L'Astre Tyran

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Monde glacé battu par les tempêtes de neige, la planète abrite aujourd'hui un mélange de Nelvaaniens et de colons issus de l'Ordre Gris. En effet, malgré son éloignement des grandes lignes hyper-spatiales, Nelvaan est aujourd'hui la capitale d'une jeune et discrète monarchie en expansion dans la Bordure Extérieure.
Gouvernement : De Jure Empire - De Facto Neutre
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By Harlon Astellan
#33200
Protéger la F... l'Orek. Je vois.


La vie, le peuple, la terre, le ciel, la planète... La Force, un ensemble abstrait qui constituait toutes les forces vivantes et telluriques ? Pouvait-on alors expliquer pourquoi un concept purement philosophique et métaphysique était devenu une manifestation magique défiant le plan empirique et dévolu à un groupe de religieux extrémistes qui portaient des sabres laser avec lesquels ils décapitaient sans sourciller et justifiaient leurs actions comme, au hasard, tuer des millions de gens dans une guerre de sécession ?

Peut-être que les troupes décapitées par les pacifiques Jedi avaient juste été envoyés communier avec la nature. Mais oui, tout à fait. Que n'y avait-il pensé plus tôt !

Et... comment protège-t-on l'Orek ?


Question conne, mais pour un homme pour qui la protection se mesurait par des grilles de garnisons planétaires, elle se devait d'être posée. Ce n'était pas à proprement parler comme protéger une histoire. Pour ça, on la raconte, on la diffuse, on en fait prendre connaissance. L'Orek, visiblement, n'en avait pas des masses besoin, si on admettait qu'il existait dans tout, peu importe qui en connaisse l'existence ou non.

Mais la culture Nelvaanienne, elle, restait bien là. Avec quelques bémols.

Si l'Empire reconnaît l'usage des dialectes locaux et les autorise dans un cadre local et quotidien, toutes les formes administratives et échanges courants doivent être effectués en Basic. C'est important. Enfin, c'est à ces messieurs d'en décider.


"Ces messieurs" c'était la Commission des Droits Ancestraux.

S'il existe une trace de ces idéogrammes, je serais ravi d'en voir un. Et de le faire étudier par nos anthropologues. Et... ces peintures... comment dites-vous, rupestres ? Qu'est-ce exactement ? On peut les visiter ?


Après l'arrivée au château - édifice rustique - et après avoir congédié les hommes chargés de dresser un bilan de la planète, Harlon passa une porte latérale - tellement petite qu'il se cogna le front même en se baissant - pour arriver au milieu d'une salle où ça sentait le fauve. Les chefs de clan tous rassemblés offraient un décors assez éloquent des niveaux de compétence de chacun. On devinait les clans vivant de la chasse, de la pêche en lac gelé et des habitants des mines. Les poils devenaient plus claires, plus sombres, vêtus de peaux ou de plaques de fer, ou de cotte en écailles... Les femmes - il y en avait - étaient moins trapues et moins féroces d'apparence, mais n'en semblaient pas moins capables. Les crinières étaient parfois tressées et terminées de perles en divers matériaux naturels.

Var Akrhane Rona.


Du travail, encore du travail à faire. Poing sur le coeur, incliné légèrement. L'heure d'un discours certainement. Mais comment s'exprimer face à des sauvages ?

Mes chers...


Déjà non. "Mes chers loups" peut-être pour démarrer ? Non. Il fallait autre chose.

Chasseurs de Nelvaan, et coureurs de l'Orek...

Les traditions qui m'apportent portent ici non pas l'odeur cuivrée du sang d'une chasse fratricide... mais celle de l'odeur de bois d'un feu autour duquel on se réjouit et se rassemble. Me voici venu, accompagné de chasseurs venus par-delà les Astres, moi-même chasseur pour l'Orek... je viens ici pour que votre Cheffe de Meute se joigne à la mienne, dans le but de partager entre tous la peau et la viande, la graisse et la lance.


Poing sur le coeur, frappé trois fois rapidement.

A vous tous, pour être venus vous asseoir avec nous autour du feu dansant de l'Orek.
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By Althar Fanrel Keto
#33262
L’heure de sa propre fin ne semblait pas encore venue. Après le court voyage qui le mena dans ce qui s’avérait être un véritable hôpital de bord (ou plutôt une clinique?), il put souffler quant à la suite. Mais cela restait aussi étrange qu’incompréhensible. Pourquoi maintenant ? Aussi soudainement ? Et sous une telle escorte ? Ok, il avait sur-réagi, ok. Mais cela ne normalisait pas la situation.

Noblement, malgré tout le peu de grâce qu’il lui restait dans une tenue aussi négligée, il se déshabilla lentement. Nulle honte pour son propre corps, même s’il avait un peu pris durant cette grossesse. Fallait-il qu’il se mette totalement nu ? Non, visiblement. Helera était avec Harlon … Etait-ce l’origine de cette situation ? Etait-elle en sécurité ? Il ne dit rien face au regard un peu trop indiscret du médecin, et des notes qu’il semblait prendre. Rien d’anormal là-dedans, enfin, il lui semblait. Peut-être sa tenue. Et le lieu. Ce n’était pas un bloc ordinaire. Pas comme ça, pas dans cette configuration ni dans la façon dont il y a été amené. Et c’est avec la question suivante que la chose s’éclaira. Le virus Sith … Sa maladie. Combien de temps cela faisait-il ? Des mois ? Un an ? Cela devait finir par revenir, un jour ou l’autre. Ces bizarreries n’étaient pas faites pour un monde aussi « normal » que l’était le sien. Un médecin ou un employé de la Maison Royale finirait par chercher à comprendre. Ou bien l’Empire. Le pire des cas. Et celui qui ne serait jamais à même de comprendre.

    « Je n’ai pas mis les pieds sur Ithor depuis 15 ans au moins … »

Une question se posait maintenant. Quoi qu’il dise, sa situation à lui était faite. La chose était su, du moins pensait être connue. Le gros l’était. Mais quid d’Helera ? Avait-elle à y perdre s’il disait la vérité ? Que gagnait-elle à ce qu’il mente ? Et leurs enfants ? Oseraient-ils un jour les traiter d’engeances sous prétexte qu’il ait eut cette … « maladie » un jour ? Elle avait dit que cela ne se transmettait pas. Il lui faisait confiance, et aucun signe ne semblait s’être manifesté chez eux depuis. Il viderait sa conscience peu dérangée par tout ça, au moins. Peut-être l’examineraient-ils … Elle n’aimerait pas. Ouh non. Il valait mieux choisir ses mots.

    « Rien n’est exact. J’ai … été … Hmmm … J’ai fait partie d’une expédition, dans l’espace. Nous y avons trouvé un vaisseau, un vieux, impérial, occupé par des Sith et … hmmm .. par la force des choses, on a tenté de me torturer, ou quelque chose comme ça … C’est compliqué à expliquer, et difficile à croire, surtout. »

Il se passa les mains sur le visage, toujours debout. Il ne devait pas avoir l’air bien malin, comme ça, surtout pour essayer d’expliquer ce qui n’était pas vraiment possible d’expliquer.

    « La date de cette expédition … Je ne sais plus, je n’ai plus la date en tête, mais il y a un rapport royal dessus, sur mon monde, Impératrice Têta … Et des rapports médicaux aussi. J’avais quelques blessures, mais tout a été soigné normalement … La maladie est apparue .. Hmm .. Après. Des maux de tête réguliers, un peu trop même … Sauf qu’ils n’ont rien trouvé. J’étais sain de corps et d’esprit. »

C’est au tour de ses cheveux d’être grattés nerveusement.

    « Cela devenait handicapant, sur la fin, beaucoup de mal à dormir, beaucoup de difficulté à rester concentré … Puis … J’ai retrouvé Helera … ma femme, elle m’a soigné avec … avec la Force, quoi. C’est difficile à expliquer, c’est resté entre nous, elle a juste chassé le mal … C’était un dernier recours, je vous assure, vous verrez tout sur les scanners … »

Inutile de parler du fait qu’il ait fallu faire cela à plusieurs, ou quoi que ce soit d’autre. Le tour était complet, non, de toute façon ? Il fallait à tout prix éviter de parler de cette voix, et de ce qu’ils avaient vu, dans leur songe, cette fois-là.

    « Ce n’était pas contagieux, ce n’était pas une maladie, concrètement. C’était … Je ne sais pas. Je saurais pas le qualifier. Personne ne le saurait. Mais voilà, maintenant je suis aussi pur qu’à ma naissance, si vous tenez à le vérifier … Et ça fait … presque un an ? »

Facile. Deux vies étaient liées à tout jamais à ce moment. Comment oublier que tout avait commencé là, dans ce cas ? Enfin bon, tout ce qu’il semblait dire n’avait pas grande importance. Alors bon, pourquoi pas le prouver maintenant ? C’était dans la suite des choses, à ce qu’il semblait. C’était assez dérangeant de se faire prélever de la sorte, la bouche ouverte et autre hypo-seringue dans le cou. Sachant d’autant plus sa santé normale et saine, cet interrogatoire physique forcé fut d’autant plus frustrant. Mais le pire n’était pas encore venu. Oh que non. Il eut un regard sur les deux contenants, avant de comprendre. L’un était évident, l’autre moins. Le têtan les prit, l’air suspicieux et peu volontaire, et partit où on lui indiqua. Ce ne fut pas long, et un seul était rempli lorsqu’il revint. L’exercice n’avait pas été très … agréable. Ce n’était pas très reluisant de faire ça comme ça. Il les tendit à qui de droit, avant d’offrir une moue princière.

    « Le reste ne se fait pas sur commande, et encore moins sans que je sache à quoi cela peut servir. »

L’insinuation était claire. Maintenant, restait à savoir s’ils passeraient outre ou non pour la suite des examens. Le Prince, lui, n’attendait qu’un signe pour aller passer cette batterie aussi inutile que fatigante flopée d’examens. Qu’ils fassent donc.




Retour à la maison.


Le moment venu, le jour de l’arrivée, il l’aida à se préparer, avec douceur. Elle sortait d’un rendez-vous avec l’Empereur, encore, mais tant pis. Parfois il est nécessaire de disposer d’un instant entre soi pour reprendre du poil de la bête. Cette tenue semblait avoir été faite pour elle. Une évidence qu’il ne manqua pas en réajustant son col, profitant de l’instant pour laisser ses doigts filer de son cou à sa joue avec délicatesse.

    « Notre maison … finalement … Il semblerait bien que tu aies réussi, ma Reine. »

Les mots étaient soufflés avec légèreté. Un baiser, tout aussi apaisé, trouva sa place contre ses lèvres. Plus que jamais, plus qu’elle ne pouvait l’imaginer, il l’admirait. Elle était de celles qui changeaient la Galaxie en une phrase. En une volonté. Ils étaient partis perdants, et ils revenaient plus vainqueurs que jamais, d’un certain point de vue. Tout cela parce qu’elle, cette femme sous ses yeux, avait dit qu’elle serait présente pour ce voyage malgré tout le reste. Leur quotidien avait pu lui offrir l’illusion qu’elle était singulière, simple, accessible, au fil des jours, au fil des instants passés ensemble. Mais ce n’était pas ici, pas ainsi, que tout prenait sens. Elle était Reine et compagne, reine et mère, reine et … tant de choses d’autres ? L’océan dans lequel il plongeait, en perdant son regard dans le sien, était d’une beauté qui appelait à sa propre noyade volontaire. Le chapitre était en train de prendre fin. C’était sa certitude profonde, désormais. Aussi certain qu’il était prêt à tout pour vivre avec elle. Leurs enfants, leur retour dans l’Empire, leur union … tout arrivait à son point de rencontre. Finalement. Ses yeux se portèrent sur sa tenue, une ultime fois, avant de balayer les traits féminins de son visage.

    « Même l’Empereur n’a pas su te résister, Lera … mais je veux être le premier à te le dire … tu es la … la plus belle femme de cette Galaxie, et la plus resplendissante Reine qu’il m’ait été donnée de voir … »

Il était loin de se douter de la vérité cruelle de leur avenir incertain. Innocent, oui, et passionné. Un Prince qui orbitait autour d’un soleil ardent dont les brûlures étaient une nécessité à sa propre survie. Ce refuge exagéré dont seuls tous les deux connaissaient l’existence. Sûrement allait-il trop loin dans cet engagement, mais que restait-il d’autre aujourd’hui ? Sa vie prenait sens pour cette personne. Celle-la même avec qui il quitta leur chambre pour aller sur le pont, joints tous les deux par des mains trop affectueuses pour leur bien. Mais à trop se perdre dans cette idylle près du soleil, était-il capable d’être à sa hauteur ? Face à cet astre luisant au cœur d’une galaxie, capable de réchauffer de son être tant de planètes à la ronde, une simple lune inerte, amorphe et désertique gardait-elle un quelconque intérêt ? Les esprits romantiques loueraient certainement l’histoire tragique de l’amour passionné d’une lune et d’un soleil, dédiant leur vie à danser jusqu’à que la lune disparaisse dans la robe dorée de son amante … mais cela ne pouvait être leur cas.

Leur pacte informulé s’était concrétisé bien plus tôt. Si la facilité de se cacher derrière sa puissance à elle avait été une solution temporaire, Helera ne pouvait accepter un avenir dans cette droite lignée. Quoi de mieux qu’un autre soleil pour survivre aux abrasions faites sur sa propre enveloppe, sa propre existence, par le feu indomptable qui lèche la surface de son âme ? Briller d’une intensité différente, peut-être, il n’avait que cure. Mais briller ensemble. D’une lumière que nulle obscurité ne saurait maquiller, et qu’aucune noirceur ne saurait éteindre. Le choix s’offrait à cet instant. L’avait-il jamais eut ? La possibilité de baisser les épaules, de renier un peu plus encore son héritage et ce qu’il était prédisposé à recevoir, était-elle encore viable après les évènements de ces derniers mois ? Après avoir compris qu’une nouvelle flamme habitait ses entrailles dénuées d’intérêt ? Oh, douce Reine, à tes côtés doit se dresser un conquérant. Un homme grand, qui doit se servir de sa hauteur pour te porter plus haut encore. Qui doit t’offrir l’élan nécessaire pour qu’enfin tu t’épanouisses sans limites.

Le menton haut, l’allure chevaleresque, il incarnait. Dans la chair têtanne semblait avoir été taillée la sculpture du devoir et de l’immense responsabilité qui l’attendraient un jour. Peut-être n’était-ce qu’un masque de froideur, pour se persuader de sa propre importance, mais lui comme elle avait une charge. Un but. Une responsabilité. Trois mots bien différents, trois sens bien distincts, et une seule importance : sa vie était dédiée à d’autres. A elle. A ses enfants. Et à leur peuple. Immense. Déraisonnable. Magnifique. Il était son Prince, désormais, à son bras. Celui dont elle trouvait toujours la main, toujours ce battement de cœur répondant au sien, où qu’elle soit, et finalement celui qui ne devrait plus flancher, à présent. Pour qu’elle ne ralentisse plus le pas. Pour qu’elle n’hésite plus. Pour qu’elle soit respectée pour ce qu’elle est. Maintenant et à jamais. Une posture dont il pouvait se délecter autant que s’y retrouver, pour son plus grand bien. Un défi, et un têtan prêt à relever l’ultime épreuve pour s’assurer de ne jamais la perdre.

La navette ne fut plus qu’une formalité. Une dernière étape, avant de confronter ses propres convictions à la réalité. Son silence n’était balayé que par les sourires qu’il adressa par instant à sa compagne pour lui renouveler sa confiance aveugle, avant que le masque ne retombe sur son visage. Se donner un air. Une assurance, toujours. Comme son père, avec qui il croisa le regard plusieurs fois. L’instant de vérité approchait. Celui qui déterminerait les mois prochains, les années suivantes. Ici, maintenant, dans l’esprit trop pensif d’un Fanrel authentique. Trop réfléchir, oui, pour mieux retomber. Il était décidé. Elle l’avait décidé. Elle, incarnation irréelle de sa propre destinée. Celle qui l’avait bousculé, et qui l’avait sauvé. Son panache, son énergie, sa certitude … Cet apanage d’un temps lointain que l’âge doré avait su fabriquer, où s’étaient-ils envolés ? Tout ceci, ce monde-ci qu’ils survolaient à présent, était leur Nouveau Monde. Leur foyer. Il était une raison de se battre, et d’être fier, plus que jamais. Pourquoi fallait-il douter tant, face à l’orage ? Qui avait décrété un jour qu’un Empereur devait être source de crainte plus que d’autre chose ? N’est-ce pas la définition du pouvoir que de n’être que respect et guidance ? Sûrement un jour ce borra mal-léché apprendrait à ses dépens qu’un respect se mérite tout autant qu’il s’offre. La manière de s’imposer et de dicter un protocole qui n’avait de sens que pour lui, en l’occurence, démontra une fois de plus combien cette planète était à part.

Mais il ne dit rien. Pas un mot, pas une expression. Un simple baise-main, à son aimée, et le silence pour se mêler à une foule de visages noirs et d’inconnus. Soit.


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Au moins, qu’importe le rang, tous furent accueillis de la même manière : par la brise glaçante soufflée par la Grande Mère. Un froid revigorant, ou désagréable, selon les avis de chacun, qui signifia qu’ils étaient arrivés. Et par ce coup de balai sur ses pensées exagérément longues, il put finalement respirer cette sensation de liberté retrouvée. Leur monde. Celui-là même où son propre père semblait totalement frigorifié par le froid mordant, et qui observait avec une surprise difficilement contenue l’aspect très (trop?) primaire de ce qui les entourait. Althar souriait, lui, emmitouflé dans son manteau. Le comité d’accueil annonçait déjà la couleur, entre loups endimanchés et Loran en .. Jedi … Il se mordit la lèvre inférieure pour ne pas sourire et s’efforcer de garder l’allure princière qu’il arborait. Mais la chose avait de quoi être comique, au milieu de la gravité de l’instant. Comme les autres, il salua d’un poing sur le cœur, avant de laisser son attention se reporter sur la ville entre contre-bas. Toute la tension accumulée le long de ces dix jours commençait finalement à redescendre, son ventre se dénouait, sa respiration se relâchait enfin … Il se passa les mains sur son visage blanchi par le froid mortel de la montagne avant de regarder où en était l’accueil. Cela semblait bien se passer. Il croisa cependant le regard de son père, dont il n’arriva pas à déchiffrer l’expression. Etait-ce négatif ? Cela l’était certainement, mais peut-être était-il surpris. Ou étonné. Enfin, il ressentait quelque chose, le reste restait plus nébuleux …

Lui, à l’inverse, n’éprouva pas de honte. Nullement, en fait. Cela faisait partie des rares choses à laquelle il n’avait pas vraiment réfléchi : comment allait réagir son père à la découverte de cette culture ? De ces différences ? De ce qui le retenait loin de son propre trône ? Qu’importe. Lui, il était plutôt fier. Un bout d’Eden recouvert d’un manteau blanc où seul le progrès avait sa place. Un petit paradis perdu, baigné de calme, où il pourrait fonder une famille basé sur des valeurs saines et vertueuses. Nelvaan. Voilà, elle avait réussi à le faire tomber dans le piège. A le prendre dans ses filets. Non, non, pas la planète, mais Helera. Tout ça était à cause d’elle. Surtout ce sourire, et ce rapprochement vers cette main qu’elle lui tendait en arrière. Il y trouva un refuge discret, faisant le dernier pas qui manquait pour ne pas s’exclure de l’attroupement, mais cela fut de courte durée. Toute la délégation s’était mise en branle pour rentrer au chaud. Certains en avaient bien besoin, visiblement, dont son père. Le climat plus … urbain de Têta, et des capitales impériales était bien plus agréable à vivre que cet espèce de trou perdu. Althar lâcha cependant la main de sa compagne pour la laisser guider un Empereur curieux qui se voyait conter plus qu’il ne lui en fallait.

Lui voulut se contenter simplement de la proximité de Loran, qu’il gratifia d’un salut discret. Mais l’air trop sérieux de ce troisième membre du couple royal lui fit comprendre qu’il n’aurait pas l’occasion de lui parler, pour l’instant. Dommage. Il y aurait eut tant à lui dire et à lui demander. Le Prince retint son rire ne pouvait s’empêcher de trouver comique cette tenue qu’il arborait en ce jour. C’était une insulte, voire un défi qu’il avait osé lancer ou presque. Mais l’occasion de lui en parler viendrait à l’heure des retrouvailles, pas maintenant. Ils descendaient lentement un escalier pas prévu pour tant de monde à la fois. Ha, doux château … Ils y étaient enfin. Leur maison, leur doux foyer. Son odeur de poussière, peut-être, et surtout de l’huile brûlée, mais cette odeur familière. Tout était si près, maintenant. Si atteignable, il ne suffisait que d’un coin de couloir pour tout quitter et les retrouver … mais c’était trop tôt. Il fallait se contenter de la salle du trône et de ses décorations.

L’endroit semblait plus resplendissant que jamais. Quelqu’un s’était acharné à y mettre un peu de couleur, et avec quelques gens de lus à l’intérieur l’ensemble baignait d’une aura chaleureuse qui donnait bien plus de sens à cette salle si terne au demeurant. Même Helera semblait ravie. Althar se posta à ses côtés, se faisant, pour mieux laisser entrevoir tout le front de la jeunesse qu’ils incarnaient. Car c’était aussi ça, Nelvaan, en quelques sortes. Une jeunesse triomphante et naïve, gardienne des clés pour un peuple bien moins jeune, qui s’apprêtait à se confronter à des dirigeants encore plus vieux. Voilà le constat nu d’un choc générationnel que seule la couleur de cheveux de la Reine manquait de faire tomber à plat. Posté entre les deux Kor’rial, pourtant, cette jeunesse lui fit froncer les sourcils. Il ne fallait pas être un grand savant pour voir le petit jeu que les deux menaient à l’aide de la Force. Ce n’était pas une chose à faire à cet instant, pas devant l’Empereur. Et encore moins en y faisant référence. Il lança un regard à Loran, avant de faire mine d’écouter Helera. Ses yeux glissèrent sur les présents, et finalement les silhouettes noires qui ne les avaient pas quittés. Un ordre impérial fut affirmé, en même temps qu’on annonçait la suite, à sa grande surprise, et son esprit se perdit autre part.

Ils étaient là. Le Prince n’était guère réceptif naturellement, pour l’instant. Son entraînement répété, dans la faible échelle qui lui était permise, ouvrait peu à peu cette seconde nature mystique, mais ce n’était pas là aussi simple de rattraper trente années à ne pas écouter. Il n’eut pas besoin de réfléchir, ni même de chercher à comprendre. La vague de chaleur, l’assurance de ces présences, et la même excitation perçut en prenant la main d’Helera fut suffisante. Leurs enfants … Juste au-dessus … La silhouette noire qui passa devant eux lui rappela que ce n’était pas encore le moment. Qu’ils ne pouvaient pas aller les voir pour l’instant. Qui les gardait ? Carn ? Liana, la compagne de Loran ? Il aurait aimé demandé à ce dernier mille et une choses, mais ce n’était pas le moment, non. Mais ils étaient si près … et si loin. Un signe de main vers deux présents, et une affirmation se firent alors entendre.

    « Pouvez-vous accompagner ces hommes s’il vous plait ? Sans interférer ? C’est pour éviter tout incident, surtout auprès de ceux qui ne comprennent pas ce qu’il se passe. »

Il leur adressa un sourire reconnaissant et les congédia d’un poing sur le coeur. Voilà, n’était-ce pas la bonne manière d’agir pour un Roi, Helera ? De toute manière la Commission ne risquait quasiment rien, malgré l’étrangeté de l’accoutrement. Mais quitte à les laisser se balader chez eux, autant savoir ce qu’il en retournait réellement. Voilà une bonne façon de diriger. Garder la main, toujours. L’Empereur se portait à présent vers Booros, offrant une opportunité aux Kor’rial de se retrouver. Althar ne se gêna pas pour glisser sa main dans le dos d’Helera et de se rapprocher plus prestement d’elle. Mais alors qu’il ouvrit la bouche pour lui parler, elle se détourna pour s’adresser à l’Empereur. Hmpf. N’était-elle donc pas fébrile, elle-aussi, en ressentant les éclats de vie qui babillaient au firmament ? Lui ne savait plus où se mettre. Sa main était moins certaine encore, sur ce corps fantasmé, tout autant que ses pensées qui éclataient en mille étincelle en ressentant cette excitation au fond de ses entrailles. Il ne fallait pas le montrer, mais bon sang, quelle difficulté. Et impossible d’attirer l’attention d’Helera. Frustration répétée, jusqu’à que l’Empereur se décide finalement, d’ici quelques heures, de repartir pour l’autre bout de la Galaxie … Rhaaa. Il croisa une nouvelle fois le regard de son père, plus apaisé mais toujours aussi énigmatique. Lui non plus ne brillait pas par sa discussion, se contentant du rôle de témoin privilégié de l’évènement officiel. N’en restait pas moins que tout ceci n’avait strictement rien de courant pour lui, surtout au regard des derniers mois passés au service de l’Empire. Tout ici sonnait comme une lubie folle perdue au milieu des profondeurs de l’espace.

C’est peut-être ce qui éveillait justement l’intérêt de l’Empereur. Ce vil et malfaisant intérêt, celui dont ils avaient discuté avec Helera en évoquant les possibles scénarios de cette nouvelle association. Leur petit monde sorti de nulle part était un château de cartes dangereusement sensible au souffle des respirations qui l’encadraient. Ses deux piliers, aujourd’hui, avaient le visage d’une femme aux yeux d’azur et d’un loup aux dents aiguisés. Un équilibre précaire avait pu s’instaurer par cette respiration commune, capable de compenser la volonté de l’autre pour préserver l’intégrité de cet ensemble. Que se passerait-il alors si un troisième visage venait à s’approcher un peu trop près et souffler un peu trop fort de ses narines impériales ? Une culture entière pourrait s’en trouver balayée, elle et tout ce qui avait été bâti ici depuis quelques années. Oh oui, c’est en envisageant la possible perte de ce qu’il y a sous nos yeux qu’on commence à percevoir la profondeur de son appréciation de celle-ci. Ce monde n’était pas le sien, peut-être ne le serait-il jamais, mais ce qu’il y avait vécu et découvert avait trop d’importance pour ne pas s’inquiéter de son avenir. Pire que cela, l’héritage de ses propres enfants se voyait potentiellement menacé à cet instant-même. Peut-être bien qu’il aimait Nelvaan. Qu’il l’aimait beaucoup. Peut-être. Mais la pudeur l’empêchait de définir à quel point. Elle préférait s’inquiéter, à l’inverse, de voir un Empereur s’intéresser à des grottes secrètes et à un savoir qui ne le regardait ni de près ni de loin. Et le tout, bien sûr, en monopolisant Helera pour des journées passées à deux. Hmpf. La jalousie était bien là, même en sachant qu’elle pouvait se défendre plus que largement face au pauvre humain lambda qu’était Astellan. Mais quand même. A trop s’habituer à traîner avec un homme …

Althar se fit plus proche de la kuati, en réponse. Physiquement proche. Posté non-loin d’elle, retrouvant sa main sans maquiller le geste ni le dissimuler des yeux qui pouvaient le juger. Il n’était peut-être qu’un fiancé d’apparat, mais il était là. Après tout, c’est vers lui qu’elle se tourna lorsque enfin ils atteignirent le rez-de-chaussée. Il eut un sourire, sincère, et un hochement de tête pour lui renouveler sa confiance, et ils entrèrent.


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Le pari était gagné. La Reine avait réussie. Leur monde, leur Empire, était ici. Face à eux. Pour la première fois. Ce voyage était celui des premières fois, pour les jeunes loups qu’ils étaient. Et cette fois encore, ils ne furent pas déçus. Chaque clan, chaque chef, chaque tribu. C’était magnifiquement complet. Loran était un Roi d’exception, à n’en pas douter. Sa jalousie n’en fut que plus grande, même si en vérité c’était certainement l’appel au nom de l’Ohorag Nelvar qui avait fait tout le reste. Au moins, ils y étaient. L’accueil qu’ils reçurent fut d’autant plus impressionnant qu’il était physique et bruyant. Des monstres aux dents acérés qui firent trembler les tables … Cette vision était impressionnante, autant pour l’aîné des Fanrel que pour son fils. Un poing sur le torse ne suffit pas à démontrer combien tout ceci avait de force à ses yeux. Presque sonné par cet élan, il laissa Helera s’approcher plus au centre avec l’Empereur. Il n’était qu’un sujet, ici, un homme de clan parmi les autres. Seule la nature du sien différait, en tant que fidèle de la Reine. Mais ce n’était que détail, simple détail, inutile détail face à tout le reste. Chacun entreprit alors son discours. Celui de la Reine, humble et court, et la réponse tout aussi puissante des nelvaaniens. Celui de l’Empereur, ensuite, plus impérial et plus délicat. Avait-il la même allure lorsqu’il s’adressait aux autochtones ? Ce manque de naturel, cet accent prononcé, cette façon trop différente de leur manière de vivre ? Il se posa sincèrement la question, tout comme celle de savoir s’il était vraiment possible de leur faire comprendre que leur Guide pouvait se soumettre à plus haute autorité de la Grande Mère. Celui qui se chargerait d’en traduire la subtilité en verrait sûrement le résultat, mais lui ne s’y risquerait pas. Booros saurait sûrement mieux s’en débattre, de toute manière.

La réaction épidermique qui suivit fut peut-être la plus à même de sceller le pacte de sang qui s’était négocié ici. Si les clans acceptaient, alors la chose était faite. Il était temps de fêter, et de manger, de prendre place à la table qui leur était dévolue. Althar réserverait la droite de sa compagne, et Rhedatt laisserait certainement sa place à un Booros prêt à discuter avec l’Empereur s’il le demandait. Ce n’était plus vraiment le moment de se fâcher. Chaque chose vint naturellement, chaque place, chaque mot, chaque discussions qui reprirent dans ce premier banquet, tout prit sens. Et c’est ce qui était beau. Certes le Grand Moff ne s’y trouva pas à sa place, certes Althar restait frustré de ne toujours pas avoir vu ses enfants, mais tout ça était à marquer d’une pierre blanche. L’image mentale de ce moment resterait longtemps dans son esprit, oui. Mais ce n’était pas encore la bonne perspective. Elle n’allait plus tarder à venir. A côté de lui, la Reine et l’Empereur continuaient leur discussion, et puisqu’il n’avait rien à y faire, autant prendre en main son propre rôle de Roi, non ? Dans un murmure laissé à Helera, il s’excusa de son absence en évoquant l’idée d’aller dans les cuisines. Pas question d’aller retrouver leurs enfants sans elle, elle pouvait vérifier. Il se redressa prestement, inclinant la tête vers les quelques nelvaaniens qui le regardèrent faire, et partit voir ce qui se préparait ensuite. L’agitation qui régnait dans tout l’étage était aussi inhabituelle que plaisante à regarder. Chacun mettait la main à la pâte – Héhé – pour faire de ce banquet une réussite. Mais ici, nul n’était serviteur. Tous étaient égaux. Même l’apprenti Roi qu’il était, et qui jusqu’à présent ne brillait pas par l’aide qu’il avait apporté à tout cela. Le Prince se défit donc de ses atours pour regarder les préparations suivantes, jusqu’à tomber sur la source du fumet qui planait dans la pièce.

La bête était splendide. Huileuse et cuite à point, tournant au rythme lent d’un cuisiner improvisé qui suait face à ce feu maintenu dans sa puissance. A la taille de l’ensemble, ce devait être un bantha robuste qu’une broche de fortune exhibait sous ses yeux. Depuis combien de temps cuisait-il ? Il n’osait l’imaginer. Combien de temps lui faudrait-il pour le dévorer ? Ca, par contre, il en avait une bonne idée, surtout en humant un peu plus encore cette odeur séduisante. L’histoire de sa prise en était encore plus singulière. De toute façon, il arrivait à point nommer. Plusieurs commencèrent à s’activer autour de lui, il était temps de l’amener. Le repas battait son plein, tout le monde était là, ne manquait que la pièce de choix. Quelques mots s’échangèrent, des manches furent remontées, et une idée un peu étrange lui vint. Allez.

Le cortège pénétra tel un carrosse royal porté par quelques esclaves bien bâtis, mêlant humains et nelvaanienss dans un déséquilibre de taille peu esthétique. Mais qu’importe, ce n’était pas les yeux qui importaient en cet instant, mais plutôt les narines. Nulle escorte n’était nécessaire pour un tel invité de choix, autour de lui flottait la délicate effluve d’une viande cuite rustiquement et surtout avec tout l’amour d’un peuple carnivore. Et le plus étrange dans tout ça ? Un Prince presque débraillé en train de porter une des extrémités des broches comme tous les autres. Cela pesait son poids, cela va sans dire, et son père manqua de s’étouffer en le voyant arriver, mais cela valait le coup. Ils installèrent l’énorme pièce de viande au centre du U sur deux pieds imposants, avant que les quelques porteurs commencent à disparaître de nouveau. Pour autant, Althar ne s’éloigna pas de son trésor, que personne n’osait attaquer pour l’instant. Au contraire, d’une main posée sur l’épaule d’un autochtone bâti d’une tête de plus que lui, et aux muscles saillants, il fit quelques gestes pour demander le silence. Un regard amusé fut lancé à Helera, et finalement il s’offrit le luxe d’observer cette assemblée qui se calmait à son profit. Sûrement étaient-ils plus intéressés par la pièce de viande derrière lui, mais c’était un bon début.

    « Amis, frères, sœurs, qui que vous soyez … C’est un honneur de partager ce festin avec vous tous aujourd’hui ! »

La même chose fut répétée en Nelvaanien, tandis qu’il faisait quelques pas d’un côté comme de l’autre pour montrer qu’il s’adressait à eux. Et oui, un Prince du Noyau est capable d’utiliser une telle langue, aussi barbare fusse-t-elle. Un père était en passe de ne pas s’en remettre.

    « Si vous vous posez la question, je suis Althar. »

Une nouvelle répétition, et un ajout, plus long, dans ce second langage. Pas de nom. Pas d’identité. Pas de titre. La notion de clan fut évoquée, celui de l’Ohorag Nelvaar, et du fait qu’il en soit le plus dévoué et le plus fidèle aux côtés de leur Krinar, leur reine. Mais ça, seuls les nelvaaniens l’entendirent. Le Prince, pour illustrer les mots qui sortaient de sa bouche à cet instant, se contenta de prendre avec délicatesse la main de sa compagne et de venir y apposer son front dessus, pour en démontrer sa soumission. Il ne la relacha cependant pas sans un sourire mélangeant amusement et amour sincère ni le sacrifice d’un baise-main amoureux. Il se replaça ensuite.

    « Ce moment est unique … tous ensemble, ici … L’Ohorag Nelvar a réussi à nous rassembler. A faire de nous tous un clan que les étoiles n’arrêtent plus ! Demain, nous irons encore plus loin dans le Nord, et nos enfants encore plus loin ! Ensemble, parce que nulle montagne ne nous sépare plus, aucune plaine, aucune rivière ni aucune mer ! Vous êtes tous là, parce que la Grande Mère nous a montré la voie, parce qu’aujourd’hui même les étoiles ne sont plus une limite ! »

Il se laissait un peu emporter par ses mots, mais c’était là son rôle. Un Roi qui n’en était pas un, beau parleur et prêt à tout pour que cette harmonie subsiste. Ses mots en nelvaanien furent déclamés avec d’autant plus d’ardeur qu’il se surprit presque lui-même, le poing sur le cœur, et une main ouverte vers Helera. Pour être tout à fait franc, il ne connaissait pas ceux qui étaient présents autour des tables. Quelques uns, peut-être, ceux les plus susceptibles d’être venus jusqu’à la capitale les mois précédents. Quant aux autres, c’était une découverte mutuelle que des yeux amusés ou parfois ennuyés se contentaient d’observer. Il s’arrêta un instant pour regarder l’assemblée, le temps de reprendre son souffle, et reprit plus calmement.

    « Tout cela n’aurait pas été permis sans la Grande Mère. C’est elle qui guida Ohorag Nelvar jusqu’à nous, et qui l’aide aujourd’hui dans cette association avec l’Empire du Nord. Et plus encore, c’est grâce à elle que nous mangeons ce qui fait ce repas aujourd’hui. Nouvelle traduction, et cette fois un regard pour la viande qui continuait de répandre ses effluves dans la pièce.

    Remercions la Grande Mère pour ce qu’elle nous offre chaque jour. Que cette bête, chassée par un brave chasseur, soit honorée par notre appétit de ce jour, car nul ne tue pour le plaisir. La Grande Mère a peuplé les montagnes et les plaines d’animaux, et nous la remercions une nouvelle fois pour cela. Ce bantha a été tué pour nous nourrir, et tel doit être le but de la mort, ne l’oublions jamais.
    »

Formulé dans le langage guttural qui faisait le charme des grands loups, l’aspect solennel prenait d’autant plus sens. Il y eut quelques hésitations, certes, il n’était pas encore un parleur fluide, mais la pratique soutenue imposée par Helera portait ses fruits. L’illusion d’une maîtrise adaptée fonctionnait bien, surtout pour un Roi. L’air grave, il observa une ultime fois la carcasse et redressa finalement la tête, reportant son attention sur le nelvaanien qui était resté à ses côtés jusqu’ici en silence. Ce qu’il dit ensuite fut entrecoupé, à chaque phrase, par une langue différente pour rendre l’ensemble fluide.

    « Votre Majestée Impériale, et vous tous, avant de commencer à manger, je souhaitais simplement vous présenter Iserl … C’est un chasseur, jeune, fier, un des plus prometteurs de Tynkila ! Lorsqu’il apprit que nous mangerions tous ensemble, il est parti, seul, dans les montagnes. Voyez ces marques, ces tatouages … Voyez ses yeux et ses canines, voyez la détermination de ceux qui écoutent la Grande Mère. Iserl est allé chasser. Jour et nuit, il ne voulut pas rentrer tant qu’il n’avait rien amené à offrir à nous tous. Parce que c’est aussi ça, Nelvaan. Ce qui est à moi est à toi. Ce qui est à nous est à vous. Ne l’oubliez pas. Iserl a chassé. Il a trouvé les traces, il a trouvé une proie, et il l’a poursuivie, sans savoir ce qui l’attendrait le lendemain. Deux jours durant tout cela dura, dans le froid de la montagne et contre le vent venu des plaines.

    Et lorsqu’il commença à douter, et à perdre les traces, il le vit. Le bantha, ce bantha. Agé, colérique, rapide. Une bête dont le pelage était marqué des traces de ses combats, et de sa violence. Une bête que peu de chasseurs auraient osé approcher !
    »

Certains nelvaniens rigolèrent, tandis que quelques uns discutaient entre eux. Les récits de chasse faisaient partie de la vie quotidienne de nombre de clans, et cette chasse racontée par un humain n’était pas mieux que celle illustrée par un chasseur blessé. Cela ne stopperait pas un Prince devenu presque troubadour. Cette musique inaudible, qu’il était seul à entendre, était un flot constant où ses mots pouvaient se laisser aller dans la tourmente de ce ruisseau.

    « Je le répète, bien peu d’entre vous auraient fait ce qu’a dû faire Iserl pour parvenir à l’avoir. Le bantha a traversé les pics les plus ardus des Monts Bleus, il l’a obligé à ne pas manger durant toute sa chasse, à devoir veiller chaque nuit pour ne pas que le bantha ne l’attaque … Même les Horax n’ont pas osé s’approcher tant ce bantha était puissant. Peut-être que j’exagère, peut-être a-t-il croisé un Horax, durant sa chasse, mais il n’a pas eu peur. Il n’a pas reculé. Et lorsque la bête l’a défié, le dernier jour de sa chasse, il n’a pas hésité. Il ne vous dira pas s’il a mal, s’il a perdu des crocs dans cette bataille, mais vous avez devant vous le témoignage de cette fin … L’un est vivant, l’autre sera notre repas de ce jour ! »

Sans hésitation, le Prince tendit le bras vers Iserl pour lui serrer la patte et s’approcher au point de venir virilement cogner son épaule contre la sienne.

    « La Grande Mère a voulu qu’Iserl nous offre cette viande. Le règne du bantha des montagnes, un Roi parmi les siens, s’en fut fini. Et vous doutez toujours de mon récit ? Alors voyez le présent que souhaite faire Iserl à l’Empereur du Nord. Vas, mon frère, cet honneur t’est dû et nul remerciement ne suffira jamais face aux risques que tu as pris. La Grande Mère a veillé sur toi, ce jour-là, et peut-être même a-t-elle fait un choix … Par cette prise, tu as montré qu’elle favorisait ce banquet et l’honorait de la plus de belle des manières. Nelvaaniens, qu’importe votre clan, cette viande scelle notre unité. Merci à tous d’être ici, merci Ohorag Nelvar d’avoir su nous rassembler. »

Une dernière pirouette, un salut théâtral en abaissant le buste vers elle, et un geste. Celui qui ouvrit la voie du nelvaanien et du présent qu’il exhibait à présent avec fierté. En effet, dans ses bras trônait une étrange ossature, impressionnante, d’un mètre de superficie au moins. Chaque côté était recourbé pour finir en pointes acérées, et l’ensemble offrait à l’imagination le capacité d’y voir l’énorme tête que devaient encadrer ces trophées. Il ne fit pas l’effort de les montrer aux autres nelvaaniens, cela ne l’intéressait pas. Lui, il ne souhaitait les offrir qu’à un seul homme, celui assis près d’Helera, et devant lequel il se planta avec son présent. Un dernier détail pouvait être aperçu, finalement, maintenant qu’il fut bien plus près du regard : l’usure et l’aspect bien plus sombre de l’ensemble. La marque du sang, suggérée, voilà ce que c’était. Il suffisait de noter que les traces d’usure n’étaient en vérité que celles des combats passées, extrêmement nombreuses, si l’on prenait le temps de les observer. Il étira un sourire carnassier et s’abaisser un peu, tendant les cornes à l’Empereur. Sa voix profonde fut presque inattendue, à cet instant. Son accent le trahissait cependant.

    « Votre .. Majestée … »

Et voilà. Althar esquissa un sourire, le chasseur avait bien retenu ce que son Roi avait essayé de lui faire répéter avant d’entrée. Comme quoi, rien n’était impossible ici. Fier comme un paon, il resta en retrait près de sa viande pour laisser finalement le nelvaanien accaparer l’attention de l’Empereur. Le têtan posa son regard satisfait sur Helera, incapable de balayer le sourire en coin qui l’habitait. Il en était presque à oublier que tous, autour, attendaient à présent de pouvoir goûter cette viande qui était en train de refroidir. Réajustant ses cheveux et son air charmeur, il reprit très lentement le chemin de la table royale. Sans se départir de son attitude désinvolte, il fit mine de tendre la main pour prendre l’assiette la plus importante. La première à être remplie, celle qu’il fallait honorer. Celle de la Reine. Comme s’il avait eut besoin d’ajouter une pointe d’esthétique de plus, sa main gauche dans le dos, il fit mine de rouler ses doigts dans sa main comme s’il cherchait à l’appâter. La vaisselle de ce monde pouvait-elle prendre vie ? Nul ne saurait le dire, mais peut-être ici, dans cet élan de vie flamboyante et de joie partagée, cette dernière s’était soulevée légèrement de la table, au moment où il l’attrapa. Un regard insolent à sa Reine, et le rideau tomba sur la scène. Il prit un couteau disposé non loin et entreprit de découper un morceau de choix. Il était temps de servir tout le monde ! Seul un Fanrel, les yeux perdus dans l'incompréhension du moment, entre désapprobation et surprise totale, semblait prêt à bouder cette viande si exquise ...
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By Helera Kor'rial
#33265
« En respectant les enseignements de Grande Mère.
»


Le vieux loup hocha la tête d’un air convaincu tandis que ses babines restèrent intactement immobliles au dessus de ses dents saillantes. Ce n’était pas le moment d’en parler de toute manière, puisque le pauvre vieux loup était déjà tout concentré à suivre la cadence sur son gros bâton. Aussi fallait-il respecter l’ancien et le laisser seul dans ses pensées. Ce papi du haut de son siècle, ou de ses siècles, restait encore énigmatique, même pour sa reine. Rien à dire sur la prochaine phrase. Administratif, cela ne voulait rien dire sur Nelvaan. Chaque se gêrait comme bon il le souhaitait, dans l’honneur et le respect de Nelvaan. C’est tout.

« J’ai quelques exemplaires électroniques du dialecte écrit, mais rien d’officie cependant. Ils valent ce qu’ils valent. Je vous en ferai passer une copie. Des endroits où les Nelvaaniens expriment leurs faits d’armes, leurs chasses ou tout autre chose. On peut les visiter oui. »

Puis le château et la présentation de la reine face aux chefs de clan. Certains aux yeux pétillants, d’autres sur la réserve. Chaque lance pourvus des artifices de l’endroit locale du domicile. C’était ainsi une myriade de couleurs qui se présentaient à eux. Même s’il ne fallait pas se leurrer, ces couleurs étaient pour la plupart toute froide. Camouflage oblige. La reine prit la parole, puis l’empereur à sa suite. Il parla d’une manière … très … carricaturale. En faisant diverses erreurs de discours qu’il faudrait arranger. Le cuivre, pas de connaissance en basic. Chasseurs pour l’Orek ? Non, on chasse pour la grande mère, on défend l’Orek. Chasser pour l’Orek signifiait chasser au nom de la spirtualité. C’était un contre sens. Cheffe de meute non plus, car les Nelvaaniens n’étaient pas des loups. Elles étaient la reine, Krinar. Et eux des chefs de clans et leurs chamans. Quant aux partages de la nourriture … Chacun ici espérait que les deux entités partageraient autre chose que de la nourriture. La culture, la connaissance, les outils etc. Peut-être l’empereur n’avait pas cru bon de croire qu’il avait en face de lui un peuple intelligent. Et pas des primitifs. L’allure ne faisait pas le chasseur. Pourtant, le respect était dûe et les chasseurs imitèrent les trois battements contre le cœur en face de l’empereur. Helera était certaine qu’une partie n’avait pas compris non plus ce qu’il venait d’expliquer. Tous n’avaient pas eu le contact direct avec les gens tombés des étoiles. Et de ce fait, malgré un objectif d’apprentissage sur la planète, il n’était pas certains que tous soient des dictionnaires. Mais qu’importe. Le geste fut de parler en public, alors c’était déjà bien.

Althar s’absenta alors dans les cuisines, tandis qu’Helera invita tout le monde à prendre place. Althar à sa droite, l’empereur à sa gauche, puis Booros et Rhedatt. L’ordre n’était pas important au final, mais au moins fallait-il s’assoir. Les Nelvaaniens ne prenaient pas en considérations ce genre de détails. Le positionnement des tables n’étaient pas prévus pour que les couronnés puissent voir la foule, mais pour que la foule puisse les voirs. Nouveau monde, nouvelles règles. Puis son futur revint avec les broches, tandis qu’elle sentit le père piquer un phare. Helera se mordit les lèvres, pas bon tout ça. Rien n’avait été préparé et elle doutait que ce soit Loran dans le coup. Ce dernier était déjà atablé avec les clans du bassin. Et le manère commença. Le silence revint. Il débuta le discours, revint vers elle, prit sa main, la déposa sur son front. En réponse silencieuse, elle la fit glisser délicatement sur sa joue avec une esquisse de sourire avant qu’il ne s’échappe. Parler de conquêtes et d’expédition dans le Nord, ce n’était pas franchement une bonne idée. Vis-à-vis des Nelvaaniens cela ferait sens, une fois la traduction faite, mais devant l’empereur desdits mondes du Nord, aie aie aie. Le reste suivit le rite de remerciement à la Grande Mère, qui fut correctement traduit dans la langue sacrée. On ne s’adressait pas à Nelvaan en basic, c’était irrespectueux. Booros quant à lui donna un petit coup de coude à Rhedatt :

« Hey hey. Lui Kronarai Zonr. »

Une fois cela fait, Althar se retourna vers l’empereur. Helera retint sa respiration. Pas d’erreurs. Parler d’Iserl. L’empereur n’en aurait sûrement rien à faire. Neveu de Ranok, chef de clan, et cousin de Tokral, en expéridition sur Tythe. L’arbre généalogique semblait s’imposer de lui-même. Il fallait retourner à la création d’un document officiel, ou l’on allait vite s’y perdre. Et l’histoire de la chasse continua, dans un silence monachale. Parce que tous aimaient les histoires de chasse ici. Tout cela était évidemment enjolivé, personne ne pouvait le nier. Mais c’était joliement enjolivé. Althar jouait au troubadour, et le faisait bien. Puis, le présent. Celui d’offrir le repas, l’insigne. Althar suivait le rite, et le suivait bien. Il avait bien appris et Helera en fut fière. Car respecter le rite, c’était respecter Nelvaan. Respecter Nelvaan, c’était prendre l’avale sur le peuple. Helera le gratifia d’un sourire face à sa démarche osée. L’empereur n’allait sans doute pas le voir d’un bon œil, mais qu’importe. C’était beau, c’était bien fait. Rien à redire dessus. La Grande Mère ne pouvait qu’en être honoré. Finalement, peut-être le prince était-il prêt pour son dernier voyage. Dans l’assemblé, un des Nelvaanien, sûrement un du clan d’Iserl, hurla son nom. Puis les autres le rejoignirent. Trois fois. Puis silence. C’est ainsi que l’on honore les gens sur Nelvaan.

Sauf que …. Sauf que les cornes étaient beaucoup trop grandes en réalité. Le présent allait à l’empereur, mais cela prenait toute la place. Helera se leva prestement et regarda Iserl.

« Merci. L’empereur les apportera plus tard. »

Puis vers l’empereur.

« Je me permets de vous débarasser de cela, pour ne pas vous incomoder pendant le repas. »

Tandis que chacune des cornes pesaient bien sa masse de kératine, Helera les souleva les deux sans le moins efforts, avant de les déposer derrière l’empereur. Elle revint s’assoir et expliqua.

« Il est important de remercier la Grande Mère pour les bienfaits qu’elle nous offre. Rien n’est gratuit ici et rien ne peut être exploité sans son constement. Alors on pourrait se dire que remercier c’est s’accaparer, mais non. C’est plus profond en réalité. Le mysticisme ici est réel. »

Althar finalement arriva avec son assiette et agita les doigts au dessus. Elle écarquilla les yeux et son regard d’interdiction se fit assez dur pour que rien ne bouge. Cela, ce n’était sûrement pas la bonne idée. Vraiment pas. Pour vivre bien, vivons cachés. Il déposa alors l’assiette devant elle et elle le remercia. L’euphorie du moment tendait à le rendre tout aussi inconscient. Tandis qu’elle gardait un sérieux royal. Ils étaient observés qui plus est. Elle se permit néanmoins de frôler sa main pendant ce court échange, tandis qu’il repartait à sa tâche.

« Les strates dirigeantes n’existent pas ici. Le rang n’exampte pas des tâches ménagères et autres missions ingrates. » Dit-elle à l’empereur. « L’égalité règne en maître. »

Pas de double sens dans sa phrase, attention. Une odeur néanmoins vint s’ajouter au fumet. Une odeur qu’elle ne connaissait que trop bien. On vint apporter au grand chaman son bole de soupe. Ce dernier attira alors l’attention des deux éminences de part et d’autre de lui. Helera s’excusa platement et profita de ce moment pour s’eclipser pendant un court instant. Le temps que tout le monde soit servi et que les histoires ne soient racontées.

« Ca être ma soupe. Faites avec plantes récupérées dans la forêt des pins à côté de Tynkila. Avec plante des montagnes bleu, au pétal bleu et … Ah oui, avec graines de bantha. Ca pousser dans la neige. Avec petite boule au dessus tout poilus. Nous enlever coque et presser graine. On mélanger et donner soupe. Pas oublier de faire chauffer jusqu’à ce que vapeur arrive. Bonne soupe, très énergique. Alors pas trop abuser parce que pour s’endormir très compliqué après mais sinon régale. Je peux donner vous heu … Majestée empire du Nord et Kronarai si vous vouloir. »

Plusieurs minutes sur les plantes et la manière de boire la soupe plus tard, le Grand Chaman revint à des considérations plus terre à terre.

« Vous demander quoi être Gardien de l’Orek. Hm … C’est être en harmonie avec nature. Ecouter les bruits, comprendre, sentir. C’est respecter tout ce que la Grande Mère donne au peuple. C’est méditer pour apprendre de la Grande Mère. Car elle nous parler. Orek est endroit où elle parler aux chamans. Pour protéger Orek, il faut protéger le savoir, protéger Nelvaan. Très importante. Et toujours respect. »




Pendant le même temps, tandis que la reine s’était eclypsée de manière brève, grimpant les marches d’escaliers quatre à quatre, pénétrant dans leur appartement. Un air frais s’en échappait et une pénombre ambiante. Tel un félin, une ancienne inquisitrice ou un ancien agent de l’empire, elle se faufila entre les meubles jusqu’à leur chambre ou les deux landeaux côtes à côte patientait. Helera tomba alors à genoux devant les deux petites créatures qui y résidaient. Elle y déposa un baiser sur leur front tandis qu’une petite larme vint humidifer ses yeux. Attendre était une chose, les voir enfin en était une autre. C’était comme une révélation, l’apothéose de tout ce temps passé en territoire oppressant. Les deux dormaient paisiblement, elle passa une main sur leur joue et se laissa absorber par ce spectacle.

« Vous m’avez manqué mes petits. »

Trop de bruits ? L’un d’eux ouvrit les yeux. La petite aux yeux marrons comme son père bailla à gorge déployée et croisa le regard de sa mère. Elle agita alors les bras en l’air dans un gasouilli d’un autre langage. Helera étira un sourire et la prit dans ses bras. La petite avait été habillé d’un ensemble de poils de bantha.

« Mais qu’est ce qu’ils t’ont fait dis donc. »

Helera s’assit sur son lit avec son bébé dans les bras tandis que sa main droite, celle où elle avait encore des sensations, se perdit dans le creux des deux petits membres de sa fille. Cette dernière l’y aggripa deux doigts qu’elle serra par réflexe. La petite resta perplexe, bouche entreouverte et les yeux dans ceux de sa mère. Helera s’agita d’avant en arrière pour bercer le creux de sa création. Elle chuchota.

« Je vais devoir y retourner. Papa viendra bientôt. Surveille ton frère, d’accord ? »

La petite gazouilla encore et se vit remettre dans son berceau. Sa mère la lacha, mais elle geint les bras en l’air. Helera posa une main sur sa petite joue et les mains s’aggripèrent à la sienne de nouveau.

« Je ne suis pas loin mon cœur. Bientôt on pourra profiter tous ensemble. Je t’aime Lily. »

Elle déposa de nouveau un baiser sur son front et la petite s’aggripa alors à sa couverture qu’elle tira dans tous les sens. Helera restait liés à eux et se tenait prêter à intervenir à n’importe quel moment s’il y avait des problèmes. Là, il n’y en avait pas de problèmes. Alors Helera dût de nouveau les abandonner, prenant soin de tapoter sur le creux de ses yeux pour essuyer l’humidité, sans faire partir le maquillage. Tout un art. Quand elle revint, les dernières assiettes venaient d’être posées et le chaman avait terminé ses histoires. A la gauche de son mari, elle lui prit la main et lui étira un sourire convaincu. Se retournant alors vers l’empereur et vers l’assemblé, elle invita tout le monde à manger.
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By Harlon Astellan
#33307
Je vous ait demandé si vous étiez allé sur Ithor ? Non, je vous ai demandé si vous avez contracté une maladie après les évènements d'Ithor. C'est comme quand on vous demande si vous avez attrapé un rhume dans la période des dernières élections sur Naboo... on vous demande pas si vous êtes allé sur Naboo. Crétin.


Le docteur était agacé par ce boulot. Il préférait encore s'occuper des charcutés de guerre.

Tout est inexact ? Pourtant on tient ça de votre femme. Vous n'aurez qu'à vous expliquez avec elle.


Il notait scrupuleusement dans son datapad tout ce qu'Althar disait.

Elle vous a soigné avec... la Force...


Le docteur regarda son robot assistant et les deux soldats d'escorte avec un air narquois.

Et cette... hmm... Force... ça se mange ? Ca se prend en comprimés ?


Par contre, la moue princière ne plut pas du tout quand il rendit un flacon vide.

Vous êtes Prince et vous allez me faire croire que vous savez pas tirer sur votre zizi ? S'il faut ça, on vous passera un holovid porno. Vous vous masturbez comme d'habitude et vous donnez un échantillon de sperme. Pour voir si vous êtes viable et si aucune mutation n'a été enregistrée.


Le docteur pointa les deux soldats.

Vous voulez qu'ils le fassent eux sinon ? Vous savez qu'on peut stimuler la prostate avec un tir paralysant dans le rectum...





De retour dans la salle de banquet, Harlon trouva à s'installer à une tablée qui formait la boucle d'un U carré, là où les seigneurs s'installaient. Le plafond était assez haut pour qu'on se sente à l'aise, mais assez bas pour que l'odeur ne se dilue pas assez vite. Les torches et les hommes loups eurent tôt fait d'emplir la pièce d'un fumet mêlant la graisse de bantha et le cuir tanné au soleil raréfié. En gros, le fauve et la fonte de bougies de seconde main. La chaleur devint vite étouffante malgré les fenêtres sans protection sur le mur opposé à la salle du trône. Harlon se défit de quelques couches de vêtements et les laissa trôner près des murs dans leur dos. Il fit signe à ses Gardes Rouges de s'approcher, pour qu'il puisse leur murmurer leurs ordres. Il les invita à retirer leurs casques et se mêler aux guerriers.

Non !


Le sergent avait été sec et ferme. Harlon en fut surprit, mais laissa couler. Ils savaient qu'ils le pouvaient au moins... La réponse et son ton firent réfléchir Harlon un instant avant qu'il ne revienne au banquet.

Au cours du banquet, il devisa avec Helera de choses et d'autres, et se fit même offrir des cornes de Bantha massives. Magnifiques une fois sculptées... mais... Il aimerait bien manger sa part.

« Il est important de remercier la Grande Mère pour les bienfaits qu’elle nous offre. Rien n’est gratuit ici et rien ne peut être exploité sans son constement. Alors on pourrait se dire que remercier c’est s’accaparer, mais non. C’est plus profond en réalité. Le mysticisme ici est réel. »

Harlon observa son écuelle et parut un peu dubitatif.

Donc... je dois remercier la Terre de me nourrir ? Ou du moins, d'avoir permis que je me nourrisse ?


Drôle de religion...

Et... qu'arrive-t-il à ceux qui prennent sans demander ?


Question rhétorique.

« Les strates dirigeantes n’existent pas ici. Le rang n’exampte pas des tâches ménagères et autres missions ingrates. L’égalité règne en maître. »

Harlon parut un peu surpris.

Les chefs de clan n'ont pas mieux à faire que contribuer aux tâches dont peuvent s'occuper les plus faibles ?


Si les Moff avaient des femmes de ménage, c'était pour se concentrer au maximum sur leur tâche dirigeante. C'était tout le principe.

SOn autre compagnon de tablée avait lui aussi des choses à dire et redire. Eduquer l'Empereur ignorant des peuples sous-évolués serait un peu sa tâche... et son chemin de croix, le pauvre.

« Vous demander quoi être Gardien de l’Orek. Hm … C’est être en harmonie avec nature. Ecouter les bruits, comprendre, sentir. C’est respecter tout ce que la Grande Mère donne au peuple. C’est méditer pour apprendre de la Grande Mère. Car elle nous parler. Orek est endroit où elle parler aux chamans. Pour protéger Orek, il faut protéger le savoir, protéger Nelvaan. Très importante. Et toujours respect. »

Surprise, encore.

La Terre... vous parle ?


Il prit une bouchée du bantha. Il était délicieux mais trop gras.

Et... que dit-elle en général ?


Mais le spectacle ne faisait que commencer, puisqu'on eut bientôt droit à la représentation du saltimbanque officiel de la maison Têta.

    « Votre Majestée Impériale, et vous tous, avant de commencer à manger, je souhaitais simplement vous présenter Iserl... »

Quelle veine ! Voilà-t-il que maintenant, il s'en fut contraint de connaître le nom de chaque chasseur par coeur et de se taper leur curriculum. Les doléances sur Serenno n'étaient pas aussi pénibles que les présentations "exemplaires" des individus fiers de leur race. Par respect pour ses hôtes néanmoins, il porta son attention sur le jeune Iserl. Puissant et bien bâti, au poil clair sur le dos et sur le crâne, les yeux vifs mais guère plissés... un jeune chasseur talentueux et certainement arrogant. Donc efficace.

Mais, surtout, le discours. Et oui. Le mérite d'Iserl était plein et entier. Mais il venait d'être gâché par une essence qu'Harlon voulait bannir à tout prix.

Le collectivisme.

    « Votre .. Majestée … »
Merci, Iserl, pour le sacrifice de votre personne pour que chaque canine tranche la chair de la bête traquée à la sueur de votre front et à la force de vos jambes.


Harlon pointa ses couverts dans la bête pour appuyer son propos. Il prit aussi soin de tourner le couteau vers le Prince.

Mais vous voilà maintenant, à être présenté devant moi, pour au final vous voir offrir une part égale à ceux qui n'ont fait qu'attendre votre retour. Est-ce là juste ? N'est-il pas normal que le chasseur, qui a traqué, dans le froid et l'attente, ne reçoive pas la plus grosse part ? Donner un reste à qui n'a pas chassé quand l'on n'a guère chassé soi-même est un mal. Donner les restes d'une bête qu'il nous a prit du temps de tuer est générosité.

Iserl, jeune chasseur... Vous donnez là une part trop grosse que celle que vous devriez. Ce bantha est vôtre bantha. Vous avez porté le coup de grâce, vous avez agi seul.


Harlon se leva et repoussa son écuelle vers Iserl. Les yeux bien ouverts, à le fixer, dans une allure de défi. Pas envers l'homme loup... mais envers ce principe de partage aveugle. Le chasseur qui risque sa vie avait droit à une part aussi étroite que celle du fainéant qui avait posé son céans en attendant l'heure du repas. On donnait des récompenses égales à des gens sans égale valeur.

Il ne devrait être aucune bouche qui ne sache chasser elle-même ce dont elle pourrait se repaître.


Harlon avait toujours le couteau en main.

Il allait jouer quitte ou double.

Il fit jouer le couteau dans sa main, qui se tourna adroitement... et le planta fermement dans la table. Il fit glisser ses doigts jusqu'au pommeau, avant d'appuyer de l'index sur lui, et de le faire balancer d'une pichenette.

Aussi est-il normal que l'Empereur Astellan honore le don d'Iserl en lui offrant, à son tour, une portion de Bantha.


Un défi, pour de bon.

Moi, Harlon du clan Astellan, Empereur Galactique... Je m'engage à traquer, chasser et ramener sous 2 jours et 2 nuits, un bantha mâle, entouré de ses congénères, tué à l'aide de ce couteau, seul et sans aide.


L'Empereur allait chasser la viande. Ramener la viande.

Ou ne reviendrait pas.
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By Helera Kor'rial
#33308
Helera jetait par moment des regards furtifs à l’empereur, puisque toute la rencontre dépendait de lui au final. Mais aussi fallait-il garder un œil sur le reste des convives. Cette rencontre d’abord fêté autour d’un repas devait-il continuer par la suite ? C’était bien cela la question. Elle ne savait pas tellement quoi faire après cela. Lui montrer des choses, mais avec tous les chefs de clan en délégation ? C’était impensable. Une parole de côté, Helera inclina la tête pour mieux écouter et répondit avec la même voix calme et posée d’alors, à la limite du chuchotement.

« Remercier la terre de vous avoir fait don d’un des êtres vivants qui peuplent la planète. La remercier de vous permettre d’avoir eu accès à cette nourriture. Comprenez-vous ? Dans notre cas, Althar vient de le réaliser pour ce Bantha. »

Quant à la question qui forcément faisait toujours suite à la première.

« Vous ne serez pas foudroyés sur place. Mais c’est un manque de respect. »

La suite avec le rôle de chacun dans la société.

« Le chef de clan guide et entraîne les plus faible pour ne plus qu’ils le deviennent. Notre société est basée sur la coopération. On ne laisse personne derrière ni ne permettons que nos rangs soient handicapés. Tous ici vous le diront, nous évoluons ensemble comme un seul nelvaanien. »

Ici, pas besoin de faire le ménage. C’était l’avantage. Il y eut l’absence de Helera et la discussion avec le vieux loup.

« Pas la terre avec cailloux. Mais … planète, foyer. Elle être notre guide. Nous dire avenir dans prophéties. Nous expliquer quand chasse bonne et quand Horax descendre montagne. Horax être gardien de Nelvaan. Eux vivre dans montagne, mais surtout pas déranger que si eux malades. Ohorag Nelvar a dû ramener un vieux gardien malade et fou à Nelvaan. Lui être devenu fou, dangereux. »

Passage avec Althar. La présentation et l’honneur qui était fait au chasseur. Mais l’empereur ne le voyait pas de cet œil-là. Le Nelvaanien face à l’empereur se frappa le torse en remerciement. Puis écouta. En fait, tous écoutèrent, car l’empereur essayait de donner une leçon. Si Helera avait pu se mordre la lèvre jusqu’au sang, elle l’aurait probablement fait. Il jouait à un jeu qui finissait en BDZ, avec un peuple qu’il venait à peine de rencontrer. N’écoutait-il donc pas ce qu’elle disait ? Ou plutôt … Il n’en avait rien à faire. Parce qu’il était l’empereur et qu’il était au-dessus d’eux, peuple primitif sur un coin reculé, aux mœurs douteuses. Le respect … Une notion bien lointain. Le Nelvaanien d’abord regarda Helera, puis ne voyant pas de réaction, se tourna vers l’empereur.

« Ca être Bantha de Nelvaan. Pas à moi. Je pas vouloir meilleur morceau majesté empire du Nord. »

Déjà fallait-il qu’il y ait la notion de raffinement dans la société, et de goût. On mangeait pour se nourrir, fonction première, pas pour apprécier. Le froid dehors était de -20 °C en moyenne, alors personne ici ne faisait la fine bouche. Tout ce qu’il connaissait, n’existait pas ici. Et voilà l’empereur qui se lève et tente de défier la grande mère ? Helera ne savait plus où se mettre. S’il n’avait pas été empereur, elle l’aurait sans doute balancé du haut du château et laisser dans la neige pendant trois heures pour commencer à comprendre. Il voulait chasser ? Pour rendre honneur au chasseur ? Cela n’avait aucun sens. Tuer pour tuer, cela ne sert à rien. Heureusement que le bantha qu’il chassera servira toujours à nourrir. Le silence, et les regards vers Helera. Incompréhension, qu’elle lisait. Bah oui, parce qu’il croyait quoi l’empereur ? On partait avec son sexe et son couteau pour faire mumuse avec la bestiole de Nelvaan ?

Très lentement, la reine se leva, puis jeta un regard un regard à Harlon. Le genre de regard que voulait dire qu’il ne savait vraiment pas dans quoi il mettait les pieds. Elle se tourna vers l’assemblée.

« Si cela est la volonté de l’empereur du Nord de participer à la chasse, alors c’est avec honneur que je l’accompagnerai. Il sera seul et sans aide, mais je veillerai à ce que les rites soient respectés. »

Et qu’il ne se fasse pas tuer, le bougre de nobliau. Qu’il le veuille ou non, Helera serait là de toute manière. Il ne connaissait rien des rites pour devenir un chasseur, pour chasser, pour tuer …

« Comme le veut le rite, il aura sa lance après avoir passé le rite de la chasse pour recevoir la bénédiction de la grande mère. Ensuite, et seulement ensuite, l’empereur Harlon Astellan ira traquer le Bantha mâle sans rien d'autre que … l’équipement de chasse … »

A quel moment allait-elle lui expliquer qu’il allait devoir y aller torse nu ? Les poils, ça protégeait les Nelvaanien. La Force, ça protégeait les sensitifs. Mais lui, qu’est ce qui allait le protéger ? Pourtant, la déclaration fut reçut, puisqu’elle fut faite avec respect et dans la continuité des rites obligatoires, avec l’enthousiasme. Des « Pour l’empereur » ou des « Astellan du Nord » ou tout ce genre de choses acclamèrent l’action. Helera étira un sourire forcé et se tourna lentement vers celui qui finalement était son chef hiérarchique.

« Puis-je avoir l’honneur de vous parler en privée s’il vous plait, votre majesté impériale ? »
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By Harlon Astellan
#33337
Pas vouloir meilleur morceau ? Mais quel genre de lavage de cerveau s'opérait ici ? Le Grand OPrek exigeait donc un effort supérieur à la part récupérée ? Les primitifs avaient-ils donc si peu de considération pour l'effort ? Et s'il allait chasser le... Gorax-machin là, tout seul et qu'il ramenait la barbaque sur son dos, il aurait au moins droit à un ragoût espérons ?

Ce Bantha vous a été accordé par la Grande Mère. Il vous appartient d'en jouir. Et de le partager comme bon vous semble.

Mais à un autre clan qui se doit de se nourrir, la viande doit être acheminée ici, pour que chaque estomac soit rempli.


Au pire ils donneraient l'autre Bantha à ses commandos. Ils se contentaient des rations de survie classiques en ce moment même. Mais rien ne les empêchait de manger une pièce de Bantha local rôtie, chassée dans les règles de l'art.

« Puis-je avoir l’honneur de vous parler en privée s’il vous plaît, votre majesté impériale ? »

La réponse fut sans équivoque.

Non. Pas tout de suite. Pas maintenant. Je crois que rien de ce que vous pourriez me dire ne m'est étranger. Mais quand le repas sera fini, vous aurez loisir de vous faire l'écho de mes pensées loin des oreilles sifflantes de mes Gardes là derrière...


Il fit un geste vague dans leur direction.

... qui, je pense, ont plus de raisons de hurler que vous.


Inutile de dire qu'il avait gardé un ton bas pour que ça ne porte pas au-delà du cercle les incluant, en plus du Grand Loup Chaman Gardien de l'Orek et Protecteur du caillou des Torax ou... enfin bref, le vieil homme loup.

Iserl, merci de ce don. Je vais en apprécier chaque bouchée, en songeant à la manière dont j'amènerais le plat que vous permettra de croquer à pleins crocs mon propre don de chasse.


Poing sur le torse. Il commençait à intégrer le geste primal comme quelque chose de naturel. Être proche de la nature avait quelque chose de trop tellurique pour paraître dépassé ou déplacé. La civilisation apportait un lot de bienfaits, mais d'un artifice tel qu'on en venait parfois à souhaiter les abandonner, au moins l'espace d'une journée.

Les petites clameurs faisant suite à sa sortie maîtrisée se tarirent vite, et il se rassit, non sans avoir salué de la tête et du poing chaque chef de clan qui le regardait avec insistance. Il s'était mis au centre de l'attention, et il allait devoir assumer ses paroles avec des actes d'une grande durée. Passer tout un tas de rites, se fondre dans la culture. Harlon était un diplomate qui mouillait son maillot... et si le séjour ici serait long, peut-être dépassant le mois, il repartirait d'ici aussi Nelvaanien que le Grand Loup koraxeur de cailloux. Fondamentalement, les cultures des uns et des autres, ils les aimaient, mais dans les holocubes qu'il mettait le soir après le travail. Le fait d'aller chasser lui-même, ça lui passait - pour le moment - au-dessus de la tête. Mais il savait ce qu'attendaient les locaux dans la grande majorité des cas, et pratiquer les rites initiatiques était une porte d'entrée solide qui le démarquait de nombre de diplomates impériaux passés, et même présents.

Il devait l'admettre, il avait volé le principe à Leia Organa, qui, à défaut de s'intégrer, faisait des efforts d'empathie pour comprendre les besoins de chacun des peuples qu'elle représentait. Il avait poussé le concept un peu plus loin, simplement. Et ça marchait du tonnerre, pour sûr. Mais bonjour les risques !

Harlon reprit sa dégustation, de bon appétit mais en intense réflexion. Il aurait juré que de la fumée sortait des oreilles de ses Gardes en ce moment précis. L'Empereur à courir les bois, seul et sans escorte. Leur travail s'en trouvait systématiquement à mal avec lui. En mangeant, il devisa avec ses deux compères.

Donc... pour obtenir le droit de chasser, si je comprends bien, l'Orek doit me donner la lance... j'imagine par le biais d'un officiel comme vous, Grand Prêtre... Pardon, Gardien. En quoi consiste ces rites ?


Et enfin, à Helera. Il fallait qu'il sache.

Qu'est-ce que ces... Gorax ?
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By Helera Kor'rial
#33338
Puisqu’il n’y avait pas de questions, Iserl hocha simplement la tête et mit une main sur le cœur. Point d’avantage. L’empereur pouvait croire que le chasseur avait compris de quoi il en retournait, mais dans un monde où le profit n’existait pas, et où entraide était synonyme de survie, les « meilleurs morceaux » n’étaient pas vraiment notion courante. L’empereur dans sa foi inaltérable en lui-même finalement donna réponse à une Helera que la panique était en train de surprendre, dissimulé sous un épais masque forgée par les années d’expérience. « Non », juste « non ». Et il se targuait de savoir de quoi il en retournait.

« Si vous en en êtes sûr votre majesté impériale… » dit-elle d’un air distrait, jetant un regard à sa propre garde d’élite.

Visiblement l’empereur dans sa grande sagesse avait cru bon d’apprendre tous les mœurs de sa planète. A quand la substitution de couronne ? Ce n’était que de la vanité. Et cela l’énervait. Davantage parce qu’elle allait devoir sauver ses petites fesses de nobliaux. Elle espérait si jamais Nelvaan rejoignait l’empire, le moins possible avoir à faire avec ces gens de la haute, se prétendant meilleurs parce qu’ils avaient lu des histoires épiques dans des hololivres. La vie réelle s’écrivait dans le sang et les larmes, pas dans des lignes dématérialisées. Il n’y avait qu’Althar qui sortait du lot finalement. Elle gratifia sa propre pensée en posant sa main droite sur celle d’Althar, pensive. En réalité, elle avait l’impression que l’empereur se croyait en colonie de vacance. Ce qu’il ignorait cependant, c’est que Nelvaan était impitoyable. Entouré de la reine qui parle aux vents et du peuple qui protègent les invités, il n’avait rien à craindre. Dehors, c’était autre chose. Ce n’est pas pour rien que les anciens gris qui vivaient ici avaient plus l’air de mastodontes que des rats de bibliothèques. Pas parce qu’ils étaient idiots, bien loin de là, mais parce que la rudesse du monde ne laissait pas la place à la faiblesse.

Quand il posa la question suivante, Helera leva la main en regardant Booros, qui lui laissa la parole. Autant ne pas déformer le propos.

« Pour chasser au nom de la Grande Mère, vous devez d’abord vous présenter humblement devant elle. Vous irez au cercle des éléments, un a-pic situé au-dessus du village, en passant par la porte que je vous indiquerai à ce moment. Là, les chamans déposeront sur vous des sangsues lames-de-choc, aussi appelées « La voix de la Grande Mère ». Vous verrez à ce moment-là. Elles graveront sur vous les lignes de sa volonté. Qui s’effaceront avec le temps. »

Fallait-il le préciser. Il n’y avait qu’Helera qui avait dédié tout son corps à Nelvaan. La reine avait des obligations. Pire que cela, cela n’avait pas été forcé.

« Ce faisant, Le grand chaman ou moi-même vous offriront la lance du chasseur en bois de sapin. Vous pouvez voir le rang d’un chasseur avec sa lance. Sur chacune, nous accrochons les reliques de nos plus belles prises de chasse. Quand vous êtes prêts et considéré comme chasseur émérite, votre lance est reforgée dans le métal de la montagne. Si vous observez bien, tous les chefs de clan ont une lance de métal, prouvant leur valeur de maître chasseur. »

C’était le cas, à quelques exceptions près pour les clans dont le précédent chef était mort prématurément, ou des clans jeunes. Elle récupéra un morceau de viande tout en expliquant cela puis passa son regard sur les autres Nelvaanien. Helera ne souriait pas, restant concentrée derrière son visage de marbre.

« Ensuite, vous avez le droit de chasser avec la meute. Mais comme votre désir est de tuer seul votre bantha, votre meute sera constituée de vous et moi. Vous le traquerez dans la neige, avec aucun autre équipement que votre lance. Vêtement exclus. Vous aurez au moins votre pantalon, ne vous inquiétez pas. »

Ne pas s’inquiéter d’avoir au moins un pantalon, c’était vraiment un euphémisme. M’enfin …

« Quand vous aurez trouvé votre proie, vous la tuerez en la faisant la moins souffrir possible et … Nous verrons quand nous en serons là. »

Finalement, elle avait réussi à expliquer ce qu’elle avait à faire. Ses gardes n’allaient faire qu’un tour dans leur armure flashi de danseurs de disco. Dernière question enfin. Les Gorax étaient des créatures natives d’endors.

« Les Horax sont des créatures qui vivent dans la montagne. Ils sont les gardiens de la grande mère et protègent ses intérêts. Ils ne descendent que très rarement des montagnes. Ils se nourrissent de chenilles et d’à peu près tout ce qui se trouvent à leur portée. Si vous en voyez un, votre meilleure chance de survie est de rester caché. Ne courrez pas, ils vous rattraperont. Chez les Nelvaan, il y a le rite de l’adolescence, qui voit passer un nelvaan de l’âge d’enfant à adulte. Pour cela, ce dernier doit récupérer un poil d’Horax. »

Bienvenu chez les dures à cuir, Empereur Astellan.
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By Harlon Astellan
#33349
Oh, pensait-elle vraiment donner dans l'original ? Ce n'est pas comme ça que ça marche, Vous avez une idée de ce qui vous attend ?, Pourquoi vous avez fait ça ?, Vous êtes donc si fier pour répondre de cette façon à la connerie de mon mec ?, Vos usages ne sont pas nos usages. Ne venez pas nous donner des leçons !, Et si vous échouez ?, et autres Vous ne savez rien de la chasse !

Autant de questions auxquelles il répondait à chaque fois.

Tout marche comme on veut, pour peu qu'on y croie.
Pour montrer que l'Empire et ses chefs de clan sont méritants devant l'Orek.
Si ça ne tenait qu'à moi, je lui ferais souder les lèvres avec du fil et des aiguilles à cuir.
A ceci près que vos usages ne sont pas les usages de l'Empire. Et pourquoi suis-je là si ce n'est pour une adhésion à un système idéologique de valeurs panimpériales ?
Je n'échouerais pas. Mais dans le cas le plus extrême, il fera que votre peuple ne me reconnaîtra pas comme digne de votre planète. Mais vous, vous êtes là et serez là pour ça en temps voulu.
Rien ? Que croyez-vous que je fais depuis 25 ans ? La politique c'est l'art de commencer au bas de l'échelle, d'être lâché sans préavis dans une jungle compacte où chaque chose peut être un allié le matin et un ennemi le soir, c'est la survie en milieu mouvant avec des gens aux forces hétérogènes, c'est se débrouiller seul pour isoler une proie, la suivre des années durant, et lui bondir dessus d'un coup sans qu'il puisse se défendre au milieu des autres qui regardent impuissants devant votre manifestation de suprématie... Passer de la politique à Nelvaan, c'est passer de la métaphore à la pratique... et si physiquement il aurait pu me manquer quelque chose - ce qui en plus n'est pas le cas ! - c'est un principe et des compétences comme le sont la patience et le sang-froid dont je dispose déjà !

Vous pouvez m'appeler Sire.


Helera avait l'air décomposée.

Nous parlerons dehors quand vous aurez le temps.


La suite paraissait encore plus primale qu'avant.

Des sangsues ? Mais pourquoi faire ? Qu'est-ce qu'elles ont de particulier ?


Mais c'était quoi cet endroit ? Et maintenant il devait aller courir à poil dans la neige ? Il parut dubitatif. Elle allait lui faire croire qu'elle avait retiré ses vêtements et s'était baladé poitrine à l'air pour sa propre chasse, elle ? Les tétons rendus bleux par le froid, à tirer sur les glandes mammaires au rythme de la course ?

J'imagine que cela représente un aspect vulnérable puisque que nous sommes dépouillés de toute protection, en plus de montrer notre humilité devant la Terre Mère.

Me trompés-je, Gardien ?


La suite, croustillante elle aussi, n'éclaira en rien l'image qu'il s'en faisait. On décrivait quelque chose sensiblement terrifiant, mais... qui mangeait des chenilles. Ca devait en faire une bête petite mais terriblement teigneuse. Un genre de lapin qui courait partout et sautait de gorge en gorge, tuant et égorgeant si vite qu'il ne resterait plus qu'à l'éliminer à la grenade.

Dites-moi Helera. Est-ce que votre oncle est ici ?


Réponse ? Au tour du Gardien.

Savez-vous pourquoi nous sommes ici Gardien ? Par nous, j'entends... moi et mon clan.
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By Helera Kor'rial
#33350
L’appeler Sire ? C’était plus court. La possibilité inclue par le verbe sonnait comme un ordre cependant, mais qu’importe. En échange, Helera, dans sa franchise habituelle :

« Vous pouvez m’appeler Helera. »

Cela seulement s’il n’était pas attaché au protocole. L’était-il ? Elle n’en doutait pas une seconde. N’était empereur le premier pécore venu. Helera restait toujours de marbre. Aller discuter dehors n’était pas une si mauvaise idée en soit, et ils auraient pu y aller maintenant. Bien que même si elle avait le temps, visiblement, ce n’était plus son cas les quelques secondes après lesquelles il la prévint de cette intention. Pour l’histoire des sangsues, il est clair qu’elle avait très mal expliqué et devait se mettre à sa place. Pas chose aisée, c’était la première fois qu’elle faisait un historique des rites de son peuple à un étranger. En réponse, elle souleva sa manche droite, jusqu’à la hauteur milieu entre coude et épaule. Le bras présentant alors un tatouage bleuté. Des lignes droites qui parfois tournaient en angles droits de manière aléatoire. Quoi que … Tout cela était la volonté de la Grande Mère après tout.

« Les sangsues laissent une marque bleuté derrière elles au passage sur la peau. Lors de mon accession au rang de reine, j’ai demandé à ce que ces lignes me soient gravées sur la peau. »

Les raisons lui étaient propres, et sauf en cas de question sur ce sujet, elle resterait secrète. Visiblement, la suite de la partie sur la manière de chasser le laissa dubitatif. La discussion avec Helera avait terminé, et il ne s’intéressait plus qu’aux natifs. Un moyen de l’exclure de ce cercle rituel afin de prendre l’ascendant sur le peuple ? Oh si Booros était le gardien de l’Orek, elle en était le maître absolu sur la planète. Nelvaan n’était vraiment pas et ne fonctionnaient pas comme toutes les autres planètes de « primitif ». Mais qu’importe. Booros se gratta la barbe blanchâtre qui descendait de ses babines.

« Vous empereur du Nord voir nous. Nous pas porter protection, jamais. Nous être au plus proche de nature et sentir dans notre corps la Grande Mère. Quand exilé venir sur Nelvaan cependant, eux pas tous poils comme nous pour protéger corps. Mais pas de différence face à la Grande Mère. Eux entraînés, longs longs entraînements pour devenir chasseur. »

C’est là où elle voulait en venir, mais Booros l’expliquait mieux qu’elle. Ne devient pas chasseur celui qui le demande. Helera, avec toute l’expérience qu’elle avait dans le combat et dans la Force, avait mis près de 3 mois à être ne serait-ce qu’accepter dans la meute. Pendant ce temps, elle s’était entraînée à combattre le froid, à se prendre des coups, à endurcir son corps. C’est pour cela que les anciens Gris s’entraînent torse nus. Sensitifs ou pas. Un détail cependant.

« Les exilés c’est nous, les non-natifs, arrivés sur la planète il y a quelques années. »

Hayden Kor’rial, le génie incompris et que l’on ne voulait pas non plus comprendre.

« Non. Il n’est pas ici et n’est même jamais venu. Hayden est ce qu’il est et je préfère qu’il se tienne loin de moi. On m’a trop souvent associés à ses combines. »

Puis vers Booros.

« Pourquoi Empire venir sur Nelvaan ? Je veux pas faire … présomptions. Deux possibilités. Vous peut être chercher en nous un peuple pour alliance mutuelle profitable. Nelvaan pas ressources, rien. Juste peuple. Peut-être vous vouloir échange culture avec nous. Ca être positif si ça être. »

Il but une gorgée de son thé qui prit une éternité avant de continuer.

« Ou alors vous vouloir position stratégique dans Sud des étoiles. Comme ça vous base avant poste contre empire du centre république. Hm… »

Le vieux chaman prit un instant de longue réflexion introspective.

« Question pour moi être plutôt. Pourquoi reine vous faire venir sur Nelvaan ? Ou alors, pourquoi reine avoir confiance en vous pour venir sur Nelvaan, hm ? »

Il haussa un sourcil, Helera esquissa un sourire derrière l’épaule de l’empereur. Elle aimait bien les tics du vieux loup.

« Nous vouloir aller dans les étoiles. Voir les étoiles, voir autres peuples et échanger, oui. Echanger histoires. Moi penser que reine assez confiance en empire du Nord pour faire venir lui ici et créer relation entre nos … heu « clan » ? »
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By Harlon Astellan
#33354
S'il devait un jour l'appeler Helera, ça sera en situation grave.

Comme vous voudrez, majestée.


Harlon se posait des questions sur Helera. A son sujet. Non pas les questions du genre "avait-elle des enfants", "quel était son plat préféré" ou encore "vous préférez payer 10 crédits une coupe de fruits servie dans un gobelet qui au final contient presque exclusivement du melon jaune ou vous contenter d'un sandwich crasseux de viande reconstituée avariée mais pour lequel on vous donne 20 crédits ?". Ce genre de questions définissant la vie des hommes. Des hommes qui... s'ennuient. Ferme.

Un tatouage, comme preuve de communion ? Intéressant.

Permettez.


Il tendit la main pour qu'elle lui donne son bras, qu'il relève un peu les manches pour observer la peau marquée.

Etonnant ces angles bruts... Pour peu l'on croirait un tatouage un peu modernisant. J'aurais pensé la Grande Mère plus... organique, dans ses manifestations physiques.


Les deux pièces du puzzle ne collaient pas. Ces tatouages étaient autres. Helera décidait de lui mentir, ou la Grande Mère était pervertie.

Non, tous n'ont pas de poil. Mais la Grande Mère a décidé de mettre sur la route du chasseur les bêtes dont on se vêtit. Elle vous a donné la capacité de comprendre comment vous en servir pour vous protéger. La Grande Mère vous accorde le don de vous protéger. Pourquoi ne pas le saisir ?


Pourquoi devrait-il partir torse-nu dans la neige ? Il avait eu assez d'une escapade sur Arkania sans chaussettes pour ne pas vouloir ré-itérer. Il devrait ruser, d'une façon ou d'une autre.

Gardien, vous êtes bien au fait de la situation par-delà les astres semble-t-il. Nous sommes en effet en relation... conflictuelle avec une autre fédération de clans planétaires. Mais rassurez-vous, ne nous vous demanderons rien à ce sujet. Il n'est pas dans nos intentions d'attirer sur vous le regard torve de la République.


Mais la suite promettait d'être croustillante.

« Question pour moi être plutôt. Pourquoi reine vous faire venir sur Nelvaan ? Ou alors, pourquoi reine avoir confiance en vous pour venir sur Nelvaan, hm ? »

Un sourire fugace.

Pourquoi, oui. Excellentes questions auxquelles votre Reine, j'en suis sûr, ne manqueras pas de nous répondre.


Car Harlon, celui qui savait tout, qui voulait la remplacer, qui les prenait pour des sauvages, etc, biffez les mentions inutiles, était là après une impulsion très singulière de la Dame Argentée qui s'était prise à dire à brûle-pourpoint "je suis Reine, j'habite là-bas, je veux juste être tranquille". Pour vivre heureux, vivons cachés ?

Oh non. Car rien ne reste secret bien longtemps. Pour vivre heureux, montrons les crocs. Oui, ça c'était plus approprié. Plus lourd de sens et de conséquences.

« Nous vouloir aller dans les étoiles. Voir les étoiles, voir autres peuples et échanger, oui. Echanger histoires. Moi penser que reine assez confiance en empire du Nord pour faire venir lui ici et créer relation entre nos … heu « clan » ? »

Harlon se figea.

Il n'y a rien de bon pour vous dans les étoiles. Nous vous amènerons les histoires lointaines des peuples dont j'ai la charge. Mais si je devais vous conseiller une chose, Gardien... c'est de rester ici.


Que pensait-il trouver au-delà ? Taris ? Il voulait peut-être visiter Taris ? Ou Axxila ? Ou Têta ? Savait-il quelles étaient-elles ? Des planètes bétonnées, remplies de souffre, de cendre sorties des usines qui tournaient jour et nuit, créant à elles seules un cycle de nuit permanent à cause des brouillards de charbon... c'était un premier niveau propre et clair, et des sous-niveau sales, sombres, blafards et puants où déambulaient des âmes en peine, à la recherche d'une dose ou d'un larron à suriner.

Et c'était aussi la vision d'un Gardien qui cherchait un carré de terre pour tenter d'écouter les cris de la Terre sur place. Carré de terre qui n'existait pas. C'était un oxygène qui se coupait d'un coup.

La vie au Nord est sale. Grotesque. Nous acheminerons le meilleur. Mais gardez-vous du pire.


Et ça serait tout. Helera Kor'Rial était sans doute la Reine absolue de Nelvaan. Mais Harlon Astellan était le Maître absolu de l'Empire. Il avait du mal à croire que sa visite n'était que pour le plaisir. Elle voulait monnayer sa tranquillité avec une adhésion. Une façon qu'on lui fiche la paix, à défaut de lui ficher la guerre.

Quel est le statut des célibataires sur Nelvaan ? Comment se déroulent les mariages ? La procréation ?
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