- jeu. 1 févr. 2018 00:24
#31449
L'évidence. Tout paraissait tout d'un coup destiné à cette pensée. Du haut de sa tour de permabéton armé gris, l'Empereur s'en tournait par cent fois sur lui-même. L'empreinte de ses pas inscrivaient sur le sol lustré des sillons d'usure artificielle qui formaient une rosace clairsemée et inégale, aux pétales éclatés et au centre indistinct. Bizarrerie de la chose, Harlon ne constatait pas un temps soit peu les marques appuyés sur les pointes de cette rosace malhabile, comme tracée à une encre douce par un paraplégique aux commandes d'une grue de chantier un jour de mousson. Lui-même ne s'en trouvait pas loin de calquer cet état. Tiré à quatre épingles, habillé comme s'il venait de rentrer d'une soirée mondaine, Harlon naviguait au travers d'un océan de datacrons qui s'imbriquaient les uns sur les autres, comme une pyramide des Anciens Sith censé accueillir, comme dernière demeure, un datapad malencontreux. Il restait le même travailleur assidu qu'avant, mais à l'approche d'une date, il commençait à être prit de sueurs froides. D'idées déplacées, de trouble-pensées. Aussi réfléchissait-il, une fois pour toutes, à une solution viable. Définitive. Il ne pouvait en parler à personne. Fanrel devait n'être mis au courant qu'à la dernière minute.
Certainement pas sa famille. Elle vendrait la mèche. Aussi lui fallait-il une solution. Vite. Mais tracer un sillon rosacé paraissait d'une aide peu avenante. Aussi fit-il ce que tout bon calculateur ferait en cas de syndrome de la page blanche : il traça des croquis, et afficha le tout sur un mur, reliant certaines représentations crayonnées au fusain gras de fils de laine épaisse. Le support électronique paraissait peu adéquat. Et même ses demandes les plus triviales s'en trouvaient exécutées. Pour preuve : il avait disposé de sa laine en un temps record.
En à peine deux heures, il avait tiré son problème en clair. Ses pensées s'ordonnaient en agenda, ses tâches listées les unes à la suite des autres. L'évidence.
Shtig ?
Secrétaire. Une femme charmante au physique parfait, appréciation générale de la population humaine galactique. Des cheveux impeccables, une tenue cintrée, un corps aux proportions vitruviennes, et une odeur qui flottait aux narines des anosmiaques. Harlon, d'un regard langoureux, aurait pu lui ordonner de se pencher sur son bureau, et n'aurait pas eu à craindre de retour libéral sur tout scandale qui aurait pu en découler. Mais il n'en fit jamais rien. La jeune femme faisait un travail titanesque, dévouée à ses moindres excentricités, et il n'avait jamais considéré ça que comme une relation de travail. Il avait entreprit de la considérer quand elle lui avait rapporté une rumeur qui ne fut pas à son goût. Voyons que leur Empereur ne touchait guère aux sirènes de son service, on avait fait courir localement le bruit que le numéro 1 impérial aurait été homosexuel.
Harlon avait fait subir un châtiment exemplaire à la suite de cette dénonciation. Pendus jusqu'à évanouissement, avant d'être éventrés, de voir leurs entrailles jetées au feu, avant qu'un exécuteur du BSI ne se décide à ordonner une décapitation à l'aide d'un appareil à arc électrique.
Le tout en public. Harlon avait en horreur les relations contre-nature.
Par la suite, son secrétaire précédent ayant fait partie des sacrifiés au champ d'humour, Shtig avait comblé le rôle, et comblé les yeux des travailleurs. Elle l'avait même plusieurs fois aidé dans ses tâches. Mais jamais, à aucun moment, il ne s'était passé quelque chose. Un respect mutuel était né, et chacun motivait l'autre de sa seule présence. Aussi jouissait-elle d'un privilège spécial : le droit d'entrer chez lui quand il l'appelait.
Empereur Astellan ?
Mon petit, j'aimerais que vous me dégottiez quelque chose.
Encore du papier ?
Nenni. Je voudrais que vous épluchiez tous les organigrammes des universités et des muséums impériaux pour me trouver un botaniste émérite.
Elle sembla ne pas s'attendre à cela.
Un... botaniste ?
Oui. Faites le nécessaire, mais je veux un expert, qui connaisse tout ce qu'il faut savoir sur le sujet. Si possible civil, mais s'il est issu d'un corps impérial, ça ne sera pas discriminant. Il faut qu'il vienne sur Bastion le plus vite possible.
Très bien, je... vais me débrouiller... mais... je peux savoir pourquoi ?
Non.
Oh.
Certainement pas sa famille. Elle vendrait la mèche. Aussi lui fallait-il une solution. Vite. Mais tracer un sillon rosacé paraissait d'une aide peu avenante. Aussi fit-il ce que tout bon calculateur ferait en cas de syndrome de la page blanche : il traça des croquis, et afficha le tout sur un mur, reliant certaines représentations crayonnées au fusain gras de fils de laine épaisse. Le support électronique paraissait peu adéquat. Et même ses demandes les plus triviales s'en trouvaient exécutées. Pour preuve : il avait disposé de sa laine en un temps record.
En à peine deux heures, il avait tiré son problème en clair. Ses pensées s'ordonnaient en agenda, ses tâches listées les unes à la suite des autres. L'évidence.
Secrétaire. Une femme charmante au physique parfait, appréciation générale de la population humaine galactique. Des cheveux impeccables, une tenue cintrée, un corps aux proportions vitruviennes, et une odeur qui flottait aux narines des anosmiaques. Harlon, d'un regard langoureux, aurait pu lui ordonner de se pencher sur son bureau, et n'aurait pas eu à craindre de retour libéral sur tout scandale qui aurait pu en découler. Mais il n'en fit jamais rien. La jeune femme faisait un travail titanesque, dévouée à ses moindres excentricités, et il n'avait jamais considéré ça que comme une relation de travail. Il avait entreprit de la considérer quand elle lui avait rapporté une rumeur qui ne fut pas à son goût. Voyons que leur Empereur ne touchait guère aux sirènes de son service, on avait fait courir localement le bruit que le numéro 1 impérial aurait été homosexuel.
Harlon avait fait subir un châtiment exemplaire à la suite de cette dénonciation. Pendus jusqu'à évanouissement, avant d'être éventrés, de voir leurs entrailles jetées au feu, avant qu'un exécuteur du BSI ne se décide à ordonner une décapitation à l'aide d'un appareil à arc électrique.
Le tout en public. Harlon avait en horreur les relations contre-nature.
Par la suite, son secrétaire précédent ayant fait partie des sacrifiés au champ d'humour, Shtig avait comblé le rôle, et comblé les yeux des travailleurs. Elle l'avait même plusieurs fois aidé dans ses tâches. Mais jamais, à aucun moment, il ne s'était passé quelque chose. Un respect mutuel était né, et chacun motivait l'autre de sa seule présence. Aussi jouissait-elle d'un privilège spécial : le droit d'entrer chez lui quand il l'appelait.
Mon petit, j'aimerais que vous me dégottiez quelque chose.
Encore du papier ?
Nenni. Je voudrais que vous épluchiez tous les organigrammes des universités et des muséums impériaux pour me trouver un botaniste émérite.
Elle sembla ne pas s'attendre à cela.
Oui. Faites le nécessaire, mais je veux un expert, qui connaisse tout ce qu'il faut savoir sur le sujet. Si possible civil, mais s'il est issu d'un corps impérial, ça ne sera pas discriminant. Il faut qu'il vienne sur Bastion le plus vite possible.
Très bien, je... vais me débrouiller... mais... je peux savoir pourquoi ?
Non.
Oh.