Sous les étoiles
MessagePosté :jeu. 22 mars 2018 17:40
- « J'ai vu ton frère tout à l'heure ... Il avait l'air assez occupé avec les préparatifs pour la réunion ... Le projet d'exploration .. ou expansion, je ne sais pas comment vous le qualifier, a l'air de bien avancer, bientôt le départ alors ? »
Le couple marchait à son rythme, côte à côte, sur le sol raide de Nelvan. La fraîcheur était présente, bien que repoussée en partie par la volonté salvatrice de la Force. Le manque de soleil y était peut-être aussi pour quelque chose. A cette heure avancée de l'après-midi, forcément, les températures déjà basses de la planètes plongeaient vers les abysses, rappelant combien il valait mieux se réfugier à l'intérieur. Mais paradoxalement, le couple royal, lui, continuait de s'éloigner de leur si chaleureuse demeure pour continuer de grimper. Althar, qui ne connaissait qu'une infime partie de cette planète, était pourtant le guide d'un jour pour la silhouette féminine qui avançait à ses côtés. Cela ne faisait pas si longtemps qu'ils marchaient, malgré tout, limitant leur exposition aux éléments par la même occasion. Le plus dur restait la topographie de l'ensemble, plus raide qu'il ne l'aurait voulu pour la précieuse présence qu'il surveillait l'air de rien.
- « Ca doit pas être facile de gouverner quand on connaît tout le monde ... Enfin ... Pour les bonnes décisions, si, mais dans des affaires comme ça ... hmmm ... je ne t'envie pas ... Mais c'est courageux d'étendre ton Royaume ... On pourra aller visiter tu crois ? Ca pourrait être sympa de faire partie d'une des équipes d'exploration ... comme dans les histoires d'autrefois, avec toi devant, le menton haut, sur un landspeeder, les cheveux au vent ... Sexy ... avec ton petit ventre rond ... »
Il eut une pointe de rire et s'arrêta devant la pierre qui servait de marche sur le sentier où ils étaient. Une main tendue vers sa Grise, le sourire aux lèvres, il l'aida de son autre-main sur l'arrière train à grimper avec facilité sur le tout dernier obstacle de leur si dangereux périple. Oh oui, braves aventuriers perdus dans la rugueuse nature sauvage d'un monde indompté. Ou pas du tout. Ils étaient présentement sur l'un des monts sur lequel reposait le château, qui était aujourd'hui l'objet de leur voyage sur ses coteaux à pic. Un exercice fatiguant, et d'autant plus pour une femme enceinte. Mais loin de la pousser ou de la retenir, Althar s'était fait à l'idée qu'il devait s'adapter à elle plus que l'inverse. Même avec son ventre qui s'était arrondi, après les quelques semaines qui les séparent de la découverte, elle en restait toujours aussi active et volontaire. Un bout d'énergie pour lequel il avait mis une croix sur sa conception très ... protectrice de la grossesse. Elle était une louve qu'on ne gardait pas en cage pour son bien, il lui fallait courir, et suer, et faire tout un tas de choses que même lui n'arrivait pas à lui faire calmer. Il n'y avait bien que ses deux passagers qui étaient capables d'un tel miracle. Non, lui n'arrivait qu'après la tempête, il n'intervenait que pour profiter d'un moment de faiblesse pour la dorloter et la gâter de toutes les manières qui soient. C'était presque fatiguant, malgré le sacrifice des heures passées à s'intéresser au reste de ce monde, mais c'était plaisant. Elle lui offrait la meilleure occasion qui soit pour avoir une raison de passer du temps avec elle, et c'est ce qui l'arrangeait. Ce n'était pas toujours joyeux, avec les effets "secondaires" de sa condition, mais c'est ce qu'il préférait. Rien que les heures perdues à la regarder lui suffisait, par moment, d'une main discrète sur son ventre. Bref. L'amour avec un A plus grand qu'un DSI.
Mais aujourd'hui il était l'instigateur de cette sortie. La proposition avait été faite le matin-même, même si cela faisait un petit moment déjà qu'il en avait envie. Un dernier encouragement, couvert d'un baiser d'adieu, et il avait profité de l'absence de sa belle pour préparer les sacs. Et c'est comme ça que chacun se retrouvait avec un bardas, ou presque, bien qu'Helera ait eut l'honneur du plus léger. Tout avait été calculé pour que le voyage se passe sans encombre, et que rien ne soit laissé au hasard. Quitte à faire des choses, autant qu'elles soient parfaites, comme le seraient leurs enfants. Ou Helera. Et c'est comme ça qu'à l'heure dite tous les deux partirent sans qu'il ne précise que vaguement leur objectif. Un trek, ou une promenade. Mais avec des bottes solides, et un baton. Et surtout, un sac à dos princier aussi lourd que le fut une Reine avant de mettre Althar dans son lit. Elle n'avait pas vu le contenu, mais au regard des objets disparus dans les appartements royaux, il était facile d'en déduire ce qui s'y cachait. Des plats, des peaux de bête, des couvertures, pour les gros objets, et tant d'autres choses qui faisaient déborder le pauvre havresac sur les épaules du têtan. Il ne s'en plaignait pas, mais il lui tardait d'arriver tout de même. Ce n'était pas aussi agréable qu'il l'aurait espéré, même si une balade au grand air avec elle faisait du bien.
- « Ok, je pense qu'on est arrivés ! Tu peux poser ton sac, on va rester là ! »
Il s'était pressé pour la devancer, passée la marche, pour s'assurer qu'ils étaient au bon endroit. Après tout, comment aurait-il pu deviner l'emplacement sans y être jamais allé ? En demandant à des Gris, bien sûr. A force d'échanges on finit toujours par apprendre des choses, dont certains beaux endroits. Et ici, finalement, alors qu'il l'aidait à retirer son sac avec un sourire, tous les deux purent jeter un regard vers la vue : Nelvan. Pure et magnifique Nelvan, beauté éternelle d'un monde en plein changement, et foyer d'un couple en expansion. Le soleil n'avait pas encore disparu du ciel, bien qu'il entamait sa descente avec rapidité. L'endroit ? Une plateforme, un promontoire, même, enneigé, et plat, avec une place suffisante pour s'y installer confortablement. Le tout surplombant la ville, et le chateau, sans être trop haut. L'astuce se trouvant dans le fait de s'éloigner de l'énorme bâtisse de pierre plutôt que d'essayer de la surplomber. Et c'est comme ça qu'en crapahutant un peu on finissait par atteindre une hauteur suffisante pour obtenir une vue dégagée sur tout ce qu'il y avait en contre-bas et un peu plus loin. Il y avait quelques nuages, mais rien de suffisant pour en gâcher la vue. Althar admira un instant l'horizon avant de se retourner vers Helera, les mains sur les hanches. Elle devait en avoir marre, la pauvre.
- « La vue est splendide d'ici ... Tu as déjà eu l'occasion de monter ? J'imagine que oui ? Il faut prendre le temps d'apprécier ... »
Il était plutôt satisfait, et gardait cet air enjoué qu'il avait très souvent en sa présence. Après une grande inspiration, ses lèvres finirent par aller trouver sa joue avant de partir s'activer auprès de son sac. Ils pourraient bientôt se poser, c'est ce qui comptait et devenait le plus important pour la mère de ses enfants. Hop, il en sortit une quantité de choses insoupçonnées, ou presque, essayant de ne pas trop en dévoiler à une potentiellement curieuse Grise. Ce qui l'intéressait pour l'instant était une des peaux de bantha, une grande, roulée et accrochée au sac, qu'il prit et étendit à même le sol. Première étape, mais pas la dernière. Il fit un signe de main à Helera pour lui dire d'attendre encore un instant et reprit sa fouille intensive pour finir par tirer deux coussins du sac. Hop, un coup dedans, histoire de les remettre un peu en forme, et il les installa sur la peau de bête. Une véritable invitation qu'il accompagna lui-même par une inclinaison vers Helera, une main tendue vers celle-ci. Le geste s'apparentait bien plus à une forme d'appel à danser qu'à un véritable prête-main, mais bon.
- « Si ma douce Reine veut bien prendre place ... »
Un baise-main des plus doux suffirait certainement à la convaincre que la place était intéressante. Et ceci fait, après lui avoir volé un baiser sur le crâne, Althar repartit vers le sac. Cette fois, il tira l'élément le plus lourd de celui-ci. Et c'est ainsi qu'elle le vit revenir à côté d'elle, à l'endroit qui serait supposément entre eux, avec un espèce de cube. Elle pouvait le reconnaître pour l'avoir déjà vu : un chauffage d'appoint, un de ceux qu'on trouvait à certains endroits de Nelvan, héritage d'une arrivée toute organisée qu'elle fut. Celui-ci provenait de l'astroport, ou ce qui s'y apparentait, et servait à tenir au chaud certaines pièces sensibles lors des maintenances. L'emprunt s'était négocié pour une journée, à grand renfort d'arguments à propos de la Grande Maîtresse, ou même de coup de main potentiel à l'avenir. Tout ça pour ce petit objet au poids démesuré pour sa taille. Mais prévoir est une chose, et réussir une autre. C'est en essayant de le mettre en route qu'il comprit qu'il avait omis une question d'importance à son propriétaire. Et après quelques tentatives infructueuses, c'est vers la débrouillarde du couple qu'il jeta un regard, avant de lui faire un grand sourire.
- « Excuses-moi c'est juste que ... heu ... ça prenait moins de place que des bûches pour le feu ... et .. heu ... c'est histoire de t'occuper le temps que je finisse, c'est tout calculé, tu vois ! »
Et voilà comment on sauva la situation comme un Prince. L'air satisfait il se redressa comme si de rien n'était et repartit vers le sac dans le plus grand calme. Surtout qu'il y avait du vrai là-dedans, elle aurait moins le sentiment d'ennui. En théorie. Lui était déjà reparti à tirer un nouveau nombre d'objets, qui, cette fois-ci étaient des bougies. Blanches et immaculées, toutes neuves, elles seraient parfaites pour l'ambiance très romantique qu'il espérait donner à l'endroit cozy qu'il bâtissait sous ses yeux. Elle put entendre un grognement, cependant, l'instant d'après, lorsque le briquet osa échapper à la main qui essayait de le prendre. Mais c'était déjà cause perdue pour lui, qui fut mis à contribution pour allumer chaque candélabre, placés stratégiquement sur un certain nombre de cailloux tout autour d'eux. Ce n'était pas grand chose, mais cela donnait soudainement à l'atmosphère quelque chose de plus chaleureux et intimiste. C'était presque bon, ne manquait qu'à rapprocher la nourriture du poêle de fortune, ainsi que la boisson. Il pouvait commencer à souffler. La dernière chose qu'il attrapa dans son sac dégarni fut finalement deux épaisses fourrures de bantha. L'une ressemblait à s'y méprendre à celle qu'ils avaient dans leur chambre, et l'autre était hérité d'un emprunt innocent. C'est avec douceur qu'il prit donc la leur pour la déposer sur les épaules d'Helera, volant un baiser dans ses cheveux au passage. Avec délicatesse, et comme la Reine que l'on pare de son manteau d'hermine avant son sacre il fit attention à bien couvrir ses épaules et ajuster ses cheveux par-dessus le manteau. Splendide. Et il ne se posa toujours pas. Roooh, quel pénible. C'était là le problème d'organiser un tel repas, rien n'avait été tellement prévu à l'avance, et encore moins l'endroit. Mais cela avait le mérite de le garder au chaud et en mouvement. Il manquait une dernière chose. Ultime chose. Toute petite, qu'il guetta autour d'eux, et sur le chemin par lequel ils étaient venus. Il marmonna une excuse et se dépêcha d'aller trouver l'objet de son attention à cet instant, non loin, pour revenir tout aussi vite.
Une petite fleur, aux pétales bien ouvertes et d'un bleu qu'on ne trouve que dans un tel climat. Elle serait la touche finale au tableau qu'il venait de peindre avec brio : Helera, installée sur des coussins, près d'un chauffage à plein régime et couverte d'une peau de bête, le tout dans un écrin de chandelles épargnées par le vent qui battait plus bas. Cela lui rappelait quelque peu leurs retrouvailles dans la forêt, ce jour-là, mais en plus ... romantique. Moins spontané mais plus romantique, ce devrait être ça. Son dernier ajout serait donc parfaitement adapté. Il plaça sa fleur entre ses lèvres, le temps de retirer son manteau au profit de la seconde fourrure et fit les quelques pas restants pour pénétrer dans leur monde sur la montagne, symbolisé par la peau de bête étendue à même le sol. Il avait poussé le vice jusqu'à ne porter qu'une de ces chemises têtannes, une de celles qu'il portait un peu moins aujourd'hui. Pour elle il avait même accepté de sacrifier son style au profit de tenues plus inscrites dans la mode de la planète, avec une touche de son monde d'origine tout de même, pour ne pas perdre son charme. Non, cette fois, il était fringuant, et bien déterminé à s'asseoir à côté d'elle, dans un soupir de satisfaction.
Sa fleur reprise en main, son regard se perdit un peu sur cet horizon aux diverses couleurs. Le soleil jouait de son charme, avec satisfaction, pour leur offrir un de ses toiles les plus colorés. Un plaisir pour les yeux qui n'arrivait cependant pas à ravir la palme à celle qui était assise à ses côtés. Ses yeux se portèrent sur cette fleur, qu'il huma doucement avant de sourire.
- « Elle n'égalera jamais la plus belle des fleurs ... mais elle peut peut-être mettre en valeur ses si jolis yeux ... »
Il disait vrai. Une fleur ne valait rien à côté de celle qui comprenait finalement toute sa beauté. Mais comme les mots n'étaient que poussière, c'est avec une main curieuse qu'il effleura sa joue pour chercher son oreille. Une petite caresse, au passage, lui permit d'apprécier la fraîcheur de cette peau avant qu'il ne se décide à placer la fleur dans ses cheveux, calée derrière une oreille protégée du froid. Même si cela modifiait un minimum son image, il n'avait pas l'intention de faire disparaître toute l'autorité qu'elle était en vérité. Pas question de gommer, ni même d'altérer à sa guise celle qui l'impressionnait. Une fleur, peut-être, pour symboliser une soirée, simplement. Une manière pour lui de lui rappeler qu'elle n'avait besoin de rien pour être belle, si ce n'est l'apparat de cette nature sauvage qu'elle contenait. Ses lèvres goûtèrent les siennes, une dernière fois, et il s'installa pour de bon cette fois, non loin d'elle. Le chauffage commençait à être véritablement efficace, et réchauffait suffisamment l'atmosphère pour se laisser aller.
- « Mademoiselle ... Je vous propose donc, en cette belle journée, un coucher de soleil et une vue sur Nelvan-La-Magnifique, agrémentée de son dîner mi-chaud et ... » Il s'interrompit un instant, son regard tournant autour des sacs et des plats, l'air grave. « Mince ... j'ai oublié les couverts ... Hm. De son dîner mi-chaud servi jusqu'à vous par votre ici-présent compagnon, ainsi qu'une farandole d'astres curieux qui brillent comme vos yeux ... Est-ce que tout cela est à votre convenance, Déesse de ce monde ? »
Son sourire s'illumina un peu plus, sans la quitter des yeux. Une entrée en matière des plus modestes pour ce rendez-vous galant qui débutait.
- « Si je peux me permettre un conseil ... Je débuterai par un réchauffage de pieds devant le chauffage, tout d'abord, et une contemplation de la vue qui est ... ha oui c'est quand même haut ... Ne regardes pas vers en bas, c'est ... Hm ... enfin, profitez du panorama, vraiment beau ... A moins que vous ayez déjà une petite faim, ce qui peut, je crois, s'arranger si vous le désirez ... Et n'ayez peur de rien, tout est prévu, même les urgences, rien que pour vous ... Ne reste donc qu'à profiter ... ma Lera ... »
Et oui, c'est ce qui se cachait dans son sac encore un peu plein. Un ensemble de nécessaires d'urgence, pas forcément très sexy au demeurant, qu'il aille d'habits de rechange aux choses plus élémentaires liées à des besoins naturels. Mais l'instant n'était pas à cela, mais plutôt à finalement profiter du moment. Tout allait un peu vite, et il n'avait pas encore pris le temps d'observer ce qu'il avait réellement sous les yeux. La région, vue de si haut, donnait l'impression d'être sans fin. Une immensité naturelle, travaillée par les éléments, que seule la citée en contre-bas venait déranger. Mais loin de donner l'impression d'une mégalopole florissante, elle était plutôt du genre à s'étendre avec respect. Les derniers campements formaient une constellation rapprochée autour des murailles qui n'osait pas encore empiéter sur ce qui l'entourait. La forêt, préservée, en était une preuve comme une autre, bien que la faible pollution suffisait en elle-même à comprendre. Ce monde était aussi doux avec lui-même qu'un nelvan était poilu. C'est peut-être ce drôle de mélange qui en donnait une saveur particulière, dont le fin agrément du soleil couchant nimbait du rouge de l'amour. Un beau présage, pour ce couple qui ne demandait qu'à profiter. Ne restait qu'à voir la discrète main princière se poser sur celle de la Grise, dans cet instant de contemplation, pour comprendre que ce rendez-vous n'avait d'autre but. Il était heureux. Et presque stressé.