L'Astre Tyran

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By Haya Fuu
#21149
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Surnom : Smoke
Race : Céréen
Age : 37 ans
Spécialité : Politique, justice


Un des loisirs apprécié de la bourgeoisie de Loretto était le théâtre. On y jouait de tout, du drame à la comédie en passant par tous les styles, même parmi les plus improbables. Et actuellement, un auteur en particulier était en train de marquer son public. Arthuran Kimoni était un auteur prodigue du théâtre absurde.

Le principe des pièces qu'il écrivait était de proposer des scènes qui n'avaient ni queue ni tête au premier abord. Puis, au fil de l'histoire racontée, le spectateur recevait les clés qui leurs permettaient de comprendre certaines parties, qui à leurs tours, donnaient un sens au reste. Arthuran allait plus loin dans la recherche : la plus part du temps, les clés étaient données de façon évidentes au spectateur pour qu'à la fin tout lui soit accessible, mais lui préférait les dissimuler, ici et là dans ses pièces, obligeant le public à faire travailler ses méninges, au risque de le priver de toute compréhension.

Compte tenu de la complexité des pièces qu'il proposait, leurs représentations n'étaient pas particulièrement fréquentes et se faisaient souvent dans de petits théâtres cossus. Celui dans lequel se rendait ce soir là Haya ne payait pas de mine de l'extérieur, toutefois, une fois la porte franchi, c'était un tout autre univers que la façade décrépie qui s'offrait au visiteur. De nombreux cadres aux bordures dorées qui retraçaient l'histoire du théâtre en affiches prestigieuses, accompagnaient les spectateurs jusqu'à l'unique salle de représentation. Le moelleux de la moquette rouge, le brillant des garde-corps, la qualité de l'accueil, tout préparait le spectateur à une soirée d'exception.

Haya c'était installée en hauteur, afin de pouvoir scruter au mieux la salle. Elle n'était pas la pour la détente, même si la curiosité de découvrir un auteur qu'elle en connaissait que par les nombreux articles qui lui étaient dédiés sur l'holonet local lui ferait apprécier le spectacle qui allait être donné.

Repérer le Céréen qu'elle cherchait ne fut guère difficile, avec leur haute taille et leur crâne allongé, ils étaient facilement repérables. Discrètement, l'Anzat s'était rapprochée de quelques sièges : la salle ne serait guère pleine ce soir là, même si la pièce ne serait donnée qu'une seule fois. La salle fut plongée dans l'obscurité, et le rideau s'ouvrit.

Près d'une heure plus tard, le lourd rideau rouge se fermait sur les acteurs, annonçant l'entracte. Une autre pièce allait se jouer, entre Haya et le Céréen, qu'elle avait toujours gardé à l'œil.

Un buffet était installé dans une pièce attenante. Il était de coutume, pour les pièces de ce type, que les spectateurs prennent un peu de temps pour discuter entre eux de cette dernière, afin de faire le point sur ce qui avait été compris, et éventuellement glaner des indices pour la suite. C'était aussi l'occasion de rencontrer des personnes ayant au moins un point commun avec soi.

Alors que des groupes de deux ou trois personnes s'étaient formés, le Céréen était resté seul à faire le tour des petits fours joliment dressés dans les plats. Une bonne opportunité que Haya ne comptait pas laisser passer. Elle s'approcha.

"- Bonsoir. Belle pièce n'est-ce pas.", une introduction qui en valait une autre.
"- Bonsoir, en effet, pas la meilleure à mon avis, mais intéressante tout de même.", la réponse était polie, mais le Céréen avait son attention toujours accaparée par le buffet.
"- C'est vrai que comparé à 'La Passion de Pious', il y a encore un chemin. On voit qu'Arthuran en était à ses débuts ici. Une belle promesse qui se concrétise."
"- Il fait preuve de plus de subtilité maintenant, en avançant les indices à couvert, si je puis dire.", répondit négligemment l'homme.
"- Cela rend ses œuvres récentes d'autant plus passionnantes. Mais je me demandais, pour une personne comme vous, je veux dire avec votre intellect, sont-elles à la hauteur ?"
"- Oui.", se contenta de répondre le personnage au long crâne avec un léger sourire de satisfaction. "Disons qu'au moins il y a un peu de suspens.", l'homme se décida finalement sur une petit four.
"- C'est un travail qui doit demander d'être particulièrement attentif à la façon dont on tourne les évènements. Je suis certaine que cela n'est pas pour vous déplaire."
"- On ne peut rien vous cacher.", dit-il, comme s'il s'agissait plus que d'une évidence. "Nous autres avons du mal à nous retrouver dans les pièces trop grand public, tant tout y est prévisible."
"- C'est un peu comme la vie de tous les jours, on avance, on essaie d'anticiper. Je parierai que vous êtes particulièrement doué pour ça. En même temps je ne me mouille pas, votre tenue est la preuve que vous vous en sortez plutôt bien.", visiblement le Céréen réagissait positivement à la flatterie, autant en profiter.
"- Merci. Oui. Mais j'ai tendance à penser qu'un bon sens de l'observation est un élément clé pour comprendre comment s'agence les choses. Après il faut simplement extrapoler jusqu'à trouver la solution la plus pertinente."
"- Et comme dans cette petite réunion, parfois on cherche à en savoir plus."
"- Exactement. Mais ces pièces perdent beaucoup de leur intérêt une fois décryptées."
"- Contrairement à la vie. Imagineriez-vous connaître les évènements du lendemain ? Ou mieux encore, savoir les empêcher ou les provoquer ?"
"- Cela rendrait la vie bien monotone ne croyez vous pas ?"
"- Cela vous permettrait de gérer votre monde avec plus d'habileté et de finesse. D'influencer sans que personne ne s'en aperçoive.", Haya sourit.
"- De ce point de vue, je puis vous assurer qu'un tel pouvoir me réjouirait, mais il n'existe pas, sauf dans les holovids."
"- Prenez par exemple cette usine qui a explosée il y a deux ans, toute une région polluée. Cela a sans nul doute contribué à la montée du parti néo-écologique lors des élections qui ont suivi quelques mois plus tard. Leur conseillé a dû bien s'en frotter les mains.", évidemment, le conseillé en question était le Céréen.
"- Où désirez-vous en venir ?", le ton était devenu beaucoup plus sec.
"- Je veux dire que je dispose de moyens avec mes associés, qui pourraient vous aider à traiter vos dossiers avec plus de discrétion."
"- Hmm, Vous me prenez pour qui ?"
"- Je vous prends pour une personne sage, qui sait gérer ses affaires, et qui pourrait être intéressé par une augmentation substantielle de ses revenus."
"- Vous me proposiez de faire appel à vos services, sans trop dissimuler vos menaces, et maintenant vous me proposez de mettre mes services à votre disposition."
"- Je crois que l'on appelle cela une association. Nous souhaitons trouver une personne capable de mettre les bons pions aux bons endroits, pour nos profits à tous. Vous avez le profil idéal, et les raisons de votre départ de Céréa sont loin de nous poser problème, pas plus que la façon dont vous avez obtenu la démission de Monsieur Lorgo, vous vous rappelez, le président des néo-écologistes, à peine un mois après les élections dont nous venons de parler."
"- Et combien vous proposeriez ?"
"- Comprenez que ce n'est pas un emploi que je vous propose, mais une association. Les bénéfices que nous tireront seront directement dépendants de l'implication de chacun, et je peux vous assurer que les personnes que je représente en veulent, aussi je peux dès à présent vous assurer qu'il y a beaucoup à faire et, par voie de faits, beaucoup à gagner."
"- Dans tous les cas, le circuit est un peu fermé actuellement. Comment comptez-vous procéder ?"
"- Ne vous en souciez pas, la roue continue de tourner n'est-ce pas ? Et tant qu'elle tourne elle reste promesse de changements. A nous de faire que ces changements nous soient profitables. Voilà notre philosophie."
"- C'est une vision des choses qu j'apprécie. Mais la pièce va reprendre. Pourrions-nous en reparler lors d'un prochain rendez-vous ?", enfin l'homme se décidait à entrer dans la danse.
"- Je reprendrai contact. En toute discrétion.", conclut l'Anzat.

Il ne restait plus qu'à chacun à se replonger dans le spectacle et profiter du moment.
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By Haya Fuu
#21162
Un à un, les employés défilaient, et à chaque fois Haya posait la même question, successivement à son prisonnier et à la personne qu'elle testait. Sans être infaillible, la sensibilité que lui apportait la Force au niveau de l'Empathie était l'outil le plus efficace que l'Arcaniste pouvait mettre en œuvre dans l’instant.

"- Cette personne est-elle votre complice ?"
Invariablement la réponse était "Non". Pourtant, cela fini par payer. Un contrôle approfondi permis de découvrir que la jeune femme de chambre n'était pas celle attendue. Elle disposait d'une fausse carte au nom d'une employée autorisée, ce qui lui avait permis de duper la sécurité. Elle avait pris soin d'arriver en retard afin de ne pas risquer de se retrouver confronté à des employés qui aurait connu la personne qu'elle remplaçait. Enfin, et tant que Clawdite, il lui avait suffit de prendre l'apparence de la personne en question.

Probablement s'en serait-elle sorti si elle n'avait pas tenté de récupérer le matériel dissimulé par son complice et préféré mettre les voiles tant que le vent soufflait encore en sa faveur. Elle avait alors tenté de cacher les équipements dans un sac fourré à la va-vite dans la poubelle des toilettes du personnel, mais il finit sa course sur la table entre le prisonnier et la prisonnière.

"- Bon, je pense que l'équipe est au complet. Il nous manque juste le complice que vous avez à l'extérieur avec sa table d'écoute, mais il ne devrait plus tarder à arriver, ainsi que votre patron, si ce dernier tient à vous. En attendant, vous me les mettez au frais et sous bonne garde."

Si l'incident était clôt pour le moment, il n'en restait pas moins que Haya ne savait toujours pas pour qui travaillait la fine équipe. Mais il n'était plus temps de s'en soucier, l'heure avait tournée bien trop vite et elle devait finir de se préparer.

D'un pas rapide, elle était remontée dans sa chambre. L'équipe de nettoyage avait fait son travail à la perfection, ce qui n'était pas pour déplaire à l'Anzat. Installée devant sa coiffeuse, Haya remit en place ses cheveux, et rectifia son maquillage avec soin. Une esclave la rejoignit rapidement pour finaliser la mise en place de sa robe. Elle était prête à recevoir ses invités pour cette première réunion, qui devait consacrer la Confrérie Universelle.

Le moment était d'importance, elle avait mis toute son énergie dans les préparatifs de cet évènement, qui devait lui permettre de prendre la tête d'un nouvel empire du crime. Elle avait repris le même modèle que celui imposé par son ancien maître. Chacun de ses lieutenants aurait en charge une ou plusieurs activités bien définies, et devrait s'y tenir. Elle présiderait les conseils de la Confrérie Universelle, et donnerait les directives ou les objectifs à atteindre, mais ce serait à chaque dirigeant, en toute autonomie, de faire le nécessaire pour obtenir les résultats escomptés. C'est pour cela qu'elle avait choisi des gestionnaires plutôt que des hommes de terrain. L'Anzat avait fait son choix avec soin, c'est pour cela qu'elle était persuadée que tous avaient beaucoup à gagner à unir leurs forces.

Elle avait contacté neuf personnes qui devraient constituer la tête pensante de son organisation. Neuf personnes qu'elle avait déjà personnellement rencontrées et tentées de convaincre de la suivre. Tous avaient des motivations différentes et des intérêts particuliers à faire valoir. Smoke, A.1.A., Madame Konski, MissTatoo, Spoon, Le Général, White, Cerbère (Lindom Ferrad de son vrai nom) ou Caviar, elle les attendaient tous pour fonder un nouveau groupe criminel à la hauteur de ce qu'avait été autrefois celui d'Itradious, régnant sans partage, respecté par ses alliés, et craint par ses ennemis.

Les couloirs défilaient devant la petite troupe. Il y avait en tête Haya, ses longs cheveux blancs et son visage pâle contrastant avec le tissu finement brodé de sa robe entièrement noire. Derrière, il y avait Herk, l'Aqualish. Il s'était bien remis de la perte de son bras droit lors de l'affrontement avec le Jedi Noir. Et si pour le moment il était encore bandé, bientôt il disposerait d'une version cybernétique de son membre perdu. Son chef de la sécurité les suivait, toujours à l'écoute de son oreillette. Il y avait ensuite quelques hommes et femmes de confiance, qui les accompagnaient depuis plus ou moins longtemps. Tous étaient concentrés et avançaient d'un pas décidé vers la salle de réception.

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By Haya Fuu
#21820


Tous ceux qui étaient venus étaient maintenant installés. Peu d'entre eux se connaissaient déjà, généralement de réputation, parce qu'à un moment ou un autre de leur vie ils avaient fait, même pour un instant, la une des journaux. Enfin, la double porte s'ouvrit sur leur hôtesse, rayonnante, qui vint se mettre en bout de table, naturellement.

"- Bonjour mesdemoiselles, mesdames et messieurs. Aujourd'hui est un grand jour. Celui de la fondation de notre confrérie. Toutefois, avant de commencer, je voudrais tout particulièrement vous remercier. Car, par votre seule présence, vous honorez tous ceux et toutes celles qui sont tombés, pour que nous puissions reprendre en main nos destins. Eux qui nous ont libérés du joug de la G.S.L., et à qui nous devons de pouvoir nous retrouver aujourd'hui. Leur sacrifice n'aura pas été vain, et nous tâcherons, tous autant que nous sommes, de faire fructifier l'héritage de libre arbitre qu'ils nous lèguent. Merci à eux.", C'est un ton très solennel que Haya avait utilisé pour cette courte introduction. Elle se tenait droite, sa voie était claire et déterminée.
"- Durant ces derniers mois, dans le plus grand secret, je vous ai contacté. Un à un. Dans les moments que nous avons partagés, je vous ai dressé l'ébauche de ce que pouvait être notre avenir. Je vous ai proposé de venir le partager. Je vous ai proposé de me rejoindre. Chacun d'entre vous, sans exception, a les compétences qui nous serons nécessaires pour avancer d'un pas déterminé vers nos objectifs personnels, tout en en faisant profiter nos confrères. Ensemble, nous pouvons générer, pour peu que nous soyons prêts à nous y engager de toute notre âme, une synergie qui nous emmènera bien plus loin que ce que nous pourrions imaginer. J'en suis intimement convaincue : nous sommes l'avenir de Loretto."

Haya s'interrompit un instant pour parcourir du regard ses convives et s'assurer qu'elle avait bien captée leur attention.

"- Dans quelques instants, nous prêterons serment. Ce serment nous liera jusqu'à notre dernier souffle. Il sera le garant de notre loyauté, de notre fidélité et de notre engament à notre cause commune. Ce serment, je vous engage à le faire tenir à tous ceux et toutes celles qui nous rejoindront par la suite, et qui seront amenés à occuper des postes à responsabilité. Il importe que chacun s'en rappelle et le respecte, car il vaut plus que nos propres individualités, il gouvernera notre confrérie. Le temps du doute sera alors terminé, et seules resteront nos convictions et notre volonté à unir nos efforts."

Haya se ménagea une nouvelle pause.

"- Mais avant cela, je tiens à insister sur certains aspects de l'engagement que nous nous apprêtons à prendre les uns envers les autres. Sachez que cet engagement n'est pas une passade. Chaque membre ici présent, qui prononcera ce serment, sera en droit d'attendre le soutien de ses partenaires, un soutien inconditionnel, qui sera le ciment de notre association. Sachez que cet engagement vous liera par delà votre propre mort, par l'héritage que vous laisserez, et qui permettra à notre confrérie de perdurer dans le temps. Sachez que cet engagement vous exposera aux foudres de la Justice, mais que, tous unis, nous pourrons nous en défendre. Sachez, enfin, que cet engagement sera la garantie de notre succès."

"- La confrérie dans laquelle chacun de nous s'apprête à entrer sera basée sur des valeurs simples, mais essentielles. Le respect sera en son cœur. Nul ne pourra se soustraire à un engagement qu'il aurait pris, sans devoir en rendre compte à notre assemblée. L'honneur, la reconnaissance par nos pairs pour nos actes au profit de la confrérie. Le secret, afin de protéger les intérêts de chacun. Le courage, qui nous permettra d'affronter ceux qui s'opposeront à nous. Ces valeurs, nous en serons tous les porteurs et les garants, et nous nous devront de leur être fidèles afin que la place de chacun soit assurée en notre sein."

"- Ceux qui parmi vous doutent encore du bien fondé de notre association, ceux qui sont habités par la peur d'entrer dans un nouvel âge, ceux qui n'auront pas compris l'opportunité que l'histoire leur donne maintenant, cela peuvent quitter cette assemblée dès à présent en toute quiétude. Qu'ils sachent que nous leur auront tendu la main, et que nous ne leur reprocherons pas leur choix."

Ce que l'Anzat négligeait de préciser, c'est que ceux qui quitteraient la pièce ne quitteraient pas le bâtiment vivant. Mais était-il vraiment d'énoncer ce qui était une évidence ? Le secret devait être gardé, c'était l'un des principes de la confrérie, et ils en seraient les premiers témoins. Haya laissa l'opportunité à chacun de s'exprimer en quittant son siège. La jeune femme se leva et commença à faire le tour de la tablée.

"- Si j'insiste, lourdement, sur la possibilité que chacun a de faire son choix, c'est parce que ce matin même, nous avons surpris quelques indiscrets cafards rodant ici même. Comprenez un petit groupe d'individus." Haya fit un signe de la main à Herk."Venu sournoisement nous espionner."

Herk à son tour donna le signal de faire entrer les prisonniers. Ils trainaient avec peine un lourd sac qui contenait le corps du malabar du groupe. Encadrés par plusieurs hommes en armes, ils vinrent se mettre en ligne devant l'assemblée.

"- Je ne le leur reproche pas.", poursuivit l'Anzat tout en continuant à passer dans le dos de ses convives. "Ils ne faisaient que leur travail. Par contre..." Et là le ton était beaucoup plus sec." ...Par contre, que dès à présent l'un d'entre nous se permette de croire qu'il avait la moindre chance de nous tromper." Haya sondait chacun, percevant des sentiments divers : de l'amusement pour Mme Konski, du doute pour beaucoup, et, ce qui l'intéressait d'avantage de la crainte pour quelques rares. "Alors j'invite une dernière fois celui ou celle qui ne joue pas franc jeu à quitter cette salle avant qu'il ne soit trop tard." Haya claqua des doigts, et dans l'instant, le petit groupe d'espions se retrouva en joue.

L'Arcaniste continuait à tourner tel un rapace attendant que son gibier sorte de son terrier. Elle engageait maintenant un second tour de table, toujours à l'écoute des sentiments de chacun. Invitant le responsable de cette mascarade à se dévoiler. Mais aucun de ses convives ne daigna faire le moindre geste en ce sens. Alors Haya se décida à faire monter la pression.

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By Haya Fuu
#21969
Haya avait en vue ses trois principaux suspects. Mais il était plus qu'improbable que l'un ou l'autre se décide à parler. Un silence pesant s'était instauré dans la pièce, et seuls les pas lents et réguliers de la jeune femme lui faisaient écho.
"- Bien.", elle finit par prendre la parole. "Je vais donc vous donner quelques indices.", Haya allait tenter de la jouer fine, il fallait espérer que les choses se passent comme elle l'envisageait. "Si notre ami sort du bois avant que je l'ai moi-même désigné, nous pourrons alors négocier, sinon ... Non."

Les bruits de pas firent place au silence.

"- Petit un, c'est une personne faite de chair et de sang. Vous comprendrez que cela met notre ami droïd hors concours.". En fait, l'Anzat n'avait aucune certitude sur la confiance qu'elle pouvait accorder à A.1.A, mais elle savait que pour le moment, elle n'avait aucun moyen de le tester. Et puis restait ses trois suspects, Haya souhaitait entendre ce qu'ils pouvaient avoir à dire.

"- Petit deux, c'est une personne que je connais depuis moins de deux ans." Haya fit une pause, le temps de se positionner derrière le siège de son ancienne comparse. "Ce qui exclu Mme Konski." Haya reprit sa tournée, d'un pas lent. "Et toujours pas assez de courage pour assumer ses choix ?", elle fixa alors du regard Spoon. Elle percevait une gêne, un trouble omniprésent, avant de s'adresser à tous. "Monsieur Spoon, sauf votre respect, vous dissimulez assez mal votre gêne. Je pense que nous en conviendrons tous. Pourriez vous nous dire de quoi il retourne ?"

L'homme au corps lourd s'agita sur son siège avant de s'éclaircir la gorge bruyamment.
"- Vous m'accuseriez ? Ce qui me dérange, c'est que j'ai surtout l'impression que les choses vous échappent. Et je me demande si j'ai bien fait d'accepter votre invitation, ou si une troupe de policier, ou pire..., ne va pas débarquer d'une minute à l'autre. Alors oui, je l'admets, je suis assez inquiet. Mais non, je peux vous assurer à tous ici que je ne suis pas à l'origine de cette affaire, notre association est une belle opportunité pour moi."

White demanda la parole après l'intervention de Spoon. Le Twilek se leva.
"- Si nous avons été choisi, je pense que ce n'est pas pour nos beaux yeux. Nous avons tous des compétences à faire valoir, mais cela ne sera possible que si nous pouvons nous faire confiance. J'ai confiance, et je n'aurai que du mépris vis-à-vis de ceux qui se mettront en travers de notre route. Nous avons tout à gagner en nous unissant."
"- Merci White. C'est tout à fait l'esprit de notre association. Mais je pense que malheureusement, il est trop tard pour tenter de convaincre celui ou celle qui a voulu se jouer de nous."

Haya donna ensuite la parole au Général, qui demandait à s'exprimer.
"- Je ne peux reprocher à Monsieur Spoon ses doutes. Nous sommes dès à présent mal embarqués, avant même d'être à flot, si je puis me permettre l'image. Pouvez-vous nous garantir, si nous vous suivons, que nous ne nous exposons pas plus que nécessaire ? A l'évidence non. Mais White à raison, si nous nous unissons et qu'une confiance mutuelle s'instaure, nous pourrons soulever des montagnes. Nos parcours montre que nous avons les moyens de nos ambitions, le tout étant de nous ranger derrière la bonne personne, ici notre hôtesse."

La pirouette du Général ne satisfaisait guère Haya. Le ton était convaincant, mais ce qu'elle lisait en cet ancien militaire lui disait que lui-même ne croyait guère en ses propos. Le doute et la peur restaient bien présents, même s'il les dissimulait au mieux de ce qu'il pouvait.

"- Je vous remercie de m'accorder votre confiance, malgré ce début difficile, Général. Quelqu'un d'autre souhaite s'exprimer sur le sujet ? MissTatoo ?", il s'agissait là de la troisième personne que Haya soupçonnait. Peut-être avait elle réussi à négocier en toute hâte un accord avec la police ou un concurrent. Toutefois le débat l'avait rassérénée.
"- Non, je ne suis pas venu pour discuter de ça."
Non, bien sûr, comme tous ceux présents, ne put s'empêcher de penser l'Anzat.
"- Comme nous tous. Malheureusement cet impondérable nous oblige à revoir l'ordre du jour."

Le tour de table se poursuivit sans que rien n'en ressorte. Finalement Smoke, le céréen, prit la parole.
"- Ma foi tout cela est fort distrayant. Je dois bien vous avouer que je ne m'attendais pas à une telle situation. Fort intéressant, vraiment. Mais le temps nous est compté, alors je vais être bref. Je ne pense pas que le but de ces espions était de mener à bien leur mission, tant ils avaient peu de chance de la réussir. J'irais même jusqu'à penser qu'ils 'devaient' échouer. Bien malgré eux. En effet, quel meilleur moyen de nous stopper dans notre élan que de semer la méfiance et le doute entre nous dès notre assemblée fondatrice ?"
"- Vous suggérez que le commanditaire ne serait pas installé à cette table ?", intervint Mme Konski.
"- Le rapport gain - risque serait par trop en la défaveur du commanditaire. Ce qui exclut sa présence parmi nous. Par contre, je ne serai nullement étonné de découvrir qu'un complice se trouve à cette table. Car notre commanditaire mystérieux ne peut pas se contenter d'ignorer quels seront les effets de son action."
"- Tout cela se tient, mais me parait tout de même bien compliqué ramené aux faits.", fit remarquer MissTatoo.
"- Si l'on vous suit, pourrait-on imaginer, pour pousser la réflexion encore plus loin, que le complice est ignoré la présence des espions ?", demanda Caviar au Céréen."Après tout, être présent ici en sachant ce qui se tramait..."
"- C'est une piste qui me parait des plus plausibles. Ou alors notre homme,...ou femme..., dispose d'un niveau d'inconscience tout à fait remarquable."
"- Alors concentrons-nous sur ce que nous avons : les espions. Qu'ont-ils révélés ?", lança à son tour le Général, tout en essuyant ses lunettes avec soin.
"- Ils n'ont rien à révéler. Ce ne sont que des exécutants qui ne savent rien de qui les a employés. J'ai envoyé chercher leur employeur, mais je doute qu'il ne nous donne les informations que nous cherchons de son plein gré.", Haya mettait ainsi un terme à cette idée.
"- Alors nous voilà bien avancés." L'homme remis ses lunettes. "Vous comprendrez que compte tenu de la situation, j'ai sérieusement des doutes sur ce que vous nous avez proposé.", il s'adressait directement à Haya."L'offre était alléchante, mais le contenu est des plus décevants. Peut-être avez vous été trop gourmande ? Quoiqu'il en soit, plus le temps passe et plus je regrette d'être venu." Il finit sa phrase à l'intention du reste de l'assemblée, qu'il sembla questionner du regard.
"- Général, puis-je me permettre une question ?", poursuivit Haya. "Alors que nous nous sommes tous investis à chercher notre taupe, je remarque que parmi tous ici présent, vous êtes les seul à monter en stress tandis que nous nous naviguons entre doute, amusement, distraction."
"- Peut-être avez-vous votre journée pour en débattre. Il se trouve que j'ai des engagements, et que je vois bien que l'on s'enlise et que je perds mon temps. Comme nous tous.", l'énervement gagnait l'homme, et en bon stratège, il se décidait à monter à l'assaut, considérant que l'attaque était la meilleure défense. "Ne serait-il pas plus simple de nous décider à ajourner cette réunion le temps de tirer cette affaire au clair ?"
"- Et faire le jeu de notre ennemi invisible ?", intervint MissTatoo.
"- Ce serait l'idée en effet.", confirma Haya.
"- Je n'apprécie guère vos sous entendus mesdames."

La discussion allait s'envenimer rapidement. Pour l'Anzat, il ne faisait plus de doute que le Général avait maille à partir avec les espions. dès le début il avait annoncé la couleur en tentant de créer une scission au sein du groupe. Et ce que son Empathie de Force lui révélait ne faisait que confirmer ses soupçons, car, tandis que tous avaient clairement évolués durant le débat, lui seul n'avait pas su se défaire de la peur sous-jacente qu'elle avait senti en lui.

"- Jouons franc jeu si vous le voulez bien. Vous auriez pu ne pas venir. Vous auriez pu accepter de partir. Mais vous êtes restés.", haya regardait le Général droit dans les yeux, et il n'était nul besoin d'être sensitif pour lire la haine qui animait désormais la jeune femme.
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By Haya Fuu
#22499
Ainsi elle avait face à elle celui qui avait ruiné la cérémonie de refondation qu'elle avait mis tant de cœur à organiser. La colère prenait le dessus, mélangée à cette haine qu'elle éprouvait vis-à-vis du traitre. A moins qu'elle ne s'en voulu à elle-même de n'avoir pas été suffisamment prudente dans ses choix. Il ne lui aurait pas fallut plus d'effort que cela pour se défaire de l'homme, que ce soit dans l'explosion de son crâne, en absorbant le peu de vie que lui octroyait son âge, ou encore en lui envoyant une décharge de Force en pleine poitrine.

Mais Haya voulait aussi savoir pourquoi, et surtout pour qui, le Général avait tenté d'infiltrer son organisation. Elle savait l'homme attaché à Loretto, et peut-être ne se réjouissait-il pas tant que cela de voir sa planète plus ou moins contrôlée par des individus aussi peu recommandables que ceux qu'elle avait réunis aujourd'hui.

Elle n'eu toutefois pas l'occasion de poser sa question, que le Général prit la parole.
"- Qu'espériez-vous donc ? J'ai connu l'ordre tel que vous l'aviez établi. J'étais jeune alors. J'ai vu cette planète souffrir après le départ de celui que vous nommé Itradious. Des personnes qui étaient chères à mes yeux sont mortes alors, et pour certaines dans mes bras. Alors que votre organisation se déchirait.", le Général pointait du doigt successivement Mme Konski et Haya.
"- Une vengeance personnelle donc.", conclut Mme Konski
"- Pas seulement.", intervint le Céréen. "Je soupçonne notre Général de s'être plus ou moins fait manipuler par une tierce personne."
"- Certainement pas manipulé. Soyez conscient que vous n'êtes pas seuls sur Loretto à vouloir profiter de la chute de la GSL. Aujourd'hui vous avez eu la démonstration de la faiblesse de votre projet. Se joindre à votre organisation, c'est juste se suicider. Vous avez tous du potentiel, alors faites le choix qui est le plus pertinent. Nous pouvons travailler ensemble, mais pas dans ces conditions."
"- Et là vous nous proposez de rejoindre l'organisation à laquelle vous appartenez...", conclut Haya
"- Précisément, nous sommes bien mieux implantés, nous avons plus de ressources aussi... Pendant que vous vous réunissez ici, avec vos forces dispersées à courir après vos concurrents, vous nous avez laissé le champ libre pour mener quelques opérations de fond."
"- Non content de vouloir nous espionner, vous nous annoncez que vous avez déjà entrepris des opération contre nous ? Vous devez avoir de très bons atouts dans votre jeu. Je suis curieuse de savoir ce que vous allez nous avancer.", lança Caviar.
"- Pas contre vous personnellement, nous nous renforçons. Sachez que nous avons des appuis suffisamment haut placés pour pouvoir agir sans craindre les foudres de la Justice."
"- Et sinon ce sera la guerre ? Comme lors de la chute d'Itradious ? Seriez-vous prêt à la risquer ?", demanda White tout en mettant en avant tout le paradoxe de la situation.
"- Les choses sont clairement différentes. Nous avons les moyens nécessaires pour aboutir rapidement et avec un minimum d'impact visible.", répliqua le Général.
"- Bon, on va faire simple.", coupa l'Anzat qui en avait assez entendu. "Considérez ma proposition à vous intégrer parmi nous comme nulle et non avenue. Par contre, étant donné ce que vous nous avez appris, vous comprendrez que je ne puis en aucun cas vous laisser quitter les lieux."
"- Je n'en attendais pas moins. Croyez vous que je sois venu sans prendre quelques garanties ? Mes hommes sont prêts à intervenir. Si vous faites cela, votre réunion de fondation tournera au bain de sang. N'oubliez pas que l'essentiel de vos troupes sont éparpillées. Ce serait simplement du suicide.", le Général résistait à la pression, mais il savait aussi que son destin tenait en la décision qu'allait prendre Haya. Et il la savait particulièrement imprévisible.

Pour Haya la tentation restait grande de céder à son désir, légitime mais pas nécessairement le plus pertinent à faire étant donné la situation. Mais qu'à cela ne tienne, une autre solution se profilait.

"- Hé bien dans ce cas, permettez que je vous raccompagne.", Haya accompagna sa déclaration d'un geste en direction de la porte par laquelle les invités étaient arrivés.
"- Nous ne renouvellerons pas notre proposition.", conclut le Général en quittant la table.
"- Nous non plus, soyez en certain.", conclut l'Anzat à son tour.

La lourde porte de bois travaillé se referma sur les deux individus, laissant seuls pour quelques instants les invités.

"- Avant de vous quitter, laissez-moi vous donner un avant goût de ce qui vous attends.", L'Arcaniste se saisi alors du bras de l'homme, fermement.

"- Je ne vous permet pas !" s'insurgea-t-il, mais ses velléités furent rapidement calmées tandis que quatre hommes en arme le mettaient en joue.
L'Empthie dont Haya avait jouée pour démasquer le Général lui fut d'une aide certaine pour s'introduire dans les flux de la Force qui constituaient ses souvenirs. D'ici peu, il n'en resterait rien. Haya n'avait pas le temps de se montrer plus subtile dans l'utilisation de l'altération de la mémoire. Tout ce qui comptait, c'est qu'il retourne vers ses hommes, et qu'il se retrouve à devoir prendre une décision sans réellement savoir de quoi il retournait. Le temps qu'il se décide, cela permettrait aux propres hommes de l'Anzat, sinon de se replier pour sécuriser d'avantage les lieux, au moins d'être en alerte et de pouvoir rapidement intervenir en cas de besoins. C'est ainsi qu'il quitta l'hôtel particulier.

Dans la salle, tous discutaient plus ou moins ouvertement lorsque Haya fut de retour. Elle traversa la pièce d'un pas rapide pour rejoindre sa place en bout de table.
"- Herk, une place vient de se libérer. Je pense que tu es ici le plus expérimenté pour en prendre possession, si toutefois tu l'acceptes.", l'énervement perçait dans sa voix, malgré les efforts de la jeune femme.

L'Aqualish marqua un temps avant de quitter sa place aux côtés de l'Anzat. Il connaissait parfaitement les obligations qui lui incomberaient en s'y installant, et il n'était pas certain de vouloir à nouveau faire face à ce qui l'attendait. La place qu'il avait aux côtés de l'Anzat lui convenait d'avantage. Mais son refut aurait clairement posé problème. Et il savait que Haya préférait l'avoir dans son équipe. Il s'installa donc à la place occupée précédemment par le Général.

"- Les choses s'accélèrent. Pour autant nous avons quelques minutes pour réagir. Le tout étant de prendre les bonnes décisions dès maintenant. Il est probables que d'ici peu, nous ayons à faire face à un assaut plus ou moins discret de notre ennemi. Nos hommes doivent donc se replier afin de nos apporter main forte. Herk, est-ce que tu peux voir ça s'il te plait ?"

L'aqualish acquiesça simplement de la tête avant de sortir un datapad et de commencer à pianoter dessus.
"- Même si notre Général est reparti, il n'a plus aucun souvenir de ce qui s'est déroulé ici durant sa visite. Il ne sait pas qui était présent, il n'a plus souvenir des discussions que nous avons pu tenir." Et de toute façon, l'Arcaniste ne comptait pas le laisser trop longtemps dans la nature. "A.1.A., il nous faudrait une surveillance de ses communications afin de pouvoir le pister, et identifier ses interlocuteurs."
"- Phase de piratage lancée.", se contenta de répondre le droïd.

"- Caviar, je sais que ce n'est pas vraiment pour ces compétences là que je vous ai invitée à nous rejoindre, mais seriez vous en mesure de retrouver les avoirs du Général ainsi que d'un certain Alfec Derminio. Si mon intuition est bonne, on devrait retrouver un lien entre eux deux."
"- Ce vieux Alfec. Evidemment. Il aura fini par tenter son coup, si c'est lui qui est derrière tout ça.", commenta Madame Konski. "En même temps il a plus grand chose à perdre."
"- Qui est-ce ?", interrogea alors le Céréen.
"- Un ancien membre de la fine équipe que nous formions. Il s'est fait coffrer par la police et a choisi de coopérer en échange de quelques aménagement de peine.", simplifia-t-elle. "Je n'aurai jamais pensé qu'il ai le cran de se lancer, surtout dans son état."
"- Peu d'avenir donc dans le métier. A mon avis, il aura voulu faire capoter notre réunion. Probablement par orgueil, parce qu'il se sera senti trahi de ne pas avoir été invité."
"- Personnellement, je n'ai jamais plombé une soirée parce que je n'y étais pas invitée.", fit remarquer Miss Tatoo.
"- Mais vous saviez qu'il y en aurait d'autres. Notre homme se trouve au bout du rouleau, si j'ai bien compris. Ce sera son baroud d'honneur. Nous devrions envisager la possibilité de nous le rallier, au moins pour un temps."
"- Histoire de voir les cartes qu'il a en main.", conclut Spoon.

Finalement, les choses tournaient bien aux yeux de Haya. La tentative ratée de déstabilisation générait une émulation positive au sein de l'équipe qu'elle avait montée. Si leur attitude restait positive, alors son entreprise aurait de bonnes chances de réussir. Ce premier test arrivait un peu tôt, mais il serait sûrement assez révélateur et lui permettrait éventuellement de faire quelques ajustements.
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By Haya Fuu
#22926
L'atmosphère dans l'étroit compartiment était lourde. Sous couvert d'un véhicule de livraison, le lieutenant avait fait installer un QG mobile. Cela faisait des mois qu'il était sur le coup qui devait être le plus gros de sa carrière. Très peu de personnes étaient au courant de l'opération. On comptait parmi elles un juge et quelques hommes triés sur le volet, les autres gravitaient autour mais ne connaissaient ni les tenants ni les aboutissements de cette histoire.

Debout, à moitié courbé à cause de la faible hauteur sous plafond, il faisait face au Général.
"- C'est du grand n'importe quoi. Nous n'avons strictement rien."
"- Je vous avais prévenu." La voix sortait légèrement déformée par la mauvaise qualité du comlink dont elle s'échappait. "Pourtant il faut agir maintenant." Une toux marqua la fin de la phrase.
"- On n'a rien. Tout juste un rassemblement de suspects, même pas de quoi être certain d'avoir quelque chose à leur reprocher.", reprit le lieutenant.
"- Il faut attendre une meilleure opportunité.", confirma une voix sortie d'un second comlink posé sur une tablette.
"- Vous ne pouvez pas, ce n'était pas les termes de notre accord.", la colère perçait dans la voix qu'une nouvelle quinte de toux vint couper. "Si vous n'agissez pas maintenant, nous sommes tous morts. Au mieux."
"- Notre accord devait aboutir à l'arrestation de Haya Fuu et de ses associés. Aujourd'hui, nous n'avons même pas la preuve qu'ils soient associés.", intervint le lieutenant.
"- Notre accord était que vous deviez la mettre hors d'état de nuire. Ce sera probablement la seule occasion que nous aurons.", se contenta de faire remarquer le Général.
"- Et que vous nous apportiez de quoi le faire.", coupa net le lieutenant, faisant implicitement référence à son 'trou de mémoire'.
"- Je ne sais pas comment elle s'y ai prise ! J'ai pris un risque énorme en me rendant là-bas.", répliqua l'accusé.
"- La Force, je vous avais prévenu.", petite toux. "C'est pour cela qu'il nous faut agir, sinon elle prendra la place du démon qu'elle a abattu."
"- Ce sera la dernière carte que nous jouerons si nous y allons maintenant.", fit remarquer le lieutenant, laissant sous-entendre que laisser couler pour cette fois pouvait leur permettre d'agir plus tard.
"- C'est la dernière carte que nous avons, si nous ne la jouons pas, elle aura vite fait de nous balayer tous.", la toux s'était renforcée.
"- La situation est compliquée. Le mandat doit préciser un motif précis pour être valable. Quoique nous découvrions, il faudra que ce soit exploitable par ce dernier.", la voix marqua une pause. "Et je ne pourrais pas couvrir une intervention non officielle."

Pendant ce temps, dans la grande salle de réception, tout se mettait aussi en place. Les prisonniers avaient été évacués vers les sous-sols tandis que l'on attendait l'arrivée des renforts. Herk avait rapidement prit les choses en main et vociférait des ordres autant dans son comlink qu'à l'intention de quiconque croisait son chemin. Smoke avait fait rapidement le tour de la situation et suggéré quelques hypothèses intéressantes à partir de ce que le Général avait dévoilé, et des éclaircissements apportés par les anciens membres du cercle d'Itradious.

L'équipe était au complet, ce qui était déjà une bonne chose. Comme avant toute opération, il régnait dans les vestiaires une ambiance bien particulière, alors que chacun abandonnait sa tenue civile pour enfiler uniforme gris, rangers, gilet de protection, avant de prendre sous le bras casques et datapad. Le briefing avait été mené par le lieutenant, clair net et précis, comme le bonhomme. Chacun avait reçu le détail de sa mission, positionnement, objectifs, et consignes. Tony avait la responsabilité d'une petite section, elle accompagnerait le lieutenant qui devait passer par l'entrée principal.

La section attendait désormais à côté d’un petit blindé équipé d'un treuil, très efficace pour ouvrir les portes récalcitrantes. A la réception de l’ordre de donner l’assaut, il n'avait fallu que quelques secondes à la troupe pour s'installer sur les marche-pieds extérieurs, l'arme en bandoulière. Tous étaient solidement arrimés aux poignées métalliques soudées sur l'engin pour former une grappe. L'objectif se trouvait deux rues plus loin.

Sans aucun état d'âme pour le parterre de fleurs, les hommes en armes traversèrent la cour pour se positionner de part et d'autre de la porte de l'hôtel particulier. Le tec de l'équipe avait déjà dégainé son attirail afin de se brancher sur la boîtier numérique qui devait leur donner le sésame pour se ruer à l'intérieur. La porte s'ouvrit dans un souffle sans que le spécialiste n'ai même eu le temps de commencer de brancher son premier câble. Une femme élégamment vêtue se tenait devant eux. Elle était encadrée par un aqualish et un humain.

"- Bonjour messieurs. Que puis-je pour vous ?", sa voix était calme et douce.

Sans prendre le temps de répondre, Tony fit signe à son équipe d'entrer. L'arme au poing, en deux files, les hommes en gris gravirent prestement les quelques marches qui les séparaient de la porte grande ouverte. Mais le sol sembla se dérober sous le pas lourd des premiers policiers, si bien que les chefs de file trébuchèrent pour se retrouver face contre terre. Particulièrement rôdés à se genre d'exercices, les suivants se décalèrent et tentèrent de relever les premiers tout en progressant, mais le manque de place les contraints à s'arrêter à mi-parcours sous peine de se rentrer les uns dans les autres. Au milieu de cette pagaille, le lieutenant fit quelques pas prudents en avant pour faire face à l'hôtesse.

"- Vous êtes l'instigateur de tout se remue-ménage je suppose ?", la femme avait haussé le ton.
"- Lieutenant Merick, de la brigade anti-criminalité de Loretto. J'ai ici un mandat délivré par le juge Tiernoy nous autorisant à procéder à une perquisition dans le cadre d'une enquête pour séquestration. Veuillez nous laisser entrer on nous serons dans l'obligation de procéder à votre arrestation.", le lieutenant tendait un datapad à la femme. Mais elle ne daigna pas y regarder.
"- Il n'y a rien qui concorde avec votre mandat ici. Vous pouvez retourner faire votre rapport." Se contenta de répondre la jeune femme.

L'aplomb de la femme surpris Tony, qui attendait un signe de son lieutenant pour reprendre l'action.

"- Ce n'est pas à vous d'en juger.", répondit sèchement l'homme en civil tout en rangeant le datapad qu'il avait en main. "Le sergent ici présent va prendre vos identités, ainsi que celle des personnes présentes. Merci de rester à notre disposition le temps de la perquisition."

Le lieutenant n'était pas homme à se laisser influencer. Il avait perçu, sans pour autant être capable de définir de quoi il s'agissait, la tentative de Persuasion par la Force de son interlocutrice. Mais il lui avait résisté, simplement en suivant les conseils qui lui avaient été prodigués : se concentrer sur l'objectif, et uniquement sur l'objectif, surtout en présence de la femme. Ce bref échange résonnait comme un avertissement.

"- Soit. Si tel est votre bon plaisir, mais il n'y a rien à trouver qui vous intéresse.", Haya s'attendait à ce que l'homme lui résiste. Aussi renouvela-t-elle sa tentative avec plus de fermeté cette fois.

Tony observait son lieutenant entrain de faire demi-tour.
"- Il n'y a rien qui nous intéresse ici."
"- Vous devez aller en rendre compte à vos supérieurs."
"- Je vais en rendre compte à mes supérieurs."

Alors que Tony s'était écarté de la file pour interpeler son lieutenant, la femme tendit alors dans sa direction un doigt, comme pour l'interpeler. L'engourdissement qui le prit manqua de peu de le faire basculer.

"- Le lieutenant ordonne, le sergent obéit." L'Anzat avait plongée ses yeux clairs dans ceux du sergent, captant son regard. La jeune femme lui paru soudain bien moins inoffensive, et sa brève intervention résonnait en lui comme une menace dont il commençait seulement à mesurer l'ampleur. Ce n'était que partie remise.
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By Haya Fuu
#23328
Les lieux avaient rapidement été évacués. Il ne restait de l'intervention avortée que les ornières laissées par les véhicules sur la pelouse, et les multiples traces de pas à proximité des entrées. Le propriétaire des lieux n'aurait plus qu'à organiser le nettoyage de tout cela, mais ce n'était pas la priorité pour le moment. Leur ennemi n'avait probablement pas joué sa dernière carte aujourd'hui. Il reviendrait, et serait probablement beaucoup moins conciliant. Avoir renvoyé aussi rapidement le lieutenant avait peut-être été une erreur.

Au centre de l'assemblée à nouveau réunie, après un minutieux contrôle des pièces par lesquelles étaient passées les quelques hommes de la brigade anti-criminalité de Loretto, Haya prit la parole.

"- Nos ennemis se dévoilent, mais nous avons les moyens de les vaincre. Là où ils rassemblent leurs forces, nous frapperons pour les anéantir, et cela dans quelques minutes. Mais avant, l'heure est venue pour nous de prêter serment et d'officialiser la fondation de notre confrérie."

Très solennellement, Haya mis son poing droit sur son cœur, enfin, là où tout humain aurait eu un cœur, et leva sa main gauche, paume face à l'assemblée. Elle attendit quelque secondes afin de s’assurer que tous étaient attentifs.

"- Moi, la Dame Blanche, jure fidélité à la Confrérie Galactique, d'en soutenir les principes fondamentaux, et d'exercer au mieux de mes compétences et de mon habileté les charges qui me seront échues, pour toujours et à jamais."

Puis elle nomma chacune des personnes présentes autour de la table afin qu'elle puisse à son tour prêter serment.

Haya ressentait un chamboulement intérieur. Jusqu'ici, elle n'avait jamais été qu'une Anzat, un prédateur sans trop de sentiments, ni à l'égard de ses proies, ni à l'égard de son entourage. Elle se contentait d'être ce qu'il fallait quand il le fallait, pour tirer le meilleur parti de chaque situation et assurer sa prochaine soupe.

Mais là, à cet instant, alors que les uns après les autres, ses convives se levaient pour prêter serment, un sentiment de puissante satisfaction grandissait en elle. Elle rebâtissait, elle reprenait les rennes du pouvoir qui lui avait échappé tant d'années auparavant. Intérieurement, elle jubilait en égrainant les noms. Haya vibrait à l'unisson avec cette autre chose qui était en elle, et qui, elle aussi, s'enorgueillait de voir revenir à la vie sa création.

Voilà le pouvoir tel qu’elle se l'imaginait, mais fallait-il pour autant s'arrêter en si bon chemin ? Non, évidemment non. C'était non pas une évidence, mais déjà un besoin. Ce pouvoir qu'elle avait acquis, il fallait le faire grandir. Cet appel, elle le ressentait au plus profond d'elle. Des murailles semblaient s'être écroulées autour d'elle, lui permettant de voir tellement plus loin.

Après un court silence, l'Anzat repris la parole.
"- Et maintenant, montrons à ceux qui ont voulu nous damer le pion que nous avons les moyens de nos ambitions. Herk, je vais prendre quelques hommes avec moi et nous allons nettoyer les environs. Avec A.1.A, tâchez de localiser les menaces immédiates, nous nous en occuperons en priorité. Smoke, se chargera d'essayer d'anticiper au mieux les réactions de nos ennemis. Les autres, je compte sur vous pour fournir un maximum d'information afin que d'ici à demain matin on puisse passer à des choses plus constructives et intéressantes."

L'Aquilish acquiesça d'un hochement de tête, le Céréen fit un signe de la main que la fondatrice de la confrérie galactique pris pour un oui. Personne n'émit d'objection.

Les jours qui suivirent, les journaux locaux avaient pu faire leurs choux gras des règlements de comptes, plus ou moins discrets, qui avaient lieu dans tous les milieux. Toutefois, ils ne manquaient pas de souligner que l'on était encore bien loin de ce à quoi Loretto avait dû faire face il y avait plusieurs années. Le discours politique se libérait aussi, certains n'hésitant plus à accuser leurs confrères d'une collusion amorale avec le Jedi déchu. Les choses se mettaient petit à petit en place, sans grand changement pour le citoyen lambda.

La Confrérie Galactique avait avancé ses pions sur l'échiquier planétaire. Discrétion, absorption, contrôle. Des dossiers se montaient, certains perçaient au grand jour, causant la chute de quelques personnalités ou anonymes, d'autres restaient dans les tiroirs, bien au chaud. Chaque membre fondateur travaillait à consolider sa position face à la concurrence. Et dans cette ambiance, Herk et Smoke avaient bien du travail. Les travaux d'intimidation, de surveillance, ou de nettoyage ne manquaient pas. Et Haya mettait la main à la pâte comme les autres.

Ainsi, la police fit quelques beaux coups de filets, notamment en réussissant à retrouver le corps de l'un des plus grands trafiquants qu'ai connu la planète. Patchy avait refait une dernière fois surface. L'officialisation de sa disparition avait permis la libéralisation du marché dont il avait le monopole. Mais tout cela n'était pour l'essentiel qu'une illusion. La Confrérie œuvrait déjà depuis un moment à reprendre le contrôle des unités de production, aussi bien que des réseaux de distribution parallèles. Malgré lui, Patchy avait activement participé à la conquête de ce marché en en dévoilant les ficelles, en témoignait le mal que les enquêteurs avaient eu à pouvoir établir son identité…

L'onde choc causé par la disparition de la main de fer qui contrôlait Loretto se dissipait rapidement, laissant la place à un nouvel équilibre. Il était temps de faire les comptes.
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By Peur
#23753
La prise de contrôle de l'organisation criminelle avait été parachevé par la victoire d'Haya sur le Jedi déchu. Le groupuscule se révela être un acteur majeur sur la planète. On le retrouver ainsi sur plusieurs secteurs d'activité:


Trafic de stupéfiant - Part du marché: 34%
Prostitution - Part du marché: 23%
Vol, raquette - Part du marché: 42%
Contrebande - Part du marché: 31%
Assassinat - Part du marché: 11%


Le gros de l'activité était disputé par deux autres organisation: Les Ombres, qui avait la main mise sur l'assassinat, et les Defiants, qui avait choisi la prostitution et la contrebande comme activité de prédilection. Leur récente campagne agressive sur le trafic d'épice avait coûté plus de 20% à l'organisation qu'Haya reprenait en main.



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