Que des individus normaux, bouffis de leur nature craintive et superstitieuse, puissent voir en la Force une force divine n'était pas surprenant. Elle-même, au tout début, lorsqu'elle avait compris de quels pouvoirs elle disposait, n'avait pu s'empêcher d'y voir quelque magie étrange et de source miraculeuse. Il était somme toute logique que les gens du commun cherchaient toujours une réponse dans les choses qui les dépassaient et du réconfort dans l'idée d'une puissance supérieure les jugeant, les protégeant et les guidant. Cela, elle pouvait le comprendre, bien qu'en vérité il n'en était rien. La Force n'était qu'une source de puissance que ceux qui en étaient dignes pouvaient exploiter à leurs propres fins, rien de plus.
Mais tout de même, vénérer la Force et lui apposer un caractère lumineux alors même qu'on se comportait comme un sociopathe névrosé en parallèle, c'était paradoxal. Haussant les épaules, l'apprentie s'étira dans son siège avant du véhicule qui se déplaçait à travers les plaines arides de Mirial. Ce monde semblait passablement inhospitalier et vide, ou étaient donc les autochtones et leurs villes ? Rien d'étonnant à ce que son maître n'apprécie guère d'y passer du temps, il n'y avait rien à faire, rien d'intéressant et le climat n'était pas des plus agréables. Naturellement capable de vivre à des températures très basses, elle supportait d'autant plus mal les températures élevées. Le climat de Mirial était infernal pour elle, littéralement.
Peut-être que cette vieille folle vénérait ces créatures et leur offrait des enfants en sacrifice pour les apaiser et dans l'espoir d'obtenir leur bénédiction ou leur protection ?A cette idée, Varadesh eut une moue de dégoût. Elle pouvait se délecter de tuer lentement une proie en l'écrasant sous le poids de son pouvoir, trouver excitant de voir la dernière lueur de vie quitter les yeux d'une victime ou être remarquablement dénuée d'empathie pour qui que ce soit mais l'idée de sacrifier des enfants à des bestioles aussi immondes par contre... Peut-être que l'idée d'être responsable d'un enfant, en plus d'en être encore une somme toute, devait lui être insupportable. Allez savoir, bien malin celui ou celle qui saurait deviner ce qu'elle a dans la tête cette petite peste.
Tu rallierais ces choses si tu le pouvais ? Vraiment ? Alors qu'elles sont manifestement folles, meurtrières et dégénérées ?Perplexe, la Pantoran promena son regard doré contre celui de son maître un bref instant avant de se concentrer sur la route. Elle n'aurait pas très bien su comment réagir si Ranath avait rallié ces choses. Probablement aurait-elle fait quelque chose de très stupide, comme tenter de les tuer malgré le déplaisir que cela causerait à son maître. Quand on vous dit qu'elle est vraiment agaçante quand elle s'y met, on ne plaisante pas. Au moins le speeder avait-il l'avantage de ne pas avoir de toit, aussi le vent soufflait-il suffisamment à leur vitesse contre le véhicule pour rafraîchir quelque peu les températures ordinairement élevées. Soupirant de soulagement, la jeune fille était songeuse.
Y avait-il là une leçon à retenir de la part de son maître ? Peut-être voulait-elle dire que tout allié était bon à prendre, peu importe son identité ou son passif avec les Sith, du moment qu'il pouvait être vraiment utile et malléable. L'idée ne lui paraissait pas mauvaise, bien que l'appliquer aux créatures qu'elles allaient abattre prochainement lui semblait déjà plus difficile. Ou alors Ranath ne faisait que discuter avec son apprentie et il n'y avait aucune leçon particulière à retenir. Pas impossible non plus ça. Elle ne réalisa que tardivement que les environs avaient considérablement changé tout comme le climat, passant de températures élevées - et insupportables - à basses et d'une environnement désertique à enneigé. Sentant les flocons de neige lui tomber sur les cheveux, elle ne put s'empêcher de sourire. Voilà, ça c'était déjà bien plus vivable.
Assises dans l'espèce de funiculaire qui semblait d'un autre âge et bon pour la casse, les 2 Sith se murèrent dans le silence, chacune occupée à ses propres préparatifs pour ce qui allait suivre. En entendant crisser et grogner le métal du transport qui peinait à se déplacer et ses occupantes avec, Varadesh ne put s'empêcher de grimacer. Manquerait plus que ce truc se décroche sous son propre poids et ne les envoie s'écraser des dizaines de mètres plus bas. Une belle fin pour l'Ordre Sith assurément. Alors qu'elles approchaient lentement de leur destination, un temple creusé à flanc de montagne visiblement, les voix revinrent la harceler, ou les harceler, impossible à dire pour ce qui était de son maître mais elle en entendait de son côté.
Oui, Ranath mentait surement. Ce n'était pas une surprise, c'était la Dame Sombre, elle maniait naturellement le mensonge et la vérité aussi aisément qu'elle respirait. Rien de neuf sous le soleil. Si ces voix voulaient vraiment la retourner contre son maître, il faudrait qu'elles fassent mieux que ça. Même alors qu'elle avait tenu Amyelle entre ses doigts, sa colère n'avait pas même approché de la frustration nécessaire pour la soulever, alors ce fait des plus notables...
Tiens tiens, on dirait que nos hôtes tiennent à ce que je sache que tu mens. Je me demande quel sera leur prochain argument, "Ranath est une Sith" ? "Ranath tue des gens" ? "Ranath est dangereuse" ? Imbéciles.Mais voilà que déjà on venait les accueillir et visiblement, l'accueil allait être aussi glacial que les températures locales. Rien qui ne la dérangeait particulièrement, elle s'était sentie revivre dès le moment ou on était passé en-dessous de zéro. Encore quelques températures en moins et elle se mettrait en t-shirt. Affichant un sourire carnassier, l'apprentie saisit son sabre laser qui s'alluma dans un vrombissement chantant. Elle échangea un regard avec la Mirialan, une étincelle d'amusement au fond de ses yeux puis, sans se presser, avança à la rencontre de leurs nouveaux amis. Rien de tel qu'un petit meurtre pour s'échauffer avant la véritable épreuve.
2 des Mirialans se jetèrent immédiatement sur elle tandis que les 2 autres tentèrent d'écharper la Dame Sombre. Les pauvres n'avaient pas réalisés qui ils affrontaient et il était trop tard maintenant pour eux. Varadesh doutait que son maître serait d'humeur à les épargner et elle de son côté ne l'était pas. Il lui fallait décharger un peu de cette rage qui couvait. Ces pauvres idiots allaient servir d'exutoire tels des moutons envoyés à l'abattoir. Esquivant aisément le premier coup de vibrolame, l'apprentie pécha toutefois par excès de confiance, pensant son second assaillant trop lent pour suivre l'assaut de sa camarade.
Mal lui en prit et c'est avec peine, d'un bond maladroit, qu'elle se mit hors de portée du coup, sans avoir entièrement réussi à l'éviter. Elle remarqua que le tissu de son haut était partiellement déchiré juste sous l'aisselle droite. Il y avait même une légère coupure avec de minuscules gouttes de sang qui en coulaient. Rien de bien grave mais cela la fit froncer les sourcils. Trop imprudente, trop arrogante, trop sûre d'elle, elle était partie du principe que ces individus n'étaient rien et ne constitueraient pas un danger. Visiblement, leur foi en leurs maîtres leur prêtait la force de se battre. Soit, s'ils voulaient jouer, elle connaissait elle aussi quelques tours.
Levant son sabre, elle plongea en avant et, de la main gauche, propulsa une charge d'énergie contre l'un de ses assaillants. L'énergie déployée repoussa d'un mètre le Mirialan, qui secoua la tête comme pour reprendre ses esprits avant de la relever et se précipiter pour répondre à l'attaque. Le temps qu'il fasse un pas, la Sith avait tranché le bras de sa camarade qui tenait la vibrolame, laquelle hurla de douleur tout en tenant le moignon proprement tranché de sa main valide. Un rictus sauvage sur le visage habituellement séduisant de la jeune fille, Varadesh mit fin à ses cris d'un geste de la lame puis se tourna vers l'autre, garde levée.
Il tenta des assauts violents et désespérés, la colère et le chagrin lui prêtant de la force tout en lui enlevant toute capacité de raisonnement. L'apprentie se délectait de la peur qu'elle sentait monter chez lui tout comme elle se délectait de la rage qui montait en lui. Les Sith se nourrissent de terreur palpable, cela n'avait jamais été aussi vrai que lorsqu'ils affrontaient un adversaire inférieur et sentant sa fin venir. Jouant avec lui au moyen d'esquives et de feintes semblant maladroites, Varadesh faisait bon usage du Niman, se fatiguant peu au prix de peu d'opportunités offensives. Bien sûr, face à un ennemi aussi néophyte, elle aurait pu le vaincre aisément mais aimait jouer avec lui.
Un regard lancé du côté de son maître lui apprit tout ce qu'il y avait besoin de savoir, que le problème avait été réglé par là. Il n'était donc plus temps de se divertir. Roulant des yeux et jetant un regard méprisant à l'énergumène, elle s'en débarrassa en 3 feintes rapides suivies d'une décapitation propre et expéditive. Le corps s'effondra dans la neige, son sang souillant la blancheur immaculée du sol. A peine essoufflée, l'apprentie éteignit son sabre qu'elle garda en main puis rejoignit son maître devant les lourdes portes. Il était grand temps maintenant de se faire annoncer.