- lun. 10 avr. 2017 17:10
#27301
Abîmé
- En tout et pour tout, Hayley R’izzan n’avait dû poser qu’une seule fois les pieds à l’intérieur du Temple Jedi de Coruscant. Elle n’avait jamais aimé l’endroit, elle l’avait toujours trouvé trop démesuré, trop prétentieux, bien trop éloigné de la vie humble dont les Jedi se voulait être les défenseurs. Luke avait beau penser que l’Ordre Jedi d’Ossus avait été une absurdité, il avait eût le mérite à l’époque d’être un flot d’espoir et d’indépendance, une voie que le Nouvel Ordre Jedi semblait avoir oublié. Plus encore, l’Ordre d’Ossus avait pour lui d’avoir été fondé parmi des ruines, rapprochant les Jedi de l’état à laquelle ils avaient été réduits. Le Temple de Coruscant n’était qu’un lieu fantoche, un monument du passé autoglorifiant les Jedi, les confortant dans une position de puissance qu’ils s’imaginaient détenir à nouveau. Une erreur de plus qu’elle leur reprochait.
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Plus encore que ces raisons forts triviales, elle n’était jamais revenu dans ce Temple pour la simple et bonne raison qu’elle avait sentit ses entrailles se geler la seule fois qu’elle avait marché dans ces couloirs longs et vides où les voix résonnaient. Les longs chants désespérées que créait les échos donnaient l’impression d’entendre des fantômes, les plaintes des Jedi du passé qui cherchaient à échapper à l’Ordre 66, leurs pas désespérés qui résonnaient dans les couloirs, les murmures d’une époque lointaine à jamais perdue qu’on voulait tenter de retenir sans la moindre once d’espoir d’y parvenir.
Hayley avait été une Jedi d’Ossus avant d’être une Rebelle, elle avait même été la seule des membres fondateurs qui avait fait partie de l’Ordre d’Ossus à avoir participé à la réunion qui avait amorcé la création du Nouvel Ordre Jedi, elle avait donc nécessairement un point de vue différent sur ce qu’il était advenu et son appréciation s’en trouvait changée. L’Ordre d’Ossus était une utopie, certes, mais qu’elle était belle cette utopie ! Hayley avait voulu y croire jusqu’au bout, même jusqu’à ce moment où Keran avait révélé sa trahison, menaçant la quiétude des lieux et la liberté de l’Ordre, un Ordre qui avait dû rejoindre bon gré mal gré les rangs de la Rébellion. Elle avait voulu y croire parce que c’était l’héritage de son père, quelque chose qu’elle avait voulu protéger jusqu’au bout, comme si cela avait pu perpétuer la mémoire de Ian Curwee. De là à dire que c’était pour ça qu’elle n’avait jamais su trouver sa place dans le Nouvel Ordre Jedi, il n’y avait qu’un pas.
Mais les sentiments et les doutes d’Hayley R’izzan, Maître Jedi du Nouvel Ordre Jedi n’était que de peu d’intérêt dans le propos qui nous concerne, celle-ci se trouvant actuellement aux prises avec ses propres démons dans un autre coin de cette galaxie lointaine, très lointaine.
Comme à son habitude Arial Organa se chargeait de coucher les younglings, leur apportant l’attention et l’affection que ce jeune âge nécessitait malgré tout, elle leur faisait alors réciter comme à son habitude le Code Jedi, comme une petite histoire qu’on se répétait et qui finissait par rentrer dans la tête et s’imposer petit à petit comme un dogme. Lorsqu’elle se fût assurée qu’ils étaient tous calmes et prêts à s’endormir elle éteignit la lumière et s’en alla du côté du balcon où elle avait l’habitude d’aller chaque soir pour prendre l’air et observer la circulation, le ciel, la ville…
Mais ce soir elle sentit quelque chose de différent, quelque chose qui s’exprimait via la Force, une sensation qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant. Il y avait une présence sur ce balcon, une présence qu’elle avait déjà ressenti une fois, lorsqu’elle se retourna elle eût la vision d’homme revenu entre les morts.
Il était grand, presque 1m90, une apparence musclée malgré une impression de relâchement, un visage buriné et barbu doté de petits yeux marrons profondément enfoncés lui donnait un air constamment renfrogné, le tout entouré de longs cheveux noirs qui donnait l’impression d’être mal lavés. Ses vêtements étaient peu orthodoxes : une chemise noire dont il laissait constamment le col ouvert, un vieux jean noir troué et des santiags elles-aussi résolument noires. Avec toujours ce même air las et fatigué, comme si il était venu au monde ainsi, monde qui l’avait conforté dans cette attitude. On entendit le déclic d’un briquet qu’on ouvrait et il s’alluma une petite clope. Sentant le malaise qui s’installait, il prit la parole de cette éternelle voix éraillée qui l’avait toujours si bien définie :
- - Salut ma p’tite Greuna. Ca roule ?
Constatant que sa façon de se conduire un brin fantasque n’avait pas le mérite de faire sourire son ancienne apprentie, il reprit de cette même voix :
- - Ouais, je sais c’que tu t’dis. Pas très clinquant l’vieux… T’as pas tort ma grande. Mais tu t’doutais bien qu’le vieux allait pas s’laisser foutre des habits d’Jedi comme si d’rien n’était…
Il lui adressa un sourire moqueur et se déplaça, lui et son halo bleuté, pour s’appuyer sur la rambarde du balcon. Il tirait sur le résidu spirituel qui était sensé être du tabac corellien, relâchant des volutes de fumées bleutées elles-aussi. Le vieux avait jamais aimé Coruscant, une planète de merde qui valait pas cette bonne vieille Corellia, mais bon, il avait fait avec, dans son état ce genre de considérations ça importait peu, non ?
- - T’as bien grandi ma poupée…
Il se rappelait d’elle comme d’une petiote de 8 ans, pas même capable de composer correctement une phrase, un souvenir qu’il chérissait. Elle avait été comme une seconde fille pour lui, il regrettait de n’avoir put la former jusqu’au bout mais il l’avait surveillé de là où il était, il savait qu’elle était devenue quelqu’un de bien.
- - Raconte donc à c’vieux Curwee comment tu trouves la vie d’Jedi.