Pouvait-on, décemment, refuser une telle invitation ? Être considéré comme acteur majeur d'une galaxie déchirée, et donc comme potentielle colle pour colmater des brèches que beaucoup avaient fui de leurs petits yeux hagards, et qui maintenant semblaient importantes, comme si le mur fêlé était maintenant devenu l'unique mur porteur d'un hôpital.
Oui, on pouvait la refuser. Avait-on besoin que des moralisateurs, des bien-pensants et autres raclures sudistes viennent faire des leçons d'unité, à eux qui avaient prit pour cible de nombreuses planètes de citoyens honorables et concernés ?
Hypocrisie ! Hypocrisie lisait-on sur certains lèvres, formant des moues gênées ou exaspérées. Pouvait-on blâmer les caractériels ? Non. Mais des décisions devaient être prises. Aussi, après qu'une affaire maintenue privée sur Bastion fut terminée, on envoya une requête à destination d'Arkania, alors qu'une flotte approchait petit à petit de la Bulle de Glace qui servait de maison à quelqu'un qui, au-delà d'être Monarque, était cher à un autre quelqu'un.
Mais tout ceci pouvait prendre fin...
A bord d'un Destroyer que tous auraient loisir de reconnaître, Harlon Astellan se tenait droit, le menton rentré, la mine plus sévère et concentrée que jamais. Avec le poids de nouvelles responsabilités étaient venues de nouvelles considérations à entretenir, un nouveau visage à dispenser.
Diriger une région ? Il avait fallut être à l'écoute.
Diriger une planète ? Il avait fallut être brillant économiste.
Diriger un secteur ? Il avait fallut courber intelligemment l'échine.
Diriger un Sur-Secteur ? Il avait fallut être un père, un phare, un modèle.
Mais diriger un Empire... pour cela, il lui faudrait de la
force. Montrer qu'un Chef d'Etat, montrer qu'un
Empereur devait rester digne, et imposer sur toute assemblée un silence de mort... Donner l'impression que l'herbe ployait sous son pied non par effet d'écrasement, mais par volonté de s'écarter face au mastodonte spirituel et physique qu'il donnait l'impression d'être. Être Empereur, c'était donner aux peuples du vent à moudre.
«
Arkania... Système Perave... »
La verrière du vaisseau donnait une vue imprenable sur les photons, lancés aux quatre coins d'un Univers trop vaste et dont les perspectives de fin semblaient étourdissantes à Harlon.
«
La planète elle-même n'est qu'une terre d'accueil... Imaginez-vous seulement, un peuple dans une telle détresse qu'il préfère s'installer sur un monde assassin, aux éléments désireux de leur donner une fin, plutôt que de poursuivre sa route. »
Harlon se tourna pleinement vers Rhedatt Fanrel, qui, en dépit de ce qu'il aurait pu penser, avait été nommé Premier Conseiller de la délégation. Une façon de donner parole à ce qu'Harlon ne penserait pas... et de garder près de lui son détracteur le plus fidèle.
Un meilleur ennemi.
«
Chercher à dompter l'adversité après une recherche sommaire, plutôt que s'adonner à des recherches poussées pour ensuite se laisser aller à l'oisiveté générationnelle... Selon vous, laquelle de ces deux méthodes est la plus représentatrice de la fainéantise d'une espèce ? »
Harlon guettait la réponse de son ancien homologue et maintenant subalterne. Au fond, il appréciait bien le Grand Moff aux méthodes... tellement...
républicaines. L'Empereur caressait encore l'espoir fou de remettre l'impertinence libérale qui s'installait dans la famille Fanrel-Keto, même si cela devait lui prendre deux décennies. Les dirigeants de Têta devraient apprendre que rien ne naissait des démocraties.
Si ce n'était...
Le Chaos.
Orbite d'Arkania
«
Contrôle d'Arkania. L'Empereur souhaite atterrir avec sa délégation. »
La flotte d'escorte se figea dans l'espace, découpant autant de triangles d'une ombre menaçante sur le sol planétaire qu'il n'y avait de Destroyers en orbite. Et pour se révéler à tous, Harlon avait choisi deux tours de force. Le premier avait été de ne pas mentionner le remplacement de l'Empereur Stele. L'information était encore confidentielle.
Le deuxième avait été d'appointer, sous la houlette du Grand Amiral Pelleaon, le Super Destroyer Executor, à la tête de 5 Destroyers de classe
Imperator, venus des frontières renforcées par le dispositif Damoclès qu'Harlon avait initié, recevant la bénédiction du Haut Commandement Impérial à ce moment-là. L'ensemble aurait pu anéantir Arkania, et la clique de chefs de la Rébellion d'une seule salve de turbolasers, et envoyer un message à destination de Coruscant, mais aussi des Sith :
L'Empire ne craignait rien ni personne. La peur changerait vite de camp. Restaient aux peuples "libres" de la Galaxie de ne pas se situer dans le mauvais.
«
Bien. Messieurs, je pense que nous sommes maintenant appelés à cette Union. Tâchons de ne pas décevoir ces messieurs et ces dames. »
Il brûlait de parler en face à face avec la Monarque d'Arkania, ne serait-ce que pour envisager une solution au problème de piraterie sur l'axe reliant la planète hôte à Yaka, partenaire privilégié de commerce. Mais si l'envie lui prenait, l'honneur le lui interdirait peut-être.
Une navette Lambda, ceinte de quelques TIE vombrissants, amorça une descente douce sur un quai réservé aux délégations "d'importance". Les petits de cette galaxie avaient un encouragement à ne pas ennuyer le bon peuple d'Arkania avec de lourds vaisseaux, mais porter le fanion impérial dotait l'invité de quelques privilèges spéciaux.
«
Mes Seigneurs... je crains que les règles ne soient ce qu'elles sont. En l'occurence, l'import d'armes sur Arkania est prohibée jusqu'à nouvel ordre, ceci incluant les délégations diplomatiques, et leur escorte. Aussi, malgré les opinions exprimables pour des raisons idéologiques, pratiques ou rituelles... je me vois contraint de vous demander de me remettre vos armes, de les abandonner à vos hommes en station près de vos vaisseaux, ou de suivre le Comité depuis un poste reculé de l'auditorium. »
Ainsi, porter une arme n'en faisait pas partie, de ces privilèges. Aussi Harlon, d'un geste las, ordonna que chacun se défit de ses armes pour les laisser aux pilotes et aux Commandos chargés de garder les vaisseaux. Les quatre Gardes Rouges qui se portaient à ses côtés, et les deux autres qui encadraient les conseillers d'Harlon qu'étaient Rhedatt Fanrel, son fils Althar et le Grand Amiral Pelleaon, parurent se figer un instant, mais obéirent rapidement. La figure de grand-père sage et puissant de Pelleaon ferait forte impression sur l'assemblée, les Fanrel représentant un idéal plus laxiste et bien-pensant, propre à mettre les rebelles dans de bonnes dispositions. Et, plus effacé, et portant une tenue semblable aux Gardes Rouges, si ce n'est par sa couleur noire luisante, se tenait Carnor Jax, ancien Garde Noir, et aujourd'hui titulaire d'un poste gardé secret.
Chacun se défit son arme, Harlon tendant son DL-44 fidèle à un pilote de TIE, les gardes tendant chacun un fusil E-11, des cartouches, une grenade, une pique de force et une double-lame de combat en cortose. Les autres remirent leurs armes respectives aux impériaux de station devant les regards vides des douaniers arkaniens, qui avaient su garder contenance devant l'arsenal déployé par les Gardes Rouges. Même à mains nues, ces hommes restaient en mesure d'affronter les périls que l'Empereur pourrait avoir à affronter.
«
Bien, ne faisons pas attendre la Monarque d'Arkania je vous prie. »
La petite escorte Arkanienne dirigea la troupe impériale, forte en plus des conseillers de l'Empereur et de sa garde, d'une trentaine de diplomates officiels du Corps Diplomatique Impérial, qui eux étaient livrés à leur propre sécurité, même s'ils ne se sentaient guère plus exposés que d'ordinaire.
L'auditorium, vaste lieu plus destiné à accueillir un opéra galactique qu'une conférence sur une Union des factions, offrait trois choses qu'Harlon n'aurait pu qu'envier : un tapis rouge, une tribune... et un public. Récipendiaire privilégié de son nouveau poste que chacun pourrait découvrir. Aussi, son arrivée se devait d'être débitée selon les instructions précises d'Harlon.
«
Son Excellence... l'Empereur Harlon Astellan, représentant de l'Empire Galactique... »
Les portes du rez-de-chaussée laissèrent place à des milliers de place, dont les occupants se tournèrent vers la figure qui se détachait, et qui allait apparaître aux occupants des balcons en surplomb, tandis que les autres membres étaient nommés, pour ne pas qu'ils se sentent en restent.
Dévorant la distance entre l'entrée du public et le pupitre, dont l'accès était assuré par de petites marches posées devant les planches, qui n'étaient en fait de dalles de marbre blanc, Harlon put admirer l'assemblée des représentants déjà présents, et qui laissaient chaque intervenant s'exprimer, par le biais d'hologrammes bleu fébriles. Les hologrammes contenaient un énergumène qu'Harlon ne rêvait que d'écraser : Volthaïr Sovv, debout et à échelle humaine, mais trop éloigné pour être convenablement étranglé. Et se tenait là aussi une femme qu'Harlon avait déjà vu en face, auparavant, sur Kashyyk. Leia Organa... la garce présidentielle était venue en portant les couleurs d'une monarchie qui pourtant était morte avec sa planète chérie.
Et, il y avait Elizabeth.
A son contact, Harlon abandonna un instant la mine sévère, lui esquisça un sourire, et vint se porter devant elle, effectuant une légère courbe de son dos pour la saluer.
«
Reine Civicius... »
Reprenant ensuite sa contenance et sa sévérité, il se porta face à Organa, qu'il gratifia d'une courbure plus légère et raide.
«
Princesse Organa d'Alderaan. »
Et également devant l'hologrammes présent, à qui il hocha simplement de la tête.
«
Ministre Sovv. »
Le respect n'était acquis que pour une personne ici présente. En l'absence de prétendant au pupitre, Harlon put se porter au devant de la scène, conscient que son numéro était étudié sous tous les angles.
«
Représentants de la Galaxie, délégués divers... »
Un regard porté alentours. Des regards braqués. Haineux, complaisants, implorants... la haine se lisait plus qu'autre chose néanmoins. Il portait la tunique officielle des Empereurs Galactiques, et portait une opprobre séculaire avec lui dans cette tâche, au milieu de cette foule bien-pensante qu'il détestait tant.
«
L'Empire, tel que vous nous voyez, est uni de nouveau, et sa direction nouvelle se veut forte, et resplendissante. Ce même Empire appelé à venir prêter main-forte aux régions du Sud, autrefois tellement propices à la guerre contre nos territoires, et qui encore occupent des zones à l'idéologie qui porte ses intentions vers nous depuis toujours. J'ignore quelle audace inspire ces peuples qui ont toujours démontré à notre endroit une haine éternelle de par une croix que nous portons malgré nous...
Vous, peuples du Sud, qui nous jugez par les péchés de nos pères... »
La colère perçait lentement dans sa voix grave, arrangée par sa mine d'une exquise sévérité.
«
L'Empire a essuyé deux attaques dans ses territoires. La zone revendiquée d'Esfandia a vu la mort de milliers de marins, qui ont payé de leur vie un rapport vidéo décrivant en détail la composition des flottes ennemies, en plus d'établir un cap potentiel de leurs forces. Et plus récemment, nos troupes ont repoussé une attaque d'une violence inouïe sur Ansion.
Oui... ont repoussé une attaque. »
Harlon porta sa main devant son visage, et fit un grand geste du bras, portant vivement sa main derrière lui, dès qu'il commença sa phrase qu'il voulait sans appel.
«
L'Empire n'a besoin d'aucune Union. »
Un souffle retenu s'éleva dans la salle. Tous ces gens qui espéraient voir les fiers Destroyers Impériaux entrer dans la danse voyaient maintenant la vérité en face. Vérité qu'Harlon énonça en toutes phrases, pour que les choses soient claires.
«
L'ennemi s'est confronté à la fureur de nos forces armées... désorientées, prises au piège, subissant un assaut de sensitifs... les morts se sont comptés dans les deux camps, et les ennemis crurent arracher une pénible victoire qui bien vite se transforma en retraite précipitée... De rien, nos troupes parvinrent à tout, et aucune aide ne nous fut apportée !
Nous enterrons nos morts en ce moment même... Nous pansons nos plaies en ce moment même... Nous reconstruisons nos cités en ce moment même... Et nous le faisons seuls. Ne le faisons car nous avons la puissance nécessaire pour mettre à mal un ennemi dont les forces sont largement sur-évaluées. »
Un regard vers la présidente.
«
Une poignée de sensitifs ne seront jamais à même d'ébranler notre Glorieux Empire... »
Retour vers le public restreint.
«
Car notre Empire ne craint rien, ni personne. »
Un regard fou vers les délégués, directement visés.
«
Et à l'heure où nous devrions concerter nos efforts pour lancer un Assaut, vous voilà, à vous pavaner par centaines, regroupés dans un seul et même endroit, pommes mûries prêtes à cueillir ? Avez-vous tous perdu la raison ? Inconscients que vous êtes, ne savez-vous point que des chefs tombés ne valent pas plus sur le terrain qu'une poignée de feuilles mortes ? »
Réunir ici un millier de dignitaire était inconscient.
«
Une telle réunion doit se faire à huis-clos et dans un endroit protégé, qui n'est pas celui-ci, entre une dizaine de personnes tout au plus. N'a-t-on jamais vu neutres et insoumis s'allier pour former une tête de pont ? Êtes-vous tant incapable de laisser une négociation respirer ?
Aussi, à moins d'une reconsidération majeure de tout ceci, à commencer par la fin d'un public qui n'ajoute qu'à la pantalonade, l'Empire décrète qu'Esfandia est sous autorité impériale, et qu'aucun organisme ne sera admis dans ses territoires, même à des fins neutres et d'importance galactique. Toute violation de son territoire sera soldé par une destruction immédiate et sans sommation.
Nous ne traitons qu'avec les états investis d'un sérieux que vous avez jeté sur l'autel du spectacle grandiloquent. »
Il allait quitter le pupitre.
«
Néanmoins, l'Empire Galactique sera amené à reconsidérer sa position pour peu que les discussions se déroulent sous des conditions qui siéent à des états souverains.
J'ai dit. »
Et sa délégation, ses Gardes Rouges qui formaient un mur compact sur la scène, et les trente diplomates restés au fond de la salle près des sièges, reçut l'ordre de repartir sur l'Executor. Harlon, sous la surprise générale, y comprit même parmi les siens, avec qui, il en était persuadé, il ne manquerait pas de discourir sur cette sortie imprévue, partit de l'auditorium, sous les quelconques bruits lancés par chacun. S'il était hué, il jurait d'un jour figer un rictus éternel sur leurs visages calcinés par les flammes des enfers verts tombés des cieux.
Il traversa donc la pièce, et rejoignit la navette qui allait les reconduire sur l'Executor, où il stationnerait 48 heures avant de repartir.
Pièce traversée, sans un regard en arrière. Pas même à Elizabeth. La Monarque était insultée sous son toit, mais organiser cette mascarade avait été indigne de son intellect. Harlon lui offrait une chance de se reprendre...
Une seule chance. En plus d'offrir à Organa une chance d'être digne et de quitter son image de star d'holovids, loin des projecteurs, pour commencer à jouer la Cheffe d'Etat.