L'Astre Tyran

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#35450
Dargul, 2 jours après le voyage sur Mirial

Après qu'elles en eurent fini avec cette histoire de Lumière dans ce temple reculé sur Mirial, les deux Sith avaient repris le vaisseau qui les y avait mené incognito, direction Dargul. Elles avaient immédiatement pris la direction du manoir de la jeune Comtesse Isabo, la protégée de Ranath. Ou amie. Ou marionnette. Ou autre chose, difficile à dire, elle ne savait pas très bien qui et ce qu'était Isabo pour être honnête, excepté qu'elle servait l'Ordre sans se plaindre ni sourciller. Et encore, ça non plus ça n'était pas très clair, servait-elle l'Ordre ou Ranath ? Que de questions sans réponses auxquelles il faudrait tôt ou tard répondre. En tout cas, ça n'était franchement pas désagréable de disposer d'une petite retraite isolée, calme et confortable pour se reposer un peu.

Car Varadesh était bien épuisée depuis son affrontement avec la Dame Sombre au sommet de la montagne. Possédée par le côté obscur auquel elle avait succombé, son corps avait été poussé jusqu'à ses limites pour tenter de prendre la vie de son maître dans un accès de folie destructrice que rien ne pouvait calmer. Terrassée sans grande peine, humiliée et vaincue, elle avait ainsi appris une nouvelle leçon durement acquise. Vaincre Ranath nécessiterait bien plus que de la simple force brute, d'autant qu'à ce jeu-là, la Mirialan bénéficiait d'une avance d'au moins deux décennies de pratique, autant dire que c'était peine perdue. Non, il faudrait plus que ça pour se faire, il faudrait de la patience, de la ruse et de la préparation. Autant de vertus qui n'étaient absolument pas naturellement présentes chez la jeune fille donc.

Elles n'avaient pas beaucoup parlé durant le voyage de retour ni le trajet jusqu'au manoir et pas davantage une fois arrivées. Tandis que Ranath s'en allait quelque part dans le manoir, la Pantoran s'était rapidement esquivée et avais entrepris d'explorer le bâtiment dans un but bien précis. Après de nombreuses minutes de recherches infructueuses et frustrée, elle avait ouvert son esprit à la Force et tenté de déceler une présence bien familière. Non pas celle de la Mirialan qui, comme toujours, était toujours aisément perceptible, tel un murmure en bordure de son esprit, quasiment inaudible mais bien là. Non, il s'agissait de tout autre chose et, sitôt qu'elle l'eut cherché, elle trouva. Il suffisait par la suite de suivre la piste.

Avec difficulté, elle entreprit de presser l'allure, boitant encore de la jambe gauche depuis son duel. La douleur n'était que superficielle et avait le mérite de lui rappeler le prix qu'il lui avait fallu payer pour avoir cédé au côté obscur. Cela ne faisait que 2 jours mais elle se sentait irascible et d'humeur enflammée, s'était rendue compte qu'un rien l'agaçait et l'énervait. Il était probable que cela fut à mettre sur le compte de son énième échec mais elle craignait que l'explication fut ailleurs et ce qu'elle impliquait. Secouant la tête pour oublier tout ça, elle ouvrit la porte d'une des nombreuses chambres et, enfin, trouva ce qu'elle cherchait depuis plusieurs minutes. Un sourire réjoui et rayonnant lui vint alors, mais il n'était certainement pas adressé à la Mirialan qui résidait là, à laquelle elle n'accorda qu'un regard à peine.

Ophillia. Tu es là.

Se penchant sur le landau dans lequel reposait l'enfant, Varadesh ne se rendit pas compte à quel point elle souriait comme une idiote. Toute pensée colérique fut oubliée, tout désir de violence repoussé et même Ranath, la Dame Sombre qui occupait constamment son esprit, fut écartée tandis que l'apprentie prenait dans ses bras sa fille et se réjouissait de simplement être là, avec elle, toutes les deux en sécurité. La petite fille gazouillait du haut de sa première année de vie des bruits totalement incompréhensibles mais qui eux aussi faisaient la joie de sa mère. Il y avait une telle pureté à contempler chez ces petits êtres qu'on ne retrouvait plus une fois qu'ils grandissaient.

Ma petite chérie, tu m'as manqué...

L'apprentie passa plusieurs heures avec sa fille. Ironiquement, elle passa ainsi plus de temps avec elle qu'elle ne l'avait fait depuis sa naissance. Durant tout ce temps, elle parla peu à Amyelle et l'ignora, en partie parce que leur dernière rencontre était encore fraîche dans sa mémoire et parce qu'elle ne voulait pas perdre de temps avec la calligraphe. Elle n'était rien et ne bénéficiait du droit d'être là que parce qu'elle s'occupait bien d'Ophillia depuis sa naissance. Varadesh pouvait lui en être reconnaissante mais rien ne l'obligeait à faire montre d'empathie pour cette idiote qui avait bien failli offrir son enfant en sacrifice à ces dégénérés de mirialans.

Après cela, elle laissa l'enfant se reposer et alla dans sa propre chambre, celle qu'Isabo lui avait montré la première fois qu'elle était venu. Ça ne datait que d'à peine une semaine mais des mois lui semblaient être passés depuis lors. Elle aurait voulu dormir un peu elle aussi mais elle n'avait pas oublié le conseil de son maître avant qu'elles ne quittent le temple. Médite sur la Force, avait-elle dit. Ainsi Varadesh fit-elle comme conseillé, se déchaussa et s'assit sur le lit avant de se mettre en tailleur, ferma les yeux, respira profondément et se concentra-t-elle. Méditer n'était pas un exercice aisé pour elle car, malgré sa curiosité manifeste sur les secrets de la Force, elle était plutôt du genre à agir qu'à réfléchir.

Mais comme il lui fallait apprendre la patience, il était nécessaire qu'elle apprenne les bienfaits de la méditation, qui éclaircissait l'esprit et purifiait l'âme de toute pensée vagabonde et parasite. Elle ne savait pas quand son maître l’appellerait pour un entrainement, une nouvelle leçon ou un nouvel objectif sur quelque monde lointain. En attendant, elle allait en profiter pour songer à l'avenir, méditer, passer du temps avec sa fille et permettre à son corps de se remettre. Qui sait, peut-être que cette fois elle aurait le temps de se reposer suffisamment avant de repartir en vadrouille.

On peut toujours rêver.
#35460
    Le retour sur Dargul avait étrangement semblé plus long que l’aller. Pourtant, la tension entre maître et apprentie, et le silence, semblaient égaux au premier voyage. Aussi, le retour au manoir était-il d’autant plus agréable et réconfortant pour le duo sensitif dont les mains étaient couvertes du sang des apôtres de la Lumière. La Dame Sombre, une fois la grande porte d’entrée refermée, ne distribua que peu de mots. Quelques encouragements pour son apprentie, des salutations maussades pour son hôte. Et elle s’isola. Elle passa beaucoup de temps en bas, dans la pièce qu’elle avait dédié à la méditation, puis dans sa chambre, pour n’en sortir que très rarement. En deux jours de présence, Ranath ne partagea aucun repas avec ses consoeurs, allant parfois jusqu’à délaisser les plats laissés devant la porte par Isabo. Et si Varadesh s’interrogeait, la rouquine lui répondrait d’un triste « c’est souvent comme ça ». Le matin du troisième jour après leur retour, très tôt, la Dame Sombre quitta enfin son antre pour annoncer son départ.

      « Je rejoins l’un de nos associés dans le secteur Senex. Je serai vite de retour. Varadesh, attends moi ici, s’il te plait. »

    Et après avoir laissé quelques consignes à la Comtesse, la Dame Sombre s’en fut.

    Il passa des jours sans que Ranath ne donnât de nouvelles. Seul persistait son lien avec son apprentie. Une absence et un silence qui n’inquiétaient pas Isabo, habituée aux disparitions du Maître, qui reprendrait contact en temps voulu. Au manoir, l’Humaine s’occupait de tout, elle n’embauchait pas de personnel. La seule aide extérieure reçue ces temps-ci venait d’Amyelle. On ne demandait rien à Varadesh, qui pouvait vaquer librement et avait accès à toutes les pièces de la maison, sans restriction. Seul le coffre de Ranath lui était caché et fermé, et Isabo n’y pouvait rien.

    La timidité maladive de la Comtesse rendait parfois la cohabitation difficile, mais cela ne l’empêchait pas d’apporter ses repas à l’Apprentie quand elle ne se présentait pas à l’heure du déjeuner ou du dîner. Après trois jours de silence quasi total, Isabo se présenta sur le pas de la porte de la Pantoran, tenant le plateau entre ses mains, elle finit par oser, de sa voix incertaine.

      « On peut sortir, cet après-midi, si vous voulez. La ville est jolie. Je peux vous faire visiter. »


    * * *


    Il dut passer une quinzaine de jours avant que Ranath ne reprit contact. Un contact lointain, un message envoyé à Isabo, mais également destiné à Varadesh. L’Humaine avertit aussitôt l’Apprentie, et lui laissa visionner l’enregistrement de son maître.

      « Darth Varadesh. Mon absence dure plus longtemps que prévu, je me rends sur Lyran IV. Je voudrais que tu te gagnes Dromund Kaas afin d’explorer les vestiges de l’Ancien Empire Sith, notamment le Temple Noir. J’ai chargé Jeny de te retrouver au hangar K18, dans deux jours, de nuit. Isabo te montrera l’endroit. »

    L’image du Maître vacillait doucement.

      « Jeny est un Darth désormais. Darth Vkoh. Elle t’accompagneras sur Dromund Kaas. Partez dès son arrivée, sans faute. »

    Si le message n’était pas clair pour Varadesh, il l’était pour Isabo : pas de Jeny au manoir, pas de Jeny sur Dargul, pas de vagues aux abords de leur planque. Jeny ne savait pas qu’on planquait ici.

      « Isabo. »

    Le ton changea soudain, pour des notes plus sèches.

      « Vas avec elles. Prends mon sabre.

      Soyez prudentes.
      »

    La silhouette de la Mirialan disparut. La jeune Humaine laissa tomber son menton, et toute sa tête avec, vers l’avant, comme abattue par la nouvelle. Elle n’était plus une aventurière. Elle ne l’avait jamais vraiment été.


    * * *


    Au lieu et à l’heure du rendez-vous avec Darth Vkoh, au hangar K18 du spatioport annexe de Dargul, Isabo, bien que immobile, se montrait impatiente. Elle guettait nerveusement l’arrivée de leur associée. Son esprit la perçut bien avant ses yeux. La louve dégageait une aura toute particulière, une aura sombre et mortelle.
#35461
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Rendez-vous sur Dargul. C’était ce qui avait été planifié. C’était ce qui avait été ordonné. Vkoh avait emprunté le premier cargo de transport et c’était alors enfermé dans les toilettes. Spacieuse mais contenant plusieurs cabines, c’était là où elle devait prendre place. Dans les déjections. Impossible alors de se mêler à la population, compte tenu de son état. Toute personne non prévenue s’en trouverait mal à l’aise, et on aurait tôt fait de l’accuser de terrorisme. Des mots que l’on ne prononçait pas. Là-bas, dans cet atmosphère puante où seul régnait la solitude, elle se trouvait à son aise. Méditant sur les cabinets, les yeux fermés et l’esprit tranquille, elle pouvait se concentrer sur sa douleur, sur le contrôle qu’elle pouvait y faire, sur l’ombre qui la soignait autant qu’elle la blessait. L’instant présent seulement et uniquement celui-là. Il n’était pas question de penser à Sabina, à ce qu’elle pourrait penser d’elle, de son état. Elle était une Sith désormais, une vraie. Elle n’avait pas le droit de penser à cela. C’était interdit. Il n’y avait que le côté obscure et l’ombre, la douleur et la faim, la peine et le chagrin. Rien de plus et rien de moins.

Le vaisseau arriva dans l’astroport plusieurs heures après son départ. Les gens s’en furent, mais pas Jeny. Elle attendit une heure supplémentaire puis se décida à sortir. Des agents de maintenance la croisèrent étonné, mais ne dirent rien. Elle passa simplement au travers de leur outil de nettoyage, évita les droîdes. Elle ne parla pas, on ne lui dit rien. La même chose pour la passerelle, pour l’astroport trop plein de vie ou encore dans les couloirs la menant au hangar nommé. Par moment, une personne avait des vertiges à son contact. Par moment, une lumière grillait. Par moment encore, des disputes éclataient. L’ombre n’y était pour rien. Jeny en revanche ne contrôlait rien et la Force autour d’elle gravitait comme une ceinture d’astéroïde. Par moment, un débris heurtant le monde sensible et il y avait des dommages. Mais l’ombre, était à l’intérieur. Ses pas étaient lents, sa tête tournée vers le sol, ses mains ballantes de part et d’autre de son corps. Hangar K18. Dans le turbo élévateur, elle était serrée au fond de la cabine. Des femmes et des hommes d’affaires. Des familles avec leurs enfants. Un coup de sabre et tout aurait été réglé. Dans un endroit si restreint, elle aurait eu tout le souffle facilement. Simplement se baisser pour le ramasser. Mais elle n’en fit rien. Sa respiration rauque et mécanique restait calme. Même quand elle dû jouer des coudes pour sortir de ce guet-apens.

Elle ne prêta pas attention aux forces de sécurité en faction, ni même de l’activité de la ville. Elle se dirigea vers le hangar K-18. Jeny y retrouva les deux femmes qui devaient l’accompagner. Une rousse, une gamine dont les échos dans la Force n’avaient pas plus de portée que ceux d’un têtard. Il y avait également Sabina. Elle ne lui échangea pas un regard. De toute manière, ses propres yeux étaient dissimulés sous le brouillard de l’ombre. Son corps était caché. En définitif, Jeny avait honte de se présenter ainsi à Sabina. Honte de lui montrer son échec, son état, sa déshumanisation. Il n’y avait plus rien qu’elle ne puisse lui offrir. C’était peut-être cela qui lui faisait le plus de mal. Le fait d’avoir partagé, dans toute sa vie, uniquement avec elle, ces moments de complicité, de don, de … Jeny n’était pas capable de se rappeler ce qu’elle ressentait, mais les impressions qui tambourinaient en elle étaient inscrites en lettre de feu, gravées dans sa peau. Et aujourd’hui, tout cela était parti en fumée. Il ne restait que le regard accusateur. La sith ne parla pas, ni ne se présenta. Elle restait silencieuse et ne regardait ni l’une, ni l’autre. N’osa rien dire, pour être plus exact.

Quand on lui ordonna de monter, elle obéit simplement. Et alors que la visite sommaire commença, elle s’éclipsa au détour d’un couloir. Alors que sa respiration rauque prenait de l’importance. Tandis qu’elle l’avait écouté parler, vu bouger. Jeny ne pouvait pas supporter cette présence si proche et pourtant inaccessible. Dans les moteurs, c’est là-bas qu’elle se cacha. Loin de toute présence vivante. La rage en elle s’était apaisée, et pourtant elle essayait à tout prix de la faire revenir. Elle était à deux doigts de donner des coups de poings et de sabre dans tout le vaisseau. Juste pour que sa rage et sa colère renaissent et que ce qui lui enserrait son cœur mort cesse de lui faire tant de mal.
#35475
Le repos bien mérité durant plusieurs jours au manoir lui fit le plus grand bien, permettant à son corps de récupérer et à son esprit d'essayer de se calmer. Ça, c'était plus difficile car depuis qu'elle avait perdu le contrôle sur la montagne, il lui semblait de plus en plus difficile de garder son calme à tout instant. Durant les 15 jours écoulés, l'apprentie perdit son sang-froid à plusieurs reprises, hurlant après la pauvre Amyelle et la terrorisant à coups d'injures et de menaces bien senties, pour le seul crime d'être présente chaque fois qu'une crise survenait. Hormis la présence d'Ophillia, rien ne pouvait l'apaiser ni tempérer sa fureur suffisamment pour qu'elle tienne la bride haute à ses émotions.

Il lui semblait que la rage qui l'avait consumée ne s'était pas pleinement dissipée et qu'il en restait en elle, latente, patiente, prête à resurgir avec violence au premier signe de faiblesse. Tout la frustrait et l'énervait. Le simple fait de savoir que cette colère n'était pas vraiment la sienne ne faisait qu'empirer les choses. N'y tenant plus, elle avait accepté l'offre d'Isabo de se promener, songeant que peut-être cela l'aiderait. Et l'enfant avait bien besoin de sortir aussi un peu, cela ne lui ferait pas de mal. La promenade avait été relativement longue et calme, même si elle n'avait en rien apaisé la jeune fille. Isabo ne faisait que lui rappeler par sa présence un certain nombre de choses qui la frustraient.

Il paraissait évident que l'humaine était liée à son maître et la connaissait depuis plus longtemps qu'elle. Cela impliquait donc une forme de complicité, de lien qui attisaient sa jalousie. Puéril, cela l'était assurément. Mais un apprenti ne devait vivre que pour son maître, alors l'inverse devait être vrai, non ? De plus, le fait qu'Isabo passait son temps dans le silence et la contemplation étaient particulièrement horripilants. Elle était attardée ou quoi ? Excepté lorsqu'elle avait proposé une promenade, elle n'avait quasiment pas parlé par la suite. Cette promenade fut donc, pour sa part, un demi-échec.

Puis vinrent, enfin, les nouvelles de la Dame et ses instructions. Et encore une fois, il allait être question de visiter de vieux tombeaux Sith et autres joyeusetés. Sur qui allaient-elles tomber cette fois ? L'Esprit de quelque Seigneur Noir millénaire qui chercherait lui aussi à les massacrer ou les rendre folles ? Décidément, avec les Sith on passait son temps à courir après le danger. Enfin, ça ne lui ferait pas de mal de bouger. L'attente et l'inactivité intensifiaient sa rage, mieux valait pouvoir la canaliser sur un objectif précis que tout et n'importe quoi.

Elles se rendirent au spatioport ou les attendait son explorer qui leur servirait pour le voyage et patientèrent le temps qu'arrive leur dernière recrue. Isabo était de nouveau recluse dans un silence maussade tandis qu'elle-même était pensive. Cela faisait quelque temps qu'elle n'avait pas revu Jeny. De la revoir suscitait en elle des émotions contradictoires. Une mesure de plaisir et de satisfaction, certes mais également un peu de nervosité, ne sachant trop comment elle réagirait en revoyant la Pantoran. Un peu de peur car, il fallait bien l'avouer, malgré leur bon temps partagé, Jeny restait une des personnes les plus flippantes qu'elle ait rencontré avec ses facultés aussi fascinantes que déconcertantes.

Elle sentit l'arrivée proche de la jeune femme en même temps qu'Isabo. Il aurait été difficile de ne pas la sentir, même ceux qui ne disposaient pas du moyen d'utiliser la Force devaient se sentir très mal à l'aise en sa présence tant l'obscurité et la mort accompagnaient chacun de ses pas et semblaient la hanter. Son état semblait avoir empiré au vu de la noirceur qu'elle dégageait dans son aura. A en croire son apparence quelque peu surprenante lorsqu'elle pénétra dans la baie, c'était le moins qu'on puisse dire. Fronçant les sourcils, Varadesh échangea un regard perplexe avec Isabo. Ça devait être la première fois que les deux croisaient leurs regards de façon si naturelle, douce ironie.

Salut, Jeny. Puisqu'on est toutes là, autant y aller.

Sitôt à l'intérieur, elle expliqua brièvement le plan du vaisseau et montra chaque partie, remarquant avec curiosité que l'humaine s'éclipsait déjà bien vite direction la salle des moteurs. Bon, elle voulait peut-être un peu seule ou vérifier que tout allait bien. C'était son droit après tout, même si la Pantoran se sentit légèrement outrée de constater qu'elle aussi avait perdu sa langue apparemment. Mais personne ne savait parler ici ? Lorsque le tour du propriétaire fut terminé, l'apprentie s'installa dans le cockpit et, avec l'aide de son astromécano, entreprit de décoller. Dargul disparaissait lentement sur leurs écrans tandis que Dromund Kaas les attendait, à plusieurs jours de voyage en gros. Regardant la sphère de la planète s'éloigner de plus en plus, une mine préoccupée sur le visage, la jeune fille eut une pensée pour Ophillia.

Si tu préfères t'isoler toi aussi, il y a une autre cabine que tu peux utiliser comme chambre le temps qu'on arrive. Sinon, bah fais comme chez toi. Par contre, personne n'entre dans ma cabine sans mon autorisation express. Et évite de trop bavarder avec le droïde, il est du genre grossier je sais pas pourquoi...

Laissant Isabo pour le moment, Varadesh se concentrait sur le pilotage, en partie pour essayer d'oublier la fureur qui bouillait en elle comme toujours et également pour ne pas penser à Jeny et son comportement étonnant. Il faudrait qu'elles aient une petite discussion toutes les deux avant d'arriver, aucun doute là-dessus. La Pantoran n'était pas du genre à renoncer quand elle avait une idée en tête et elle comptait bien avoir le fin mot de l'histoire. Constatant, une trentaine de minutes plus tard, que l'humaine était toujours dans le cockpit, elle supposa que la solitude ne convenait peut-être pas tant que ça à la jeune fille. Un point en commun tiens.

Tu n'avais pas l'air enchantée de venir. Tu as peur de ce qui nous attend ?

#35492
    C’était désormais Darth Varadesh qui menait la petite équipe. Une fois à bord du vaisseau, Darth Vkoh fila aussitôt dans un coin. Isabo la regarda s’éloigner, et resta auprès de l’Apprentie. Toutes deux s’installèrent dans le cockpit de l’Explorer. Quelques années auparavant, la rouquine aurait souri à l’idée de quitter encore Dargul, de s’éloigner du manoir, d’aller explorer des planètes lointaines. Désormais, ça l’inquiétait. Elle avait à charge plusieurs affaires, les siennes propres, et celles de l’Ordre. Elle avait les ordres de Mya. Impossible d’y déroger. Et bientôt, elle aurait les consignes de Varadesh. Plutôt que de se soustraire à son contact, elle préféra rester en sa compagnie. Pour apprendre. Et ça commençait tout de suite. Dès lors que la voix de la Pantoran eût brisé le nouveau silence, la pensée de l’Humaine prit contact avec l’esprit de son futur maître. C’était un échange léger, comme une caresse désintéressée. Isabo était là, aux bordures de l’esprit.

      « Un droïde grossier … ? »

    Elle sourit sans raison, la chose sans doute l’amusa. La suite lui plut moins.

      « Eh bien … Je suis inquiète, évidemment. Je ne sais rien. »

    Elle évoquait sa pratique de la Force.

      « J’ai un sabre, très bien. Je sais à peine le tenir. Je n’ai pas de don, comme vous. »

    Isabo avait tendance à se sous estimer. Mais une chose était vraie : elle ne savait pas faire grand chose. La défense psychique était le meilleur de ses atouts, le reste lui était inconnu, alors de là à combattre …

      « Je ne comprends pas pourquoi je viens aussi, je serai votre point faible. »

    Cela faisait un moment qu’elle ne comprenait plus les décisions de Mya. Et Mya n’expliquait plus rien. Elle ordonnait, trop fatiguée ou trop occupée pour argumenter ou préciser ses pensées. Il fallait obéir, rien de plus. Alors la Comtesse obéissait, et accompagnait l’Apprentie sur Dromund Kaas.

    Isabo chassa ses pensées et reporta son attention sur la Sith.

      « Pardonnez-moi, j’ose … comment avez-vous rencontré Mya ? »

    Oh, il était peut-être imprudent de l’appeler Mya, mais la jeune femme n’y prêta guère attention. Le Maître n’avait jamais imposé qu’on l’appelât par son titre.

      « Moi, c’était par hasard. On est devenues amies. Elle m’a appris à maîtriser mes émotions, et à mieux comprendre la Force. Et puis … elle a disparu. Et elle est revenue comme elle est aujourd’hui. »

    Elle sourit tristement, sans trop savoir quoi penser de toute cette histoire. En y réfléchissant, Mya avait au moins gagné son lunatisme, qui parfois pimentait les journées habituellement glaciales en compagnie de la Jedi déchue. Car le Chevalier Tellis avait en son temps la particularité de ne jamais s’émouvoir de rien. Ce qui la rendait alors insupportable. Au moins maintenant, elle était désagréable et violente. La rouquine soupira pour elle-même, avant de se réveiller soudain.

      « Je suis désolée, je dois voir Darth Vkoh. Venez ? »

    Le vaisseau n’avait-il pas de pilote automatique ? Elle sauta de son siège et fila à petits pas, cherchant un chemin jusqu’à la louve, suivie ou non de l’Apprentie.

    Isabo trouva sa consoeur humaine terrée derrière un tuyau coudé en cuivre, entre deux modules de la propulsion.

      « Darth Vkoh ? »

    Elle s’approcha et s’accroupit en face de la louve.

      « Mya m’a demandé d’emmener ceci pour le voyage. »

    Elle tira de son manteau couleur chocolat une pochette de lin brodé et l’ouvrit sous les yeux de son interlocutrice. La pochette contenait une seringue, et quelques ampoules en verre contenant un liquide ambré.

      « Ce sont des supers nutriments qu’on donne aux grands brûlés du Grand Hôpital de Dargul. Une seule dose par jour suffit. Votre voyage depuis Molavar a été long, en voulez-vous une ? »

    À la louve de décider. Les bagages de la Comtesse comptaient une boîte remplie de ces petites ampoules, elle en avait acheté tout un stock en prévision du voyage, et à la demande de Mya. Pour l’heure, de la pochette en tissu, elle sortit également un petit étui de bois sombre et le tendit à Darth Vkoh.

      « Elle m’a aussi demandé de vous donner ceci. C’est un cadeau, je crois. »

    L’étui contenait une dague en acier gravé. Une arme banale, presque inutile si l’on comptait avec son sabre laser. Mais ce qu’Isabo ne savait pas, c’était que cette lame avait perforé un jour l’abdomen de la louve, un jour presque comme les autres, où Jeny avait déclaré sa loyauté à la Dame Sombre.
#35499
Ici, là-bas, dans les bas-fonds, dans la solitude des machines, dans le silence des flux énergétiques. Assise dans un coin à même le sol, une jambe pliée, l’autre étendue. Le dos appuyé sur une conduite de liquide de refroidissement, au retour du moteur. Un bras sur le genou, l’autre sur sa cuisse, la tête tournée vers le sol, le regard vide. L’ombre qui mouvait autour d’elle avec une certaine sérénité. Tout était calme, ici. Il y avait une sorte d’harmonie. Vkoh était devenue comme partie du paysage. Un être qui n’existait plus pour elle-même, mais sous la contrainte de l’obscurité. Vivre par assistance non pas médical, mais tout aussi handicapante. Et cette douleur … Un mouvement par l’entrée. Jeny ne tourna pas la tête, mais suivit avec attention la petite présence qui s’approchait. Personne n’aurait pu les attaquer ici, elles étaient en sécurité. Ce n’est que quand elle fut à portée de tête qu’elle se décida à lever son casque vers la rousse. Jeny replia ses jambes vers son torse pour laisser la place à la petite dame de prendre place. L’endroit était exiguë, et ne permettait pas que l’on y fasse des réunions ni des soirées pyjamas. Sabina vint quelques secondes plus tard. Jeny la sentait qui l’épiait, dans la pénombre de cette salle des machines.

D’abord, Isabo déposa le paquet à terre, montrant alors le contenu. Des ampoules et une seringue. La solution trouvée par le grand maître pour la maintenir en vie. Son cœur bondit dans sa poitrine. Qu’était-ce alors ? De la reconnaissance ? Difficile à expliquer, mais ça descendait jusque dans son estomac. Elle déglutit bruyamment et osa un sourire derrière sa protection de fumée, tandis qu’elle repensait à la verte. Lui offrant alors pour la première fois les nutriments. Dans cet hôpital de fortune, avec rien d’autre que la Force et une débrouillardise propre à leur ordre. Jeny inclina alors la tête en remerciement à la petite dame. Qu’était-elle ? Une servante ? Une apprentie ? Elle ne savait pas se battre, ni même ne savait contrôler la Force. Au mieux en était-elle soumise. Peut-être comme son propre corps, d’ailleurs. Là où elle allait, Isabo serait en danger. L’ordre de la protéger relevait presque de l’impossible. C’était donc dans ses cordes. Elle savait qu’elle obéirait à tous les ordres qu’elle allait lui donner. Le tempérament qui entourait n’était pas la défiance. Elle était loin de l’ordre Sith, très loin. Et pourtant en était un membre à part entière. Tout cela sonnait étrangement dans son esprit.

Elle récupéra une gélule du bout des doigts et l’inséra dans la seringue. Droguée à ses débuts dans l’ordre, les habitudes avaient désormais la vie dure. L’addiction revenait toujours. Mais alors que la drogue la tuait, ce liquide-là lui sauvait la vie. Alors qu’elle protégeait la vie, elle se donnait la mort. Et quand la mort l’avait étreinte, elle prenait la vie. La binarité de son existence ne se résumait qu’à cela. La vie et la mort. Dans un geste unique, elle inséra la seringue dans la veine, sans voir, sans sentir. La Force savait où elle frappait. Le liquide froid empli son corps et se répandit lentement. Comme à l’accoutumé, elle serra le poing et trembla légèrement dans les premiers temps. Puis il y eu le contentement. Ses organes s’alimentèrent, reprenant l’énergie nécessaire, comme l’énergie du générateur alimentait ce vaisseau. Finalement, elle n’était plus très loin de cette pièce, physiquement parlant.

Mais ce n’était pas terminé. Isabo lui tendit une autre boite, en bois tout simple. Rien d’extravagant. Vkoh récupéra l’étui en plaçant ses mains de part et d’autre de la boite. Elle ouvrit lentement et vit l’objet. Ouvragée par des mains professionnelles, une dague. Pas n’importe quelle dague. Les deux index furent placés respectivement sur la pointe de la lame et le pommeau, pour remonter jusqu’au niveau du regard. Elle observa tranquillement l’arme, emprunte de toutes les significations qu’elle lui inspirait. Un cadeau, un don. Jeny baissa la tête et leva la dague en un geste de remerciement, qu’elle agrémenta de sa voix mécanique :

« Merci, Isabo. »

Jeny plongea la dague dans son étui et le regarda encore un instant. Du fin fond de son casque, sous l’épaisse fumée qui la protégeait, une larme avait naquit. Un sillon fut alors creusé tout le long de sa joue, lui insufflant une douleur à chaque centimètre de peau traversé. Une douleur acceptée. Elle n’en trembla pas. Son esprit était pour le moment calme, presque serein. Le casque se leva sur Isabo, après avoir rangé l’arme soigneusement, ainsi que les pilules et la seringue. Puis, vers Varadesh. Son regard lui fit baisser la tête. Honte. Son esprit finalement alla vers Mya, à l’autre bout de la galaxie. Une pensée qui faisait venir les souvenirs, plutôt que l’appel de Force. Elle demanda, la tête toujours baissée :

« Sommes-nous … arrivées ? »
#35503
Oui, le droïde astromech, qu'elle avait décidé de baptiser Marvin - du nom d'un mioche de son monde natal qui était un vrai brigand avec les autres enfants - était excessivement grossier. En fait, aux premiers jours après avoir acquis son vaisseau, elle l'avait programmé pour qu'il soit plus "agréable" en terme de compagnie durant les longs voyages spatiaux, histoire de rendre le temps moins long. Le problème c'est qu'elle avait accidentellement bidouillé les paramètres régissant politesse, respect et autres subtilités des interactions sociales. Depuis, Marvin était constamment plus injurieux encore qu'un fossoyeur de Necropolis. Voilà pour l'anecdote amusante.

La pensée de la jeune fille s'immisçant dans son esprit était une sensation étrange. Contrairement à celle de Ranath, qui était incisive et autoritaire en temps normal, celle d'Isabo était d'un calme abyssal et d'une douceur presque craintive. Ce n'était pas désagréable en soi mais particulièrement déconcertant pour l'apprentie. Car la paix était un mensonge. L'humaine semblait abattue soudainement et expliqua combien elle allait probablement être un boulet pour elle durant cette expédition. Cela lui fit froncer les sourcils car elle ne pensait pas la petite si inutile qu'elle le prétendait. La Dame Sombre, en bonne Sith qu'elle était, n'aurait eu aucune utilité d'un serviteur bon à rien et par conséquent, ne l'aurait jamais envoyée dans ce petit safari.

On a une journée pour t'apprendre quelques petits trucs. Tu vas prendre ton sabre laser après, je vais te montrer comment te défendre. Et arrête de te sous-estimer, si tu étais si inutile, Ranath ne t'aurait pas placée sous ma responsabilité. De toute façon j'ai pas l'intention de te faire tuer dans cette jungle pourrie, elle ne me le pardonnerait pas. Oh et au fait, tu peux me tutoyer, je ne sais même pas si je ne suis pas plus jeune que toi en plus !

C'était fort possible ou en tout cas la différence d'âge ne devait pas être très grande. Le vouvoiement lui donnait l'impression d'être vieille, une sensation pas très agréable vu son âge réel. La vieillesse, exacerbée par la manipulation constante du côté obscur, ne tarderait pas à venir lui ravir sa jeunesse et sa beauté, merci de ne pas le lui rappeler en la traitant comme une vieille ancêtre que diable !

J'étais une esclave, un... Ami m'a libéré par hasard. Durant le sauvetage, il a découvert mon lien avec la Force et, connaissant quelqu'un capable de m'aider, il m'a amenée là ou vivait "Mya". Elle a senti à son tour mon potentiel et m'a proposé de devenir son apprentie. C'est ce que je suis depuis 2 ans maintenant. Maîtriser tes émotions hein ? Isabo, sais-tu qui nous sommes vraiment, moi, Ranath, Jeny ? Ce que nous sommes ? Comprends-tu vraiment ce que ça implique de lier ton destin à nous ?

"Maîtriser ses émotions", cela ressemblait furieusement aux inepties dont raffolaient les Jedi arrogants. En sachant que Ranath en avait été une avant d'embrasser son véritable destin, rien d'étonnant à se dire qu'elle avait rencontré la jeune humaine et formée selon leurs préceptes stupides. Varadesh eut une moue de dégoût en y songeant. Souillée par la corruption Jedi, pauvre Isabo. Elle acquiesça silencieusement à la question qui lui fut posée. Oui, il était temps d'aller voir un peu ce que mijotait Jeny, la petite anguille et de mettre un terme à ses faux-fuyants ridicules.

Tandis qu'elles progressaient silencieusement et sans se presser à travers les couloirs du vaisseau, mue par une impulsion soudaine, la Pantoran étendit son esprit et plongea dans celui d'Isabo, avec bien moins de subtilité que son maître n'en était capable il faut bien l'avouer, la faute à un manque de pratique et des pouvoirs toujours bourgeonnants. Si l'humaine ne pouvait pas ne pas avoir ressenti ce contact, il n'était en revanche pas un assaut violent ou traumatisant. En vérité, elle ne cherchait même pas à communiquer avec elle mais une chose bien particulière.

Instinctivement, comme, le soupçonnait-elle, Ranath avait dû le faire la première fois qu'elle l'avait rencontrée, elle cherchait à établir le pouvoir d'Isabo dans la Force. Certains sensitifs n'étaient rien d'autre que des chandelles à peine visibles dans le noir, guère différentes des non-sensitifs tandis que d'autres rayonnaient d'une puissance incroyable. Odion et Ranath étaient de ceux-là. Isabo semblait plutôt quelque part entre ces 2 extrêmes, une lueur pas très flamboyante mais pas non plus tout juste bonne à amuser les badauds dans une foire. Le potentiel était là, il lui fallait juste quelqu'un pour l'exploiter. Au détour d'un couloir, l'apprentie observa le visage de profil de la jeune fille avec intérêt. Une idée commençait à prendre forme dans sa tête et elle sourit.

Changement de décor, la salle des moteurs avec, quelque part dans un coin, Jeny était là, repliée sur elle-même, cherchant la solitude pour des raisons connue d'elle seule. Ce cirque allait continuer combien de temps encore ? Il allait falloir qu'elles aient une discussion sérieuse pour régler ça, bigre. Isabo lui offrit une seringue et des ampoules ainsi qu'un coffre contenant une dague. Pas sûr que ce truc serait très utile pour quelqu'un disposant d'un sabre laser et de... Son truc bizarre et un peu flippant là, comment elle appelait ça déjà ? Impossible de se rappeler. Cela sembla cela dit plaire à l'ancienne conquête de l'apprentie, toujours ça de pris.

Non, nous ne sommes pas encore arrivées, il va nous falloir au moins un à deux jours de voyage sans arrêt.

Se tournant vers Isabo, elle ajouta sur un ton calme mais ferme :

Laisse-nous s'il te plait, va m'attendre dans la soute à cargaison avec ton sabre. Je ne serai pas longue.

Varadesh attendit que la jeune fille s'en aille, entendant les bruits de pas s'éloigner jusqu'à ne plus être perceptibles. Puis elle se tourna de nouveau vers Jeny et baissa la tête vers la silhouette en armure, immobile et toujours assise par terre. Croisant les bras, ses yeux dorés fixaient le casque sans visage en dégageant une lueur intense. Son visage était neutre mais sa bouche se tordait légèrement en une expression pincée.

Peux-tu m'expliquer pourquoi tu m'évites depuis que nous avons quitté Dargul ? Tu as quelque chose à me reprocher, Jeny ?

Ce qui pouvait tout à fait être possible. A force d'être une déception pour son maître et d’enchaîner les bourdes, la Pantoran en venait à se dire qu'elle était assez étourdie et maladroite pour vexer les gens qu'elle rencontrait même sans le faire exprès. D'un autre côté, comme bien peu avaient sa considération, ça n'était franchement pas quelque chose qui l'empêcherait de dormir. Dans le cas de Jeny, disons qu'elles avaient suffisamment partagé pour qu'elle estime nécessaire de ne pas être en conflit de quelque manière que ce soit. Elle se rapprocha doucement de la silhouette en armure et s'accroupit pour être à même hauteur que l'humaine, l'observa en silence et tendit lentement une main en direction du casque.

C'est nouveau ce casque et cette armure, sans oublier la seringue. A quoi ça te sert tout ça ? Qu'est-ce qui t'es arrivé depuis Thule ?
#35512
C’est Varadesh qui répondit. Donnant alors ce que Jeny, finalement, n’avait pas envie de savoir. Une information sans aucune importance, pour une question posée afin de continuer la conversation. Une conversation qu’elle n’avait finalement pas envie d’avoir non plus. Les présents de Mya lui firent plaisir, c’était le mot. Ce petit quelque chose au fond du cœur. Plutôt par la symbolique que le présent en lui-même. Jeny baissa de nouveau la tête, les épaules tournées de nouveaux vers l’arrière, la tête reposant péniblement dessus. Elle avait envie d’être seule, de cultiver la rage et la tristesse qui bouillonnait en elle. Cultiver la dépression et la frustration. Mais au lieu de cela, elle demanda à Isabo de les laisser. Cela lui fait lever de nouveau la tête, comme pour demander à l’aide, lancer un appel de détresse. Rien ne fut prononcé. Aucune autre réaction. Isabo s’éloigna. Varadesh attaqua tout de suite dans la foulée. Sans temps mort, sans échauffement. Jeny baissa la tête et chercha les mots qui dans sa tête se mélangeait en des formes, en des essences inutiles et sans sens.

« Je … »

Sa voix robotique, elle ne la supportait pas. Cet air si inhumain que cela lui donnait, c’était comme pour lui rappeler à quel point elle était cassée. Pour montrer à Varadesh qu’elle n’était plus rien d’autre qu’une coquille. Elle aurait aimé l’oublier, elle et leur passé commun. Tout recommencer sans rien, pour l’ordre.

« Non. Je n’ai rien à te reprocher… Je veux juste … pas que tu me vois comme ça. »

Sous la pression, sa respiration s’était accélérée. Il n’y avait alors aucune duperie possible, étant donné le bruit produit à chaque râle. Varadesh ne s’enfuit pas, toujours pas. Elle resta là et s’approcha même, menaçant de sa présence. Pourquoi n’avait-elle pas la force de tout simplement l’envoyer balader, comme les autres ? Cela aurait été plus simple pour tout le monde. Non, elle resta là et s’assit en face d’elle. Pire encore, sa main bleue autrefois enlacée s’approcha à quelques centimètres, se posant alors sur son casque. Combien de fois avait-elle rêvé encore une fois toucher sa peau ? Simplement pour se rappeler ce moment qu’elle avait pu partager. Qui lui avait enlevé l’ombre, qui l’avait fait redevenir normal. Désormais, ce contact si proche et pourtant si inaccessible était une véritable plaie pour elle, une frustration. Son rythme de respiration augmenta encore d’un cran. Vkoh posa alors sa main sur la sienne et le lui enleva du casque. La deuxième vint se poser délicatement au-dessus, sans une violence. Les deux restèrent ainsi, tandis qu’elle maintint cette main en l’air, appuyée sur ses genoux. Le bilan était le plus monstrueux. Elle ne sentait pas non plus sa main. D’une voix métallique, elle trancha pour répondre à la question :

« Survivre. »

Vkoh resta quelques secondes dans ce silence nouvellement venue, puis baissa la tête vers la main bleu. Lentement, elle ouvrit sa paume sur laquelle reposait la main de Sabina, et avec son autre main, vint caresser le dos. Il n’y avait aucune sensation, mais elle continua.

« J’avais pour mission le détournement d’un vaisseau républicain pour attaquer l’empire. La frégate que j’ai volée n’a pas réussi à passer le blocus impérial. Pas entièrement. Quand on a voulu s’échapper, il y a eu une explosion. Je me suis réveillée dans une station impériale, tandis que l’on annonçait aux reliquats de mon équipe que j’étais cliniquement morte. L’ombre m’a sauvé la vie et me maintien en vie. Enfermée dans la combinaison, avec moi. Mais … j’ai toujours mal, constamment… »

Elle fit plier la main bleue et posa l’endroit du casque où son front reposait au contact. Ses phases rouges se fermèrent.

« Je ne ressens que ça … La douleur … »

Une grande inspiration, puis un souffle, avant de revenir en position initiale.

« La seringue me sert à m’alimenter. Le souffle ne suffit pas pour maintenir mes fonctions vitales de base en fonctionnement. Je meure continuellement. Je le savais, je l’avais prédit … Mais je ne pensais pas que cela arriverait si tôt. Pas avant de … te revoir. »

Lentement, Vkoh approcha la main de Varadesh pour la lui rendre, la déposant avec une extrême précaution sur son genou. La main gantée, la sienne, remonta sur la joue de Varadesh et s’y déposa, faisant bouger son pouce entre la pommette et l’arc du nez, comme à leur premier rendez-vous sur Thule.

« Va, Varadesh. Jeny est désormais morte. Mais sache que tu as été et restera de loin, sa plus belle rencontre. »
#35518
    Isabo quitta la soute moteurs, un peu surprise par l’invective franche de l’Apprentie. Elle ne rechigna pas cependant, trop prudente, ou trop peureuse. De son petit pas habituel, elle se mit en quête de la salle désignée par son nouvel instructeur. La soute à cargaison. C’était là. Elle déverrouilla à grand peine la lourde porte et se glissa à l’intérieur, se tortillant entre les deux pans métalliques à rivets. L’éclairage se déclencha en détectant le mouvement de la jeune Humaine, l’éblouissant à cette occasion. Elle se couvrit momentanément les yeux, en attente d'accommodation de leur part. Non mais vraiment, pourquoi on s’encombrait d’elle ? Elle cligna une paire de fois, et quand elle eut retrouvé la vue, s’avança au centre de la pièce.

    La Comtesse pivota vers la porte. Elle était plantée au milieu de la soute, silencieuse, immobile. La lumière s'éteignit à plusieurs reprises, obligeant l’occupante à gigoter discrètement sur place pour déclencher à nouveau l’allumage. Au début, elle n’osa pas bouger. Puis, l’attente durant, elle tira de sa ceinture le sabre confié par le Maître. Elle le regarda longtemps, inspectant sa poignée d’ouvrage fin. C’était le sabre d’un Chevalier Jedi, à la garde fine et la prise ornée de cuir tanné. Elle le trouve élégant, et d’une légèreté impressionnante. La novice croyait se souvenir du poids du sabre de Darth Varadesh, plus lourd d’après elle. Celui-ci avait vraiment quelque chose de spécial. Et il avait vécu, ça se sentait. Il avait défendu. Il avait abattu. Il s’était dressé face au Côté Obscur. Isabo soupira.

    Avec une immense précaution, la petite chose rousse orienta la poignée du sabre devant elle, s’assurant plusieurs fois que l’orifice se trouvait dirigé vers la porte et non vers son ventre, et elle appuya timidement sur le bouton proéminent. La lame améthyste surgit brusquement, et si Isabo n’avait pas tenue la poignée à deux mains, elle l’aurait sûrement lâchée. La surprise lui inspira un cri de mulot. Pendant de longues secondes, elle demeura ainsi, tenant l’arme à bout de bras, la pointe orientée vers le sol. Ce n’était pas la première fois qu’elle tenait un sabre allumé. Ranath et Varadesh lui avait déjà accordé quelques pivots avec leurs armes respectives. Mais là, ça n’avait rien à voir. Elle était seule avec ce truc. Le regard de la novice courait sur la lame, captant la moindre vibration qui résonnait dans la poignée et faisait doucement vaciller la lame ronronnante. Le sabre, même complet, se trouvait être toujours aussi léger. On tenait au creux de sa main un bâton d’énergie, de rien. Un rien mortel.

    Une brève inspiration, et la gamine leva la lame à hauteur de son visage. Elle en percevait la chaleur et la force, ce n’était pas physique. Le sabre dégageait quelque chose de réellement puissant et elle avait désormais hâte de pouvoir le manier avec dextérité. Elle l’abaissa de nouveau, sur le côté à droite, puis à gauche. Les mouvements enseignés par la Mirialan revinrent aussitôt. Quelques bases travaillées avec un bâton. Sans rythme et sans vitesse, Isabo traçait les courbes invisibles de l’exercice initial, songeant à son maître et surveillant la précision de son geste.




#35529
Était-il surprenant d'apprendre que Jeny avait été envoyée dans une mission suicide par la Dame Sombre ? Aucunement, en repensant à leur discussion à propos de la jeune femme. Un outil puissant mais dangereux et imprévisible, voilà comment elle avait été qualifiée. Et les outils n'étaient bons que tant qu'on les utilisait, puis on les jetait une fois devenus inutiles. Visiblement, cette partie avait changé par contre. Et l'emploi de son nouveau nom, prononcé par son maître, en disait suffisamment. Darth Vkoh. Un nouveau membre dans leur Ordre et ce terme la désignait d'office comme plus importante que prévu.

En comprenant à présent que cette armure qui la protégeait était également sa prison et sa malédiction, l'apprentie comprit que plus rien ne pourrait advenir entre elles à présent. Elle ne savait pas trop qu'en penser, ce lien qu'elles avaient partagé avait été pour elle le simple assouvissement d'un désir, ni plus ni moins. Pour Jeny toutefois, à en croire certains de ses mots, cela avait été plus. Il y avait certainement une forme de regret qu'elle ressentait à l'idée de ne plus jamais pouvoir partager de lien intime avec l'humaine mais c'était le souvenir d'une émotion vieille de plusieurs mois, guère plus.

Cela ne l'empêcha pas de frissonner légèrement au contact de la main gantée contre son visage ni de ressentir plus fortement alors une certaine tristesse. Quel gâchis représentait Jeny, tant de potentiel perdu. Une belle leçon sur les sacrifices auxquels il fallait consentir si l'on souhaitait maîtriser les secrets du côté obscur. Elle hésita l'espace d'un instant avant de saisir des 2 mains celle de la défunte et de la plaquer contre son cœur de longues secondes avant de la lâcher. Se relevant, elle esquissa un sourire triste et s'exprima d'une voix horriblement douce :

Si tu peux ressentir autre chose que la douleur, Vkoh, rappelle-toi ce que tu as éprouvé à notre rencontre. Et chéris ce souvenir pour qu'il t'offre un réconfort, si maigre soit-il. Souviens-toi que nous ne sommes forts qu'à travers la passion car la paix est un mensonge.

Ce ne serait probablement qu'un très maigre réconfort étant donné sa situation mais c'était le dernier cadeau qu'elle pouvait lui offrir. Car à présent, en leur qualité de Darth et de Sith, elles ne pouvaient plus rien être d'autre que des alliées de circonstance au mieux, des rivales au pire. Et tandis qu'elle quittait la salle des moteurs, la Pantoran songeait qu'un jour il lui faudrait peut-être achever ce qui avait été commencé sur Jeny. Définitivement.




Elle rejoignit Isabo à temps pour voir la jeune fille en train de faire des moulinets avec son sabre, se croyant surement seule en attendant qu'elle la rejoigne. Observant dans l'ombre de l'entrée de la soute, Varadesh constata combien ses aptitudes étaient rudimentaires, pour rester poli. Avec une pointe de nostalgie, elle se rappela sa propre première séance d'entrainement avec Ranath, 2 ans plus tôt, à l'Académie de Korriban et ne put s'empêcher d'en sourire. Elle avait été tellement stupide et maladroite, sans oublier la raclée que Krayt lui avait infligée plus tard. Il allait y avoir un sacré boulot pour s'assurer qu'Isabo soit capable d'écharper autre chose qu'elle-même avec son arme.

Tiens plus fermement la poignée du sabre, tu as dû remarquer combien c'est incroyablement léger en main.

Sortant des ombres, l'apprentie alla se placer face à l'humaine, le visage inexpressif et neutre. Pour un peu elle aurait presque ressemblé à son maître d'un calme presque glacial et déconcertant, au point que la Mirialan aurait pu être fière d'avoir autant déteint sur sa protégée.

Utiliser un sabre laser est aussi dangereux pour toi que pour ton ennemi si tu ne fais pas attention. La lame bien droite brandie devant toi, pas vers le sol. Elle doit devenir une extension de ta volonté au point que tu ne songeras même plus à elle quand tu l'utiliseras.

Qu'il était étrange de jouer au professeur et instructeur alors qu'elle-même ne maîtrisait ses formes de combat que depuis peu et pas parfaitement encore. Varadesh sourit brièvement, amusée par ses réflexions autant que par les mimiques d'Isabo qui semblait découragée.

Isabo, relève la tête quand je te parle. Je ne vais pas te manger, tu n'as rien à craindre de moi. Sauf si tu n'y mets pas du tien bien sûr, je déteste les gens qui ne font aucun effort.

Tirant son propre sabre laser, la lame orange surgit de la garde dans un vrombissement caractéristique, qu'elle tint bien droit devant elle. En position d'attaque, elle avait adopté une posture vaguement menaçante même si c'était plus pour le spectacle qu'autre chose. Au bout de quelques instants, elle sembla se détendre mais ça n'était qu'une ruse. En vérité, elle songeait déjà former un écran défensif pour la suite des événements.

Bien, tu vas me montrer un peu ce que Ranath a pu t'apprendre en terme de mouvements. Je dois voir quel est ton niveau pour déterminer ce qu'il te manque. Attaque-moi et essaie de percer mes défenses de ton mieux. Et n'aie pas peur de me faire mal, je te garantis qu'il n'y a aucun risque.

Ce qui n'était pas totalement vrai, il était tout à fait possible que la jeune fille la surprenne et la découpe en morceaux. Si ça se trouve, son attitude réservée et presque craintive cachait une nature bien plus bourrine et agressive. Il n'aurait plus manqué que même une Isabo lui colle une raclée en duel pour que son moral bascule au 36e dessous. Souriant amèrement, la Pantoran attendit que se manifeste la nouvelle duelliste.
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