L'Astre Tyran

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By Ars Dangor
#40469
Ainsi la voie du Noyau Profond était close. Le secteur prioritaire où régnait la maison Fanrel des hauteurs opulentes d’Impératrice Têta se retrouvait scindé du reste de l’Empire, condamné à un ostracisme imposé par le contrôle néo-républicain de Ruan, Coruscant et les systèmes alentours. La route de Koros, acheminant les richesses du cœur de la Galaxie sous le règne de Cir-Delàviel, n’était plus empruntée que par les rares agents impériaux osant évader les senseurs de l’ennemi dans quelque vaisseau furtif dernier cri. Le bronzium, la carbonite, et même l’andris, la fameuse épice blanche, ne trouvaient guère plus que des acquéreurs locaux, au grand dam des marchands de la Galaxie et surtout des planificateurs de l’Empire que l’on privait de leviers pour financer l’expansionnisme renaissant de Bastion.

La coupure fut brutale, forçant le sur-secteur à se tourner vers une autarcie rigoureuse. Les fonderies vomissaient un jour le duracier maintenant la flotte sectorielle en état et crachaient le lendemain le métal des constructions civiles. Le père de famille échangeait sa casquette de fermier pour celle d’ouvrier une fois la nuit tombée. Chacun avait son rôle, ses obligations, dictés par un état qui n’avait pas d’autre choix que d’être omniprésent pour maintenir la cohésion et la stabilité de ce bout de Galaxie qui avait goûté, des siècles durant, aux privilèges des mondes du Noyau. Evidemment, certains s’en sortaient mieux que d’autres. Les plébéiens fournissaient le gros de l’effort sans la perspective de lendemains chantants. L’on restait après tout en Empire.

Loin au nord, derrière les lignes de l’adversaire, l’Ordre Nouveau n’avait pas oublié ses enfants. Les canaux holonet fonctionnaient toujours, maintenant les deux côtés informés et permettant à l’Empire de continuer à prélever son maigre dû pécuniaire. Dans les bureaux kafkaïens du Braxant, l’on savait l’importance stratégique de ce sur-secteur : par sa position centrale et aisément défendable, d’abord, et puis par ses ressources précieuses, mais aussi – pour les mieux avertis – par ses secrets inavouables le liant à jamais au Côté Obscur de la Force. L’Empire avait étudié la situation sur tous les angles, attendant le moment opportun pour délier ce nœud gordien. Et il s’avérait qu’un concours de circonstances, ou plutôt d’intérêts, offrait une fenêtre d’action inopinée. Derrière cet effort, un nom de fidèle apparatchik qui ne surprit personne : Dangor…

Mais à des années lumières de ces considérations, sur un monde touristique de la Bordure Extérieure, un homme replet profitait de ses vacances bien méritées pour observer un groupe de twi'leks voluptueuses se pavaner sur le sable chaud de l’une des milliers d’îles paradisiaques servant de destination favorite aux impériaux amateurs d’interminables étés chauds, humides et kitsch. Encore tout émoustillé par cette apparition, l’ancien officier voulut faire durer le plaisir et se pencha au-dessus d’une trainée de pryodase, épice euphorisante bon marché, qu’il aspira d’un trait par le nez tel un grand habitué.


" Aaaah, bordel... Bon ça, très booooon... "

Alors qu’il s’apprêtait à en percer un second sachet, son holocomm se mit à vibrer bruyamment. Il se releva à moitié sur sa chaise pliante et tâtonna le sable des alentours. Ses doigts boudinés agrippèrent l’objet coupable et le forcèrent au silence.

" Je suis en congé. " maugréa-t-il " Alors qu’on me foute la paix ! "

Il jeta l’holocomm dans sa glacière, mais celui-ci se remit aussitôt à vrombir.

" C’est pas possible... Je vais le mettre au trou ce gars... "

L’énergumène rampa à contre-cœur jusqu’au récipient dont il vida le contenu et prit finalement l’appel.

" QUOI DONC ? "

" Professeur Tibriv ? Berl Tibriv ? " demanda une voix sévère.

L’homme boutonna sa chemise et réajusta ses lunettes moites de sueur.

" Lui... lui-même. "

" Êtes-vous seul ? "

Berl jeta un regard appréhensif aux alentours. Pas âme qui vive. Les jeunes femmes aux formes généreuses avaient nagé jusqu’à l’îlot voisin.

" Oui, seul. Que voulez-vous ? "

" L’Empire a besoin de vos talents. Rendez-vous à ces coordonnées dans trois jours. "

" Mais le commandement m’a placé en permi... "

" C’est un ordre, professeur. Votre participation est de la plus haute importance. Terminé. "

Il pesta comme un contrebandier mal léché, rassembla ses affaires, et se dirigea vers sa chambre d’hôtel. Une pensée le taraudait cependant : Quelle urgence avait contrainte Yagar Minor à utiliser le canal prioritaire pour le contacter directement, lui un officier en fin de carrière ?

La réponse ne tarderait pas. A la date prévue, l’homme de science fut déposé dans le ventre d’un destroyer stellaire impérial II patrouillant seul l’orbite de Kril'Dor. Le comité d’accueil se montra peu bavard, faisait la sourde oreilles aux demandes du voyageur d’expliquer la raison de son invocation et l’invitant à se rendre prestement dans les appartements de l’officier de commandement.

Quelque part à bord du Chimaera...


" Vous semblez faire preuve d’une remarquable assurance, Grand-Amiral. Non pas que je doute de vos aptitudes – vous me connaissez trop bien pour cela – mais le Noyau Profond est une région singulière de la Galaxie. Une force gravitationnelle équivalente à quatre millions d’étoiles rend la navigation dangereuse et met à rude épreuve même les meilleurs hyperdrives. "

Dangor marchait de long en large devant une carte holo-projetée du secteur prioritaire. A ses côtés, le Chiss légendaire Mitth'raw'nuruodo, fringant dans un uniforme blanc immaculé, écoutait le ministre dans son stoïcisme habituel.

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" L’Ascendance a perfectionné l’art de naviguer les conditions hasardeuses des Régions Inconnues, conseiller. Les miens disposent de... " ressources " uniques qui siéront particulièrement à ce projet. "

" C'est-à-dire ? "

" Je crains ne pas être en mesure d’en dire davantage. Sachez simplement que s’il existe une voie navigable naturelle à l’ouest du Noyau Profond, l’Ascendance la trouvera. Après tout, le général Grevious démontra en son temps l’existence de la route Nexus qui apporta la guerre au cœur de la république. Ce pourrait ne pas être le seul couloir secret traversant le secteur. "

Acquiesçant, le natif de Naboo appuya sur un interphone.

" Faîtes entrer notre invité. "

Les gardes déposèrent Berl Tibriv dans la salle et se retirèrent sans délai. L’homme observa ses hôtes avec un mélange de surprise et de circonspection. Engoncé dans une redingote délavée, il semblait plus enflé que jamais et fit sauter quelques coutures en voulant saluer les deux sommités de l’Empire.

" C’est un honneur, Excellences. " balbutia-t-il maladroitement en retirant son couvre-chef.

" Professeur Tibriv, Bureau de la Recherche Hyperspatiale, Corps d’Ingénierie Impérial. "

Le ministre jeta un dossier du BSI au travers de la table.

" L’architecte de la Piste de Byss, mais aussi du Pipeline Sanctuaire. Un passage secret bâtit de toute pièce entre Sullust et Endor afin d’acheminer les ressources nécessaires à la construction de la seconde Etoile de la Mort. "

L’invité s’inclina légèrement, le visage enluminé par cet hommage inattendu. Savoir ses compétences reconnues par les chefs de l’Empire après des années au placard représentait une petite victoire personnelle et effaçait presque les multiples désastres de l’an 23, Annus horribilis de l’Ordre Nouveau.

" Vous êtes ici pour une nouvelle mission, professeur. Une mission d’importance cardinale pour l’unicité de l’Empire : l’étude d’une route hyperspatiale artificielle reliant Kril’Dor à Odik. "

Berl sembla effectuer quelques calculs mentaux.

" Ce serait avec plaisir, Excellences. J’aurai besoin de réunir mon ancienne équipe… Et des fonds ! La technologie est coûteuse. "

Ars chassa la remarque d’un geste évasif de la main.

" Présentez-moi un rapport au plus tôt listant vos besoins. Nous aviserons. Vous pouvez disposer. "

S’inclinant à reculons plus de fois que nécessaire, le chercheur empâté laissa à nouveau seuls les deux vétérans de l’Empire.

" Voilà votre plan B ? " lâcha dédaigneusement l’amiral.

" Les apparences sont parfois trompeuses. Tibriv a largement fait ses preuves. Si l’expédition de l’Ascendance épaulée par le Corps d’Exploration Impérial revient bredouille, nous devons pouvoir enchainer sur des méthodes plus... hétéroclites. "

Aux yeux du ministre, rien n’était de trop pour retrouver un accès au Noyau Profond. Que ce soit en récompensant l’Ascendance par des avantages commerciaux et financiers ou, s’il n’existait pas de route naturelle alternative, en piochant dans le coffre impérial jusqu’à ce que le dernier propulseurs S soit installé, le jeu en valait la chandelle. Et il comptait bien tenir son engagement auprès de son alliée, Helera Kor'rial : Prakith devait accueillir le siège de l’ordre inquisiteur. Il y allait de sa réputation… et de ses grands desseins pour l’Empire.

By Emportement
#40507
Les demandes avaient été envoyées, et probablement bien reçues par l'Ascendance Chiss mais ils tardèrent à répondre. Tant et si bien que le commandement commença à se faire une raison quand à la participation des Chiss à l'opération. Toutefois, alors que tout espoir avait été abandonné ou presque une réponse sibylline invoquant de manière vague l'envoi de quelques unités si cela était nécessaire. Il fallait dans le même temps avouer qu'il n'y avait pas encore de réelle route hyperspatiale sûr entre le territoire de l'Ascendance et celui de l'Empire, alors aider les impériaux à créer de nouvelles voie vers une zone enclavée était loin d’être dans les priorités de l'Ascendance. Quand à la demande de l'envoi de Marche-Ciel, l'absence de réponse était d'une éloquence rare.

Il faut dire aussi que l’enclavement du secteur n'était pas nouveau, et que l'Empereur Astellan dans son infini sagesse avait préféré maintenir une liaison de petits vaisseaux furtifs pour les transferts les plus important plutôt que d'essayer de créer ou de forcer le passage.

En reprenant les cartes, il fallut également se rendre à l'évidence. Le côté ouest du Noyau Profonds comptait également plusieurs mondes républicains, faible et de peu d'importance certes mais toujours capables de prévenir les forces des terroristes républicains à l'arrivée d'une flotte impériale dans leur système. Exactement ce que l'amirauté voulait éviter.

Les équipes se heurtaient donc déjà à un premier problème, baliser une voie hyperspatiale sûr entre le territoire de l'Ascendance et la zone impériale. C'était presque facile par rapport au reste du défi: cartographier et baliser dans l'espace inconnus, malgré ses mystères, une voie capable de mener de l'Ascendance à la bordure du Noyau Profond. La dernière étape serait de trouver un moyen de traverser les Nébuleuses entourant le Noyau Profond.

On ressortie les cartes de la Chancellerie des archives, datant de l'Empereur Palpatine elles contenaient un mélange des recherches astrographiques menées par les Jedis et de celles saisie dans les bases de données de la CSI. Elles ne se révélèrent pas inutiles, permettant de trouver plusieurs passages relativement exploitable vers l'est et le sud galactique, mais il fallait se rendre à l'évidence: le cœur galactique se trouvait dans le Noyau, personne jusqu'ici n'avait cherché de route pouvant mener aux Régions Inconnus. Qui donc pouvait bien vouloir s'y rendre d'ailleurs ?

Pour la partie exploration depuis l'Ascendance jusqu'au Noyau Profond, la situation ne se présentait pas mieux. Outre les réticences des Chiss, il fallait compter avec le fait que l'on ne savait rien de la zone menant jusqu'à la zone voulue. Et ce "rien" avait de terrifiant qu'il pouvoir vouloir dire "tout et n'importe quoi". Une civilisation alien inconnue, un trou noir, un champ d'astéroïde, des Nébuleuses, des tempêtes électromagnétique avec le risque de perdre corps et bien l'intégralité de la flotte envoyée visiter les lieux. Et le fait qu'une flotte passe ne voulait pas dire qu'une autre pourrait également le faire.


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By Ars Dangor
#40667
La réponse tardive de l’Ascendance et ses maigres renforts consentis froissèrent les responsables impériaux de la mission, voyant le peu d’entrain que démontraient les autorités chiss à aider leur allié malgré les récompenses promises comme de mauvais augure pour leur coopération future. Le Projet Bellator, notamment, ne pourrait connaître le succès escompté sans la participation étroite des meilleurs navigateurs chiss. De son côté, Dangor parût cependant moins affecté et considéra ce signe de désintérêt comme un moment de clarification. L’Ascendance, exemple suprême de realpolitik, prudente par nature et xénophobe notoire, ne voyait tout simplement pas où trouver son intérêt dans une telle entreprise risquée. Peut-être était-il temps de rouvrir les yeux du Conseil des Familles sur ses engagements auprès de l’Empire et la nature de leurs relations décennales. Après tout, Ilum – remplaçant désormais Prakith comme quartier-général de l’Inquisitorius – se trouvait presque équidistante du Bijou Scintillant et des systèmes de l’Ascendance. Une visite de mise au point n’avait que trop tardé.

Quant aux réserves de certains impériaux sur un accès au Noyau Profond, Ars crût bon de réunir son équipe et demander au professeur Berl Tibriv de les aborder une à une. Le doute et la réticence semblaient pénétrer les rebords du projet, et le grand bureaucrate ne permettrait pas qu’un objectif aussi vital que la réouverture d’un accès conséquent au Noyau Profond ne périclite, étouffé par un principe de précaution aux antipodes de ce dont l’Empire avait besoin pour survivre dans une Galaxie qui le haïssait.


" Contrairement à ce que certains collègues suggèrent, la nouvelle route hyperspatiale ne traversera pas les territoires républicains. C’est une erreur d’appréciation que j’aimerais corriger. En partant d’Odik, il s’agirait au contraire de contourner les Mondes du Noyau et de nous focaliser sur la section encore inexplorée du secteur. La route remontrait ensuite par le Nord avant d’atteindre le monde de Kril’Dor. Notre mainmise sur le Goulet Murgot nous permettrait de relier le nouveau tracé à une route hyperspatiale existante, facilitant la tâche de nos ingénieurs.

S’ils restent certes vierges, ces systèmes ne sont pourtant pas à l’abris d’un visiteur occasionnel. D’où l’importance de limiter les structures impériales aux seuls propulseurs S, mais aussi de les bâtir dans l’ombre gravitationnelle d’astres sans intérêt économique, militaire ou colonial. En bref, de les rendre presque indétectables.

C’est là qu’intervient le Corps d’Exploration Impérial. Il privilégiera les systèmes aux étoiles stables mais aux ressources négligeables. Je n’ai pas à vous rappeler que ses explorateurs sont rompus à ce genre de mission, suivant un protocole très scrupuleux comprenant observations et analyses à distance de leur prochaine destination. Il leur faudra du temps, et c’est pourquoi nous maximiserons le quadrillage de l’expédition en la divisant en plusieurs flottilles scientifiques partant des deux terminus du tracé pour se rejoindre à mi-chemin.
"

Le conseiller leva légèrement sa main pour réclamer le silence. Ses yeux perçants s’arrêtèrent sur chaque ingénieur, officier, agent et homme de science attablé.

" Permettez que je mette les choses au clair. Ce que l’Empire vous demande aujourd’hui est difficile. Personne ici présent n’est en mesure de vous dire si tous vos hommes, malgré leur immense expertise, rentreront vivants au bercail. Je ne peux pas non plus vous assurer que la première, la deuxième, ou la troisième tentative se révèlerait fructueuse. Ni d’ailleurs que l’Empire viendrait en aide à vos vaisseaux en cas de rencontre avec l’ennemi. Mais ce que l’Empire vous demande aujourd’hui n’est pas impossible… car nous l’avons déjà fait. La Piste de Byss et le Pipeline Sanctuaire sont le testament de l’extraordinaire force créatrice de l’Ordre Nouveau. L’Empire n’accepte pas les obstacles placés par la nature sur le chemin de sa destinée. Il les contourne, les surmonte, ou les anéantit. "

Ars se leva. Il n’avait pas un instant haussé le ton de sa voix. Ceux qui étaient assurés de leur contrôle sur la situation n’en avaient nullement besoin.

" Messieurs, êtes-vous prêt à jouer votre rôle dans cette éminente initiative humaine ? A exalter vos hommes à se dépasser ? A repousser les limites de nos connaissances ? "

D’une même voix, les personnages présents répondirent tous par l’affirmative.

" Alors au travail. "

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