L'Astre Tyran

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La Grande-moffe du Senex-Juvex n'avait pas pris la parole de tout le débat. Et pourtant, elle écoutait attentivement la conversation. Son silence traduisait une distance avec ce qu'il se passait ici présent. Le Grand-moff Harlon avait quitté la pièce en claquant la porte - ou presque - et Modia Sasen, Grand-Moff du Joyaux-Brillant, ne semblait pas plus actif que celle du Senex-Juvex.

Il faut dire que l'on ne parlait que trop peu de l'Empire dans ce secteur. Personne n'avait prêté attention à ce qu'il se passait là bas, ni l'Empereur, ni l'Empire. Elle représentait là les familles nobles d'un secteur éloigné de la guerre, éloigné des considérations de tous, éloigné même de la politique et des intrigues impériales. Ainsi, ne voyant pas d'intérêt à participer à une telle conversation, elle décida de quitter les lieux :

« Messeigneurs, tout cela dépasse de loin la politique de mon Sur-Secteur. Quoiqu'il arrive, nous nous plierons au vote majoritaire. Nous allier à la République ne fera cependant pas de nous des républicains, et je doute que des républicains acceptent dans leur assemblée des nobles esclavagistes. Aussi, je préfère me retirer de cette réunion, préférant ôter de votre stratégie un poids qui vous serait fatal en cas de négociation. Adieu messeigneurs. »

Elle quitta la pièce, sans plus de considération. Laissant les Grand-moffs Fanrel, Thrawn et Sasen délibérer sur leur stratégie et leurs angles d'attaque. Ce n'était pas une scission avec l'Empire, puisque le Senex-Juvex suivrait la politique décidée. C'était plutôt bien joué de sa part, maintenant les stratèges n'avaient plus à se préoccuper de la présence directe d'esclavagistes à leur côté, et pourraient présenter patte blanche devant la République, tout en conservant les soutiens militaires des autres SurSecteurs en cas de besoin.
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Ainsi donc le Chiss était aussi pragmatique que cela, et aussi sûr de lui qu'on le disait. Il ne doutait de rien, cet Amiral, à le prendre de haut et à avancer ses pions aussi ouvertement. Soit. C'était son attitude, et il devrait faire encore. Pire encore, il devait lui concéder cela faute d'autre voix aussi publique vis à vis de la paix. Ce serait cher payé, mais peut-être pourrait-il espérer clarifier la situation et dénouer ce possible lien de tension ... Qui n'était rien face à leur distinction de point de vue sur la Nouvelle République. Soit. C'était le jeu, et il l'avait dit ouvertement. A lui de le stopper maintenant, le moment venu. Il savait au moins à quoi s'en tenir ... Perdu dans cette pensée qui le travaillait, il regarda la Grande Moff signifier son désintérêt et quitter la table, elle-aussi. Un de plus. Quelle réunion réussie ... C'était d'une tristesse ... Il balaya mentalement tout ça pour en revenir à ce pourquoi ils étaient là, eux. Il était temps de lui répondre.

"Grand Amiral, je ne vous tiendrai pas rigueur de votre familiarité parce que nous avons certaines ambitions communes. Je pense que vous avez résumée une partie de la ligne qui devrait être celle de l'Empire pour les mois à venir, que ce soit dans son positionnement et ses nécessités. Alors pour cela, je ne m'opposerai pas à votre proposition, mais je me risquerai à vous poser quelques questions et conditions à celles-ci."

Il le fixa, l'air concentré.

"En effet, vous comprendrez je l'espère que vous avez avancé des choses invérifiables et difficilement compréhensibles, dans le seul but de nous impressionner ou je ne sais quoi. Cela marche vaguement, je crois bien, et je crois même que cela vient mettre en doute votre parole ... Effet, après des mois sans nouvelles, sans présence, vous nous revenez à un moment opportun pour nous présenter une alliance avec l'Ascendance. Je crois que le lien est vite fait, n'est ce pas ? Etes vous ici présent au nom de l'Ascendance, ou bien en tant qu'impérial pour proposer des solutions ? Eclairez nous, Grand Amiral, car il est facile de devenir suspicieux quand tout va dans le sens de la traitrise. "

Il jouait gros, mais ce n'était pas Harlon qu'il avait face à lui. C'était Thrawn, qui lui avait déjà répondu et qui continuerait à le faire, tel le militaire qu'il était. Autant mettre les choses directement sur la table dès à présent, dans ce cas, ce serait là l'occasion de clarifier un sujet de ne plus avoir à y revenir. Il soutint donc son regard, sans marquer d'hostilité, simplement de la méfiance. C'était tout l'intérêt de telles rencontres. Il ne l'avait jamais rencontré auparavant, et il le regrettait presque, vu l'attitude du personnage. Intéressant.

"Mais bien sûr, dans d'autres circonstances et formulée par une autre personne, cette proposition pourrait être bienvenue, effectivement, si nous pouvions nous accorder sur la confiance à leur donner. Si vous entamez ces discussions, Grand Amiral, je vous demande explicitement de prendre avec vous des représentants des membres de cette Assemblée, s'ils le souhaitent, à l'image de moi-même. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance, mais vous impliquez l'Empire avec un ... potentiel allié ... que nous ne connaissons que trop peu, en comparaison de vous-même. Qui plus est, je crois que vous avez perçu mon attitude envers la militarisation de la vie politique impériale ... Il n'y a que notre Empire pour en arriver à de telles choses, avec les résultats que l'on connaît, je le crains. Peut-être devrions nous ne pas oublier comment fonctionnait notre bel Etat avant qu'il ne sombre, pour ne pas oublier que les questions politiques étaient gérées par des hommes compétents. Je vous demande donc solennellement d'accepter un représentant civil, de mon secteur, parmi votre délégation. Ce geste serait fort appréciable, je pense, pour envisager une nouvelle amitié entre nos deux … autorités. Vous ne voulez pas vous isoler plus encore, n’est ce pas ? Ce serait fort regrettable alors que nous venons de nous entendre sur une vision commune. "

C'était éclairci. Balayer devant sa porte, et finir ce qui devait être fait. Il se permit donc une nouvelle fois un sourire, les questions suivantes étant sincères ...

"N’est-ce pas, Grand Amiral ? Serez vous des nôtres pour négocier la paix ? Et également, vous joindrez vous à notre délégation à l’Union ? Etant donné que nous nous accordons sur ces points-là, il serait de bon ton que nous nous entendions sur leur réalisation concrète. Et puis comme vous l’avez si bien rappelé, le moment venu, nous saurons nous opposer dignement et faire entendre nos visions de l’Empire. Ce n’est pas l’heure aujourd’hui à cela, et je pense que nous l’avons tous compris. Priorité est à l’unité et à la stabilisation de notre situation. Priorité est à l’Empire. "

Il adressa un sourire franc au chiss, puis au restant de l’Assemblée. C’était donc ici que cela se terminerait sûrement, une fois ces derniers détails décidés. Ils feraient un possible duo efficace, s'il le voulait. C'était peut-être là son seul espoir, à vrai, en voyant le désintérêt croissant des autres Grands Moffs, qui étaient soit partis soit silencieux. Etait-ce là ce qu'il restait de ce glorieux Empire d'antan ? Triste spectacle. Il n'en tirait que plus de convictions, persuadé qu'il n'y aurait de toute façon qu'une issue à tout cela, et qu'ils avançaient là jusqu'à la première base. Ils y étaient.

"Ha, d’ailleurs Grand Amiral, que pensez-vous de l’Empereur ? Certains ici ont sous-entendu l’idée de ramener notre Grand Monarque à ses occupations premières, pour envisager un souverain plus … pacifique. Peut-être faudra-t-il que nous en … discutions un jour."

La précédente tentative d'en discuter fut un bel échec. Il espérait que Thrawn comprendrait ce dont il était question ici, et apporterait une position .. constructive.
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Le grand amiral marqua un temps d’arrêt, afin de créer une atmosphère propice au doute chez chacun des protagonistes de ce rendez-vous. Après un tel discours du Grand Moff Fanrel il devait réaffirmer sa position, commune a son collègue sur de nombreux points, sans pour autant donner l'impression d'être à sa botte. De toute manière, l'instant était au doute, surtout après le départ de la salle de la Grande Moff, si conciliante soit elle dans son discours de conclusion. Un haut officier impérial, si mystérieux soit-il -et non humain par dessus le marché- se devait de rester pragmatique et craint. Il fixa l'assemblée d'un regard flamboyant avant de fixer sans ciller son interlocuteur. Contre toute attente, il esquissa un sourire, qui pouvait paraître glacial au premier abord, mais révélant une pointe de malice. Il entreprit enfin de rendre réponse

"-Ne faites pas l'erreur de vous méprendre sur mes intentions Grand Moff Fanrel"Entama-t-il d'un ton ferme"Certains ont fait cette erreur et ont pu profiter des biens-faits d'un séjour dans les mines de Kessel, suite à leur manque de clairvoyance sur leurs véritables alliés."Une attaque frontale pour mieux alimenter un discours en deux temps, véritable mimétisme face à son collègue."Or, je n'ai visiblement pas d'inquiétudes à avoir, vous sembler comprendre que nous ne sommes pas d'un point de vue divergeant. Et je comprends à votre présence, à cette heure où nombreux sont ceux qui ont quitté le débat, que vos convictions sont alimentées par un grand désespoir quant au sort de notre Empire.
Oui, je dis bien NOTRE Empire. Car ne vous trompez pas d'ennemi, ne commettez pas d'erreur de jugement. Vous proposez avec tant d'aisance et de certitudes une alliance avec la république, nos adversaires de toujours, et vous semblez vous offusquer lorsque vous écoutez ma proposition d'alliance avec l'Ascendance? La vérité, c’est que vous craignez ce que vous ne connaissez pas. Et si vous en venez à craindre une faction qui n'a toujours eu pour seule ambition que de protéger ses territoires, et aux ressources militaires inférieures aux notre, c'est que vous avez vraiment une vision pathétique de notre Empire.
"
Thrawn marqua à nouveau un temps d'arrêt. Avant de reprendre son discours d'un ton plus apaisé."Mais j'imagine avoir mal compris vos propos, je n'aurais jamais l'audace d’interpréter vos mots maladroitement. Ainsi, je vous répondrai en en partant du principe que vos mots ont dépassé votre pensée, et qu'ils n'ont fait l'objet que d'une question rhétorique."

Le grand amiral se leva alors, sous la surprise mal dissimulée de certains membres silencieux, les quelques apathiques encore présents, et poursuivi son propos.

"Je ne m'attends pas à une alliance frontale avec les chiss, mais à leur appui protectionniste. Je voudrais compter sur eux afin de protéger nos territoires frontaliers des régions inconnus, afin de lancer plus de troupes dans la guerre qui nous attend. Je voudrais également, comme j'ai tenté de le faire jadis, relancer les échanges commerciaux avec eux, ces derniers s'estompent actuellement. Quitte à s'allier avec la république,
ce qui était inenvisageable il y a de cela quelques mois, autant le faire avec panache face à notre adversaire commun, autant montrer à tous, au grand jour, que l'Empire dispose encore de forces vives, et d'alliés puissants. Vous savez, je ne laisse jamais rien au hasard, tout a un sens, tout peut susciter le doute dans mes actions, créer des interrogations. Mais soyez assurés, que ma détermination n'a jamais été aussi grande. Je ne souhaite que la grandeur retrouvée de notre Empire. Donc oui Grand Moff Fanrel, je souhaite la même chose que vous, quelques soient nos divergences. Observez surtout nos points d'entente. Observons toutes les pistes pouvant nous mener à la réussite de nos projets.
Chers collègues, je vous le dis solennellement aujourd'hui en ce lieu, c'est ici que notre renaissance commence, ceux qui se borneront à suivre la doctrine de l'ancien temps causeront la perte de l'Empire. Si nous voulons que tout reste comme avant, il faut que tout change! N'en déplaise à certains, moi compris, nous devons prendre des décisions qui dérangent pour mieux parvenir à la réussite. Je suis Thrawn, j'ai laissé mon nom chiss sur Csilla le jour où j'ai dû quitter ma terre natale pour la première fois. Laissons le passé au passé Grand Moff Fanrel, et construisons un avenir glorieux dès maintenant.
"


Thrawn laissa son discours faire effet, avant de répondre à la dernière question de son collègue.

"Enfin, concernant l'empereur. Le moment est mal choisi pour échanger à son sujet. A l'heure où nous parlons d'unité, il serait mal venu de diviser par une décision s'assimilant à de la trahison aux yeux de certains. Essayons de le convaincre avec nos opinions, si nous nous heurtons à un mur, nous aviserons. Il faut prendre garde à la croisade noire d'un fou, mais tant qu'il demeure éloigné de nos actions il n'est pas une menace. Rallions tout d'abord à notre point de vue, de manière habile, la majorité des dignitaires impériaux,
et nous verrons qui a le pouvoir après tout cela. Avançons nos pions un à un, identifions les traîtres de proximités avant tout et neutralisons les.
"


Il fixa l'assemblée une dernière fois avant de conclure et de reprendre place dans son siège.

"Je souhaite que ce soit clair pour tout le monde. Ce que nous faisons là est pour la grandeur de l'Empire.
Ceux parmi vous qui viseront des intérêts personnels, où qui tenteront d'entraver ces projets d'une quelconque manière, en fourvoyant l'empereur par exemple,
"
Dit-il d'un ton empli de sous-entendus"soyez assurés qu'aucun système civilisé ou barbare ne pourra vous sauvez d'une fin peu enviable. Merci à tous."
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