- mer. 28 nov. 2018 22:12
#34340
C'était une bonne question. Qu'est-ce qui la poussait elle-même à suivre la voie d'apprentie Sith et Main de l'Ombre de Darth Ranath ? Au début, ça n'avait été que mue par un simple instinct de survie hérité de ses années d'esclave qu'elle avait accepté son offre. Elle craignait alors de finir seule, abandonnée et ignorée et elle savait qu'elle n'aurait jamais pu prendre soin d'elle à ce moment de sa vie. Quelqu'un habitué à toujours obéir et ne vivre que pour les autres ne possédait pas les réflexes pour se prendre lui-même en main. Qu'aurait-elle fait si elle avait dit non ? Probablement rien ou elle serait repartie avec le capitaine pour ne rien faire de plus. Une vie sans importance, anonyme.
Et maintenant qu'elle était devenue une autre personne ? Elle avait peine à imaginer aujourd'hui avoir pu être cette pauvre petite chose inutile qu'on trimbalait selon son bon plaisir et qui n'avait aucune dignité ni fierté, pas d'orgueil qu'on eut pu blesser ni de respect d'elle-même. Elle n'éprouvait que du mépris pour celle qu'elle avait été, pour sa faiblesse et son inutilité, elle se dégoûtait de cet être pathétique. Il serait hors de question de regarder en arrière ou d'abandonner maintenant qu'elle avait enfin trouvé sa véritable place.
Je crois en l'Ordre Sith et en mon maître. Je crois que nous sommes capables de rétablir l'équilibre naturel des choses. Ce sont les forts qui règnent et les faibles qui servent. Et nul n'est plus fort qu'un Sith.
Et elle croyait fermement qu'un jour, ce règne serait le sien. Toujours dans l'histoire sanglante des Sith l'apprenti finissait par prendre la place de son maître, le plus souvent par la manière forte. Envisageait-elle d'agir de même ? Peut-être. Son choix n'était pas encore arrêté et il était beaucoup trop tôt pour y songer de toute façon. Il lui restait tant à apprendre encore. Le glas de Ranath viendrait peut-être un jour ou peut-être pas. Sa fin serait peut-être sans concession ou peut-être s'effacerait-elle simplement en faveur de sa disciple.
Elle haussa un sourcil en apprenant ce qu'était cet Ordre Gris. Ni Sith ni Jedi ? Aidant ceux dans le besoin sans rien demander en retour ? Elle en doutait franchement. Rien n'était gratuit en ce bas monde et tout le monde voulait toujours quelque chose. Si elle avait bien appris une chose, c'était que les intentions les plus nobles cachaient très souvent des pratiques douteuses voire franchement répréhensibles. Si Jeny les avait vraiment tous détruits, c'était une bonne chose. Bon débarras, la galaxie n'avait pas besoin d'une autre bande d'illuminés enfermés dans leurs illusions, elle avait déjà les Jedi pour ça.
Son récit suivant était tout aussi étrange et peu orthodoxe. A l'en croire, l'humaine semblait passer son temps à s'attirer les pires ennuis et à subir les plus atroces douleurs. Soit elle était malchanceuse comme pas permis, soit elle avait un talent unique pour se trouver ou il ne fallait pas. Cette histoire de temple Sith l'intéressait toutefois, elle avait elle-même pu constater combien ils pouvaient contenir des trésors alléchants. Poussée par la curiosité, elle demanda :
Ce temple d'inquisiteurs, ou est-il ? Il existe toujours ? Tu crois qu'il y a encore des choses intéressantes à y trouver ?
Pas de mal à poser la question après tout. D'autant que vu celle de Jeny, il fallait bien obtenir un paiement en échange de la réponse. Il était facile d'oublier que l'humaine, selon ses propres termes, "n'était plus touchée par les normes sociales", faute d'être habituée à sa compagnie. Dans le cas contraire, elle aurait eu plus de tact et plus de subtilité plutôt que de lâcher ça l'air de rien. Le visage de l'apprentie se figea, consciente que le sujet lui était toujours douloureux. Mais après tout, elle avait déjà avoué d'autres souvenirs douloureux plus tôt, autant continuer sur sa lancée.
Les deux. On ne m'a pas demandé mon avis. J'avais 11 ans quand ils m'ont enlevée, 13 la première fois. Et il y en a eu beaucoup pendant les 6 années suivantes. Bien trop pour que j'arrive à toutes les compter. Mais je me souviens de chaque fois. Je me souviens du visage de chaque homme et femme qui a détruit un peu plus la petite fille que j'étais, pour ne laisser à chaque fois un peu moins qu'une personne. Le pire dans tout ça, ce n'était pas les actes en eux-mêmes, c'était le rappel constant que je n'étais rien et surtout, que je ne serais jamais en sécurité.
Souvent la première année passée aux côtés de Ranath elle avait rêvé de pouvoir partir en chasse et prendre la vie de chaque personne qui l'avait détruite, en paiement de la dettes qu'ils avaient envers elle. Mais ça ne servirait à rien, au-delà du plaisir immédiat de la vengeance. Et elle l'avait déjà eue un an plus tôt, là ou tout avait commencé. Son besoin puéril assouvi, elle s'était détournée de cette voie qui serait sans fin et inutile, ne ferait que la détourner de son vrai devoir.
Ce qui suivit la prit complètement par surprise. Un instant Jeny était cachée sous la brume omniprésente et lointaine, presque inaccessible, l'instant d'après elle apparaissait à côté d'elle, posant ses mains juste au-dessus des cuisses l'air de rien. Le contact n'était pas forcément désagréable mais il sortait de nulle part. Écarquillant les yeux, Varadesh dut résister au réflexe de la repousser violemment en arrière pour protéger son intimité et sa vie. Elle n'avait pas oublié le danger que représentait l'humaine qui ne cessait de lui rappeler de faire attention en plus.
Mais elle résista à son envie de frapper, songeant que c'était précisément un tel mouvement qui risquait de déclencher une crise chez elle. Mieux valait éviter, elle n'avait pas son sabre à portée de main pour se défendre efficacement. Elle se contenta donc de patienter, tolérant ce petit jeu qui était somme toute gênant mais pas surprenant. Jeny n'y entendait rien en politesse et autres subtilités. Et à l'entendre, la Pantoran comprit qu'elles avaient toutes les deux vécu quelque chose de très semblable et qui les avait marquées. Mais là ou elle avait plus ou moins réussi à surmonter ce traumatisme, l'humaine l'avait refoulé sans pour autant pouvoir l'empêcher de la ronger.
Ses manières étaient terriblement gênées et elle semblait extrêmement mal à l'aise, un état de fait que Varadesh ne se serait pas attendue à constater chez cette jeune femme habituée à déambuler en tenue légère, crasseuse et à dévorer tout ce qui la dérangeait. Mais cet aspect répugnant et ce comportement horrible n'étaient peut-être au fond qu'un moyen de défense, une façon de se protéger de ce qui l'avait anéantie. Ou bien c'était simulé et tout ça n'était qu'un jeu macabre. Les 2 étaient possibles, la partie la plus sensible de la Sith l'amenant à vouloir croire en la première possibilité toutefois.
Et à présent la voilà qui se mettait à caresser avec une grande maladresse sa joue. C'était une situation vraiment étrange voire surréaliste, une Sith et une jeune femme incontestablement dangereuse, toutes deux quasiment nues dans un sonna étouffant après avoir frôlé la mort de très près, qui en venaient à discuter sur leurs traumatismes passés et à se rapprocher dangereusement l'une de l'autre. Une histoire pareille était digne des holos à l'eau de rose. Et peut-être même de certaines séries holoporns aussi.
Ça... Ne brûle pas ? Je suis pas sûre de comprendre mais bon, du moment que ça ne t'a pas déplu, j'imagine que je peux prendre ça comme un compliment...
Ne pas inspirer du dégoût à Jeny : check. Elle pouvait surement mourir en paix après avoir réussi cet exploit. Les yeux rouges de l'humaine la regardaient et si son visage semblait détaché, elle avait l'impression de lire de la détresse au milieu du lac couleur écarlate dans ses orbites. Peut-être même de la tristesse, mais elle n'aurait pas pu affirmer qu'elle ne s'imaginait pas tout ça. Si ça se trouve, la belle était en train de jouer avec elle. Oui car, il fallait bien avouer qu'une fois débarbouillée du sang et des morceaux de chair autant sur son visage que son corps, Jeny n'était pas vilaine.
Même pas vilaine du tout. Si elle pouvait faire abstraction de cette sale manie de dévorer autrui, elle pourrait presque être considérée comme étant plutôt sexy. Pas à la manière d'une Alayna ou d'un Marak mais dotée du même genre de beauté froide que Ranath, la dignité en moins cela dit. Varadesh lui adressa un sourire fragile, ne sachant pas sur quel pied danser avec cette jeune femme qui, d'aussi près lui rappelait encore plus quelqu'un d'autre.
Tu as dit tout à l'heure que tu n'avais plus de désir. Qu'est-ce que tu ressens en ce moment ?
Une question toute simple, dite d'une voix douce, gentille. Si simple et pourtant chargée de tant de possibilités selon la réponse et la réaction qu'elle déclencherait.
Et maintenant qu'elle était devenue une autre personne ? Elle avait peine à imaginer aujourd'hui avoir pu être cette pauvre petite chose inutile qu'on trimbalait selon son bon plaisir et qui n'avait aucune dignité ni fierté, pas d'orgueil qu'on eut pu blesser ni de respect d'elle-même. Elle n'éprouvait que du mépris pour celle qu'elle avait été, pour sa faiblesse et son inutilité, elle se dégoûtait de cet être pathétique. Il serait hors de question de regarder en arrière ou d'abandonner maintenant qu'elle avait enfin trouvé sa véritable place.
Je crois en l'Ordre Sith et en mon maître. Je crois que nous sommes capables de rétablir l'équilibre naturel des choses. Ce sont les forts qui règnent et les faibles qui servent. Et nul n'est plus fort qu'un Sith.
Et elle croyait fermement qu'un jour, ce règne serait le sien. Toujours dans l'histoire sanglante des Sith l'apprenti finissait par prendre la place de son maître, le plus souvent par la manière forte. Envisageait-elle d'agir de même ? Peut-être. Son choix n'était pas encore arrêté et il était beaucoup trop tôt pour y songer de toute façon. Il lui restait tant à apprendre encore. Le glas de Ranath viendrait peut-être un jour ou peut-être pas. Sa fin serait peut-être sans concession ou peut-être s'effacerait-elle simplement en faveur de sa disciple.
Elle haussa un sourcil en apprenant ce qu'était cet Ordre Gris. Ni Sith ni Jedi ? Aidant ceux dans le besoin sans rien demander en retour ? Elle en doutait franchement. Rien n'était gratuit en ce bas monde et tout le monde voulait toujours quelque chose. Si elle avait bien appris une chose, c'était que les intentions les plus nobles cachaient très souvent des pratiques douteuses voire franchement répréhensibles. Si Jeny les avait vraiment tous détruits, c'était une bonne chose. Bon débarras, la galaxie n'avait pas besoin d'une autre bande d'illuminés enfermés dans leurs illusions, elle avait déjà les Jedi pour ça.
Son récit suivant était tout aussi étrange et peu orthodoxe. A l'en croire, l'humaine semblait passer son temps à s'attirer les pires ennuis et à subir les plus atroces douleurs. Soit elle était malchanceuse comme pas permis, soit elle avait un talent unique pour se trouver ou il ne fallait pas. Cette histoire de temple Sith l'intéressait toutefois, elle avait elle-même pu constater combien ils pouvaient contenir des trésors alléchants. Poussée par la curiosité, elle demanda :
Ce temple d'inquisiteurs, ou est-il ? Il existe toujours ? Tu crois qu'il y a encore des choses intéressantes à y trouver ?
Pas de mal à poser la question après tout. D'autant que vu celle de Jeny, il fallait bien obtenir un paiement en échange de la réponse. Il était facile d'oublier que l'humaine, selon ses propres termes, "n'était plus touchée par les normes sociales", faute d'être habituée à sa compagnie. Dans le cas contraire, elle aurait eu plus de tact et plus de subtilité plutôt que de lâcher ça l'air de rien. Le visage de l'apprentie se figea, consciente que le sujet lui était toujours douloureux. Mais après tout, elle avait déjà avoué d'autres souvenirs douloureux plus tôt, autant continuer sur sa lancée.
Les deux. On ne m'a pas demandé mon avis. J'avais 11 ans quand ils m'ont enlevée, 13 la première fois. Et il y en a eu beaucoup pendant les 6 années suivantes. Bien trop pour que j'arrive à toutes les compter. Mais je me souviens de chaque fois. Je me souviens du visage de chaque homme et femme qui a détruit un peu plus la petite fille que j'étais, pour ne laisser à chaque fois un peu moins qu'une personne. Le pire dans tout ça, ce n'était pas les actes en eux-mêmes, c'était le rappel constant que je n'étais rien et surtout, que je ne serais jamais en sécurité.
Souvent la première année passée aux côtés de Ranath elle avait rêvé de pouvoir partir en chasse et prendre la vie de chaque personne qui l'avait détruite, en paiement de la dettes qu'ils avaient envers elle. Mais ça ne servirait à rien, au-delà du plaisir immédiat de la vengeance. Et elle l'avait déjà eue un an plus tôt, là ou tout avait commencé. Son besoin puéril assouvi, elle s'était détournée de cette voie qui serait sans fin et inutile, ne ferait que la détourner de son vrai devoir.
Ce qui suivit la prit complètement par surprise. Un instant Jeny était cachée sous la brume omniprésente et lointaine, presque inaccessible, l'instant d'après elle apparaissait à côté d'elle, posant ses mains juste au-dessus des cuisses l'air de rien. Le contact n'était pas forcément désagréable mais il sortait de nulle part. Écarquillant les yeux, Varadesh dut résister au réflexe de la repousser violemment en arrière pour protéger son intimité et sa vie. Elle n'avait pas oublié le danger que représentait l'humaine qui ne cessait de lui rappeler de faire attention en plus.
Mais elle résista à son envie de frapper, songeant que c'était précisément un tel mouvement qui risquait de déclencher une crise chez elle. Mieux valait éviter, elle n'avait pas son sabre à portée de main pour se défendre efficacement. Elle se contenta donc de patienter, tolérant ce petit jeu qui était somme toute gênant mais pas surprenant. Jeny n'y entendait rien en politesse et autres subtilités. Et à l'entendre, la Pantoran comprit qu'elles avaient toutes les deux vécu quelque chose de très semblable et qui les avait marquées. Mais là ou elle avait plus ou moins réussi à surmonter ce traumatisme, l'humaine l'avait refoulé sans pour autant pouvoir l'empêcher de la ronger.
Ses manières étaient terriblement gênées et elle semblait extrêmement mal à l'aise, un état de fait que Varadesh ne se serait pas attendue à constater chez cette jeune femme habituée à déambuler en tenue légère, crasseuse et à dévorer tout ce qui la dérangeait. Mais cet aspect répugnant et ce comportement horrible n'étaient peut-être au fond qu'un moyen de défense, une façon de se protéger de ce qui l'avait anéantie. Ou bien c'était simulé et tout ça n'était qu'un jeu macabre. Les 2 étaient possibles, la partie la plus sensible de la Sith l'amenant à vouloir croire en la première possibilité toutefois.
Et à présent la voilà qui se mettait à caresser avec une grande maladresse sa joue. C'était une situation vraiment étrange voire surréaliste, une Sith et une jeune femme incontestablement dangereuse, toutes deux quasiment nues dans un sonna étouffant après avoir frôlé la mort de très près, qui en venaient à discuter sur leurs traumatismes passés et à se rapprocher dangereusement l'une de l'autre. Une histoire pareille était digne des holos à l'eau de rose. Et peut-être même de certaines séries holoporns aussi.
Ça... Ne brûle pas ? Je suis pas sûre de comprendre mais bon, du moment que ça ne t'a pas déplu, j'imagine que je peux prendre ça comme un compliment...
Ne pas inspirer du dégoût à Jeny : check. Elle pouvait surement mourir en paix après avoir réussi cet exploit. Les yeux rouges de l'humaine la regardaient et si son visage semblait détaché, elle avait l'impression de lire de la détresse au milieu du lac couleur écarlate dans ses orbites. Peut-être même de la tristesse, mais elle n'aurait pas pu affirmer qu'elle ne s'imaginait pas tout ça. Si ça se trouve, la belle était en train de jouer avec elle. Oui car, il fallait bien avouer qu'une fois débarbouillée du sang et des morceaux de chair autant sur son visage que son corps, Jeny n'était pas vilaine.
Même pas vilaine du tout. Si elle pouvait faire abstraction de cette sale manie de dévorer autrui, elle pourrait presque être considérée comme étant plutôt sexy. Pas à la manière d'une Alayna ou d'un Marak mais dotée du même genre de beauté froide que Ranath, la dignité en moins cela dit. Varadesh lui adressa un sourire fragile, ne sachant pas sur quel pied danser avec cette jeune femme qui, d'aussi près lui rappelait encore plus quelqu'un d'autre.
Tu as dit tout à l'heure que tu n'avais plus de désir. Qu'est-ce que tu ressens en ce moment ?
Une question toute simple, dite d'une voix douce, gentille. Si simple et pourtant chargée de tant de possibilités selon la réponse et la réaction qu'elle déclencherait.