L'Astre Tyran

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By Jen'Ari Nekanasaza
#34839
    - Des yeux d’or -

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    Le vaisseau filait au cœur de l’interminable boyau de lumière. Le Poing de l’Ombre et l’Explorer étaient restés sur Dargul, une décision prise et appuyée par Ranath, mais non développée. Le Maître et l’Apprentie se retrouvaient cloitrées dans ce petit espace, elles avaient tout juste la place de brandir leur arme.

      « Le Niman, hein ? Fais-voir. »

    Les lames vrombissaient à rythme régulier, accélérant le temps de se rencontrer. La Dame Sombre constatait avec plaisir les progrès faits par la Pantoran. L’apprentissage de cette forme souple et économique était un choix judicieux, elle en prenait la mesure alors que le voyage touchait à sa fin. Les deux sensitives échangèrent quelques passes, se tournant l’une autour de l’autre, feintant gentiment, sans jamais se lâcher du regard.

    Le petit duel improvisé prit fin avec l’annonce de l’ordinateur de bord : un sifflement long et strident, qui en d’autres termes signifiaient qu’on était arrivé.

      « Mirial. Prépare-toi. »

    Les lames regagnèrent leur refuge.

    Darth Ranath avait délaissé son long manteau, peu pratique quand on y pensait, au profit d’un veste de cuir tout aussi sombre qui lui tombait sur les hanches et couvrait son bassin. À sa ceinture, un sabre laser, celui du Sith, et ses deux dagues habituelles.


    * * *


    Le duo marcha un moment dans les rues de la cité, leur fournisseur habituel d’herbivores grogneurs leur ayant fait faux bond. Elles trouvèrent finalement à louer un speeder en périphérie. Et après avoir perdu plus d’un heure de leur temps, elles purent enfin prendre la direction du temple. Le speeder, moins discret, avait au moins l’avantage de faire gagner un temps précieux. Mais la manœuvre, allez savoir pourquoi, avait déplu à la Sith. Elle avait, contre toute attente, ses habitudes, ici sur Mirial.

    Après encore trois heures de trajet, le temple fut en vue. Et comme la première fois, Ranath distribua les mises en garde.

      « Sois attentive. La Grande Sœur doit se douter que nous arrivons. Évite-la. Contente-toi d’aller chercher ta fille. »

    En effet, la Grande Sœur attendait. Et lorsqu’elles passèrent la porte du temple, l’accueil fut glacial.

      « Mya. Sabina. »

    D’autres Sœurs attendaient, raides et immobiles, dans la salle principale au centre de laquelle brûlait chaleureusement le foyer.

      « Grande Sœur. Nous venons voir Ophillia. »

    La vieille femme prit un air contrit, déjà Ranath s’approchait, les Sœurs se crispaient. Mais l’esprit de la Sith n’était pas du tout à ce qui se passait dans la pièce. Il cherchait, en visitant les pièces, une à une, il cherchait Amyelle, il cherchait Ophillia.

      « Mya … je suis désolée … Sabina … l’enfant a été très malade. Les Breyan qui sont venus apportaient avec eux une bien triste maladie, et … »

    L’évidence frappa Ranath comme la foudre s’abat sur le tronc d’un arbre mort. La voix d’Ekki résonna à son oreille, un murmure insidieux.

      Elle est tombée malade et ne s’en est pas remise. Je suis désolé, Mya.

    Sa pensée trouva au même instant la Sœur calligraphie. De sa main d’émeraude, le Maître donna le feu vert à son Apprentie. Vas chercher Ophillia. Elle lui désignait le couloir qui menait aux dortoirs.

      « Tais-toi ! »

    La surprise laissa la Grande Sœur pantoise.

      « Qu’as-tu fais de Lina ?!

      - Mais … »

    D’une preste foulée, la Sith fit face à la vieille Mirialan, sabre allumé dans une main, elle la saisit à la gorge de l’autre, provoquant chez toutes les Sœurs un mouvement convergent en sa direction, révélant nombre d’armes tranchantes et contondantes. Mais la colère de Ranath n’entendait ni ne voyait le cercle des fanatiques qui l’entourait.


    * * *


    Le couloir menait aux dortoirs, organisés en alcôves douillettes, et de ci de là, des portes discrètes. Au-delà de l’une des ces portes, ouverte, Amyelle se pressait d’installer l’enfant dans un panier, drapée d’une chaude couverte, et lui susurrait des mots calmes. La calligraphe leva aussitôt le nez, apercevant Sabina.

      « Qu’est-ce que tu fais là ? La Grande Sœur m’a dit que … »

    Elle poussa un cri d’horreur, et tandis qu’elle serrait contre elle l’enfant, son doigt tendu montrait quelque chose dans le dos de Varadesh.

    Premièrement, l’Apprentie avait été suivie. Quelques Sœurs acharnées, couteaux à la main. Mais là n’était pas l’objet de l’effroi de la jeune Mirialan. Ce qui la fit hurler, c’était la présence de cet individu, à la silhouette incertaine, grand et mince, vêtu d’un habit noir et fluide, le visage enfoui sous une capuche sous laquelle aucune lumière ne semblait pouvoir s’introduire. Et la créature, si humanoïde paraissait-elle, tranchait joyeusement la chair des Sœurs d’une lame blanche comme le rayon d’une étoile, et qui chantait comme tous les sabres laser de ce monde. Dès qu’elle en aurait fini avec elles, elle se jetterait sur la jeune Sith.

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By Zeph Mathuin
#34843
Le vrombissement de sa lame accompagnait celui de la lame de la Dame Sombre tandis qu'elles évoluaient tant bien que mal dans le fond de la cale du vaisseau. Elle aurait préféré utiliser son explorer ou même le cargo de la Mirialan mais celle-ci avait dit non et loué un vaisseau anonyme pour se faire. Quelque part, elle en comprenait la sagesse. Mieux valait ne pas risquer de se faire repérer en territoire impérial avec leurs vaisseaux et passer par un illustre inconnu grassement payé. D'un autre côté le manque de confort et de place étaient assez agaçants, sans oublier que le voyage retour avec un bagage supplémentaire et bien particulier risquait d'empirer les choses.

Un nouvel échange de leurs lames. Elle avait un peu de pratique avec le Niman mais pas autant qu'elle aurait voulu, malgré des entraînements solos réguliers elle ne progressait qu'assez lentement, faute de pouvoir pratiquer de façon disons "réaliste". Quelque chose lui disait, en repensant aux propos de Ranath la veille, qu'elle allait bientôt pouvoir s'entraîner pour de vrai. Elle avait bien dormi la veille au soir et n'avait pas fait un seul des cauchemars qui la tourmentaient depuis quelque temps, ce qui aurait dû la soulager mais l'inquiétait davantage. Elles durent vite s'interrompre lorsque l'ordinateur les avisa de leur arrivée imminente.

Le globe planétaire grandissait rapidement sous leurs yeux depuis le petit vaisseau de transport. Mirial. Elle soupira, tout cela allait mal finir, elle en avait la conviction profonde. Les choses ne pouvaient jamais être simples ni bien se passer, l'expérience le lui avait bien prouvé. Sabre laser à la ceinture, elle avait revêtu une combinaison beige recouvrant le haut de son corps suffisamment grande pour cacher son arme, un pantalon noir élimé et des bottes de marche. L'ensemble donnait une impression d'archéologue du dimanche, avec ceci de différence qu'au lieu de déterrer, elle allait surement devoir enterrer.

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Leur speeder était aussi discret qu'un Hutt affamé mais il avait le mérite d'être rapide. Plus vite elles seraient arrivées, plus vite elles feraient ce qu'elles étaient venues faire et plus vite elles repartiraient. Depuis leur arrivée à la surface, Varadesh se sentait de plus en plus mal, tendue, comme si elle ressentait une pression étouffante dans l'air. Si Ranath ressentait la même chose, elle n'en fit pas mine ni n'en parla. Ce fut dans le silence uniquement ponctué par le moteur du véhicule qu'elles voyagèrent jusqu'au sanctuaire. La nervosité que ressentait la Pantoran atteignit de nouveaux sommets comme elle avisait de la structure en pierre du temple qui se rapprochait toujours plus.

Un avertissement lui fut lancé, qui sonna comme prophétique lorsqu'elles entrèrent à l'intérieur et rejoignirent la salle principale ou les attendaient la vieille Mirialan et un certain nombre de ses disciples. Varadesh s'était appliquée à dissimuler de son mieux comme lors de son premier séjour sa nature de Sith, inutile de donner plus de raisons que nécessaire à la prêtresse de se méfier d'elles. Cette précaution vola rapidement en éclats lorsque la vieille femme, visiblement mal à l'aise, commença à leur expliquer que sa fille était tombée malade et...

Quoi ?!

S'oubliant momentanément et sentant la fureur commencer à poindre en elle, l'apprentie fit un pas en avant, les yeux dorés luisant d'une lueur menaçante et meurtrière. Était-elle en train de vouloir leur expliquer que sa progéniture ne fut plus de ce monde, qu'elles avaient échoué à prendre soin d'elle ? Elle fut prise d'une envie dévorante de sortir son sabre et de leur faire payer leur échec lorsqu'elle sentit l'esprit de son maître parcourir l'ensemble des lieux alentours, avant de lui jeter un regard perçant et de lui faire signe de la laisser. Elle comprit ou elle voulait en venir et, après avoir lancé un regard venimeux à la vieille femme, se précipita direction les dortoirs, laissant là son maître et son homologue vouée à la puante Lumière.

Courant à grands pas à travers les couloirs, Varadesh jetait de rapides regards à chaque dortoir qu'elle dépassait pour voir si son objectif y résidait. Non. Pas ici. Pas celui-là. Non plus. Pas là. Et là... Elle entra en trombe dans le dortoir, à temps pour voir Amyelle, la calligraphe avec qui elle s'était si bien entendue de prime abord, coucher son enfant dans un landau en la réconfortant doucement. La surprise fut mutuelle pour les 2 jeunes filles dont les regards se croisèrent.

Que crois-tu que je fasse là ? Je me fiche de ce que cette vieille bique a pu dire, c'est ma fille et elle repart avec moi maintenant.

Elle n'eut toutefois pas le temps d'aller plus loin que la jeune sœur poussa un hurlement d'horreur. Se retournant, Varadesh aperçut au bout du couloir plusieurs sœurs armées qui venaient vers elle avec manifestement des intentions tout sauf pacifiques. Oh, comme c'est mignon, des couteaux et des dagues primitives pour l'arrêter. Alors qu'elle prenait son sabre en main, un nouvel hurluberlu apparut, complétant la foire à l'incompréhensible que devenaient cette journée et cet endroit. Allons bon, quoi encore, c'est quoi ce truc ? Fronçant les sourcils, exaspérée plutôt qu'inquiète, l'apprentie jeta un regard mauvais à la calligraphe.

La ferme. Prends Ophillia et reste derrière moi. S'il lui arrive quelque chose, je te tue même si je dois en mourir.

La lame orange jaillit de la poignée de son sabre. L'inconnu ne lui évoquait rien et avait de toute façon le visage caché sous une capuche, comme il se devait lorsqu'on était un mystérieux bad guy. Qui était ce gugus ? Au fond, peu lui importait, il leur voulait visiblement du mal, à elle et sa fille. Il devait donc mourir et elle avait grand besoin de s'exercer ça tombait bien. Elle effectua quelques mouvements rapides et simples pour se mettre en condition tandis qu'elle rejetait la dissimulation de sa véritable nature, s'ouvrant pleinement à la Force et au côté obscur. La colère venait rapidement à présent et ses yeux dorés reprenaient cette teinte si particulière qu'arboraient les Sith.

Il prit tout son temps pour arriver jusqu'à elles puis, sans crier gare, se jeta sur la jeune fille sabre allumé, faisant pleuvoir les coups. Elle peina à parer et comprit immédiatement avoir à faire à un bretteur confirmé, peut-être même meilleur qu'elle. Mais depuis quand se savoir dépassée en niveau la décourageait-elle de continuer ? Heureusement, par ses ripostes courtes, d'une suprême simplicité au point de paraître grossières, elle avait réussi jusque-là à le tenir en respect. Mais ça n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne fasse une erreur et il ne ferait pas bon être là à ce moment. Bien que peu familière de cette utilisation, elle invoqua la Force dans son poing puis la relâcha violemment en direction de l'inconnu. Au lieu de l'envoyer buter contre le mur à plusieurs mètres de là, cela ne le fit que reculer un peu mais c'était suffisant pour aménager une ouverture.

Amyelle, prend Ophillia et va rejoindre Mya à la salle principale. Préviens-la. Ne me volez pas mon enfant toi et tes sœurs ou je vous retrouverai toutes, tu m'as bien compris ? Cours, maintenant !

Déjà l'autre se remettait de l'attaque et se précipitait pour empêcher la fuite de la jeune Mirialan mais Varadesh se précipita pour combler la brèche et l'intercepta. Elle allait probablement regretter ça sous peu.

Tu ne passeras pas tant que je vivrai.

Un point qui pouvait changer d'un instant à l'autre. On ne s'ennuyait jamais quand on était l'apprentie de Ranath.

Modifié en dernier par Zeph Mathuin le mar. 15 janv. 2019 16:50, modifié 1 fois.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#34851
    Image Le mensonge l’étouffait. Sa sœur déclarée morte ne l’était pas. Ranath resserrait son emprise sur la gorge de la vieille femme. Elle avait cette envie de la broyer, si fort, ses ongles pénétraient la chair sombre. Sa volonté transcenda son geste, inspirée par quelque démonstration de l’Apprentie, la volonté de la briser à l’intérieur. La Force, prolongement des doigts viridiens, achevait de comprimer la trachée et l’œsophage prisonniers. Elle n’avait jamais tant haï, même l’assassin de son maître n’avait pas mérité tel courroux. Ce maître, qui observait, depuis la Force, la scène avec désarroi. Une Sœur saisit l’épaule de la Sith, tandis qu’une autre abattit son couteau au-dessus de son omoplate. Mue par la rage, Darth Ranath lâcha la vieille femme, qui s’effondra, pour faire face à ses deux assaillantes. La première écopa d’un tranchant net, juste sous les côtes, la seconde succomba à la taille du sabre dans son crâne trop mou. Les deux cadavres tombèrent sans grâce aux pieds de la Sith, dissuadant les autres de s’approcher. C’est alors que la Dame Sombre se redressa, levant les yeux en direction d’Amyelle, terrorisée, dos au mur, comme stoppée dans son élan vers la sortie. Elle serrait Ophillia contre son cœur. Toutes les acolytes réagirent en même temps, comme si on leur en avait donné l’ordre. Toutes se précipitèrent sur la calligraphe.

    Image Dans le dortoir, la dernière des Sœurs téméraires rendait son ultime souffle, en vérité un soupir baigné de sang, le ventre ouvert et la gorge tranchée. L’assaillant se raidit, tourné vers Varadesh, il avait marqué comme une pause courte d’une fraction de seconde. L’instant si vite passé, il se jeta sur l’Apprentie. Chacune de ses attaques était chargée de colère, une colère toute dirigée vers Darth Varadesh. Si bien qu’il n’essaya même pas de barrer la route à la Mirialan. Il la laissa filer, et sans pourtant voir son visage, la Sith put discerner le sourire de son adversaire, plein de satisfaction. Le duel amena les deux bretteurs au centre du dortoir. L’inconnu profitait de la présence de meubles variés pour déstabiliser sa victime. Sa concentration paraissait infaillible tant il était capable de porter son attention à la fois sur les projectiles qu’il envoyait à Varadesh, et sur le combat direct qu’il menait, sabre à la main. Il ne laissait rien passer, contrait, parait, attaquait, toujours en surenchère, avec toujours plus de violence. La Pantoran serait à bout très vite, et il se délectait de sa souffrance grandissante.

    Image Ranath arriva la première pour passer ses bras autour des épaules de la jeune femme. D’une injonction silencieuse, elle la fit accroupir. Lorsque la première des Soeurs porta la main à hauteur du trio, la colère de la Sith explosa, fauchant la troupe armée et faisant trembler les murs, un bruit sourd qui résonna dans le temple. Les deux Mirialans se relevèrent, plissant les yeux pendant que le nuage de poussière se dissipait. Et au cœur de ce brouillard, la Dame Sombre vit apparaître trois silhouettes, trois ombres élancées, tête couverte, visage masqué. La prise de Ranath se raffermit sur les épaules d’Amyelle.

      « Où est Sabina ? »

    L’autre ne répondit pas, elle hochait négativement la tête. Elle ne pouvait détacher son regard des trois silhouettes qui s’étaient arrêtées aux abords du foyer. L’attention de la Sith alla directement à celle qui se tenait le plus à droite. C’était elle. Elle la reconnut tout de suite. L’ombre qui la suivait depuis des mois.

      « Il y a un speeder dehors, va t'en. »

    La jeune femme ne se fit pas prier et se remit à courir.

    Image La lame opale transperça le corps de son ennemi qui lâcha son sabre et tomba à genoux aux pieds de la jeune Sith. Il se tourna vers elle, visage vers le ciel. Et tandis qu’elle profitait de sa victoire, son adversaire vaincu se liquéfia. Son manteau de nuit devint une rivière d’encre, la chair qu’il dissimulait devint un flot de sang. Le tout dégoulina au sol, se répandit lentement sur le parquet, s’infiltra entre les planches et disparut. Il ne restait plus rien de lui. Son sabre même avait disparu. Le sol, alors, était sec. L’éclat sourd qui résonna depuis la salle commune du temple ne put que tirer Darth Varadesh de sa perplexité. Là-bas, elle trouverait son maître tenant tête à trois adversaires, dont celui qu’elle venait d’affronter. Aussitôt qu’il la vit, il tendit la main pour l’immobiliser d’une étreinte brutale. Pendant ce temps, à l’opposé, Amyelle fuyait.

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    La Dame Sombre ne souffrit le retard d’aucune hésitation. Elle se jeta sur le bourreau de son apprentie, toute lame dehors. Contraint de lâcher prise pour dégainer son sabre, il répliqua avec force. Les deux autres reculaient. D’un Djem So des plus agressifs, Ranath repoussa son adversaire, se laissant tout juste le temps d’approcher la pensée de Varadesh.

      Ne te mêle pas de ça, vas rejoindre Amyelle !

    Mais à peine son ordre mental formulé, que la silhouette qui avait tenu tête à l’Apprentie dans les dortoirs, se précipitait vers la sortie, à la poursuite de la calligraphe.

    Dehors, le speeder avait démarré et déjà s’éloignait.





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By Zeph Mathuin
#34855
Il était habile l'animal, il fallait le lui reconnaître. Drapé dans le mystère de ses vêtements amples et l'incompréhension de son identité, il ne pouvait en tout cas pas cacher ses intentions qui elles étaient visiblement meurtrières. Qu'à cela ne tienne, la Sith en avait également à revendre des envies de meurtre et de violence. Elle avait réalisé en voyant la petite silhouette de sa fille dans les bras d'Amyelle combien elle aimait cette enfant, en dépit de tout ses doutes et ses craintes. Sachant que cet inconnu nourrissait des plans funestes, elle ressentait la fureur à l'idée qu'il puisse lui faire du mal. Elle n'allait pas permettre ça, ni maintenant ni jamais.

Je te jure que tu vas mourir.

Dussé-elle y passer également. A nouveau ils se jetèrent l'un sur l'autre à grands coups enragés? Discipliné et doué qu'il était, il semblait pleinement investi dans l'Ataru offensif mais cela avait un prix. La forme requérait une telle concentration dans la Force qu'elle épuisait rapidement son pratiquant, l'obligeant à mettre rapidement fin à un duel s'il voulait ne pas tomber d'épuisement. Seule sa maîtrise bien meilleure que la sienne des duels lui permettait de tenir car son propre Niman lui permettait d'économiser au maximum ses mouvements et son énergie. Bien sûr, ça ne durerait pas indéfiniment.

Elle appréciait vraiment de plus en plus l'emploi de la forme VI tant sa simplicité faisait paraître grossiers ses mouvements et ses actions. En comparaison avec l'élégance de son adversaire, on aurait pu la prendre pour une mioche sachant à peine manier un sabre. Etre sous-estimée avait ceci d'avantageux qu'on baissait la garde en croyant avoir une victoire facile, un atout dont elle aimait à profiter en riant tandis qu'elle tranchait les objets qu'il lui envoyait à la figure et esquivait ses coups comme une ivrogne. Il semblait si facile de la vaincre et pourtant juste assez hors de portée pour s'en tirer. Tout comme il s'était délecté de la sentir fatiguer rapidement, elle se délecta de sa frustration face à son absence de progrès.

Alors, c'est pas aussi facile que tu le croyais hein ?

Son gloussement fut vite interrompu lorsqu'un coup enragé la fit reculer de plusieurs pas. La lame ennemie se rapprocha dangereusement de son visage, uniquement stoppée de peu par son sabre. Assez rigolé, il était temps d'inverser les rôles. Elle pensait avoir donné assez de temps à Amyelle pour rejoindre son maître, il fallait qu'elle les rejoigne. Voyant se profiler une faille dans la défense de l'étranger, l'apprentie se fendit en avant, détourna la parage ennemie et plongea le sabre orangé dans son ventre. L'homme s'effondra immédiatement... Pour se transformer en un liquide nauséabond qui disparut comme s'il devenait cendres. Il ne resta rapidement rien de lui. Éberluée, elle regarda autour d'elle. C'était quoi ce bordel ? Entendant les bruits assourdissants venant de son point de départ, elle se précipita à grands pas.

Le tableau avait de quoi l'inquiéter sérieusement. Les cadavres de plusieurs soeurs autour de la Dame Sombre, 3 silhouettes bizarrement vêtues qui l'affrontaient et Amyelle qui s'installait déjà dans le speeder avec Ophillia sur le siège passager avant. Prise d'une fureur soudaine, Varadesh commença à se diriger par là mais fut stoppée nette par une concentration phénoménale de puissance contre son corps. Etouffante, elle se tint la gorge sous les mains, incapable de bouger, observant impuissante le véhicule qui démarrait. Non non non, elle ne pouvait pas rester là sans rien faire pendant que... Le sort s'évanouit soudainement, son maître ayant plongé avec rage sur son bourreau pour le soustraire à sa tâche. Elle entendit la voix de la Mirialan lui ordonner de fuir avec sa fille.

Sans y réfléchir plus avant, la Pantoran fit plusieurs pas dans la direction d'ou filait à toute vitesse le speeder... Puis s'arrêta. Que pouvait-elle faire ? Elle n'avait pas de moyen de rattraper le véhicule aussi vite qu'il allait et pour couronner le tout, son ennemi de tout à l'heure, visiblement en pleine forme sans qu'elle comprenne comment, se précipitait dans le même but qu'elle. Enragée comme elle l'était, Varadesh canalisa le pouvoir du côté obscur et le lança en direction de l'étranger, le repoussant brutalement contre le mur. Sans lui laisser le temps de se remettre, elle fut sur lui en un clin d’œil et l'embrocha une seconde fois. Il fallait espérer que ce serait la dernière.

A présent seule sur le seuil de l'entrée menant au-dehors du temple, elle voyait le speeder au loin. Elle pouvait le rattraper, la Force pouvait lui adjoindre une grande vitesse temporairement si elle le voulait. Alors qu'elle fit un pas puis un autre dans ce but, les bruits de lutte acharnée dans son dos lui rappelèrent que son maître se retrouvait en situation bien délicate, seule contre deux ennemis aussi mystérieux que mortels. Posant une main contre la pierre du mur, son regard ne cessait d'alterner entre le point lumineux s'éloignant toujours plus et la silhouette malmenée de la Mirialan. Que devait-elle faire ? Quel était le choix le moins terrible qu'elle devait faire ? Sa fille ou son maître. Dans les 2 cas, son avenir.

Elle était déchirée entre son instinct premier qui la poussait à retrouver sa progéniture et à fuir avec elle ou bien revenir ensuite aider son maître d'une part et d'autre part une voix dans sa tête qui lui hurlait que son devoir était ici. Y avait-il seulement une bonne décision qu'elle puisse prendre dans cette situation ou simplement se cantonner à la moins terrible des deux ? Que devait-elle faire ? Lui revinrent les paroles pleines de la sagesse obscure de Tulak Hord, "Ceux que tu pourchasses ont sacrifiés infiniment plus que du simple sang ou des larmes en échange de leur puissance." Il avait touché juste, puisse la peste faire pourrir son corps. Embrasser la voie des Sith demandait qu'on lui sacrifiât tout. Absolument tout.

Ophillia n'était pas un avenir viable pour elle qui avait rallié l'Ordre. Elle ne l'avait jamais été. Elle n'était qu'une distraction qui la détournait de son vrai destin, un danger plus subtil et grand qu'il n'en avait l'air. Et au fond, pouvait-elle prétendre à offrir à cette petite chose la vie qu'elle aurait mérité ? Qu'aurait-elle à lui offrir à part une vie d'obscurité, élevée par d'autres que sa propre génitrice et jamais aimée, toujours mise à l'épreuve ? Varadesh jeta un dernier regard lourd, empli de chagrin et de regret, à ce speeder qui disparaissait. Elle pensa une dernière fois à ce petit visage qu'elle n'avait qu'à peine vu depuis sa naissance un an plus tôt et son cœur se brisa.

Pardonne-moi, ma fille. Je ne peux te suivre là ou tu vas.

La mort dans l'âme, l'apprentie se retourna, dégaina sa lame orange et se jeta dans la mêlée, prêtant assistance à son maître. Un maître qui, ainsi qu'il devait en être pour tout les Sith, devait être tout pour elle. Oubliant toute prudence et toute notion de sécurité, Varadesh dansait au rythme des lames qui s'entrechoquent, s'ouvrant totalement et sans retenue au côté obscur. Venez, murmurait-elle aux ténèbres de la Force, prenez-moi et façonnez-moi. Je suis à vous...

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By Jen'Ari Nekanasaza
#34878
    Il mourut dans un soupir, ne s’attendant pas à l’intervention si rapide de la jeune Sith. Ou peut-être si. Le résultat n’en demeurait pas moins probant et laissait le champ libre à Varadesh pour quitter le temple … ou se jeter à nouveau dans la bataille. L’apparition de la lame de feu au sein du trio, alors sang et neige, surprit. Elle surprit davantage Ranath que les deux autres antagonistes. Désormais à deux contre deux, les forces s’équilibraient. Les deux silhouettes mystérieuses dansaient entre les coups. Même leurs lames pâles ne semblaient jamais rencontrer leurs ennemies.

    Elles étaient deux. Le visage masqué. Les gestes prestes. L’une à la puissance avérée, l’autre plus réservée. La Dame Sombre s’acharnait sur la seconde. Elle avait à lui poser une question. Elle voulait voir, elle voulait savoir. Mais toujours l’ombre s’esquivait. Jusqu’à ce moment décisif, où le duo obscur parvint à se synchroniser, où les deux Sith valsaient avec fluidité, et où la lame pourpre menaça pour de bon. L’une des deux silhouettes, de toute sa colère, repoussa les assaillantes, projetant sur elle une Vague de Force brutale. La colère, les deux Sith purent la ressentir. Ces deux-là, étaient assurément obscures.

    Le Maître et l’Apprentie heurtèrent violemment le mur. Tandis qu’elles se relevaient à peine, l’emprise de leur adversaire se referma sur elles. Et c’était la seconde qui les tenait avec fermeté, tendant une main vers chacune. Les lames avaient regagné leur refuge. Au-delà de leur souffrance, Ranath et Varadesh pouvait observer le duo qui s’opposait à elles. Cela ressemblait, de près ou de loin, à un maître et son apprenti. Le maître semblait s’être détendu. Enfin, on put entendre sa voix, celle d’une femme.

      « Pauvre petite Jedi perdue, revenue sur ses pas en quête de réponses. Tu as bien tardé à venir nous voir. Et quelle déception de te voir encombrée de ce parasite. Vouez-vous à l’Obscurité, elle vous dévorera. Quelle ignorance. Seule la Lumière est toute puissante. Sans Elle, vous n’existeriez même pas. Elle est partout. Elle relie les êtres entre eux. Sans Elle, pas de vie. Elle est la vie. Quelle meilleure définition pouvez-vous donner à la Force, sinon la Lumière ? »

    En son for intérieur, Ranath enrageait. Elle avait surmonté la douleur de l’Étreinte, et bien que toujours incapable de bouger, elle observait sa haine l’envahir, elle attendait le moment propice à sa libération.

    L’autre poursuivait. Elle avait rejoint le corps inerte de la Grande Sœur, le saisit à la gorge et le souleva. La Mirialan laissa alors échapper un râle rauque, elle était encore en vie.

      « Comprends-tu, Mya, que tu ne peux pas Lui échapper ? Même lorsque tu fermes les yeux, la Lumière continue de nourrir ta pensée. Même dans le noir le plus complet, Elle est avec toi. Elle a frappé ta rétine dès le premier jour de ton existence. Tu ne pourras jamais t’y soustraire. Les jeux sont déjà faits. Alors cesse de te débattre, cesse de fuir. »

    Au timbre de sa voix, on pouvait entendre son sourire.

      « Ou trouve une solution … »

    Une dernière proposition sinistrement articulée, accompagnée d’un geste vif descendant. Elle s’était saisi d’un stylet métallique, et sans une hésitation creva l’œil droit de la Grande Sœur. Puis le gauche. Et elle la lâcha, l’abandonnant à sa souffrance concrétisée par un cri douloureux.

    L’emprise de l’Étreinte disparut soudain. Ranath bondit aussitôt sur leur bourreau, mais avant de pouvoir l’atteindre, les deux silhouettes avaient disparu. Et si l’on jetait un œil du côté de la sortie, le cadavre du troisième aussi. Il ne restait que les corps sans vie des Sœurs, et la vieille Mirialan râlant sans interruption, les orbites suintant de sang et de lymphe. D’un coup sec de sa lame, la Dame Sombre acheva la mourante.

    Et se laissa tomber à genoux, entre rage et désespoir.

    La pensée de la Sith allait et venait, s’arrêtait parfois sur Varadesh, repartait, comme un lion en cage. Tout ce qui venait de se produire était incompréhensible. Et Amyelle avait filé avec Ophillia. Ranath n’était pas convaincue que l’enfant eut un quelconque intérêt pour ces apôtres de la Lumière. Pour autant, sa trace était perdue.

    Il ne restait ici aucun survivant.

      « Fous le feu à tout ça, à tout le temple. »

    Après quelques longues minutes d’inactivité et de silence, l’ordre avait été donné.

    Le Maître se remit sur pieds, s’éloigna du foyer qui brûlait sans relâche. Elle quitta l’enceinte du bâtiment pour gagner le cimetière. Sur le chemin, elle se munit d’une pelle. Elle descendit à pas lents les premières rangées de pierres, et dès qu’elle eut trouvé celle qui l’intéressait, marqua une nouvelle longue pause. Puis soudain, armant la pelle avec colère, frappa l’épitaphe, jusqu’à faire disparaître le nom. Tandis que Varadesh s’affairait à propager l’incendie, à l’aide de tout ce qu’elle pouvait trouver d’utile, Ranath creusait la terre. La tâche fut longue, mais elle en vint à bout. À genoux dans l’herbe sèche et rase, elle extirpa de son trou le cercueil de bois vieilli. Et d’un dernier coup de pelle, en brisa le couvercle.

    Il était empli de terre.

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By Zeph Mathuin
#34913


Qui que puissent être ces mystérieuses personnes, elles allaient connaître la même fin brutale que leur ami dont le corps effondré avait de nouveau disparu, liquéfié de la même curieuse façon que précédemment. Peu lui importait au fond, peu importait les sacrifices et l'énergie nécessaires, elle tuerait jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Poussée à bout par le chagrin, dégoûtée d'elle-même et de son choix fait librement, l'apprentie ne se souciait pas même de sa vie ni de la protéger, valsant à travers le ballet de lames et de coups portés avec une insouciance insensée.

Il n'était pas surprenant dès lors que l'ajout de ses propres capacités dans l'affrontement vint peser dans la balance, d'autant moins qu'elle évoluait avec une indolence traduisant la folie qui la guettait et qui peu à peu l'imprégnait. Elle avait été chercher en elle ce noyau de bonté et de compassion qui existait encore, cet instinct maternel nouveau-né et l'avait broyé. Mais elle n'en ressentait aucune joie ni libération pour autant, rien qu'un vide béant dans son âme qui ne saurait être comblé par quoi que ce soit. Il n'y avait nul réconfort à trouver dans la pensée que ce sacrifice lui ouvrit le chemin du pouvoir car pour se faire elle avait dû renoncer à une part d'elle-même.

La danse de mort continua jusqu'au moment ou, tandis que le maître passait sous la garde de son adversaire, son apprentie repoussait la sienne et s'élançait sur la première pour la mettre en danger. Cela aurait pu marquer la fin de leur affrontement mais ce fut alors qu'elles furent violemment repoussées puis maîtrisées par une poigne de fer à leur gorge. Étouffant, les Sith ne pouvaient rien faire tandis que l'une des 2 ennemies s'en allait de son petit discours méprisant et moralisateur qui donna envie de rire à l'apprentie, n'eut été la compression lente et implacable de sa gorge.

Ce discours était d'un ridicule sans nom. Parler de Lumière quand on usait du côté obscur pour tuer et torturer était déjà risible en soit, ce qui fut accentué lorsque la silhouette mourante de la vieille Mirialan fut relevée et énucléée sauvagement avant d'être jetée de côté comme une marionnette. Varadesh sentit sa rage flamboyer de plus belle à l'idée de mourir ou d'être tenue en respect par ces inconnus. Qui étaient-ils pour oser croire qu'ils puissent défaire les Sith ? Ranath n'était pas moins enragée de son côté et luttait de toutes ses forces pour se dégager de l'étreinte qui l'accablait. Soudain, la pression disparut en même temps que les silhouettes et les Sith ne purent que constater avec frustration leur échec.

Tandis que la Dame s'écroulait au côté du corps de la vieille prêtresse pour mettre fin à ses tourments, l'apprentie observait autour d'elle. A présent que leurs ennemis inconnus avaient disparu tout comme Ophillia et Amyelle, elle se sentait détachée de tout. La fureur avait laissé place au vide dans son cœur et elle était maintenant froide, insensible à tout. Que lui restait-il maintenant, à part une sensation de perte et d'échec ? Rien. Et tout. Elle entendit l'ordre donné et hocha la tête docilement avant de se mettre en quête de moyens de tout faire brûler. Il ne devait rien rester de ce temple afin que leurs traces ne soient jamais repérées. De plus, cet endroit dédié à la Lumière leur était un affront et devait être consumé par les flammes de leur colère.

Varadesh explora longuement le temple. Contrairement à ce que son maître avait pu croire, il y avait encore quelques sœurs vivantes qui se cachaient en pleurant en divers endroits comme les dortoirs, le réfectoire et des cellules de méditation ou de prière. Chacune recevait le même traitement de la part de l'apprentie, un regard vide et dur, une lame orangée qui s'allume et une vie qui prend fin, passée au fil de la lame sans pitié ni fioriture. Elles devaient toutes payer pour la perte qu'elle avait subie et elle avait besoin d'un exutoire. Au bout d'une quarantaine de minutes, elle eut enfin purgé le temple de toute vie et mis le feu au bâtiment.

Sortie au dehors, l'apprentie observa les flammes s'élever lentement et dévorer le temple ainsi que tout ce qu'il contenait. Il faudrait partir au plus vite pour ne pas avoir à tomber sur des curieux venus voir ce qu'il se passait, bien que les environs sur des dizaines de kilomètres étaient désertes. Ce monument à tout ce qu'il y avait de bon en ce monde était détruit, un présage qui lui semblait prophétiser l'avenir pour tous. La lumière finirait par mourir partout ou les Sith passeraient, son concept éculé ayant fait son temps. Se détournant de ce triste spectacle, la jeune fille s'employa à chercher son maître et la trouva en train de fouiller dans le sol non loin de là, profanant une tombe. Le nom était illisible, aussi était-il difficile de comprendre le but derrière l'acte.

Un ami à toi dormant dans ce cercueil ?

Si l'aura de l'apprentie restait résolument obscure, - en vérité bien plus qu'à leur arrivée - elle n'était en revanche guère flamboyante mais plutôt chancelante et affaiblie. De même, sa voix ordinairement mélodieuse et charmante semblait cassée, sèche et morne. Le regard de la Pantoran était vide et ses mains tremblaient légèrement tandis qu'elle observait son maître se relever de la tombe, sale et encrassée de terre. Par moment, Varadesh tournait la tête au loin, dans la direction ou le speeder avait pris la fuite. En ce moment, Amyelle devait être à l'astroport, quittant peut-être déjà la planète pour une destination inconnue et emportant avec elle une vie qui ne lui appartenait pas mais dont elle avait reçu la charge.

Nous devrions partir au plus vite de Mirial avant de nous faire attraper.

Brisée. Elle l'était.

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By Jen'Ari Nekanasaza
#34917
    Le cercueil, en raison de sa taille, n’aurait pu contenir le corps d’un adulte. Comme une réponse muette à la question de l’Apprentie, il se vida de sa terre une fois son couvercle brisé, provoquant à nouveau la rage de la Mirialan qui le repoussa brutalement. Il roula dans la pente, sur quelques mètres. La Sith se tourna d’un bloc vers le fantôme qui la toisait. Varadesh eût pu tout d’abord croire que l’agressivité du Maître lui était destinée.

      « Où est-elle ?! »

    Le Jedi ne répondit pas. Il s’avança.

      « Je te déteste ! »

    Il s’arrêta à côté de la Pantoran.

      « JE TE HAIS ! »

    La Mirialan serrait fort dans sa main le sabre du Sang Pur, mais n’en déclencha pas la lame. Sa fureur réveilla une douleur endormie. Son flanc la faisait de nouveau souffrir. Elle porta machinalement la main à la cicatrice. La vision la frappa de plein fouet. Il faisait nuit, la pluie battait les murs de la ruelle à rythme soutenu. Ranath marchait d’un bon pas, se sachant suivie. L’ombre surgit de nulle part et la plaqua aussitôt contre la pierre ruisselante d’eau. Sa lame de métal blanc perfora tissus et chairs, et sans attendre, se retira. Elle disparut. Laissant la Sith seule et blessée, perdue et pressée de regagner son vaisseau. La Dame Sombre réalisa alors que les runes ne lui avaient pas soufflé la fin, mais simplement la suite. Et l’image de la silhouette restait gravée en elle.

    La Mirialan jura entre ses dents. Deux mots presque inaudibles, sifflés tandis que les poumons expiraient leur air. Sale pute. Le Maître donnait à voir à son apprentie un bien triste spectacle, mais néanmoins une démonstration de haine profonde.

      « Je les tuerai … »

    De quelques pas, Ranath se porta au devant de la Pantoran. La gamine avait raison, ne pas s’attarder, filer au plus vite.

      « Et comment ? »

    Ce qui avait précédé venait de disparaître, elle l’avait balayé d’un battement de cils, d’une injure. Alors, oui, comment ? Ici pas de speeder, pas de moyen de locomotion. Quel jour on était ? Quelle heure il faisait ? Quand arriverait la prochaine tribu, et avec elle, les nouveaux ennuis ? Partir. Sans réponse ? Non, non, impossible. D’un regard désespéré, la Jedi déchue cherchait son maître qui s’était envolé.

      « J’ai besoin d’Amyelle, et n’a pas pu quitter la planète. »

    Une affirmation pour se convaincre, mais aucune certitude. Car jamais elles ne gagneraient l’astroport avant la jeune calligraphe. Néanmoins …

      « Elle n’est pas partie. »

    On ne parlait plus de la Mirialan.

      « Varadesh. »

    L’Apprentie avait l’air perdue, complètement vidée de toute vie. Son enfant avait disparu.

      « Amyelle ne peut pas quitter Mirial. »

    Physiquement elle le pouvait, mais psychologiquement … Non, la jeune femme était bien trop faible, bien trop peureuse. Elle avait dû aller … Et merde ! Amyelle était née des Afféens. Et ceux-là, au début du printemps … Ça ne donnait rien. Pourtant ...

      « Je crois savoir où elle a pu aller. Il va nous falloir marcher trois jours pour rejoindre la ville.

      Tu t’en sens capable ?
      »

    Elle n’avait pas le choix. Le duo se mit en route. Le Maître et l’Apprentie marchèrent en silence le long de la route laissée à l’abandon. Il faisait froid, mais le rythme rapide de leurs pas compensait les faibles températures. En revanche, leur mutisme leur donnait à penser. Des idées noires, les réminiscences de leur combat perdu. Peut-être à mi parcours, Ranath osa une question, la plus stupide des questions.

      « Ça va ? »

    Elle ne s’attendait pas à grand chose.

      « Il y a une question qui me tient, depuis que nous avons fait la connaissance d’Ophillia. J’aurais aimé savoir qui est son père. »

    Et là, à encore moins.
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By Zeph Mathuin
#34927
Comme si la situation n'était pas déjà suffisamment mauvaise. Sa fille était portée disparue, entre les mains d'une prêtresse terrifiée qui allait surement chercher à s'enfuir le plus loin possible, un carnage avait eu lieu entre les murs du temple qui brûlait maintenant entièrement afin de détruire toute preuve et pour l'insulte que ce monument à la Lumière représentait. Et maintenant ça, son maître qui avait perdu la boule et était devenue totalement folle au point de creuser une tombe, en sortir un cercueil et le profaner avant de se mettre à cracher comme un animal fou furieux.

Et le pire dans tout c'est qu'elle lui crachait dessus à elle. Elle l'injuriait grossièrement et pointait sur elle un doigt crasseux avant de lui jeter diverses malédictions et de lui crier toute la haine qu'elle avait pour elle. Varadesh se figea. Oh, elle la détestait maintenant ? Fort bien, ça lui faisait une belle jambe, comme si elle avait jamais paru ressentir autre chose que de la haine et du dégoût pour son apprentie. Manque de bol, c'était bien elle qui avait choisi de la prendre sous son aile. Et maintenant que les choses se passaient mal, voilà qu'elle pétait les plombs et se retournait contre elle ?

Oh mais très bien, si ça lui faisait plaisir après tout. Une nouvelle raison de la détester à rajouter sur sa liste donc, une de plus. Dire qu'elle s'était prise à croire qu'elle pourrait pardonner à cette folle et avancer comme avant ce triste incident un an plus tôt. Visiblement elle s'était trompée. Les yeux de la Pantoran, jusque-là vides de toute lueur, presque éteints, luisirent d'un éclat féroce tandis qu'elle jetait un regard offensé à la Mirialan.

Hais-moi si tu le souhaites, ça ne changera pas les faits.

Un ton aussi glacial que les vents de la lointaine Hoth, à couper au couteau. Le ridicule dont se couvrait la Dame Sombre était tel que l'apprentie se demanda si elle n'avait pas simplement perdu la tête pour de bon. Dans ce cas, à quoi bon s'infliger de rester en sa compagnie ou même son élève ? Pourquoi ne pas prendre son sabre et l'affronter illico ? Au pire, elle s’avérerait trop faible pour vaincre une aliénée et prouverait être indigne de tout, au mieux elle débarrasserait l'Ordre d'une démente et assumerait bon gré mal gré sa juste place. N'était-ce pas la chose à faire ? Défier la Sith et advienne que pourra ?

La dernière injure prononcée tout bas avant que le masque de rage ne redevienne peu à peu impassible et calmé n'échappa pas à ses oreilles et cette insulte lui fit plus de mal encore que les précédentes. La déception emplit l'apprentie qui s'efforça de ne rien montrer de ce qu'elle ressentait. S'en suivit une rapide introspection que la jeune fille soupçonna être un moyen de reprendre complètement ses esprits et se fixer un nouvel objectif. Ce fut cela qui la convainquit de ne pas tenter sa chance, peut-être y avait-il encore à apprendre de cette dingue. Mais ça ne durerait pas éternellement.

Il fallait maintenant repartir à l'astroport et ce à pied. Une épreuve physique intense, d'autant qu'elles n'avaient pas de provisions et que le temple ne pouvait plus guère en contenir maintenant. Tant pis, il faudrait faire sans. Il fallait se figurer que l'énergie de la Force pourrait tempérer provisoirement leur faim et leur soif, quand bien même celles-ci reviendraient ensuite plus intenses que jamais. Sans un mot, haussant les épaules pour toute réponse à la question que son maître lui posa, Varadesh se retourna puis, sans un regard en arrière, entreprit la longue marche, se souciant peu d'attendre Ranath. C'était et ce n'était pas de l'insolence, le respect qu'elle devait à son maître ayant considérablement pâti du triste spectacle mais en même temps, elle broyait tellement du noir qu'elle n'avait même pas pensé à mal.

Les longues plaines silencieuses et désertes ne constituaient déjà pas un spectacle palpitant ni encourageant, mais la pensée du temps qu'il leur faudrait pour arriver à bon port, conjuguée à leurs préoccupations propres, tout cela engendra un silence morose et inconfortable. L'apprentie évitait de porter son regard sur son maître, se contentait de continuer tout droit sans penser à rien, s'efforçait de ne penser à rien. De toute façon, qu'y aurait-il à dire ? Que leur petite expédition s'était conclue en un véritable fiasco à tout les niveaux ? Qu'elles avaient été gravement en danger à cause de choses qui visiblement n'en avaient eu qu'après la Dame qui ne voyait aucunement l'intérêt de s'expliquer ? Que son comportement lui avait fait perdre un peu plus le peu d'affection qu'il restait dans le cœur brisé de son apprentie ?

Qu'y avait-il à dire ? Rien.

La seconde question en revanche était tout aussi surprenante que le coup de sang quelques heures plus tôt au sanctuaire, ce qui valut un regard étonné de la jeune fille. Quel était le rapport avec leur situation, franchement ? Qu'est-ce que ça pouvait bien faire de toute façon ? Qui ça intéressait vraiment ?

Personne. Un simple serveur rencontré au hasard durant mon séjour sur Commenor. Une monumentale erreur, mais après tout, fallait-il s'attendre à autre chose de la part d'une sale pute, hein ?

Suite à quoi elle se mura dans le silence. Peut-être que Ranath le prendrait très mal et voudrait lui donner une leçon après une telle impertinence. Peu lui importerait. Profondément réfugiée dans les recoins de son esprit, l'apprentie n'accordait pour l'heure plus aucune importance à rien. Rien, ni personne. Vidée de tout, elle serait comme spectatrice de la scène, à observer d'un point de vue extérieur, détachée. On pouvait lui reprocher de prendre la mouche facilement et pour pas grand-chose et on n'aurait pas eu tort. En fin de compte, les pires ennemis sont ceux que l'on se fabrique soi-même.
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By Jen'Ari Nekanasaza
#34949
    La Pantoran affichait un air morose. Quoi de plus normal. Elle marchait en silence, au côté de son maître, fixant la route d’un regard vide. Elle répondit cependant à la deuxième question, sans même porter d’intérêt à la première.

      « Pardon ? »

    La réaction de la Mirialan fut plus franche qu’elle ne l’aurait voulu, sans pour autant laisser transparaître une quelconque agressivité. Pendant une paire de secondes, elle s’interrogea. De quoi parlait-elle ? Était-ce un commentaire pour elle-même ? Ou une parade ironique ? Un rapide retour sur les heures précédentes, une brève introspection, et Ranath mit le doigt sur le détail qui n’avait pas échappé aux oreilles de la jeune femme.

      « Ça ne t’était pas destiné, Varadesh. »

    Pas de temps pour un silence.

      « Je joue au chat et à la souris avec ces choses depuis déjà plusieurs mois. Je soupçonne l’une d’elle de manipuler certains de mes souvenirs ... »

    Elle eut un geste de la main, comme présentant sa paume au monde pour ponctuer la démonstration. L’insulte allait à son ennemie.

      « … et d’en savoir trop. »

    Celle-là devait mourir, c’était évident. Il n’y avait pas franchement plus d’explications à donner. Si l’Apprentie souhaitait en faire une affaire personnelle, Ranath ne passerait pas deux heures de son temps à tenter de la convaincre qu’elle se fourvoyait. L’entêtement relevait alors, à son sens, d’un certain niveau de caractère peu enviable, voire pire, d’idiotie. À Varadesh de faire le tri, de croire ou non, mais s’enfermer ainsi en période de crise n’amenait jamais la solution. Malgré les apparences, le Maître ne refusait que rarement le dialogue. Toutefois, il revenait à la Pantoran de le déclencher. Elle avait déjà tant manqué. Des sentiments, des états d’âme, des explications. Et peut-être avec ça, une relation enrichissante avec son maître.

      « Cette planète est toxique. »

    Elle rêvait tant de la voir brûler. Comme le temple. Un beau brasier. Les souvenirs d’Ansion lui sautèrent à la gorge. Oui, à peu près comme ça. Ça ne l’attristerait qu’à peine.

      « Elle joue avec mes nerfs. »

    La Mirialan aurait jugé excessive toute susceptibilité de son apprentie, bien qu’elle n’en aurait rien laissé voir. Qu’il fut question d’absence de réaction, ou au contraire, de sensibilité à outrance, il leur restait encore plusieurs heures de marche, et la perte de temps n’était pas une option. Chacune avait son objectif, l’une trouver Amyelle et des réponses, l’autre trouver Ophillia et des raisons d’en vouloir à son maître. Ranath ne dit plus rien jusqu’à rejoindre la périphérie de la ville.

    Quand le duo atteignit les premières habitations, au petit matin, les rayons d’un soleil froid perçaient à peine la fine couche de nuages gris qui enveloppait Mirial. Les rues étaient vides, voler un speeder fut un jeu d’enfant.


    * * *


    Darth Ranath coupa le moteur du speeder au pied des bâtiments administratifs de ce qui semblait être une entreprise de transport de marchandises longue distance. Il était encore tôt pour voir ouverts les bureaux, mais du côté du hangar, les employés s’activaient déjà. La Mirialan ne jeta qu’un œil vers cette option avant de se diriger vers l’accueil, faisant signe à l’apprentie de la suivre. Le droïde rangé derrière un comptoir les apostropha de sa voix métallique.

      « Bienvenue aux Transports Thran. Que puis-je faire pour vous ?

      - Ekki est là ?

      - Vous voulez dire Monsieur le Directeur Général Thran ? Non, il est absent.

      - J’aimerais accéder au bureau de la direction.

      - Votre identifiant ?

      - Tellis, Mya.

      - Je suis désolé, mademoiselle Tellis, vous n’avez pas l’autorisation d’accès. »

    Ce n'était pas étonnant, mais pendant un instant, elle avait espéré. Sans autre forme de procès, la Sith fit demi tour, direction le hangar. Interpellant le premier venu, elle ne demanda qu’un nom, on lui indiqua du doigt la présence de son porteur. L’homme en question, un Mirialan, écarquilla de grands yeux, qu’il avait bleus, en apercevant sa vieille connaissance. Il lui tendit la main en s’exclamant.

      « Mya !

      - Bonjour, Padeen. Je te présente Sabina. »

    Il la regarda un instant, et avec un fort accent d’ici …

      « Salut, moi c’est Padeen. »

    Il revint à Ranath.

      « Tu viens voir Ekki ? »

    Il continuait en Galactique, pas question d’être impoli avec la Pantoran.

      « J’aurais aimé.

      - Il est au mariage d’Henna.

      - J’ai surtout besoin d’une information, je peux accéder à un terminal ?

      - Ouais, viens, venez. »

    Il leur déverrouilla l’un des postes de travail, et Ranath put effectuer la recherche qui les mènerait à Amyelle. Une fois l’information trouvée, le duo se remit en route, remerciant et saluant amicalement le Mirialan encore un peu ému.


    * * *


    Le nouvel arrêt du speeder intervint dans une rue d’un quartier résidentiel où s'agglutinaient les maisons aux apparences modestes. La Sith se présenta et frappa à la porte de l’une d’elle. On vint lui ouvrir avec méfiance. Par l'entrebâillement de la porte, un homme l’interrogea, dans sa langue natale, faisant fi de la présence d’une étrangère.

      « Oui, c’est pour ?

      - Pardonnez-nous de vous déranger. Amyelle est ici ? Nous sommes des amies.
      »

    Ranath savait qu’on ne les laisserait pas entrer, surtout si Amyelle était revenue à la demeure familiale. Tout chez l’individu indiquait qu’il était hors de question de traiter avec elles. Et tenter de persuader un Mirialan pouvait s’avérer dangereux.

      « Elle a sauvé l’enfant de ma sœur.

      - Vous savez ? Pour le temple ?

      - Nous avons appris. Nous voulons seulement remercier Amyelle, et rendre l’enfant à sa mère.
      »

    Finalement, on les laissa passer. La maison semblait vide de ses occupants. Mais si on laissait traîner ses sens ici ou là, on trouverait, cachés derrière les portes closes, des femmes et des enfants. Le chef de famille mena les deux intruses à l’étage, jusqu’à la chambre d’Amyelle.

      « Ne l’embêtez pas trop. »

    Et après avoir ouvert un peu la porte et passé la tête dans la chambre …

      « Tu as de la visite. »

    En voyant entrer les deux sensitifs, la jeune calligraphe poussa un petit cri où se mêlait peur et joie. Quand toutes les trois furent seules, elle osa parler.

      « Qu’est-ce-qui s’est passé ? C’était quoi ?

      - Calme-toi … Tu vas bien ? Où est Ophillia. »

    Tout en hochant la tête, Amyelle désigna le petit lit dans lequel dormait l’enfant. L’histoire finissait bien.

      « Tu n’avais jamais vu ces choses ?

      - Non, je … je ne sais pas …

      - Que t’a dit la Grande Sœur ?

      - Que … »

    Son regard allait de Sabina à Mya, elle hésitait, se décida.

      « … qu’il fallait emmener Ophillia, qu’il fallait la cacher ... »

    Ophillia était rendue à sa mère. Celle-ci avait désormais tout le loisir d'apprécier le soulagement de ces retrouvailles. L'enfant dormait paisiblement dans un berceau.

    Tandis que Ranath répondait aux questions d'Amyelle et lui en posait d'autres en retour, cherchant à élucider le mystère des trois créatures sans visage, une présence, une pensée s'immisça aux frontières de l'esprit de l'Apprentie. Une voix douce et claire qui n'était pas celle de son maître.

    La paix est un mensonge, il n'y a que la passion.
    Par la passion, j'ai la puissance.
    Par la puissance, j'ai le pouvoir.
    Par le pouvoir, j'ai la victoire.
    Par la victoire, je brise mes chaînes.
    La Force me libérera.

    La comptine était bien connue.

    Qu'est-ce qui fait qu’un Sith est un Sith ?
    Son nom ?
    Sa foi ?
    Ses actes ?
    Le maître qu'il suit ?
    Qui est ton maître ?
    En quoi croit-il ?

    Et encore.

    Une Jedi.
    Tu ne seras jamais libre.
    Finis-en.
    Maintenant.


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By Zeph Mathuin
#35096
Fallait-il croire la Mirialan quand elle affirmait que cette insulte n'était pas pour elle ? Une bonne question. On apprenait à la dure, quand on était une apprentie Sith qu'ils n'étaient pas dignes de confiance, fourbes, retors et dangereux. Dans ces conditions, était-ce la vérité ou un joli mensonge pour tenter de rattraper un moment d'égarement durant lequel la Dame avait lâché un mot de trop par mégarde ? L'idée était tentante mais il y avait un hic. Ranath ne s'encombrait habituellement pas de lui parler trop gentiment pour la ménager. On pouvait reprocher bien des choses au maître mais quand elle avait quelque chose à dire ou un message à faire passer, elle ne s'en privait pas.

Dans ces conditions, le doute sur le destinataire de ce terme si exécrable était non seulement permis mais aussi légitime. Peut-être avait-elle été trop prompte à juger, emportée qu'elle était par la situation misérable dans laquelle elles se trouvaient, précisément à cause de la Mirialan. Le fait qu'il eut fallu venir chercher un enfant était de la responsabilité de l'apprentie, indubitablement. Mais ces choses inconnues qui les avaient assaillies et massacré les prêtresses, elles étaient la responsabilité de Ranath seule. Le danger et tout ce qu'il impliquait n'était pas uniquement dû aux erreurs de la jeune fille mais aussi du manque de vigilance de son maître.

Varadesh ne dit rien pour autant durant tout le temps que dura leur longue marche. L'esprit rempli de doutes, incapable de se décider sur l'opinion qu'elle avait de la Dame Sombre, elle préféra se murer dans le silence et se couper de tout, un peu à la manière de la Mirialan qui était visiblement plongée dans ses propres pensées. Un duo formidable et si engageant ne pouvait que laisser rêveur. La Pantoran se rendit compte qu'elle comprenait toutefois ce que son maître voulait dire. Elle aussi détestait Mirial, ses paysages mornes et désertiques, chauds, sans rien d'intéressant et peuplé par des indigènes suivant aveuglément des préceptes stupides et surannés.

La longue marche constituait une sacrée expérience en soi, une épreuve d'endurance notable même au regard de l'entraînement physique intensif qu'elle suivait et même en se remémorant sa petite excursion-fuite de Korriban 2 ans auparavant. Lorsqu'elles furent arrivées à la première ville la plus proche, elle était très fatiguée car elles avaient pris peu de repos et toujours en n'échangeant aucun mot, comme 2 étrangères. Un petit vol de speeder après, elles se rendirent à une échoppe de transports. Varadesh ne comprit pas vraiment le but de leur venue en ces lieux et bien qu'elle salua de la tête l'homme qui rencontra et conversa avec son maître ensuite, elle restait distante et silencieuse. Elle nota cela dit avec un léger intérêt que lui aussi connaissait l'ancien nom de la Sith. Ancien, ou vrai nom ? Cette question avait des implications troublantes et en même temps très intéressantes. Il fallait croire que la meilleure façon de tirer l'apprentie de sa torpeur boudeuse, c'était de lui faire miroiter quelque connaissance sur le passé de son maître.

Une jeune fille charmante, comme je dit toujours.

Nouveau changement de décor, cette fois on avait l'impression d'être dans une zone résidentielle pour les pauvres. Ou en tout cas pour des gens peu fortunés, au vu de l'apparence globale vétuste et plutôt disgracieuse. Le quartier lui évoquait une grandeur passée depuis longtemps. Qui que furent ceux qui vivaient ici, ils ne devaient pas vivre très bien. Ne comprenant pas le mirialan, Varadesh n'entendit rien à ce que se dirent Ranath et l'homme ayant ouvert à moitié la porte sa résidence pour leur faire face. Vaguement vexée de constater qu'on l'ignorait au point de ne pas se soucier de parler basic en sa présence, elle promena son regard doré ça et là puis on les laissa entrer.

La maison, assez grande au demeurant et étendue, n'était guère jolie et ne se démarquait pas des autres de la zone résidentielle, bien qu'elle fut plutôt bien entretenue. Laissant son esprit vagabonder, l'apprentie crut sentir d'autres présences ici et là, ce qui n'avait rien d'étonnant. Classant ces observations comme peu pertinentes, elle s'en désintéressa rapidement pour se concentrer sur une autre qu'elle sentait, là haut, ou les menaient le patriarche vert. Croyant comprendre ce qu'elle ressentait là, son cœur fit un bond dans sa poitrine et se mit à battre la chamade. Était-ce possible ? Se pouvait-il que le choix qu'elle avait fait une demie-journée plus tôt n'eut pas condamné son sort mais bien permis des retrouvailles inattendues ?

Lorsque la porte fut entrouverte et que l'homme s'en alla, ce fut tout juste si Varadesh ne se précipita pas à l'intérieur en devançant son maître, tremblant légèrement. Elle croisa le regard d'Amyelle puis aperçut le berceau sur lequel elle était penchée. Instantanément, soulagement et colère prirent vie en elle, joie difficilement réprimée et tristesse, regret et culpabilité, tout cela et tant d'autres choses encore. Ce fut avec difficulté qu'elle marcha jusqu'au bord du berceau avant de pousser sans ménagement la calligraphe et se pencher en avant. Le visage paisible et endormi d'Ophillia l'y attendait, ses traits juvéniles relâchés sous l'action du sommeil si profond qui prenait les enfants, telle une capacité qui se perdait avec le temps et l'âge.

Les yeux brillants de larmes difficilement contenues, Varadesh fut comme hypnotisée devant le spectacle de l'enfant endormie. Lentement, presque avec crainte, elle posa sa main sur le front de la petite tandis que l'autre caressait doucement les minuscules mains serrées en poings. Le soulagement qu'elle ressentait se disputait à l'horreur tandis qu'elle prenait conscience de ce qu'elle avait fait, tournant le dos à cette vie qu'elle avait crée pour le bénéfice d'une autre qui lui faisait tant de mal constamment, à dessein ou non. Avec cette prise de conscience revint la méfiance puis les doutes et l'hésitation. Et lorsqu'elle entendit Amyelle répéter les instructions de la vieille prêtresse, son sang ne fit qu'un tour.

Sifflant de colère, elle se détourna du berceau et agrippa la jeune calligraphe au cou de sa main, serrant avec une force qu'on ne lui aurait probablement pas soupçonné. Regardant tour à tour la Mirialan puis la Dame Sombre, elle serra les dents comme elle serrait la gorge emprisonnée sous sa poigne de fer. Ses yeux d'or luisaient d'un éclat rougeâtre malsain tandis qu'elle concentrait inconsciemment le côté obscur et que sa colère ne faisait qu'augmenter.

Cacher Ophillia ? Ma fille ? De qui ? De nous ? Il fallait éviter que je ne vienne la reprendre c'est ça ? Réponds-moi, vermine. Quel sinistre complot aviez-vous en tête ? L'envoyer en adoption avec des inconnus, peut-être même la confier à d'autres Mirialans qui eux auraient été dignes ? Qu'as-tu à dire pour ta défense, hein ?

Comme sa colère se muait petit à petit en rage, la voix qui lui murmurait à l'oreille soufflait sur les braises de sa haine et sa frustration. Son regard revint sur la Dame Sombre, embrasé, sa main toujours refermée sur la gorge de la jeune calligraphe.

J'entends une voix dans ma tête, moqueuse. Elle m'implore de t'attaquer sans attendre parce que tu es une ancienne Jedi et que tu n'es pas digne de confiance. Qui dois-je croire ? Le maître qui m'abandonne sans un mot et ne m'enseigne rien, celle qui juge bon de ne rien me dire sur les dangers qui nous guettaient avant de venir ici ? Ou la voix qui cherche à me manipuler tout en m'avouant une vérité que je soupçonnais moi-même sans en être certaine ? Qu'en penses-tu, Mya ?

Dans la voix de l'apprentie se disputaient la confusion et la haine, une haine dirigée contre son maître, contre Amyelle, contre ces ennemis inconnus et plus que tout, contre elle-même. L'aura de la jeune fille vibrait d'énergie obscure flamboyante qu'elle avait le plus grand mal à contrôler ou à cacher. Peut-être même n'en avait-elle pas l'envie ni le désir. Et pourtant, toute cette puissance n'était rien face à celle de son maître, elle le savait. Ce qui ne faisait qu'attiser plus encore sa rage et, s'il fallait être honnête, sa jalousie et sa convoitise.

Alertée par l'accumulation de pouvoir, Ophillia se réveilla puis se mit à hoqueter avant de pleurer. Consumée par la colère, sa mère n'en eut pas conscience.
Oblitus reliquia

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