- lun. 5 févr. 2018 08:48
#31528
La neige couvrait tout. Elle dissimulait peu à peu les traces de pas dans les allées, faisait se courber les branches des arbustes, et ornait les bancs de pierre d’un coussin aéré. Seules les ampoules des illuminations disposaient d’un moyen efficace de se défendre face à la blanche invasion, qui, flocon après flocon, gagnait du terrain dans la nuit noire. Il était tard désormais, les passants se faisaient rares. Traînaient encore quelques âmes solitaires, dont certaines se voulaient invisibles, camouflées sous de faux atours, et qui d’un oeil attentif, guettaient leurs souverains. Mais le couple n’en avait cure. Lui, de sa manche, chassa la neige d’un banc, pour offrir à sa Dame une halte nostalgique. Elle, libérée de sa timidité, refusa de s’asseoir à son côté, préférant de loin le confort de ses genoux.
- « Non, tu vois, c’est tout à fait différent. »
Tournée vers lui, elle enlaça d’un bras le cou de son compagnon, tandis que de l’autre, elle serrait contre elle le paquet qui contenait son trésor. Présent pour lequel elle n'avait pas manqué de remercier Harlon. Elle avait hâte, maintenant, de libérer la lanterne de son emballage, d’en déclencher le petit interrupteur, et de se perdre longuement dans la contemplation des mille reflets du verre céruléen. Pour cet unique plaisir, elle aurait pu réclamer à regagner ses appartements. Mais rentrer signifiait abandonner cette journée, tourner la page sur cette soirée et porter à nouveau tête haute sa couronne d’argent. Elle s’y refusait.
- « Maintenant, je ne me gêne plus. »
Et quelle gêne, que de rencontrer le Grand Moff en pleine méditation, isolé de toute responsabilité. Combien cet instant devait être apprécié, quand toute une journée il était de rigueur de négocier avec une bande d’Arkaniens aigris. Et elle l’avait dérangé dans sa retraite. Elle qui n’était pas grand chose alors, un simple pion qui oeuvrait pour les intérêts de son frère. Les événements avaient pris une tournure peu commune. Et si lui était prédestiné à son trône, elle n’avait convoité le sien que tardivement. Maintenant assise sur les genoux d’Harlon, qu'il fut Empereur ou soldat, le déranger ne la gênait plus.
- « Nous n'avons finalement pas dîner … »
Cette petite aventure les avait poussés à s'éloigner d’un des rares quartiers nocturnes. Le reste de la ville s’était peu à peu endormi. Les commerces avaient éteint leur vitrine et baissé leur rideau métallique. Au dehors, restaient les lampadaires et les illuminations, sur les fenêtres et au pas des portes scintillaient les lanternes et ampoules des habitants respectueux des traditions.
- « … tu as peut-être faim ? »
Il était quelques restaurants accueillant encore à cette heure tardive, autour de l’astroport ou proche de l’opéra, là où la vie de nuit était de rigueur. Et si Elizabeth appréciait les alentours de l’opéra, elle trouvait en revanche les abords de l’astroport peu fréquentables passée une certaine heure. L’opéra étant de l’autre côté de la ville, elle se trouvait à cours de propositions.
Bien qu’elle s’inquiétait du bien être de son aimé, Elizabeth ne put cette fois brimer son envie. Harlon était trop proche, trop apprécié, trop désiré. Lentement, avec cette douceur coutumière, elle approcha ses lèvres de celles de l’Humain. S’arrêta avant de les toucher, ressentant malgré tout leur proximité. Puis se décida finalement, les effleura tout d'abord, pour ensuite y déposer un premier baiser. L’Arkanienne, de quelques centimètres à peine, recula, pas assez pour qu'il put la voir nettement.
- « Je t'aime … »
De nouveau, ses lèvres vinrent chercher celles d’Harlon.