi l'air alourdi de Bastion devait être d'un banal hautain.
Le turboflit les avaient mené à une poignée de centaines de mètres sous terre. Au sortir de l'unique accès, élargi pour y accueillir une troupe de quarante personnes, ils se trouvèrent sur une sorte de plate-forme, taillée dans le roc lui-même. Une grotte naturelle, froide et au vent frais, balaya l'horizon au complet. Au loin, des lumières blafardes le long des parois mises à nue indiquaient le chemin qui menait... ailleurs. L'endroit était bien gardé. Des troupes en armes, des StormTroopers armés de fusil laser à répétition, d'un calibre autrement plus élevé que les traditionnels E-11 montaient la garde. A la vue de l'Empereur, un officier en tenue noire actionna un levier, de ceux qui servaient autrefois à décharger l'énergie électrique dans un condamné. Dans un grincement qui ricochait sur la pierre, un petit chariot commença de venir, glissant sur un rail suspendu. « Je vous suggère de renoncer, Empereur. » C'était l'officier. « Je le désire néanmoins. » Il n'y eut pas plus de discussion. Il monta sur le chariot, sans garde-fou, et attendit que l'officier redémarre.
La descente ne dura que peu. Crissements et échos, passages de chauve-souris et tirs sur Mynock de la part de tourelles blaster en saillie sur les parois, le tout en observant l'environnement. En bas s'étendait un filet de récupération en matière élastique d'une grande résistance. Fixé sur des dizaines de niveaux par des pitons de plusieurs mètres de profondeur, il aurait pu retenir un Transport de Reconnaissance entier sans craquer. Pour les malheureux qui tombaient, la chute mortelle n'était pas assurée. Mais la matière gluante, issue des salives de certains animaux marécageux de la Bordure Extérieure, aurait tôt fait de les empêcher de se débattre, le temps qu'on vienne les chercher là. Un invité de marque ne risquait donc rien. Un évadé retournerait en geôle, après une sévère correction.
Car c'était bien là qu'ils allaient. Dans un complexe secret de prisonniers de grande envergure. Le rail termina sa descente, et le trio impérial descendit sur une autre plate-forme nivelée dans la roche grise. On y trouvait encore des gardes en faction, alors que la plateforme, lisse et sans rien pour s'abriter, avec un mirador accessible par une seule échelle de maintenance suivant la courbe des roches non taillées, menait sur trois portes ovales, chacune frappée d'un numéro blanc, propre et sans éraflure. « Vous avez reçu les papiers de transfert d'un prisonnier il y a une semaine. » L'Empereur parlait à un officier en charge de l'arrivée depuis le chariot de mine. « En effet. Porte trois. » Il indiqua la marche à suivre. Il le mena sur le devant, présenta ses cylindres, et entrouvrit de dégager l'accès à l'intérieur. « Ne tendez pas d'objet, ne vous approchez pas des barreaux, ne communiquez que le minimum d'informations et... - Je suis familier des règles inhérentes à ma sécurité et à celle de l'Empire, Capitaine. Ouvrez la porte. » Il n'eut pas besoin d'en rajouter.
Le couloir était un long boyau sans cache sur les côtés, qui menait sur un terminal circulaire où veillait un gardien en uniforme gris. Le couloir, s'il était lisse à première vue, contenait déjà une série de tourelles automatiques, dont les commandes de désactivation étaient situées à l'entrée. Harlon enjamba la distance avec prestance et célérité, pour ensuite observer le peu de cage qui se tenaient là. Derrière chacune des trois portes, on n'accueillait que trente cellules. Mais chacune contenait un potentiel de destruction et de nuisance aussi élevé que dans tout un centre pénitencier d'une Lune-Prison, comme l'Empire avait l'habitude d'en faire. Sur trois niveaux, seules les cellules du niveau intermédiaire étaient droites. Normales, en sommes. Les autres, pour être dans l'alignement du gardien, étaient penchées en avant, ou en arrière. L'inconfort d'un sol irrégulier était réservé aux prisonniers qui avaient mérité un enfermement cruel, plutôt qu'une simple mort. Harlon zieuta sur les maigres cellules remplies. Des violeurs d'enfants. Des chefs de réseaux rebelles ultra-violents. Des officiers supérieurs renégats, prit à déclencher une dernière phase d'un coup d'état dans l'Empire... Cet endroit avait un seul but : leur amener le désir de mourir. Pour se le voir refusé.
Mais dans une cellule intermédiaire, au sol plat, et aux lits qui ne les faisaient pas tomber, on trouvait simplement des prisonniers à laisser isolés. Ou aux sentences prochaines. Le prisonnier qui intéressait Harlon était plus sale que jamais. Vêtu de haillons brunis par la saleté, avec des cheveux et une barbe hirsute, on le devinait avec une ancienne carrure, mais sa maigreur extrême le poussait maintenant à côtoyer les mendiants et les Zanibars sur le plan de la forme physique. Il toussa bruyamment, cracha un glaire rouge, et renifla, sans faire attention aux visiteurs. Un champ de force bleuté masquait à peine un côté pour l'autre. Harlon se pencha sur le gardien. « Désactivez le champ de force de celui-là. » Le Gardien parut estomaqué. « Mais, Empereur... Les risques qu'il tente quelque chose sont... trop... ... » Un regard. Tout ce qu'il avait suffit pour que sa protestation, née d'une logique de protection carcérale, vola en éclat. L'Empereur entendit le chuintement d'un champ d'énergie qu'on coupe, et observa la figure, qui agitait la tête dans sa direction. Harlon pénétra l'endroit, s'adossa contre un mur gris, humide et rêche où courait des blattes.
« Bonjour, père. »
Modifié en dernier par Harlon Astellan le jeu. 26 sept. 2019 20:47, modifié 1 fois.