- lun. 24 juin 2019 11:49
#35692
U2 - Ordinary Love
Le cow-boy n'avait pas suivi les agents et leur cargaison sur Delchon, déjà parce qu'on ne l'y avait pas invité mais aussi parce qu'il n'avait rien à y faire et enfin parce qu'il n'en avait pas envie. Il s'était contenté de rappeler à Winston que son aide n'était pas gratuite et qu'il attendait maintenant sa juste rétribution pour ses bons services. On pouvait le qualifier d'inhumain qu'on n'aurait pas eu tort le moins du monde. D'un autre côté, il n'avait rien dit qui ne soit pas vrai, il avait été un traqueur employé pour une mission spécifique et à présent qu'elle avait pris fin, il n'avait plus aucune raison de ne pas reprendre sa route. Sitôt que son compte eut été crédité de la petite somme que lui devait le Bureau, il disparut sans demander son reste. Il ne manquerait probablement à personne et de toute façon, si on avait besoin de lui on savait ou le chercher.
Son diagnostic rapide sur l'état de l'agent s'était révélé en tout cas en bonne partie avéré. Molotch avait subi des passages à tabac récurrents, des coups et blessures impitoyables, avait été affamé, privé de sommeil, subi d'innombrables interrogatoires brutaux, des tortures visibles. Son organisme présentait également des traces de diverses drogues dont on avait dû le gaver à fortes doses et du venin synthétique. On lui avait tranché la main droite jusqu'au coude et très grossièrement arrêté l'hémorragie ensuite, au point que la blessure était infectée lorsqu'on l'avait trouvé. La main valide n'avait plus d'ongles et certains de ses doigts de pieds non plus.
Il faudrait se rendre à l'évidence : l'épave qu'ils avaient libéré ne pouvait plus vraiment être considérée comme étant l'agent Molotch et même les meilleurs médecins du BSI comme les chamans nelvaaniens ne pouvaient avec certitude dire ce qu'il en était de son esprit. D'aucuns craignaient que les dommages subis soient irréversibles et aient occasionné des traumatismes considérables. L'un des médecins alla même suggérer, sans grande conviction et probablement dans ce qu'il prenait pour un élan de compassion, d'injecter dans le corps de quoi le laisser s'en aller en paix afin de ne pas avoir à subir la douleur de se réveiller. Ses collègues n'apprécièrent guère l'idée et les chamans encore moins. Mieux valait ne pas penser à ce qui se passerait si Winston ou la jeune femme apprenaient cela.
Tandis que son corps était constamment plongé dans une cuve de bacta changée régulièrement, on lui administra également de grandes doses de kolto afin de combattre les infections qui l'accablaient, nombreuses inévitablement vu son séjour peu agréable. Lorsqu'il serait de nouveau conscient, il faudrait également lui prescrire quelques médicaments et une thérapie de sevrage aux drogues dont il avait été abruti et dont il était certainement devenu dépendant. On lui injecta également des doses de vitamines au début légères afin de réhabituer son organisme à des repas normaux, qui augmentaient légèrement et lentement. Il fallut 3 semaines avant qu'on ne jugea pouvoir le sortir de la cuve pour le laisser reposer dans un simple lit, laps de temps durant lequel il fut plongé dans un coma artificiel nécessaire.
Le coma devait durer encore quelques jours après qu'il fut sorti, étalé pour plus de sûreté. Mais là encore, les médecins furent incapables de précisément déterminer l'état dans lequel il se réveillerait. Au vu des radios prises, le cerveau semblait "intact" autant que possible compte tenu des circonstances. Mais à ce sujet, on évoluait en terra incognita autant que les habitants d'une lointaine galaxie malgré le fossé technologique, scientifique et culturel qui les séparait. Pendant tout ce temps, Winston errait un peu sans but dans le palais, passant son temps à discuter avec la maîtresse des lieux ou se morfondre dans la forêt locale. Il était un citadin et à ce titre, peinait à apprécier l'air frais et pur et l'absence de civilisation urbaine notable. Mais il y avait pire comme résidence temporaire, il fallait l'avouer.
Un mois et demi après que l'opération Harrun Kal eut été couronnée de succès, l'agent émergea des brumes du coma et de la prison de son esprit. Winston alla prévenir immédiatement la reine lorsqu'il apprit la nouvelle et l'accompagna jusqu'à la chambre du patient. Toutefois, il préféra la laisser entrer la première, songeant que d'eux deux, l'agent préférerait probablement un visage plus familier et agréable comme première visite. Il avait prévu également de prévenir ensuite la jeune femme qu'à Yaga Minor, certains étaient outrés de savoir que la conseillère de l'Empereur avait pris sur elle de garder en captivité un agent du Bureau alors que sa place était à la capitale, à répondre aux questions que l'on devait inévitablement se poser au sujet de l'affaire de Nouane et de tout ce qu'il savait sur ses ravisseurs.
Cela attendrait, naturellement.
Molotch était allongé dans le lit, la couverture relevée jusqu'au ventre. Au premier abord, on aurait pu croire qu'il dormait encore mais il avait simplement un peu de mal à ouvrir les yeux, à l'évidence encore très fatigué. Sa main gauche reposait sur le ventre tandis que le moignon était sur le côté. On avait préféré faire en sorte qu'il ne le remarque pas dès son réveil afin de ne pas brusquer les choses. La compréhension ne tarderait pas à lui venir. Ouvrant péniblement les yeux, il regarda autour de lui, l'air étonné. On lui avait rasé la barbe et les cheveux afin qu'il soit le plus proche possible d'avant sa disparition. S'il n'y avait eu le moignon et le fait qu'il dorme dans un lit d'hôpital avec une tenue de patient, on aurait pu croire que rien ne s'était passé en 4 mois.
Croisant le regard de la jeune femme, il fronça les sourcils. Ses yeux n'avaient rien perdu de leur intensité mais il s'y figurait autre chose pour l'heure, une lueur étrange tandis qu'une expression perplexe se dessinait sur son visage. Il ne réagit pas ni ne dit mot, se contentant d'observer la jeune femme, attentif, comme dans l'attente. Enfin, lorsqu'elle eut tenté de lancer la conversation, que ce soit en le prenant dans ses bras ou simplement lui disant un bonjour affecté, il fronça encore plus les sourcils.
Qui êtes-vous ?
Sa voix avait gardé à peu près les mêmes intonations, quoiqu'un peu plus sèche, la faute à près d'un mois passer à ne pas utiliser ses cordes vocales. Il ne semblait pas effrayé ni en colère ni inquiet. Seulement perplexe.
Qui est Zygmunt ? Ou suis-je ?
Immobile, complètement perdu, il regardait la jeune femme sans rien comprendre.
Le cow-boy n'avait pas suivi les agents et leur cargaison sur Delchon, déjà parce qu'on ne l'y avait pas invité mais aussi parce qu'il n'avait rien à y faire et enfin parce qu'il n'en avait pas envie. Il s'était contenté de rappeler à Winston que son aide n'était pas gratuite et qu'il attendait maintenant sa juste rétribution pour ses bons services. On pouvait le qualifier d'inhumain qu'on n'aurait pas eu tort le moins du monde. D'un autre côté, il n'avait rien dit qui ne soit pas vrai, il avait été un traqueur employé pour une mission spécifique et à présent qu'elle avait pris fin, il n'avait plus aucune raison de ne pas reprendre sa route. Sitôt que son compte eut été crédité de la petite somme que lui devait le Bureau, il disparut sans demander son reste. Il ne manquerait probablement à personne et de toute façon, si on avait besoin de lui on savait ou le chercher.
Son diagnostic rapide sur l'état de l'agent s'était révélé en tout cas en bonne partie avéré. Molotch avait subi des passages à tabac récurrents, des coups et blessures impitoyables, avait été affamé, privé de sommeil, subi d'innombrables interrogatoires brutaux, des tortures visibles. Son organisme présentait également des traces de diverses drogues dont on avait dû le gaver à fortes doses et du venin synthétique. On lui avait tranché la main droite jusqu'au coude et très grossièrement arrêté l'hémorragie ensuite, au point que la blessure était infectée lorsqu'on l'avait trouvé. La main valide n'avait plus d'ongles et certains de ses doigts de pieds non plus.
Il faudrait se rendre à l'évidence : l'épave qu'ils avaient libéré ne pouvait plus vraiment être considérée comme étant l'agent Molotch et même les meilleurs médecins du BSI comme les chamans nelvaaniens ne pouvaient avec certitude dire ce qu'il en était de son esprit. D'aucuns craignaient que les dommages subis soient irréversibles et aient occasionné des traumatismes considérables. L'un des médecins alla même suggérer, sans grande conviction et probablement dans ce qu'il prenait pour un élan de compassion, d'injecter dans le corps de quoi le laisser s'en aller en paix afin de ne pas avoir à subir la douleur de se réveiller. Ses collègues n'apprécièrent guère l'idée et les chamans encore moins. Mieux valait ne pas penser à ce qui se passerait si Winston ou la jeune femme apprenaient cela.
Tandis que son corps était constamment plongé dans une cuve de bacta changée régulièrement, on lui administra également de grandes doses de kolto afin de combattre les infections qui l'accablaient, nombreuses inévitablement vu son séjour peu agréable. Lorsqu'il serait de nouveau conscient, il faudrait également lui prescrire quelques médicaments et une thérapie de sevrage aux drogues dont il avait été abruti et dont il était certainement devenu dépendant. On lui injecta également des doses de vitamines au début légères afin de réhabituer son organisme à des repas normaux, qui augmentaient légèrement et lentement. Il fallut 3 semaines avant qu'on ne jugea pouvoir le sortir de la cuve pour le laisser reposer dans un simple lit, laps de temps durant lequel il fut plongé dans un coma artificiel nécessaire.
Le coma devait durer encore quelques jours après qu'il fut sorti, étalé pour plus de sûreté. Mais là encore, les médecins furent incapables de précisément déterminer l'état dans lequel il se réveillerait. Au vu des radios prises, le cerveau semblait "intact" autant que possible compte tenu des circonstances. Mais à ce sujet, on évoluait en terra incognita autant que les habitants d'une lointaine galaxie malgré le fossé technologique, scientifique et culturel qui les séparait. Pendant tout ce temps, Winston errait un peu sans but dans le palais, passant son temps à discuter avec la maîtresse des lieux ou se morfondre dans la forêt locale. Il était un citadin et à ce titre, peinait à apprécier l'air frais et pur et l'absence de civilisation urbaine notable. Mais il y avait pire comme résidence temporaire, il fallait l'avouer.
Un mois et demi après que l'opération Harrun Kal eut été couronnée de succès, l'agent émergea des brumes du coma et de la prison de son esprit. Winston alla prévenir immédiatement la reine lorsqu'il apprit la nouvelle et l'accompagna jusqu'à la chambre du patient. Toutefois, il préféra la laisser entrer la première, songeant que d'eux deux, l'agent préférerait probablement un visage plus familier et agréable comme première visite. Il avait prévu également de prévenir ensuite la jeune femme qu'à Yaga Minor, certains étaient outrés de savoir que la conseillère de l'Empereur avait pris sur elle de garder en captivité un agent du Bureau alors que sa place était à la capitale, à répondre aux questions que l'on devait inévitablement se poser au sujet de l'affaire de Nouane et de tout ce qu'il savait sur ses ravisseurs.
Cela attendrait, naturellement.
Molotch était allongé dans le lit, la couverture relevée jusqu'au ventre. Au premier abord, on aurait pu croire qu'il dormait encore mais il avait simplement un peu de mal à ouvrir les yeux, à l'évidence encore très fatigué. Sa main gauche reposait sur le ventre tandis que le moignon était sur le côté. On avait préféré faire en sorte qu'il ne le remarque pas dès son réveil afin de ne pas brusquer les choses. La compréhension ne tarderait pas à lui venir. Ouvrant péniblement les yeux, il regarda autour de lui, l'air étonné. On lui avait rasé la barbe et les cheveux afin qu'il soit le plus proche possible d'avant sa disparition. S'il n'y avait eu le moignon et le fait qu'il dorme dans un lit d'hôpital avec une tenue de patient, on aurait pu croire que rien ne s'était passé en 4 mois.
Croisant le regard de la jeune femme, il fronça les sourcils. Ses yeux n'avaient rien perdu de leur intensité mais il s'y figurait autre chose pour l'heure, une lueur étrange tandis qu'une expression perplexe se dessinait sur son visage. Il ne réagit pas ni ne dit mot, se contentant d'observer la jeune femme, attentif, comme dans l'attente. Enfin, lorsqu'elle eut tenté de lancer la conversation, que ce soit en le prenant dans ses bras ou simplement lui disant un bonjour affecté, il fronça encore plus les sourcils.
Qui êtes-vous ?
Sa voix avait gardé à peu près les mêmes intonations, quoiqu'un peu plus sèche, la faute à près d'un mois passer à ne pas utiliser ses cordes vocales. Il ne semblait pas effrayé ni en colère ni inquiet. Seulement perplexe.
Qui est Zygmunt ? Ou suis-je ?
Immobile, complètement perdu, il regardait la jeune femme sans rien comprendre.