- ven. 4 oct. 2019 18:35
#36267
Dans l’immensité de glace, une silhouette encapuchonnée progressait avec nonchalance. Oryel porta son regard sur l’horizon : rien, pas même un animal errant. Au-dessus de sa tête, les nuages lourds n’arrangeaient nullement ce décor monotone. Le blanc et le gris s’épousaient parfaitement dans l’indifférence la plus totale du seul observateur. Derrière son masque de Sith, l’Arkanien réfléchissait déjà à la suite. Il n’avait ni le temps, ni l’envie d’admirer le paysage. D’un mouvement de phalanges, son sabre laser quitta sa ceinture pour rejoindre une poigne ferme et déterminée. L’instant d’après, Darth Lazharr tranchait la toile polaire de sa lame vermillon. L’écho des vibrations envahit l’air à l’instar d’un moteur de TIE-Fighter. Pendant l’espace d’une seconde, Oryel se laissa submerger par le sentiment de pouvoir qui montait en lui chaque fois qu’il entendait cette douce symphonie. Puis il baissa les yeux vers la banquise et se mit à sourire comme un dément. Il joignit ses mains sur le pommeau de son épée laser et le tendit vers le ciel… avant d’abattre brutalement la lame dans le sol. Étouffé par l’épaisseur de la calotte glaciaire, le sabre se mit à vrombir puis reprit de plus belle son concerto de basses. Chauffée à blanc, la glace avait fondu presque instantanément autour du laser. Le choc entre les deux corps avait provoqué une demi-douzaine de brèches qui se mirent à courir sur plusieurs mètres. L’Arkanien rangea alors son outil de mort et inspira profondément. Il n’avait pas besoin de la Force pour savoir que son acte provoquerait une réaction en chaîne. D’ici moins d’une minute, toute la surface gelée de l’eau allait se briser comme du verre. Aussi puissant soit-il, il n’avait pas intérêt à rester là s’il souhaitait continuer de vivre.
Pourtant, alors que les lézardes se multipliaient et que le sol autour de lui commençait lentement à s’effondrer, il ne bougeait pas. Les yeux fermés, le Sith attendaient l’ultime moment pour agir. Bientôt, il sentit le souffle glacial de la Mort caresser sa nuque tandis que son instinct de survie s’affolait. Le voile du Côté Obscur se souleva alors que la peur prenait le contrôle de son corps. Darth Lazharr rouvrit les yeux et expira profondément. Les muscles de ses jambes se contractèrent, puis il plia les genoux. Enfin, il rassembla les énergies maléfiques de la Force et puisa en elles pour se mouvoir avec une prodigieuse célérité. Un fabuleux bras-de-fer entre la nature et le sensitif s’engagea aussitôt. Toutefois, Oryel ne courrait pas comme un animal apeuré, sa course était fière, déterminée. On eut dit qu’il tentait de dominer l’imminence de la Mort en la regardant dans les yeux, le menton relevé. La Faucheuse n’en supporta pas davantage. Avec colère, elle fit s’effondrer un imposant morceau de glace sur lequel il venait de mettre le pied. Le poids de l’Arkanien suffisait à faire piquer du nez la banquise, qui s’enfoncerait bientôt dans l’abime. Un pic d’adrénaline suscité par la panique fit bondir le cœur du Sith dans sa poitrine. Mais plutôt que de contourner l’obstacle, il choisit de foncer droit devant lui, redoublant d’effort pour maintenir le cap. Lorsque la gravité se mêla au duel des forces en présence, Oryel sentit immédiatement que sa vitesse chutait malgré le soutien du Côté Obscur. Ses dents grincèrent, ses muscles commencèrent à s’enflammer, il refusait pourtant de céder. Il atteint finalement le sommet de l’iceberg et plia de nouveaux les genoux. Lorsque le pic de glace se dressa vers le zénith, droit comme un i, Darth Lazharr bondit vers le ciel. Son corps fendit l’air, laissant derrière lui le glacier se briser en morceaux avant de rejoindre les profondeurs.
Était-il pour autant sortie d’affaire ? Malgré la puissance de la Force, le sensitif demeurait un apprenti dans sa maîtrise. Voler au-dessus des nuages était un pouvoir que même un Maître Jedi ne pouvait se targuer de posséder. Ainsi, il était vain de croire que cette tentative d’échapper à la gravité serait couronner de succès. D’une seconde à l’autre, Oryel rejoindrait les flots capricieux. Et vu la distance qui le séparait de l’eau gelée, nul doute que la chute serait mortelle. A moins que… ?
La sombre coque du Corvus transperça soudain les nuages et rattrapa le Sith avant même que la courbe de son saut ne s’inverse. Le talentueux pilote aux commandes du yacht stellaire plaça alors le nez du vaisseau juste en dessous de sa cible et activa le mode stationnaire. L’instant suivant, Darth Lazharr percutait de plein fouet le revêtement en duracier du véhicule et emporté par son élan, culbuta sur quelques mètres avant de finir sa course contre la carlingue.
« … c’est toujours l’atterrissage qui pose problème hein ? »
« Ouvre le sas, ou c’est toi qui vas avoir un problème. »
« Ok ! »
La voix moqueuse de Taral se tut aussitôt, laissant Oryel seul un moment. Allongé sur le dos, le souffle court et le corps en feu, il regardait le ciel couvert au travers de son masque. Un sourire goguenard défigurait son visage. Il ne regrettait pas ce petit « exercice matinale », même si l’utilisation d’un lance-missile ou toute autre artillerie lourde aurait mieux fait l’affaire pour briser ce glacier. Le cyborg était convaincu qu’il s’agissait d’une prise de risque inutile, mais son cerveau était limité par son absence de sensibilité au Côté Obscur. Se lancer dans des entreprises périlleuses, voir suicidaire, allait renforcer le pouvoir du sensitif. Ce n’est qu’en frôlant la Mort, en la toisant du regard, que Darth Lazharr parviendrait à percer ses secrets. En apprenant à dominer la terreur irrationnelle du vivant face à l’éminence du trépas, il deviendrait un véritable Sith. Alors, il mériterait vraiment le titre de « Darth ».
« Le sous-marin est prêt. »
« Bien, je t’attendrais dans le cockpit pendant que tu inities la procédure de lancement. »
Après avoir rejoint la cale, Oryel monta à-bord du véhicule amphibien qu’il avait emprunté pour l’occasion. Arkania était un monde polaire qui, pendant très longtemps, s’était contenté d’exploiter ses ressources minières pour s'enrichir. Dans cette optique il aurait été parfaitement stupide de négliger les fonds marins et les arkaniens étaient loin d’être idiots. Aussi, il n’avait eu aucun mal à trouver un sous-marin dans les environs. Et de toute façon, son ex-propriétaire n’en aurait plus l’utilité désormais. Assis à bord du cockpit, le Sith se remémora avec délice le meurtre de la veille. Il n’avait que très peu souvent l’occasion d’utiliser son sabre laser pour une exécution. Ainsi avait-il pris le temps de régler chaque détail pour en profiter au maximum. Du début à la fin, il avait savouré chaque moment : d’abord le choc dans son regard alors qu’il réalisait la menace qui pesait sur sa vie. Puis l’espoir, un espoir futile, irrationnel, mue par l’incapacité systématique des espèces intelligentes d’accepter la fatalité. Enfin l’infinie détresse, celle qu’on pensait ne jamais connaître, qui survient lorsqu’on sent la vie nous quitter. Vient alors le vide et le silence. C’est tout ce qu’il reste de l’être qu’on était avant de disparaître. Un creux, une absence dans la vie des autres. Penser qu’on ne laisse rien derrière nous est une absurdité sans nom. Après la mort, nous devenons tous des fantômes. Qu’on le veuille ou non, nous hanterons ceux qui nous connaissaient.
* Y’a-t-il une femme et un enfant que tu vas hanter ? *
Darth Lazharr retira son masque et posa la main sur sa bouche.
Son corps se convulsa à quelques reprises.
Aucun son ne traversa ses lèvres.
Ce n’était pas encore le moment de rire.
Thème | Force | Présentation | PNJ
Dans l’immensité de glace, une silhouette encapuchonnée progressait avec nonchalance. Oryel porta son regard sur l’horizon : rien, pas même un animal errant. Au-dessus de sa tête, les nuages lourds n’arrangeaient nullement ce décor monotone. Le blanc et le gris s’épousaient parfaitement dans l’indifférence la plus totale du seul observateur. Derrière son masque de Sith, l’Arkanien réfléchissait déjà à la suite. Il n’avait ni le temps, ni l’envie d’admirer le paysage. D’un mouvement de phalanges, son sabre laser quitta sa ceinture pour rejoindre une poigne ferme et déterminée. L’instant d’après, Darth Lazharr tranchait la toile polaire de sa lame vermillon. L’écho des vibrations envahit l’air à l’instar d’un moteur de TIE-Fighter. Pendant l’espace d’une seconde, Oryel se laissa submerger par le sentiment de pouvoir qui montait en lui chaque fois qu’il entendait cette douce symphonie. Puis il baissa les yeux vers la banquise et se mit à sourire comme un dément. Il joignit ses mains sur le pommeau de son épée laser et le tendit vers le ciel… avant d’abattre brutalement la lame dans le sol. Étouffé par l’épaisseur de la calotte glaciaire, le sabre se mit à vrombir puis reprit de plus belle son concerto de basses. Chauffée à blanc, la glace avait fondu presque instantanément autour du laser. Le choc entre les deux corps avait provoqué une demi-douzaine de brèches qui se mirent à courir sur plusieurs mètres. L’Arkanien rangea alors son outil de mort et inspira profondément. Il n’avait pas besoin de la Force pour savoir que son acte provoquerait une réaction en chaîne. D’ici moins d’une minute, toute la surface gelée de l’eau allait se briser comme du verre. Aussi puissant soit-il, il n’avait pas intérêt à rester là s’il souhaitait continuer de vivre.
Pourtant, alors que les lézardes se multipliaient et que le sol autour de lui commençait lentement à s’effondrer, il ne bougeait pas. Les yeux fermés, le Sith attendaient l’ultime moment pour agir. Bientôt, il sentit le souffle glacial de la Mort caresser sa nuque tandis que son instinct de survie s’affolait. Le voile du Côté Obscur se souleva alors que la peur prenait le contrôle de son corps. Darth Lazharr rouvrit les yeux et expira profondément. Les muscles de ses jambes se contractèrent, puis il plia les genoux. Enfin, il rassembla les énergies maléfiques de la Force et puisa en elles pour se mouvoir avec une prodigieuse célérité. Un fabuleux bras-de-fer entre la nature et le sensitif s’engagea aussitôt. Toutefois, Oryel ne courrait pas comme un animal apeuré, sa course était fière, déterminée. On eut dit qu’il tentait de dominer l’imminence de la Mort en la regardant dans les yeux, le menton relevé. La Faucheuse n’en supporta pas davantage. Avec colère, elle fit s’effondrer un imposant morceau de glace sur lequel il venait de mettre le pied. Le poids de l’Arkanien suffisait à faire piquer du nez la banquise, qui s’enfoncerait bientôt dans l’abime. Un pic d’adrénaline suscité par la panique fit bondir le cœur du Sith dans sa poitrine. Mais plutôt que de contourner l’obstacle, il choisit de foncer droit devant lui, redoublant d’effort pour maintenir le cap. Lorsque la gravité se mêla au duel des forces en présence, Oryel sentit immédiatement que sa vitesse chutait malgré le soutien du Côté Obscur. Ses dents grincèrent, ses muscles commencèrent à s’enflammer, il refusait pourtant de céder. Il atteint finalement le sommet de l’iceberg et plia de nouveaux les genoux. Lorsque le pic de glace se dressa vers le zénith, droit comme un i, Darth Lazharr bondit vers le ciel. Son corps fendit l’air, laissant derrière lui le glacier se briser en morceaux avant de rejoindre les profondeurs.
Était-il pour autant sortie d’affaire ? Malgré la puissance de la Force, le sensitif demeurait un apprenti dans sa maîtrise. Voler au-dessus des nuages était un pouvoir que même un Maître Jedi ne pouvait se targuer de posséder. Ainsi, il était vain de croire que cette tentative d’échapper à la gravité serait couronner de succès. D’une seconde à l’autre, Oryel rejoindrait les flots capricieux. Et vu la distance qui le séparait de l’eau gelée, nul doute que la chute serait mortelle. A moins que… ?
La sombre coque du Corvus transperça soudain les nuages et rattrapa le Sith avant même que la courbe de son saut ne s’inverse. Le talentueux pilote aux commandes du yacht stellaire plaça alors le nez du vaisseau juste en dessous de sa cible et activa le mode stationnaire. L’instant suivant, Darth Lazharr percutait de plein fouet le revêtement en duracier du véhicule et emporté par son élan, culbuta sur quelques mètres avant de finir sa course contre la carlingue.
« … c’est toujours l’atterrissage qui pose problème hein ? »
« Ouvre le sas, ou c’est toi qui vas avoir un problème. »
« Ok ! »
La voix moqueuse de Taral se tut aussitôt, laissant Oryel seul un moment. Allongé sur le dos, le souffle court et le corps en feu, il regardait le ciel couvert au travers de son masque. Un sourire goguenard défigurait son visage. Il ne regrettait pas ce petit « exercice matinale », même si l’utilisation d’un lance-missile ou toute autre artillerie lourde aurait mieux fait l’affaire pour briser ce glacier. Le cyborg était convaincu qu’il s’agissait d’une prise de risque inutile, mais son cerveau était limité par son absence de sensibilité au Côté Obscur. Se lancer dans des entreprises périlleuses, voir suicidaire, allait renforcer le pouvoir du sensitif. Ce n’est qu’en frôlant la Mort, en la toisant du regard, que Darth Lazharr parviendrait à percer ses secrets. En apprenant à dominer la terreur irrationnelle du vivant face à l’éminence du trépas, il deviendrait un véritable Sith. Alors, il mériterait vraiment le titre de « Darth ».
« Le sous-marin est prêt. »
« Bien, je t’attendrais dans le cockpit pendant que tu inities la procédure de lancement. »
Après avoir rejoint la cale, Oryel monta à-bord du véhicule amphibien qu’il avait emprunté pour l’occasion. Arkania était un monde polaire qui, pendant très longtemps, s’était contenté d’exploiter ses ressources minières pour s'enrichir. Dans cette optique il aurait été parfaitement stupide de négliger les fonds marins et les arkaniens étaient loin d’être idiots. Aussi, il n’avait eu aucun mal à trouver un sous-marin dans les environs. Et de toute façon, son ex-propriétaire n’en aurait plus l’utilité désormais. Assis à bord du cockpit, le Sith se remémora avec délice le meurtre de la veille. Il n’avait que très peu souvent l’occasion d’utiliser son sabre laser pour une exécution. Ainsi avait-il pris le temps de régler chaque détail pour en profiter au maximum. Du début à la fin, il avait savouré chaque moment : d’abord le choc dans son regard alors qu’il réalisait la menace qui pesait sur sa vie. Puis l’espoir, un espoir futile, irrationnel, mue par l’incapacité systématique des espèces intelligentes d’accepter la fatalité. Enfin l’infinie détresse, celle qu’on pensait ne jamais connaître, qui survient lorsqu’on sent la vie nous quitter. Vient alors le vide et le silence. C’est tout ce qu’il reste de l’être qu’on était avant de disparaître. Un creux, une absence dans la vie des autres. Penser qu’on ne laisse rien derrière nous est une absurdité sans nom. Après la mort, nous devenons tous des fantômes. Qu’on le veuille ou non, nous hanterons ceux qui nous connaissaient.
* Y’a-t-il une femme et un enfant que tu vas hanter ? *
Darth Lazharr retira son masque et posa la main sur sa bouche.
Son corps se convulsa à quelques reprises.
Aucun son ne traversa ses lèvres.
Ce n’était pas encore le moment de rire.
Modifié en dernier par Darth Irae le ven. 11 oct. 2019 18:25, modifié 1 fois.