L'Astre Tyran

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    - Portée par un souffle -


    Ranath n’avait pas posé la question. Elle croyait comprendre que Jeny ne voulait plus de son nom. Vkoh. C’était son nouveau nom. La louve était retournée se terrer dans sa cabine. Elle avait sa propre cabine à bord du Poing de l’Ombre. Mais maintenant, elle devait avoir son propre vaisseau. Ces questions logistiques deviendraient fréquentes si l’Ordre évoluait encore. La Sith soupira. Ce n’était pas ce genre de problèmes qu’elle aimait résoudre. Si seulement Isabo pouvait gagner un peu en autonomie … Confier la gestion à la Comtesse, et se recentrer sur les problématiques essentielles. Elle hocha la tête, pour elle-même.

    À cet instant, d’une secousse discrète, le Poing de l’Ombre quitta l’hyperespace. L’alarme se délencha aussitôt, avertissant les passagers de l’arrivée imminente à destination. Droit devant : Molavar. C’était un désert. Il n’y avait pour ainsi presque rien sur ce caillou. Même atterrir pouvait s’avérer compliqué. Cependant, la douane ne leur fit pas d’histoire. Et l’Odonata se posa dans l’un de ces astroports à moitié délabrés. Au dehors, la baie était balayée d’un vent violent chargé de poussière. La Sith rabattit son masque sur son nez, sans avoir besoin de s’inquiéter pour la louve. Le jeune apprenti suivait à la traîne, Ranath ne lui prêtait aucune attention.

    La Dame Sombre réglait aujourd’hui les affaires de Kehera, minable petit contrebandier, pour le compte d’Uchai, contrebandier talentueux et maître d’un réseau largement étendu. Kehera s’imaginait envoyer Jama, une espèce de marginale destructurée, mercenaire idéale pour le sale boulot. Dans les faits, Ranath ne travaillait que pour elle-même. Pour l’Ordre. Tout allait à l’Ordre. Les quatre conquêtes se feraient au profit de l’Ordre. La collaboration avec Uchai aussi. Iro se rendrait vite compte, cette fois, qu’on l’avait berné. C’était un pion qu’il fallait garder au devant de la scène. Mais cela ne pouvait se faire en la présence de la louve. Trop imprévisible, trop incontrôlable. Plus tard, plus tard. La Sith chassa ses pensées. Elles fourmillaient en son esprit, par dizaines, par centaines. L’Ordre irait là, et ici. Il retournerait là. Ferait ça. Et puis ça. Enfin, on arriverait là. Sous le masque de kevlar, la Mirialan souriait doucement. Sa concentration retrouvée, elle tourna sa pensée vers Vkoh.

    Le trio élut domicile dans une cantina proche de l’astroport qui proposait des chambres en location courte durée. Il n’y avait qu’une chambre pour trois, deux lits et un canapé. La douche et les sanitaires étaient au bout du couloir. Tout ceci sans aucun confort. Mais cela n’avait pas d’importance, ce n’était pas une promenade, pas des vacances. Une exécution, voilà ce que c’était. Elles allaient mettre la main sur un réseau de contrebande un peu précaire. Gan Marna. Leur cible. Le leader d’une bande de voyous qui avait réussi à s'implanter sur Molavar et dans les environs. Ils pillaient comme des pirates, trafiquaient comme des dealers et revendaient comme les sales rats qu’ils étaient. Il ne fallait pas tuer, mais contrôler. Gan avait peut-être une chance de survivre.

    Le petit groupe possédait quelques affaires sur Molavar. Notamment un garage qui devait leur servir à blanchir leurs crédits sales et à passer des marchandises. Rien de bien nouveau jusqu’ici, si l’on prenait l’exemple de Kehera. Peut-être commenceraient-elles par cet endroit. Mais attention, il ne fallait pas tout détruire, Uchai devait pouvoir récupérer le contrôle des réseaux et par la même occasion l’ascendant sur son adversaire.

    Le trio s’enferma dans la chambre, et la Dame Sombre expliqua rapidement les objectifs.

      « Nous venons ici pour prendre le contrôle d’une bande de petits criminels. Notre objectif n’est pas de les éliminer, ni de les affaiblir, mais bien d’en prendre possession. Pour ce faire nous avons plusieurs cibles connues comme membres du réseau. Nous devons agir discrètement. Notre action se doit d’être invisible. »

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Jeny était retournée se barrer dans son mutisme habituel, entourée de ses démons les plus intimes. De sa douleur fraternelle, incessante présence qui ne dépérissait pas de lui faire tourner la tête. Elle n’avait alors rien dit du reste du voyage, ni à Mya, ni à Un. Les deux étaient restés dans leur coin, vaquant à leurs occupations. Le vaisseau n’était qu’une tombe habitée par des fantômes qui ne communiquaient pas entre eux. Une zone de honte et d’ennui, qui seule fut remplacée par la Force toute puissance. La Force obscure. Il n’y eu pas plus de discours quand le vaisseau se posa. Ils suivaient la Mirialan. Non, elle suivait la Mirialan. Un ne vint pas, Jeny le lui ordonna. Pas pour cette mission, pas à côté d’elle, dans son état instable. Elle en avait conscience, elle le sentait. La destruction qui habitait son esprit n’était pas son esprit, et du fin fond de son esprit, elle avait de la compassion pour ce gamin des rues. Il ne devait pas mourir, pas encore. Le but était à portée de ses mains, elle ne devait pas tout gâcher par excès. Mya saurait gérer si elle perd le contrôle, ou mourrait de sa main. Ainsi allait les Sith. Tuer ou être tué.

Le vent balaya ses vêtements de pilote, et sous son masque, ni cilla pas. Cette tenue proche du corps laissait transparaître des formes féminines, mais l’intérieur était déjà rongé, brûlé ou même manquant. Elle n’était qu’une goule, Jeny en avait conscience. Est-ce que Sabina aurait eu envie, ne serait que de l’approcher, si elle l’avait vu dans cet état ? Probablement pas. La dernière fois fut la première, mais avait sonné également la fin. Elles se l’étaient avoués, tout comme sa sœur avait été prévenue. L’ombre avait pris le dessus, et seules les âmes de ses victimes pourraient la sauver de la mort qui approchait à grand pas. La mort, dont elle s’était faite chevalier champion. Agissant pour elle, bien avant de suivre Mya. Les deux femmes se dirigèrent dans une cantina, petit hôtel miteux du coin, ravagé par la poussière, tout comme le reste de cette planète de sable. Il n’y avait rien d’accueillant ici, rien de plus qu’un objectif mineur dont elles s’étaient faites un but.

Les escaliers qui les menaient vers l’étage étaient marqués par les passages successifs, Jeny sentit leurs odeurs, à tous. Tous ces êtres qui avaient foulés de leurs pieds ces marches. C’était anodin, et pourtant, Jeny s’était arrêté quelques secondes, pour visualiser les traces. Certains étaient encore là, dans les chambres. Leurs pulsations cardiaques résonnaient, la chaleur de leur corps rayonnait. La faim tortilla son ventre, grimpant trop rapidement jusqu’à son cerveau. La douleur la rappela à l’ordre aussitôt. Elle grogna, sans pour autant pouvoir faire quelque chose. Pas maintenant. Ce n’était qu’une question de temps cependant avant qu’ils ne soient victimes de sa faim. L’ombre l’habitait, l’ombre était cachée au plus profond d’elle. Et pourtant, quelques volutes s’échappaient par moment. Jeny ne contrôlait plus rien désormais.

Une fois dans la chambre, Mya parla, pour la première fois. La voix robotique surenchérit sur un ton calme, mesuré, presque malaisant.

« Pas de morts. Pas de … folies. Pas de combat ? Tu veux que l’on se déclare maîtres, par la ruse ? Hm. Je suis violente, incontrôlable. Si ça dégénère, je risque de tous les tuer. Tu le sais. »

Jeny s’était assise sur le canapé, les jambes croisées. Son regard rouge derrière l’épaisse fumée tourné vers la femme à la peau verte.

« Donne-moi tes ordres. Et j’irai ensuite me laver. »

La combinaison commençait à coller à ses plaies suppurantes et elle sentait le sang qui se coagulait à proximité des blessures. Elle devait les laver, les changer, où cela risquait de nuire à ses mouvements. De plus, elle avait besoin de sortir de sa prison artificielle et pendant un instant voir la vie de ses vrais yeux.
#35344
    Violente. Incontrôlable. Le dire de soi-même, c’était autre chose. Vkoh accédait à ce genre de conscience déconnectée, déclinaison d’égoïsme, qui voulait qu’on dît des choses comme je suis comme ça mais je n’y peux rien. Cet état d’esprit donnait des nausées à la Sith. Elle entrevoyait alors le moment où il faudrait mettre un terme aux délires de la louve. Il n’était plus question de folie furieuse ou de profonde corruption. La Dame Sombre commençait à se demander si on ne se foutait pas un peu de sa gueule. Donne tes ordres. Elle ne dit rien.

    Elle savait ne pas pouvoir faire confiance à la jeune Humaine, imprévisible et dont le dévouement n’était qu’un passe temps malsain. Vkoh était incapable d’appliquer correctement une consigne. Pire encore, elle n’obéissait parfois pas du tout. Ranath s’était résolue à devoir se rendre elle-même sur Taris. Ce constat l’avait d’abord mise en colère, puis elle avait réalisé que la mission donnée n’était plus depuis longtemps dans les cordes de la louve. Le petit soldat serait bientôt inutile. Il faudrait l’éviter, ne plus le croiser. Lui donner des consignes simples. Va massacrer ce village. Va exterminer cette ethnie. Vkoh n’était plus bonne qu’à ça. Aux massacres. À la bêtise. La Mirialan se prit à penser, que sa responsabilité était engagée concernant l’état de son pion. Elle se reprit aussitôt. L’Humaine avait échoué par elle-même, ayant carte blanche quant à la réalisation de sa première mission. Elle avait fait les mauvais choix. Point. Sa survie n’était due qu’à son sacrifice. Autrement, Ranath l’aurait étripée.

    Sans savoir pourquoi et sans pouvoir l’empêcher, la Sith se prit à penser à Helera. Elle lui avait fait une promesse qu’elle doutait pouvoir tenir. Ce devait être une déception permanente, du moins l’imaginait-elle. Car il était difficile de savoir ce que la Reine avait en tête, mais pas impossible. Helera avait évolué, elle avait achevé une sorte d’accomplissement, une révolution. C’était Jeny qui rappelait Kor’rial à Ranath. Ces deux-là n’avaient rien en commun, sinon un ordre effondré sur lui-même, qui avait implosé. La Dame Sombre constatait ramasser tous les débris de cette catastrophe. Jeny, Rengo, M … Marak. Elle se laissa aller à un soupir intérieur. L’Ordre Gris avait un jour dû représenter pour eux un espoir, peut-être un lendemain. Fallait-il passer par là ? Puis se laisser aller à la désillusion. L’Ordre Gris sauvait les naufragés. Et elle, elle avait écopé des rares survivants. Helera le vivait-elle comme un échec ? Son ordre, mort. Combien servaient l’Ordre Sith par conviction et non par désespoir ? Combien de temps faudrait-il pour que l’Ordre Sith subît le même sort ? Ils n’étaient qu’une poignée. Ça ne pouvait pas leur arriver. Une toute petite poignée de fous furieux. Ça ne pouvait qu’échouer. Toute entreprise de ce genre était vouée à l’échec. Renoncer.

    Sabina, à elle seule, représentait un danger bien trop grand pour être canalisé. Elle n’était pas prête. La Dame Sombre n’avait pas encore de successeur. Son regard se posa sur Vkoh. Pourtant, elle avait souhaité la faire grandir, lui confier un apprenti. La jeune Pantoran avait refusé. Pas prête. Foutaise. Un apprenti permettait d’en apprendre bien plus sur soi-même que tous les holocrons de cette foutue galaxie. Il était temps d’imposer sa volonté.

        Mya.
            Tes ordres.

    La voix de la Mirialan brisa le silence installé depuis déjà de longues secondes. Elle tira de son manteau les consignes laissées par Haarm Gado.

      « Nous allons rester un moment ici. J’ai besoin que tu abattes trois personnes. Trois meurtres à des intervalles de quelques jours. Disons le premier dans trois jours, le second dans six jours, et le dernier dans huit jours. Ils devront mourir seuls, sans témoin immédiat. »

    La Sith tendit le datapad à la louve.

      « Mémorise leur nom, leur visage. Nous les trouverons puis tu les tueras. Tu signeras ces assassinats de ce symbole, sur le sol, sur un mur, que sais-je. »

    Elle lui montra à nouveau le datapad dont l’écran avait changé pour un assemblage de deux formes géométriques imbriquées.

      « Au quatrième jour nous devrons approcher notre cible. Tu ne pourras pas te montrer directement, mais tu devras être avec moi. Nous allons prétexter une transaction pour le neutraliser et prendre sa place. »

    La Dame Sombre rangea le datapad dans une poche de sa ceinture. Et tandis qu’elle se défaisait de son manteau, elle résuma ses ordres.

      « Dès ce soir je me ferai connaître de notre cible principale en tant que client potentiel. Puis nous chercherons les trois autres, qui doivent mourir. Dans trois jours, tu élimines le premier. Dans quatre jours, je rencontre notre cible et prend sa place. Dans six jours, tu élimines le deuxième. Dans huit jours, tu élimines le troisième. Puis nous parlerons de la suite. »

    Elle posa son manteau sur le canapé, à côté de Vkoh.

      « Tu enfileras ça, en plus. Je veux que tu ne sois reconnaissable d’aucune façon. »

    La Sith se redressa, réajustant la veste qu’elle portait habituellement sous son manteau.

      « Tu as des questions ? »

    Puis la louve put aller se laver, et la Mirialan lui demanda de la retrouver en bas, dans la salle principale de la cantina.
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By Jeny Mikerley
#35346
Vkoh attendait, sans aucune patience. Ni apparente, ni interne. La douleur qui lui contractait les muscles et tirait sur ses nerfs la rendait folle de rage. Tout le contrôle allait dans la préservation de l’intégrité physique de la mirialan. Par moment, un soubresaut agitait son corps, une épaule qui bougeait tout seul. Sa main qui prenait des positions inhumaines. Sa cuisse qui se contractait. Autant de petits phénomènes qui s’amplifiaient de temps à autre. Qui n’étaient que les manifestations de son manque de contrôle sur son corps détruit. Ou toutes les blessures physiques qui ne lui donnaient aucun repos. Jeny attendit, encore, et la réponse ne vint pas. A quoi pensait la verte ? Que voulait-elle vraiment d’elle, alors que Vkoh avait littéralement tout donné ? Pour la cause, la sienne, son ordre, son pouvoir. Pourquoi hésitait-elle ? Pourquoi ? Ses mains gantées se contractèrent, ses dents crissèrent les unes sur les autres. Mya n’avait aucune considération pour elle. Laissée agonisante sur un banc, la mâchoire éclatée, Jeny aurait dû ne jamais la suivre. Il y avait eu de la curiosité, et ce foutu contact qui ne brûlait pas. Calomnies. Aujourd’hui tout son corps brûlait. Tout cela parce qu’elle avait voulu défier un ordre éteint et provoquer les Sith en s’infiltrant en leur sein. Rencontrer l’ombre, toucher du doigt son essence. C’était la seule chose de véritablement réelle dans la relation, dans cet ordre Sith.

« Parle. Parle ! Dépêche-toi de me contrôler, de me manier. » Mya était en train de se brûler en essayant de la manier. Son cœur battait plus vite, son cerveau fondait et l’ensemble accélérait ses spasmes. Les paroles tombèrent. Assassiner, discrètement. Pitoyable. Elle venait de faire s’écraser une frégate entière sur une planète impériale. Et on lui demandait d’éliminer trois pequenots. Mya la provoquait, l’insultait consciemment. Jeny ne regarda qu’à peine les visages, pas plus qu’elle le symbole qui suivit. Elle était au bord de la faille, sur le point de lui sauter à la gorge. L’ombre autour d’elle s’agitait et menaçait, l’obscurité grandissait et prenait essence. Le côté obscure grognait et demandait du sang. Un manteau fut posé à ses côtés. Mya avait honte d’elle, après tous les sacrifices… Aucune considération, rien. Rien. Son regard s’attarda de longues secondes sur le manteau, pendant la fin du discours, pendant le temps de silence qui suivit. D’abord la tenue de pilote, puis le manteau. L’ombre hurlait en elle. « N’arrives tu pas à regarder ton œuvre ?! ».

La respiration rauque avait pris en rapidité, en intensité. Mais alors que le silence avait repris ses droits, Jeny trancha :

« Non. »

Elle se leva sans plus de mot, tandis que l’ombre qui la suivait éclatait de ses réminiscences obscures. Vkoh sortit de l’appartement et se dirigea au fond du couloir, vers les douches. Il n’y avait personne. Jeny n’alluma pas la lumière et se terra dans l’une des nombreuses cabines. Elle dû se dévêtir de son masque, alors que l’air frais lui brûla la peau. Du bout du poing, elle frappa contre la cloison de bois qui la séparait du voisin. L’ombre s’évaporait, prenait plus d’espace, et la laissait à la merci de l’environnement. Elle se concentra, les yeux fermés, les yeux en pleur sous cette douleur, ce purgatoire incessant. La petite resta quelques instants seulement en méditation, une main sur le pommeau de douche, l’autre qui tenait son casque pendant avant de l’y lâcher.

Puis ce fut au tour de cette combinaison qui l’enserrait, sous ce cuir trop serré, trop épais, mais qui maintenait ses organes et son sang comprimé à l’intérieur de son corps. D’abord les attaches sur le côté, relâchant de la pression. Le torse dégrafé, mais toujours collé. Jeny fit passer ses petites mains sur le col, et tira en l’air. Le sang coagulé restait accroché à la combinaison, chaque plaie résistant à l’appel de l’air libre. Chacune qui agitait son propre nerf. Jeny tira de toutes ses forces, récupérant tout le courage qui pouvait encore exister en elle, poussant un cri de détresse et de rage tout en finissant d’enlever la partie supérieur. Un bruit de sussions atroce se produisait pour chaque plaie frottée par ce cuir insolant. Haletante, elle laissa tomber ce torse sur le sol, accompagnée par le sang qui ne tenait plus en place. Elle pleurait silencieusement des larmes de sang, tandis que le bas suivit le même chemin, et avec la même épreuve. Cela jusqu’à être nue, mais parée de ce voile pourpre. Son corps tremblait, les spasmes étaient continuels et permanents. Comme une pécheresse, elle s’agenouilla sur la grille d’évacuation de l’eau et alluma le jet. Le liquide salvateur tomba, brûla et la fit hurler. Pendant plusieurs secondes, jusqu’à ce qu’elle se calme, qu’elle se concentre et garde sa concentration. Elle devait nettoyer où mourrait. Les blessures dataient de trois jours au maximum et la cicatrisation n’était pas encore faite.

Sa respiration naturelle continua à mesure que le calvaire durait, jusqu’à ce que le bouton pression se relâche et que l’eau arrête de couler. Vkoh ne bougea pas, l’ombre tentait de se maintenir sur elle, en elle, sauvegarder sa survie. Le sang coulait trop, beaucoup trop. Et la lumière s’alluma. Jeny leva la tête à ce moment-là, renifla doucement. Des bruits de pieds nus sur le sol humide. La porte qui claque à côté d’elle. La paire de pied qui apparue sous la séparation. L’odeur lui venait jusqu’aux narines. Elle emplissait ses poumons. Nouveaux tremblements, cette fois de plaisir, de désir. Sans un bruit, elle se releva, posa les mains sur le bord supérieur de la douche et se hissa lentement. La tête passa, et elle repéra sa comparse, l’eau qui lui coulait dans les yeux fermés, non alerté. L’obscurité pulsait, dans cet endroit, dans tout l’immeuble. Mya le ressentirait, où qu’elle soit. Jeny se hissa tout en haut et se laissa tomber sur l’intruse. L’obscurité trouva son paroxysme à ce moment-là.

Plusieurs minutes plus tard, elle retrouva Mya en bas, comme ordonnée par celle-ci. Habillée de ce même cuir noirâtre qu’elle portait précédemment, de la même combinaison, mais avec un manteau en plus, comme selon ses ordres. Elle la rejoint et demanda de sa voix robotisée :

« Il est où ton client ? »
#35353
    La colère de la louve était palpable. Sur le point de mordre, elle contrôlait sa faim à grand peine. Ranath imaginait qu’elle ne comprenait pas le quart de l’intérêt de cette affaire, de ces trois meurtres idiots, et de ce manteau qui la cacherait aux yeux de chacun. La Sith avait besoin de garder secrète la nature de son associée. S’ils la voyaient avant la révélation, ses plans seraient compromis. Mais comment pouvait-elle comprendre ? On ne lui expliquait rien. L’Humaine s’en alla au fond du couloir, laver ses plaies encore fraîches. Pendant quelques minutes encore, la Mirialan demeura en silence dans la chambre miteuse. Sa pensée accompagnait la louve, et prévoyait sans mal ce qui arriverait à qui approcherait l’ombre. Ces quelques minutes de solitude suffirent à la Sith à reconcentrer son attention. Elle savait quoi faire. Elle n’avait pas choisi cette cantina poussiéreuse au hasard. Elle savait chez qui elle logeait et à qui elle devait s’adresser. L’endroit lui avait été recommandé par Gado, et elle savait quoi demander au tenancier. Un bref soupir donna le signal du départ.

    En bas, il n’y avait pas grand monde. Quelques habitués qui traînaient au bar, d’autres moins à l’aise qui s’étaient isolés dans un coin et sirotaient un café trop dilué en regardant par la fenêtre. La Mirialan se présenta au bar et attendit qu’on vint s’enquérir de ses désirs. On lui demanda si la chambre convenait, puis s’inquiéta de sa demande. Elle commanda une boisson, et un conseil, puis alla s’asseoir dans un coin, comme ceux qui se sentaient un peu perdus ici. L’esprit de la Sith vagabondait dans la salle, entre les chaises et les tabourets, sautant de conscience en conscience, sans jamais s’attarder. Il accrocha la pensée du patron quand il revint avec la boisson commandée. Il se posta en face de la Mirialan, de l’autre côté de la table, mais ne s’assit pas, encore heureux.

      « Qu’est ce qu’y vous ferez plaisir d’acheter ? »

    L’homme s’exprimait avec un fort accent mais articulait suffisamment pour être compris.

      « Du matériel. »

    L’autre ne réagit d’abord pas.

      « Rare. »

    Il hocha la tête.

      « Ici, c’est Eicall qui distribue. Et faut payer ma commission. »

    À la Sith d’acquiescer.

      « Arrangez-nous une entrevue pour qu’il me présente ses produits. J’achète en masse. Des armes. Il viendra seul, je serai seule également. Dans … quatre jours. »

    Le regard d’or était braqué sur l’entremetteur. Il sembla hésiter un instant, mais accepta finalement. Il fut payé en conséquence, et retourna derrière son bar. Quelques minutes plus tard, la louve descendait à son tour, couverte du long manteau de la Dame Sombre. Cette dernière la regarda s’approcher, constatant que la combinaison de pilote disparaissait parfaitement son les lourds pans de tissu anthracite. Vkoh s’assit à côté du Maître. La faim de la jeune Humaine avait reculé de quelques mesures, un encas avait dû retarder l’échéance fatidique. C’était un vrai problème. Il fallait nourrir l’ombre. Ranath hocha la tête pour elle-même. Et la louve posa sa question.

      « Nous sommes les clients. Comme je te l’ai dit, nous rencontrerons le vendeur dans quatre jours. D’ici là, nous avons à faire. »

    Il y eut un court silence. La Sith releva le menton et laissa échapper un soupir.

      « J’ai besoin d’un peu de matériel pour préparer ce rendez-vous. Et nous devons trouver la première cible. »

    Elle eut une hésitation, rapidement balayée.

      « J’ai besoin que tu restes discrète, jusqu’à la résolution de cette affaire. Cache-toi au mieux pour l’instant. Ne te montre pas. »

    Le manteau était là pour ça.

      « Tu seras très vite libérée de cette contrainte. Dans huit jours. »

    Ranath esquissa un sourire.

      « Je voudrais savoir … de quoi tu as besoin. À manger ? »

    Elle peinait à exprimer une idée relativement simple.

      « De quoi as-tu besoin pour te soigner ? »

    Elles pouvaient quitter la ville pour la nuit. S’éloigner d’ici, gagner un village isolé, et laisser l’ombre se nourrir.
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By Jeny Mikerley
#35355
Elle s’était assise à côté de la verte, armée de ce long manteau qui n’était pas censé lui tenir chaud. Pourtant, c’était tout ce qu’il faisait présentement. Son casque seul sortait de cet attirail de tissu, de poils et autres matières encombrantes. Jeny fureta du regard, vers des personnes sans importances, venus là pour se saouler simplement. Pour oublier, pour se lacher, pour partir. Loin de leurs tracas quotidien, celui de n’être que pour subir la journée supplémentaire. Inconscient de ce qu’il se passait dans les alentours. Ignorant de la présence de deux maîtresses du côté obscur, à quelques pas d’eux. Jeny respirait lentement, produisait ce son métallique à intervalle régulier, paisiblement, mais toujours aussi gênant.

« Je sais ce que tu veux de moi. Je ne porte pas ce manteau pour paraître jolie. Mais tu oublies une chose, ma voix, mon casque, mon armure … C’est trop caractéristique. Si leur cerveau n’a pas encore été cramé, ils vont vite comprendre. Pour ça, tu veux faire quoi ? »

La colère, toujours cette colère, qui ne voulait pas partir. La hargne et la violence qui l’habitait, aussi imposante que sa respiration cadencée.

« Huit jours … »

C’était long huit jours. Trop long et trop risqués pour que sa présence aux côtés de la Dame Sombre devienne un risque. Mya avait probablement un plan. Probablement. Sinon Vkoh en avait toujours un, et il consistait à raser cet endroit de la carte. Juste pour se soulager, s’apaiser intérieurement. Manger aussi, bien évidemment. Mya étira un sourire, Jeny haussa un sourcil inexistant. C’était quoi ça ? Un accès de gentillesse ? Une inquiétude ? Jeny mima une fourchette qu’elle attira à sa bouche et frappa contre le plastoïde du casque, lui barrant inévitablement le passage.

« Et je fais comment au juste ? »

Pourtant, aussi énervée qu’elle fût, ignorer l’attention qu’elle lui portait, c’était presque trahir ses besoins primaires. Trahir ce besoin d’exister à travers quelque chose ou quelqu’un. Probablement le même besoin qui l’avait poussé à se jeter corps et âme dans la cause de Mya, pour Mya et à travers elle. Et maintenant qu’elle avait tout donné pour elle, Vkoh souhaitait davantage, se sentir exister. Non pas se sentir aimer, l’amour n’existant plus dans son cœur noir, juste détecter une once de compassion qui pouvait transpirer de l’esprit vert. Difficile de demander cela de la part d’une Sith. Alors dans son désir d’autodestruction, elle s’était rendue avare d’un sentiment d’autrui qui n’existaient pas. Qui était si rare que la simple évocation semblait sortir de légendes. Et maintenant, maintenant qu’il ne lui restait que des bribes de raison, maintenant que son corps était détruit, que son intérieur était ravagé, par les drogues et les violences. Maintenant que son désir d’autodestruction venait enfin d’être assouvi, elle se sentait seule…

« J’ai pas mangé depuis deux jours… Vraiment manger … »

Jeny avait détourné le regard, regardé ses pieds à travers sa combinaison. Non pas qu’il y avait quelque chose d’intéressant à y regarder non plus.

« Hey, vous voulez pas m’acheter des bâtons de la mort ? »

L’instant émotion venait d’être perturbé. Jeny se retourna vers le jeune à la coiffure grasse, grognant trop distinctement. Le gars ne parlait pas à elle, mais à Mya.

« Casse toi ! »

L’autre l’ignora, continuant de fixer la verte. Jeny se fit plus imposante et l’ombre menaça de sortir.

« Casse toi je t’ai dis. Ne lui parle pas. »

Il baragouina dans sa barbe de deux heures et disparut à travers les autres tables.

« Je les connais ces gars-là. Ce sont tous des cons, et ils vendent de la merde. »

Jeny croisa les bras, concentrée sur on ne sait quoi, broyant du noir. Toujours du noir. C’était le champ lexical redondant dans cette épopée. Mya reposa une question. Jeny tourna ses yeux rouges vers elle.

« Je sais pas. J’ai pas encore osé regarder ce qu’il me restait… Je sens juste à peu près. »
#35360
      « Dégage de là, petite m*rde !

      - Hé ! »

    À peu de choses près, le tenancier avait tiré du comptoir une barre à mine et l’agitait frénétiquement en direction du dealer.

      « Casse-toi ! T’vas prendre ça dans la gueule ! »

    L’autre fit mine de rétorquer, le patron s’avança vers lui d’un pas lourd, et fit fuir l’importun. Ranath suivait tout ceci d’un air détaché. Le calme revenu, la voix enrouée de Vkoh parvint à son oreille. La louve avait eu une mauvaise expérience de ces vendeurs de bâtons. La Sith ne répondit rien, préférant abandonner là le sujet.

    Le propriétaire des lieux avait rangé son arme de fortune. Il s’approcha de la table des deux sensitives, comme précédemment. Cette fois il ne dit rien, se contentant de glisser à la Mirialan un graffiti maladroit sur un morceau de papier. Puis son regard se posa sur la louve, et Ranath lui fit signe de déguerpir, ce qu’il ne contesta pas. Rapidement, toujours en silence, la Sith prit connaissance du lieu et de l’heure du rendez-vous. L’autre avait respecté les consignes.

      « On va pouvoir se mettre au travail. On va trouver une solution pour le masque. Pour manger. »

    Ces quelques mots étaient pour l’Humaine. Elle lui avait négligemment montré les coordonnées de la rencontre avant de les ranger. Vkoh n’avait pas à s’enquérir de ce genre de détails. La discussion revint à l’état de santé de la gamine. Et Ranath avait de nombreuses questions.

      « Quand je t’ai retrouvée, à bord de la station, on t’avais trempée dans le bacta. Avant de te mettre le masque. Mais ça n’a rien fait. »

    La Mirialan observait son verre, cependant elle n’y touchait pas.

      « Puis je t’ai vue prendre la vie de ces gens. »

    Elle soupira, comme pour se donner le temps de choisir ses mots.

      « Comment tu fais ça ? »

    Les mains d’émeraude s’animèrent pour mimer la forme d’une sphère de la taille d’un crâne.

      « Qu’est-ce que ça te procure ? »

    Ce n’était peut-être pas l’endroit pour en parler. Mais ici, tout le monde se fichait des deux femmes. Dans les questions, il n’y avait ni dégoût, ni dédain. Ranath voulait savoir ce que c’était, et comment ça fonctionnait.

      « Et il y a … cette brume qui t’accompagne. Parle-m’en, s’il te plait. »

    Vkoh n’était peut-être pas capable de s’exprimer sur le sujet. Peut-être ne savait-elle pas de quoi il pouvait s’agir. Néanmoins, la Dame Sombre se devait de poser la question. Elle avait longuement songé à Jeny, à cette obscurité grandissante. La gamine était perdue, et il y avait fort à parier que la drogue avait détruit quelques synapses. Cela ne tournait plus rond depuis un moment. L’abandon par Helera, l’échec de l’Ordre Gris avait causé bien des dégâts. Et la louve n’avait pas été épargnée. Il fallait peut-être se résigner après tout, personne n’y pouvait rien. Il fallait être sacrément tarée pour se balancer depuis la haute atmosphère sur une planète, quelle qu’elle fût.

    La louve était puissance. Une puissance brute. Et brutale. Darth Ranath sourit doucement.

      « Darth Vkoh. »
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By Jeny Mikerley
#35361
Jeny regarda le camé s’éloigner, apeuré par la barre à mine qui lui était présentée. Fidèle arme de destruction de courage, surtout portée par le corps façonné qu’était l’homme de la cantina. Elle le regarda s’éloigner, le poing serré sur la table, prête à lui arracher la carotide. Mya continua sur la manière de trouver une solution. A quoi ? S’il y en avait, cela se saurait. Son équipement la faisait à la limite passer pour une ombre, ces races aliens qui n’étaient que fumée, invisibles si elles le voulaient. Quel était le nom de cette race … Impossible de s’en souvenir. Mais que se passerait-il sans ? L’ombre s’échapperait, la ferait souvenir inévitablement, ou alors cherchait à aspirer la vie sans cesse. Plus aucun contrôle. Vkoh ne répondit pas à cette phrase, sonnait comme une affirmation pleine d’espoir, plutôt que sur des faits avérés. Rien n’était aussi simple en fin de compte, plus maintenant. Puis, ce fut l’interrogatoire lancé. Etrange. Etrange parce qu’elle ne comprit pas tout de suite ce qu’elle cherchait à découvrir venant d’elle. Du réconfort ? Assurément pas. De la compassion ? Ben voyons. Il y avait forcément autre chose. Jeny répondit simplement.

« Le bacta aide à la cicatrisation, il accélère la régénération des tissus localement. Il ne permet pas de reconstruire un corps. »

Jeny leva son bras gauche et l’approcha de son casque, elle regarda l’avant-bras avec une certaine appréhension. Elle regarde, mais ne vit que la combinaison noire qui recouvrait la peau.

« Il me manque des morceaux. Avoua-t-elle. Assez abimée pour être soignée, mais pas assez pour recevoir des implants. »

En fait, elle ne le savait pas, mais elle le prétendait. En plus de cela, il y avait une sorte d’appréhension de ne plus avoir le contrôle face aux médecins. Autant la confiance qu’elle plaçait en l’ombre était absolue, autant les médecins lui faisaient peur. Après tout, ils n’étaient qu’humains, alors que l’ombre était omnisciente et pure. C’était débile et pourtant … L’ombre, encore une fois. Tout comme Varadesh s’y était intéressée, Mya avouait enfin la manœuvre. Jeny fronça les sourcils. L’ombre qu’elles recherchaient toutes les deux, mais dont ni l’une ni l’autre ne voulaient avoir à côtoyer.

« C’est un mélange entre inspirer avec tes poumons et attirer un objet vers toi avec la Force. Sauf que ce que tu prends, c’est une énergie vitale, une essence … C’est … le souffle. »

La suite de la question la laissa pantoise. Evidemment, c’était légitime. Jeny joignit ses deux mains et se tritura le bout des doigts les uns contre les autres, les mêlant et les entremêlant les uns avec les autres. Dans des formes incompréhensibles et sans aucun but. Ce à quoi elle réfléchissait, elle n’était pas certaine d’y comprendre le sens, et pourtant, c’était véritablement le seul mot qui lui venait en tête.

« C’est un peu comme … enfin … comme un orgasme, tu vois ? Le fluide … arrive et tu le sens à travers tes doigts, frôler ta peau, la réchauffer et te donner des frissons. Une chaleur douce qui continue le long de tes bras jusqu’au plus profond de ton cœur, qui te donne un nouvel élan. Quand tu l’aspires par la bouche, c’est tout ton intérieur qui … enfin tu as compris quoi… »

Jeny depuis le début n’avait pas regardé la mirialan. Pourtant c’est à ce moment-là qu’elle décida de croiser ses yeux rouges avec les siens.

« Sauf que quand cette chaleur se dissipe, tu te sens encore vide. Tu es plus forte, plus rapide, tu es en forme, mais tu sens qu’il te manque quelque chose. Alors tu en veux plus, encore et encore. Et tu te rends compte que ton corps au fur et à mesure devient encore plus fort, se soigne, retrouve son énergie, t’alimente. Et plus tu en récupères, plus tu sombres. Mais … Mais cela n’a rien à voir avec l’ombre en définitif. »

La brume, comme elle l’appelait. Elles y venaient, après tout. Sauf que Jeny ne voulait pas en parler ici. Parce qu’il n’y avait rien à expliquer dans ce lieu. Rien à expliquer autrement qu’avec la vision et la sensation. Les paroles n’avaient dans ce cas pas de sens. Elle regarda autour d’elle, les gens, le mobilier, capta quelques bribes de conversations. Mya cherchait la connaissance, et bien … Pourquoi pas. Après tout. Elle lui prit la main et l’incita à la suivre, sans un mot. Le tenancier n’avait qu’à mettre cela sur sa note. De toute manière, la cantina risquait de disparaître dans quelques minutes. Sans un mot, elle l’emmena jusque dans leurs chambres. Une sorte de boule maintenait sa gorge serrée. La peur. La peur de souffrir davantage, plus que ce qu’elle ressentait actuellement. Mais elle ne faillirait pas, parce que le maître demandait. L’évocation d’un nom de darth n’en fut que plus de bouffé d’orgueil supplémentaire, bien qu’elle n’en eu pas réellement beaucoup.
Jeny laissa Mya aller où elle veut, sur le lit, sur le canapé, debout, peu importe. Elle en tous cas se dirigea vers la fenêtre, ferma les volets et verrouilla la porte. Tout en se plaçant à l’autre extrémité de la pièce, Vkoh déglutit lentement. Son cœur accéléra, tout comme sa respiration. Elle jeta négligemment le manteau sur le lit adjacent et souffla lentement.

« Je n’ai … pas encore constaté … les dégâts. »

Au fur et à mesure, l’obscurité dans la Force croissait, car savait qu’elle serait libérée. Savait qu’elle pourrait emplir l’espace. Lentement, les boutons qui retenaient la combinaison furent enlevés. Tout aussi lentement, la combinaison fut petit à petit retirée, jusqu’au-dessus de son nombril. Rien de sensuel, bien au contraire. L’ombre doucement se détachait de son corps, mais la grosse partie continuait à lécher la peau. Jeny enleva son masque, le tenant de sa main tremblante puis le laissa tomber au sol. L’air, si frais de la chambre, la brûlait. La liberté de son corps, si durement éprouvé, hurlait à la mort. Et son cerveau à elle, fondait sous l’effort de contrôle. Cette douleur qui aurait pu, qui aurait dû, la tuer milles fois déjà. Il n’y avait qu’une seule chose qui la maintenait en vie :

« L’ombre. »

Elle tendit la main vers Mya. Une main agitée de spasmes, une main décharnée. Petit à petit, Mya voyait les quelques dégats, quand la fumée par instant laissait entrevoir un bout de peau. L’avant bras gauche n’avait plus de chaire sur tout une partie, et l’os était à l’air libre. Tout comme l’épaule du même bras, blanc et parsemé de tendons à émietté. Une partie de ses abdominaux latéraux gauches, envolés, au profit d’un morceau de cage thoracique à l’air libre, d’où l’on aurait presque pu apercevoir le cœur. Presque. Le côté de son flanc gauche rapiécé, jusqu’à l’omoplate du même côté. La joue gauche n’existait plus, montrant alors une série de dents même quand celle-ci était fermée. Une partie du crâne brûlée également, avec quelques cheveux épars ça et là. Contraste avec l’autre partie qui était encore à peu près entière. Jeny souffrait, cela se voyait. Mais ce n’était pas assez. Elle ouvrit alors son esprit, ouvrit les portes du gouffre obscur dans lequel elle se noyait, à Mya. L’obscurité atteint son paroxysme.

« Si tu veux toucher du doigt la pureté … de l’ombre. Prend … ma main. »

Ou ignore-la à jamais. Le choix lui revenait.
#35368
    La Sith avait écouté la louve avec attention. Les remarques, petites confessions, sur son état physiques étaient difficilement concevable. On ne pouvait pas imaginer ce qu’il se passait sous cette combinaison. Si bien que la Mirialan n’en dit pas plus. Les explications sur son étrange pouvoir avaient bien plus intéressé le Maître. Mais pour comprendre complètement, il fallait suivre l’Humaine. Elles remontèrent toutes les deux dans la chambre. Ranath se posta au centre de la pièce, tandis que Vkoh se trouvait dos au mur. Le regard de la Dame Sombre s’obscurcit dès lors. Le petit manège lui déplaisait. Cette réclamation d’intention lui déplaisait. Il fallait que la gamine eût quelque chose de fabuleux à révéler désormais pour ne pas s’attirer l’ire de la Mirialan.

    La jeune femme déboutonna le haut de la combinaison, et elle en retira toute la partie supérieure. Tout ce cinéma irritait la Sith qui s’apprêtait à interrompre ce rituel sordide. Mais la Force alors vibra, d’une intensité plus forte encore qu’en la présence habituelle de Vkoh. Ranath ne dit rien. Son regard se posa sur la silhouette décharnée. De temps à autre, on lui laissait voir les lambeaux d’un corps mort depuis déjà plusieurs jours. La charogne en elle-même était à vomir, mais ce qui donnait des nausées à la Mirialan, c’était qu’elle se tint encore debout. L’ombre devait constituer le lien entre les restes de ce corps et l’esprit humain. Ou bien Jeny était-elle devenue l’un de ces spectres volatiles aux pensées destructurées.

    Était-il encore question de Côté Obscur à ce stade-ci de corruption ? N’y avait-il pas quelque chose de plus fort encore que l’application stupide de ce concept grossier ? La chambre était plongée dans le noir, l’obscurité la plus totale, celle d’un esprit rongé par la haine et la douleur. Il n’y avait pas à hésiter, Ranath tendit la main en retour. Elles n’eurent pas besoin d’un effleurement pour que l’ombre vint à trouver le chemin. D’un trait voluptueux, l’obscurité saisit la Mirialan.





    Il faisait nuit noire, il avait plu toute la journée.

      « Ce ne sont que des conneries ! Tu inventes tout ça pour justifier ta condition ! »

    La gamine lui criait dessus. Elle ne s’était jamais montrée si agressive. Et Ranath sentait monter en elle la colère.

      « Tu disais déjà ça en raillant les mises en garde des Jedi.
      Tu l’utilises maintenant pour justifier ta méfiance vis-à-vis du Côté Obscur !
      »

    Un pas puis un autre.

      « Assume-le, ou abandonne ! »

    La gifle, en revers, partit toute seule. Le coup résonna contre la joue de la jeune Humaine. La pensée de la Sith fondit sur son élève. Elle n’était que colère. Mais la gamine répliqua promptement. Elle fut soudain partout, aveuglant et déstabilisant son maître, lui infligeant une douleur atroce et la forçant à se tenir à distance. Ranath se laissa tomber à genoux. Isabo la toisait d’un regard noir.

      « Le doute ne t’est pas permis, Dame Sombre. L’Ordre repose sur tes épaules. »

      « Le Seigneur Noir ne peut ainsi se défaire de sa responsabilité. »

    « L’Ordre repose sur ses épaules. »

    La silhouette de l’Humaine s’était muée en ombre imposante.

      « La vision d’un ordre puissant n’aura été qu’un songe lointain, un projet mort-né que vous piétinez de votre arrogance. Vous fuyez vos échecs pour ne pas perdre la face. Voilà qui est bien lâche. »

    Le monstre de métal rugit et se déforma encore, arquant le dos et ouvrant grand la gueule pour ne laisser entendre qu’un soupir.

      « Tu es faible. »

    Face au dragon, la Sith prit la fuite. Elle s’était relevée et fit volte-face. Quelque chose saisit son poignet, la tira de côté, et la lame encore lui perfora l’abdomen. La vision était si nette cette fois. La créature avait abandonné son masque et laissait voir à Ranath un teint presque gris sous une myriade de tatouages délicats. Elle lui adressa un sourire doux tandis que la lame se tordait lentement en sa chair. Elle chut.

    L’ombre était là, partout. La douleur, insoutenable.

    ARRIÈRE !

    L’éclair bleu fendit l’air, coupant net dans la brume obscure. La créature disparut. Il faisait noir, vraiment noir. Il n’y avait plus rien. La lumière s’approcha alors, cet éclat diffus aux nuances céruléennes. Il était juste là, tout prêt, mais Ranath ne pouvait le saisir. La Jedi s’agenouilla devant elle, posant son sabre à terre. La lame ne s’éteignit pas.

    Tu ne crains rien.

    D’un geste doux, elle la prit dans ses bras et sécha ses larmes.





    Dans la chambre de la cantina, il ne s’était rien passé. Darth Ranath avait tendu la main vers Vkoh. Le premier contact avec l’ombre l’avait choquée et elle était tombée à genoux, aux pieds de l’Humaine. Cette simple caresse lui avait infligé une souffrance sans pareil, une douleur à laquelle on préférait la mort. Elle était restée un moment, en silence, ainsi à genoux, canalisant ses pulsions, rejetant le pire. L’échange n’avait pas eu lieu.

    Finalement, la voix du Maître brisa le semblant de silence qui régnait ici.

      « Je ne dois pas. »

    Mais elle avait compris.
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By Jeny Mikerley
#35371
Une main tendue, du bout des doigts, proposant le don suprême. La sublimation, l’épopée fantastique vers des horizons grandioses. D’une bonté sombre et froide, mais dont la possession donnait à tout le reste une teinte merveilleusement douce. Celle de la puissance et du pouvoir. Le pouvoir et la domination sur quiconque, sur la vie elle-même. L’entité négative à son paroxysme. Le chevalier de la mort. Le regard de braise tourné vers la mirialan, observant ses mouvements, observant son esprit. Jeny ne brusquait rien, mais attendait simplement, là où l’ombre agitait son ventre de soubresauts qui la poussaient en avant, puis en arrière. Dans des mouvements respiratoires bien trop prononcés. Sa main tremblante resta figée dans l’espace et guettait sa paire qui s’approcha. Mais rien ne vint. L’ombre effleura de sa grâce le derme de son associée du moment et … et c’est tout. Mya tomba à genoux devant elle. Un flash.

Des meurtres, du sang, un massacre entier sous une pluie battante et un ciel sombre. Un sabre jaunâtre qui prédominait toute la horde, l’ombre qui autour d’elle s’agitait comme une tempête. La domination totale et absolue par le massacre. Rien de plus. Ce ne fut pas une vision de Force, ni une vision d’autre chose. Juste une impression qui s’était présentée à elle tandis que celle qui des mois plus tôt l’avait tabassée à mort. La domination des Sith, aujourd’hui, alors qu’à ses genoux se tenait leur maître. Dans un moment de faiblesse qui lui aurait coûté la vie avec une autre. Jeny serra son poing gauche mais la main droite, celle levée vers la mirialan tantôt s’arrêta de bouger. L’ombre autour disparut lentement, pour ne laisser entrevoir que la pâleur d’un membre humain. Des doigts marqués, blessés, et en partie carbonisé. Qui pourtant avait tout de la normalité de n’importe quel autre spécimen de son espèce. L’ombre évaporée à cet endroit, la douleur se fit plus grande encore à cet endroit, et l’obscurité hurlait dans son crâne. Jeny l’ignora, concentrée, les lèvres entrouvertes comme une enfant à la découverte de la magnificence de la vie. Lentement, elle posa sa main sur le crâne de la mirialan, dans ces cheveux tirés en arrière, encore présents. Il n’y eu aucune caresse, pas de geste d’affection. Juste ce symbole de la domination et de la rédemption. Celui du pardon également.

L’orgueil en prenait-il un coup chez la mirialan ? Celui de Jeny restait inexistant. Elle était seulement convaincue que l’ordre dans lequel elle officiait avait plus que jamais besoin d’elle. Car le maître était à ces pieds, et que l’ombre ne siérait jamais à ses utilisateurs. Un maître consumé par le penchant qu’il souhaitait contrôler, des apprentis davantage faiblards et geignards, ignorants de la puissance brute. Tous autant qu’ils sont, luttant pour des idéaux qu’ils ne comprendront jamais. Orgueil, soif de pouvoir, passion … Tout autant de concepts que Vkoh ne pouvait comprendre, ni n’essaierait. L’ombre était déjà tout ce dont elle avait besoin. Elle était, parce qu’elle le devait. L’anti-vie comme source d’existence. Jeny recula doucement sa main, et celle-ci se remit à trembler. L’ombre revint prendre sa place sur son derme. Elle recula de plusieurs pas, heurtant le mur. Eloigner l’ombre de Mya. L’ombre qui éclata en son corps, qui la déchira, tout autant que ses blessures qui se réveillèrent.

L’instant de répit était terminé, et elle tomba à genoux, agitée de plusieurs spasmes. Elle avait du mal à trouver sa respiration, et sentait en elle les émotions fortes qui refaisaient surface. Qui tourbillonnaient et menaçait. Jeny resta à quatre pattes, tandis que les spasmes la poussait vers l’avant, jusqu’à ce qu’elle crache au sol. Du sang, son sang, celui des autres. Son corps mourrait, l’ombre tentait de la sauver. Autour d’elle, s’agita, menaça de ses lames spectrales la mirialan, sans jamais l’attraper. Le temps s’arrêta, le silence se fit autour. Inspiration, expiration. Inspiration, expiration. Inspiration, boum. Boum, expiration. Boum, boum. Boum, boum. Le cœur frappait, celui de la mirialan, délicieuse récompense. Ses mains tremblaient. Elle regarda à travers la matière, vit les autres corps dans l’immeuble qui s’agitaient. Une sorte de chaleur s’activa en son sein, mêlée à la douleur de la famine. Jeny restait silencieuse, mais son esprit s’embrumait de l’odeur de la chasse. Chose qu’elle refusa. Pas encore. Pas encore …

Vkoh remonta entièrement sa combinaison, enfermant son corps dans l’ombre et à la vue infidèle. Nouveau spasme, vomissement de sang supplémentaire. Son cœur battait de moins en moins vite. Elle attira son casque à elle. Toujours prise de soubresauts, Vkoh jeta un dernier regard à Mya, de ses vrais yeux. Elle resta muette, se figea quelques secondes, et s’enferma derrière le plaxacier. Elle prit une grande inspiration ombreuse à l’intérieur de sa combinaison et recula en arrière, jusqu’à trouver le mur et s’y assoir. Sa respiration métallique se stabilisa, lentement. Mais elle resta ainsi plusieurs minutes, les yeux sous son masque étant fermés. Contenir sa faim, pour quelques minutes encore. De sa voix métallique démoniaque, elle conclut cet échange.

« Ainsi … soit-il. »
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