- ven. 21 juil. 2017 23:08
#29226
Le 37ème
- Les flocons de neige emplissaient l’air, déposant leur fraîches caresses sur la peau des deux femmes qui s’observaient. L’une avait le teint grenat et l’on sentait une détermination farouche dans son regard, comme si elle n’était pas prête à abandonner, comme si elle savait qu’un échec signifierait la mort. Et pour cause c’était probablement le cas, car si Arial n’avait pas encore activé son sabre laser, son adversaire, lui, avait déjà activé une lame aussi blanche que le plus pur du nacre. Dissimulée sous sa capuche, il était difficile d’apercevoir son visage pour le moment, mais l’on pouvait déceler ici et là quelques traces permettant de déterminer qui pouvait être vraiment cette personne. La forme des mains, dont la pâleur confinait à la maladie, laissait indiquer que c’était une humaine ou une proche-humaine. Celle-ci semblait avoir une attitude plus bestiale, mais étrangement elle se tenait plutôt droite. Elle se mit en mouvement, faisant quelques pas d’un côté puis revenant, ne cessant pas d’observer la twilek pendant qu’elle effectuait tout ceci.
Il y avait certes une tension entre les deux êtres, mais également un malaise qui se révélait de plus en plus prégnant, à tel point que l’on aurait pu l’effleurer du bout des doigts pour en sentir l’influence. Parfois la forme faisait mine de ne plus s’intéresser à Arial, mais c’était pour mieux revenir à elle au bout de quelques secondes. Le bruit de ses pas dans la neige crissait avec force, résonnant dans toute la vallée. Au loin l’on pouvait apercevoir les contours d’un château comme seuls les peuplades orientales avait la faculté de les construire, le vent soufflait avec légèreté, dispersant les flocons qui continuaient à s’effondrer devant la beauté disgracieuse que la scène revêtait. Il y avait quelque chose d’anormal dans tout cela, Arial, bien que pas spécialement vêtue pour affronter le froid, ne ressentait pas la morsure glaciale du gel sur sa peau.
Le silence fût troublée par une voix dont la froideur n’avait pas à envier aux neiges éternelles qui peuplaient les éternelles montagnes qui s’élevaient au loin :
- - Je te souhaite la bienvenue chez moi, Fausse Prophète. Voudrais-tu bien m’expliquer ce qui t’amène en ces lieux ?
Elle leva sa main lentement en direction d’Arial, pointant mollement son index vers elle, index qui subissait les atterrissages forcés de quelques flocons de neige. La silhouette sembla se désintéresser de ce qui avait représenté une proie jusqu’alors, contemplant la neige qui s’abattait sur son doigt. Tout cela était d’une beauté mortelle, en voyant cela, elle eût un exquis goût de miel dans la bouche ainsi qu’une mélodie qui s’imposait. Ta da da da… Et cela recommençait. Ta da da da… Elle sentit son coeur se gonfler devant tant de magnificence, elle respira à fond l’air frais et le recracha presque aussitôt, comme s’il n’avait pas valu le coup d’être absorbé par ses poumons. La forme écarta les bras en croix, levant sa tête au ciel tout en éclatant de rire. Enfin ! Enfin ! Elle était libre ! Elle venait de comprendre la raison de la présence de la twilek en ces lieux, il lui suffisait de fouiller dans son propre coeur pour en déterminer l’identité, de sentir qui elle était. C’était évident ! Libre ! Libre ! Libre ! Elle touchait du bout des doigts sa liberté, il n’y avait qu’un seul obstacle à celle-ci et il se trouvait en face d’elle ! Cette petite forme frêle était censée lui barrer le chemin de sa liberté ! Ah ah ah ! Ô combien elle riait de constater que la Perdue n’avait envoyée qu’une Fausse Prophète pour l’affronter.
- - Fausse Prophète, tu sembles perdue en ces lieux, je me trompe ? On t’as envoyé ici sans te donner d’instructions claires et précises, c’est cela ? Mais qui a bien pu avoir cette effrayante idée ? Savais-tu seulement ce que tu devrais affronter en ces lieux ? Je peine à le croire et cela m’attriste profondément pour toi. Je ne prends aucun plaisir à tout cela…
Elle baissa la tête vers le sol recouvert d’un épais manteau de neige et fit un premier pas en direction d’Arial, laissant derrière elle une trace profondément enfoncée.
- - Je veux dire… Il y aurait tellement plus simple pour en terminer avec tout ceci. Tu le sais n’est-ce pas, Fausse Prophète ? On a dû te parler de cela, non ? Ou bien l’as tu peut-être envisagé même ?
Elle se retourne vers le soleil, levant ce qui semble être son regard vers l’astre dont la pâleur diffusait trop peu de chaleur en ces lieux.
- - Parfois il n’y a aucune place pour la Rédemption. Parfois l’on s’enfonce trop dans les ténèbres pour en ressortir indemne. L’on se fait entraîner par les tentacules qui les composent et c’est sans espoir.
Quelque chose dans son ton semblait indiquer une certaine tristesse. Le genre de tristesse que seul un être empathique pouvait manifester. Elle fit un autre pas vers Arial. Il restait une longue distance à parcourir pour l’atteindre, mais bientôt elles réduiraient cette mince frontière entre leurs corps. De cela, elle se délectait déjà. Elle leva son sabre au niveau de son visage, mais la lueur blanche ne semblait pas vouloir éclairer les ténèbres de la capuche de la créature.
- - Mais tu le sais, n’est-ce pas Fausse Prophète ? Tu en as conscience ?
Elle inclina sa tête de trente degrés vers la gauche, reprenant sur un ton un peu plus inquiétant :
- - Elle t’a dit que tout ceux qui venaient ici ne pouvait pas en ressortir, n’est-ce pas Fausse Prophète ?
Modifié en dernier par Hayley Curwee le dim. 10 sept. 2017 18:33, modifié 1 fois.