L'Astre Tyran

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Monde glacé battu par les tempêtes de neige, la planète abrite aujourd'hui un mélange de Nelvaaniens et de colons issus de l'Ordre Gris. En effet, malgré son éloignement des grandes lignes hyper-spatiales, Nelvaan est aujourd'hui la capitale d'une jeune et discrète monarchie en expansion dans la Bordure Extérieure.
Gouvernement : De Jure Empire - De Facto Neutre
#33787
« Non. Je n’ai pas cette crainte-là. Contrairement à ce que fut l’ordre gris, je ne suis plus seule. De plus, l’erreur que représenta la présence d’un lien psychique ne sera pas réitérée. »

Une par une, toujours. Et juste répondre à la question. Pas nécessaire de faire de longues phrases d’explications. Comme elle s’en doutait, le rythme augmentait et la journaliste rebondissant désormais sur ses propos. Alors fallait-il ne pas lui donner de quoi l’assassiner sur place. Ce n’était pas son métier, soit, mais elle restait une journaliste. Helera ne comprit pas vraiment la question suivante, ou ce qu’on lui demandait. Cela pouvait être interprété de diverses manières. Helera prit une pause dans l’interview pour réfléchir aux différentes propositions. Pendant cet instant, elle resta figée, regardant la journaliste sans la voir. Finalement :

« Le jour où un peuple jurera notre destruction, il devra répondre de ses accusations devant l’empire et d’abord envers l’empire. Si jamais cette dite personne poursuit néanmoins sur cette voie, je suis prête à faire tout ce qu’il faut pour protéger mon peuple. »

Et la question sur le tapis de l’esclavage. Il fallait y passer, pas le choix. Elle apprit de ce fait que l’empire avait légalisé les ventes d’esclaves, ce qui lui fit prendre conscience que Lok était de toute manière perdue. Vraiment ? Non, perdre n’était pas Kor’rial. Tout ce qui était lucratif dans la vente d’esclave pouvait être remplacé par autre chose. Il y avait toujours une voie de sortie. Mais pour autant, elle ne devait pas brûler tous ses atouts et se perdre en fanatisme devant l’holonet.

« Nelvaan ne fera jamais ni ne commercera avec des esclavagistes. Voilà comment je concilie ces deux aspects. Je considérerai toujours que la possession d’être conscients n’est éthiquement parlant pas clair. Pour autant, on ne change pas les mentalités du jour au lendemain. J’ai porté ce combat sur les champs de bataille, il est vrai, pour me rendre compte que ce n’était pas par la violence que les esprits pourront évoluer. »

Beaucoup ne comprendront sûrement pas ce revirement de pensée, mais ce n’était pas grave. La ligne directrice existait, et ce combat sera porté devant des assemblées de politiciens et à grand renfort de commerce. L’argent guidait le monde paraissait-il, et bien elle allait les arroser. Il faudrait dans le même temps travailler l’empereur au corps à corps. Mais pour ce dernier enjeux, elle avait un autre plan.
#33792
Bon. Ca se passait plutôt bien pour la Reine. Maître d'elle-même, cela promettait des séquences un peu choc mais cordiales. Rien qui ne puisse la descendre en flèche.

Vous renoncez donc à une action violente pour abolir l'esclavage ? Mais ne pensez-vous pas que changer des mentalités, notamment celles de Zygerria, une planète entièrement tournée vers l'élevage d'esclaves, serait quelque peu impossible ?


On pouvait la nommer précisément. Les Zygerriens étaient fiers de leur culture. Leurs pyramides d'or et de diamants, de végétation d'Oasis et d'esclaves élevées pour la beauté et pour les services de maisons de riches Hutts, autres criminels et grandes maisons des secteurs neutres faisaient leur culture pleine et entière. On les disait même capable de briser la volonté des Jedi les plus coriaces en leur temps. C'était dire !

Retournons un peu sur vous. Vous êtes nièce d'un ancien Moff impérial, mais vos éventuelles positions de prestige ont été entachées par une opprobre lancée par un ancien Triumvirat impérial. Maintenant que vous êtes réhabilitée par l'Empereur...


Oui, le reportage serait diffusé dans une à deux semaines, alors forcément, à ce moment, ça serait déjà fait. Qu'on ne s'inquiète pas de parler du futur comme si c'était le présent, surtout quand tout était décidé.

... vous allez revenir dans les arcanes du pouvoir impérial. Mais au-delà du pouvoir confié par l'Empereur et ses sujets les plus fidèles, on parle d'un mariage princier qui allierait votre nom à celui des Fanrel-Keto d'Impératrice Têta. Avec votre titre de Reine de Nelvaan, est-ce une façon d'asseoir une place définitive dans la noblesse galactique ?
#33794
« La violence appelle à la violence. Se lancer en croisade pour abolir un système économique est perdu d’avance, parce que l’on ne joue pas sur le même terrain. Zygerria est un des nombreux exemples de planète dont l’esclavage fait vivre le peuple. Rien n’est impossible pour celui qui croit au bien fondé de ses actions. »

La reine se permit même un sourire à la présentatrice. Pour l’instant, tout se passait bien en effet et il n’y avait pas trop de pépins. On verrait ce que la post-production ferait d’elle. Peut-être qu’ils allaient la tourner en ridicule, peut-être pas. Helera ne connaissait pas Zygerria. Cette planète n’étant pas non plus dans son secteur d’influence, elle n’avait pas à tourner son regard de ce côté. Tout ce qu’elle pouvait faire était d’écouter et promettre de ne rien promettre. Les gens n’avaient pas à savoir et surtout pas les espions républicains qui visionneraient ceci. Ah ! La suite fut sur Althar. Evidemment.

Elle voyait déjà les articles qui disaient qu’elle profitait de son mari pour accéder au pouvoir. Le plus beau dans tout cela, c’est qu’elle n’en avait rien à faire. Il y avait un fond de vérité en plus, car c’est grâce à lui si elle avait pu voir l’empereur, et grâce à lui si elle avait pu présenter Nelvaan en tant que planète impériale. Une promotion canapé comme une autre, et en plus avec son futur mari, alors rien de plus normal. En revanche, la source d’information de la journaliste devait être vraiment bien placée. Sur Nelvaan, personne ne savait, sur Bastion … Il n’y avait eu que l’empereur et quelques gardes rouges. Peut-être fusse lui-même qui avait donnez les questions avant l’entretien, ce qui aurait été très cocasse. L’empire ne se revendiquait pas comme un libérateur des paroles de la presse, mais faire passer la liberté d’expression derrière un contrôle de la plus haute instance était une sacrée idée.

En revanche … Elle aurait préféré l’annoncer à la famille en personne. Là, ils l’apprendraient par le bien de l’holonet. C’était fort peu convenant et renforcerait le sentiment d’insécurité et de gêne lors de la rencontrer avec la maternelle d’Althar. La visite risque d’être haute en couleur. Une habitude après tout.

« Non. Je viens de nulle part, je n’ai pas l’étoffe des nobles de la galaxie. Je ne me prétendrai jamais comme tel non plus. Ce qu’il se passe avec Althar n’est pas lié aux éventuels titres, à la place qu’ils offrent ou encore aux autres avantages. Vous savez, il y a un proverbe sur Nelvaan qui dit la chose suivante : « Seuls comptent les actes ». Je m’accroche à cette idée en me disant que l’on ne peut juger par les titres que l’on a sur la tête, mais par les actions que l’on réalise avec. »
#34393
Il y avait mésentente visiblement. « C'est à dire que votre navigation en politique est assez... irrégulière. Et vos ascensions sont toujours fulgurantes. Une fois venue dans le monde de la politique impériale, les actes ne comptent plus... » Elle réfléchit un instant et se tourna vers la caméra. « Efface ça. » Ils risquaient un procès assez violent si c'était diffusé. « Bien, je pense que nous avons assez de matière pour un Jité. Merci... Reine Kor'Rial. Nous vous enverrons une copie de notre édition avant diffusion, si vous souhaitez réajuster ou refaire une mauvaise prise. » Elle proposa de la raccompagner, lui donna quelques indications de quand ça serait disponible, et retourna vite fait dans la navette qui l'avait amenée, tandis que l'Empereur trônait à côté, finissant de deviser à voix feutrée avec des gens aux habits aussi extravagants que leurs pouvoirs. « Elle s'en va déjà ? Diable, ça veut dire que c'est... » La voix de l'Empereur mourut en voyant une autre femme défiler. « ... sa collègue. Son insupportable collègue. » L'insupportable était laide, mais elle aurait pu s'arrêter là. Au lieu de quoi avait-elle cumulé : papotant tout le temps, pour dire et surtout rien, une voix de crécelle montant pour un rien dans les aiguës les plus stridents, une démarche de boiteuse due à son pied-bot mal soigné, et des lunettes à verre épais qui n'étaient toujours pas remplacés par des prothèses oculaires. Et, bien sûr, l'arrogance typique des femmes qui avaient besoin de rajouter une couche aux raisons de la détester. Tout ceci tendait à la rendre plus laide encore qu'elle ne l'était vraiment. Mais sa réussite et sa carrière étaient assurées : la fille ratée était la nièce du directeur de la programmation de l'Imperial HoloVision. La voie royale pour ne jamais avoir à justifier de ses compétences et pour aller à la retraite sans effort. Harlon aurait pu intervenir, mais il n'avait pas l'envie de s'immiscer dans les moindres petites affaires du peuple médiatique. Tout au plus comptait-il sur un ambitieux pour anéantir la famille entière.

« L'interview s'est bien passée ? Vahrt n'est jamais adepte des questions pièges, sans les épargner. » Il désigna les techniciens déchargeant le matériel petit à petit. « D'ici vingt minutes, tout sera en place. » En espérant ne pas ré-itérer le fiasco d'Arkania. « Cette fois-ci, les questions sont encadrées. Si c'est personnel, si c'est déplacé, si c'est hors-contexte, ne répondez pas. Le journaliste sera sorti et mis en boîte en navette. » Fini les plaisanteries. Retour à l'oppression s'il fallait mettre fin aux stupidités journalistiques. « L'hôte se met à gauche, l'invité à droite. Trois drapeaux sont situés derrière chaque chef d'état, » expliqua-t-il en désignant les draperies qui défilaient au fond, « Deux de la Nation invitée et un de la nation hôte derrière l'hôte, et l'inverse pour l'invité. Pupitres à hauteur égale, mais nous aurons des estrades ajustées pour que nos visages soient à même hauteur. » Il la savait nouvelle dans l'exercice. « La nation hôte parle en premier pour donner ses réalisations, ses objectifs, et sa feuille de route. Si jamais, ses impressions. Rien qui ne doive faire du tapage. Sinon tout tourne court. » Il s'interrompit. « Ca vous va ? »
#34395
Les actes ne comptent plus ? Comment ça les actes ne comptent plus ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Helera fronça les sourcils, tout fut oublié. Non, pas dans son esprit. C’était assez violent pour que cela soit supprimé des ondes. La politique impériale semblait être déterminée par autre chose. La taille de son titre, le nom que l’on portait, la proéminence de ses atouts physiques ? Aucune idée. Helera ne chercha pas à en savoir davantage non plus. Sa ligne de conduite était claire et elle ne changerait pas pour quelconque parade nuptiale inter-nobliaux. Elle était la reine de Nelvaan, pas le pantin de … la politique. Ca non, jamais. N’en déplaisent aux autres. Dans tous les cas, l’entrevue était terminée et elle put enfin se libérer. Quelle plaie tous ces trucs de la télévision. Non, vraiment. C’était une vie purement et simplement pas faite pour elle. Helera raccompagna la journaliste hors du château, lui faisant signe au moment où elle grimpa dans la navette. Aucune idée de la manière de saluer à l’impérial.

L’empereur non loin discutait avec ses gens. La reine attendait sur le bord du pallier, mains jointes au niveau du bassin. Elle furetait du regard ça et là, sans vraiment chercher quelque chose. L’empereur la rejoint, ne s’adressant pas directement à elle, le regard portée par la navette. Helera suivit son geste, pour y voir débarquer une petite femme. Qui visiblement ne portait pas grâce à ses yeux. Etait-ce parce qu’elle ressemblait à un petit cochon, ou parce qu’elle boitait, ou parce qu’elle n’était pas compétente ? Helera haussa un sourcil et se tourna vers l’empereur, sans poser aucune question. Son visage était assez expressif pour ne pas avoir à perdre du temps en mots.

« Très bien, je vous remercie. Nous verrons bien si le peuple impérial veut me décapiter sur l’heure ou m’accepter en son sein. »Répondit-elle.

La reine esquissa un sourire, car dans les faits, elle n’en avait pas vraiment quelque chose à faire de l’avis des gens. Du moment que l’empereur lui offrait protection contre leur haine vindicative pour la nouveauté.

« Vous voulez dire que c’est davantage comme une conférence de presse ? Plusieurs journalistes avec des questions dans tous les sens ? »

Helera n’avait qu’une seule vision de ce genre d’évènement, celle qu’elle s’était créée. Pour ainsi dire, elle ne regardait pas l’holonet ou autre chaine d’information qui aurait pu lui prédire le ton qui allait être donné. L’empereur donna des indications. Le nombre de drapeaux, la hauteur, la taille du slip à porter. Tout cela était affreusement réglementé. Pas de place à l’innovation, au naturel. Ils n’y avaient que des façades présentées. L’exercice semblait périlleux. Anxiogène également. Réalisation, objectif et feuille de route. C’était facile, non ? Non. Il n’y avait pas eu de réalisations concrètes, les objectifs n’étaient pas de ceux qui parleraient à la population. Quant à la feuille de route … C’était quoi cela ? Une sorte de trace qui indiquait un chemin emprunté, mais alors désolidarisé des deux idées précédentes. Cela n’avait aucun sens.

« Cela me va. »

Non, rien ne lui allait. C’était tout flou, réglé au millimètre. La reine ne l’était pas, dissidente, divergente, rien chez elle ne suivait une ligne. Ses mains moites furent frottées l’une sur l’autre afin d’y enlever la gêne qui y perlait. Helera gardait sa contenance, elle avait été entraînée pour après tout. Mais la suite, qui promettait d’être haute en couleur, ne l’enchantait. Son visage fermé le montrait de manière assez précise.

« Quelle question dois-je craindre ? Lesquelles dois-je éviter ? »
#34460
L'angoisse l'habitait. Certes pas l'Empereur du Nord, mais celle qui s'en faisait hôte. Se frottant les mains de sa nervosité mal placée, l'oeil hagard posé sur le matériel qui s'installait dans son antre, tout à coup trop ancien pour accueillir un aussi moderne rassemblement... Pour une heure, l'endroit serait une place de l'étrange, autant qu'aurait pu invoquer un chez-les-autres. Mal placée et mal préparée, à l'aise dans cet environnement comme l'était une esclave dans sa nouvelle cage plus exiguë que la précédente, il importait de lui donner le dernier conseil qui donnerait l'illusion. « Si vous ne vous sentez pas d'être à vos aises, ma chère, » commençait-il sur un ton rassurant, « Posez vos mains de part et d'autre du pupitre, serrez-le et ne les bougez pas. Vous donnerez une image de force et d'assurance devant quiconque. N'ayez crainte ! » De crainte, elle ne devrait pas s'en couvrir. Cette gloire soudaine passerait sous le nez de chacun comme une étoile filante frôlait les satellites. L'instant d'avant elle était inconnue, l'instant d'après, le tiers de la galaxie en verrait le visage, rond et peu émacié, aux cheveux cendrés et aux yeux perçants. Les mâles tomberaient sous le charme, les femelles tomberaient sous la colère. Il faudrait deux jours pour que sa gloire reparte en sens négatif par l'évocation de son fier patronyme. Et d'ici une semaine, une autre figure aura prit sa place. Helera Kor'Rial ne vivrait en Empire que durant une semaine. Elle retomberait aussitôt dans l'anonymat que partageaient les élus, les citoyens, les généraux et les mendiants.

« Oh mais, laissez-moi vous présenter... » Le "petit cochon" s'en venait vers eux, martelant la terre figée de son pied maladroit qui la contraignait à la démarche approximative d'un crabe irradié. « ... Miss Khazavaroff ici présente nous offre tout le panel de ce que la morale condamne... Aucune compétence journalistique, la pertinence d'un chokie séché, le charme d'une verrue d'eopie et bien entendu, tout ce tableau n'est encore valable que grâce au tonton bien placé. » Partie pour bavasser sur sa dernière colique, parler de son hobby favori qu'était la pousse des haricots ou encore des dernières publicités en vogue sur l'Holovision, elle stoppa net son voyage initiatique en territoire du mépris, étant trop inintéressante pour seulement y pénétrer. « Pardonnez-moi, aurais-je été par trop élogieux ? Fichez le camp. Dites à votre oncle qu'une loi portera son nom d'ici une semaine. » Porcelet s'éloigna, laissant Harlon à soupirer. « Là réside le problème... Suis-je fondamentalement contre l'embauche entre membres d'une famille ? Non, l'on peut fort bien se doter d'une famille compétente et travailleuse. Il se trouve parfois des profils d'excellence dans son entourage, et ce n'est pas un mal de les emmener en entretien. Mais est-ce trop demandé d'en exiger le meilleur professionnellement ? Pourquoi le népotisme doit-il souvent se pratiquer aux postes d'exposition, et ne favoriser que les incapables ? Etait-ce trop demandé qu'elle soit compétente à défaut d'être belle ? » Soupira-t-il de plus belle. « Allez, venez-ça. Avez-vous déjà goûté le chokie séché ? Un fruit venu de Tatooine qui ne s'exporte que séché au naturel, posé sur une pierre dans la Mer de Dunes pendant trois jours. Et bien, pour finir, ce fruit n'aura jamais que mille fois plus de saveur que la conversation de ce troll des villes qui va servir de journaliste pour l'HoloVision. » Le bonheur vécu entre ces deux gens - l'une placée par hasard et l'autre au plus haut poste de son Etat - était palpable. « Je vous laisse vous imprégner. » La pièce, autrefois hall de château, se parait maintenant d'une modernité déposée pour l'occasion. En quatre parties, on dévoilait l'agencement : la première, la leur, deux pupitres, soigneusement étudiés pour qu'aucun ne soit supérieur à l'autre. Des marches discrètes pour s'y tenir et y grimper. Helera gagnait quinze centimètres de marches pour égaler Harlon. Les drapeaux, tout. La deuxième partie, c'était un tapis rouge posé devant eux, avec des piliers qui s'étendaient sur les côtés. Discrètement, les agents avaient placé un bouclier anti-matière et anti-énergie comme à chaque apparition publique de l'Empereur. Les tueurs rivalisaient de médiocrité pour leurs meurtres, mais de fait, un tir de sniper suffisait parfois. Il fallait trouver de quoi les stopper net. Ce bouclier hors de prix aux piliers blindés était la solution. Sur les côtés seraient également 4 Gardes Royaux qui regarderaient fixement les journalistes. La troisième partie, c'était, justement, les journalistes. Des chaises posées là, des emplacements lumineux et des postes de recharge de caméras volantes avaient été disposés un peu partout pour les enserrer. Une trentaine de places pour une quinzaine de gens de la presse, forcés de voyager avec les impériaux à bord d'un vaisseau non personnel. Et la dernière partie, un cordon de StormTroopers, d'ordinaire là pour contenir la foule. Présent ici, le cordon seul. Aucune foule à contenir, mais on n'était jamais trop prudent.

« Ce n'est pas du direct. Les relais Holonet ne le permettent pas. Ca nous permet plus d'aise. » Il prit la peine de saluer un à un et une à une les journalistes présents, sans s'attarder, sans même lancer quelque banalité. Le tout pour accompagner Helera à son pupitre. Par instinct, il l'aida à monter en lui tenant le creux des reins de sa main caleuse, sans gêne particulière. « Les mains sur le pupitre, serrées pas trop fort. Prenez de bonnes inspirations, parlez d'un ton égal, et tout ira bien. » Parce qu'il fallait lui remettre l'idée en place : elle parlerait en premier.
#34466
Le conseil n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Ses lèvres bougèrent sans aucun son, répétant prophétiquement les mots qu’on lui avait donné. Ne pas avoir peur … Ce n’était pas vraiment de la peur. La peur, c’était dans les grottes bercée des années par le côté obscure. C’était face à une horde de monstres, prêts à vous déchiqueter le bras ou encore sous les bombardements aléatoires d’une flotte pirate. Dans le cas présent, il n’y avait qu’une boule qui dans son ventre la tétanisait. Une sphère qui prenait la place de ses enfants jadis et qui, bien qu’aussi inconfortable, n’avait pas le côté magique qu’incombait sa présence. Le futur que présageait cette insupportable gêne ne ressemblait à rien qui ne soit comparable à ses enfants, en fait. C’était une peur irréelle, ce genre de sentiment qu’une reine, qu’une mère et qu’une sensitive accomplie n’avait pas le droit de ressentir. Helera prit une grande inspiration puis souffla lentement.

On vint vers eux. La petite dame bedonnante assimilable à un crabe qui aurait oublié de marcher de côté. A la présence de la Miss, Helera inclina la tête, sans mot dire. Ne voulant pas tenter d’épeler ce nom bien trop compliqué pour la langue. Mais aussi étonnant, bien que cela ne la surprise qu’à moitié, voilà l’empereur qui l’invectivait de tous les noms. Si la madame ne perdit pas son sang-froid, c’est Helera qui perdit contenance. Il n’était pas usage dans son royaume de dévaloriser ainsi une personne. Même si cette dernière était malformée. Dans le cas présent, elle avait l’impression de prendre part aux insultes de l’empereur, derrière le mutisme dans lequel elle s’était enfermée. Helera en rougit, peut-être un peu trop, d’ailleurs. Cela la mettait bien plus mal à l’aise que n’importe qu’elle autre situation, à cause de sa soudaineté. La reine ne s’était pas préparée à ce genre de gratuité. La journaliste continua néanmoins et tenta d’entamer le dialogue. Peine perdue, l’empereur guettait, et la renvoya dans ses buts. Helera resta muette et tenta de lui expliquer la logique à tout ceci.

L’incompétence. Tout tournait autour de ce concept qui faisait la différence entre une grande nation, et sa rivale apathique. C’est ce qui distinguait par ailleurs les Jedi des Gris, sans vouloir remettre de l’huile sur le feu. Sa remarque mentale eut au moins pour résultat de lui étirer un sourire. Elle les aimait bien ces gens du grand temple, du moment qu’ils n’essayaient pas de lui parler. Toute exception faite d’illustres personnages en leur sein, cela va de soi. Quoi qu’il en soit, l’empereur ne demanda pas de réponses particulière et la Reine ne se sentit pas à son aide d’entrer dans ce genre de débat. Lui avait de quoi juger, elle non. Et seuls comptent les actes. Hors, actes, il n’y en eu pas en preuves.

« Non, je ne connais pas, votre majesté impériale. Je ne suis que peu allée sur Tatooine. Et les seules fois ne m’ont pas laissé de bons souvenirs. »

Enfin, il la mena sans qu’elle ne s’en rende compte vraiment vers le hall de sa propre bâtisse. Comme quoi, les conversations lui avaient fait perdre la direction. Ce qui fut authentique à ses yeux, était devenu un ramassis de machines, de droîdes, de bipbip dans tous les sens et de lumière ça et là. Les ordinateurs sur le côté qui guidait les robots, les piliers de part et d’autres, la lumière artificielle devant les deux pupitres. C’était le voile de l’illusion qui nappait l’endroit, son endroit. C’était … moche. La reine haussa les sourcils :

« Cela fait bien longtemps que je ne me suis pas retrouvée dans pareille univers, je dois vous l’avouer. »

Il y avait bien les vaisseaux de commandement, qui, à près de vingt pourcent de ressemblance, pouvaient correspondre. Mais sinon … Sinon, c’était juste un amas d’appareilles électroniques, du fond de temps pour les esprits impériaux. Ainsi allait le premier siècle de ce calendrier impérial. Ce qui avait toujours été, fallait-il le préciser. Au moins, elle reconnut quelques visages familiers, notamment les gardes tempêtes non loin des soldats impériaux, dont le but était le même que leur homologue, avec une tête de plus. Quelques Nelvaaniens étaient également présents sur place parmi la foule. Veillant également au bon déroulement.

« Ah ? Très bien alors. »

Cela la rassura quelque peu. Elle avait droit à l’hésitation, qui serait coupé au montage. La reine suivit le grand gaillard au séant assez dur pour y passer son temps dessus. Saluant de la tête, avec quelques esquisses de sourire, rien de plus, les personnes qui devaient lui poser des questions et la pousser dans ses
retranchements. Finalement, il l’aida à monter délicatement, tandis qu’elle se retourna quand il posa ses mains sur ses hanches, concluant que c’était la manière dont les gentils hommes procédaient dans l’empire. Elle lui lança alors un sourire, s’inclinant très légèrement au niveau des genoux pour le remercier. Alors il ne restait plus qu’à se concentrer.

La reine posa doucement ses doigts fin sur les bords du pupitre, regardant une à une les deux extrémités pour s’assurer qu’elles étaient en ordre. Son regard se porta ensuite vers son interlocuteur du Nord, attendant qu’il prenne place à son tour. Puis le signal du démarrage retentit au fond de la pièce, avec le compte à rebours lié. Elle prit une grande inspiration, mit ses pieds bien à plat sur l’estrade et souffla.

« Bonjour à tous. Je vous remercie d’être venus si nombreux sur Nelvaan. C’est avec honneur que nous accueillons sa majesté impériale et son personnel pour la ratification du traité d’adhésion de la planète au sein de l’empire. Nelvaan est une planète jeune qui a à cœur le respect de ses traditions ancestrales qui perdurent depuis des siècles. Tout autant que le respect de ses tierces, de son environnement et toutes les valeurs qui en découlent. Des valeurs à la fois Nelvaaniennes, liées au peuple. A l’incitation donnée au dépassement personnel, à la performance collective. Mais également à son environnement, pour lequel il est porté un très grand respect, pour une utilisation raisonnée de ses ressources. Des valeurs que nous avons aujourd’hui retrouvées dans le mode de vie et de pensée de l’empire galactique. Avec lequel nous voulons travailler, pour l’ascension de nos deux cultures. Pour la mise en commun de nos savoirs et pour toute l’expertise que le peuple Nelvaanien pourra proposer à cette grande nation qu’est celle de l’empereur Astellan. »

Elle se retourna vers l'empereur, attendant de voir sa réaction. Il aurait même droit à un sourire si c'était positif. Sinon, ce serait visage fermé.
#35561
On la jetait dans une cage. Une image, avec un son, qui sortent de concert sur des écrans de par la galaxie, cela forgeait ce qu'on y disait. Mensonges et vérités. La vérité devenait-elle un mensonge quand on la déformait ? Non. Le mensonge devenait une vérité quand tout le monde se persuadait que c'était très bien ainsi. Cela serait le cas quand il aurait fini avec cet endroit. Une plaine givrée avec des châteaux et des grottes à primitifs. Bucolique, et Ô combien énervant à long terme. Helera. La laisser discourir. Improviser, relire ses notes mentales, qu'importe. Ce qui comptait, c'était le dernier mot de l'Empereur.

« Je ne peux qu'être... reconnaissant envers le peuple Nelvaanien et à sa Reine de son accueil, et de son dévouement. Cette jonction de nos deux cultures montre à quel point la compatibilité entre les valeurs de l'Ordre Nouveau et celles de peuplades traditionalistes. Et c'est pour la préservation de ces étendues sauvages que l'Empire a décidé, par le biais de son organe indépendant... » souligna-t-il, emphase mise sur le mot "indépendant", comme un défi pour ses détracteurs, « ... de lui accorder de nombreux statuts lui permettant de conserver son sol et ses coutumes intacts. » Et ainsi venait le piège. « C'est pour cela que les garnisons impériales ne demeureront qu'en orbite haute, sur des plate-forme spatiales, et que seul un camp de transit sera aménagé, loin de tout centre d'importance naturelle. Ainsi les garnisons, les ravitaillements et les lignes de circulation hyperspatiales ne perturberont aucune tradition locale. »

Pensaient-ils se priver d'un pas impérial permanent ? Une plate-forme Sud, consentante, comme un tremplin vers d'autres secteurs plus attractifs. Il faudrait forcément composer avec une garnison. Quelques régiments de Troupes de Choc, une flotte de combat mobilisée en permanence, une station gargantuesque qui obstruerait le soleil à certaines heures... L'Empire laissait le sol couvert de sa neige à fondre. Il n'allait pas pour autant se faire oublier. Passer dans un giron aussi marqué venait avec quelques devoirs basiques. « Je remercie par avance la Reine Kor'Rial pour l'accueil chaleureux qui sera fait à sa première garnison permanente professionnelle, chargée de la défense de ses décisions face à un ennemi qui ne frappe plus la coercition, mais la différence. » Traitez-le d'hypocrite, allez-y ! Il en jouait, et il aimait ça. La diffusion de ce genre de message subliminal, tordu dans le sens qui convenait, remportait plus de bataille qu'une dizaine de ses légions. « Que l'Empire se réjouisse de l'apport noble et fort du peuple de Nelvaan. » conclut-il, abruptement. Le signe qu'il fit sonna la fin de l'interview. Il resta un moment en place, les yeux dans le vague. « Vous avez été très bien. » Il parlait à Helera. « Très naturelle. Les citoyens apprécieront. »
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