- sam. 26 mars 2022 13:30
#40466
Metalorn, la planète industrielle de la Bordure Médiane. Mira Qemi préférait l'appeler la planète poubelle, et ce n'était pas qu'à cause de la pollution qui y régnait. La contrebandière y associait de mauvais souvenirs et ne voulait pas y remettre les pieds. C'était sans compter sur le Soleil Noir, rancunier au point de lui remettre la main dessus après quatre ans de cavale. Forcée de rentrer sur son monde natal pour une mission dont elle ne tirerait aucun profit, elle était placée sous la surveillance des hommes à la botte d'un étrange gangster qui lui avait mis le couteau sous la gorge sur Tatooïne. Faute de nom, elle le surnommait "L'homme à la moustache", alors que son gang l'appelait simplement "Boss" ou "Chef".
Cela faisait deux jours qu'ils collaboraient à l'élaboration d'un plan d'infiltration, terrés dans une planque du Soleil Noir dans une vieille tour d'habitations. Il y avait toujours quelqu'un pour la garder, même quand elle prenait l'air sur l'étroit balcon de l'appartement.
D'ici, on discernait la pointe de la Flèche, surnom de la tour qui dominait l'IRDM, l'Institut de Recherche en Droïdes de Metalorn. C'était Mira qui avait accompli l'exploit de s'y introduire et y voler un projet secret, quatre ans plus tôt, et ses ravisseurs voulaient qu'elle réitère cet exploit. Mais les circonstances étaient bien différentes aujourd'hui : d'abord, l'Empire avait renforcé la sécurité du laboratoire et comblé les failles, humaines et matérielles, qui avaient permis à la jeune femme d'accomplir cette prouesse. Ensuite, et surtout, sa sœur jumelle (la véritable Mira) ne travaillait plus à l'institut. La tâche semblait insurmontable... Mais si elle renonçait, le Soleil Noir le lui ferait payer très cher. Son compagnon de contrebande, pilote et meilleur ami (par défaut), Hueren Yago, était prisonnier de l'organisation. Et quelque part, c'était un peu sa faute... Voire complètement, même si elle ne serait jamais assez mature pour le reconnaître.
- Vous ne pouvez pas me lâcher cinq minutes ?, demanda Mira, penchée par dessus la rembarre. Si ça continue, je vais me plaindre à vos RHs. On est à deux doigts du harcèlement, vous et moi.
L'homme à la moustache venait de sortir sur le balcon, une cigarette à la main. Il ordonna au Weequay qui surveillait leur invitée de les laisser et alluma sa clope avant de se rapprocher d'elle. Séparés de juste deux pas, elle pouvait sentir d'ici l'odeur du tabac (du Corellien, devina-t-elle) qui camouflait le léger parfum qu'il avait l'habitude de porter. Toujours propre sur lui, aussi calme qu'éloquent, le moustachu était une classe au-dessus des malfrats qu'elle avait côtoyé toute sa vie. S'il n'avait encore jamais manifesté de colère, il émanait toujours de lui une sorte de rage maîtrisée, comme une tempête qui pouvait déferler sur la mer d'un coup, sans prévenir. Et si cela devait arriver, Mira ne voulait pas être de sortie à ce moment-là !
- Nos prestataires n'ont pas la permission de déposer des plaintes officielles à la direction, répondit-t-il sur le même ton sarcastique qu'elle avait employé. Encore moins celles qui ont un abandon de poste dans leur C.V.
- Touché. Mais vous parlez de Ranni, pas de moi !, précisa-t-elle en lâchant la rembarre pour lui faire face, souriante mais toujours sur ses gardes. Et pourtant, vous m'avez embauchée sans entretien. Tel que je le vois, ça veut dire que je suis la seule à pouvoir accomplir ce que vous me demandez de faire. Je mérite bien une petite compensation, non ?
- La seule capable... ou la seule disponible, suggéra le moustachu en agitant la main, dissipant la suggestion saugrenue de son otage. Pour l'instant, je ne suis pas très impressionné par vos progrès. Votre plan sera-t-il prêt à temps ?
La voleuse de renom croisa les bras, blessée par ce manque de foi manifeste. S'il y avait bien une chose qui lui réussissait toujours, c'était les cambriolages de haute voltige. C'était même sa passion, là où la contrebande n'était qu'une couverture. Enfin, façon de parler, car en général on préférait des métiers honnêtes pour blanchir son argent !
- Avec les délais que vous me donnez... Et après avoir étudié vos rapports... Il y a plus de gardes que quand j'y travaillais, plus de caméras...
- Sans oublier la présence de l'Empire, à l'institut et dans les rues de la capitale. Et je n’évoquerai même pas la surveillance aérienne.
- J'ai grandi ici, je vous rappelle !, lança-t-elle avec un clin d’œil. On aura pas de mal à s'échapper, si c'est ce que vous craignez. Là où ça sera un peu plus compliqué, c'est pour l'infiltration proprement dite.
- Je vous ai trouvé le meilleur slicer du Soleil Noir. Ce n'est pas suffisant ?
- Il va bien falloir... Si les plans qu'il nous a dégotés ne sont pas à jour et que je finis capturée par l'Empire, je serais au regret de devoir abandonner mon poste.
Là-dessus, elle prit congé du moustachu, ce qui signifiait retourner auprès de ses hommes de main aussi malodorants qu'ils étaient mal lunés, en particulier le Weequay. Celui-ci l'attendait, posté dans le salon avec son visage toujours grimaçant. Était-ce sa peau fripée et déformée qui lui donnait toujours cet air ahuri ?
Mira s'installa en tailleurs devant la table basse où s'amassaient tablettes et bloc de données. Elle s'en saisit d'un au hasard et le parcourut distraitement, préoccupée par autre chose.
Non seulement elle devait s'introduire dans l'institut, dérober pour la seconde fois du matériel très cher et très protégé, échapper à la sécurité du laboratoire et celle de l'Empire, mais en plus il fallait qu'elle assure ses arrières vis-à-vis du Soleil Noir. Mira avait une cible sur la tête, et dès qu'elle ne leur serait plus d'aucune utilité, celle-ci allait briller de mille feux. Elle ne donnait alors pas cher de sa peau ! Il lui fallait une assurance de côté. Mais comment élaborer un second plan à l'insu de ses hôtes alors que ceux-ci ne la laissaient même pas aller au petit coin sans poster quelqu'un derrière la porte ?!
Mira poussa un profond soupir et se replongea dans ses préparations...
Cela faisait deux jours qu'ils collaboraient à l'élaboration d'un plan d'infiltration, terrés dans une planque du Soleil Noir dans une vieille tour d'habitations. Il y avait toujours quelqu'un pour la garder, même quand elle prenait l'air sur l'étroit balcon de l'appartement.
D'ici, on discernait la pointe de la Flèche, surnom de la tour qui dominait l'IRDM, l'Institut de Recherche en Droïdes de Metalorn. C'était Mira qui avait accompli l'exploit de s'y introduire et y voler un projet secret, quatre ans plus tôt, et ses ravisseurs voulaient qu'elle réitère cet exploit. Mais les circonstances étaient bien différentes aujourd'hui : d'abord, l'Empire avait renforcé la sécurité du laboratoire et comblé les failles, humaines et matérielles, qui avaient permis à la jeune femme d'accomplir cette prouesse. Ensuite, et surtout, sa sœur jumelle (la véritable Mira) ne travaillait plus à l'institut. La tâche semblait insurmontable... Mais si elle renonçait, le Soleil Noir le lui ferait payer très cher. Son compagnon de contrebande, pilote et meilleur ami (par défaut), Hueren Yago, était prisonnier de l'organisation. Et quelque part, c'était un peu sa faute... Voire complètement, même si elle ne serait jamais assez mature pour le reconnaître.
- Vous ne pouvez pas me lâcher cinq minutes ?, demanda Mira, penchée par dessus la rembarre. Si ça continue, je vais me plaindre à vos RHs. On est à deux doigts du harcèlement, vous et moi.
L'homme à la moustache venait de sortir sur le balcon, une cigarette à la main. Il ordonna au Weequay qui surveillait leur invitée de les laisser et alluma sa clope avant de se rapprocher d'elle. Séparés de juste deux pas, elle pouvait sentir d'ici l'odeur du tabac (du Corellien, devina-t-elle) qui camouflait le léger parfum qu'il avait l'habitude de porter. Toujours propre sur lui, aussi calme qu'éloquent, le moustachu était une classe au-dessus des malfrats qu'elle avait côtoyé toute sa vie. S'il n'avait encore jamais manifesté de colère, il émanait toujours de lui une sorte de rage maîtrisée, comme une tempête qui pouvait déferler sur la mer d'un coup, sans prévenir. Et si cela devait arriver, Mira ne voulait pas être de sortie à ce moment-là !
- Nos prestataires n'ont pas la permission de déposer des plaintes officielles à la direction, répondit-t-il sur le même ton sarcastique qu'elle avait employé. Encore moins celles qui ont un abandon de poste dans leur C.V.
- Touché. Mais vous parlez de Ranni, pas de moi !, précisa-t-elle en lâchant la rembarre pour lui faire face, souriante mais toujours sur ses gardes. Et pourtant, vous m'avez embauchée sans entretien. Tel que je le vois, ça veut dire que je suis la seule à pouvoir accomplir ce que vous me demandez de faire. Je mérite bien une petite compensation, non ?
- La seule capable... ou la seule disponible, suggéra le moustachu en agitant la main, dissipant la suggestion saugrenue de son otage. Pour l'instant, je ne suis pas très impressionné par vos progrès. Votre plan sera-t-il prêt à temps ?
La voleuse de renom croisa les bras, blessée par ce manque de foi manifeste. S'il y avait bien une chose qui lui réussissait toujours, c'était les cambriolages de haute voltige. C'était même sa passion, là où la contrebande n'était qu'une couverture. Enfin, façon de parler, car en général on préférait des métiers honnêtes pour blanchir son argent !
- Avec les délais que vous me donnez... Et après avoir étudié vos rapports... Il y a plus de gardes que quand j'y travaillais, plus de caméras...
- Sans oublier la présence de l'Empire, à l'institut et dans les rues de la capitale. Et je n’évoquerai même pas la surveillance aérienne.
- J'ai grandi ici, je vous rappelle !, lança-t-elle avec un clin d’œil. On aura pas de mal à s'échapper, si c'est ce que vous craignez. Là où ça sera un peu plus compliqué, c'est pour l'infiltration proprement dite.
- Je vous ai trouvé le meilleur slicer du Soleil Noir. Ce n'est pas suffisant ?
- Il va bien falloir... Si les plans qu'il nous a dégotés ne sont pas à jour et que je finis capturée par l'Empire, je serais au regret de devoir abandonner mon poste.
Là-dessus, elle prit congé du moustachu, ce qui signifiait retourner auprès de ses hommes de main aussi malodorants qu'ils étaient mal lunés, en particulier le Weequay. Celui-ci l'attendait, posté dans le salon avec son visage toujours grimaçant. Était-ce sa peau fripée et déformée qui lui donnait toujours cet air ahuri ?
Mira s'installa en tailleurs devant la table basse où s'amassaient tablettes et bloc de données. Elle s'en saisit d'un au hasard et le parcourut distraitement, préoccupée par autre chose.
Non seulement elle devait s'introduire dans l'institut, dérober pour la seconde fois du matériel très cher et très protégé, échapper à la sécurité du laboratoire et celle de l'Empire, mais en plus il fallait qu'elle assure ses arrières vis-à-vis du Soleil Noir. Mira avait une cible sur la tête, et dès qu'elle ne leur serait plus d'aucune utilité, celle-ci allait briller de mille feux. Elle ne donnait alors pas cher de sa peau ! Il lui fallait une assurance de côté. Mais comment élaborer un second plan à l'insu de ses hôtes alors que ceux-ci ne la laissaient même pas aller au petit coin sans poster quelqu'un derrière la porte ?!
Mira poussa un profond soupir et se replongea dans ses préparations...