L'Astre Tyran

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By Zygmunt Molotch
#35692
U2 - Ordinary Love


Le cow-boy n'avait pas suivi les agents et leur cargaison sur Delchon, déjà parce qu'on ne l'y avait pas invité mais aussi parce qu'il n'avait rien à y faire et enfin parce qu'il n'en avait pas envie. Il s'était contenté de rappeler à Winston que son aide n'était pas gratuite et qu'il attendait maintenant sa juste rétribution pour ses bons services. On pouvait le qualifier d'inhumain qu'on n'aurait pas eu tort le moins du monde. D'un autre côté, il n'avait rien dit qui ne soit pas vrai, il avait été un traqueur employé pour une mission spécifique et à présent qu'elle avait pris fin, il n'avait plus aucune raison de ne pas reprendre sa route. Sitôt que son compte eut été crédité de la petite somme que lui devait le Bureau, il disparut sans demander son reste. Il ne manquerait probablement à personne et de toute façon, si on avait besoin de lui on savait ou le chercher.

Son diagnostic rapide sur l'état de l'agent s'était révélé en tout cas en bonne partie avéré. Molotch avait subi des passages à tabac récurrents, des coups et blessures impitoyables, avait été affamé, privé de sommeil, subi d'innombrables interrogatoires brutaux, des tortures visibles. Son organisme présentait également des traces de diverses drogues dont on avait dû le gaver à fortes doses et du venin synthétique. On lui avait tranché la main droite jusqu'au coude et très grossièrement arrêté l'hémorragie ensuite, au point que la blessure était infectée lorsqu'on l'avait trouvé. La main valide n'avait plus d'ongles et certains de ses doigts de pieds non plus.

Il faudrait se rendre à l'évidence : l'épave qu'ils avaient libéré ne pouvait plus vraiment être considérée comme étant l'agent Molotch et même les meilleurs médecins du BSI comme les chamans nelvaaniens ne pouvaient avec certitude dire ce qu'il en était de son esprit. D'aucuns craignaient que les dommages subis soient irréversibles et aient occasionné des traumatismes considérables. L'un des médecins alla même suggérer, sans grande conviction et probablement dans ce qu'il prenait pour un élan de compassion, d'injecter dans le corps de quoi le laisser s'en aller en paix afin de ne pas avoir à subir la douleur de se réveiller. Ses collègues n'apprécièrent guère l'idée et les chamans encore moins. Mieux valait ne pas penser à ce qui se passerait si Winston ou la jeune femme apprenaient cela.

Tandis que son corps était constamment plongé dans une cuve de bacta changée régulièrement, on lui administra également de grandes doses de kolto afin de combattre les infections qui l'accablaient, nombreuses inévitablement vu son séjour peu agréable. Lorsqu'il serait de nouveau conscient, il faudrait également lui prescrire quelques médicaments et une thérapie de sevrage aux drogues dont il avait été abruti et dont il était certainement devenu dépendant. On lui injecta également des doses de vitamines au début légères afin de réhabituer son organisme à des repas normaux, qui augmentaient légèrement et lentement. Il fallut 3 semaines avant qu'on ne jugea pouvoir le sortir de la cuve pour le laisser reposer dans un simple lit, laps de temps durant lequel il fut plongé dans un coma artificiel nécessaire.

Le coma devait durer encore quelques jours après qu'il fut sorti, étalé pour plus de sûreté. Mais là encore, les médecins furent incapables de précisément déterminer l'état dans lequel il se réveillerait. Au vu des radios prises, le cerveau semblait "intact" autant que possible compte tenu des circonstances. Mais à ce sujet, on évoluait en terra incognita autant que les habitants d'une lointaine galaxie malgré le fossé technologique, scientifique et culturel qui les séparait. Pendant tout ce temps, Winston errait un peu sans but dans le palais, passant son temps à discuter avec la maîtresse des lieux ou se morfondre dans la forêt locale. Il était un citadin et à ce titre, peinait à apprécier l'air frais et pur et l'absence de civilisation urbaine notable. Mais il y avait pire comme résidence temporaire, il fallait l'avouer.

Un mois et demi après que l'opération Harrun Kal eut été couronnée de succès, l'agent émergea des brumes du coma et de la prison de son esprit. Winston alla prévenir immédiatement la reine lorsqu'il apprit la nouvelle et l'accompagna jusqu'à la chambre du patient. Toutefois, il préféra la laisser entrer la première, songeant que d'eux deux, l'agent préférerait probablement un visage plus familier et agréable comme première visite. Il avait prévu également de prévenir ensuite la jeune femme qu'à Yaga Minor, certains étaient outrés de savoir que la conseillère de l'Empereur avait pris sur elle de garder en captivité un agent du Bureau alors que sa place était à la capitale, à répondre aux questions que l'on devait inévitablement se poser au sujet de l'affaire de Nouane et de tout ce qu'il savait sur ses ravisseurs.

Cela attendrait, naturellement.




Molotch était allongé dans le lit, la couverture relevée jusqu'au ventre. Au premier abord, on aurait pu croire qu'il dormait encore mais il avait simplement un peu de mal à ouvrir les yeux, à l'évidence encore très fatigué. Sa main gauche reposait sur le ventre tandis que le moignon était sur le côté. On avait préféré faire en sorte qu'il ne le remarque pas dès son réveil afin de ne pas brusquer les choses. La compréhension ne tarderait pas à lui venir. Ouvrant péniblement les yeux, il regarda autour de lui, l'air étonné. On lui avait rasé la barbe et les cheveux afin qu'il soit le plus proche possible d'avant sa disparition. S'il n'y avait eu le moignon et le fait qu'il dorme dans un lit d'hôpital avec une tenue de patient, on aurait pu croire que rien ne s'était passé en 4 mois.

Croisant le regard de la jeune femme, il fronça les sourcils. Ses yeux n'avaient rien perdu de leur intensité mais il s'y figurait autre chose pour l'heure, une lueur étrange tandis qu'une expression perplexe se dessinait sur son visage. Il ne réagit pas ni ne dit mot, se contentant d'observer la jeune femme, attentif, comme dans l'attente. Enfin, lorsqu'elle eut tenté de lancer la conversation, que ce soit en le prenant dans ses bras ou simplement lui disant un bonjour affecté, il fronça encore plus les sourcils.

Qui êtes-vous ?

Sa voix avait gardé à peu près les mêmes intonations, quoiqu'un peu plus sèche, la faute à près d'un mois passer à ne pas utiliser ses cordes vocales. Il ne semblait pas effrayé ni en colère ni inquiet. Seulement perplexe.

Qui est Zygmunt ? Ou suis-je ?

Immobile, complètement perdu, il regardait la jeune femme sans rien comprendre.
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By Helera Kor'rial
#35695
Helera se promenait la cacaotière quand on lui annonça la nouvelle. Elle avait alors lâché immédiatement ses outils et s’était précipité jusqu’à la chambre où on l’y gardait. Winston, qui fut le messager, suivait avec empressement, bien que ses poumons n’aient été endommagés à cause d’une vie de fumée. L’appréhension suivait à chacun de ses pas, et à chacune de ses respirations. Si bien que la reine s’en trouva essoufflée. Elle qui se prétendait haute sportive se retrouvait jeune fille de quinze ans incapable de se contrôler. Devant la chambre, deux Nelvaaniens les attendirent, parlant de cette langue gutturale sans la moindre douceur. Quant aux médecins, il n’y en avait aucun dans les alentours. Etaient-ils en pause ou juste n’avaient-ils pas été prévenus ? Le mystère restait entier. Winston lui proposa et insista pour qu’elle n’entre en premier, tandis que lui reprenait son souffle avec une lampé de son whisky favoris. La reine entra sans précipitation dans la chambre, le cœur serré, la mine blafarde. Son regard fit le tour de la pièce, une chambre sans grand artifice, que l’on avait installé à proximité de l’infirmerie spécialement pour cette occasion. Une fenêtre à double battant qui donnait non pas sur les champs, mais sur les collines verdoyantes d’où se présentaient le matin, les rayons de l’étoile. Une table rectangulaire en pierre blanche polie. Des moniteurs sur les murs adjacents au lit indiquant l’état général du patient. Le lit en lui-même sans grande prétention était simple et une place. Pendant qu’il dormait d’un sommeil artificiel, Helera avait glissé quelques fleurs de cacao dans un vase, mais dont les pétales avaient débuté une phase de flétrissement.

« Salut. »

Quand elle entra dans cette pièce, elle s’était attendue à beaucoup de chose. Qu’il pleure, et qu’elle pleure avec lui. Qu’il veuille la tuer à cause d’un lavage de cerveau. Ou qu’il lui en veuille pour ce qu’il venait de traverser. Mais sûrement pas à ce qu’il ne la reconnaisse pas. Sa question fut alors comme un poignard glacé en plein dans son cœur. Le plus douloureux finalement ne furent pas les mots, mais le regard. Il était le même que celui qu’elle avait connu tantôt. La différence était plus profonde, car il était vide de toute intensité. Vide de sentiments, de douceur comme de colère. Elle était devenue fleurs parmi le pare terre. Aussi voulu-t-elle en son for intérieur lui sauter dans les bras, l’embrasser, lui dire qui elle était, qui ils furent l’un et l’autre. Ou l’un pour l’autre. Mais elle resta tétanisée par la réalité des choses. Si son cerveau avait occulté, cela voulait dire que ce qu’il avait vécu dépassait la limite acceptable de douleur. Cela voulait dire que tout ce qui lui rappellerait son passé proche, tendrait à lui rappeler ce qu’il avait vécu. Il s’était protégée, et rien que pour cela, elle ne pouvait pas lui en vouloir, mais en fut presque soulagée. Soulagée et également empreint d’une grande tristesse, à tel point qu’elle dû sans un mot se déplacer vers les moniteurs. Elle feignit de s’intéresser à son état, afin de se calmer et les nerfs, et de ne pas pleurer devant lui.

Quand sa tempête intérieure se stabilisa, elle déclara calmement :

« Vous êtes sur Delchon, en sécurité au cœur du royaume souverain de Nelvaan. Dans le Sud galactique, entre Arkanis et … je dirai … le secteur du Senex Juvex ? »

Elle détourna les yeux du diagnostic qu’elle connaissait déjà par cœur et tira une chaise qu’elle installa à côté de son lit.

« Votre état est stable. Nous vous avons administré un traitement contre les infections qui accablaient votre corps et réparés les contusions dont vous étiez sujets. A ce titre, j’attire votre attention sur la nécessité de boire régulièrement. »

A ces mots, elle plaça un verre remplie d’eau sucrée à côté de son lit, côté gauche, évidemment. Elle retourna s’assoir et croisa les jambes.

« Votre corps a subi un traumatisme et vous hydrater constamment l’aidera à reprendre des forces. »

Helera éludait la majorité des sujets.

« Vous êtes l’agent Zygmunt Molotch du Bureau de la Sécurité Impériale et je suis la maîtresse de maison. »

Elle étira un sourire forcé. En réalité, le ton monocorde cachait une détresse intérieure. Le moindre trouble en dehors de son rôle la ferait fondre en larme. Tout était alors une question de concentration et de mesure.

« De quoi vous rappelez vous ? Quel est votre souvenir le plus lointain et le plus proche ? Sauriez-vous me dire quelle est votre planète natale ? En quelle année nous sommes ? Qui est l’empereur actuel ? Toutes ces questions pourront peut-être vous sembler étranges mais elle nous serons utiles afin de mieux comprendre et de vous aider plus efficacement. »

Mais avant qu’il ne réponde, elle termina par une ultime question d’usage.

« Est-ce que vous désirez quelque chose à manger ou à boire ? »
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By Zygmunt Molotch
#35697
Trop de questions, trop d'inconnues, trop de mystères qui lui donnaient mal au crâne et qu'il aurait voulu faire taire. D'abord perplexe, il sentait l'intérêt naître en lui, désireux qu'il était d'obtenir des réponses à chaque question qu'il se posait. Mais il en avait tellement qu'il aurait bien été incapable de faire le tri pour déterminer et organiser la liste. Il allait pourtant bien falloir. Son mal de crâne venait également de ses vaines tentatives de former des pensées cohérentes. Il lui semblait être emplis d'un brouillard épais là-dedans, qui l'empêchait de réfléchir et de voir au-delà. Il ne se souvenait pas avoir jamais ressenti une telle chose... D'ailleurs c'était bien ça le problème.

Je ne connais pas ce monde, ni cette Nelvaan. Sommes-nous dans l'Empire ou ailleurs ?

Malgré sa difficulté à se concentrer et alors qu'il ignorait comment, il se souvenait de ça. Empire. L'Empire. Sa patrie. Sa nation. Chez lui. Oui, ça lui évoquait bien quelque chose, une espèce de satisfaction mélangée à... De la désillusion ? Mais pourquoi ? Encore une question qui attendrait une réponse. Il en avait en revanche une qui brûlait de sortir là tout de suite maintenant, alors qu'il prenait conscience de ce que lui disait la jeune femme.

Des infections ? Des contusions ? Etat stable ? Que m'est-il arrivé, je suis tombé malade ou me suis blessé ?

Peut-être que ce fichu brouillard venait de là, un coup sur la tête après avoir glissé ou bien une commotion cérébrale, qui sait. Il se sentait fatigué, plus qu'il ne l'avait jamais été de toute sa vie... Si seulement il avait pu se rappeler de quoi que ce soit d'avant son réveil. Grognant de frustration, ses yeux se posèrent alors sur le verre en plastique sur le plateau à côté de lui. Lentement, avec une difficulté clairement visible, il leva la main gauche et saisit le gobelet, les doigts tremblants. Ce ne fut qu'après de longs instants passés à tenter de contrôler les tremblements qu'il pu porter le verre à ses lèvres et boire quelques gorgées. Il frissonna, ce n'était que de l'eau mais ça lui semblait être la chose la plus délicieuse qu'il eut jamais goûté.

Affichant un sourire qui semblait presque enfantin, il reposa le gobelet et savoura encore le goût de l'eau dans sa gorge. Ce fut alors qu'il reporta son attention sur la jeune femme. Il lui trouvait un air vaguement familier, un petit quelque chose sur lequel il n'arrivait pas à mettre le doigt mais qui faisait partie de ces bizarreries qu'il découvrait à chaque seconde qui passait. Malgré ses efforts, le front plissé sous une concentration intense, il ne parvint pas à se rappeler. Le brouillard restait, opaque, dans sa tête.

Zygmunt. Molotch. Molotch. Molooooootchhhhhh. Ce nom ne m'évoque rien... C'est vraiment le mien ? Bureau de la Sécurité Impériale. Attendez, le BSI c'est ça ? Oui, je crois que ça, ça me dit quelque chose...

De la fierté, voilà ce que ça lui évoquait. Et une forme de joie, perverse par son côté automutilatrice. Il y avait aussi autre chose, une chose qui survolait toutes ces émotions encore nébuleuses qu'il ressentait. Lorsqu'il tenta d'y mettre un mot, un sens, il ne trouva que cela, le devoir. Devoir à propos de quoi, envers qui ? Encore une question. Trop de questions, sa tête allait exploser à ce rythme. Et c'était sans compter celles de l'inconnue dont il ne savait pas même le nom, encore que cela ne lui aurait probablement pas été utile quand même le sien ne lui évoquait rien.

Euh attendez... Je suis né sur... Carida je crois ? C'est ça ? Et l'Empire est dirigé par... L'Impératrice Delàviel, non ? Non non, par le Triumvirat de Thrawn et Kiez... Non, non, non... Je ne sais pas, je ne sais plus... Je me souviens juste... Des tirs qui résonnent partout autour de moi, je crois. Je crie à l'attention de quelqu'un que je ne vois pas bien de se cacher pendant que je... Je ne sais pas ce que je fais mais je tend une arme devant moi et j'appuie sur la détente. Il y a des cris, toujours des cris, l'air pue la mort, la fumée et le sang. Je sens une douleur à la poitrine et je tombe. Plus rien. Je me réveille ici, dans ce lit.

Les traits crispés sous l'effort qu'il produit pour se rappeler, il semble agité. Puis ses yeux se ferment comme pour se concentrer et il reste un temps silencieux. Sa respiration devient rauque, il semble perdu dans ses pensées. La machine qui suit son rythme cardiaque commence à biper plus fort : son rythme augmente, vite et de plus en plus intensément. Il rouvre brusquement les yeux et son visage prend une expression horrifiée. Il s'écrie alors, d'une voix déchirante :

J'entend les bombardiers voler à haute altitude ! Ils arrivent ! Ils vont frapper, ils vont détruire... Non, non, non ! Pas toi, pas toi ! Wystan ! Noooon ! Mon frère ! Pourquoi toi ? Pourquoi a-t-il fallu que ce soit ? Je ne veux pas ! Oh, mon frère, pardonne-moi, pardonne-moi pardonne-moi pardonne-moi je te déteste je te déteste, tu es fou !

Les yeux reflètent la douleur tandis qu'il se souvient de ce frère qu'il a perdu, du chagrin qu'il a ressenti alors et qu'il ressent encore, de ce poids qui l'a toujours hanté et le hantera toujours. Et il regarde la jeune femme sans la voir, perdu qu'il est dans ses souvenirs, qui le font ressembler à un possédé. La lueur qui l'habitait auparavant s'éteint lentement, remplacée par une tristesse qui fait partie de lui depuis si longtemps qu'il ne le remarque même plus. Pourquoi a-t-il survécu ? Pourquoi lui et pas son frère ? Pourquoi est-il impossible d'échanger leurs places ?

Mon frère... Il est mort, n'est-ce pas ? Il a été tué dans le bombardement, j'ai raison ?

D'une main tremblante sous les souvenirs et la douleur qu'il ressent, il tente de boire à nouveau un peu et n'y parvient qu'en partie. Son regard croise celui de la jeune femme, il semble s'être calmé mais l'émotion couve toujours à l'intérieur de ses yeux. Il croit voir un reflet de cette douleur dans les yeux bleus océans. Des yeux dans lesquels il serait bon de se noyer, quand bien même cette pensée qui lui vient lui parait étrange.

Vous êtes un docteur ? C'est vous qui m'avez soigné ? Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'on attend de moi, maintenant ? Qu'est-ce que je vais faire ?

Il n'avait pas faim ni soif. Le tourbillon de souvenirs, pour la plupart douloureux, qui lui revenaient, suffisait pour l'heure à étancher l'un comme l'autre.

En quelle année sommes-nous ? Je crois me souvenir qu'on a fêté l'année + 2 ABY il y a peu... J'étais avec... Eleena je crois et un gamin dont le nom m'échappe...

Frustré dans ses échecs à organiser ses souvenirs épars qui lui revenaient, il marmonne un juron tout bas et regarde autour de lui, apercevant les graines de cacao dans le bol. Cette vision semble lui évoquer quelque chose et il regarde à nouveau la jeune femme. L'espace d'un instant, l'ancien Molotch semble refaire surface.

Du chocolat sur les lèvres... Mais je ne sais même pas ce que c'est que le chocolat...
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By Helera Kor'rial
#35703
Helera ne pouvait que répondre à ses questions, sans aller au-delà, en donnant uniquement des informations sommaires et précautionneusement choisies. Pas question de lui faire travailler la mémoire lointaine, seulement celle plus terre à terre. La reine hocha la tête positivement à la première question.

« Nous sommes dans un royaume affilié à l’empire, en effet. »

La prochaine fut alors plus compliquée, obligeant la jeune femme à réfléchir plus longtemps sur la manière dont aborder le sujet. Il n’était pas question de mentir, mais de se déplacer étape par étape. Helera croisa une jambe sur l’autre et le fixa quelques instants cet agent perdu dans le temps. Seul le lit était certain, mais l’espace encore trouble. Tous les mystères de son état n’ayant pas été découverts.

« Pas exactement. On vous a fait du mal et nous vous avons guéri. »

Toujours profondément marquée par sa perte de mémoire, la reine essayait de ne rien en montrer. Derrière ce visage de marbre, portait-elle néanmoins les stigmates de son erreur et les sillons de ses regrets. Sans l’aider, sans sourire, elle l’observa récupérer maladroitement le gobelet en boire quelques petites gorgées. Alors il essaya d’épeler son nom, somme toute loin d’être le plus facile qui soit. Là encore elle ne l’aida pas. Il était nécessaire pour sa convalescence qu’il réapprenne tout et donc fasse les efforts nécessaires pour y parvenir. Elle le laissa de nouveau réfléchir quand vint le moment de l’empire, des dirigeants successifs qui lui revenaient. Tous sans exception, c’était déjà cela. Presque tous, pas les deux derniers. Il manquait le Triumvirat d’Ysanne et l’empereur actuel, le sacro-saint Harlon Astellan 1er. Zygmunt cependant continua sa descente dans ses souvenirs jusqu’à une scène antérieure. Etait-ce la fameuse scène du traître rebelle ou de Carida ? Elle n’en savait rien, c’était trop flou dans les propos pour être analysé. Elle fronça les sourcils et écouta attentivement.

Il n’y eu cependant plus rien. Plus rien d’autre que le bruit de la machine cardiaque qui prit en intensité. La reine, en le sentant paniquer, s’approcha bien avant que la tempête ne sorte de son antre et que Wynstan ne revienne à nouveau. Helera prit sa main gauche avec la sienne et passa la droite sur son front. Il était vraiment nouveau de ressentir à nouveau des sensations dans cette nouvelle main. Des sensations qui lui parcouraient l’échine. C’était vraiment bizarre. Sa voix fut calme et posée quand elle lui déclara :

« Zygmunt, calmez-vous, vous êtes en sécurité ici. »

Plusieurs fois, elle passa sa main sur son front et sans ses cheveux, tout autant qu’elle caressait le dos de sa main avec son pouce. La reine prenait le temps qu’il fallait et la douceur nécessaire pour calmer le pauvre agent. Malgré cela, il reparti dans un délire du passé qu’il ne contrôla pas, le seul qui ait vraiment de l’importance à ses yeux.

« Votre frère a été tué en effet dans le bombardement de Carida. Il y a plus de dix ans maintenant. »

A la suite de quoi, elle l’aida à prendre le verre et le fit boire lentement. Le plus important était qu’il s’hydrate, le reste reviendrait en son temps.

« Je suis docteur en quelque sorte, mais je ne vous ai pas soigné toute seule non, il y a plusieurs équipes qui ont surveillé votre état. Maintenant, j’attends de vous que vous vous reposiez. La galaxie tourne et tournera encore, même si Zygmunt Molotch est dans un lit. »

Elle lui étira un sourire, le premier sans doute.

« Et vous resterez en convalescence aussi longtemps que je le jugerai nécessaire. »

La reine, par moment, savait se rendre intransigeante. La suite la surprise légèrement, car même s’il se rappelait d’Aleena, il ne se rappelait pas de son fils. En plus de se tromper de dix ans environ. Probablement que cet enfant était né dans ces année-là. Helera se demanda alors s’il n’était pas nécessaire de faire venir son ex-femme sur la planète. Peut-être elle pourrait l’aider et même l’accepter de nouveau, même au dépend de ses propres envies. L’abnégation royale était telle qu’elle se sentait prête à faire cela pour Zygmunt. Pourquoi ? Parce qu’au coin du lit, elle lui avait promis le bonheur, à n’importe quel prix. C’était ses mots. Et à parole donnée, on ne revenait pas dessus.

« Pas exactement, nous sommes en 11 après la bataille de Yavin. En deux, vous deviez probablement vous trouver avec Eleena et votre fils, Elim. Du temps a passé depuis. »

Elle ne fit pas plus de commentaire, prenant la température sur ses attentes et envie. Pour cela, elle devait rester concentrée et parfaitement à l’écoute. Son regard se perd alors sur les graines de cacao et y fait une allusion datant des derniers mois passés ensemble. Cela semblait déjà être une éternité complète. Encore une fois, la reine ne donna aucun indice et resta le plus évasif possible. Aucune influence.

« Le chocolat est un arôme que l’on cultive sur cette planète. Il est utilisé dans divers boissons ou encore de la nourriture. »

La reine se leva et tira les rideaux qui couvraient à demi la fenêtre. La lumière du ciel s’invita dans la pièce et les chants des animaux prirent également possession des lieux quand elle ouvrit les fenêtres. Accompagné de la lueur fraiche de cette matinée. Suite à cela, elle prit le temps de fouiller dans le réfrigérateur de la chambre pour y sortir une bouteille presque vide. Sur cette planète, on trouverait ce genre de bouteille de partout, et dans toutes les pièces. Il faudrait en profiter. Helera servit dans le verre un fond de chocolat et retourna s’assoir à ses côtés. Elle guida sa main gauche pour y tremper l’index jusqu’à sa bouche.

« Vous avez déjà goûté du chocolat. Vous souvenez vous de ce goût ? »

Assise à côté de lui, elle restait patiente et très appliqué dans ses mouvements, sans insistance particulière. Tout était pour lui.
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By Zygmunt Molotch
#35708
Si ce royaume était affilié à l'Empire, cela voulait probablement dire qu'il y était soumis ou l'avait volontairement intégré. L'idée lui paraissait curieuse sans qu'il ne sache trop pourquoi. S'il était lui-même impérial et du BSI, ça aurait dû être logique de savoir que d'autres mondes voulaient rejoindre la plus grande nation de la galaxie, non ? Alors pourquoi entendait-il un petit rire amusé et sarcastique qui résonnait dans sa tête ? Pourquoi se prenait-il à songer que ce serait bien une première qu'on veuille rallier l'Empire au lieu d'y être forcé ? Pourquoi avait-il une pensée aussi traîtresse ? Encore des questions, toujours plus de questions.

Il y avait quelque chose d'anormal dans ce discours que l'inconnue lui servait. Elle lui parlait d'infections, de contusions et compagnie, disait qu'on lui avait fait du mal et puis c'est tout. Aucun détail ni explication plus poussée. Cela le fit froncer les sourcils. Alors quoi, c'est tout ? Est-ce que ça avait un rapport avec Wystan, qui lui était bel et bien mort ? Pourquoi, de tout les souvenirs de sa vie qu'il avait perdu, celui-là restait-il aussi bien ancré en lui ? Pourquoi ne pouvait-il pas oublier juste celui-là à l'avantage de tout les autres ? Pourquoi était-il toujours poursuivi par ce fantôme qui ne voulait le laisser en paix ?

Et, pourquoi, au nom de l'Empereur, ressentit-il autant de joie lorsque la jeune femme lui prit la main tout en caressant son front et ses cheveux ? Qui était-elle pour qu'il se sente aussi bien en sa présence ? Que représentait-elle ? Une fois encore, il eut cette impression de contempler les eaux d'un océan dans lequel il voulait se perdre alors même qu'il ne comprenait ni le sens ni l'origine de cette pensée. Troublé, il ne put que marmonner un remerciement, incapable de comprendre le flot d'émotions qui l'emplissaient.

Si je fais partie du BSI, ne devrais-je pas retourner à mon poste ? N'y a-t-il pas un travail qui m'attende quelque part, des responsabilités, des devoirs ? Si je me rappelle bien, nous sommes censés chasser des traîtres et des rebelles. N'ont-ils pas besoin de moi pour ça ?

La suite lui fit un choc lorsqu'il réalisa que l'un de ses rares souvenirs remontait à près de 9 ans en arrière. 9 années de sa vie parties en fumée et qu'il semblait ne jamais pouvoir retrouver. Qu'allait-il pouvoir faire à présent ? Il n'avait plus de passé, ne comprenait rien à son présent et ne savait rien de son avenir. Quel était l'intérêt de continuer quand rien ne lui importait, quand tout lui était égal par manque d'envie ? Tandis qu'il était perdu dans ses pensées, l'inconnue s'était déplacée pour ouvrir la fenêtre, projetant un soleil éclatant qui l'aveugla brièvement, le temps de s'habituer. Et avec le soleil revint un fragment de mémoire, beaucoup plus sombre.




Il sentait les chaînes tinter contre le métal de la chaise, fermement serrées sur ses mains et l'immobilisant. Des gouttes d'eau coulaient à intervalles réguliers depuis le plafond sur les menottes. Parfois, elles s'écrasaient sur sa peau et soulageaient très légèrement l'irritation et les brûlures, à force de porter ces chaînes constamment. C'était l'un des rares bienfaits qu'il trouvait encore dans cet enfer et il s'y raccrochait, dans l'espoir de ne pas perdre la raison. Son corps était déjà brisé mais son esprit pas encore tout à fait et il se battait chaque instant pour en préserver le peu qu'il restait.

Ils allaient bientôt revenir, il le savait, avec leurs barres de fer, leurs matraques et leurs poings. Ils allaient le frapper, le frapper encore et encore. Ils ne poseraient pas de question, ils avaient cessé dès la fin de la première semaine. Ils avaient appris tout ce qu'ils voulaient savoir à l'issue de ce laps de temps et ne continuaient de lui faire mal que par plaisir sadique. Et également parce que leur chef le leur ordonnait. ll essayait, dans une ultime tentative de victoire sur eux, de ne pas grogner de douleur, de ne pas pleurer ni demander grâce. Il savait qu'il n'en aurait aucune, il savait comment ça marchait.

Il avait perdu le compte du temps qui passe, incapable de déterminer depuis quand il était ici. Il s'était persuadé, répété, au début, que ce n'était qu'une question de temps avant que tout ne se finisse et qu'il soit libre, sauvé. Mais le temps avait érodé cette confiance et cette foi. Personne n'était venu le libérer ni le sauver, il n'y avait que ses geôliers qui faisaient montre d'une inventivité sans pareille pour le faire souffrir. Il s'interdisait de penser à Helera et qui que ce soit d'autre. Le faire lui aurait donné de l'espoir, une arme de plus dont pourraient se servir ces pourritures contre lui. Il devait accepter que tout cela était fini et qu'au bout du compte, une fin brutale et désagréable l'attendait.

C'était une forme de paix que de songer aux choses sous cet angle. Alors la porte de sa cellule s'ouvrit, laissant entrer une lumière aussi artificielle que tout ici. Et il sut qu'une nouvelle séance allait débuter sous peu.





Profondément troublé par ce flash mémoriel, il n'en laissa rien paraître du mieux qu'il pouvait et observa la jeune femme en silence qui revenait vers lui, une bouteille à la main dont elle versa une généreuse quantité dans son verre avant de prendre sa main, glisser un doigt dans le liquide et l'y faire goûter. C'était délicieux et familier. Il appréciait ce fameux "chocolat" et hocha la tête avec reconnaissance à l'attention de l'inconnue.

Oui, ça m'évoque quelque chose. J'entend la voix d'une femme qui me parle d'un masque de chocolat et une histoire de concept, je ne sais pas ce que ça signifie. Sa voix m'est familière mais je ne la situe pas...

Buvant à grandes gorgées le liquide qui lui faisait un bien fou, il se mit à tousser bruyamment, à moitié étranglé. Il avait bu trop vite et son corps, plus habitué à de si riches nutriments, n'avait pas su suivre. Il adressa un sourire contrit à la jeune femme.

Désolé, j'ai bu trop vite surement. Mais c'est tellement bon, vous comprenez... Vous vous appelez Helera, c'est ça ? Je... J'ai eu un flash quand vous avez ouvert la fenêtre, j'ai vu... Quelque chose... Et il y avait ce nom. Ça semblait me réconforter, je crois.

Ce qui n'était pas exactement vrai mais pas entièrement faux non plus. Pouvait-il se rappeler d'autre chose au sujet de cette personne ? Il se rendit compte avec frustration que non, le brouillard restait trop opaque encore. Il voulut s'étirer et leva les bras en l'air pour se faire, quoique de façon un peu maladroite. Et ce fut alors qu'il se rendit compte de ce qui n'allait pas. Ou plutôt de ce qui manquait. Désemparé, il fixa ce moignon qui remplaçait sa main. Comment avait-il pu ne pas s'en rendre compte ? Il avait jusque-là toujours ressenti cette main alors même qu'elle n'existait plus.

Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est ça que vous appelez "me faire du mal" ? On m'a tranché la main ! Qui m'a fait ça, pourquoi ? Qu'est-ce qui a justifié qu'on me fasse ça ? Répondez-moi !

Il était agité à présent, de nouveau. Son rythme cardiaque augmentait de nouveau tandis qu'il fixait ce moignon, incapable d'en détourner le regard. Qu'est-ce qu'il avait pu faire pour mériter un tel châtiment ? Il avait toujours l'impression de sentir, au bout du bras, ses doigts disparus qui remuaient et sa paume collée contre le drap de sa couverture. Mais non, en fait, il n'y avait plus rien. Il prit la tête dans sa main, amer et désespéré.

Je n'ai plus de souvenir de rien, je ne sais même pas qui je suis et j'ai perdu un bras. Qu'est-ce qu'il me reste ?

Il y avait de la tristesse dans sa voix brisée par la douleur de la compréhension et ses yeux luisaient. Si la jeune femme cachait ses propres sentiments, lui ne bénéficiait assurément pas du même contrôle et extériorisait tout ses sentiments, fussent-ils positifs ou non. Voilà une différence flagrante avec son ancien lui et qui était étonnante.
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By Helera Kor'rial
#35712
« Non. »

De nouveau, la reine médecin se montra intransigeante. Sa réponse était tout autant sans équivoque, ni détour. Bien sûr, il méritait les explications qui étaieraient sa prise de position.

« Comme je vous l’ai dit, la galaxie va continuer à tourner. Le BSI pourra bien attendre que vous vous remettiez. Si je suis votre médecin, alors je dis que vous n’êtes pas prêts. Patience est mère de sûreté. »

A la suite de quoi, la reine avait aérer ce visage qui n’avait connu que le liquide guérisseur depuis plus de trois semaines. C’était long, et il en portait quelques stigmates sur le derme. Là encore, la reine ne fit aucun commentaire, car à côté des autres blessures, celles-là n’étaient pas visibles, ou très peu. Suite à quoi la reine était revenue vers lui de sa démarche assurée mais ferme et lui avait présenté cette fameuse boisson chocolatée qu’il pouvait apprécier à sa juste valeur. Pendant tout le procédé, elle n’avait pas croisé son regard, voulant s’éviter des douleurs trop vives pour les supporter. Etre sur le bord du précipice l’obligeait à prendre toutes les précautions nécessaires. Auquel cas, c’est un flot de larme qui s’écouleraient, et la tristesse, elle le savait bien, était communicative. Zyg n’avait en rien besoin de cela, vraiment pas. Il évoqua les souvenirs que cela lui évoquait, et Helera étira un sourire.

« C’est une femme qui vous voulait tout le bien du monde. Restez sur cette idée. »

Il lui prit le verre et but à grand renfort de gosier sans prendre gare de ne pas s’étouffer. La reine hoqueta de rire en le voyant faire. C’est à ce moment-là qu’elle avait envie de lui caresser de nouveau le visage et d’y déposer ses lèvres en berne d’attention. Celles-là n’eurent droit qu’à une morsure de ses dents pour les retenir. Helera étira un sourire en guise de réponse et demanda :

« Qu’avez-vous vu exactement ? Cela vous aidera peut-être à retrouver votre identité. »

Cela pourtant ne se passa pas comme elle le pensa et l’agent si fièrement leva les bras pour s’étirer, jusqu’à dévoiler le morceau de chaire cicatrisé qui pensait à la place de sa main. Le sourire de la reine se tarit tout autant que la détresse de Zygmunt prit le dessus. La violence de ses questions la laissa alors s’en voix. Cela l’affectait autant que lui, particulièrement consciente de ce qu’il pouvait ressentir à ce moment-là. La reine fixa son regard, croisa le bleu de ses iris dans les siens, n’y dérogea pas. Sa douleur la saisie aux trippes et elle resta un instant tétanisé, incapable de formuler quoi que ce soit. Alors, comme pour éviter le problème, le contourner et surtout ne pas succomber, elle se leva et se dirigea vers la fenêtre où la lumière divine de l’étoile scintillait sur son visage. Son regard passa alors sur les vertes collines et les immenses forêts qui bordaient la forêt, se demandant combien d’animaux la regardait à l’heure actuelle. En réalité, elle connaissait déjà la réponse, puisqu’il n’y en avait aucun. Rien du tout. Elle essuya négligement d’un revers de main les larmes qui coulait de son visage et remercia sa propre négligeance esthétique de ne pas avoir porté de mascara. Elle resta quelques minutes ainsi, en silence, tandis que l’agent se lamentait et entrainait la reine des neiges dans sa suite. Après ces quelques minutes d’accalmies, pendant lesquelles elle put reprendre contenance, elle se retourna comme si de rien était. Son visage cependant gardait une teinte plus triste encore que précédemment.

« Vous traquiez les traîtes à l’empire avec votre équipe. L’agente Junior Zai, l’agent Senior Winston et le chasseur de prime Valdor. Il y avait des bombes sur Nouane et une cible en la personne d’Arcturus Astellan, le géniteur de notre actuel empereur. Vous l’avez protégé de votre corps, ils vous ont prit. Les autres n’ont rien pu faire pour vous aider, ils ont été trop lents. Probablement ne s’en remettraient-ils jamais de cette incompétence. »

Helera revint doucement vers lui mais resta debout cette fois. Au contraire, elle porta son moignon et son autre main réunis sur son ventre. Lesquelles furent entourés de la présence royale. Elle y caressa autant l’infirmité que la peau de cette autre main.

« Du reste, je ne peux que supposer ce qu’ils vous ont fait subir. Mais je sais pourquoi ils l’ont fait. Parce que cette journée là, agent Molotch, vous avez été héroïque. Vous avez donné votre vie pour en sauver une autre, accomplissant votre devoir avec brio, avec perfection. Vous leur avez donné une défaite qu’ils ne sont pas près d’oublier. »

La reine prit une pause et baissa le regard, ne quittant toujours pas ses mains des siennes.

« Du reste, aussi bizarre que cela puisse paraître, vous pourrez toujour compter sur moi. A chaque instant et pour toujours. Je suis vraiment désolée de ce que vous avez subi, ni même de ne pas avoir pu l’en empêcher.
»
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By Zygmunt Molotch
#35713
Au souvenir de ce qu'il venait de se rappeler, il lui parut d'autant plus pertinent de suivre le conseil de la médecin. Aussi s'attacha-t-il à déclarer intérieurement que cette voix qui lui semblait familière sans qu'il la situe était celle de quelqu'un qui n'avait que les meilleures intentions pour lui et que sitôt qu'il le pourrait, il essaierait de se rappeler d'elle et de la retrouver. Il ressentait comme une dette à son intention qu'il se devait de payer, une dette qu'il n'était pas gêné d'avoir contracté quand bien même ce n'était pas vraiment le cas. Il s'humecta les lèvres, conscient que le souvenir n'était pas agréable du tout mais après tout, ce n'était que cela, un souvenir.

Je suis attaché à une chaise ou un lit. Les menottes me brûlent la peau à force de s'y frotter. Des gouttes d'eau tombent régulièrement et parfois, elles soulagent un peu la douleur. J'ai froid, j'ai faim, j'ai sommeil, j'ai soif. Je ne vois rien, il n'y a pas de lumière dans ma cellule. Je sais qu'ils vont bientôt revenir et qu'ils vont recommencer à me faire mal mais je ne dit rien. J'attend. Je n'ai rien d'autre à faire de toute façon. Mes pieds nus frissonnent sur le sol froid et humide, je tremble à chaque fois mais impossible de bouger pour me dégager de là. Il fait noir.

J'entend des bruits de pas. Ils arrivent, ça va recommencer. Ding dong, paf paf, boum. Je m'écroule, ils me relèvent sans délicatesse. Je ne sens plus leurs coups, tout mon corps n'est que douleur. Parfois, j'entends des cris au loin mais je ne sais pas si ce sont les miens ou non. J'ai le goût de mon propre sang dans la bouche qui m'étouffe. J'ai mal, qu'est-ce que ça fait mal... Ils s'esclaffent parfois et d'autres fois, ils m'injurient. Parce que je ne dit rien, je ne sanglote pas, je ne supplie pas, je ne les insulte même pas. J'encaisse sans rien dire. Je sais qu'un jour ou l'autre, tout ça finira et je ne ressentirai plus rien, enfin.


Il était difficile de dire ce qui était le plus dérangeant là-dedans : son souvenir décrit ou le ton sur lequel il l'était, complètement neutre et dénué d'émotion. Comme s'il ne faisait que relater un événement dont il n'avait été que spectateur, pas acteur. Seuls les tremblements légers de sa voix, par moment, trahissaient un soupçon de ce qu'il avait alors ressenti.

Ils me traînent par terre. Je sens que j'ai plusieurs côtes cassées et le bras droit démis. Ils me jettent dans ma cellule, sur mon lit. Ils ne m'ont pas menotté cette fois et il y a même une petite couverture pour se réchauffer un peu. Je commence à m'endormir quand j'entend résonner une musique, poussée à fond et qui me perce les tympans. Cela dure 3 secondes puis 10 secondes de silence et ça recommence. Je n'arrive pas à dormir, je n'arrive pas à penser. J'aimerais juste un instant pouvoir fermer les yeux et ne plus rien entendre. J'aimerais être sourd et être en paix mais non. On me le refuse. On me refuse tout. Même mourir, je n'en ai pas le droit.

J'ai pu dormir une trentaine de minutes je dirais. Le vacarme a cessé, mais pas longtemps. Je vois de nouveau de la lumière quand la porte s'ouvre. Cette fois, ils m'attachent à une chaise dans une autre pièce et ils branchent plusieurs appareils sur moi. Je sens la douleur brûler mon corps et mes nerfs lorsque les électrochocs s'immiscent à l'intérieur. Je n'en peux plus. Ils me jettent à nouveau dans ma cellule et ils me menottent de nouveau, à même le sol cette fois, mains dans le dos. Même si j'avais la force de bouger, je ne pourrais rien faire de plus. Mon sang coule à flots par terre et j'y baigne.


Nouveau silence tandis qu'il plisse le front pour rester concentré afin de ne pas lâcher ce souvenir, un des rares qu'il a encore et qui lui soit revenu.

Voilà ce que m'a évoqué la lumière à travers la fenêtre. Mais cette voix m'évoque autre chose. Je suis effondré au sol et, brièvement, je m'autorise à repenser à elle. Je sais que je me suis juré de ne pas le faire, d'oublier afin qu'ils ne s'en servent pas contre moi et parce que ça fait trop mal de penser à ce que j'ai perdu, à la douleur que je lui inflige en étant ici. Mais je n'arrive pas à la laisser partir. Je l'enfouis au plus profond de moi, là ou je l'espère, ils ne la trouveront pas. Elle m'aidera à tenir dans les pires moments. J'espère qu'elle va bien, ou qu'elle soit en ce moment et quoi qu'elle fasse. J'espère qu'elle, elle m'a oublié. Qu'elle a tiré un trait en acceptant l'inévitable. C'est le mieux qui puisse lui arriver, aller de l'avant. Comme je n'ai jamais su le faire.

Quand j'aurai retrouvé la mémoire, j'essaierai de la retrouver, elle. Pour la remercier. Parce que le souvenir que je garde d'elle m'a permis de tenir. Parce que sans ça, j'aurai probablement perdu l'esprit. Je lui dois d'être encore en vie. Peut-être qu'elle ne comprendra pas, si ça se trouve elle a disparu je ne sais ou... Mais je dois le lui dire. Je dois lui assurer, les yeux dans les yeux, qu'elle n'a rien à se reprocher et que je lui suis reconnaissant, qui qu'elle soit. Vous comprenez ? Moi je suis pas sûr, c'est un peu confus dans ma tête mais c'est ça que je pense.


Curieusement, le fait de se replonger dans ce souvenir pourtant tout sauf heureux lui permit de se reprendre après sa crise d'angoisse. Il s'en voulait d'avoir perdu son calme et plus encore, de s'être énervé après cette inconnue qui était un médecin mais pas vraiment en plus d'être un genre de présidente ou de Moff si il comprenait bien ce qu'elle avait dit plus tôt. Et lorsqu'il la vit aller jusqu'à la fenêtre et y rester longtemps, il comprit que son accès d'humeur l'avait blessée, même s'il ne savait pas pourquoi. Quand enfin elle se retourna, il remarqua les sillons légers sur ses joues, la lueur dans ses yeux océans qu'il reconnaissait trop bien, pour avoir déjà vu ça sur les autres détenus.

Il l'écouta lui raconter comment, au final, il en était arrivé à se retrouver là, amnésique, infirme, l'esprit en pièces et le corps si déglingué qu'il avait fallu des soins considérables pour le remettre sur pied. Il ne l'interrompit pas et la laisser continuer jusqu'à ce qu'elle ait fini. Quand enfin ce fut le cas, il l'observa réunir son moignon et son autre main croisées sur sa poitrine, qu'elle caressait lentement et gentiment. Il y avait quelque chose de familier dans ces gestes qu'elle faisait mais impossible de se rappeler en quoi. Maudissant sa mémoire défaillante, il s'efforça de se calmer.

Je suis navré d'avoir perdu mon sang-froid, madame. Je ne saisis pas très bien tout ce qui m'arrive mais je comprend au moins que vous avez fait votre maximum, vous et d'autres, pour me remettre sur pied. Je vous remercie pour tout, même si je ne sais toujours pas comment vous vous appelez...

Un détail attira alors son attention et piqua sa curiosité. Immobile et sentant de plus en plus la fatigue se rapprocher, il parvint toutefois à mobiliser assez de force pour saisir la main de la jeune femme, stoppant ses caresses brièvement. Il n'était plus que l'ombre de lui-même mais, à ce moment, le regard intense qu'il lui jeta était le même qu'à une époque précédente ou, sous le regard des étoiles par-delà une vitre, il avait fait une promesse à une femme traquée et honnie.

Vous n'avez rien à vous reprocher... Qu'est-ce que vous voulez dire par "ne pas avoir pu l'empêcher" ? Vous... Est-ce qu'on se connait vous et moi ? Winston, c'est un vieux barbu qui jure tout le temps non ? Valdor, c'est le type habillé bizarrement ? Et Zai... Elle n'avait pas un tatouage à l'épaule ?
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By Helera Kor'rial
#35715
La reine avait écouté, sans un mot, le souffle coupé. Elle avait compris, s’était mise à la place, avait ressenti la douleur, la peine. Pire que tout, il y avait la solitude, comme pire maux. Pire encore, l’absence totale d’espoir et la mort de ses sentiments. Qui, petit à petit, tombaient en poussière, s’envolaient de cette cellule où lui n’avait aucune échappatoire. C’était la triste conclusion de toute cette histoire. Sa perte de mémoire était une délivrance autant que son fléau. Car même s’il ne se rappelait pas des aspects positifs, il avait oublié le malheur. Elle préférait que tout cela reste dans la catégorie de l’onirique et que jamais ne prenne essence dans leur monde. La reine pendant tout ce temps où le regard vide fixait des endroits aléatoires de la pièce, caressait sa peau meurtrie et maltraité. Elle cherchait à lui faire comprendre par ses gestes que son infirmité n’était pas laide, ni repoussante et que cela ne changerait rien. Par rapport à quoi ? Par rapport à ce passé oublié. Un jour, les meilleurs souvenirs reviendront. Ce jour-là, elle sera là. Chaque chose en son temps cependant. La reine manqua plusieurs fois de tomber en larme face aux horribles scènes qu’il décrivait, imaginant son agent aux mains des pires tortionnaires Elle rajouta :

« Je suis certaine qu’elle ne vous a pas oublié et attend que vous la retrouviez. Les sentiments qui la lient à vous doivent la rendre triste de vous savoir si loin d’elle. Mais avant de partir à sa rencontre, il va vous falloir vous reposer. Vous n’êtes pas encore prêts Monsieur Molotch. »

Du reste de son discours, elle n’en fit aucun commentaire et était partie vers la fenêtre pour assécher sa tristesse. La dignité de la jeune femme était trop importante pour qu’elle soit ainsi si facilement brisée. De retour de nouveau dans ses caresses, il présenta des excuses qu’elle ne voulait pas. Car il n’y avait rien à excuser, et surtout pas venant de lui.

« Ce n’est rien, je m’appelle Helera. »

Sa mémoire encore vacillante restait approximative et elle espérait qu’il ne soit pas atteint de syndromes plus compliqués au cerveau. Le genre de symptômes qui l’empêche de garder ses souvenirs. A son tour, il prit sa main et elle remonta son regard vers lui, croisant le sien. Regard qu’elle ne put pas tenir, et elle rebaissa les yeux, visiblement gênée. Le reste serait constellé d’énigmes, encore une fois :

« Il y a des secrets qu’un docteur se doit de garder et qui devront trouver réponse à partir de là, et non là. »

Elle toucha de l’index d’abord le front et termina sur le cœur.

« Oui, ce sont eux. Winston attend justement dans la pièce d’à côté. Il vous a veillé tout ce temps. »

La reine se leva. Son tour finissait. Elle retourna vers le seuil de la porte sans le regarder et passa la tête par l’entrebâillement. Dehors, le vieux monsieur s’était assis sur une chaise, bras croisés au niveau du torse, chapeau sur le visage et dormait en baragouinant.

« Winston ! »

« Hein … ? Pas mon chapeau, laissez mon … Oh ? Alors, comment il va ? »

« Il ne se souvient plus de tout. Amnésie partielle. »

Le vieux monsieur entra à son tour et la reine retourna cette fois dans un coin de la pièce. Les jambes croisées, elle observait simplement. Winston se plaça devant le lit et ouvrit grand les bras en signe d’affection.

« Salut mon garçon, comment on s’retrouve, hein ? J’vous serrerai bien la pince, mais vous semblez l’avoir oublié, heyhey. »

La reine posa une main sur son front et hocha la tête négativement. Le manque de délicatesse avait au moins l’avantage de dédramatiser. Le vieux se tourna vers Helera, voyant qu’il avait fait une bêtise, et porta son chapeau sur son ventre. Pour la première fois, il était gêné.

« Ouais, bon… Faut pas vous faire de bile. J’ai une oreille en moins et un sacré boudedieu d’corniaud m’a percuté une fois. J’ai une jambe métallique. Ca me permet de botter les culs plus efficacement. On va vous remettre d’aplomb en un rien de temps, vous verrez. Vous aurez une poigne de fer. »

Sans mot dire, la reine disparut quelques instants, laissant le vieux avec Zygmunt. Il prit place à ses côtés et s’approcha doucement pour murmurer quelques mots, le regard tourné vers l’entrée, comme s’il ne voulait pas se faire entendre.

« J’sais pas c’que vous vous rappelez, m’enfin croyez moi qu’on va retrouver les fumiers qui vous on fait ça. On les pendra haut et court ces fils de Gundark. »

Il étira un grand sourire dérangeant, à moitié dissimulé par sa moustache proéminente. Puis, il se redressa et regarda de nouveau autour de lui. Toujours personne, il continua :

« V’savez, la p’tite a insisté pour qu’on vous prenne en charge ici. J’avoue j’tais pas bien d’accord qu’on vous laisse entre les mains de ces aliens touffus, mais il semblerait qu’elle avait raison. Faut dire qu’elle en a dans l’pantalon quand elle a une idée en tête. Non non, c’bien ici, vraiment bien. Faut qu’vous vous reposiez mon garçon et c’est l’meilleur endroit. Ouais. »

Il croisa les bras et s’adossa complètement sur sa chaise, marmonna quelques paroles dans sa barbe. Soudain, une lumière illumina son esprit.

« Oh, j’allais oublier. Vous voulez une goutte ? Ca, ca doit vous manquer non ? »

Il lui proposa le liquide orangé, mais la porte s’ouvrit à ce moment-là, découvrant la reine avec un repas plateau.

« Non. » Ordonna-t-elle. « Il est sous médication. Pas d’alcool, rangez moi ça Winston. »

« Bon bon, très bien. »

Le vieux se leva et retourna vers la fenêtre. La reine posa le plateau sur la table de chevet. Il y avait obligatoirement du chocolat, mais également quelques rudiments de nourritures. Quelques amuses gueules dans lesquels le trio pourraient s’approvisionner, et le fameux bouillon Nelvaanien au Bantha. Celui-là, c’était pour Zygmunt.

« Vous êtes perfusé, mais je pense qu’il serait bien que vous retrouviez l’usage de votre système digestif. On commence doucement avec des plats faciles à avaler. Cela vous convient-il ? »
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By Zygmunt Molotch
#35717
Il était agréable de constater l'attention qu'elle portait à son infirmité, à sa faiblesse physique. Lui-même avait du mal à y voir autre chose qu'une honte. Il se sentait incomplet sans cette main et ces 5 doigts qu'elle contenait. Il les aimait bien ces doigts, ils faisaient partie de la liste de ses 10 doigts préférés après tout. Le pire étant cette impression de toujours ressentir ce membre manquant, là au bout du bras. Ce qu'on appelait la douleur fantôme lui arrivait, elle n'était pas exactement désagréable mais pas non plus bénine, comme un rappel douloureux de ce qu'il avait perdu. Comment allait-il faire à présent sans cette main pourtant importante ? Chacune des petites choses du quotidien lui semblaient maintenant impossibles sans cela.

Et l'idée de devoir dépendre d'autrui lui faisait horreur, pas parce qu'il était trop fier pour demander de l'aide mais bien parce qu'il se sentait indigne de mériter pareille attention. Et plus encore, parce que cela ne ferait que lui rappeler qu'il était un manchot, aussi faible qu'un nouveau-né et incapable de se débrouiller. Non, définitivement, il ne se sentait pas bien de songer à cette main disparue. Dire qu'il allait passer le reste de sa vie dans cet état, infirme. L'idée le déprimait d'avance.

Madame, Helera, sachez que si c'est une question de forme, je me sens plutôt bien excepté un léger tournis. Je ne peux tout de même pas faire attendre cette personne, qui qu'elle soit et la laisser se ronger les ongles en attendant d'avoir de mes nouvelles, bonnes ou mauvaises. Ce ne serait que de la cruauté et l'idée de la faire souffrir par un silence prolongé alors que je suis de nouveau libre me fait horreur. Vous... Vous semblez en savoir beaucoup sur moi, peut-être que vous sauriez ou je peux la trouver ?

Il ne comprit pas l'ultime énigme qui le fit froncer les sourcils. Quels secrets ? De quoi parlait-elle donc ? Voulait-elle dire qu'avant d'en savoir plus, il devrait déjà essayer de se rappeler de plus de choses ? Pourquoi ? Y avait-il quelque chose dans son passé qui devrait l'aider à mieux cerner tout ça ? Il ne comprenait rien et cela le fatiguait. Tout était trop compliqué pour lui. Il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus avant que déjà l'inconnue - Helera, se reprit-il - sortait afin d'inviter le fameux Winston à entrer. En voyant le vieux rentrer dans la chambre, il eut un flash instantané qui le fit grimacer de douleur tant cela avait été trop rapide dans sa tête. La plaisanterie du vieil homme, contre toute attente, l'amusa et le fit éclater de rire. Et pourtant dieu savait à quel point le sujet n'était pas drôle du tout.

Elle a dû rester à traîner quelque part dans ma cellule cette petite peste. Je lui aurais bien appris à rester à sa place mais je n'en ai pas eu l'occasion.

C'était à n'en pas douter un moment gênant qui passa alors, la jeune femme semblant peu goûter à leur humour tandis que le vieux qui bafouillait des excuses ricana à son tour, passablement amusé et surpris par la bonne humeur de l'agent. Après tout, mieux valait qu'il en rie plutôt qu'il en pleure... C'était peut-être pour signifier sa désapprobation qu'elle s'éclipsa en les laissant seuls. Winston se pencha près de lui d'un air de conspirateur en parlant tout bas, ce qui amusa légèrement Molotch malgré le sujet encore une fois peu réjouissant.

Elle m'a dit que j'avais subi tout ça en défendant le père de notre Empereur, c'est vrai ? J'ai vraiment réussi à les en empêcher ?

Le vieux acquiesça en hochant la tête, ce qui parut apaiser l'agent en convalescence.

Bon, si j'ai au moins pu les empêcher d'atteindre leur objectif, ça en valait la peine...

Excepté pour cette femme dont il se souvenait peu de choses en dehors de sa voix et de l'attachement profond qu'il ressentait alors pour elle, probablement. Le vieux lui expliqua alors pourquoi il se trouvait sur Delchon, ce qui l'intéressa grandement et le fascina tout autant.

Elle a insisté pour que je sois soigné ici ? Pourquoi ? Elle ne me connait pas plus que ça, si ? Elle est toujours aussi attachée aux blessés qu'elle soigne ou il y a autre chose ?

Pourquoi une parfaite inconnue tenait-elle tant que ça à ce qu'il bénéficie des soins de ses propres médecins, sur ses terres et non pas dans le lointain Empire auquel il appartenait ? Ce devait être en reconnaissance de ses actions pour la nation, supposa-t-il. Elle ne le voyait surement que comme un héros de l'Empire qui méritait bien qu'on le traite au mieux après sa captivité. Il ne voyait pas d'autre raison qui puisse justifier ça de toute façon. Le vieux ne put lui répondre, exhibant un alcool en bouteille qu'il commença à dévisser, répandant une odeur qui plut immédiatement à Molotch. Hélas, avant de pouvoir même goûter un tout petit peu au breuvage, la jeune femme revint et l'interdit, adressant un regard lourd de reproche au vieil homme.

Apercevant le plateau-repas qu'elle avait ramené, il ressentit brusquement un creux dans l'estomac qui ne laissait aucun doute sur le fait qu'il était affamé. Les perfusions nourrissaient son corps par intraveineuses en y injectant des vitamines mais la sensation de se nourrir n'en était que partiellement satisfaite. S'humectant les lèvres, il prit le verre de chocolat et en but d'aussi grandes gorgées qu'il le pouvait, un sourire enfantin aux lèvres et les yeux pétillant de malice. Evidemment, il ne put en boire beaucoup, la fatigue le rattrapait.

Par l'Empereur, j'ai l'impression de ne rien avoir avalé depuis des siècles ! Ce qui au final ne doit pas être bien éloigné de la vérité maintenant que j'y pense...

L'humour noir qui le caractérisait tant semblait revenir à grands pas, c'était probablement une bonne nouvelle. Probablement.

Quelle poisse, j'ai très faim mais je me sens aussi exténué, je ne suis pas sûr de pouvoir manger grand-chose. Et dire que tout ça a l'air très appétissant... Rahlala...

Saisissant le bol de bouillon de sa seule main valide, il la posa sur sa poitrine et entreprit, plutôt maladroitement, d'avaler en utilisant la grosse cuillère en bois plongée dans le bol. Il y avait quelque chose d'amusant à le voir se dépatouiller tant bien que mal, essayant de compenser son infirmité toute nouvelle et sa fatigue grandissante comme il le pouvait. Par moments, il jurait tout bas quand il n'y arrivait pas. Heureusement avait-il réussi jusque-là à ne rien renverser sur lui ni faire basculer le bol par terre ou de côté. La catastrophe avait été évitée, ouf.

C'est super bon, spécialité locale ? Mes compliments au chef ! Dites, combien de temps ai-je passé en captivité ? J'ai l'impression qu'il s'est passé une éternité entre aujourd'hui et mon dernier souvenir... C'est très frustrant vous savez, je vois des visages, j'entends des voix, je visualise des lieux et des endroits, je me souviens comment écrire mon nom, je sais comment agir si je rencontre un informateur ou lorsque je traque un rebelle mais... Impossible de me souvenir de mon enfance ou mon propre nom. Il y a un putain de brouillard là-dedans qui m'empêche de tout revoir.

Et si je ne me souvenais jamais ? Si j'étais condamné à n'avoir que de vagues réminiscences ? Comment je vais faire pour vivre après ça ? J'ai peut-être bien des proches qui attendent de mes nouvelles depuis des années que j'ai disparu mais je n'en sais rien. Je ne sais même pas quel âge j'ai, vous vous rendez compte ?


Il se plongea dans un silence maussade de longues minutes durant, perdu dans ses pensées plus confuses les unes que les autres. Parfois, ils l'entendaient marmonner tout bas des mots souvent dénués de sens, sans savoir à qui il pouvait bien s'adresser. Semblant se rappeler brusquement qu'il n'était pas seul, il leur jeta un regard étonné puis un sourire contrit.

J'ai encore élevé la voix ? Merde, je suis désolé. Ça n'arrête pas depuis mon réveil et je m'en prend à ceux qui essaient de m'aider, quel ingrat... Je crois que je suis simplement fatigué, j'ai besoin de dormir je pense. Oui, c'est ça. Dormir... Je suis désolé d'être de si mauvaise compagnie, pouvez-vous me laisser un peu seul je vous prie ? Je vous remercie pour tout, tout les deux, les médecins, tout le monde. Je suis désolé. Je suis désolé.

Il ne cessa pas de s'excuser jusqu'à se retrouver tout seul dans la chambre. Alors même que la porte se refermait, il continuait de formuler des excuses alors qu'il était maintenant seul et ne sembla pas même remarquer qu'il l'était avant un long moment.
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By Helera Kor'rial
#35721
« Comme je vous l’ai dit, il y a des réponses pour lesquelles je ne peux vous aider. Ces réponses, c’est à vous de les trouver. Ne vous inquiétez pas, elle saura attendre que vous vous remettiez. »

Alors la scène avec le vieux buveur de whisky et une Helera retorde. Lui rigolait, elle voulait le protéger. Pourtant elle fut surprise et même agréablement de découvrir que l’agent plaisantait sur sa condition. C’était déjà bon signe et cela exprimait son acceptation de son nouvel état. Aussi la reine s’éclipsa-t-elle néanmoins, car elle avait d’autres choses à s’occuper pour lui. Rien n’allait être préparé tout seul après tout. L’agent senior quant à lui était resté et avait débuté les mèches basses avec le « gamin », comme il aimait à l’appeler.

« Carrément qu’vous avez réussi. Un peu dommage qu’on ait dû le pendre à la suite en revanche. Le bougre était un sodomite, avec ses étudiants en plus, triste nouvelle. Quand la p’tite la appris, j’vous jure qu’elle vous aurait échangé avec lui. »

Il baragouina dans sa barbe, acquiesçant à ses propres propos, tout en accordant sa pensée avait celle de la reine. Lui, il aurait fait pareil également. La prochaine question du malade arrêta le vieux bougre dans son raisonnement et il se figea. Il resta quelques secondes ainsi, plissa les yeux, et parti d’un fou rire sonore.

« Et beh gamin, v’savez pas fait semblant de perdre la boule. Vous inquiétez pas ça va venir. Un jour j’avais tellement picolé que j’ai perdu tous mes souvenirs d’une semaine environ. Et ouais … »

Il semble réfléchir quelques instants, une main dans sa barbe.

« Bon par contre c’est jamais rev’nu c’t’histoire… »

La reine était revenue à la suite afin de nourrir son blessé. Si personne ne le faisait, il allait mourir de faim. Ce serait dommage. La reine déposa le plateau et reprit sa place à ses côtés. L’humour noir qu’il faisait avait le don de le détendre, mais pas Helera. Elle récompensa sa blague uniquement par un sourire, sans dévoiler un mot de sa pensée. Quant au bouillon, il est évident que c’est elle qui lui fit boire.

« Ne faites pas l’enfant. Vous vous débrouillerez seul quand vous aurez repris toutes vos capacités. On ne court pas avant d’apprendre à marcher. »

« Surtout quand on a un pied en moins », commenta Winston, avant de pouffer dans son coin.

La reine roula du regard et continua à le nourrir. Comme un enfant à qui l’on donnait le biberon. D’ailleurs, s’eu probablement été une meilleure solution pour l’aider à manger. A penser à l’avenir. La reine étira un sourire à son compliment. Le chef, c’était évidemment elle. Il n’y avait pas de servents ici sur Nelvaan. Elle était cuisinière, reine, médecin, agent du BSI, Moff et maman. La majorité cependant lui était cachée. Enfin, l’agent se plaignit de son état, avec quelques problèmes dans le discours. Il savait écrire son nom sans s’en rappeler, c’était problématique.

« Vous êtes passés trois mois en captivité. Vous arriverez à vous en souvenir, ne vous inquiétez pas. Vous avez 29 ans, une ex-femme et un enfant. C’est elle qui l’élève sur Yaga Minor. Peut-être voudriez-vous que nous les fassions venir ? »

La question méritait d’être posée. Aussi les demandes du patient durent être exaucées. Elle ne fut pas particulièrement blessée par son ton cette fois. En revanche, elle aurait aimé rester avec lui toute la journée. Ce ne fut pas le cas, et elle devait respecter son choix. Ne plus être une composante de sa vie relevait d’un regret profond qui lui provoquait une amertume fade dans la bouche. Tandis qu’il lui avait avoué ses sentiments, elle les avait refusés. Et quand il avait disparu, elle avait compris à quel point il comptait. Maintenant, elle n’était plus rien. Juste une sotte qui n’avait pas su saisir sa chance. Encore une fois, pensa-t-elle.

« Nous allons vous laisser. Si vous avez un problème ou juste envie de discuter, il y a bouton au-dessus du lit. Si d’aventure vous souhaitez vous lever et que vous êtes trop orgueilleux pour nous appeler, il y a un siège roulant sous le lit. Vous avez passé plusieurs mois sans faire fonctionner vos muscles, gardez cela en tête. »

La reine étira un sourire, sincère cette fois et planta son regard dans le sien. Les remords habitaient la reine tandis qu’elle s’abreuvait de ce regard si longuement contemplé. Winston sortit et elle le suivit. Le reste de la journée fut morne et sans intérêt. Elle s’isola et demanda à ne pas être dérangée. Pas d’alcool, pas de fête. Juste la morosité et le dédain…

Au lendemain, la reine s’était levée assez tôt pour se balader dans les champs, prendre l’air frais de la rosée. Balayer son crâne et ses cheveux blancs attachés et recevoir dans les narines l’odeur de la fève de cacao en train de pousser. En silence, sans tracas et sans soucis. Elle errait à travers les champs, les mains dans les poches et l’esprit toujours autant tourmenté. La nuit n’avait pas été bonne, évidemment. Un mouvement dans la Force attira son attention, et elle tendit l’oreille. Des petits bruits attirèrent son attention, dans les herbes au pied d’un des arbres. Le petit animal qui s’y trouvait tentait vainement de grimper et dès qu’il repéra son odeur, se cacha derrière le tronc.

« Viens par-là toi, je ne vais pas te faire de mal. »

Elle arracha une fève d’un arbre et le lui présenta. L’animal d’ailleurs suspicieux, compris les paroles de la reine et perçut ses émotions pacifiques. Le Scurrier fit quelques pas dans sa direction et demanda par ses gestes s’il pouvait approcher, ce à quoi la reine hocha positivement la tête. L’animal obtempéra et récupéra la graine. Alors la reine tandis la main et ce dernier y grimpa pour se positionner sur son épaule, enroulant sa queue autour de sa nuque. Ainsi en hauteur, il pouvait grignoter les fèves sans avoir à grimper. La reine le regarda faire un instant du coin de l’œil et continua sa marche. Ne s’arrêtant que pour le laisser en récupérer une. Elle fit ainsi toute la longueur du champ et revint à son point de départ. Sur les marches de pierre qui retournait vers le palais, sur la grande terrasse encore couverte de l’ombre gigantesque de la structure, se tenait un siège roulant et agent à son bord, poussant péniblement les roues de sa seule main valide.

« Bonjour Agent. Je savais bien que vous ne résisteriez pas à l’envie de prendre l’air. »

Un sourire sur le visage, elle s’approcha doucement.
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