L'Astre Tyran

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Monde glacé battu par les tempêtes de neige, la planète abrite aujourd'hui un mélange de Nelvaaniens et de colons issus de l'Ordre Gris. En effet, malgré son éloignement des grandes lignes hyper-spatiales, Nelvaan est aujourd'hui la capitale d'une jeune et discrète monarchie en expansion dans la Bordure Extérieure.
Gouvernement : De Jure Empire - De Facto Neutre
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By Helera Kor'rial
#36532
La reine haussa un sourcil quand l’agent reprit la parole. La coïncidence voulut que ce fût à ce moment qu’elle passa dans son dos. L’air de rien, elle jeta sur lui ses yeux océans sans, d’une naïveté exacerbé. Si elle entendait son agacement, elle n’en comprit pas l’origine. Ses paroles voulaient être insultantes ? Elle avait dénigré son travail ? Non, non, il y avait du dialogue et seulement du dialogue, ne pensant pas à mal si jamais elle exprimait son désaccord. L’empereur ne laissa cependant pas poursuivre l’échange et le congédia. Les yeux royaux se rétrécirent en suivant cet agent des renseignements, cherchant à percer le mystère de son état, en vain. Encore une fois, cet incident serait laissé sur le compte de la différence culturelle. Rien d’inquiétant en soi. Enfin, ce fut au tour de l’empereur de prendre la parole. Pour dire très exactement ce qu’il avait dévié un discours plus tôt. Etait-ce pour la tourner au ridicule, que d’aller à chaque fois contre la confiance qu’elle plaçait en lui ? Voulait-il simplement les faire tourner en bantha, les rabaisser, parce que leur culture était différente, et que la leur, primitive ?

La reine joignit les mains dans son dos et resta stoïque, le visage fermé, plantant ses phares d’azurs dans les siens, sans sourciller ni cligner. Les chefs de guerre ne comprenaient pas tous les mots prononcés ni les subtilités de la langue et des temps utilisés dans l’empereur. Aussi ne comprirent-ils pas réellement qu’il les sermonnait. De l’autre côté, l’empereur ne comprenait pas qu’ils n’étaient qu’amour et compassion. Que leur simple existence était tourner vers l’entre aide et que même si un ennemis passé venait à sombrer, ils présenteraient patte pour les aider. Personne ne comprenait rien, sauf Helera, qui voyait et percevait les deux aspects. Qui prenait le recul nécessaire, qui n’était toujours et rien de plus de que l’effigie de la neutralité, le côté entre les camps, la compréhension par-delà les dogmes. Mais de nouveau, elle ne dit rien, intimement convaincue que personne ne tendrait l’oreille pour l’écouter. Pas plus qu’elle ne présenta d’excuses ou de justifications à ses actes. Cela n’aurait rien de sincère.

Aussi ne réagit-elle qu’avec son titre impérial, celui qui soulignait sa soumission volontaire à l’empereur. Elle inclina alors respectueusement la tête et se retourna vers l’assemblée.

« Merci d’être venus et d’avoir écouté. Tinkyla saura apprécier votre présence autant que nécessaire. »

La reine s’exprimait avec beaucoup de gestes, agrémentant ses paroles en basic afin d’orienter les Nelvaaniens. Elle patienta de nouveau pendant qu’ils quittèrent la salle puis se dirigea lentement vers le chaman, immobile sur sa canne. Elle prit sa main dans la sienne et l’entoura avec la deuxième.

« Peux-tu préparer un rite d’adhérence au clan, je te prie. »

Il écarquilla les yeux mais compléta plus bas.

« Je veillerai sur lui. »

Enfin, elle revint vers l’empereur, toujours sans aucune émotion autre que celle qu’on lui avait ordonné de montrer.

« La même chambre que lors de votre dernier séjour a été préparée. Vous y trouverez l’uniforme cérémonial à revêtir. Il y a également un pot de bois entouré de tresses de pailles. Dedans est conservée une pate blanchâtre aux effluves mentholés. Je vous conseillerai de l’appliquer partout sur votre corps. Je me permets d’insister en vous conseillant vraiment d’y aller de bon cœur et n’y laisser aucune zone vide. Cela vous permettra de résister un peu mieux au froid, car comme vous pourrez le constater, l’uniforme n’a qu’un pantalon de lin. »

Autrement dit, le torse était à l’air libre et chaque extrémité seraient sujets à la morsure du froid. Si la triche pouvait être réalisée avec des équipements de Shadow troopers en collant, aucune possible sur le torse. Tout l’enjeu du rite était de se présenter humblement devant la grande mère et devant le clan. Suite à cela, elle prit congé pour se préparer elle-même à la grande aventure, qui, sans nul doute, serait enrichissante. Elle demanda à l’empereur de la retrouver au cercle des éléments, la zone des rites où la cérémonie avait eu lieu, quelques heures plus tôt.




C’est au bout d’une heure supplémentaire qu’elle se présenta au cercle. Les cheveux attachés dans la nuque. Au niveau du torse, elle ne portait rien, si ce n’est une longue bande de tissus enroulé plusieurs fois au niveau de la poitrine. Sur son bras droit, un énorme tatouage bleuté saillait, du poignet jusqu’à l’omoplate. Il n’était que des lignes et des angles droits, ne représentant rien de particulier. En guise de pantalon, celui qu’elle utilisa jadis, tellement fin qu’il n’existait presque pas. Car normalement, les poils du Natif lui permettaient naturellement de résister aux températures froides. Aussi n’avaient-ils pas voulu y faire des exceptions avec les aliens, démontrant alors que tous les habitants de Nelvaan n’étaient pas une milice de basse campagne. A sa ceinture pendait un double sabre laser, avec du cuir et des ornements qui l’aurait fait passer pour un grigri souvenir que l’on vendait sur Hutta. Le vent s’était encore levé et les flammes du foyer au centre du cercle des éléments dansaient à vive allure. Autour d’eux, le brouillard était opaque et cruellement mortel. Booros, le chaman, attendait assis sagement en tailleur et portait à son regard ce qu’il tenait au creux de ses mains. Quelques nelvaaniens étaient présents et probablement les soldats de l’empereur. Elle s’adressa à lui :

« La première étape consiste à se prosterner devant la grande mère et de laisser sa voix vous transcender. La deuxième étape nous verra partir dans les montagnes au Nord, y chercher le royaume des Horax. Votre objectif sera alors d’y récupérer des poils de queux. La dernière étape nous verra revenir pour le jugement final. »

Autrement dit, plusieurs jours à crapahuter et à s’agenouiller devant le ciel. C’était une voie de l’abnégation, mais surement pas celle d’un empereur. Il était toujours temps de reculer.
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By Harlon Astellan
#36610
Le "Conseil de Guerre" des hommes loup prit fin, pour commencer sur une lancée de bonnes nouvelles. Harlon ne bronchait pas, ni ne tremblait sous le coup du froid environnant. Bastion était une planète de climat doux, et ses visites ne le portaient jamais trop sur les planètes qui offraient froid et humidité. Si on faisait exception d'Arkania. Ses tenues le gardaient au chaud. l'idée de se mettre en pagne, complètement exposé... Il fallait qu'il montre sa domination. Mais pour ça, il aurait des aides. Cette pâte présentée par la Monarque ferait peut-être office de protection. Il n'allait pas se défiler devant ça. Mais surtout, il allait tricher. Grâce à une petite capsule à avaler, payée à coups de centaines de milliers de crédits par capsule. Une expérience réussie du Départiement Impérial de la Recherche Militaire, qui avait trouvé un composé à même de maintenir un corps humanoïde au chaud, sans vêtement, pendant une durée s'étalant sur une journée. Et au-delà de la sensation de chaud, il évitait les risques hypothermiques sur une durée bien supérieure, allant de deux jours à une semaine selon les métabolismes. Mais le coût d'une seule dose pouvait permettre de commander dix TB-TT, leur équipage, leur commandement et leur escorte de Marcheurs. Et si on avait émis l'idée d'en mettre une dose de réserve dans chaque équipement des officiers du Haut-Commandement, on avait vite abandonné cette idée, préférant garder les officiers supérieurs à l'abri du danger du terrain.

Mais le composé existait encore, et l'Empereur avait demandé à sortir deux capsules. S'il aurait une sensation de froid extrême, du genre à lui provoquer des brûlures, il ne perdrait aucun membre et ne risquait pas de s'endormir. Helera n'avait pas besoin de savoir. « Merci Moff Kor'Rial. Je vais me préparer. » Elle le laissa seul. Il sortit son comlink et composa quelques messages, à destination de son Triumvirat, de quelques amiraux, et de sa femme. Textuel comme message, formel, indiquant juste le temps avant son retour. Il remarquait de plus en plus qu'il était toujours à l'initiative de ces échanges. Il n'était pas toujours en déplacement, il était même plutôt présent dans le Nord, à des stations fixes. Il n'y voyait jamais sa femme. Quand il partait, il envoyait des messages, souvent sans réponse. Et encore maintenant, il n'entendait parler d'elle d'aucune façon. Pas un ordre, surtout concernant ses nouveaux grades, pas une décision, pas un froissement de muscle. Comme si elle n'existait pas. Avec cette frustration d'un mariage plat commençait à naître une incertitude. Et si elle n'en voulait qu'à son pouvoir ? C'était pourquoi sa "chose à faire" était ce qui suivait le message pour sa femme : un message pour Herklir, directement. Après un rapport reçu par son biais, elle avait été jugée "Menace de classe E". Et Harlon envoyait juste une série de mot laconiques, mais lourds de conséquences.

Confirmation pour sujet E.

On allait surveiller Elysia Astellan, et se préparer à une trahison de sa part. Il rangea son comlink et se décida à ôter ses vêtements. Retirer le superflu allait, mais se passer de la couche thermoisolante était le plus dur. Nu comme un ver, il envisagea l'existence de la pâte, en plongeant deux doigts dedans. Elle ne mentait pas, ça sentait quelques relents de menthe, avec une bonne dose de graisse animale fondue, et peut-être bien une odeur qui évoquait le fond d'un terrier de rongeur. Il se posa sur une chaise et commença à s'en badigeonner les pieds, massant toutes les zones possibles sans négliger d'en tartiner une bonne couche. Il remonta toutes les zones possibles, sans être timide sur les parties génitales, le nombril, et autres endroits souvent négligés et pourtant sujets à toutes les ouvertures à la nature. Il fut néanmoins plus timoré sur le visage, ayant du mal à se passer du gras mentholé sur les yeux, et trouvant désagréable la sensation des cheveux gras. Il termina en grimaçant, et constata qu'il souffrait déjà moins du froid qui transperçait par-delà la fenêtre de sa "chambre". Il cassa ensuite sa première capsule, et l'avala d'un trait. Le temps qu'il enfile son pagne, il ne sentait déjà plus aucune morsure hivernale sur sa peau à nu. « Même pas un linge pour... » Le pagne couvrait à peu près, mais il sentait bien son sexe pendre librement, comme un sauvage de droit commun. Sur certaines planètes, on l'aurait arrêté pour exhibitionnisme et aurait été bon pour un passage en "Centre de Réeducation" du Bureau. Il n'y avait qu'ici où ce qui était dégénéré partout ailleurs semblait la coutume. Mais qu'est-ce que je fais sur cette planète.

Il se consola en se disant que la compagnie d'Helera, en pagne elle aussi, pourrait lui offrir une petite distraction à ce sujet. Il se ceintura de son beskad, d'une sacoche avec des rations de survie, ainsi que sa deuxième capsule, et commença de partir vers l'extérieur, où l'attendraient ceux qui se chargeraient de le juger.




Il fut déçu de voir Helera bandée sur la poitrine. L'occasion aurait été belle, et sa nature sauvage aurait pu y voir un artifice vestimentaire d'inutile pudeur. Mais c'était surtout l'occasion d'écouter un peu le rituel. Le chaman - Booros, si le nom lui revenait bien - tenait encore un drôle de quolifichet dans sa main, un bâton dans l'autre, et se laisser aller à communier avec l'instant. Un tel rituel aurait pu faire rouler des yeux l'Empereur, si l'Empire n'était pas non plus régi par mille et un rituel d'un mortel ennui - ceux qu'on nommaient "protocoles". « Me prosterner devant la Grande Mère... » Il n'aimait pas l'idée de se prosterner devant qui que ce soit, mais il devrait bien y arriver. Même si la Nature, en définitive, restait aussi maléable que le reste, pour peu que l'Empereur en émette la volonté. « Montrez moi. »

Il se serait mis en tailleur d'office, mais il allait jouer l'élève pour une fois. Tout serait plus simple s'il suivait simplement l'exemple et se contenter de singer les gestes des connaisseurs.

Au moins le temps de comprendre comment la Force entrerait en contact avec lui.
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By Helera Kor'rial
#36669
Oui, se prosterner devant quelqu’un. Même lorsque l’on était au plus haut sommet de la chaine alimentaire. Poser le genou dans la neige et se montrer pénitent face à l’environnement, imposant par sa seule existence. Helera ne cessait de l’observer et surtout son torse animé d’une puissance bien différente de la Force. Cette puissance qui le maintenait au chaud tandis que les températures avaient plusieurs fois passés la limite négative. « Incroyable » aurait pu-être sa remarque en observant ce phénomène. Incroyable qu’aucun de ces organes ne se consume de lui-même, que de son cœur ne s’emballe pas ou même que le sang ne soit fluidifié. Sans compter les pertes énergétiques induites par la différence de température entre l’interne et l’extérieur. Encore un des artifices dont l’empire avait le secret et que nul ne saurait un jour percer. Helera plaça les deux genoux à terre, s’étant au préalable placé sur son côté droit. Le grand chaman Booros agita son bâton paré de grigris en tout genre et présenta un bol à la reine.

« Tendez le bras, je vous prie. »

Elle attendit qu’il s’execute, qu’il obéisse à ce rite dont il n’était sûrement ni familié ni même convaincu de l’utilité. Le foyer à leur côté dansait et projetait sur eux une ombre fugace de lumière. Lentement, la reine plongea la main dans le bol et déposa sur le poignet de l’empereur une première larve, très vite suivi par une deuxième, puis une troisième. Ces petits animaux ne faisaient pas mal en glissant sur la peau, mais il laissait derrière une marque bleutée, parfaitement droite et par moment, tournait toujours en angle droit. L’empereur pu alors très vite faire l’analogie avec le tatouage de la reine qui portait les mêmes stigmates sur le bras droit jusque sur la poitrine et l’homoplate. Elle crut alors bon de rajouter :

« Les marques laissées partent au bout de quelques lavages. Les miens ont été gravés dans la peau. »

Qu’il ne s’affole pas de devoir porter à jamais la marque de la Grande Mère. Booros se leva alors et posa sa main poilue sur celle de l’empereur, la levant bien haut devant le foyer. Les larves terminèrent leur œuvre et retournèrent dans le bol, récupéré par un Nelvaanien.

« La Grande Mère a marqué le pèlerin. Qu’il marche dans ses pas, qu’il navigue parmis ses songes et reposes-en son sein. »

La reine traduisait au fur et à mesure, étant donné que la parole en basic n’était pas assez formelle pour être rendue fidèle par le chaman. Helera garda son regard sur les marques du bras, mais se retint d’en laisser un seul commentaire. Au lieu de cela, elle se leva à son tour, posa une main sur l’épaule de l’empereur pour lui signifier de rester assis. Elle leva les mains au ciel et ferma les yeux. L’atmosphère brumeux se mit à tourbilloner autour du cercle. D’abord lentement, puis de plus en plus rapidement. La flamme au centre s’élevait petit à petit, portée par le vent des alentours. Le chaman agita son bâton et entonna une supplique, à mi-chemin entre rugissement et note mélodieuse. La brume continua de tournoyer jusqu’au point de rupture. La flamme du foyer s’évapora et une lumière jaillit dans le ciel, chassant d’un seul coup tous les obstacles visuels. Le vent lui-même se tût et le silence retomba. La reine rouvrit les yeux et les posa sur l’empereur, puis vers les montagnes au loin. Et les montagnes bleus, domaine des Horax, s’illuminèrent soudainement. Derrière leurs pics toisant les Dieux se dressait l’étoile naissante de la planète, donnant à ces vestiges montagneux des allures de royaume céleste.

« La voie est ouverte. »Commenta le Chaman. « Prouvez-votre valeur à la Grande Mère et ramenez la marque des protecteurs. »

Les deux fathiers furent amenés au cercle. Dénué de selle, il n’y avait pas trente-six manière de les monter. Surtout dans l’accoûtrement avec lequel ils se baladaient. La reine ne parla que pour traduire et ne dit rien d’autres. Est-ce que l’empereur avait pu ressentir quelque chose ? Non, pas encore. La voix de la Grande Mère ne parlait pas et les marques ne servaient qu’à ouvrir les portes de son royaume. D’un seul bond, elle enfourcha sa monture, patientant que l’empereur face de même. Elle ordonna :

« Donnez lui sa lance. »

Arme de bois à la pointe éfilée, l’allure pitoresque de ce morceau de bois faisait pale figure. Surtout comparé aux autres armes, si jamais l’empereur avait pu être observateur lors de son séjour. Certaines semblaient plus robustes quand d’autres étaient en métal. Quant à la reine, sa lance, elle la portait à la ceinture. La hiérarchie était imposée de cette manière et plus la lance était fournie, plus elle était résistante, plus le chasseur était respecté. L’empereur avait alors tout à prouver sur ce monde.

« Nous arriverons à la tombée de la nuit à la chaîne de montagne. La route est périlleuse et les dangers seront nombreux. Votre simple force physique ne vous suffira pas dans l’endroit où nous allons. Votre esprit également devra être acéré. »

Visiter des Nexus de Force n’était jamais de tout repos et nombre de personnes y avaient perdu l’esprit. L’empereur s’en rendrait compte au moment propice. S’il avait encore des questions, c’était le moment, car ils n’allaient pas rentrer avant quelques jours. Un voyage en sa compagnie jusque dans les recoins de sa condition. Un rite des plus difficiles, pour un humain. Helera se plaça à genoux contre sa bête, les pieds sur la croupe de la bête, les bras autour de son cou, couchée littéralement sur elle. Et quand elle l’ordonna, ils galopèrent à travers les landes gelées. C’était le voyage d’une vie.
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