L'Astre Tyran

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By Jen'Ari Nekanasaza
#30468
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    La carte stellaire scintillait sous les yeux de la Mirialan. Elle se remémorait les paroles de son maître.

      « Continuez au Nord de Korriban. Dromund Kaas. Ch’hodos dans l’alignement. Continuez encore un peu, Ziost et Athiss. »

    La projection s’estompa lentement. Quand elle eut complètement disparue, le regard de Ranath s’attarda encore un instant là où s’était tenue Ziost.

    Elle avait finalement décollé de Balmorra. Le poing de l’Ombre était comme neuf, prêt pour de nouvelles aventures palpitantes. Il filait tout droit d’une destination à l’autre, ne laissant entrevoir de ses bons de géant que l’inlassable défilement d’étoiles. Entre deux sauts, il marquait toujours une courte pause afin de confirmer les seuils des résultats du calcul pour le prochain saut. Puis il tombait à nouveau en hyperespace, vers la prochaine étape de son voyage. D’habitude, la Sith lui tenait compagnie, assise au fond du siège du pilote, face au tableau de bord, à admirer la ronde étoilée. Mais cette fois, elle n’en avait pas envie. Ce tunnel lui donnait la nausée.

    Ranath était dans sa cabine, assise sur la couchette, les genoux ramenés près d’elle et maintenus par ses deux mains jointes. Tant de questions. Certaines qui avaient déjà trouvé des réponses, mais auxquelles il fallait répondre encore. Et des nouvelles, alimentées par des peurs lointaines ou des traumatismes récents. Ce lien mort, par lequel ne résonnait qu’un lourd silence. Et cet autre, tout nouveau, plein de vie et d’ambition, au bout duquel grandissait une menace. Était-ce que Darth Krayt avait ressenti à ce moment-là ? Au moment où la Mirialan s’était mêlé aux combattants. Au moment où la lame avait tailladé sa chair.

    Le vide. L’absence du Seigneur Noir était douloureuse. Il avait été un mentor, un protecteur. Il l’avait relevée, sauvée du sable, sauvée des Sang-Purs. Il lui avait offert cette vie. Elle la vivait avidement, et de manière si absolue … Il lui avait donné la liberté, celle de lui planter un couteau dans le dos. Sabina prendrait la même voie. Varadesh. Son absence, à elle, était une torture. Le lien était pourtant bien là. Mais impossible d’y faire transiter aucune émotion, aucun regret. Impensable. Ranath se l’interdisait. Jamais elle ne baisserait sa garde. Jamais elle ne s’abandonnerait à la confiance aveugle. La Pantoran lui manquait pourtant terriblement.

    La Sith se laissa doucement couler sur le flanc. Sa tête se posa silencieusement sur la couchette. Elle ferma finalement les yeux. Pour ne plus y penser. Pour ne pas pleurer. Seule, elle construisait sa carapace de solitude. Mais le calme ne dura qu’une fraction de seconde. Alors que Ranath espérait trouver dans le noir un peu de repos, la vision s’imposa de nouveau à elle. Il pleuvait toujours à torrent sous le ciel chargé de nuages menaçants. La pierre tombale se dressait fièrement au côté de ses consœurs pour porter loyalement la mémoire du défunt enterré à leur pied. Mais au pied de celle-ci, point de cercueil, point de cadavre. Un trou qu’on pourrait croire sans fin, creusé à la main, pour déterrer le secret. Les paupières de la Mirialan se soulevèrent brusquement afin de couper court au cauchemar. D’une main malhabile, Ranath se frotta le front, c’était douloureux. Son autre main glissa jusqu’à sa gorge pour l’enserrer délicatement. Quelle sensation désagréable …

    Le reste du voyage passa lentement. Très lentement. La jeune femme errait dans les entrailles de son petit vaisseau. Elle s’assit finalement dans le cockpit, à même le sol. Rien faire, elle ne voulait rien faire. Les pensées se bousculaient dans son esprit, elle ne parvenait pas à les traiter toutes. Dès qu’une était saisie pour y réfléchir, elle était chassée, effrayée par une autre idée, plus sombre encore. Et Ziost. Et Sabina. Et Krayt. Il y avait bien Harvk … Non, non, celui-là ne parlait que pour ennuyer. Ranath n’avait pas le courage de lui poser encore une fois la question. Toujours cette même question. Mais il répondait toujours la même chose, et allait jusqu’à lui faire remarquer qu’elle posait toujours la question. Non, c’était exagéré, elle n’insistait pas tant que ça … En fait, elle ne posait que cette question-là, tous les jours. Mais pas aujourd’hui, elle n’en pouvait plus. Harvk ne répondait jamais.

      « Je voudrais … que tout ceci n’existe pas. »

    C’était facile pourtant. Varadesh envoyée sur Korriban à faire on ne savait trop quoi. Kor’Rial perdue on ne savait trop où avec on ne savait trop qui. Il aurait été facile de rompre les liens, briser les chaines et disparaitre une bonne fois pour toute. Enveloppée du Voile, dans un endroit perdu, loin de tous. Alors pourquoi ne pas y aller maintenant, dans cet endroit perdu. Parce qu’il y avait Ziost. Pourquoi aller chercher l’holocron sur Ziost. Pourquoi chercher le savoir. Pourquoi chercher le pouvoir. Pourquoi s’imposer une telle épreuve.

    Il n’y avait pas que l’holocron sur Ziost. Quelque chose d’autre était apparu en même temps que les étoiles projetées depuis la main du Seigneur Noir. Depuis que la Mirialan avait quitté le Rédemption, elle était habitée d’une pensée récurrente. Qui s’était amplifiée sur Balmorra. La silhouette lui avait amené une vision. La tombe d’un enfant. Pourquoi poursuivre vers Ziost, ça n’avait aucun rapport.

      « Es-tu donc aveugle à ce point ... ? »

    Ranath enfouit sa tête entre ses bras, couvrant le haut de son crâne avec ses paumes. Elle attendit que la tempête passe. Elle attendit que le Poing de l’Ombre saute hors de son dernier tunnel et lui annonce l’arrivée à destination. Des heures, cela dura des heures. Le tableau de bord cria enfin la fin de son effort.

    Dos à la paroi métallique, la Mirialan releva la tête et se remit sur pieds. Elle était là, à demi éclairée de son étoile et accompagnée de ses deux lunes. Ziost.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#30508
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    Le Poing de l’Ombre amorçait sa descente vers la haute atmosphère de Ziost dont on ne discernait qu’une immense mer de nuages. Comme subjuguée par cette apparition, Ranath ne lâchait pas le globe des yeux, elle ne pouvait en détacher son regard. La Sith n’avait pas oublié ce pourquoi elle était là, son objectif était précis et occupait désormais toute sa pensée. Si bien que la jeune femme ne se rendit pas compte combien la planète elle-même l’attirait, bien plus encore que la récompense qui l’y attendait. Ziost, il n’y avait plus que Ziost.

    Le vaisseau, après s’être silencieusement glissé dans l’exosphère de la planète, entra en thermosphère, déclenchant par la même occasion les procédures appropriées à la descente vers la surface d’un astre tellurique. Le tableau de bord annonçait de fortes variations de température et l’ordinateur se chargeait d’ajuster les boucliers afin de contrer les plus hautes sollicitations. Le cargo poursuivit toutefois son chemin, jusqu’à pénétrer dans la mésosphère, tous boucliers énergétiques à pleine puissance pour se prémunir de l’inévitable abrasion qui aurait nettement attaqué la coque métallique, bien que munie d’un bouclier thermique efficace.

    Dès cette épreuve franchie, Ranath reprit la main, déviant le Poing de l’Ombre de sa trajectoire prédéfinie pour modifier l’angle d’attaque et ralentir l’approche. Le vaisseau décrivait désormais une orbite descendante, passant d’une hémisphère à l’autre avec une apparente lenteur, du jour vers la nuit et de la nuit vers le jour. La visibilité était toujours obstruée de nuages tenaces, régulièrement éclairés d’éclairs bleutés. La Sith, de temps à autre, jetait un coup d’oeil au radar. Il n’y avait rien. Puis un autre vers l’altimètre dont la valeur affichée chutait tout doucement. Sans trop savoir pourquoi, la Mirialan appréciait ce moment si particulier, cette descente vers Ziost, plus que n’importe quelle descente vers n’importe quelle autre planète. Et la lenteur de l’approche, qui ne faisait que retarder la découverte, accroissait davantage l’attrait de l’astre mort.

    L’épaisse strate de nuages fut enfin traversée. Le Poing de l’Ombre en émergea discrètement. Ranath avait jugé bon d’activer le système de camouflage, au cas où. Elle ne savait pas à quoi s’attendre, une fois la surface révélée, mais la vue que lui offrit Ziost lui donnait entière satisfaction. Là, en bas, elle pouvait discerner les hautes chaînes de montagnes enneigées dont se détachaient les pics les plus décharnés, sur lesquels aucun flocon n’était parvenu à s’accrocher. Et plus la distance qui séparait le cargo du sol s’amenuisait, plus les reliefs se voulaient abruptes. Les vallées se dessinaient, on distinguait au fond d’elles des torrents sinueux qui se jetaient dans des lacs figés par la glace. Parfois, à flanc de colline, se dressaient quelques ruines noircies par le temps. Plus bas, dans les plaines, trônaient les vestiges de villes abandonnées. Il semblait qu’aucune structure n’avait résisté aux conflits, et encore moins au temps.Le scanner ne parvenait qu’à révéler la présence mineure de quelques êtres vivants, probablement pas des humanoïdes. Un monde mort.

    Des heures et des heures passèrent. Du jour vers la nuit. De la nuit vers le jour. Ranath scrutait le sol, à la recherche de l’unique indice que son maître avait bien voulu lui confier. Le Poing de l’Ombre s’approcha encore, offrant à son pilote une vue imprenable sur la large vallée fichée entre deux monts. Encore un champ de ruines. Mais celui-ci avait pour lui l’avantage de se trouver mieux conservé que les autres. Le toisait un imposant bâtiment, une véritable place forte aux murs épais et aux fenêtres étroites. Là la Sith jeta son dévolu. Elle commencerait par là, par ce qui ressemblait à la citadelle décrite par le Seigneur Noir.

    La Mirialan dirigea le vaisseau vers son objectif, cette fois à la recherche d’une aire suffisante pour se poser. La manoeuvre s’éternisait. Et quand enfin les trains d’atterrissage du Poing de l’Ombre se stabilisèrent, Ranath se laissa aller en arrière. Elle était arrivée. Elle s’accorda une brève pause, après des heures de recherche et de faux espoirs. La Sith enlencha les checks d’usage avant l’ouverture de la rampe. Et pendant que l’ordinateur analysait l’air ambiant, la jeune femme ferma les yeux. Et les rouvrit quand l’alarme de fin de procédure retentit. Tout semblait propice à une sortie prochaine.

    Ranath quitta son poste alors que le cargo s’endormait tranquillement. Elle s’équipa consciencieusement. Tout un attirail pratique pour une exploration efficace à la surface d’une planète aux températures négatives. Mais rien d’encombrant. Avant de s’aventurer au dehors, la Mirialan projetta son esprit au delà de la coque métallique qui constituait son refuge. Aux alentours, il n’y avait pas âme qui vive, en apparence du moins. La Force et l’obscurité de ce monde pouvait offrir bien des recoins où se dissimuler.

    La rampe libéra finalement la Sith, qui s’avança précautionneusement à l’extérieur. Outre le mordant du vent glacial qui soufflait, l’odeur de Ziost s’avéra surprenante. C’était un mélange de terre humide et de bois mourant, l’odeur d’une forêt pourrissant. Les murs qui tenaient encore vainement debout étaient couverts de lichen gris. Poussaient également un peu partout des ronces aux épines acérées qui se nichaient là où le soleil parfois perçait. La rampe du Poing de l’Ombre se referma. Ranath effectua un rapide tour d’horizon, comme pour confirmer qu’il n’y avait rien d’autre ici que ces végétaux décharnés et les ruines qui faisaient chanter le vent. Sur ses gardes, elle se dirigea finalement vers la citadelle qui dominait la place.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#30563
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    De toute sa hauteur, elle toisait Ranath, la citadelle projetait son ombre menaçante devant elle. Si tout n’était plus que ruine ici, l’imposant édifice semblait avoir survécu, traversant les âges, résistant aux rafales glacées, et narguant les rares visiteurs qui étaient venus le contempler.

    La Sith s’approchait, son appréhension s’amenuisant paradoxalement avec la distance qui la séparait de son objectif. Elle atteignit la porte sans avoir croisé l’ombre d’un chien, ni même avoir entendu le cri sinistre d’un oiseau. Seul ici vivait le vent qui soulevait des gerbes de neige grise. Face aux deux gigantesques vantaux d’acier, Ranath ne ressentit aucune peur. Elle n’était qu’impatience, inconsciente des dangers que pouvait renfermer un tel sanctuaire obscur. La jeune femme posa sa main sur la porte qu’elle découvrait comme un trésor. Elle saisit finalement de l’anneau du battant du guichet et tira fermement dessus. Pour seule réponse, elle n’obtint que le sourd claquement du loquet fermé dans la gâche.

    Sans un soupir, sans un juron, la Mirialan se détourna de la porte. Elle longea le haut mur de la citadelle, le regard rivé vers les sommets. Les fenêtres ne manquaient pas, mais toutes étaient ferrées et inaccessibles. Se présenta enfin une coursive au muret détérioré et sur laquelle un homme en armes aurait dû exécuter sa ronde. Située à plusieurs mètres du sol enneigé, Ranath l’observait avec envie. Elle prit quelques pas d’élan, groupa pour s’étendre brusquement en un saut qui la projeta jusqu’à cette aspérité du mur. La Sith s’y accrocha de ses deux mains, crispant les doigts sur la pierre froide. Elle posa également la pointe de ses pieds sur la façade, profitant de son aspect irrégulier pour stabiliser ses appuis. La Mirialan arqua de nouveau, et poussant de toutes ses forces sur pieds et paumes, bondit jusqu’au rebord de la coursive qu’elle attrapa d’une main ferme. Elle put trouver appui pour son pied gauche et se hissa sur le bas chemin de ronde.

    Le sentier de pierre lui offrait une voie toute tracée, Ranath la suivit sans hésitation jusqu’à trouver la porte dérobée qui donnait accès à la citadelle. Son verrou avait été fracassé, et le battant repoussé au maximum. Tout laissait à penser que la visite d’un intrus avait précédé la venue de la Sith. Bien des hypothèses alors, pouvait être formulées. Mais la jeune femme se contenta de se saisir de son sabre et d’entrer. Un couloir, un escalier, un autre couloir. La pierre qui avait noirci donnait un air lugubre à l’intérieur austère du bâtiment. Ranath errait dans les entrailles de la citadelle, sans véritable but. Elle explorait, à la recherche d’un recoin où marquer une pause. Là, elle pourrait s’asseoir un instant, fermer les yeux, et se concentrer sur l’objet de sa venue. Elle pourrait communier pleinement avec l'édifice empreint de cette obscurité qui n’était pour l’instant qu’une oppressante charge sur ses épaules.

    À mesure que la Sith déambulait, elle sentait son ancrage dans le réel s’amoindrir et le poids de son propre corps s’alléger. Enfin, ce large couloir déboucha sur un vaste hall bordé de colonnes et dont les hautes mais étroites fenêtres éclairaient irrégulièrement l’endroit. Ranath s’avança de quelques pas vers le centre de la salle, son regard glissa sur sa droite, jusqu’au sommet des marches, et se posa sur le trône. Il n’était ni imposant, ni terrifiant, ni reluisant. Ce n’était qu’un sobre siège de pierre froide. La Sith le contempla longuement, immobile.

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    Un bruit soudain, l’écho sourd d’une porte qui se referme, attira son attention sur la gauche. Crispant le poing autour de la poignée de son sabre, la Mirialan projeta son esprit au-devant, à la recherche de l’intrus. Mais de ce côté-ci, il n’y avait personne. Tandis qu’elle scrutait l’obscurité, son oreille capta derrière elle le bruissement d’une étoffe qu’on froisse. Ranath fit volte face, braquant son regard sur celui qui l’observait depuis le trône. Elle le sonda machinalement, mais ne trouva en ce corps aucun esprit. Seul un contact visuel put être établi, engendrant chez la Sith une frustration sans équivoque.

    L’inconnu se leva, il était enveloppé d’une bure brune dont la capuche dissimulait de son ombre les traits de son visage. Parée à dégainer, Ranath s’approcha de la silhouette, elle était sans peur et prête à se battre. Mais avant qu’elle ne put formuler quelconque avertissement, l’étranger rabattit sa capuche en arrière, découvrant aux yeux de la Sith une peau d’émeraude ornée d’arabesques noires d’encre et une chevelure ébène rassemblée en une longue tresse torsadée. Ces traits fins étaient ceux d’une femme, une Mirialan dont les yeux d’un bleu profond posaient sur Ranath un regard inquisiteur.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#30573
    Sa plus grande peur. La conscience d’un Jedi, contemplant ses crimes depuis les hauteurs d’une vie juste et sans vice. Quel serait le jugement ? Quel serait le châtiment ? Laisser ressurgir les considérations enfouies n’amènerait que douleur et regret. Rongée par la culpabilité, il serait alors impossible d’aller à nouveau de l’avant. Clouée au sol par le poids du remord. Prostrée dans l’ombre en attendant la rédemption. Ne rien faire et ne jamais obtenir pardon. S’éteindre. Périr. Ou tuer. Engager le combat. Se jeter dans la bataille. Une guerre contre soi-même. Annihiler cet ennemi mortel revenu des profondeurs d’un esprit blessé. Détruire.

    L’effort à fournir pour poser un pied devant l’autre fut considérable. Lutter contre la peur paralysante. La peur de soi-même. La peur de perdre contre soi-même. Un deuxième pas. Puis un troisième. Ranath resserra son emprise sur la poignée de son sabre et bondit sur son adversaire, projetant vers elle toute sa rage. La lame améthyste ne surgit pas. Le sabre avait quitté la main de la Sith. Comment … Je brandis l’arme de mon mentor, éclairant ces lieux obscurs de sa lame. Avec un vrombissement sourd, le sabre balaya l’espace nous séparant. Ranath, stoppée dans son élan, se figea de nouveau tandis que débutait son procès.

      « Tu n’es pas digne de cette arme. »

    Je m’avançai à mon tour. La Sith m’opposa sa seconde lame dont l’éclat pourpre n’avait d’égal que le vermeil du sang versé par son propriétaire originel.

      « Ne possède-tu pas ton propre sabre ? »

    D’un violent coup de taille, ma lame fit voler la sienne qui abandonna sa paume ouverte par le choc. De ma main libre, je vins puiser en moi l’énergie qui m’habitait, et la projetai vers Ranath, une Poussée de Force qui la renvoya plusieurs mètres en arrière. Son dos heurta le sol, ses poumons brusqués éjectèrent douloureusement tout l’air qu’ils avaient emprisonné. Sur le visage de mon bourreau se lisait une peur absolue. Je désignai la Sith du doigt.

      « Regarde. »

    La douleur transperça les tempes de Ranath qui se recroquevilla au sol avec un cri involontaire. Elle fut forcée de voir en elle, cet esprit malade, et au-delà, le dôme scintillant, fendu d’une fissure suppurante. La blessure du Tout Puissant, par laquelle il lui avait soutiré bien malgré elle mes précieux souvenirs. Il y avait une faille dans ses défenses, le bouclier était brisé. Il ne pouvait plus contenir ce qui était enfermé depuis déjà trop longtemps. La plaie s’élargit, déchirant le dôme de part en part et libérant les premiers cauchemars de Ranath.

    L’oubli. La fin. La chute vers le sol. Les sermons d’Helera. Les larmes d’Isabo. Mirial. Le courage. La maison. La peur.

    La distance qui nous séparait se trouva brusquement réduite. La Sith, malgré la douleur qui saturait ses sens, empoigna l’une de ses dagues et la planta violemment dans ma cuisse gauche. La morsure de l’acier m’arracha un cri vain. Ranath, tirant sur la poignée de son arme de fortune, élargissant la blessure fraîche, parvint à se remettre sur pieds. Elle retira la lame de ma chair, et de son autre main saisit ma gorge, enfonçant ses ongles dans ma peau. Nos regards se croisèrent, et pendant un instant, je pus contempler l’or de ses yeux emplis de haine.

      « QU’EST-CE-QUE TU AS FAIT !? »

    Son poing armé s’éleva et s’abattit sur mon torse, perforant avec force peau et muscle. L’attaque, cette fois, me laissa indifférente et j'attrapai à mon tour sa gorge, comprimant sa trachée jusqu’à lui faire lâcher prise.

    L’enfant. Les ténèbres. Le maître déchu. Les ténèbres. L’enfant. Le Zabrak. Marak.

    L’air trouva à nouveau le chemin des poumons. Ranath était seule au milieu de la pièce. Elle tomba à genoux et enfouit son visage entre ses mains. Elle aurait voulu pleurer mais n’y parvenait pas. Les souvenirs défilaient à toute vitesse, désordonnés et tous plus douloureux les uns que les autres. Toutefois au coeur de cette valse infernale, perçaient les traits d’un visage amical. Il affichait un sourire serein et dont le regard n’exprimait aucun mépris. Ce combat lui importait peu. Les actes, si sombres soient-ils, seraient pardonnés. Lui, il la pardonnerait. Le Zabrak s’éloigna. Ranath tenta de le retenir, d’agripper le bas de son manteau, mais il disparut lui aussi.

    Image Le silence. Absolu et oppressant. Même le vent s’était tu. Le regard de la Sith tomba sur ses mains ensanglantées. Les mains d’un assassin. Elles avaient tué, pour se défendre, pour obtenir des informations, pour protéger Isabo, pour venger Sabina. Était-ce mal ? Leur mort était inutile ! Aurait-elle pu l’éviter ? Pourquoi tuer ?

    Défilaient sous les yeux de la Mirialan les visages de ses victimes. Ils étaient tous laids et sales. Des pillards, des violeurs, des saltimbanques. Autant d’âmes pourries par le vice. Chacun d’eux avait commis bien plus de crimes que Ranath ne pourrait en commettre en toute une vie. Toutes les victimes d’une guerre sainte ne valait même pas la mort préméditée donnée par l’une de ces charognes. Alors pourquoi les regretter …

    L’ombre des colonnes qui bordaient la salle s’allongeait lentement et vrillait pour converger vers la Sith. Toute la pièce fut finalement plongée dans l’obscurité, les ombres pourtant, continuaient de danser et de pulser au rythme léger des battements du coeur de la Mirialan. Et devant elle, le trône, au sommet de ses quelques marches, laissait échapper une douce lueur. Elle semblait si proche, et si lointaine à la fois. Ranath la regardait fixement, elle ne pouvait en détacher son regard. Cette lumière lui inspirait réconfort et sérénité. Jamais plus elle ne quitterait cet endroit désolé. Ziost serait son royaume. À loisir, elle y serait seule, et tout ce qui n’était pas Ziost, pourrait cesser d’exister.

    Les larmes enfin furent libres de couler. Le remord dévorait tout. Chaque souvenir, qu’il fusse heureux ou malheureux. Tout ce qui avait était bon devenait mauvais. Tout ce qui avait était mauvais devenait insupportable. Et plus Ranath prenait connaissance de mes souvenirs, plus ses larmes coulaient, plus le regret la rongeait. Toujours à genoux, elle saisit la dague qu’elle avait laissé tomber à terre, le regard toujours braqué sur le trône. Elle songeait à la mort, la douce mort avec laquelle on oubliait tout tracas, avec laquelle la culpabilité s’envolerait.

    Ce n’était pas assez ! Ces mots qui résonnaient à ses oreilles, je me devais de les lui dire tout haut.

      « Vois ce que tu as fait de moi ! Tu étais ma gardienne, tu devais me préserver. Au lieu de cela, tu as tué et trahi. »


    Son regard implorant glissa jusqu’à moi. Elle articula sans pouvoir produire un son. Pardon … Sa seconde main referma son emprise sur la dague. Ranath, d’un geste tremblant mais brusque, se frappa. J’arrêtai la lame à temps pour épargner sa carotide.

      « Ne crois pas t’en tirer comme ça. Tu vas payer pour ça. »

    Ces mots heurtèrent la jeune femme qui tenta de se dégager en tirant vers elle son poignet que je retenais prisonnier.

      « Mais tu es … »

    La panique s’empara d’elle. Plus elle se débattait, plus mon étreinte l’enserrait. La vérité était effrayante.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#30615
    Dans cette lutte presque statique, nous tentions tour à tour, elle de libérer sa main et moi de l’attirer vers moi. Je cédai finalement du terrain à mon adversaire, lui laissant soupçonner qu’elle s’était débattue avec une force suffisante. Mais je profitai de l’élan qu’elle me donna pour me jeter sur elle. La lame de la dague frôla l’oeil de la Sith, entailla sa joue et se ficha en définitive dans la jointure entre deux pavés. J’appuyai encore sur le poignet de mon adversaire de sorte à tordre puis casser la lame. Je lâchai cette main désarmée au profit de la gorge de Ranath. Je serrai aussi fort que je le pus, et avec une telle rage que la Sith bascula en arrière. Son dos heurta la pierre froide du sol et je me penchai au-dessus d’elle, ajoutant une pression supplémentaire sur sa trachée.

    L’air avait cessé de transiter vers les poumons. Ranath me lançait un regard apeuré. Le plafond au-dessus de nous disparut de son champ de vision. Bientôt elle ne vit plus non plus mes épaules, ni les bords de mon visage. Mes contours devinrent flous, les traits de mon visage s’entremêlèrent. Ne demeuraient que mes deux yeux, brillant d’une flamme meurtrière. La Sith les fixait bien malgré elle. L’azur rongé depuis la pupille par l’or du vice. À toute vitesse, les images défilaient en sa pensée. Tous mes doutes, toutes mes impatiences, et toute ma haine, elle les partageaient désormais avec moi, elle en prenait pleinement conscience. Ce qui avait toujours été là, enfoui par les soins d’un Jedi instable.

    On m’en avait averti, mais je l’avais toujours nié. Pire encore, je l’avais caché. Pour qu’on me laisse en paix et libre de mes mouvements. Mais cette liberté n’était qu’apparente. Ils n’avaient cherché qu’à endiguer mes pensées, qu’à tracer le chemin que je devais suivre pour servir leurs intérêts. Je l’avais toujours su. Et malgré cela, bien honnêtement, je m’évertuais à obéir, esclave de préceptes idiots. Revenir au Temple avait été une erreur. Croire aux enseignements des Jedi en avait été une autre. Suivre cette voie, imposée depuis mon plus jeune âge, et se persuader d’une destinée grandiose. Des mensonges. Ils avaient menti. Tous.

    Bien longtemps j’avais cherché à préserver la paix, et la mienne intérieure en premier lieu. Si bien qu’en cet écrin j’avais placé tout ce qui m’apparaissait bon et juste. C’était un trésor, un cadeau des Jedi, je me devais de le sauver de tout ce qui pourrait arriver de néfaste à mon corps. Laissant ainsi libre cours à des démons insoupçonnés et jamais affrontés. Tout ce qui aurait dû être enfermé, tout ce qui était enfoui, ressurgit. Et toi, Ranath …

      « Tu aurais dû crever bien avant aujourd’hui … »

    Je serrai encore. Sa peau, sous la pression, se tuméfiait et noircissait, pour mon plus grand plaisir. Allait-elle se laisser crever … Je sentis son bassin se soulever, son pied prendre appui sur le pavé rèche. Elle tenta de donner un premier coup de hanches pour me déséquilibrer, mais je ne bougeais pas. Enfin, son bassin pivota sur le côté, et prenant un second appui, elle me fit basculer au-dessus de sa tête, forçant mes mains à lâcher prise. Elle se releva d’un bond, trébucha, tomba, se releva encore, plus lentement cette fois. Nous nous faisions face.

      « Mya, arrête. »


    Arrêter ? Rien ne me mit plus en colère que son injonction. Je dégainai mon sabre, sa lame pourpre de son éclat vibrant illuminait nos deux visages.

      « Ne renonce pas. »

    Elle se refusait à prendre les armes à son tour, elle habituellement si agressive. Voilà qu’elle en était réduite à essayer de gagner du temps comme cette empotée de …

      « QU’EST-CE-QUE TU AS FOUTU AVEC HELERA ?! »

    Je découvrais en son esprit malade les rebuts d’une amitié gâchée. Ranath haïssait Helera. Elle l’avait attaquée, blessée, repoussée. Non …

      « Tu vas crever … »

    J’engageai le combat, tranchant à hauteur de terre. Mon adversaire esquiva, se débina, recula jusqu’aux escaliers quittant la salle. Sans jamais rien tenter à mon encontre, elle se précipita à l’étage, vers une coursive à la stabilité incertaine. Je lui jetai mon sabre pour lui faucher les jambes, mais la Sith l’évita de justesse avant de s’étaler au sol de toute sa longueur. La structure de pierre trembla. Je m’avançai d’un pas et frappai violemment le sol, libérant toute ma rage de ce coup de poing. La coursive s’ébranla, la pierre sous Ranath s’affaissa et toute la passerelle s’effondra. Mon bourreau fut entraîné par la ruine de l’édifice, vers une profondeur que je ne soupçonnais pas. Là, en bas, il n’y avait qu’un vide infini.




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    Une minute. Une heure. Une journée. Une semaine. Qui sait.

    Ranath ouvrit les yeux. Elle les referma. Les rouvrit. Elle sentait sous son épaule la froideur d’un sol dur et coupant. Elle voulut basculer sur le dos, ou se relever, mais aucun muscle ne semblait réagir. Elle voulut tendre la main, mais c’était impossible. À mesure qu’elle prenait conscience de son incapacité, la douleur envahissait son système nerveux. Du bout des orteils, jusqu’au sommet de son crâne. Une souffrance sans pareil.

    Faisant lentement rouler ses globes oculaires, la Mirialan observait les alentours. Il faisait sombre, mais l’endroit était éclairé de fins rais de lumière qui provenaient de sources inconnues. L’oeil de Ranath s’habitua peu à peu à l’obscurité et détaillait de plus en plus de recoins. La roche était verdâtre, anthracite par endroits. Elle semblait tranchante et … là elle était rouge. Rouge comme le sang. On aurait dit ici un morceau de chair arraché. La Sith détourna les yeux, posant le regard sur une flaque non identifiée dans laquelle elle baignait. Une flaque de sang.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#30682
    Tout ce sang.

    Des yeux de Ranath, se mirent à couler des larmes. Des larmes brûlantes dont le feu ne fut apaisé que par ses paupières à nouveau closes. La jeune femme ne pouvait contenir ses sanglots, qui par petits soubresauts, attisaient la douleur déjà omniprésente. Chaque petit morceau de chair composant ce corps paralysé souffrait le martyr et envoyait au centre nerveux un message de détresse, saturant le système dans son entièreté. Il n’y avait plus que la douleur. Aucune pensée. Ni passé, ni futur. Seulement l’insupportable présent.

    Le bruit sourd d’une masse flasque tombant. Quelque chose effleurant son dos. Un sursaut de surprise. Puis la peur. Son tourment n’en fut qu’amplifié. Elle avait bougé, porté les mains sur son torse. Elle pouvait se mouvoir. Lentement, bataillant contre ses tendons durcis par l’effort violent, luttant pour oublier ses maux. Sa paume en appui sur le sol, baignant dans cette flaque visqueuse, Ranath se hissa au-dessus de son bras tendu, soulevant son buste pour se redresser. Elle voulut poser l’autre main, mais la première glissa. Elle perdit le contrôle, retour à la case départ, son crâne heurta la roche comme une pierre jetée depuis les hauteurs. Le noir complet.

    Le cauchemar fut terrible. À l’angoisse grandissante d’une proie contrainte à l’immobilité, se mêlait l’effroi de l’approche irrémédiable d’un prédateur tenace. Ombres et lumières dansaient au rythme des battements du coeur de la victime. Une mâchoire garnie de crocs acérés arrachait chair et os, tirant sur les membres pour les détacher de leur corps. Une paire d’yeux exorbités assistait au macabre spectacle bien malgré elle. Bientôt son tour.

    Ranath se réveilla en sursaut, roula sur le côté. Attrapant le roc le plus proche, elle se releva. Le tranchant de la pierre lacéra ses paumes. Le regard de la Mirialan se posa sur les multitude de petites plaies rougeâtres. Toutes ces encoches tiraillant la peau laissèrent la jeune femme longtemps interdite. Elle reprenait lentement conscience. Où était-elle ? La roche, la lumière, le sang. Du sang partout. Et cette forme, là bas … Ranath plissa les yeux dans un espoir de réponse immédiate. Elle le regretta aussitôt. Ça ressemblait à un visage. Un visage mort.

    La Sith oublia ses mains un instant, portant son regard tout autour d’elle. Les corps, par centaines, jonchaient le sol. Des corps nus, marqués de leur dernier combat, un combat fatal. Transpercés, déchiquetés, démembrés. Des bras arrachés trainaient au côté de leur épaule, des mains au côté de leur poignet, des têtes au côté de leur cou. Elle identifia alors ce monticule hétérogène comme un amas d’entrailles à peine vomies par un abdomen tranché de part en part. Ici c’était un crâne explosé contre l’arête d’un bloc rocheux.

    Ranath porta ses deux mains sur sa bouche crispée d’effroi. Le sang tâcha ses lèvres et ses joues déjà ternies par la crasse de la mystérieuse caverne. Quand sa mémoire faillible reconnut enfin les visages, elle poussa un cri strident. Un cri d’horreur. Tous avaient un nom. À ses pieds, les pillards de Korriban. Un peu plus loin, les malfrats de Coruscant. Là bas, les mercenaires de Dargul. Quelle importance ! Des assassins ! Déjà morts à l’intérieur. Égarés sur une voie obscure. Mais au-delà des cadavres des malfaisants, gisaient, en plus mauvais état encore, méconnaissables sous leur masque de mort, et dans un état de décomposition avancé, les innocents. Abandonnés. Dupés. Trahis. Des Jedi, des amis, des connaissances.

    Aucun cri cette fois ne put soulager le mal induit par une telle vision d’horreur. La Sith se laissa simplement glisser jusqu’au sol, son dos plaqué contre la roche saillante, déchirant la maigre chair de son dos. Elle s’immobilisa ainsi, genoux groupés contre la poitrine et bras enserrant ses jambes. Son regard courait parmi les corps inertes. À chacun d’eux était associé un souvenir, une bribe de fin tragique, parfois lente, parfois rapide, souvent violente.

    Là-haut, le plafond de la grotte s’effrita de lui-même. Perça depuis l’ouverture nouvelle un fin trait d’une lumière bleutée. Avec les gravas, tomba une silhouette gracile. La Mirialan, béate, la suivit des yeux. Baignée de lumière, la peau de ce nouveau cadavre étincelait d’un bleu resplendissant digne du saphir. Non !

      « C’est un bien maigre tribu que tu paies là. »

    Sans plus réfléchir, oubliant les corps sans vie, Ranath se précipita vers le point de chute. Elle enjambait les visages bouffis, piétinait les torses affaissés. Elle courait, trébuchait, tombait nez à nez avec l’un d’eux, se relevait, recommençait. Le corps de Sabina atteignit le sol bien avant que la Sith ne puisse le rejoindre. Sa cage thoracique explosa à l’impact, brisant côtes et colonne vertébrale, libérant à l’état de bouillie les organes les plus fragiles.

    Il était désormais impossible à la Mirialan de détourner le regard. À quelques mètres d’elle, la Pantoran défigurée. Elle s’en approcha lentement, posant une main tremblante sur le bras désarticulé de la gamine.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#30696
    La main de la Mirialan remonta jusqu’à l’épaule du corps inanimé de Sabina. Sa peau était douce, encore tiède. Les doigts d’émeraude longèrent le cou, franchirent la mâchoire, s’arrêtèrent un instant sur les lèvres sombres. Le regard de la Sith se posa dans les yeux entrouverts de la gamine. Ils avaient perdu leur éclat, il n’en émanait plus aucune lumière. Pourtant, Sabina, même dans la mort, demeurait magnifique. Ranath n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi beau.

    En silence, la tête basse et les yeux fermés, la jeune femme laissa couler ses larmes une fois encore. C’était arrivé. Elle était seule, vraiment seule. Son apprentie s’était éteinte. Et sans qu’elle ne s’en rendit compte, le corps de la Pantoran s'effrita en une cendre vert de gris, mue par l’imperceptible brise qui traversait la caverne. De Sabina, il ne restait plus rien. Le maître,sans son élève, se trouvait démuni.

    De la peine naquit la souffrance. Elle se changea en douce colère. Puis en rage sombre. Ranath ne pleurait plus, elle serrait les dents, serrait les poings. Sa main directrice, en un éclair brusque, saisit le sabre qui trônait dans la cendre. Machinalement, le regard de la Sith s’éleva jusqu’à la brèche dans le plafond rocheux. Elle se remit sur pieds, s'agrippant à son sabre. D’un bond svelte, elle se propulsa sur un bloc abrupte, stabilisant la réception de sa main libre. Un nouveau saut la conduisit sur un promontoire plus haut encore. L’ouverture n’était plus qu’à quelques mètres. Elle attacha à sa ceinture l’arme de son mentor, puis s’élança, visant juste et parvenant à s’accrocher au bord du trou. La Mirialan se hissa avec hargne dans la brèche, ne manquant pas de s’écorcher le genou au passage. Mais rien, plus rien ne pouvait entamer sa détermination désormais.

    Aussitôt qu’elle fut à nouveau sur ses deux jambes, la Sith dégaina son arme. Elle savait où chercher, elle savait où trouver. À l’extrémité de cet immense couloir était une salle dont les murs formaient un cercle et ornée de trois anneaux concentriques de piliers massifs. Ici, rôdait le fantôme de la Jedi déchue. Tuer.

      « Tu ne peux la tuer. »

                « Elle te contient. »

                          « Tu lui appartiens. »

            « Tu es vide. »

                    « L’expression de sa peur. »

                                  « Elle te vaincra. »

            « Tu mourras. »

                      « Elle regagnera la Lumière. »

                                      « Ton cadavre brûlera. »

                        « Toute ombre en elle s’évaporera. »

              « Je la tuerai ! »

                    « Tu dois mourir pour la sauver. »




      Image J’étais résolument décidée à l’abattre. Elle menaçait de sa présence, ce qui m’était cher. Ma liberté. Mon identité. Mon apprentie. J’avais toujours été persuadée que nous ne faisions qu’un seul être. Que j’avais hérité de son histoire. Que j’étais née pour nous sauver. Je ne m’étais jamais envisagée comme une erreur de parcours. J’étais là. Et ça me suffisait. J’évoluais. Je progressais. Je n’avais jamais soupçonné que Mya me haïrait. Qu’elle haïrait ce qu’elle était devenue. J’étais Mya.

      J’avançai entre les piliers. Dans cette salle, aucune ombre ne s’étirait au sol, malgré la lumière provenant du centre. Seule mon ombre persistait derrière moi, elle suivait mes pas. Je ressentais la présence de mon ennemie. Je la savais cachée ici, attendant de pouvoir me planter sa lame dans le dos. La Jedi usait de perfidie. La Jedi tuait. Il n’y avait plus en Mya qu’obscurité désormais. Elle avait sombré. Ses yeux, j’avais vu ses yeux. Injectés de sang, à l’iris doré comme une pièce d’antique monnaie. Sa colère avait eu raison d’elle.

      Je perçus soudain un mouvement et pivotait instinctivement vers son origine. Une ombre se dessina alors sous mes yeux. Une silhouette alerte, plaquée contre la pierre d’une colonne de granit. Je m’approchai suffisamment près pour qu’elle daigne quitter sa cachette, dégainant sa lame pourpre avec un cri de rage. Elle se jeta sur moi, balayant l’air avec force et conviction. Mya ne cherchait pas à me repousser, elle attaquait dans l’unique but de me trancher la gorge. Sur son visage marqué par la fureur, les tatouages avaient perdu de leur intensité. Sa peau même ternissait. Ses cheveux emmêlés dansaient au rythme de ses mouvements.


      Image La vermine sith avait retrouvé son chemin parmi les cadavres. Je lui avait rendu le plus important de tous. Sa chienne bien aimée.

      Dos au mur, je guettais ses pas remontant le couloir jusqu’à moi. Je l’imaginais retenant sa respiration, avançant à petits pas, dans l’espoir de me tomber dessus par surprise. Un espoir vain. J’attendais, patiente. Le moment venu, j’abattrais ma lame sur sa nuque, séparant sa tête pourrie de son corps meurtri. Elle n’était qu’une gêne, un parasite qu’on chasse du pied. Elle n’était là que pour encaisser les coups et attendre ma résurrection. Un bouclier. Voilà ce qu’elle était et ce qu’elle aurait dû rester. Mais l’impertinente voulait sa liberté, briser ses chaînes. Eh bien elle pouvait tirer, se débattre. Il n’y avait pas de prisonnier plus enfermé que Ranath.

      Elle était mon enveloppe. Un corps vide. Sans raison. Sans conscience. Perdue comme une enfant dans la foule. Sans but. Cherchant des yeux sa génitrice. J’étais son origine, elle ne pouvait se défaire de moi. Ma mort était la sienne. Mais la sienne était mon salut.

      La Sith déboula soudain sous mon nez. Je vis dans son regard, la surprise de me trouver si facilement. Quelle idiote. Ma lame, d’un rouge écarlate, jaillit et fondit vers elle avec une vitesse qu’elle ne pouvait que difficilement appréhender. Je lui étais bien supérieur. Elle le comprendrait trop tard. Et je m’en délectais. Ridicule petite poupée de chair, gesticulant malheureusement sans pouvoir jamais m’atteindre. Mes attaques étaient bien trop prestes, bien trop portée pour qu’elle les encaisse toutes. Pourtant, le petit animal tenait bon, à bout de bras, luttant pour sa survie.


      Image Laissant libre cours à sa passion, Mya gagnait en puissance. Chaque coup était plus brutal que le précédent. Mais jamais la vitesse ne lui faisait défaut. Elle me surpassait en tout point. Sa lame frôla mon oreille, saturant mes sens d’un vrombissement sourd et menaçant. J’étais sur le point de tomber sous ses coups. Le danger imminent et la promesse d’une mort certaine maintenait en moi un niveau d’adrénaline élevé. Mais cela ne suffisait pas. J’avais beau m’escrimer en parades et contres, elle reprenait toujours le dessus. Sa maîtrise était sans faille. Sa rage était sans accalmie. Jamais une ouverture ne se présenta pour y glisser une attaque. J’allais sombrer, mourir. Hors de question !

      Je puisais en moi la ressource nécessaire pour relever la tête, tenant toujours plus fermement mon arme. Avec un cri de colère, je la repoussais enfin brutalement. Pour la première fois depuis le début de l’affrontement, nos lames se séparèrent pour de longues secondes. Mais je n’avais aucun répit. Mya chargea de nouveau, feintant à droite avec l’intention de revenir à gauche. Mon sabre stoppa sa lame et je voyais déjà s’armer le contre-coup. Je désengageai brusquement, gagnant ainsi un demi temps, et frappai sans retenue. Depuis mon épaule jusqu’au bout de ma lame, la Force vibra avec violence, et libéra mon courroux. Mon adversaire fut propulsée plusieurs mètres en arrière. Son dos heurta lourdement le mur de pierres de taille grises.

      Mya vola en éclat. Des milliers de cristaux translucides qui s’éparpillèrent dans toute la salle avec un bruit de verre brisé. Mais je sentais toujours sa présence. Ce n’était pas terminé.
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    By Jen'Ari Nekanasaza
    #30889
      Un vent froid s'engouffra dans la pièce, chantant entre les piliers. Il se glissa sous les morceaux de verre qui se soulevèrent et se mirent à danser dans la brise. La ribambelle étincelante s’organisait autour de Ranath, elle se mua en un tourbillon sifflant, formant une barrière infranchissable. Tous ces cristaux étaient autant de lames tranchantes, virevoltant dans les airs et s’approchant de leur victime prise au piège.

      Du regard, la Mirialan cherchait une issue, un interstice, entre deux crocs de verre, où se précipiter pour échapper à la morsure. Elle tournait sur elle-même, au gré de sa panique, incapable d’envisager une solution. La peur à nouveau la tétanisait, elle inhibait sa pensée et anéantissait ses réflexes. Si bien que lorsque le premier éclat perça la peau et la chair pour se planter dans le muscle de sa cuisse, Ranath ne put que se recroqueviller davantage. Portant la main sur la plaie pour empêcher le sang de couler. Une autre lame de verre se ficha alors dans son bras, et une troisième dans son épaule. Chaque piqure était glaciale, la douleur était vive et rappelait à la Sith combien elle était impuissante.

      N’y avait-il aucune solution, la mort se devait-elle d’être la seule option. La Mirialan porta son regard au-delà du tourbillon qui ne lui laissait entrevoir que de vagues formes sombres. L’une d’elles ressemblait à une silhouette. La haine refit surface, elle chassa la peur. Plus que tout, Ranath désirait tuer. Sa volonté prit le pas sur son incapacité, d’un saut au coeur de la Force, elle franchit le mur de verre, se jeta sur la silhouette, arme à la main, et la transperça de part en part. Avec un soupir exténué, sa victime se laissa tomber en avant. La Sith retira sa lame alors que la silhouette tombait à genoux, du pied, elle la poussa en arrière. La tête du cadavre heurta le sol de pierre froide, révélant à Ranath une peau verte parée de tatouages. Ces traits étaient ceux d’un homme.

      Des yeux, la Sith chercha une explication, ce n’était pas Mya. Ce visage lui était connu, mais elle ne parvenait à lui associer aucun souvenir. Son regard, enfin, se posa sur les spectateurs de la scène. Cet Humain aux cheveux grisonnants, lame émeraude à la main, et cette gamine qui hurlait et qui pleurait. Elle voulut se précipiter sur Ranath, elle criait sa rage, la colère bouillonnait en elle. La main du vieil homme la retint.

        « Non, Mya ! »

      Alors l’enfant se précipita sur le corps de son maître, agrippant de toutes ses forces la tunique du Jedi, le secouant pour qu’il ouvre à nouveau les yeux. La haine s’empara de l’enfant. Ces Sith qui avaient tué sa seule famille, elle les tuerait tous. La vengeance. Sur les lèvres du vieil homme se dessina un sourire malsain.

      Ranath lâcha son sabre et fit brusquement volte face. Fuir.

      Elle tomba nez à nez avec une autre enfant vêtue d’une robe de coton blanc. Celle-ci ne criait pas, ne pleurait pas. Son visage d’ange, ses cheveux ébènes coiffés en une tresse élégante. De ses grands yeux bleus, elle observait la Sith. C’était évident.

        « Lina ! »

      Mais l’enfant se sauva, courant pieds nus dans l’interminable couloir. Ranath se précipita à sa suite, elle ne courait pas assez vite, chaque pas lui faisait prendre un nouveau retard. Autour d’elles, les murs de pierre se muèrent en arbres au tronc noir, la dalle sous leurs pieds devint la terre humide d’une forêt. L’enfant la guida jusqu’à l’orée du bois, où s’étendait la vallée. Un épais brouillard y régnait, mais au sommet de la colline, l’on pouvait apercevoir le toit du temple. Le cimetière, tout autour, piquait l’herbe haute de centaines de pierres tombales. L’enfant avait disparu.

      La Sith s’avança avec précaution au milieu des tombes, elle cherchait Lina, désespérément. Lina apporterait les réponses, elle raconterait tout ce que Ranath avait besoin de savoir. Mais elle ne la trouva pas. Et à force de déambuler dans le cimetière, elle se trouva confrontée à une terrible révélation. Cette pierre-ci, blanche comme la neige nouvelle, était celle de l’enfant. Lina Tellis.

      La tombe d’un enfant.

      Il fallait creuser. La Sith laissa tomber à genoux et de ses mains ensanglantées commença à creuser. La terre était dense et gorgée d’eau. Chaque nouvelle poignée arrachée était plus lourde que la précédente. Mais elle ne faiblissait pas. Elle avait besoin de savoir. La gorge nouée, et tremblante d’appréhension, elle creusait sans s’arrêter. Lina. Le carnet. La pierre. Elle devait savoir.

      Ses ongles, enfin, après des heures de labeur, râpèrent le bois d’un cercueil. Avec précipitation, Ranath dégagea la boîte et la tira du trou qu’elle avait aménagé. Le couvercle était scellé, elle avait beau s’acharner, il ne céda pas. Alors avec rage, elle frappa le dessus du cercueil, violemment, jusqu’à ce que le bois craque, jusqu’à ce que la pulpe de ses paumes explose sous les chocs répétés. L’écrin libéra son secret. Il contenait un squelette. Celui d’un enfant. Autour de son cou mis à nu, était attaché un lacet de cuir brun qui retenait un caillou rouge, ramassé au détour d’une promenade sur Mirial. Contre son coeur, les petites mains sans chair serraient un carnet relié de cuir.

      Pris dans un étau invisible, le coeur de Ranath étouffait. Un premier sanglot. Pour l’enfant. Un second. Pour elle-même. Aussi fort qu’elle le put, elle s’accrocha au coffret de bois, et se laissa rouler sur le flanc, dans l’herbe humide du cimetière. Allongée là, elle ferma les yeux, constatant alors, que le dôme était prêt à céder. Elle avait perdu, elle avait échoué. Ranath abandonna le combat. Mya emporta la victoire. La fissure se propageait à une vitesse folle, déchirant le bouclier de lumière avec une force incontrôlable.

      Du brouillard se détacha une ombre. Elle avançait lentement. Dès qu’elle eut rejoint Ranath, elle s’agenouilla près d’elle, la saisit par les cheveux et la redressa. La Sith avait lâché le cercueil, son regard se planta dans les yeux de Mya. Elle les observa longuement, deux sphères dorées. Cet accident aurait dû être fatal à la Jedi. La mort était tout ce qui l’attendait. Mais elle avait lutté, autant que possible, pour tromper la mort. Était-ce là le prix à payer en fin de compte ? La folie.

      Un contact froid sur son sein attira le regard de Ranath vers le bas. La lame d’une dague avait percé sa peau et s'immisçait désormais lentement en sa chair, qu’elle déchirait avec patience pour se frayer un chemin vers le coeur. À mesure que la plaie s’affirmait, le froid envahissait Ranath, la vie l’abandonnait. Au-dessus d’elle, le dôme s’effondrait sans bruit et chaque souvenir retrouvait sa place dans le tableau de la morne existence de Mya.

        « Tu n’aurais jamais dû survivre à ça …

        Assez.

        Tu es déjà morte.

        Tais toi !
        »

      La lame progressa brusquement entre les côtes, esquintant un poumon et piquant le coeur. Plutôt que de crier, que de s’effondrer, Ranath, avec hargne, leva vivement la main jusqu’au visage de Mya, plaquant la paume sur sa tempe. Et avec tout ce qui restait de sa volonté, envahit son esprit malade, souilla sa pensée. Elle pénétra au plus profond et s’ancra en son âme. La peau de sa main, dès lors, se confondit avec le visage de Mya. La jedi voulut reculer, se dégager de l’étreinte, mais la Sith s’accrochait, et plantait les ongles dans son crâne. Elle la tenait fermement tandis que son esprit s’emparait de sa proie.

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    By Jen'Ari Nekanasaza
    #31094
      Ranath, son esprit, quittait son corps mourant, migrait vers celui de Mya, s’insinuait partout, dans les pensées, dans les souvenirs, dans les espoirs. Chaque événement prenait un sens inédit, chaque mot une interprétation différente, et chaque souvenir une émotion nouvelle. La moindre petite altération induisait une douleur atroce qui perçait de part en part, loin d’être physique, impossible à localiser. Chaque cellule de chair devint une souffrance. La Jedi repoussa définitivement le corps sans vie de son ennemie. Ses deux mains, appliquées de chaque côté de son crâne, pressaient ses tempes avec force.

      Dents serrées, yeux fermées, Mya basculait d’avant en arrière. L’intrusion avait été fulgurante, ne lui laissant pas même le temps de faire obstacle. Désormais, Ranath l’habitait, elle partageait ses réflexions et ses sens. Elle la voyait en elle, s’emparer de bribes de mémoire, de projets inachevés. Elle tentait bien de la chasser, de reprendre ce qui lui appartenait, de préserver son identité. Mais l’impitoyable Sith avait déjà apposé sa marque brûlante. Elle n’était plus. Elle était tout. Elle voyait pas ses yeux. Entendait par ses oreilles.

      Sors !

      Laisse-moi !

      Va-t-en !

      Les milliers de griffes déployées en Mya affirmèrent leur emprise sous l’injonction de la Jedi. Non, elle restait. Et comme une meute de chiens enragés, Ranath dévora toute individualité en la jeune femme. Tout ce qui faisait Mya disparut, précipité dans les méandres d’un esprit sombre. Tout appartenait à Ranath. Mya appartenait à Ranath. Mais la Sith ne pouvait se résoudre à éradiquer le socle sur lequel reposait son existence. Mya avait fait Ranath. Sans Mya, Ranath mourrait. Les souvenirs, la mémoire, elle ne pouvait les tuer. Ils étaient siens à présent.

      Dans un infime soupir, l’esprit de Ranath s’assoupit, repu de son festin, il avait gagné. Mais voilà qu’une gêne vint à le démanger. Quelque chose, ici-bas, vivait encore et n’était pas lui. Une idée qui le chatouillait. L’esprit ouvrit un oeil. Elle était là, encore. Un éclat dans la nuit. Elle grattait ici et là, à la recherche d’elle-même. Avec un grondement rageur, l’esprit se réveilla, et frappa, de toutes ses forces, la petite chose esseulée. Elle vola en éclat tranchants qui tous explosèrent en grains minuscules éparpillés dans tous les coins, fichés dans les méandres de l’esprit. Mya était partout, absolument partout.

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      Plus rien.

      Il faisait noir. Dans le noir complet, la Mirialan gémit. Sa tête, douloureuse, semblait peser bien plus que ses cervicales ne pouvaient porter. La jeune femme se recroquevilla davantage. Elle sentait à peine le contact rugueux de la dalle de pierre sur laquelle elle était allongée. D’une main tremblante, elle constata l’intégrité de son front, de son nez, de ses joues, faisant courir sur sa peau le bout de ses doigts. Son autre main s’agita, elle voulut rejoindre sa consoeur, mais quelque chose, en son creux, lui picotait la paume. La jeune femme ouvrit les yeux avec grande peine, frottant de deux doigts ses paupières endolories. Sa vision se précisa. La chose était un objet dont émanait une douce lueur orangée. Un long moment, la Mirialan observa l’objet. Et tout en se relevant, elle l’approcha de son visage.

      Tout autour régnait l’obscurité. Une fenêtre unique laissait filtrer la lumière et éclairait le trône qui siégeait au centre de la pièce. Le regard de la jeune femme courait dans le noir, cherchant la silhouette. Il n’y avait rien. Pas une présence, pas un son. Elle était seule. Le conflit en elle s’était tu. Un sentiment de complétude l’envahit peu à peu. Darth Ranath était Mya Tellis. Une Jedi déchue pleine d’une force nouvelle. Encore, son regard tomba sur l’objet. Elle se releva lentement, adressant à l’holocron un sourire carnassier.

        « Merci, mon maître. »

      Dehors, le froid de la nuit était mordant. Entre les nuages d’encre, perçait l’éclat de la lune de Ziost. Mya la contemplait en silence. Au-delà de l’astre, elle apercevait les étoiles, par milliers. Combien d’âmes en cette Galaxie … Toutes rivales. Se débattant à chaque instant. Le sourire de la Sith persistait. La Force était un tout, ni bonne ni mauvaise, ni lumineuse ni obscure. Il devait en être ainsi pour chacun. Il devait en être ainsi pour la Galaxie, portée par la Force, elle devait être unifiée. Elle, Darth Ranath, si seule soit-elle, en son for intérieur était en paix. Il était triste de constater que cette incessante valse d’astres ne menait qu’au conflit, au déchirement imminent de la trame galactique.

      L’Equilibre.
      N’oublie pas.
      Non, plus.
      L’Unité.
      Elle doit être.
      Je n’oublie pas.


      Il y avait à faire. Beaucoup à faire. Serrant sur son coeur l’holocron légué par son maître, Mya jeta un coup d’oeil en arrière. Un dernier salut à la forteresse. Cette demeure, bientôt, serait sienne.

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    By Amertume
    #31101
    Les ombres régnaient au sein des ruines de Ziost. Tel un voile qui recouvrait lentement mais surement tout ce qui était, elles se mouvaient à une vitesse impossible et parcouraient la surface du monde mort. Si des formes de vie y existaient, elles n'étaient pas intelligentes, tristes restes de la glorieuse race qui régnait jadis depuis cette planète. Les ombres sentirent, alors qu'elles se déplaçaient à travers les temples déchiquetés et jadis pillés, le pouvoir qui était appelé loin d'ici, en une terre dévastée qui était autrefois le cœur de Ziost et son empire.

    Emplies d'une curiosité malsaine, elles se mirent en mouvement, en quête de la source et la trouvèrent très vite. Là, elles virent alors ce qui se passait. Un esprit faible était finalement venu sur ce monde pour y trouver quelque trésor dont il n'aurait su que faire. Là, sa faiblesse s'était révélée, lorsque la folie qui couvait en son sein avait pris son envol pour reprendre ce qu'elle estimait lui revenir de droit. Le Faible avait tenté de conserver ce sur quoi il n'avait nul droit tandis que le Fou croyait pouvoir reprendre ce qu'il avait perdu.

    Si intéressante que fut cette mascarade, il fut finalement plus que temps que de voir le résultat de cet affrontement féroce. L'issue fut surprenante même pour eux: le Faible était devenu Fort et avait dévoré le Fou, prouvant par là même qu'il était digne d'être Fort. Quelle intéressante conclusion. Ainsi donc, leur héritage avait survécu et il existait encore quelqu'un qui fut digne de porter leur nom et leur titre. Les ombres firent mine de vouloir intervenir auprès du Fort qui déjà quittait les lieux, son sanglant trésor entre les mains mais furent stoppées net par l'ombre qui les dirigeait toutes.

    Qui aurait pu croire que notre dynastie a survécu au temps et aux événements?
    Nous devrions nous manifester pour qu'elle voie à quel point elle revient de loin.
    Non, nous ne le ferons pas. Je sens encore en elle, profondément caché, un fragment de doute et de faiblesse.
    Peut-être que si nous intervenons, alors elle chassera la faiblesse.
    Ou peut-être ne ferons-nous alors que causer sa perte. Je refuse de prendre ce risque. Tant qu'elle n'aura pas véritablement mis fin à cette vie passée, elle ne sera pas digne de nous voir.
    Le Côté Obscur bouillonne en elle, vous le sentez tous. Elle pourrait être notre héritière.
    Je ne commettrai plus d'erreur dans mon choix de notre successeur. Jadis ai-je marqué son Maître et celui-ci a failli peu après. Que les épreuves à venir la transforment, qu'elle devienne la lame qui transpercera le cœur de nos ennemis. Que les Jedi et leurs ineptes alliés comprennent leur erreur. Il n'est rien qui puisse mettre fin à notre existence, rien qui ne puisse nous contraindre au silence.

    La fille était maintenant à bord de son vaisseau et déjà celui-ci montait dans le ciel, devenant rapidement une petite lumière lointaine parmi celles de la voûte céleste. Son nom brillait dans les fragments de l'avenir que les ombres percevaient et était chargé du potentiel qu'elle avait. Renaissance. Reconstruction. Déchaînement. Revanche. Domination. Ordre.

    Que la galaxie maudisse ce jour ou, enfin, a pu renaître le feu qui la consumera. Que le Côté Obscur se réveille et brille d'une lueur plus intense que jamais. Que tous n'oublient jamais ce mot qui jadis fit trembler une République et demain, l'abattra. Que les étoiles portent le deuil de la Lumière. Nous qui fûmes des dieux, nous redeviendront libérés de nos chaînes.

    Va, Dame Sombre. Va, Sith.





    Dans la petite cabine du Poing de l'Ombre brillait une lueur d'un bleu éclatant, jaillie d'une petite structure pyramidale tenant dans la paume d'une main. La forme était la silhouette d'un homme ayant vécu des millénaires auparavant et ayant participé à l'une des plus grandes guerres ayant secoué la galaxie. Le grand général des légions Ajunta Pall, Jen'Jidai et Seigneur Noir des Sith, ou du moins son gardien, écho lointain et sommaire protecteur de son holocron, toisait la Mirialan assise en tailleur face à lui.

    Le faible finira toujours par plier, mourir ou être réduit en esclavage. Seul le fort survivra et conservera sa liberté. Nous qui suivons les enseignements des Sith acceptons cette vérité fondamentale. Contrairement aux Jedi. C'est la Règle du Fort, que les Sith ont toujours suivi. Le pouvoir est à celui assez fort pour le prendre. Les Faibles doivent servir les Forts car c'est la nature même qui l'exige et nul n'est plus Fort qu'un Sith.

    Cette vérité fondamentale doit s'appliquer en toute chose. Pas davantage qu'aux faibles, le Fort ne doit se plier à ses semblables. Il doit les affronter et les vaincre comme tout ses autres ennemis. Seuls les plus Forts survivront et renforceront ainsi la société toute entière qu'ils ont bâti. Le conflit doit être permanent et sans merci entre les Forts. S'il est vaincu par un autre Sith, alors ce dernier était suffisamment Fort pour le supplanter. Un chef Fort donne de la force à son empire.

    Entends ma sagesse et mon savoir, découvre qui je fut, ce que j'ai fait, ce que j'ai vu, le pouvoir dont j'ai bénéficié. Un millier de mondes pliaient le genou devant moi qui fût le maître suprême de notre empire, nul ne put jamais mettre en doute ma parole ou ma puissance. Par mes mots, tu deviendras plus que ce que tu as jamais été, Darth.


    RP validé, holocron d'Ajunta Pall obtenu.
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