L'Astre Tyran

StarWars Online Roleplay Cliquez ici pour voir l'intro...

Image

Avatar de l’utilisateur
By Adrix
#33574
Le concept de pouvoir et ses multiples facettes avaient toujours fasciné Darth Odion. Au premier abord cela semblait pourtant une question fort aisée. Telle la relation entre le prédateur et son gibier, le puissant est celui qui peut écraser les autres, leur imposer sa volonté. Mais cette définition de surface n'abordait pas l'épineuse question de la méthode. Un Seigneur Sith était "puissant" car il maîtrisait les subtilités du Côté Obscur et l'art du combat. Corps et esprit étaient forgés jusqu'à devenir des outils de destruction sans pareille. Le cyborg pouvait simplement tuer quiconque se dressait sur sa route et ne s'était d'ailleurs jamais privé de le faire. Mais les puissantes familles s'épanouissant au travers du secteur Tapani, elles, disposaient d'une toute autre forme de force. L'argent et l'influence étaient leurs armes et ils les brandissaient avec tout autant d'entrain et d'adresse qu'un Sith agiterait sa lame. Odion pouvait sans aucun doute étriper chacun de leurs membres sans la moindre difficulté, pourtant eux pouvaient accomplir des choses qui lui étaient inaccessibles. Par conséquent, qui fallait-il considérer comme le plus "puissant" ? Qu'en était-il de ceux qui amassaient connaissances et savoir tout au long de leur existence ? Des beaux parleurs qui soumettaient les foules par l'impact de leur verve ? Y avait-il une équivalence entre ces différentes façon de faire ? Une hiérarchie ? L'Egorgeur avait bien sûr ses théories sur la question. Mais ces raisonnements approfondis feront davantage l'affaire dans une autre introduction surjouée.

- Prévenez Darth Ranath de notre arrivée prochaine.

Plus important était le présent, où le cyborg contemplait depuis la baie vitrée de son bâtiment la planète qui serait leur destination : Obulette, domaine de la Maison Mecetti et capitale du secteur du même nom. Baignée dans la lumière d'une étoile rouge, ce monde vivait dans un crépuscule permanent, un détail qui plaisait plutôt à l'Egorgeur. Odion et Ranath avaient traversés la galaxie à bord du Venator, et leur précieux butin se trouvait quelque part en ces lieux. Le cyborg ne connaissait que peu de choses sur le fonctionnement de ce coin de galaxie ou même sur les clans bourgeois qui s'en partageaient le contrôle. Son savoir se bornait aux informations librement disponibles sur les archives holonet et une poignée de rumeurs glanées au hasard. Ce qui ressortait en premier c'était que le clan Mecetti était à la fois le plus puissant mais aussi le plus ambitieux, belliqueux, arrogant et sans merci de toutes les coalitions locales. Bref des gens charmants avec qui Odion s'entendrait tout à fait. Il imaginait sans peine des hommes noyés dans leur propre décadence, imbus de leur richesse et de leur autorité. A moins qu'il ne s'agisse plutôt de genre de seigneurs du crime, en plus élégants. Cette dernière perspective lui inspirait déjà plus d'enthousiasme. Odion se tourna vers sa "compagne" de cette aventure. La présence de la Dame Noire était davantage un geste de bonne grâce envers leur récente association qu'une réelle necessité. Encore que...

- Si les informations que l'on m'a transmises sont toujours exactes, l'Holoctron du roi Adas est aux mains d'une organisation secrète servant le clan Mecetti. Mais malgré mes recherches l'identité de ses membres m'est resté secrète. Ainsi que leurs activités d'ailleurs.

Assassinat ? Espionnage ? Extorsion ? Traffic ? Les options ne manquaient pas pour satisfaire le profil d'un groupe secret aux ordres d'un clan quasi maffieux. Personne ne se nimbait d'un voile de mystère si épais pour se livrer à des activités louables. Rien de bien étranger pour un duo de Sith, certes, mais sans connaître leur nombre, leurs moyens ou quoi que ce soit de pertinent, la prudence restait de mise. Dans la mesure du possible, établir un marché réciproquement profitable restait la meilleure option. Ils avaient trop peu d'indices sur l'holoctron pour se passer de l'aide de leurs futurs hôtes.

- Nous pouvons assumer qu'ils seront au courant de notre présence avant que nous le soyons de leur identité. Plus encore maintenant que la République a rendu ma nature Sith connue. Notre meilleur chance me semble être d'établir le contact auprès de leurs maîtres pour les amener à la table des négociations.

Sous sa cape, Odion passa une main avide sur l'arme qui pendait à sa ceinture. Les Siths ne pouvaient pas pourfendre un ennemi refusant de se présenter dans l'arène. Mais Odion n'excluait pas la possibilité de se servir de la famille Mecetti elle même comme otage.

- Ou de les y forcer. Votre avis ?
Avatar de l’utilisateur
By Jen'Ari Nekanasaza
#33775
    Elle y repensait sans cesse. Cette image était terrifiante. Son propre corps inert et face contre terre, gorge tranchée par la lame d’une apprentie prometteuse. Sur le coup, elle avait manqué de vomir, et se persuadait que si Sabina avait séparé sa tête de son corps, elle n’aurait pu maintenir l’illusion davantage. Cette pensée lui procurait encore des frissons. Elle tenait trop à cette gamine, et espérait en vain compter pour elle.

    Les réflexions de la Sith tournaient viraient idées noires. Elle avait catégoriquement rejeté la Règle des Deux, ne voulant perpétuer la tradition criminelle des Seigneurs Sith. Mais elle savait, elle le pressentait, que Varadesh ne l’appuierait pas sur ce point. Tôt ou tard, l’apprentie tenterait le tout pour le tout, et attaquerait. La Mirialan le savait, le désapprouvait, alors pourquoi ne pas éradiquer immédiatement cette vermine bleue ? Elle entraînait son propre assassin.

    Seule dans ses quartiers, Ranath s’assit à même le sol, préoccupée. Posant les mains sur ses genoux, elle projeta sa pensée devant elle. Une vibration dans la Force. Sabina apparut devant elle. La Mirialan était depuis un moment capable de produire une illusion immédiate, qui ne nécessitait aucun remaniement. La Pantoran était assise en face d’elle, plus vraie que nature, elle clignait des yeux régulièrement, sa respiration soulevait doucement son thorax et ses épaules. Pendant de longues minutes, la Sith demeura immobile, observant sa propre illusion, dans un silence parfait.

    L’appel soudain du comlink fit sursauter Ranath, absorbée par ses sombres pensées. On lui annonçait l’arrivée imminente du Venator en orbite d’Obulette. Sabina avait disparu. La Mirialan se prépara, elle avait trouvé une solution pour régler la question de son apprentie. Quand elle fut parée, elle rejoignit Odion sur le pont.

      « Lord Segamore Tiberia organise, d’ici deux jours, en sa demeure, une vente aux enchères de certaines pièces classiques de sa collection personnelle, ainsi qu’une réception distinguée. »

    Le regard de la Mirialan était rivé sur Obulette. C’était la première fois qu’elle allait y poser le pied.

      « Je me rends à cette vente pour le compte d’une riche amatrice d’art. M’accompagnerez-vous ? »

    Elle lui tendit nonchalamment un carton d’invitation à l’intention de Mademoiselle Sibi Maw, et précisant qu’un invité relatif était toléré. C’était Isabo qui avait obtenu ladite invitation, en tant que Comtesse et Protectrice des Arts Darguléens, et ayant fait preuve d’une complaisance démesurée. Mais cela, Odion n’avait pas besoin de le savoir.

      « Sous quel nom souhaitez-vous être invité ? »

    Un moyen simple et rapide d’approcher Tiberia et la maison Mecetti. Avec un peu de chance, les deux Sith ne passeraient pas inaperçus … l’Égorgeur ne passerait pas inaperçu.



Avatar de l’utilisateur
By Adrix
#33975
Cette vente aux enchères était une chance inespérée de poser le pied dans le cercle intime du chef de famille. Qui plus est, tous les regards de ses protecteurs invisibles seraient braqués sur ses invités. En d'autres termes, c'était l'occasion rêvée de se faire remarquer par les bonnes personnes. Odion fut surpris d'apprendre que Ranath était parvenue à mettre la main sur des invitations qu'il devinait très recherchées. La prétendue Dame Noire disposait de davantage de ressources que l'Egorgeur le lui en avait donné crédit. Ce qui voulait aussi dire qu'elle pouvait représenter une menace plus importante qu'originellement planifiée. Rien encore qui mérite que le cyborg s'en inquiète, mais il devenait intéressant de garder un oeil sur celle qui n'était d'ors et déjà plus tout à fait l'apprentie ayant trahie son maître à ses côtés.

- C'est une opportunité unique. Ce serait du gachis de ne pas m'y rendre à vos côtés.

Sous son masque, Odion leva un sourcil circonspect. Un petit rire, à mi-chemin entre nerveux et amusé, résonna dans sa gorge métallique alors qu'il récupérait la petite invitation.

- Je crains qu'il ne soit vain pour moi d’essayer de déguiser mon identité.

Odion avait depuis longtemps abandonné l’idée de se la jouer incognito. Il avait été monarque d’une planète, c’était impliqué de manière directe avec la fondation du gouvernement Républicain avant d’être châtié comme criminel par ces derniers. Le Sénat s’était par la suite fait un devoir de le discréditer autant que faire se peut le plus publiquement possible. S’il ne s’imaginait pas connu jusqu’aux quatre coins de la galaxie, tout système de renseignement digne de ce nom ne peinerait en rien à retrouver son identité. S’il avait eu un physique plus passe partout, le mensonge eut été envisageable… Mais il était difficile d’imaginer que personne ne reconnaisse un cyborg en métal noir de plus de deux mètres de haut. C’était d’autant plus vrai qu’ils étaient supposément face à une organisation criminelle puissante ayant su cultiver le secret pendant des siècles sans être dérangés.

Dans ce cas précis, y aller franco et jouer la carte du culot était sans doute leur meilleure option. Ses doigts griffus glissèrent le long de l'invitation tandis que son regard dérivait de nouveau sur la planète qui serait leur destination.

- Je suppose que le plus approprié serait de me présenter sous le nom d'Adrix Nodo, souverain de Géonosis.

Maintenant qu'il y pensait, avait-il jamais prononcé son véritable nom devant Ranath ? Les Siths se gargarisaient sans cesse de leur titre de Darth, le portant comme un genre de médaille du mérite qui occultait leur ancienne vie. Pour Odion, c'était simplement la force de l'habitude que de s'annoncer sous ce pseudonyme pompeux. Contrairement à nombre de ses confrères, il n'avait en rien renoncer à son patronyme de naissance. L'Impératrice aurait sans douté aimé qu'il le fasse, ce qui ne l'avait qu'encouragé à faire l'exact contraire.

- S'il s'agit d'un amateur d'antiquités et que l'occasion le demande, nous pourrons toujours faire peser des objets Siths dans la balance des négociations

Odion n'avait absolument aucun problème quant à l'idée de "vendre" leur héritage à un étranger, pour peu que cela les aide dans leurs plans. Le passé, à ses yeux, était une source d'informations et de puissance, rien de plus. Il pouvait s'en débarrasser sans regret dés son utilité dépassée. Les trésors d'antan n'avaient rien de sacré pour l'Egorgeur.
Avatar de l’utilisateur
By Jen'Ari Nekanasaza
#33978
    Adjugé, le cyborg irait nature. C’était le meilleur moyen de se faire remarquer. Promener son Égorgeur de compagnie à la vente aux enchères de Tiberia. Il constituait à lui seul un appât de choix que la Dame Sombre comptait exposer longuement sous les yeux de leur cible. Restait à espérer qu’elle mordrait d’elle-même à l’hameçon. Et pour cela, Ranath avait quelques idées en tête. Un fin sourire marquait ses lèvres d’une courbe qu’on lui connaissait peu.

    * * *


    Et le contrôle orbital accorda finalement l’accès à Obulette, ouvrant ainsi ses portes au Venator qui glissa jusqu’à elle en silence. Les deux Sith disposaient d’une paire de jours pour se préparer. Se faire d’abord discrets, avant d'apparaître à la réception mondaine donnée par les Mecetti. Il y avait fort à parier que Tiberia serait au courant de leur présence bien en amont de leur première apparition publique, toutefois, l’information resterait confinée à ce seul réseau que les Darth tâcheraient de contacter.

    De ces deux jours qui leur étaient accordés, la Mirialan profita pour réviser quelques exercices simplistes que son maître lui avait enseigné. Et en une poignée d’heures de pratique, la Sith obtint la projection satisfaisante d’une image mentale qui la hantait depuis longtemps. L’épée était tout à fait similaire au masque et avait, elle aussi, des airs tribaux. Les lames jumelles, jointes parallèlement au-dessus de la garde, composaient un plat aussi large que le visage de Ranath. Et c’était avec beaucoup de plaisir que la Sith constatait la synchronisation parfaite de l’illusion avec le laser du sabre jedi.

    Image


    Quand l’heure fut venue, la Mirialan rejoignit Odion, ainsi donc s’appelait-il Adrix Nodo, Souverain de Geonosis, pour qu’on les mena à la demeure Mecetti. Et pour cela, Ranath avait fait réserver un chauffeur dont la prestation conviendrait à leur destination. Le manoir de Tiberia était une imposante bâtisse de plusieurs étages dont les fenêtres du rez-de-chaussée avaient des atours de meurtrières desquelles filtrait une lumière dorée. L’accès était largement contrôlé, mais chacun montrait patte blanche, agitant sous le nez des colosses armés des invitations flambantes de leurs fiers patronymes. Le speeder laissa l’improbable duo aux abords du manoir, Odion et Ranath se présentèrent au premier portier qui les stoppa. La Mirialan, minuscule au côté de son acolyte, tendit les invitations. On les laissa entrer.

    Image


    Avant le début des enchères, un buffet léger était proposé aux invités. Les deux Sith le contournèrent afin d’accéder à la salle où aurait lieu la vente. Les regards se posaient sur Odion, et malgré le bel effort de présentation fourni par Ranah, elle semblait passer inaperçue. Le petit manège prévu pour le milieu de soirée ne serait peut-être même pas nécessaire. Intérieurement, la Mirialan trépignait, mais elle se gardait bien de se laisser distraire par le côté inédit de cette sortie quasi familiale.

    L’heure enfin tourna et le clou du spectacle débuta. Les tableaux et autres représentations graphiques planaires défilèrent. Puis ce fut le tour des statues et sculpture variées, et déjà les acheteurs semblaient plus frileux. Il était à noter que les prix d’entrée étaient particulièrement élevés, mais l’on trouvait toujours un riche amateur pour se laisser tenter. Enfin vint la dernière catégorie, la seule vraiment digne d’intérêt. On présenta des antiquités, des vieilleries aux courbes incertaines, des objets étranges tirés d’un autre temps. Quelques pièces qui n’intéressaient plus Tiberia et qui valaient encore quelques centaines de millier de crédits.

    Le commissaire posa finalement sur le pupitre un casque cuivré, qu’il décrivit comme l’une des rares pièces d’armure de l’ancien empire encore entière. L’information était suffisamment incomplète pour qu’on ne put déterminer de quel empire il s’agissait, et quel âge pouvait bien avoir cette pièce de collection. L’on s’y intéressa cependant avec hargne. Et alors qu’on en était à quelques soixante dix mille deux fois, la Sith leva la main.

      « Quatre-vingt dix mille. »

    Le fou furieux du premier rang se retourna, il avait déjà semé trois autres concurrents, et se pensait proche du but, mais voilà que celle-ci entrait dans la course.

      « Cent mille ! »

    Un petit sourire en coin, Ranath poursuivit.

      « Cent dix mille.
      Cent cinquante mille !
      Cent soixante dix mille.
      Deux cent mille ! »

    Il se leva d’un bond, foudroyant l’irresponsable du regard. Elle lui souriait doucement. La vente fut néanmoins accordée au passionné.

    À la fin des enchères, la foule se dispersa un peu, la soirée pouvait véritablement commencer. Une paire de jeunes gens s’approcha d’Odion et de Ranath. L’un d’eux, chevelure blonde, avait un air de Balor Tiberia, l’Héritier Mecetti.

      « Pourquoi abandonner ? Je suis certain que Lord Feyel n’aurait pas surenchéri davantage. À qui ai-je l’honneur ? »

    Le gamin louchait un peu bas.

      « Au Seigneur Nodo, lui-même collectionneur de pièces hors du commun. »

    Et la Mirialan s’effaça devant son maître. Balor fut bien forcé de lever les yeux.
Avatar de l’utilisateur
By Adrix
#34087
Odion profita des quelques instants de quiétude qui lui étaient offerts avant l'arrivée sur la planète pour se pencher à nouveau sur ses recherches. Isolé dans une pièce particulièrement sinistre du Venator, l'Egorgeur se livrait corps et âme à l'étude de pratiques que même nombre de Siths jugeraient avec dégoût.

En effet, depuis que le Roi de Géonosis était retourné sur son monde, il avait récupéré l'accès à une carte maîtresse de son jeu sinistre : son laboratoire. Fort de cette nouvelle arme à son arsenal, il avait pu reprendre ses projets les plus odieux, ceux-là même que ces ignorants de Jedis avaient eu l'audace d'interrompre... Et le courroux qu'ils avaient invoqués en avait changé la nature profonde. Désormais insatisfait par le seul fait de manipuler les machines à son gré, l'Exterminateur tournait son regard vers l'art interdit de tordre l'essence même de la vie selon sa volonté.

Odion se targuait de profiter d'une maîtrise plus que correcte de l'alchimie. Il avait arraché quelques précieux enseignements en la matière à Blackhole avant que ce dernier ne soit plus ou moins radié de la continuité de la narration. Mais les écrits Sith étaient particulièrement difficile à appréhender, même à l'échelle déjà très généreuse des pratiquants du Côté Obscur. Observer la chair se tordre et muter à son gré était une expérience que l'Egorgeur trouvait presque hypnotique. Peut-être était-ce là une expression de ses origines : Son peuple avait toujours vu la mutilation du corps comme une forme d'art. Hélas le cyborg n'avait jamais pu expérimenter sur des sujets disons... plus complexes. Mais hors de question pour lui de commencer à travailler sur un sujet vivant, à fortiori dans de si courts délais. Mieux que quiconque, le cyborg avait conscience des dangers que représentaient un sortilège sombre mal contrôlé.

La main griffue de l'Egorgeur dansa sur le rebord d'une fiole remplie d'un liquide violine. Le tintement du métal contre le verre formait une bien funèbre petite contine à ses oreilles.

    « *Bientôt... Très bientôt* »


***

C'est après une attente qui sembla durer une éternité que sonna enfin le jour de la vente aux enchères. Le duo mortel s'était fait conduire à la demeure Mecetti par un chauffeur que le cyborg devinait terriblement mal à l'aise. Darth Ranath semblait s'être parue de ses atouts les plus élégants pour l'occasion, vêtue d'une robe aussi sophistiquée que superflue. Une manouvre qui lui attirerait l'intérêt d'une poignée de bourgeois décadent à n'en pas douter. Adrix n'était pour sa part jamais parvenu à saisir les critères de beauté de l'espèce humaine et de ses variantes. Il les trouvait tous plutôt laids. Leur anatomie manquait d'efficacité et arborait bien trop de protubérances graisseuses inutiles que les femelles se faisaient pourtant un devoir de mettre en valeur. Incompréhensible.

Arrivé à la réception, ce fut sans surprise que Darth Odion sentit peser sur lui nombre de regards, certains curieux, d'autres inquiets. Comme aurait-il pu en être autrement ? Il était un géant au milieu des… porcs pour la plupart. Partout où se posait le regard du cyborg il ne voyait que des cancrelats imbus de leur propre argent, aveugles à la putréfaction de leur essence même. Ils se croyaient puissants, intouchables… Si pathétiques. Cette débauche de luxe ne lui inspirait que du dégoût. Mais il se gardait bien d’exprimer son mécontentement, se bornant à ce rôle de phare que lui attribuait leur petit complot. Odion ne pouvait s'empêcher de penser, dans un coin de son esprit, que sa "camarade" était en train de se servir de lui et de son apparence comme d'un vulgaire outil. Une sensation peut être injustifiée mais qui ne le dérangeait de toute façon pas plus que cela. Si la Dame Sombre voulait se livrer au jeu de la manipulation avec l'Extermination, ce dernier accueillerait avec entrain son audace. L'exploitation de leurs congénères était dans l'ADN des Siths après tout, la pratique était de bonne guerre, Adrix respectait cela. Ce qui ne l'empêcherait en rien de l'éliminer brutalement si elle se hasardait à le trahir trop tôt.

    « *Il ne reste plus qu’à profiter du spectacle…* »

Lorsque commencèrent les enchères à proprement parler, Ranath se fit un plaisir d’attirer l’ire d’un riche seigneur local en pariant une fortune qu’elle ne possédait probablement pas. Si le va et vient de nombres croissants n’avait rien d’exaltant en lui-même, Odion trouvait la scène profondément amusante. Ce bourgeois crachait sa colère sans réaliser un instant qu’il n’était qu’un jouet entre les mains de la Dame Noire. C’était comme voir un chaton se hérisser devant un fauve. Il faut dire que le concept même d’enchère était quelque peu faussé à partir du moment où le duo Sith était parfaitement en mesure d’assassiner tous les autres enchérisseurs si l’envie les prenait. Ils se livraient à ce petit jeu pour la forme, rien de concret ne les empêchait de s’emparer des biens par la force. La « puissance » qu'octroyait leur fortune à ces pourceaux n’avait aucune espèce de signification face à la suprématie de la Force.

Cette mascarade n’avait qu’un but : Attirer l’attention d’un membre de la famille Mecetii. Une opération qui s’avéra couronnée de succès lorsque l’héritier en personne se présenta aux deux Siths. Un sourire carnassier se dessina sous le masque de fer de l’Egorgeur. Comme un insecte se dirigeant aveuglement dans une toile d’araignée, il tombait dans leur piège. Le fait que le stratagème de Ranath ait fonctionné à ce point incitait Adrix à se demander si elle avait d’ors et déjà l’habitude de ce genre de milieu saturé par l’argent et la corruption. Peut-être venait-elle d’une quelconque noblesse. Ou alors avait simplement développé un talent naturel à faire danser les puissants dans la paume de sa main. Odion avait fait de même en son temps après tout.

    « *Hm… Je devrais prendre garde à ne pas tomber dans les mêmes pièges que mes prédécesseurs* »

Il était facile de rester aveugle aux progrès de ceux que l’on jugeait comme inférieur. Inversement, il était difficile de ne pas laisser échapper ce rire moqueur qui naissait dans sa gorge quand Ranath le présenta comme son maître. La profonde ironie qui suintait de ces propos était sans pareille. Quand bien même cela reflétait fort bien leurs places respectives dans la chaine alimentaire de la Sith.
Le gamin leva un regard plein d’assurance vers le colosse de métal, cachant avec une relative adresse la crainte que lui inspirait le géant vêtu de noir. A n’en pas douter, son instinct lui hurlait de rester éloigné. Mais le fils héritier d’une famille si puissante avait passé son existence à fréquenter le danger. Il savait faire taire ses pulsions primaires pour faire passer le profit en premier. Tant qu’il ne s’agissait pas du décollette de Ranath du moins, semble-t-il. Adrix lui tendit une main griffue, faisant un effort pour faire taire son aura meurtrière sans perdre de sa stature menaçante. Il devait laisser croire à ce morveux qu’il avait une chance d’avoir le dessus sur cette conversation…

    « - Un honneur de vous rencontrer, Sir Tiberia. »

Les deux hommes échangèrent une poignée de main qui transpirait des sous-entendus que seuls peuvent échanger les filous de haute volée.

    « - Un honneur partagé Seigneur Nodo. C’est un plaisir rare que de rencontrer quelqu’un de votre… statut ? J’ose espérer que la vente est à votre goût. »

- Les pièces présentées étaient de premier choix, mais je vous avoue être resté sur ma faim. Les antiquités que je convoite sont de nature plus…. Exotiques. Mais vous comme moi savons que les trésors les plus intéressants sont ceux gardés loin de la scène. Et j’ai cru entendre que votre famille possédait bien des merveilles… J’ai d’ailleurs moi-même quelques pièces que j’espérais pouvoir présenter à un collègue connaisseur. Des pièces qu’on ne trouve nulle part ailleurs, je puis vous l’assurer.[/dialog][/list]

Le sith aperçut une lueur d’intérêt briller un instant dans les yeux du noble cupide. Il mordait à l’hameçon. Son deal avec le diable se rapprochait à grands pas.

    « - Peut-être pourrions-nous continuer cette conversation dans un endroit plus adéquat ? Les transactions privées tendent à attirer les curieux. »


#34129
    L’héritier Tiberia mena ses invités le long des larges couloirs du manoir. Confiant, il les précédait de quelques pas, ne leur jetant pas un regard, et ne laissant jamais le silence tomber entre eux. Il monologuait, tantôt à propos d’Obulette, tantôt au sujet de sa puissante famille. Il monopolisait la parole, affirmant son évidente supériorité.

      « La Maison Mecetti n’est pas confinée en cette lignée, non, loin de là. En vérité, il existe de très nombreuses branches de la famille Mecetti. Mais la branche dirigeante est la nôtre, vous l’avez constaté. Cette omniprésence néanmoins favorise notre développement, au niveau planétaire, mais également dans le secteur. »

    Par un excès de suffisance, le discours qu’il débitait s’en trouvait décousu.

    Très vite, ils pénétrèrent dans un bureau spacieux, dégoulinant de luxe, où chacun se vit offrir un fauteuil et une boisson alcoolisée de son choix. Balor s’assit à son tour avec ses hôtes.

      « Seigneur Nodo, dites m’en plus sur votre collection. Des pièces que l’on trouve nulle part ailleurs … vous attisez ma curiosité. »

    Le jeune Tiberia, bien qu’encore à l’état de simple héritier, marchait volontiers sur les pieds de son père dès qu’il s’agissait d’influence. Il avait mis la main sur un potentiel partenaire, et un partenaire de choix, et bien que sa collection fût moins complète que celle de son paternel, il essaierait malgré tout de conclure une affaire avec Nodo. D’ici là, il bombait le torse et ne manquait pas de faire étalage de son assurance.

    En termes d’exotisme je crois que la pièce maîtresse ce soir était bel et bien ce casque dit antique. Il m’a été vendu par un vieil homme en mal de fortune, qui m’a expliqué avoir héritier ce bien de son père, et qui l’avait lui-même tenu de son père. Une histoire sans intérêt. Mais après analyses et quelques recherches complémentaires, il s’est avéré que l’objet pourrait bien dater d’un millénaire, au moins. Ça n’en fait pas une véritable antiquité pour autant ...

    Il marqua une pause, jaugeant d’un œil attentif ses interlocuteurs.

      « Alors, d’après ce que j’ai compris, ce n’est pas assez, n’est-ce-pas ? Que cherchez vous ? »

    Fallait-il lui répondre ? Temporiser ?
Avatar de l’utilisateur
By Adrix
#34456
Quel personnage simple que l'héritier Tiberia. Les vantardises de ce jeune Lord se mêlaient en un miasme putride d'auto suffisance chaotique et décousue. Tout ce qu'Odion avait en horreur. Il semblait se gargariser du succès de sa lignée, quand bien même il n'en était que l'héritier et non l'auteur. Comme s'il pouvait d'une certaine façon revendiquer les mérites de ses ancêtres. Sa vie devait être bien misérable pour qu'il puisse ainsi se satisfaire des exploits accomplis par d'autres.
Il incarnait tout ce qu'Odion méprisait dans cette galaxie décadente. Un bon à rien bouffi de suffisance, vautré comme un porc dans un luxe mal acquis. Il pensait les impressionner en étalant sa richesse avec tant de vulgarité ? Lui qui n'avait aucun mérite ou puissance propre ? Quelle notion risible... Le cyborg se ferait un plaisir de faire un pion de ce goret stupide. Peut être enfin comprendrait-il sa véritable place. Un esprit brisé serait son seul paiement.

Les doigts griffus de l'Egorgeur glissèrent le long du verre d'alcool qu'on lui avait servi. Il était bien évidemment incapable de se régagler du breuvage... Un fait qui ne faisait qu'accroître son agacement envers ce parvenu. S'agissait-il d'une maladresse ou d'une véritable moquerie à l'encontre du cyborg ? Difficile de dire s'il valait mieux pour l'héritier être considéré comme un imbécile ou provocateur. Pas que cela change n'influe beaucoup sur son sort...

    « - Un objet ne prend pas de valeur avec l'âge pour seule vertue. De la camelotte antique n'en est pas moins de la camelotte. »

Odion n'avait aucun attachement envers le passé autre que les ressources et enseignements qu'il pouvait en extraire. Le respect des anciens devenait une notion stupide dés lors qu'un de ces "anciens" habitait en ce moment le corps d'un adolescent dans son vaisseau. L'Egorgeur venait probablement d'insulter une bonne partie de la "collection" dont le jeune homme était si fier, à en juger le léger rictus qui venait fissurer son sourire crispé.

    « - Je convoite des trésors oubliés. Pas les souvenirs obsolètes de civilisations réduites en cendres. »

    « - Et je suppose que vous possédez déjà nombre de ces "trésors" ? »

Le ton suintait le défi. Il doutait que quiconque puisse posséder une pièce capable de faire de l'ombre aux possessions de sa famille. Son assurance était aussi évidente que mal placée. D'un geste mesuré, Odion porta la main à sa cape et en sorti un petite artefact pyramidal, irradiant d'une puissance malsaine. Un holoctron, receptacle du savoir sacré de la Sith. Les yeux du jeune héritier s'allumèrent un instant. Même un quasi-ignorant des choses de la Force pouvait sentir la noirceur de cette relique... ainsi que sa valeur. Le démon de l'avarice le dévorait de l'intérieur. Sous son masque de métal, l'Exterminateur riait.

    « - Je recherche un objet sembable à celui ci... Je suis persuadé qu'un avide collectionneur de votre trempe peut en deviner la nature. »

Avant que les doigts avides de l'héritier Tiberia ne se referment sur l'holoctron, Odion le remis posément à sa place. L'appât avait été lancée, nul besoin de laisser le poisson saliver plus longtemps. Il viendrait mordre de lui même.

    « - Je possède nombre de reliques de ce niveau et souhaite en acquérir davantage... Lors d'un honnête échange bien entendu. »

Le Mecetti se plongea dans une profonde réflexion. Les perspectives de bénéfices et les machinations les plus biscornues défilaient dans son esprit. Il avait trouvé une mine inespérée avant que son père ne puisse mettre la main dessus. Il ne devait pas laisser s'échapper cette opportunité mais... Il manquait de données pour s'occuper seul d'un cas si unique. Il lui faudrait un soutien bien particulier. Il existait au sein du clan un expert en trésors esothériques. Il pourrait l'aider dans les négocations... ou à obtneir le butin directement.

    « - Sir Nodo, m'accorderiez vous un peu de temps pour consulter un de mes hommes afin de vérifier l'authenticité des trésors échangés ? »

    « - Faîtes donc... Nous avons tout notre temps. »

L'héritier s'eclipsa en hâte en conservant le masque d'élégance et de self contrôle qui convenait à sa position. Il imaginait déjà des stratagèmes pour se mettre cette boîte de conserve suffisante et sa suivante dans la poche. Il leur arracherait le maximum de bénéfices, tant et si bien que sa légitimité aux commandes de la famille serait indiscutable.

Les deux siths furent congédiés avec promesse d'être recontactés dans un délais très court. Le temps pour le complot de se mettre en place et de contacter les individus adéquats. En attendant, ils étaient libres de se reposer dans leurs quartiers.

    « - Quels simples d'esprits. Ils viendront à nous d'eux mêmes pour tomber dans le piège... Que pensez vous de cette maison Mecetti, Darth Ranath? »
Avatar de l’utilisateur
By Jen'Ari Nekanasaza
#34497
    Quel petit idiot. Il n'y connaissait rien, il ne voyait rien. Malheureusement pour lui, les deux Sith, eux, étaient lucides. Bien que la comparaison avec un porc eût été une insulte pour ledit animal qui pouvait au moins se targuer, à son niveau de lard cru ambulant, d'avoir un minimum d'instinct. Le petit Mecetti n’avait même pas flairé l'arnaque. Cet holocron empestait la malfaisance, comment avait-il pu passer à côté. C'était trop facile de traiter avec de tels ahuris. Peut-être l'expert en question saurait-il reconnaître les artisans de la Sith. Peut-être pas.

    Balor trépignait d'impatience. Il faisait les cents pas dans son grand bureau, froissant à chaque passage le tapis tissé à la main qui ornait le parquet de la pièce depuis des années. On ne le voyait même plus, il était pourtant bien là.

      « Mais que fait-il enfin !? Je n'ai pas toute la nuit ! »

    L'autre se dandinait d'un pied sur l’autre mais avec le plus de discrétion possible. Son prédécesseur était mort très jeune, très tôt dans sa carrière, on avait ouï dire que les caprices du jeune Tiberia pouvaient coûter cher.

      « Je l'ai fait appeler, il ne devrait plus tarder … »

    Mais le gamin s'emportait.

      « Qu'est ce qu'il croit, qu’il peut me faire attendre comme ça ? Il ne me respecte pas parce que je ne suis pas mon père, je vais … »

    Une voix en provenance de la porte le calma aussitôt. Il regretta d'avoir juré tout haut.

      « Lord Tiberia, vous m'avez fait mander. »

    Balor pivota d'un bloc vers son serviteur qui lui donnait du Lord alors qu’il n'était encore rien.

      « Varcrino, enfin ! »

    C'était un homme trapu, à la musculature saillante. Ses cheveux coupés très courts et sa mâchoire carrée dénotaient avec sa qualité d'antiquaire.




    On avait attribué des chambres, de petites suites en vérité, aux deux invités de Balor. Un peu à l’écart, dans une aile du manoir peu fréquentée.

      « - Quels simples d'esprits. Ils viendront à nous d'eux mêmes pour tomber dans le piège... Que pensez vous de cette maison Mecetti, Darth Ranath? »

    La Dame Sombre s’était postée près d’une fenêtre et observait les jardins.

      « Du peu que nous en avons vu … »

    Le ton était détaché, la parole et la pensée évoluaient en deux rythmes distincts, l’un bien plus lent que l’autre, retardé par la nécessité de formulation orale.

      « Lord Tiberia est un homme puissant, il porte les Mecetti et entretient leur gloire. C’est quelqu’un de fort. Mais l’héritier … il est presque trop naïf. Il a une fière allure, mais aucune colonne vertébrale. C’est peut-être avec lui seul que nous devrions traiter. »

    En d’autres termes, supprimer le père, et conseiller le fils. Balor ne devait pas manquer d’imagination quant à la succession et la fin précoce de son géniteur. Restait à lui fournir un mobile pour passer à l’acte. Un désaccord, une dispute, un conflit. Les motifs importaient peu.

      « Il n’y aura certainement pas grand chose à faire. Notre présence bienveillante auprès de l’héritier devrait suffire à entériner une alliance. »




    L’antiquaire posait un regard las sur les mains agitées du jeune homme à qui manquaient les mots.

      « C’était grand comme ça. Une petite pyramide. Couverte de gravures, et … Un genre d’artefact en fait. »

    Il soupira et laissa retomber ses bras. L’autre semblait ne pas saisir de quoi il pouvait bien s’agir. Il le pointa brusquement du doigt et s’avança vers lui.

      « Je suis certain d’en avoir déjà vu ! Vous savez de quoi je parle ! »

    Varcrino se renfrogna.

      « Il serait préférable que je puisse le voir avant de me prononcer. Si cet objet a effectivement de la valeur, je dois pouvoir l’étudier. »

    Les mains jointes devant lui, il venait de rendre son verdict.

      « Je vais prendre rendez-vous avec le Seigneur Nodo. Vous verrez l’artefact alors. »

    C’était dit. On envoya la requête audit Seigneur, lui proposant ainsi une entrevue le lendemain, en fin de matinée afin de discuter des intérêts communs en matière de reliques ancestrales. En attendant, on les invitait à profiter de l’hospitalité des Mecetti.




    Varcrino entra et referma la porte derrière lui. La voix de son maître l’interpella aussitôt.

      « Alors, qu’est ce qu’il voulait ? »

    L’antiquaire inspira lentement, et se porta au devant de son interlocuteur.

      « Je crois qu’il a mis la main sur un artefact de Force. »

    Le maître se leva, laissa entendre un soupir dédaigneux.

      « Un holocron ? »

    Varcrino sembla hésiter, le regard perçant qui se posa sur lui le pressa.

      « Oui, oui, un holocron. »

    En fait, il n’en savait rien, il n’était pas sûr. Un holocron, il n’en avait vu qu’une fois, et ce n’était clairement pas son rayon de compétences. Lui, il donnait dans les armures, les armes, les décorations murales, et parfois les livres, oui les livres. Les holocrons … il laissait ça au maître.

      « Je vais m’en occuper. »




    Chacun des deux Sith avait finalement rejoint ses propres quartiers. Le manoir s’était endormi. L’on entendait parfois courir les pas d’un domestique pressé, et si l’on jetait un oeil au dehors, on apercevait les silhouettes des gardes qui tournaient en rond.

    Ranath s’était assise sur son lit. Le sommeil lui faisait défaut. Aussi s’était-elle plongée dans ses pensées, jouant du bout des doigts avec l’un de ses trésors personnels, ce petit cube viridien dont s’échappait une voix sifflante et moralisatrice. Cependant ce n’était pas Harvk qui préoccupait la Mirialan, mais Sabina. La jeune Pantoran. La Dame Sombre ne put s’empêcher de tendre son esprit vers elle, à travers leur lien, elle effleura la pensée de l’Apprentie. Un contact doux et simple. Une manière de lui signifier que son maître pensait à elle, en bien.

    Enveloppée du Voile, la Sith se laissa aller en arrière, au sein de la Force, elle se sentait en sécurité, même ici, à deux portes de l'Égorgeur. Alors qu’elle s’apprêtait à fermer les yeux, une vibration dans la Force, une légère ondée, attira son attention. Presque aussitôt, elle entendit le verrou de la porte de l’antichambre s’ouvrir. Ranath rangea l’holocron et se glissa au pied du lit. Sa pensée la devança dans la pièce adjacente, l’intrus avait plus ou moins le profil d’un voleur, bien entraîné, d’un assassin.

    Après avoir fouillé l’antichambre, l’homme ouvrit prudemment la porte de la chambre. Sous le Voile, la Dame Sombre l’attendait. D’un bref contact télépathique, elle avait déjà attiré l’attention de son comparse sensitif, peut-être avait-il de la visite lui aussi. Le voleur repéra rapidement les affaires de la Mirialan, déposées sur la coiffeuse qui ornait l’un des murs. Il se trouva chanceux de constater que sa cible fût absente et se mit à chercher l’objet de sa mission. Au hasard de son larcin, ses mains croisèrent la poignée d’un sabre laser. Surpris de sa trouvaille, l’homme extirpa la chose du sombre manteau et se tourna vers la fenêtre afin de l’examiner davantage.

    Il sursauta, retint un cri. Face à lui, juste là, la Mirialan lui souriait. Un sourire sinistre. Le voleur lâcha le sabre au profit d’une vibrodague. À peine eut-il le temps de dégainer, elle était déjà sur lui. Elle lui saisit le poignet, retourna sa lame contre lui, lui perfora la cuisse et jeta la dague à l’autre bout de la pièce. D’une main, elle lui retira sa cagoule. Il entendit soudain sa voix, bien au-delà de ses tympans, elle lui susurrait quelque menace. Elle ne le lâchait pas, maintenant dans une poigne ferme la gorge de sa victime. La première frayeur passée, l’homme, bien qu’entraîné, céda à la panique. Il se dandinait désormais pour se dégager de la prise. La Sith le repoussa en arrière. Il chut, se releva, trébucha, courut finalement jusqu’à la porte en boitant.

    En quelques gestes concis, Darth Ranath passa son manteau et sa ceinture. Plus tôt dans la soirée, elle avait abandonné la robe pour un ensemble pantalon plus pratique. Chaussures. Elle vérifia avoir toutes ses armes, et se lança sur les traces du visiteur, qui dans le couloir, avait fait la connaissance d’Odion. La Dame lui fit signe de le lâcher.

      Suivons-le ...
Avatar de l’utilisateur
By Adrix
#34880
Dans la quiétude obscure de ses appartements, un cyborg méditait, profitant du relatif silence de la nuit pour mettre de l'ordre dans ses pensées. On lui avait préparé de prestigieux quartiers que le Seigneur Sith n'avait ni le désir ni la possibilité d'apprécier. Son palais ne goûterait pas aux mets raffinés, pas plus qu'il ne pourrait sentir la douceur du matelas. Pas qu'il puisse réellement dormir de toute façon. Les Egorgeurs étaient une espèce qui avaient le faste et le luxe en horreur et Adrix ne faisait guère exception à cette règle. Il n'y voyait qu'un affichage vulgaire de décadence assumée bien plus qu'une démonstration de richesse.

Fort heureusement pour son humeur maussade, il avait davantage de choses à réfléchir que la décoration de sa chambre. Plongé dans les bras apaisant de la méditation, il laissait ses pensées vagabonder, arpentant l'abysse interminable qui représentait l'intérieur de son âme. Il aimait cet endroit onirique, logé entre la conscience et les songes. Il y trouvait un repos que le monde réel ne lui offrait guère plus. Et il y machinait ses plans les plus tordus. Une potentielle alliance avec ce jeune héritier stupide pourrait fort bien devenir un tremplin fantastiques pour les affaires de la Sith. "Alliance". Ce mot avait une connotation si faussée dans la bouche de Seigneurs Siths. Il suintait de mensonges et de trahisons. La vérité était que dés lors qu'il avait accepté de les recevoir, ce jeune homme s'était enfermé dans un destin ne connaissant que deux conclusions : la servitude ou la mort. Il obtiendrait le pouvoir si cher à son coeur, mais le prix à payer serait au delà de tout ce qu'il pouvait imaginer. En pensant atteindre des sommets il allait sacrifier sa si précieuse liberté. Bientôt il ne serait plus qu'un pion tenu à la gorge par des puissances qui le dépassait complètement. Les esprits comme le sien étaient les plus aisés à manipuler. Avide, cupide, il se pensait intouchable... Odion ne pouvait qu'attendre avec excitation le jour où la réalité le frapperait en pleine figure et qu'il réaliserait sa place de roi des larves.

Puis soudain, une perturbation. Comme une araignée dont la toile vient d'être dérangée, les sens d'Odion s'éveillèrent tous, l'extirpant de sa douce torpeur. Il sentait une présence se rapprocher de sa position avec la démarche lente et minutieuse d'un assassin. Ou d'un voleur. En somme, que de bonnes nouvelles. La possibilité qu'on lui envoie une dame de compagnie furtive pour réchauffer sa couche semblait assez peu probable. Quand bien même cela aurait eut au moins le mérite de le surprendre. Un rapide message mentale de la part de Ranath lui confirma qu'il n'était pas le seul à profiter d'une petite visite nocturne.
Car de surprise il n'y avait point ici. Les deux Siths s'étaient exposés pour servir d'appât. Le poisson ne faisait que mordre à l'hameçon qui leur avait été tendu. Prévisibles. Bientôt morts.

    « *Les voilà enfin~* »

Odion décida de prendre son temps. D'un bond agile il se retrouva au plafond, usant de sa couleur pour se fondre dans l'obscurité. Ses serres profondément plantées dans la structure, il se suspendait comme une arachnide attendant que son diner ne daigne se présenter de lui même. Ce qu'il ne tarda pas à faire d'ailleurs. Un humain de piètre stature, encagoulé se faufilait sans un son dans l'appartement privé, soulagé de constater que le maître des lieux était absent de sa couche. Sans attendre il commença à inspecter les affaires de son "invité", cherchant le précieux butin que représentait l'holoctron. Voilà donc les méthodes de leur hôte. Guère surprenant encore une fois. Adrix l'observa un bref instant, appréciant la précision de ses gestes. C'était un cambrioleur d'un certain niveau, au delà de ce qu'il s'attendait à trouver chez une vulgaire troupe de maffieux. Quel dommage qu'un homme de talent doive mourir en cette belle nuit sans étoiles. Et, d'un point de vue qui concernait davantage cet intrus, quel dommage que personne ne pense jamais à regarder au dessus de sa tête en entrant quelque part...

En récompense pour ses talents, le cyborg lui offrirait une mort rapide. Tout se passa en un instant. Odion porta la main à son sabre tout en lachant la prise qui le maintenait au plafond. Les sens aiguisés de l'assassin perçurent le léger claquement métallique qui vint rompre le silence religieux. Mais il n'eut que le temps de se retourner pour voir l'éclair rouge s'abattre sur lui. Le plasma brûlant déchira son corps comme s'il était fait de gaz. L'assassin n'eut qu'un bref instant pour réaliser son propre trépas avant que son dernier souffle ne quitte ses lèvres, son cri d'agonie mort dans ses poumons tranchés. Le cyborg poussa la carcasse fumante hors de son chemin d'un mouvement de pied plus doux que son mépris évident ne le laisserait penser.

    « ... Trouve le repos en sachant que ceux qui t'ont envoyés connaîtront un sort plus terrible encore. »

Le plan supposait qu'un assaillant soit gardé en vie. Ce ne serait pas celui ci. Ranath devait se douter des méthodes d'Odion. L'Egorgeur était un adepte du combat, de la lutte à mort arrachée à la sueur de son front. Tuer des faiblards ne lui apportait que peu de réelle satisfaction. Les laisser vivre l'insupportait plus encore.

Lorsqu'il sorti de sa chambre, Odion tomba nez à nez avec un autre homme, blessé à la jambe. Sans doute celui qui avait rendu visite à sa "partenaire". L'homme émit un genre de couinement en voyant le colosse face à lui au détour du virage. Lui qui était en fuite se heurtait maintenant à un véritable mur de métal noir. Son corps guerrier agit plus que son esprit et dans un geste désespérée il tenta de frapper ce nouvel ennemi en pleine nuque. Son coup de pied tourbillona dans les airs avant de heurter la nuque d'Odion avec un "clang" sourd et métallique. L'impact aurait brisé les cervicales d'un adulte. Mais n'était d'aucune utilité face à la carapace blindée du maître de Korriban.

    « Voilà qui est juste adorable... »

Un homme blessé, dépouillé de son équipement et en proie à une panique palpable se dressait devant lui, brandissant pour seule arme les dernières brides de son courage et sa "maîtrise" du combat. Odion ne pouvait que se repaître du ridicule de la situation. Le cyborg avait été confronté à des cauchemars dont la simple vision plongerait ce misérable dans la démence la plus poisseuse. Il avait massacré des escouades entières de soldats accomplis d'une simple pensée. Le fossé qui les séparait était aussi vaste que l'écart entre la terre et le ciel. Et pourtant dans les tréfonds de son désespoir, cet assassin trouvait une infime lueur d'espoir de vaincre à laquelle se raccrocher. C'était si risible que cela en devenait délicieux.
Il n'eut pas le temps de voir le bras d'Odion s'étendre comme un serpent pour le saisir à la gorge. Le cyborg le souleva de terre sans effort, profitant de chaque expression de terreur qu'il lisait dans les yeux de sa proie. La pulsation de son coeur en proie à la panique, il pouvait la sentir au bout de ses doigts métalliques. C'était pareil à une mélodie cruelle. Les serres du Sith s'enfoncèrent légèrement dans sa chair, laissant perler le sang. Sa chair était si misérablement fragile. Il pourrait lui rompre le cou sans le moindre effort, le réduire à l'état de pulpe sanglante. Et c'est ce qui lui serait peut être arrivé si Ranath n'était pas intervenue pour lui rappeler le plan.

    Suivons-le ...

Le cyborg lâcha sa proie qui s'effondra par terre comme un pantin désarticulés avant de partir en rampant. Malgré son entraînement assidu, son esprit était redescendu dans un état de chaos primaire. Seules comptait sa fuite et sa survie. Les ordres qu'on lui avait donné n'était guère plus que des murmures face aux hurlements de son instinct devenu fou.
Odion avait commencé sa carrière en tant qu'assassin. Puis de tueur il était devenu chasseur avant d'obtenir le titre d'exterminateur. Malgré son corps massif et bruyant, traquer une proie depuis l'obscurité était un exercice profondément ancré dans sa chair. A fortiori une proie à peine capable de tenir debout.

-----

La poursuite des deux Siths les mena au travers d'un dédale intriqué, de tours et de détours. Malgré sa panique, leur "guide" semblait suivre par réflexe un chemin tordu et indirect pour rejoindre son quartier général. C'était sans parler de ses efforts remarquables pour brouiller sa piste. Il aurait tout aussi bien pu dessiner des flèches rouges, pour toute la différence que cela aurait fait. Avec la Force pour alliée, il faudrait bien plus que quelques astuces de flic en filature et quelques tours de ninja pour semer ses deux bourreaux. Ses efforts louables avaient toute l'efficacité d'un pet dans le vent.
C'est aux abords du grand manoir que la boucle de leur poursuite se termina enfin, auprès d'un passage dérobé dissimulé dans une bâtisse vraisembablement déguisée en garage. Le cambrioleur se glissa sans un bruit dans une trappe secrète, faisant taire la douleur à la jambe par pure force de caractère. L'oeil vif et inquiet il guettait d'éventuels poursuivants, sans savoir que Ranath usait du Voile pour le surveiller. Sa longue fuite lui avait donné l'occasion de reprendre un tant soit peu de contenance, mais il faisait face à des défis qui le dépassaient bien trop. Lorsqu'il disparu dans le passage, Odion bondit aux côtés de son acolyte.

    « Je crois que nous avons trouvé ce que nous cherchons... »

Sa main griffue carressa le manche de son sabre laser. Sa lame avait soif. Il pouvait sentir de nombreuses vies à proximité. Beaucoup connaissaient leurs derniers instants.

    « Au risque de manquer de galanterie, je passe en premier. »

Au delà de l'évidente envie d'être le premier à mordre dans ce gâteau de carnage, c'était là une considération tactique. Odion pouvait sentir d'éventuels pièges ou systèmes de surveillance. Et si le pire arrivait, le cyborg pouvait encaisser une embuscade. Ranath, toute dame noire qu'elle soit, restait aussi fragile que la chair qui la composait.
Avec une aisance prédatrice, Adrix se glissa dans la trappe, pestant mentalement contre cette manie des humains de faire des entrées trop petites pour les gens comme lui. Sérieusement, pour une galaxie avec une telle diversité de morphologie, tout semblait designé en priorité pour être utilisé par ces primates. Le passage était un tunnel étroit et baigné dans l'obscurité au bout duquel se trouvait une massive porte blindée. Le duo de Siths venait de tomber sur des individus soucieux de leur sécurité autant que de leur discrétion. Peut être un groupuscule sous autorité de l'héritier ? Ou de la famille dans son ensemble ? Il aurait pu s'agir d'une guilde mercenaire engagée pour des opérations illégales, mais leur proximité avec le palais sous entendait un lien plus solide avec les autorités locales.
L'épais blindage était trop solide pour qu'Adrix puisse le défoncer et user de ses sabres pour se tailler une ouverture serait long et fastidieux. Mais Darth Odion était un souverain. Il n'avait nul besoin de forcer l'ouverture de ce qui était d'ors et déjà condamné à devenir son domaine. Un Roi n'a qu'à s'avancer pour que s'ouvre les portes de son royaume. C'est là l'ordre naturel des choses. Et en cet instant précis l'ordre naturel des choses prenait la forme d'un mouvement de poignet et du Mechu Deru pour soumettre à sa volonté l'electronique du verrou de sécurité. Faire sienne cette machine était d'une simplicité enfantine. N'en était-il pas presque une lui même aujourd'hui ? Il n'avait qu'à étendre son esprit pour faire de chacun de ces circuits une extension de son bon vouloir. Ce qui lui permettrait au passage de s'assurer que nulle autre ouverture ne laisserait ses proies échapper à son courroux. Dans un ronronnement mécanique, la porte blindée s'ouvrit sur le couloir sombre où se tenaient les deux Siths.

-----

    « Es tu bien sûr de ce que tu as vu ? »

Un silence pesant régnait sur le complexe souterrain tandis que dans ses tréfonds, un cambrioleur faisait son rapport confus à un supérieur qui commençait lentement à sentir une sensation glacée envahir son échine.

    « C-Certain maître. La suivante d'Odion possédait un sabre laser. Et une agilité hors du commun. J-Je n'ai pas pu confirmer les rumeurs concernant le cyborg, mais j'ai perdu tout contact avec mon associé et... »

Le maître de l'ordre secret se massa les tempes. Il avait entendu les murmures concernant l'exil du roi Nodo de son trône suite aux accusations Jedis, mais il n'avait jamais vraiment cru à leurs véracités. Les membres de l'Ordre étaient prompts à l'erreurs et à la chasse aux sorcières. Il devait en avoir le coeur net. Savoir si l'holoctron ramené était authentique ou une simple babiole censée capitaliser sur ces mêmes rumeurs. Il était un homme méfiant de nature. Il ne prêtait que peu de foi envers les on-dit. Surtout lorsque cela concernait un aspect fondamental de leur ordre. Mais ce n'était pas là le problème. Perdre un homme de main était une chose courante. Non, ce qui l'inquiétait c'était ce sentiment croissant au creux de son estomac. Cette conviction grandissante qu'un piège leur avait été tendu. Et qu'ils venaient de tomber dedans.

    « En ce cas pourquoi diable es tu revenu ici ?! Ne sais tu donc pas que... »

C'est alors que la voix d'Odion résonna à travers tout le complexe souterrain, répétée en écho par tous les haut parleurs de la zone. Son ton impérieux, mais d'un calme à glacer le sang. Le message était court, concis, mais lourd de signification.

    « Vous qui vivez en ces murs, écoutez mes paroles. Je suis Darth Odion, Seigneur de la Sith et Maître des Arts Sombres. En punition pour vos actions à notre encontre, la moitié des vôtres périront cette nuit. Une ultime chance vous est offerte. Soumettez vous ou faîtes face à votre extinction. Libre à vous de tenter de resister. »

Le bruit distinct de 4 sabre lasers s'allumant à l'unisson vinrent mettre un terme à la communication.

Avatar de l’utilisateur
By Jen'Ari Nekanasaza
#34988
    Le Seigneur de Korriban passa le premier. Ranath n’y voyait aucun inconvénient. Il s’exposait et ouvrait la voie, donnant tout loisir à sa collaboratrice d’observer ses méthodes, et d’admirer une petite démonstration de pouvoir. Roulant des mécaniques, le cyborg transforma le repaire des assassins en crypte. Il en verrouilla chaque entrée, et coupa toute retraite. Dès la menace formulée, émanèrent de l’endroit des relents de peur, mais également de rage. Le piège s’était refermé, et désormais nul ne pouvait se soustraire à la sentence. On promettait un massacre sanglant.

    Sabre au clair, Darth Odion s’avança vers sa première victime qui n'osa émettre un son, le regard braqué sur l'arme du Sith. La panique gagna l'ensemble des témoins quand le coup fut porté. Tandis que les uns tentaient de s'enfuir, les autres organisaient une riposte, en vain. Les trois qui résistèrent, autant que la chair put résister au laser, permirent aux trois autres de gagner le couloir, et un sursis. Ainsi, de salle en salle, le long des couloirs, l’ire des Sith se répandait, laissant derrière elle une trainée de sang tiède. Ceux qui étaient épargnés ne comprenaient pas pourquoi ils l’étaient. Ceux qui mourraient suppliaient, ou défiaient, parfois résistaient. Mais rien n’arrêtait les lames exécutrices de la sentence. Chacun accueillait son destin avec plus ou moins de dignité.

    Image


    Et quel que fût le chemin qu’emprunta Odion, peu importa qu’il poursuivît en face tandis que Ranath prit à gauche, l’ordre des choses amena les deux hérauts de l’obscurité aux portes du dernier retranchement de leurs proies. Une moitié, donc, de congrégation secrète. Le Maître et son plus fidèle serviteur, cet antiquaire aux allures de guerrier, barricadés derrière un mur de chair encore vivante. Ils brandissaient leurs armes, les plus téméraires, mais aussi les plus peureux. Tous, cette fois, sur un pied d’égalité, face à la mort. L’issue ne dépendait que d’un homme, et il se trouvait derrière eux. L’idée de le saisir et de le jeter aux pieds de leurs bourreaux leur traversa bien l’esprit, mais chacun était persuadé que s’il bougeait, ou lâchait des yeux ce monstre de métal, il périrait. Condamnés à croiser le regard de la gorgone.

    Il avait échoué, il devait l’admettre. L’holocron était vrai. Les Sith étaient vrais. Darth Odion était vrai. Il avait commis une monumentale erreur. La colère le prit soudain. D’un geste brutal, il attrapa au col l’assassin blessé, fendit le rang de ses soldats et traîna le fautif à l'échafaud.

      « Il vous manque encore celui-ci ! »

    Darth Ranath balaya d’un coup de lame le corps flasque qu’on leur donna en pâture. Le cadavre retomba en deux morceaux fumants. Elle en avait fini avec le visiteur de sa chambre.

    Le Maître se tenait face à ses Maîtres. Bras croisés, tête haute.

    Image


      « Seigneur Odion, en cherchant à protéger ma Maison, j’ai provoqué votre colère. Votre sentence est juste, et votre supériorité incontestable. Nous nous soumettons. Vous êtes maître en ces lieux. »

    Il ne jouait pas avec ce feu-là. Cependant la décision ne plut pas à tout le monde. Un vieil assassin aguerri sortit du lot pour crier son mécontentement.

      « Pas question de se soumettre à ces enfants de putain !! »

    L’éméché tira ses armes au clair, et alors qu’il allait franchir la ligne imaginaire qui séparait les nouveaux maîtres des nouveaux serviteurs, son supérieur lui fit barrage. La longue lame de métal siffla et fila se planter sous le menton du dédaigneux, glissa dans la chair et dans l’os, jusqu’à faire taire la contestation. Le soldat mort, le nouveau pion de l’Égorgeur se tourna à nouveau, attendant le verdict, les mains tachées du sang de son camarade.


    * * *


    L’héritier n’avait rien su des activités nocturnes de ses invités. Le lendemain matin, il attendait, dans son bureau, les deux visiteurs, ainsi que le fidèle Varcrino. Ce dernier se présenta en temps et en heure, mais semblait épuisé, comme si la nuit avait été éprouvante. La chose énervait Balor, d’autant qu’il n’imaginait pas à quoi un homme de lettres pouvait occuper ses soirées. Il ne savait pas. Et mesquin comme il l’était, il se laissa aller à railler en silence la fougue de son serviteur.

    Quand l’Égorgeur arriva à son tour, Tiberia Junior se leva pour le saluer convenablement.

      « Seigneur Nodo, la nuit vous a t-elle été agréable ?

      Je vous présente Varcrino Seracceni, antiquaire de sa profession, et expert en reliques anciennes. Je me suis permis, avec votre accord, de le consulter quant à notre échange.
      »

    Un sourire radieux illuminait le visage de ce genre bourgeois suffisant.

      « Pourrions-nous voir à nouveau l’artefact ? »

    Son sourire s’étira davantage, et ses yeux brillaient d’envie. L’holocron quitta comme la veille son refuge, pour le plus grand plaisir de l’héritier. Il ne dit rien, mais Varcrino demanda l’autorisation d’inspecter l’objet. Sous le regard pesant de Ranath, il procéda à un examen succinct.

      « Il n’y a pas plus authentique. »

    Il le croyait du moins. Et Balor s'esclaffa.

      « Formidable ! Je suis sincèrement navré, Seigneur Nodo, de vous imposer tout ceci, mais … la relique que nous serions susceptibles d’échanger appartient à mon père, et … il est extrêmement méfiant. Nous devons suivre cette stupide procédure. Varcrino va rédiger une note pour attester de l’authenticité de votre bien. Ce devrait être rapide ! »

    L’autre hochait la tête sans mot dire.

      « N’êtes pas exempt de procédures ?

      - Je vous demande pardon ?

      - J’aurais pensé, qu’en tant qu’héritier des Mecetti …

      - Mon père tient le pouvoir d’une main de fer, à se demander s’il le lâchera un jour. Mais il n’y a bien plus que son entêtement qui demeure fort. Il est trop vieux, il se sait défaillant et se barricade derrière ce genre de précautions. Vous avez bien fait de vous adresser à moi, la transaction n’en sera que facilitée pour vous.

      Je vais vous faire amener la relique cet après-midi, et demain, nous ferons l’échange. Qu’en pensez-vous ?
      »


    * * *


    L’air contrit de Varcrino était éloquent.

      « Non, je suis désolé, je lui ai parlé ce matin … il ne veut pas, c’est impossible … il le couve comme un œuf.

      - Débrouillez-vous ! Il me faut cet artefact dès aujourd’hui !

      - Mais …

      - C’est un ordre ! »

    Et Balor claqua la porte, laissant seul le dévoué antiquaire. Celui-ci fit demi tour, descendit les escaliers, traversa le manoir d’un bout à l’autre. La Dame Sombre lui avait confié une mission, trois fois rien. Il la rejoignit, la trouva en grande discussion avec Nodo.

      « Lord Tiberia s’oppose à la transaction. Il refuse également de vous recevoir. »
Oblitus reliquia

Bien que le forum ait fermé. Varok voici l'[…]

DC Earth RPG [Partenaire]

<a href="https://www.pcalions.com/"&g[…]

[url=https://domostroy.kz/]Domostroy.kz [/url] - […]