- dim. 3 févr. 2019 19:35
#35033
Ambiance
« Qu’est ce que tu regardes ? »
Perchés sur l’a-pic de Nelvaan, faisant face à cette immensité glaciaire, le régent et frère de la toute puissante observait non sans jugement. La ville en contre bas grouillait d’activité, celle de Nelvaan, celle qui était assez pure pour ne pas avoir à souffrir de la cacophonie des villes modernes. En revanche, au fond, il y avait cette frégate. Dans les vastes plaines où paturaient habituellement les banthas, il y avait cette immondice de métal. Un atterrissage d’urgence nécessaire pour des réparations tout aussi urgente. Un moteur avait laché, soudainement. Le liquide de refroidissement avait gelé, faisant éclater les tuyaux à cause de la différence d’état du fluide. Le moteur avait alors surchauffé rapidement, provoquant une explosion dans la chambre de combusion du propulseur ionique, remontant jusqu’au générateur auxiliaire. La brèche avait été automatiquement colmaté par la régulation, et le vaisseau avait dû se poser. Par manque de place cependant dans la montagne, ils avaient dû choisir la plaine. La logistique pour réchauffer l’engin était affreusement lourde en homme et en énergie. Le générateur de la montagne avait été redirigé pour alimenter un bouclier thermique qui recouvrait l’immense structure de plusieurs centaines de mètres.
« Nous sommes incapables de gérer l’urgence. Regarde-les. Ils se battent contre les éléments comme des chiens contre la bête. Helera aurait pu gérer cela, mais elle est la seule. Et elle n’est pas là. »
« Tu ne peux pas lui en vouloir de ne pas être présente. »
La tête barbue tourna lentement vers la femme aux cheveux de sang. Il étira un bref sourire et entoura de son bras, le dos de la femme. Cette dernière portait ses deux mains sur son ventre bedonnant dont le nombrile trahissait son existence sous l’épaisse couche de collant hypothermique.
« Ce n’est pas ce que je veux dire. Elle est plus puissante que nous tous réunis et elle sait se rendre indispensable. Cet accident n’aurait pas dû arriver. Llanic ne permet pas de nous auto-suffire car nous ne la contrôlons pas. Je ne parle pas des menus courses Lyanna, je parle d’autosuffisance industrielle, de maintenance. Les compétences sont là, mais il n’y a pas de matériel. »
De nouveau, il tourna la tête vers un Nelvaanien qui s’affairait à porter des boites rectangulaires en plastoïdes, marquées du sceau de l’empire. Devant lui, un impérial qui vociférait des ordres, trop faibles pour se sortir les doigts de sous son manteau. Nelvaan n’était pas fait pour ces gens là. Le frère porta sa main droite à sa bouche, attrapant entre ses dents le long tube qui se terminait en cheminée. Tout le long, des enluminures, des gravures venus d’un autre temps. Peinte en bleu nelvaanien, décrivant des lignes aléatoires, toutes perpenciculaires les unes aux autres, jusqu’à terminer vers la sphère à l’autre bout. De cette dernière, et part les nombreux trous qui y étaient percés, une douce fumée s’y échappait, celle du pin humide et de la feuille de Gatrahla, cette plante poussant dans les steppdes gelées aux allures d’orties. Plusieurs fois il frappa ses dents contre le bois.
« Elle va mal, elle est seule. Tout comme nous sommes seuls. Regarde-les, se prendre pour des colons, méprisant nos existences différentes de la leur. Quand je suis allé la voir, j’ai vu une femme fatiguée, ravagée. La Force n’a pas cours dans la ville d’acier. Sans elle, Helera ne peut pas s’en sortir. »
De nouveau ses dents claquèrent contre le bois. Il aspira lentement sur sa pipe et en recracha la fumée. Dans son dos, il senti la main de sa conjointe. Son corps se rapprocha du sien. Elle avait le don pour l’apaiser.
« Helera est forte. Elle s’en sortira, comme elle le fait toujours. Et nous … »
Elle laissa sa phrase en suspens. Loran la termina.
« Et nous, nous allons nous adapter. »
L’atmosphère était humide, les torches n’arrivaient qu’à peine à étouffer les allées et venus des bourrasques de vents. Ces dernières emmenant avec elles leur lot de neige et de quelques gravats. Le simple tissu qui parait l’entrée se décrochait régulièrement, et il fallut l’attacher au sol par des ficelles de pailles tressés. La porte était restée ouvertes, lourde comme deux banthas, et personne ne semblait enclin à vouloir la refermer. Ce vent avait sur les esprits quelques choses de rassurant, de familier. Les visages étaient noirs, éteints, regardant avec insistance la carte qu’ils avaient sous les yeux. Non pas des cartes holographiques, ni même des plans interactifs. Juste une peau de bête, étalées sur la longue table des festins. Trop peu utilisés pour que l’on y repère les marques de griffes qui en ornaient les surfaces. Sept silhouettes autour de ce rectangle de bois. Quatre assises, et trois debouts. Toutes des personnalités bien connues. Loran, penché à même le dessin, représentant points et lignes, reliés entre elles. L’adacape Kyle Lane, blouson de cuir, par-dessous bonnet et anoraque, reconnaissable par sa mèche sur le côté. Arnbjorn, petit et trapus, les deux poings sur le bois. Rialine Mataas, nouvelle venue dans le groupe, mais pas dans le cercle très privés des entrepreneurs du cercle, désormais Nelvaan. Elle était la directrice de Enerplus, dont le siège était dans les colonies. Juxen évidemment était là, avec ce même style que l’adacap, mais sans les épaisseurs. On voyait à son visage qu’il n’appréciait pas du tout le changement de température. Augure et Carn se tenaient en retrait derrière le régent. Ce dernier recracha une volute de fumée.
« Ce qu’il se passe, c’est que toutes ces routes sont surement surveillées. L’empire n’a en revanche pas de garnison sur les autres planètes. Il n’y a que Nelvaan qui est « protégée ». »
« J’veux bien qu’on joue le secrets garçon. J’serai toujours partant pour ça. Mais tes planètes, elles sont connues. Suffit que l’empereur pique sa crise et ton caillou redevient poussière. Ce n’est pas défendable ces choses là. »
Loran plaça son index sur le point représentant Nelvaan, puis se décalla vers Tythe. Enfin, il alla jusqu’à Delchon. Un triangle dont l’hypothénuse était bien trop grande. Pour autant, si on traçait les trois bicetrices des angles, on arrivait à un point. Un code pour s’en souvenir sans doute. Plusieurs fois il tapota la zone.
« L’empire ne va pas apprécier que l’on fasse cela. »
« Vraiment ? » Il haussa un sourcil, pas certain de devoir prendre la remarque.
Sous sa bure de Jedi, il était probablement le seul qui portait le symbole des crimes de l’empire. Helera de l’autre côté de la galaxie se battait pour contrer d’autres crimes du même genre de se reproduire. Le Jedi était catégorique pourtant sur la nécessité d’agir ici.
« J’vois rien ici. Tu imagines la technologie, la logistique et tout ce qu’il faudra mettre en place pour construire un truc là bas ? »
Il n’eut pour seule réponse le vent battant dans le tissu. Des pas résonnèrent au loin. Deux pairs, pour être exacte. Les yeux se levèrent où se retournèrent devant les nouveaux arrivants. L'un sous sa capuche, l'autre reconnu. L’amiral Maîev se tenait là, dans sa tenue militaire impeccablement soignée. A côté de lui, l’homme aux milles traîtrises, évitant la potence qui l’attend dans les trois quarts de la galaxie. L'homme défiguré, traqué, poursuivi, considéré mort puis fou. L'homme qui ajusta son nœud papillon, étira un grand sourire et épia chacun des membres de l’assemblée. Dans un mouvement de main, il retira la capuche qui ornait sa tête.
« Salut ici. J’espère que je vous ai manqué. »
« Qu’est ce que tu regardes ? »
Perchés sur l’a-pic de Nelvaan, faisant face à cette immensité glaciaire, le régent et frère de la toute puissante observait non sans jugement. La ville en contre bas grouillait d’activité, celle de Nelvaan, celle qui était assez pure pour ne pas avoir à souffrir de la cacophonie des villes modernes. En revanche, au fond, il y avait cette frégate. Dans les vastes plaines où paturaient habituellement les banthas, il y avait cette immondice de métal. Un atterrissage d’urgence nécessaire pour des réparations tout aussi urgente. Un moteur avait laché, soudainement. Le liquide de refroidissement avait gelé, faisant éclater les tuyaux à cause de la différence d’état du fluide. Le moteur avait alors surchauffé rapidement, provoquant une explosion dans la chambre de combusion du propulseur ionique, remontant jusqu’au générateur auxiliaire. La brèche avait été automatiquement colmaté par la régulation, et le vaisseau avait dû se poser. Par manque de place cependant dans la montagne, ils avaient dû choisir la plaine. La logistique pour réchauffer l’engin était affreusement lourde en homme et en énergie. Le générateur de la montagne avait été redirigé pour alimenter un bouclier thermique qui recouvrait l’immense structure de plusieurs centaines de mètres.
« Nous sommes incapables de gérer l’urgence. Regarde-les. Ils se battent contre les éléments comme des chiens contre la bête. Helera aurait pu gérer cela, mais elle est la seule. Et elle n’est pas là. »
« Tu ne peux pas lui en vouloir de ne pas être présente. »
La tête barbue tourna lentement vers la femme aux cheveux de sang. Il étira un bref sourire et entoura de son bras, le dos de la femme. Cette dernière portait ses deux mains sur son ventre bedonnant dont le nombrile trahissait son existence sous l’épaisse couche de collant hypothermique.
« Ce n’est pas ce que je veux dire. Elle est plus puissante que nous tous réunis et elle sait se rendre indispensable. Cet accident n’aurait pas dû arriver. Llanic ne permet pas de nous auto-suffire car nous ne la contrôlons pas. Je ne parle pas des menus courses Lyanna, je parle d’autosuffisance industrielle, de maintenance. Les compétences sont là, mais il n’y a pas de matériel. »
De nouveau, il tourna la tête vers un Nelvaanien qui s’affairait à porter des boites rectangulaires en plastoïdes, marquées du sceau de l’empire. Devant lui, un impérial qui vociférait des ordres, trop faibles pour se sortir les doigts de sous son manteau. Nelvaan n’était pas fait pour ces gens là. Le frère porta sa main droite à sa bouche, attrapant entre ses dents le long tube qui se terminait en cheminée. Tout le long, des enluminures, des gravures venus d’un autre temps. Peinte en bleu nelvaanien, décrivant des lignes aléatoires, toutes perpenciculaires les unes aux autres, jusqu’à terminer vers la sphère à l’autre bout. De cette dernière, et part les nombreux trous qui y étaient percés, une douce fumée s’y échappait, celle du pin humide et de la feuille de Gatrahla, cette plante poussant dans les steppdes gelées aux allures d’orties. Plusieurs fois il frappa ses dents contre le bois.
« Elle va mal, elle est seule. Tout comme nous sommes seuls. Regarde-les, se prendre pour des colons, méprisant nos existences différentes de la leur. Quand je suis allé la voir, j’ai vu une femme fatiguée, ravagée. La Force n’a pas cours dans la ville d’acier. Sans elle, Helera ne peut pas s’en sortir. »
De nouveau ses dents claquèrent contre le bois. Il aspira lentement sur sa pipe et en recracha la fumée. Dans son dos, il senti la main de sa conjointe. Son corps se rapprocha du sien. Elle avait le don pour l’apaiser.
« Helera est forte. Elle s’en sortira, comme elle le fait toujours. Et nous … »
Elle laissa sa phrase en suspens. Loran la termina.
« Et nous, nous allons nous adapter. »
L’atmosphère était humide, les torches n’arrivaient qu’à peine à étouffer les allées et venus des bourrasques de vents. Ces dernières emmenant avec elles leur lot de neige et de quelques gravats. Le simple tissu qui parait l’entrée se décrochait régulièrement, et il fallut l’attacher au sol par des ficelles de pailles tressés. La porte était restée ouvertes, lourde comme deux banthas, et personne ne semblait enclin à vouloir la refermer. Ce vent avait sur les esprits quelques choses de rassurant, de familier. Les visages étaient noirs, éteints, regardant avec insistance la carte qu’ils avaient sous les yeux. Non pas des cartes holographiques, ni même des plans interactifs. Juste une peau de bête, étalées sur la longue table des festins. Trop peu utilisés pour que l’on y repère les marques de griffes qui en ornaient les surfaces. Sept silhouettes autour de ce rectangle de bois. Quatre assises, et trois debouts. Toutes des personnalités bien connues. Loran, penché à même le dessin, représentant points et lignes, reliés entre elles. L’adacape Kyle Lane, blouson de cuir, par-dessous bonnet et anoraque, reconnaissable par sa mèche sur le côté. Arnbjorn, petit et trapus, les deux poings sur le bois. Rialine Mataas, nouvelle venue dans le groupe, mais pas dans le cercle très privés des entrepreneurs du cercle, désormais Nelvaan. Elle était la directrice de Enerplus, dont le siège était dans les colonies. Juxen évidemment était là, avec ce même style que l’adacap, mais sans les épaisseurs. On voyait à son visage qu’il n’appréciait pas du tout le changement de température. Augure et Carn se tenaient en retrait derrière le régent. Ce dernier recracha une volute de fumée.
« Ce qu’il se passe, c’est que toutes ces routes sont surement surveillées. L’empire n’a en revanche pas de garnison sur les autres planètes. Il n’y a que Nelvaan qui est « protégée ». »
« J’veux bien qu’on joue le secrets garçon. J’serai toujours partant pour ça. Mais tes planètes, elles sont connues. Suffit que l’empereur pique sa crise et ton caillou redevient poussière. Ce n’est pas défendable ces choses là. »
Loran plaça son index sur le point représentant Nelvaan, puis se décalla vers Tythe. Enfin, il alla jusqu’à Delchon. Un triangle dont l’hypothénuse était bien trop grande. Pour autant, si on traçait les trois bicetrices des angles, on arrivait à un point. Un code pour s’en souvenir sans doute. Plusieurs fois il tapota la zone.
« L’empire ne va pas apprécier que l’on fasse cela. »
« Vraiment ? » Il haussa un sourcil, pas certain de devoir prendre la remarque.
Sous sa bure de Jedi, il était probablement le seul qui portait le symbole des crimes de l’empire. Helera de l’autre côté de la galaxie se battait pour contrer d’autres crimes du même genre de se reproduire. Le Jedi était catégorique pourtant sur la nécessité d’agir ici.
« J’vois rien ici. Tu imagines la technologie, la logistique et tout ce qu’il faudra mettre en place pour construire un truc là bas ? »
Il n’eut pour seule réponse le vent battant dans le tissu. Des pas résonnèrent au loin. Deux pairs, pour être exacte. Les yeux se levèrent où se retournèrent devant les nouveaux arrivants. L'un sous sa capuche, l'autre reconnu. L’amiral Maîev se tenait là, dans sa tenue militaire impeccablement soignée. A côté de lui, l’homme aux milles traîtrises, évitant la potence qui l’attend dans les trois quarts de la galaxie. L'homme défiguré, traqué, poursuivi, considéré mort puis fou. L'homme qui ajusta son nœud papillon, étira un grand sourire et épia chacun des membres de l’assemblée. Dans un mouvement de main, il retira la capuche qui ornait sa tête.
« Salut ici. J’espère que je vous ai manqué. »