L'Astre Tyran

StarWars Online Roleplay Cliquez ici pour voir l'intro...

Image

Denon est une écuménopole similaire à Coruscant située dans le Secteur Iseno non loin des systèmes d'Osarian et de Nubia. C'est une planète aux confluents de la Voie Hydienne et de la Piste Corellienne, ce qui en fait un système majeur de la Galaxie et un point de passage obligatoire pour la plupart des marchandises qui transitent du Nord au Sud de la Galaxie. La planète est recouverte de grattes-ciel immenses et est habitée par une population cosmopolite de plus de 500 milliards d'habitants.
Gouvernement : Nouvelle République
Avatar de l’utilisateur
By Qadyr Vizsla
#40372
Image


Courir en droite ligne, la main sur la gorge. On bouscule les passants, on percute les caisses. Les premiers vocifèrent, les deuxièmes s'en fichent pas mal, mais causent une douleur de chien. Personne ne s'intéresse vraiment à celui qui les pousse, juste il les a poussé. Salopard ! Auraient-ils seulement changé de visage s'ils avaient vu les quantités surnaturelles de sang qui sortaient de la gorge du malheureux ?

Qadyr se baladait complètement à poil, livré à lui-même. On venait de le suriner sauvagement, et deux ombres fugaces avaient eu la décence de se tirer avec son armure.

Son armure. Pas la leur, pas celle d'un autre. Il l'avait saisie, mais il l'avait gagnée. Méritée. Il comptait bien la récupérer...

Mais pour ça, rester vivant. Titubant nonchalamment dans les rues depuis son motel, il finit par s'écrouler sur une caisse, à bout de souffle. Il avait lâché de la pression sur sa gorge ; le sang s'écoulait plus vite, les forces s'évacuaient en conséquence. Quel cercle infernal... moins il mettait de force et moins il pouvait en mettre. Rassembler les dernières fibres de volonté... ignorer la douleur, comme toujours. Allez. Il en avait vu de plus belles.

Traîner les dernières dizaines de mètres... Toquer à la bonne porte.

Un médecin de la guilde.




La table d'opération était immonde. Similicuir déglingué, odeur de pisse, mais le matériel était propre, désinfecté aux ultrasons. Et bah mon vieux, tu as dû en énerver un bien excité pour qu'il te taille un trou comme ça... Qadyr reprenait conscience depuis quelques minutes. Sous perfusion d'un vieux droïde médical, avec un charcutier qui lui travaillait la gorge au pistolet reconnecteur de nerfs, avec une petite bombe à bacta en soufflette. La douleur n'était pas un soucis, la vie en était un. Tu vois, si je devais cumuler un crédit chaque fois que des types sont venus chez moi à moitié à poil venir se faire réparer la gueule en urgence... ... hmmm, bah en fait j'aurais eu de quoi payer un an de boissons au pub. Bouge pas, dernière étape, je vais ressouder les couches dermiques. Affûtant son fer à souder - c'en était un, Qadyr l'aurait juré - il revint en roulant sur son tabouret, se déplaçant en balançant les pieds. Bouge pas si tu veux un boulot propre mon gars.

La douleur n'était qu'une donnée.




Bon et maintenant, tu vas porter plainte ? Peut-être. Tu as une idée de qui c'était celui qui t'a fait ça ? Si seulement. Mais ils étaient deux. Si tu veux commencer à fouiller va aux bars, ils ont de bonnes infos en principe. Il y avait déjà pensé. Oh et, ça ira pour cette fois, tu as de l'avance sur tes paiements, donc la gorge c'est pour moi. Trop aimable. Ouais hein... ... et dis pas merci surtout. Pas de soucis. Bon bah, à la prochaine.




De retour à l'hôtel, Qadyr pouvait deviner qu'il n'était pas en forme. Il voyait un peu trouble, ses pas étaient lents, et sa main moins forte en pressant la poignée de sa porte. Il allait manger et boire pendant 24 heures avant de partir fouiller dans quelques bars du coin, connus pour leur mauvaise fréquentation.

Inutile de dire que Qadyr ne paya pas la caution de sa chambre. Le motel n'avait qu'à assurer la sécurité de ses clients.
Avatar de l’utilisateur
By Qadyr Vizsla
#40385
Image


Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq... on frappe les mains ! Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq... on frappe les mains ! Vingt séries de pompes avec la petite difficulté ponctuelle. De quoi entretenir son corps à moindre frais. Le fait qu'il ne se soit pas effondré était bon signe. Il avait déjà perdu 24 heures. En 24 heures, des voleurs avaient déjà rejoint leur planque, contacté leur receleur, et placé leurs billes sur l'acheteur le plus prometteur.

Qadyr partait néanmoins avec un avantage : savoir qu'ils savaient ce qu'ils vendaient. Il n'avait pas été ciblé au hasard, et ils étaient partis avec l'armure seulement. Pas la lance, ni ses crédits, ou son matériel. L'armure seule. Ils savaient ce qu'ils volaient, et il savait qu'ils n'allaient pas la vendre "comme ça". Il fallait passer sous les radars. Trouver un acheteur confidentiel et qui ne soit pas un régulier. Ou alors s'en remettre à un intermédiaire qui pouvait à leur tour leur faire une mauvaise blague et les supprimer de l'équation. Ils allaient devoir jouer serré, mais finement.

Ça donnait à Qadyr un peu de temps pour enquêter, les trouver... et le cas échéant...

Sorti acheter des nutripâtes, il en avait profité pour se redonner un peu de contenance physique. Une tunique serrée en chanvre à maille épaisse sous un poncho ample noir en lin huilé, un turban gris foncé pour lui couvrir la bouche et les cornes, et une paire de lunettes de soudeur pour cacher ses yeux. Cacher son visage n'était pas de la première importance. Mais cacher ses yeux qui fouilleraient et qui placeraient des cibles sur des nuques, c'était vital.

Nutripâtes en sac en bandoulière sur le poncho. Des couteaux quelconques bien affûtés dans diverses poches, dans les bottes de seconde main et dans des bandes serrées aux poignets, et la lance dans le dos, et il était parti.




L'Eopie qui fume. Vraiment un drôle d'endroit avec un drôle de nom. Complètement débile s'il en était. Les odeurs de merde disputaient aux néons clignotants, les fenêtres barricadées et clouées en vrac pour claquemurer les pauvres hères qui n'avaient pas assez d'argent pour espérer les niveaux supérieurs. Voire mieux, une autre planète.

Son entrée se fit à moitié remarquer. Des regards se portèrent fatalement sur sa lance et son allure peu amène. Une allure de guerrier qu'une bagarre de bar n'allait pas impressionner plus que ça. Mais le peu d'yeux tournés vers lui repartaient déjà à des préoccupations plus importantes, qui un verre, qui un ami, qui une femme au corps à vendre. Qadyr se posa au comptoir et y pose un coude. Qu'est-ce que j'vous sers ? Qadyr pointa un doigt vers une tireuse en laiton sali, perchée au-dessous d'une cuve transparente d'un liquide bleuâtre traversé de bulles d'ébullition à basse température. Une pinte dans la pogne, Qadyr leva un peu le coude pour se rafraîchir la gorge, sans apprécier. L'eau claire et pure des condensateurs d'humidité était le seul trésor qu'il chérissait encore. Une eau qui lui avait sauvé la vie dans les décharges d'Ord Mantell. Première fois dans l'coin ? Oui. ... ... euh, vous venez pour quoi du coup ? Ah. Il fallait être un habitué en principe. Et cuisiner ceux qui prétendaient en devenir bientôt.

Qadyr vida sa pinte et demanda d'un geste à se faire resservir. J'achète. Le barman sembla décontenancé. T'achètes ? ... euh, le bar ? Non. Le... la bière ? Fin oui les bières tu vas les payer de toute façon mon gars. Non, pas ça. Bah quoi alors ?... Ah, la bouteille de brandy ? Il devenait agaçant. Bah t'achètes quoi alors ? Tu m'saoules un peu mon gars. Un doigt pointé vers la porte derrière le barman. ... quoi, ma porte ? Soupir. J'achète au marché noir... Le barman haussa un sourcil et parut soulagé. Ahhhhh ! Oh... ah désolé, mais je connais rien de ce genre. Deuxième soupir. Dernier soupir. Pyke. Qadyr montrait du doigt deux bouteilles alignées sur l'étagère à spiritueux. Personne ne mettrait entre les brandys, les armagnac et les whiskies... une absinthe. Une incohérence pour les observateurs.

Un code pour les connaisseurs. Le barman fit mine de reprendre la pinte de Qadyr pour la nettoyer. Pour se pencher tout bas et chuchoter : Repasse dans une heure.

Et ça faisait 8 crédits.
Avatar de l’utilisateur
By Qadyr Vizsla
#40386
Image


Attendre une heure, quand on est pressé, qu'on n'a pas soif, et qu'on ne sait pas pourquoi on attend. Ni qui on doit rencontrer. Le visage serré dans son turban, à dégager la bouche juste assez pour tremper ses lèvres dans une bière infâme qui évoquait plus de la pisse d'habitué fermentée que du malt, Qadyr avait fini par aller faire un tour, balayant du regard les goulets étroits qui tranchaient en deux les habitations pour connecter les rares boyaux traversants qui portaient le nom de "rues". Sentir dans les fumées qui s'échappaient des ventilations des odeurs de poissons fris, de viandes artificielles et de légumes bon marché, voir les poubelles éventrées, les clochards avec des couvertures trouées et salies par des tâches d'huile, les flaques d'essence refléter les mouches et les droïdes de surveillance tagués sauvagement, pied-de-nez à la dernière forme de protection sociale qui subsistait, sans efficacité.

L'heure passa assez vite, et Qadyr arriva à l'heure. Il prit son temps pour revenir au comptoir, avec son barman qui astiquait ses verres pour les rendre aussi sales qu'ils étaient avant de se retrouver à laver. Il pointa juste un doigt derrière lui, montrant la porte. Vas-y. Sobre, et propre, contrairement à sa vaisselle. Glissant derrière lui, il entrouvrit la porte juste pour passer, lui et sa lance, dans un petit couloir en bois craquant, donnant sur un bordélique arrangement de seau, de serpillières et de balais qui n'avaient vu la poussière que pendant leur stockage. Il suffisait de pousser ce qui était de toute évidence un faux panneau pour donner accès à un petit escalier grinçant, plongé dans la pénombre, ceint de murs de briques grises délavées. Dans une cave au sol en terre battue, on avait posé une table au milieu de diverses étagères remplies de bibelots nettoyés et bien mis en valeur. Autour de la table, il y avait deux chaises. Dans une des chaises, il y avait un humain rachitique portant un complet-veston et un monocle, le nez plongé dans un registre papier. Autour de l'humain rachitique portant un complet-veston et un monocle, il y avait deux gardes klatooiniens avec des vibroépées. Ah, notre mystérieux acheteur. Prenez place mon ami...

Qadyr prit place. Être assis n'était pas un avantage. Il fallait un temps de réaction pour se lever. L'on me dit qu'on ne vous connaît pas... c'est embêtant. Le Syndicat consigne sa bonne clientèle dans ses registres. Il y a une ligne pour vous. Votre nom ? Pas de réponse. L'homme patienta et finit par relever le nez. Qadyr voyait ses yeux pour la première fois. Yeux cybernétiques. Il en était devenu d'autant plus distant et robotique. Si vous n'êtes pas dans mon registre, vous n'êtes pas en capacité d'acheter ni de vendre auprès de nous. Et donc, pas de raison de vous retenir ici. Ou de risquer que vous parliez de cette modeste affaire... Votre nom ? Qadyr soupira. Il finit par donner son nom. Il remarqua que le greffier griffonna des hiéroglyphes à la place de son nom. Un cryptage à la volée ? Il devait avoir un implant neural. Il finit par fermer son registre et joignit ses doigts en pyramide sous son nez, coudes sur la table. Bien. Maintenant dites-moi précisément, ou même vaguement, ce que vous souhaiteriez acheter. Qadyr avait songé à détourner ses intentions. Ne pas dire ce qu'il comptait acheter, remonter la piste. Mais c'était trop dur, pour un résultat incertain, et qui ne protégeait pas forcément son anonymat. Autant le dire vaguement. Beskar.

L'homme parut redoubler d'attention. Du beskar ? Hm hm... oui bien sûr, du beskar... Se levant, il prit un autre livre dans ses étagères murales, et l'ouvrit vers les dernières pages, feuilletant petit à petit avec attention. Un métal bien rare que celui-ci... venu de Mandalore, et transporté en lingots à poids unique par l'Empire... tellement rare qu'en trouver et en vendre relève de l'exploit... sauf si... ah. Il posa son doigt sur une ligne. Sauf si on en trouve une source alternative. Comme une armure complète ?
Avatar de l’utilisateur
By Qadyr Vizsla
#40389
Image


Une armure complète ? Ca semblait trop beau pour être vrai. La sienne ? Hmmm... c'est encore plus rare sous ce format. Le doigt squelettique continuait de suivre les lignes, cryptées à la main comme son propre nom, couché plus tôt sur papier. Une récente acquisition... une armure mandalorienne... oh. Un sourire cryptique. C'est que cela vaut son prix... Ambiance de crypte. On parle de 5 millions de crédits.




Qadyr n'avait pas les moyens. Mais pas non plus l'air à le laisser montrer. Pas une réaction physique. Un doigt qui tremble, un bras qui se contracte, les yeux qui fuient. De l'extérieur, rien qui ne laissait penser que cela l'affectait. Nous avons aussi quelques lingots à 50.000 crédits le kilogramme. Cela vous intéresserait plus ? Qadyr secoua la tête. L'armure vous conviendrait plus à ce que je vois. Acquiescement. Je vous mets donc sur la liste des acquéreurs potentiels. Plusieurs acquéreurs ? Pour son armure ? Non. Petit éclat de surprise chez le greffier. Elle... ne... vous intéresse pas ? Qadyr balaya d'un revers de la main. J'achète. Maintenant. Mains croisées de nouveau. En pyramide sous le nez. Ce n'est pas notre procédure habituelle. Mais pour un prix de... hmmmm disons... 10 millions... je suppose qu'on peut faire une exception. Il ferma son livre, rejoignit les doigts ensemble. Il nous faudrait une avance d'un million pour procéder.

Qadyr ne les avait pas. Il n'avait jamais tenu une somme aussi élevée avant. Qadyr hésita un instant. Mais cette fois, un réflexe musculaire devait l'avoir trahi : le greffier se recula légèrement sur sa chaise, et les gardes eurent la main ferme sur leurs épées. Sachez mon cher que me tuer n'arrangerait rien... le code qui vous permettrait de comprendre ceci... Il tapota son livre posé à côté de lui. ... est dans mon crâne. Et ma mort n'effacerait ni la vente ni ne vous dirait où elle se situe. Les gardes semblèrent se détendre. Le greffier revint en avant sur sa chaise. Pas d'avance, pas de vente. Vous devrez vous contenter de trouver l'argent, ou de ne pas revenir. Qadyr soupira. Il finit par se lever sans un mot et par se diriger vers l'escalier. A la troisième marche il se fit interrompre. Dites-moi... pourquoi cette armure vous intéresse ?

Qadyr reprit sa montée. Il sortit du bar et alla faire un tour.




Il devait alors trouver 1 million de crédits. Même s'il allait demander à la Guilde, on lui refuserait. Ils accordaient de temps à autre une avance de quelques centaines de crédits, parfois une poignée de milliers, mais jamais au-delà. Un mécène ? Lequel, et dans quel périmètre ? Il lui fallait tout de suite. Jouer au casino ? Avec quel capital ? Alors le vol, un braquage, un kidnapping ? Trop risqué, et Qadyr finirait par se retrouver traqué à son tour. Il pouvait encore jouer une carte : la filature du greffier.




Image


Devant le bar, un immeuble. Pour passer la porte sécurisée, il suffisait de pousser avec la main. Le concierge derrière son bureau n'existait pas. Le balayeur de couloir non plus. Même les droïde-souris avaient déserté les lieux. Il avait repéré un logement situé en face du bar. Grimpant un étage, il se présenta devant la porte du logement tel qu'il l'avait calculé. Il toqua une fois. Deux fois. Pas de réponse. Il força la porte d'un coup d'épaule et entra dans un logement sentant affreusement mauvais. Qadyr plaça une main sur les couches de turban sur sa bouche, ferma la porte et alla à l'origine de l'odeur. Une vieille dame était allongée dans un lit sale, sans aucune lumière, la chair suintante et grouillante de vers de décomposition. Qadyr fouilla vite fait dans l'appartement jusqu'à trouver de quoi couvrir l'odeur, sans rien trouver de plus que des produits ménagers. Il en aspergea la vieille dame, mais finit vite par se résoudre à la cacher dans une couverture trouvée dans ses armoires, et la placer dans divers sacs poubelles doublés. Il contacterait les autorités plus tard pour l'évacuer.

L'odeur à peu près couverte et s'étant habitué, il finit par s'installer à la fenêtre donnant sur le bar, et attendit patiemment.




C'est à une heure du matin que le patron du bar finit par fermer son bar en mettant dehors trois bonhommes qui ne savaient plus que tituber. Qadyr quitta son poste, quitta le bloc de logements et traversa la rue, mais pas pour chercher du travail. Il força l'entrée du bar sous l'indifférence totale des badauds et se dirigea vers la porte du fond. Repoussant le faux panneau dans le placard à balais, il descendit les escaliers à pas de loup, la lance prête à servir, l'embout encore froid. Le peu de lumière qui passait laissait voir que tout était vide. Pas de table, pas de chaise, pas d'étagère. Juste des caisses et des tonneaux au milieu de toiles d'araignées.

Qadyr commença à se douter du piège. Le greffier n'était jamais ressorti. Soit il vivait là en se glissant dans un trou de souris, soit il y avait un passage secret. Qadyr avait rempli assez de missions pour savoir que les greffiers avaient souvent des portes dérobées. Tâtant les murs, retournant les caisses, Qadyr chercha les pierres qui ressortaient, les ordres illogiques dans certaines chaînes de dispositions... n'importe quoi qui serve de code secret, de loquet activable spécifiquement... Mais rien.

Au bout d'une vingtaine de minutes il finit par trouver un code logique désordonné. Les caisses rangées dans un coin avaient toutes une initiale en aurebesh, rangées bien en ordre comparé au reste de la cave. Par acquis de conscience, Qadyr décida de les ranger par ordre alphabétique en les empilant.

Bingo. La section sud du mur pivota silencieusement et laissa voir la table, les chaises et les étagères. Le sol était parfait. Qadyr comprit en passant la main sur le sol : un hologramme simulait une terre battue sans laisser de trace de ce pivot secret. Astucieux. Il se plaça près de la table, et du bout de sa lance fit tomber une caisse rangée. Le barman devait certainement s'occuper de "ranger" la cave au départ du greffier. Pivotant à nouveau, le mur laissa place à un tunnel sombre étayé à l'ancienne par des poutres en bois traitées à l'arsenic. Qadyr alluma l'embout de sa lance pour s'éclairer du mieux possible et commença à suivre le tunnel.

Après plusieurs virages, il finit par tomber sur un nouveau tunnel. Moderne, en métal du sol au plafond, des glissières au sol trahissant les allers et venues d'un chariot. Qadyr éteignit sa lance, la plaça dans son dos, et suivit le tunnel sans fin au trot. Il finirait bien par atteindre un bout rapidement.
Avatar de l’utilisateur
By Qadyr Vizsla
#40392
Image


Trotter sur une bonne distance n'était pas un problème. L'armée l'avait exigé, Qadyr l'avait entretenu. Ne serait-ce que pour sa santé, avant de l'appliquer au cas pratique du besoin professionnel. Qadyr pouvait tenir vingt minutes de course avec son armure. Un trot vêtu d'un poncho c'était une grosse blague à ce stade. Il songeait même à dire au greffier quand il lui enfoncerait sa lance chauffée au rouge dans son cul à quel point il lui avait fait perdre du temps en dévalorisant son activité. Même si au fond, le greffier n'était certainement pas responsable de la vente de l'objet.

Il sut qu'il était arrivé au bout d'un certain temps en voyant le chariot faisant la navette. Qadyr n'avait pas la notion exacte de la distance parcourue, sauf qu'il était à pas constant depuis une bonne demie heure, ce qui faisait un bon trois ou quatre kilomètres pour arriver là. Derrière la chariot, une petite estrade où les visiteurs se massaient avant de s'installer, et une porte en fer bien entretenue. Qadyr songea à juste ouvrir la porte, mais reporta son attention sur le chariot. Dans une pensée éclair, il songea à débrancher la batterie et à cacher le fil dans sa tunique. Ca pouvait lui servir pour plus tard. La porte était d'un bloc unique, sans espace pour voir à travers, ni serrure. Qadyr posa son oreille à plat contre le montant dans l'espoir d'entendre quoique ce soit de l'autre côté. Les bruits étaient sacrément étouffés, mais on entendait distinctement des "clangs" et des "bings". Une usine ? Un entrepôt ? Quelque chose du genre. Mais rien de régulier ou de feutré comme des pas, une mâchoire qui mastique du chewing-gum ou triture fusil ou zizi. Qadyr se laissa tenter par l'ouverture de la porte, qui glissa dans un bruit de raclement abominable. Il sortit d'un pas léger mais assuré, passant la tête pour quadriller la zone et partir derrière des boîtes empilées collées contre un mur. Il était sur une plateforme ajourée en surplomb d'un entrepôt qui tournait à plein régime. Des chariots transportaient des palettes remplies, des humains et des aliens avec des tabliers épais portaient cartons et outils, certains en blouse avec un datapad pour dresser des inventaires. Dans des caisses et cartons, on trouvait de tout : des armes, des vases, des lingots de divers matériaux, des... Qadyr crut voir un enfant alien, apparemment drogué, un respirateur sur le museau, dans une caisse hermétique, pieds et poings bien serrés.

L'entrepôt était immense. Où trouver son armure là-dedans ? Et sans se faire repérer. Il remonta sa lance de son dos pour qu'elle ne traîne pas sur le sol métallique et tenta de trouver un escalier du coin de l'oeil. La passerelle sur laquelle il était faisait un grand U autour d'une longue ligne de tapis roulants d'où sortaient des cartons ouverts, contrôlés un à un par une petite ligne de quelques êtres conscients, chargés de retirer le contenu du contenant, l'examiner, le remettre en place, fermer le contenant avec un scellé et noter quelque chose sur un datapad. De temps en temps, un autre en blouse venait près d'eux, tapotait sur son propre datapad et passait au suivant.

Visiblement, il y avait un inventaire à jour et complet. Tout était bien huilé. Un de ces datapads - ou un serveur central - devait bien avoir les informations que Qadyr voulait. Poursuivant son chemin sur la passerelle, il tomba sur un escalier de service qu'il n'emprunta pas. Remarquant que des racks dépassaient assez pour qu'il puisse grimper dessus, ce qui lui donnerait un bon oeil sur toute la zone en plus d'être mobile et discret. Il entreprit donc de descendre d'un mouvement fluide en sautant par-dessus la rambarde, se réceptionna comme un chat et remonta une file de bacs numérotés, à une hauteur où les lumières ne portaient plus. Il descendit d'un niveau, se retrouva complètement contorsionné, prit sa lance à la main pour la contrôler et tenta de chercher une éventuelle salle d'un serveur qui pouvait bien recueillir l'inventaire de l'entrepôt. Le pire serait un datapad maître : il faudrait le voler et gérer le propriétaire, qui se baladait peut-être en bas au milieu de tous les autres employés. Un ordinateur central était plus contrôlable, et isolé. Inutile de songer à tomber sur son armure comme une fleur.

Il eut la pensée furtive de voler un bibelot assez cher pour couvrir son droit d'entrée, mais ça n'aurait pas été discret. Et même s'il n'aurait fait que voler un voleur, il serait une cible inscrite hors-Guilde.

Par un mélange de hasard, de temps et de fouille, il pensa trouver une salle parfaite pour héberger le serveur. Il descendit les étages un à un avec doigté, sans un témoin, passa la porte qui le mena droit à... un vestiaire. Il fouilla sommairement sans s'attarder mais ne trouva rien de plus pertinent qu'un slip de rechange. Repartir en sens inverse s'avéra impossible : deux types entrèrent et commencèrent de se changer. Qadyr se cacha du mieux qu'il put dans un coin sombre, derrière une colonne d'armoires en fer peint, le temps qu'ils partent. C'était sans compter sur leur discussion. J'te l'dis, si j'avais pas ce foute prêt à rembourser, j'aurais plaqué ce merdier et je tafferais sur les quais. Même là-bas c'est moins soutenu comme boulot. Ricanement de son comparse. Ah bah, ça paye à quoi, deux fois le tarif habituel ? Et net d'impôts. Travail au noir, évidemment. Mais le rythme faut avouer... et charger le carton, décharger le carton, noter le carton... avec l'aut' con sur le dos pour voir si tout est à jour... Qadyr ne s'était pas trompé. D'ailleurs ça part où toutes ces infos ? Tu l'sais toi ? Bonne question. Nope. Merde ! Y a que l'grand Dudu qui est au courant. Tu sais bien qu'il sort jamais d'son trou. Ricanement. Moi, le grand Dudu, me mélanger au p'tit peuple ? M'enfin non, moi j'ai pas besoin, mon ami c'est mon ordi... regarde ouhlàlà, un virus informatique que j'ai codé hier soir au lieu de dormir ! Ils rirent encore et s'en allèrent.

Une piste, enfin. Le "grand Dudu".
Avatar de l’utilisateur
By Qadyr Vizsla
#40402
Image


Pour sortir, Qadyr n'eut qu'à emprunter la route suivie par les deux employés papoteurs. Ne pas les coller de trop près non plus, juste ce qu'il fallait pour éviter les bruits, se cacher à temps, et emprunter les portes ouvertes. Qadyr s'attendait à un barrage de contrôle, une barrière, un garde, même un qui ressemble à un videur de boîte de nuit miteuse, mais même pas : il déboucha sur une ruelle, avec une porte qui s'ouvrait d'un côté intérieur impeccable, avec poussoir classique, mais qui côté ruelle débouchait sur une sorte de panneaux rouillés empilés, de morceaux de cartons et de végétation sauvage morte. En fermant la porte, on aurait juré qu'il s'agissait d'une façade de maison de bidonville.

Qadyr embrassa la zone dans son ensemble et dût se rendre à l'évidence : c'était un bidonville.

Une entrée cachée dans ce qui avait l'air d'un taudis ordinaire, donnant sur un couloir immaculé qui serpentait jusqu'à un entrepôt clandestin à la pointe de la logistique. C'était surréaliste, mais bien vu. Personne n'allait dans les bidonvilles, il n'y avait rien à chercher quand on était de la police. Mais les criminels y disposaient d'une planque extensible à l'infini, et d'un réservoir inépuisable de travailleurs qui fermeraient les yeux sur n'importe quoi pourvu qu'on leur versait quelques crédits à la fin de la journée. La misère de Denon était sa première cause de criminalité.

Qadyr tenta de pister les traces des travailleurs dans la boue qui faisait office de chemin naturel entre les baraques, mais les empreintes étaient si nombreuses et enfoncées qu'il n'y avait plus rien à pister. Ah, si seulement il avait son casque avec son pisteur thermique intégré... Il entreprit alors de prendre à gauche pour espérer tomber sur l'un d'eux, en suivre un et l'interroger plus avant. Mais le dédale était complet, et suivre une piste finissait au bout de 2 mètres. Tout était quadrillé et les intersections poussaient chaque paire de mètres dans cette jungle de tôles et de panneaux en contreplaqué volés sur des chantiers à l'abandon. Se fiant au seul sens qui lui restait pour traquer les deux causeurs - son ouïe - il commença de percevoir tout un univers de bruits parasites, mais surtout la misère sourde qui régnait sur les lieux. On pouvait s'attendre à des cris et des chuchotements, des mères sans complexe qui hurlent sur le gosse turbulent qui oublie sa vie de misère dans ses conneries, les maris violents qui battent leur conjoint pour un repas mal préparé, un cadre de travers ou un achat récent, ne serait-ce qu'un bébé qui pleure. Mais rien. Une ambiance de cimetière planait sur la ville parallèle et abandonnée des élites planétaires, le bruit ne semblant plus prendre la peine de s'attarder là. Quelques lumières lointaines venaient percer un peu les cimes des gratte-ciels lointains d'où s'échappaient des volutes de fumée charbonnée, chaque bouffée rapetissant l'espérance de vie des habitants d'une bonne heure.

Cette misère auditive laissait quand même paraître des bruits d'enthousiasme blasé auxquels Qadyr porta son attention pleine et entière : des rires étouffés de désespoir, des amis partageant une bière comme seul tribut de leur labeur, des familles riant encore des quelques blagues qui faisaient le seul apport à la famille comme nourriture. Se disant que les deux amis devaient être attirés par nature vers ces foyers de société, Qadyr traqua ce qui lui sembla être un attroupement de buveurs et de parieurs.

Bingo. Il finit par retrouver la piste d'un des amis, mains dans les poches, qui avançait sans but en sifflotant. Qadyr commença de le prendre en filature à bonne distance, ralentissant le pas pour s'adapter à sa cible. Il lui fallut deux secondes pour se rendre compte que quelque chose n'allait pas. Démarche raide, sifflement trop aigu, sans naturel... et des épaules rentrées, comme pour bondir en arrière et se rouler en boule. Sa cible passa un virage, et Qadyr pressa le pas. Sentant la patate, il prit le virage sur son angle extérieur pour éviter de se faire assommer latéralement au détour du virage. Mais ce n'était pas le plan du lascar.

Il avait juste commencé à courir en jetant un oeil derrière lui.

Qadyr commença à courir. Dégainant sa lance comme point d'équilibre, il actionna l’empannage qui se mit à luire de sa douce chaleur orangée. L'endurance militaire de Qadyr associée à son poids plume comblèrent vite l'écart. La cible s'en aperçut et paniqua complètement. Oooohh putaiiin... MEULIK ! MEULIK PUTAIN AIDE MOI IL EST SUR MOI ! MEULIIIIIK ! De sa droite, Qadyr vit foncer une masse compacte tous crocs dehors. L'ami disparu. Qadyr s'aperçut en un éclair qu'il s'agissait d'un devaronien, le genre avec une corne coupée, des crocs bien affûtés et des ongles bien poussés. Qadyr n'anticipa pas assez vite et se prit le bonhomme de plein fouet, roulant au sol et ne s'accrochant pas assez fermement sur sa lance. Le devaronien bomba le dos sur lui, le maintint au sol et commença de lui distribuer des coups de poing au niveau du visage avec une force colossale. Qadyr se débattit assez pour protéger sa gorge et ses yeux, et se tortilla pour dégainer un couteau planqué au niveau de sa hanche. Il planta le couteau de cuisine ré-affûté dans le flanc du gars qui stoppa son geste rageur avec une expression de surprise incrédule. Il dégagea le cadavre d'un coup de genou, roula dans la boue et remit sa main sur... Mince. L'autre avait prit sa lance, et la pointait devant lui, complètement paniqué, yeux écarquillés, suant à grosse goutte. T'es qui ? T'es qui ? T'es qui putain, t'es qui ? Qu'est-ce tu m'veux ? Qu'est-ce tu m'veux putain... oh... Il finit par voir son ami, le Meulik. Oooohhhhh... putaiiiiin mais... mais... mais tu veux quoi putain... Il commençait à pleurer, de rage, de misère, de peur. Qadyr restait droit, les épaules carrées, les yeux derrière ses lunettes bien fixés sur sa cible.

C'était de la légitime défense. Il est mort ? Il est mort ? Pourquoi tu as fait ça, on t'a fait quoi, on t'a fait quoi putain... Qadyr posa un pied en avant. BOUGE PAS ! TA GUEULE, TU BOUGES PAS ! RESTE LA, TU RESTE LA, TU BOUGES PAS ET TU FERMES TA GUEULE !... ... Ooooh Meulik, putaiiiin... Qadyr décrocha le couteau dans son poignet droit et le lança en tir tendu. Le couteau visa un peu au-dessous de là où Qadyr avait visé - c'était un couteau de cuisine, ce n'était pas son rôle de viser juste - et l'autre lâcha son arme d'un coup. Qadyr traça la distance de deux pas rapides, plaça sa pointe de pied sous sa lance, la fit sauter jusque dans sa main. Rallumée en un éclair, l'empennage allumé.

Sous la gorge de sa cible.

La peur resta seule émotion en face.
Avatar de l’utilisateur
By Qadyr Vizsla
#40403
Image


Un coup sous le nez avec la lance, dans le plexus avec le poing, derrière la nuque avec la tranche de la main, et on avait un paquet livrable sans résistance. Sous la devaronien, Qadyr posa un scellé avec un code crypté à destination des autorités, qu'il prévint depuis son comlink. Légitime défense dans l'exercice de ses fonctions. Il signala le décès tragique et laissera les légistes confirmer sa version avec les phalanges endommagées, les traces de lutte sur place et le couteau planté selon un angle crédible.

Son ami aurait moins de chance. Il était en dehors du système de la Guilde et de son permis de chasse. Mais il n'avait fait que commencer le travail à ce stade. Ligoté, passé sur l'épaule, il le traîna dans les abords du bidonville jusqu'à trouver ce qu'il espérait : un vieux hangar désaffecté avec un niveau souterrain. Dans une pièce vide de tout, sauf quelques fournitures qui, visiblement, ne trouvaient pas grâce aux yeux des pilleurs de proximité, à savoir quelques câbles dénudés, des panneaux lumineux qui clignotaient et autres chaises. Il en plaça une au milieu et ligota sa cible.

Attendant qu'il se réveille, Qadyr tira un sachet de pain instantané de sa besace, versa un peu d'eau dans un bol, mélangeant à sa poudre et laissa le pain gonfler. Il s'adossa contre un mur en-dehors du champ de vision de sa cible, et grignota en silence son pain. Ce n'était pas franchement bon, mais ça faisait l'affaire. Les protéines étaient étudiées pour être suffisante pour la journée, et sans fibre pour une absence de résidu. Il se lécha brièvement les doigts et remarqua un son étouffé de sa cible. Un peu de sang tomba au sol, le son sourd et monotone de quelqu'un qui se réveille après une gueule de bois, et de crissement de pieds de chaise. Qadyr ne termina pas son repas comme ça. Il sortit une petite gourde d'eau et avala quelques lampées avec calme et silence en observant sa cible. Elle commença à s'agiter sur sa chaise, se rendit compte qu'elle était attachée. Se débattant, tentant de se mouvoir, de bouger les pieds, il commença de hurler en lançant des regards autour de lui. Qadyr finit de boire, remit ses lunettes et son turban, et se décida à se révéler en se plantant devant lui.

ON EST OU ? ON EST OU ? POURQUOI CHUIS LA ? Qu'EST'CE TU VEUX ? QU'EST-CE TU VEUX PUT... Un coup du droit, sec, en pleine pommette, avec le recul pour accumuler de la puissance, et c'est un morceau de chair qui vola de la joue. La pommette ouverte, le sang ruissela sur la joue de sa cible. Il comprit en un instant qu'il allait devoir se taire. Sauf si on lui posait des questions. Qadyr se pencha, mains posés sur ses genoux, le visage dans le nez du travailleur au noir pour Pyke. Il lui prit la mâchoire, le tourna d'un côté, de l'autre, en haut, en bas. Il lui tapota la joue et revint en position debout. Qadyr repartit hors champ.

Mais... sans revenir. Hey ? Pas un bruit. Il se tortilla, se balança, mais ne finit qu'à se faire tomber sur le côté, se retrouvant encore plus handicapé dans ses mouvements. Ses pieds fixés aux pieds ne pouvaient rien, ses mains bien ligotées avec un noeud marin étudié, la tête sur le côté.

Il était seul. HEYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYY !




Qadyr revint une heure après. Il redressa la chaise et remarqua que la cible dormait un peu. Il la réveilla d'une gifle gentillette - comparé à ce qu'il pouvait décocher - et remarqua qu'elle s'était pissé dessus. Réflexe dans la panique, ça arrivait souvent. Tout le monde n'était pas entraîné depuis l'adolescence à avoir des nerfs d'acier. Qadyr ouvrit une gourde et la proposa à sa cible. Elle se précipita pour boire, mais Qadyr lui refusa à la dernière seconde. Il prit de sa besace en bandoulière une carte de la région, qu'il déplia en grand devant sa cible. Le "grand Dudu". Puis, lentement... très lentement... il commença à verser l'eau au sol. Je... je... je sais pas... pitié j'ai soif, j'ai faim... j'ai rien fait moi, laissez-moi... laissez-moi partir ! L'eau coulait... à ses pieds, inutile, lointaine. J'en sais rien, je vous jure j'en sais rien, il faut me croire ! J'ai soif, par pitié ! La gourde allait finir... boire... boire... et tant pis pour les autres. ... dans le secteur 4 ! Dans le secteur 4 ! Un... un immeuble, le... le Peregrin ! L'immeuble Peregrin, immeuble 407 !
Avatar de l’utilisateur
By Qadyr Vizsla
#40410
Image


Qadyr avait détaché une main. Il lui avait préparé un pain depuis un sachet et le laissait manger. Et maintenant ? Qadyr ne répondit rien. Il avait la main sur sa lance, bien ancrée dans le sol. Sa posture était celle d'un garde en faction, attentif et protégeant son suzerain. Sa cible n'avait aucune chance de s'enfuir, l'eût-il voulu et eût-il une arme pour l'y aider. Vous allez me libérer ? Le laisser réfléchir un peu. Sur ce qu'il risquait. Sur la menace bien réelle qui était là, qui avait tué son ami et pouvait facilement l'interroger pour une petite information. Oui. Après. C'est pour ça qu'il mangeait et buvait maintenant. Qadyr n'avait pas de matériel avec lui, sinon il lui aurait passé une chaîne au cou pour le ficeler au sol. Il allait devoir le laisser là sans boire ni manger, entravé avec rien à faire. Enfin, pas tout à fait : Qadyr traînait avec lui des livres audio. Il lui en passerait plusieurs pour le tenir distrait le temps qu'il revienne. La sélection tiendrait presque 12 heures.

Qadyr s'assura qu'il ait fini de manger, qu'il était assez hydraté, et l'attacha de nouveau solidement avant de passer le début des livres audio. Ca le cultiverait un peu. On aurait pu croire qu'il allait lui faire la morale sur son travail, mais Qadyr n'avait rien à en juger. En l'absence d'alternative viable à ce travail, peu reluisant mais qui payait bien, que dire ? Les métiers respectant les gens ne couraient pas les rues dans ce genre de cloaque misérable. Dire le traditionnel "trouve-toi un vrai travail", c'était faire replonger un type certainement honnête d'esprit dans une crasse peut-être pire que celle dans laquelle il était en travaillant pour les Pyke.

Qadyr partit donc à la recherche du Secteur 4, Immeuble Peregrin, Appartement 407.

S'orienter au début fut difficile en l'absence de panneau - tout à portée de main ayant été volé pour faire les maisons et l'isolation des bidonvilles. Mais à force de comparer la carte et les bâtiments autour de lui, il finit par retrouver le Nord - les étoiles ne perçaient pas aux niveaux inférieurs - et commencer à rejoindre un début de civilisation, à savoir un endroit encore doté de panneaux indicateurs.

Trouver un immeuble, c'était facile. Trouver le bon... déjà moins évident. Les noms des immeubles étaient le plus souvent des lignes dans les cadastres pour les architectes, les contrôleurs et les postiers. Mais visiblement, ici on était dans un quartier résidentiel, avec des plaques qui avaient autrefois été brillantes pour indiquer les noms. Peregrin, Peregrin...

Là.




Image


L'entrée n'était pas gardée. Les boîtes à lettres forcées, bourrées de papiers divers ou carrément démurées. Le couloir n'avait jamais connu de serpillière, et les poubelles jamais d'éboueur. Qadyr ne percevait même pas d'odeur, tout ce qui avait pu pourrir avait dû l'être depuis longtemps. Des cartons éventrés et des bibelots abandonnés plus loin, il finit par tomber sur un ascenseur. Qadyr crut à une mauvaise blague : la cage était vide. Les portes n'étaient plus là, l'ascenseur enfoncé dans de la cendre plus bas, les câbles détendus et pendouillant. Qadyr eut le réflexe de sortir et de regarder la façade. Il y avait des lumières aux fenêtres... des bruits, des odeurs de nourriture... Mais... comment pouvait-on habiter dans un tel état... autant ne pas payer de charges, mais saboter son propre lieu de vie comme ça...

Qadyr brandit les étages d'un pied ferme, montant les marches trois par trois, et chercha le septième appartement de l'étage quatre. Une porte ordinaire, qui ne présentait rien de plus que les autres. Il tira un rossignol de sa besace, tritura la serrure... et s'aperçut que la porte n'était même pas fermée. Une pression sur la serrure et elle s'ouvrit doucement dans un petit grincement. Qadyr rangea son rossignol et brandit sa lance sans l'allumer, marchant à pas de loup. C'est le livreur ? Déposez la commande dans le couloir. Vous avez les crédits sur le guéridon. Qadyr repéra le guéridon, plongé dans la pénombre et poussiéreux, avec des crédits neufs posés dessus. De quoi payer un plat à livrer classique. Qadyr ferma la porte, tourna le verrou, mit la chaîne et s'engouffra dans l'appartement jusqu'à la source de la voix.

Elle venait juste de là. Au bout d'une pièce rectiligne, un muun sans éclairage ambiant était assis en tailleur devant un ordinateur. Des cartons de bouffe partout en colonnes travaillées, des paquets de chips jonchant le sol, des bouteilles de verre en pyramides en équilibre... un vrai taudis dégueulasse. Les fenêtres étaient toutes condamnées, les armoires vieilles et le sol taché. Le muun pianotait sans s'arrêter, les deux coeurs pompant le sang nécessaire pour activer ses grands doigts de codeur. Qadyr put voir par-delà son épaule des lignes vertes sur fond noir, défilant à une vitesse qui lui parut - même à lui - surhumaine. Il esquissa à peine un mouvement sur le côté, comme pour se rendre compte d'une présence dans son dos, sans même le regarder. Vous avez pas trouvé les crédits ? C'est sur le guéridon j'ai dis. Posez la commande ici et allez-vous en.

Qadyr posa fermement la pointe de sa lance sur le dos du muun. Il arrêta de pianoter. Une dizaine de secondes restèrent en suspens. Il leva légèrement les mains... et balaya d'un coup ferme la lance en pivotant d'un coup. Qadyr profita de cet élan pour frapper le nez plat du muun avec le bout contondant de sa lance. Le muun fut projeté sur le côté, se tenant les fentes respiratoires d'où s'échappait un peu de sang. Qadyr raffermit la prise sur sa lance et la pointa sur le torse du muun. Il portait un vieux tricot de corps autrefois blanc, paraissait plus gros que le muun moyen en restant maigre, et ses yeux étaient fatigués, entourés de cernes. Tu veux quoi ? Qadyr pointa l'ordinateur d'un hochement de tête. Pyke ?

Le muun fixa son ordinateur. Puis Qadyr. Puis son ordinateur. Puis Qadyr. Ouais... Pyke.
Avatar de l’utilisateur
By Qadyr Vizsla
#40414
Image


Deux chiens de faïence qui s'observaient, c'était l'instauration d'une gêne. Le muun était rôdé au code, à la dactylo en général, mais pas au combat. Ca ne l'empêchait pas de sembler intelligent et plutôt malin : Qadyr avait pu repérer les réflexes de quelqu'un hors du métier recherchant une issue à son impasse : un objet à portée de main, une alarme qui alerterait les voisins... même de quoi marchander à ce stade. Mais il n'avait pas grand chose pour l'aider. Et là où son allonge et son poids auraient pu être, Qadyr pouvait le retourner contre lui facilement. Tu veux quoi du coup ? Qadyr jaugea un peu son vis-à-vis. Pas de tremblement, pas de coups d'oeil latéraux, pas de changement de voix. Il savait maîtriser ses émotions, et c'était appréciable. Inventaire, beskar. Le muun écarta un peu les mains, les gardant en évidence. Tu veux l'inventaire Pyke de tout ce qui est en beskar ? Qadyr approuva d'un hochement de tête. C'est pas banal. Qui t'a dit que j'avais ça ? Pas de réponse. Si tu me laisses retourner à l'ordi, je peux te trouver ça...

Qadyr appuya de sa lance dans son épaule. La pointe transperça une bonne couche de peau, ce qui tira un cri du muun. Le sang giclant, il alluma sa lance et cautérisa, ce qui tira un autre cri. Qadyr se figurait qu'aucun voisin n'en aurait quoi que ce soit à foutre. Pas de formatage. Le muun ricana en grinçant des dents, sous le coup de la douleur, de la colère et de la surprise. J'en avais pas l'intention... Mais il mentait. Le muun se massa la zone meurtrie en tapant d'une main. Il travaillait sans interface graphique et rentrait tout en ligne de commande. L'inventaire s'afficha brut, avec des références d'une quinzaine de caractères. L'inventaire devait être colossal. Il appliqua toute une série de filtres, maugréant parfois des "c'était lequel déjà..." ou des "merde, la commande c'était..." mais fini par arriver à une liste restreinte. Voilà, c'est tous les produits en beskar. La colonne là, c'est l'entrepôt, celle-là, l'inventaire, là la quantité, et là la date de rentrée. Il y avait plus de contrebande de beskar que Qadyr l'aurait cru possible. Les produits les moins chers étaient du minerai brut, le plus compliqué à gérer, faute de forgeron capable de le fondre et le travailler. Les plus chers montaient en gamme : des lots de lingots sans marquage, des armes de corps à corps, beaucoup de beskad notamment, des gantelets de force...

Et trois armures, dont deux marquées "complète".

La bonne ligne.

2895-26-GBHA-294 | 07 | ARMURE MANDALORIENNE BESKAR COMPLETE - NOIRE ET JAUNE | 1 | 11-03-16


Entrepôt 7... c'est celui près des quais des transporteurs extrasectoriels. C'est sur les niveaux de surface dans le secteur... hmmm... je sais plus bien, mais ça se trouvera facilement... c'est une succursale de la Rendili qui gère les transporteurs et les bureaux de douane. L'entrepôt a un gros poisson à deux têtes sur le bâtiment je crois. Qadyr enregistra les informations et tapotant son épaule, tira un patch à bacta de sa sacoche et lui posa sur l'épaule. Euh... merci mais tu as pas l'impression de te foutre de ma gueule là ? Qadyr ne répondit rien. Tu vas me laisser là, prévenir les Pyke que tu m'as menacé et que tu viens les chercher ? Qadyr ne répondit rien. Tu vas me tuer pour t'assurer mon silence ? Qadyr ne répondit rien. J'te parle, merde ! Qadyr soupira. Non. Le muun commença à s'agiter. "Non" à quoi ? Qadyr ne répondit rien.

On toqua à la porte. Personne ne bougea. On retoqua. Bonjour, c'est pour vous la pizza aux champignons ?




Qadyr ouvrit, paya avec ses propres crédits et donna un pourboire. Il apporta la pizza au muun qui ouvrit la boîte et commença à manger sans rien attendre. Pas un mot. Le muun répondit, la bouche à moitié pleine. 'ah... 'u ''as 'ayé 'a 'izza, ''est 'on 'our 'oi, ''en 'ous 'es 'yke 'oi. Ca devait donner genre Tu m'as payé la pizza, c'est bon pour moi, m'en fous des Pyke moi. Qadyr aurait pensé pareil : il était juste un dresseur d'inventaire, pas un gardien du temple sacré. Les cambriolages des uns envers les autres, ce n'était pas son problème. Qadyr repassa sa lance dans le dos et sortit sans demander son reste, ni même prendre une seule part.

Maintenant, remonter en surface, chercher un astroport contrôle par Rendili pour les transports extrasectoriels... et un entrepôt avec un poisson à deux têtes.
Avatar de l’utilisateur
By Qadyr Vizsla
#40416
Image


Passer d'un étage à un autre, c'est d'abord devoir trouver un des monte-charge qui faisait la navette entre chaque étage. D'énormes colonnes d'une centaine de mètres de large, de 20 ascenseurs sur deux rangées dos-à-dos qui laissaient parfois descendre et monter des gens. Mais la chose était rare : changer de niveau, c'était quasiment changer de vie. On pouvait croiser des gens moyens aller en surface dépenser plus d'argent que d'habitude, très rarement des riches voulant s'offrir une visite dans la crasse, pour dire en prenant des photos "c'est tellement typique !". Mais la vérité, c'était que les voyageurs changeaient simplement de classe sociale. Un moyen était devenu assez riche pour monter habiter au soleil, ou au contraire, un nanti avait tout perdu en bourse et partait vivre où il pouvait encore se le payer avec ses diplômes qui ne valaient rien sans compte bancaire. Prendre cet ascenseur, c'était passer de l'ombre à la lumière, en vivant de ses yeux une métaphore explicite.

A l'air libre, Qadyr put remarquer à quel point l'odeur avait changée. La lumière et les vents circulaient librement, de même que les flux de gens, de vaisseaux en suspension sur les hautes cimes des immeubles tassés, et sur les places financières qui se posaient çà et là. Qadyr préférait encore le monde d'en bas. Ce monde-ci, trop propre, trop loin de toutes les réalités d'en bas...

Mais l'avantage d'un niveau propre, patrouillé et nettoyé par des entreprises privées payées des poches des riches pour les riches, c'était qu'on pouvait trouver des terminaux planétaires en état de marche à divers endroits. Rarement connectés gratuitement à l'Holonet, ils étaient au moins connectés sur l'intranet planétaire. De là, on pouvait accéder - privatisation oblige, sous réserve de paiements ponctuels - à diverses bases de données, notamment commerciales. Les registres donnaient de bonnes indications des sites contrôlés selon les entreprises à leur direction. Pour Rendili Transports, il fut facile de retrouver l'activité correspondant à "Import-Export", et ensuite recouper avec un passage sur un moteur de recherche et quelques mot-clefs. Et on finissait vite par retrouver un astroport, le numéro du quai géré par Rendili Transports.

Et des photos montrant un entrepôt avec une "tête de poisson à deux têtes".




Image


Ce n'était pas vraiment un poisson à deux têtes. Plutôt une main tendue en pointe décalquée en miroir. Mais de loin, la description collait à peu près. L'entrepôt était classique de ceux qu'on voulait cacher subtilement : ouvert, avec des caisses apparentes et des gens qui y travaillent normalement, mais avec des gardes plus attentifs, plus lourdement armés, et éloigné du centre d'activité de l'astroport. Deux quais plus restreints y étaient accolés, derrière d'autres bâtisses massives et anonymes, le tout planqué en arrière et sans lien direct avec les ruelles menant aux quartiers industriels attenants d'où venaient les camions chargés d'appareils en partance pour la galaxie.

Planqué sur une antenne-relais, Qadyr avait une vue plongeante sur la cour de l'entrepôt et les allers et venues sur place. Tout était à peu près pareil que dans le complexe souterrain où il avait eu le nom du grand Dudu. Qadyr pensa un instant au câble enlevé sur le chariot qui faisait la navette depuis le bar, se demandant s'il n'avait pas déclenché une alarme sur tous les entrepôts. Et si le grand Dudu avait cafté ? Si l'ami de Meulik s'était échappé faute de vouloir écouter des livres audio ? Non, il était du métier, il savait quoi penser, quoi analyser, et quelles conclusions en tirer.

Et pour l'heure, savoir comment s'introduire discrètement dans la base. Ou plutôt, non, ça c'était la partie facile. Le tout était de savoir comment en ressortir sans se faire prendre.

Et comment y trouver son armure.
long long title how many chars? lets see 123 ok more? yes 60

We have created lots of YouTube videos just so you can achieve [...]

Another post test yes yes yes or no, maybe ni? :-/

The best flat phpBB theme around. Period. Fine craftmanship and [...]

Do you need a super MOD? Well here it is. chew on this

All you need is right here. Content tag, SEO, listing, Pizza and spaghetti [...]

Lasagna on me this time ok? I got plenty of cash

this should be fantastic. but what about links,images, bbcodes etc etc? [...]