- lun. 15 mai 2017 22:04
#28092
- Une proposition d'espoir ...
Telle une ombre malheureuse la figure Princière avait échoué sur Têta avec un épuisement certain, qu’il soit moral ou physique. Ce qu’il avait vécu dans les Régions Inconnues l’avait marqué au plus profond de son être, et désormais il capitulait face à la douleur de son esprit. Combien de temps passa-t-il aux petits soins de son Palais ? Difficile à dire. Lui-même ne savait pas le dire, et le retour à la réalité fut des plus difficiles. Pourtant, tous ces jours passés dans les méandres de son esprit avaient été difficiles à supporter … L’instant le plus décisif de sa vie l’attendait. Il n’y avait aucun plaisir à rester affalé des jours durant comme un mourant, il n’y avait aucun plaisir à sentir la fraicheur du bacta sur sa peau, il n’y avait aucun plaisir à rien. Le seul et unique bonheur de cette vie princière restait le souvenir impérissable d’une jeune femme, l’image mentale de celle qui incarnait pour lui l’unique objectif égoïste de sa maigre existence.
A l’heure du bilan de ce voyage en enfer, Althar n’avait eut qu’une seule chose à tirer de tout cela. Cette conclusion était celle d’un homme martyrisé par des évènements qu’il n’aurait pu imaginer, confronté aux visages de ceux qu’il ne ramènera pas avec lui. Le sentiment était terrible, comme si l’expérience douloureuse de la mort de ces personnes juste sous ses yeux ne se suffisaient pas. Des familles entières pleureraient cette jeunesse sacrifiée sans que personne ne puisse comprendre où, ni même pourquoi. Ils étaient morts pour lui, et lui était là, face à ceux qui auraient souhaité le voir mourir mille fois plutôt perdre leurs fils … Peut-être qu’effectivement les jours suivants à se soigner avaient été bénéfiques, pour essayer de faire oublier tout ça. De ce voyage, il y avait aussi les images, et les sensations. Les présences. L’horreur. Des mots, des sentiments, beaucoup de flou, trop de choses encore vives dans le cerveau de celui qui n’avait jamais connu de telles choses. C’était une douleur folle que d’essayer de se remémorer un quelconque instant de cette aventure, comme si ses dernières mentales lui interdisaient de se renfoncer dans la terrible moiteur de ses synapses où s’étaient réfugiés les souvenirs de ces instants de terreur ultime. Non, tout au fond de lui se refusait à penser à tout cela. Il en était presque prostré à l’idée de devoir y retourner. Plus jamais. Non. Il cherchait sa paix intérieure, son unique source de lumière, sa lueur au milieu des ténèbres, cette femme. Oui, c’était cela. Douce, apaisante, magnifique. Il n’y avait qu’elle. C’était peut-être ça qui l’empêchait de flancher, à dire. Peut-être elle. Juste elle. Avec tout ce qu’ils ont vécu, tout ce qu’il a pu ressentir auprès d’elle. Elle était le phare d’une vie sans stabilité, sans attache concrète, l’unique point de repère d’un Prince à la recherche du sens de son existence. Elle était tout, il n’était rien. Et face à l’amère expérience de l’obscurité, il n’y avait eut qu’une seule et unique finalité : la retrouver, et lui parler, enfin. La voir. La sentir près de lui. L’embrasser. Croire en la possibilité de leur amour. Il n’y a qu’un seul avantage à vivre de telles expériences traumatisantes : celle de vous faire comprendre ce qui compte pour vous. Pour Althar, c’était elle, et rien d’autre. L’égoïsme d’un amour sans borne, d’une passion sans limite. Elle et uniquement elle. En partant de cet état de fait, l’humain n’avait donc eu qu’à lutter pour sa survie, et pour l’idée de la retrouver. Il n’avait eut qu’à suivre la trainée de sang qui émanait de son cœur jusqu’au lieu de leurs futures retrouvailles … Cela devenait évident, à ses yeux. Cela devenait certain.
Il était passé trop près de la mort pour croire que demain les choses pourraient continuer de la même manière. Il s’était rendu compte de la réalité de sa vie, et de ses sentiments, comme le dernier coup de poing qu’il avait encaissé en partant du DSI. Il ne pouvait plus se passer de cette femme, pas à l’heure où la Galaxie vit dans la crainte de sa destruction. Il avait vu les ravages sur Arkania, les avait subi, et avait eu droite à la ration supplémentaire sur le DSI. C’était déjà assez, voire même un peu trop .. Il en porterait les stigmates encore longtemps, aussi longtemps qu’au fond de lui cette douleur lancinante l’habitait. Elle revenait, de temps à autres, sans qu’aucun n’ait su lui expliquer pourquoi. Pas même le bacta n’en avait eu raison. Mais c’était là une autre question, qui n’importait pas au moment de ces lignes. Non, tout cela n’est d’aucune importance quand on a trouvé la bonne personne. Un unique chemin se présentait à Althar, et il était temps qu’il l’emprunte. Qu’il le foule sous le soleil ardent de la vie, au milieu de vent des destins et face à la chaleur de la société. Il devait avouer ses sentiments au grand jour et définitivement tenter sa chance pour gagner le cœur de sa Galaxie. Le centre de l’univers l’attendait.
Le Palais avait été un refuge le temps de quelques jours, mais c’était désormais assez. Il était temps qu’il parte affronter ce destin. Il fallait contraindre les éléments, et prendre son courage à deux mains. C’était un fait, une réalité. Il fallait avancer. C’était peut-être ça le plus dur, maintenant qu’il était déterminé à tenter sa chance, il fallait faire le premier pas. Celui qui lui empêcherait de faire demi-tour. Ici, il était fort simple. Symbolique. D’un pas peu serein, l’esprit légèrement embrumé, Althar avançait sans réfléchir vers un des bureaux personnels de la famille royale. Il connaissait ce chemin par cœur, pour l’avoir emprunté de nombreuses fois par le passé. Et à chaque fois, le même sentiment, celui d’être l’enfant, le fils qui ne disait rien et qui se contentait d’observer … Les décorations élégantes du couloir ne lui faisaient plus aucun effet, pas même une quelconque impression comme autrefois. Elles étaient rangées au fin fond des souvenirs d’enfance, dans le registre des choses qui ont pu l’effrayer mais qui aujourd’hui sont insignifiantes. Pourtant, malgré ce parcours sans hésitation, il se figea face aux grandes portes. Quelque chose se battait au cœur de son estomac, dans une désagréable réminiscence du passé. Il ferma les yeux, un instant, et prit une lourde inspiration. Il était un adulte désormais. Plus de crainte, plus de stress. Il appuya sur le panneau de contrôle de la porte, qui signifiait qu’elle n’était pas verrouillée, et passa d’un pas déterminé, tête baissée, l’entrée. Il connaissait le nombre de pas exact à faire avant de s’arrêter et être face au bureau, et celle qui était derrière.
Quelle étrange sensation que celle-la, quel vertige inexplicable … Les souvenirs qu’il associait à cet endroit lui avaient laissé un goût âpre et peu engageant, tel l’enfant qu’il était, tout juste dépassant la tête de la hauteur du bureau. Aujourd’hui, debout, face au mobilier et à la femme qui y travaillait, il se sentit étrangement haut. Etrangement grand. Il était celui qui avait le pouvoir sur elle, et non l’inverse. Elle n’était plus celle qui lui dictait ses décisions, depuis bien longtemps, mais aujourd’hui était symbolique. Aujourd’hui était un jour nouveau, aujourd’hui était le premier jour de sa nouvelle vie.
Etrange comme les choses étaient faites, après tout. Il venait là pour s’assumer, et s’affirmer, alors qu’elle était sa mère. Et il ne pouvait pas l’oublier, face à ces traits qu’il reconnaissait parmi tous les autres, par l’affection sincère qu’il décelait dans son regard. Pire encore, cette mère venait de se lever de son fauteuil pour contourner l’imposant bureau et venir au contact de son fils, qui n’avait pas prévu cela. Pourtant, il ne bougea pas. Sa mère … Et sa douceur. Cette main qui lui caresse la joue, et vient arranger ses cheveux en bataille.
Comme s’il fallait la convaincre, et sceller cet engagement d’honneur, Althar ne put s’empêcher de la prendre dans ses bras, de toute sa hauteur. Avec l’affection d’un fils unique pour sa mère, l’étreinte filiale dura un long instant, qu’il conclut par un baiser sur le front de la lordienne. Ses traits marqués par l’âge n’enlevaient rien à son charme, et pour rien au monde il ne perdrait cette mère qui l’avait toujours soutenu. Mais à cet instant, il devait s’en affranchir, il devait battre de ses propres ailes pour faire son nid loin du cocon familial. C’était un fait, et surtout sa volonté. Il était temps, et elle n’était qu’un obstacle sur sa terre. Avec regrets, mais sans se retourner, il la quitta à ses affaires et repartit préparer ses propres bagages pour le voyage qui s’annonçait. Il était temps de retourner sur cette planète qui ne connaissait pas le sommeil, sur ce monde d’acier qui dévorait les âmes de ses habitants, qu’ils soient pauvres ou bien très riches, chacun y trouvait son vice. Oui, il était temps … temps de s’interrompre, au détour du couloir, les dents serrées, les yeux fermés. Quelque chose … Quelqu’un … Ce chuchotement, cette douleur. Souffler pour essayer de s’apaiser, de la faire partir, mais non, encore quelques secondes, ou quelques minutes, il ne savait plus. Il n’avait pas bougé, adossé sur le mur froid, les yeux clos. Supporter ça, sans comprendre, oui, penser à ce qui viendrait ensuite … Espérer. Cela finissait par passer …
Plus tard dans la journée, l’heure du départ avait sonnée. Il était seul, cette fois-ci, Efhla l’attendait sur Coruscant. Il avait fait le choix de la confidentialité, pour garder la surprise même pour les siens. C’était une réflexion mûrement réfléchie, il le savait. C’était la meilleure chose à faire. Il avait son billet, son passeport falsifié, et ses affaires. Il ne manquait plus que l’élément essentiel. Il regarda l’heure, bien décidé. Les adieux étaient faits depuis quelques minutes, le cœur serré, mais c’était bon. Juste une chose. Juste la dernière chose. Planté devant le coffre-fort du Palais, il entama la procédure de sécurité pour commencer l’ouverture. Les multiples étapes étaient un peu longues, mais il fallait bien ça pour se garantir le droit du sang … Après tout, derrière cette grande porte qui entamait son ouverture, se cachait l’un des trésors de la famille royale, l’un de ceux que l’on conserve depuis des millénaires. Il ne l’avait pas vu autant qu’il aurait pu le souhaiter dans sa courte vie, mais il n’hésiterait pas, maintenant, à le prendre. Dans la pièce qui s’éclairait doucement, progressivement au fil de son passage, la silhouette dorée trônait devant Althar avec une arrogance non-dissimulée. Elle était fière, elle était droite, le menton haut. Une têtanne à l’état pur, une têtanne originelle. Le reflet même de ce que pourrait être Althar, s’il le souhaitait vraiment. Mais loin de ces considérations monarchiques d’un temps révolu, c’est avec deux mains hésitantes que le jeune Prince débarrassait maladroitement son aînée de son cerclage facial d’or pur. Ses mains étaient en mal d’une assurance qui lui faisait défaut à cet instant, face à ce geste qu’il n’aurait jamais pu imaginer, mais qui aujourd’hui révélait combien il était déterminé. Ce ne serait pas un simple instant, pas une simple folie passagère, ce serait un moment historique.
Comme si la figure tutélaire le fixait de ses grands yeux, le Prince écartait avec beaucoup de prudence la coiffe antique, avant de mettre un genou à terre et s’incliner. L’ombre que posait sur elle l’imposante silhouette exprimait là l’étrange réponse d’un ancêtre jugeant son dernier descendant. Après tout, c’était aussi ça, qui était en jeu, au milieu de ce tourbillon de sentiments : poursuivre la lignée, et faire survivre un nom, une idée, un héritage. Plus que simplement faire naître une vie, il était question de perpétuer un passé millénaire, au nom du quel une famille tachait de faire le bien. C’était une ambition folle, vaine, souvent corrompue, mais qui pourtant animait depuis lors des centaines de descendants, les uns après les autres, une vie après une autre, jusqu’à parvenir à cet instant. Un Prince seul, en quête d’un amour illusoire, et d’un espoir simple … Lentement, d’un geste délicat, il se contenta de déposer l’imposant objet qui reflétait jusque son visage dans la boîte empruntée à cet effet, avant de se relever. D’un dernier regard sur la magnificence dorée qu’il venait de dépouiller, Althar se dépêcha donc de refermer le coffre-fort et de quitter Cinnagar. Il était temps.
A l’heure du bilan de ce voyage en enfer, Althar n’avait eut qu’une seule chose à tirer de tout cela. Cette conclusion était celle d’un homme martyrisé par des évènements qu’il n’aurait pu imaginer, confronté aux visages de ceux qu’il ne ramènera pas avec lui. Le sentiment était terrible, comme si l’expérience douloureuse de la mort de ces personnes juste sous ses yeux ne se suffisaient pas. Des familles entières pleureraient cette jeunesse sacrifiée sans que personne ne puisse comprendre où, ni même pourquoi. Ils étaient morts pour lui, et lui était là, face à ceux qui auraient souhaité le voir mourir mille fois plutôt perdre leurs fils … Peut-être qu’effectivement les jours suivants à se soigner avaient été bénéfiques, pour essayer de faire oublier tout ça. De ce voyage, il y avait aussi les images, et les sensations. Les présences. L’horreur. Des mots, des sentiments, beaucoup de flou, trop de choses encore vives dans le cerveau de celui qui n’avait jamais connu de telles choses. C’était une douleur folle que d’essayer de se remémorer un quelconque instant de cette aventure, comme si ses dernières mentales lui interdisaient de se renfoncer dans la terrible moiteur de ses synapses où s’étaient réfugiés les souvenirs de ces instants de terreur ultime. Non, tout au fond de lui se refusait à penser à tout cela. Il en était presque prostré à l’idée de devoir y retourner. Plus jamais. Non. Il cherchait sa paix intérieure, son unique source de lumière, sa lueur au milieu des ténèbres, cette femme. Oui, c’était cela. Douce, apaisante, magnifique. Il n’y avait qu’elle. C’était peut-être ça qui l’empêchait de flancher, à dire. Peut-être elle. Juste elle. Avec tout ce qu’ils ont vécu, tout ce qu’il a pu ressentir auprès d’elle. Elle était le phare d’une vie sans stabilité, sans attache concrète, l’unique point de repère d’un Prince à la recherche du sens de son existence. Elle était tout, il n’était rien. Et face à l’amère expérience de l’obscurité, il n’y avait eut qu’une seule et unique finalité : la retrouver, et lui parler, enfin. La voir. La sentir près de lui. L’embrasser. Croire en la possibilité de leur amour. Il n’y a qu’un seul avantage à vivre de telles expériences traumatisantes : celle de vous faire comprendre ce qui compte pour vous. Pour Althar, c’était elle, et rien d’autre. L’égoïsme d’un amour sans borne, d’une passion sans limite. Elle et uniquement elle. En partant de cet état de fait, l’humain n’avait donc eu qu’à lutter pour sa survie, et pour l’idée de la retrouver. Il n’avait eut qu’à suivre la trainée de sang qui émanait de son cœur jusqu’au lieu de leurs futures retrouvailles … Cela devenait évident, à ses yeux. Cela devenait certain.
Il était passé trop près de la mort pour croire que demain les choses pourraient continuer de la même manière. Il s’était rendu compte de la réalité de sa vie, et de ses sentiments, comme le dernier coup de poing qu’il avait encaissé en partant du DSI. Il ne pouvait plus se passer de cette femme, pas à l’heure où la Galaxie vit dans la crainte de sa destruction. Il avait vu les ravages sur Arkania, les avait subi, et avait eu droite à la ration supplémentaire sur le DSI. C’était déjà assez, voire même un peu trop .. Il en porterait les stigmates encore longtemps, aussi longtemps qu’au fond de lui cette douleur lancinante l’habitait. Elle revenait, de temps à autres, sans qu’aucun n’ait su lui expliquer pourquoi. Pas même le bacta n’en avait eu raison. Mais c’était là une autre question, qui n’importait pas au moment de ces lignes. Non, tout cela n’est d’aucune importance quand on a trouvé la bonne personne. Un unique chemin se présentait à Althar, et il était temps qu’il l’emprunte. Qu’il le foule sous le soleil ardent de la vie, au milieu de vent des destins et face à la chaleur de la société. Il devait avouer ses sentiments au grand jour et définitivement tenter sa chance pour gagner le cœur de sa Galaxie. Le centre de l’univers l’attendait.
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Le Palais avait été un refuge le temps de quelques jours, mais c’était désormais assez. Il était temps qu’il parte affronter ce destin. Il fallait contraindre les éléments, et prendre son courage à deux mains. C’était un fait, une réalité. Il fallait avancer. C’était peut-être ça le plus dur, maintenant qu’il était déterminé à tenter sa chance, il fallait faire le premier pas. Celui qui lui empêcherait de faire demi-tour. Ici, il était fort simple. Symbolique. D’un pas peu serein, l’esprit légèrement embrumé, Althar avançait sans réfléchir vers un des bureaux personnels de la famille royale. Il connaissait ce chemin par cœur, pour l’avoir emprunté de nombreuses fois par le passé. Et à chaque fois, le même sentiment, celui d’être l’enfant, le fils qui ne disait rien et qui se contentait d’observer … Les décorations élégantes du couloir ne lui faisaient plus aucun effet, pas même une quelconque impression comme autrefois. Elles étaient rangées au fin fond des souvenirs d’enfance, dans le registre des choses qui ont pu l’effrayer mais qui aujourd’hui sont insignifiantes. Pourtant, malgré ce parcours sans hésitation, il se figea face aux grandes portes. Quelque chose se battait au cœur de son estomac, dans une désagréable réminiscence du passé. Il ferma les yeux, un instant, et prit une lourde inspiration. Il était un adulte désormais. Plus de crainte, plus de stress. Il appuya sur le panneau de contrôle de la porte, qui signifiait qu’elle n’était pas verrouillée, et passa d’un pas déterminé, tête baissée, l’entrée. Il connaissait le nombre de pas exact à faire avant de s’arrêter et être face au bureau, et celle qui était derrière.
- « - Ah Althar, tu tombes bien, je …
- Mère, je repars pour Coruscant dès ce soir. »
Quelle étrange sensation que celle-la, quel vertige inexplicable … Les souvenirs qu’il associait à cet endroit lui avaient laissé un goût âpre et peu engageant, tel l’enfant qu’il était, tout juste dépassant la tête de la hauteur du bureau. Aujourd’hui, debout, face au mobilier et à la femme qui y travaillait, il se sentit étrangement haut. Etrangement grand. Il était celui qui avait le pouvoir sur elle, et non l’inverse. Elle n’était plus celle qui lui dictait ses décisions, depuis bien longtemps, mais aujourd’hui était symbolique. Aujourd’hui était un jour nouveau, aujourd’hui était le premier jour de sa nouvelle vie.
- « - Je ne vous demanderais pas votre bénédiction. Je me dois de faire ce que j’aurai dû faire il y a déjà quelques temps, et je le comprends désormais … Je ne te demande qu’une seule chose, Mère.
- Althar … Te sens-tu bien ? As-tu toujours mal à la tête ? »
Etrange comme les choses étaient faites, après tout. Il venait là pour s’assumer, et s’affirmer, alors qu’elle était sa mère. Et il ne pouvait pas l’oublier, face à ces traits qu’il reconnaissait parmi tous les autres, par l’affection sincère qu’il décelait dans son regard. Pire encore, cette mère venait de se lever de son fauteuil pour contourner l’imposant bureau et venir au contact de son fils, qui n’avait pas prévu cela. Pourtant, il ne bougea pas. Sa mère … Et sa douceur. Cette main qui lui caresse la joue, et vient arranger ses cheveux en bataille.
- « - Oui Mère, ça va pour le moment, mais écoutes-moi … S’il te plait. Dans deux jours, tu as entendu, dans deux jours, je veux que tu regardes l’Holovision, et que tu cherches la séance au Sénat Républicain, en direct. Je sais qu’on l’a, notamment dans le bureau de Père. S’il te plait, tu regarderas … Je veux que tu demandes à Père de le faire, aussi, depuis Yaga Minor. Je veux que vous voyez ce que je vais faire, s’il vous plait, parce que c’est important pour moi, et pour la Galaxie. Tu as compris Mère ?
- Qu’est-ce que tu prépares, Althar ? Tu ne vas pas t’attirer des ennuis, j’espère ? Avec ton père si loin …
- Mère, arrêtez. Je sais ce que je fais, faites-moi confiance. Je vous honorerai. Je vous verrai au dîner, avant de partir. A plus tard, maman ... »
Comme s’il fallait la convaincre, et sceller cet engagement d’honneur, Althar ne put s’empêcher de la prendre dans ses bras, de toute sa hauteur. Avec l’affection d’un fils unique pour sa mère, l’étreinte filiale dura un long instant, qu’il conclut par un baiser sur le front de la lordienne. Ses traits marqués par l’âge n’enlevaient rien à son charme, et pour rien au monde il ne perdrait cette mère qui l’avait toujours soutenu. Mais à cet instant, il devait s’en affranchir, il devait battre de ses propres ailes pour faire son nid loin du cocon familial. C’était un fait, et surtout sa volonté. Il était temps, et elle n’était qu’un obstacle sur sa terre. Avec regrets, mais sans se retourner, il la quitta à ses affaires et repartit préparer ses propres bagages pour le voyage qui s’annonçait. Il était temps de retourner sur cette planète qui ne connaissait pas le sommeil, sur ce monde d’acier qui dévorait les âmes de ses habitants, qu’ils soient pauvres ou bien très riches, chacun y trouvait son vice. Oui, il était temps … temps de s’interrompre, au détour du couloir, les dents serrées, les yeux fermés. Quelque chose … Quelqu’un … Ce chuchotement, cette douleur. Souffler pour essayer de s’apaiser, de la faire partir, mais non, encore quelques secondes, ou quelques minutes, il ne savait plus. Il n’avait pas bougé, adossé sur le mur froid, les yeux clos. Supporter ça, sans comprendre, oui, penser à ce qui viendrait ensuite … Espérer. Cela finissait par passer …
Plus tard dans la journée, l’heure du départ avait sonnée. Il était seul, cette fois-ci, Efhla l’attendait sur Coruscant. Il avait fait le choix de la confidentialité, pour garder la surprise même pour les siens. C’était une réflexion mûrement réfléchie, il le savait. C’était la meilleure chose à faire. Il avait son billet, son passeport falsifié, et ses affaires. Il ne manquait plus que l’élément essentiel. Il regarda l’heure, bien décidé. Les adieux étaient faits depuis quelques minutes, le cœur serré, mais c’était bon. Juste une chose. Juste la dernière chose. Planté devant le coffre-fort du Palais, il entama la procédure de sécurité pour commencer l’ouverture. Les multiples étapes étaient un peu longues, mais il fallait bien ça pour se garantir le droit du sang … Après tout, derrière cette grande porte qui entamait son ouverture, se cachait l’un des trésors de la famille royale, l’un de ceux que l’on conserve depuis des millénaires. Il ne l’avait pas vu autant qu’il aurait pu le souhaiter dans sa courte vie, mais il n’hésiterait pas, maintenant, à le prendre. Dans la pièce qui s’éclairait doucement, progressivement au fil de son passage, la silhouette dorée trônait devant Althar avec une arrogance non-dissimulée. Elle était fière, elle était droite, le menton haut. Une têtanne à l’état pur, une têtanne originelle. Le reflet même de ce que pourrait être Althar, s’il le souhaitait vraiment. Mais loin de ces considérations monarchiques d’un temps révolu, c’est avec deux mains hésitantes que le jeune Prince débarrassait maladroitement son aînée de son cerclage facial d’or pur. Ses mains étaient en mal d’une assurance qui lui faisait défaut à cet instant, face à ce geste qu’il n’aurait jamais pu imaginer, mais qui aujourd’hui révélait combien il était déterminé. Ce ne serait pas un simple instant, pas une simple folie passagère, ce serait un moment historique.
- « Mon Impératrice, pardonnez mon acte, mais je vous honorerai, soyez en sûre … Peut-être bien que vous en jugerez le contraire … C’est même certain, mais je n’oublie pas vos leçons, Mère de toutes les mères, je ne fais ça que pour continuer votre œuvre … J’espère que vous me comprendrez. »
Comme si la figure tutélaire le fixait de ses grands yeux, le Prince écartait avec beaucoup de prudence la coiffe antique, avant de mettre un genou à terre et s’incliner. L’ombre que posait sur elle l’imposante silhouette exprimait là l’étrange réponse d’un ancêtre jugeant son dernier descendant. Après tout, c’était aussi ça, qui était en jeu, au milieu de ce tourbillon de sentiments : poursuivre la lignée, et faire survivre un nom, une idée, un héritage. Plus que simplement faire naître une vie, il était question de perpétuer un passé millénaire, au nom du quel une famille tachait de faire le bien. C’était une ambition folle, vaine, souvent corrompue, mais qui pourtant animait depuis lors des centaines de descendants, les uns après les autres, une vie après une autre, jusqu’à parvenir à cet instant. Un Prince seul, en quête d’un amour illusoire, et d’un espoir simple … Lentement, d’un geste délicat, il se contenta de déposer l’imposant objet qui reflétait jusque son visage dans la boîte empruntée à cet effet, avant de se relever. D’un dernier regard sur la magnificence dorée qu’il venait de dépouiller, Althar se dépêcha donc de refermer le coffre-fort et de quitter Cinnagar. Il était temps.
Rhedatt Fanrel // Althar Fanrel Keto
Famille Royale d'Impératrice Têta - Héritier éternel.
Famille Royale d'Impératrice Têta - Héritier éternel.