L'Astre Tyran

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#28396
********Chapitre I : Everybody wants to rule the World********
********

***ambiance***

Kuat City,
An 19 du calendrier Impérial
0 BBY...


ImageDeux personnes patientaient à l'entrée de la zone d'atterrissage d'une des pistes VIP d'un des nombreux spatioports de Kuat City. Toutes deux regardaient le vaisseau amorcer lentement sa décente. Les comparaisons pouvaient s'arrêter là. L'une d'elle, une jeune femme rousse en uniforme impérial serrait un datapad contre elle, l'air tendu. A ses côtés, un homme en civil dont les cheveux grisonnant, une allure chétive et la posture détendue faisait oublier les années de service qu'il comptait au sein du redoutable BSI. Les deux silhouettes n'échangèrent ni un regard, ni une parole. Ils étaient invisible l'un pour l'autre, et chacun s'en accommodait.
Le yacht se posa en douceur sur la piste désignée. La lumière crépusculaire se reflétait sur la coque blanche alors que le personnel du spatioport de Kuat City se pressait déjà autour du luxueux bâtiment. Un groupe de steward se positionnait prêt des soutes tandis que des techniciens en combinaison s'affairaient déjà au niveau des tuyaux de carburant, aidés par des droïdes. Une fois à l'ombre des murs du spatioport les deux observateurs purent voir les seules trace de personnalisation extérieur : de chaque côté au niveau du pont principal, des armoiries de couleur verte. Les mêmes que l'ancien soldat avait de cousu sur l'épaule droite de sa veste. La large rampe d'accès s'ouvrit dans un bruit de dépressurisation et, sans perdre une seconde, l'homme s'avança. Surprise par cette élan, la jeune militaire du trottiner derrière lui pour le rattraper et faire de longues enjambées pour rester à sa hauteur. Ils s’engagèrent sur la rampe d'accès, laissant les stewards chargés de bagages s'écarter de leur chemin. Arrivés en haut, ils furent accueillis par le capitaine qui échangea quelques mots à l'oreille de l'homme avant de lui indiquer une direction. Ils traversèrent des couloirs d'où s'étalait une richesse certaine, croisant quelques gardes armés. Les quelques membres d'équipages s'afféraient aux côtés des domestiques dans une impassibilité toute professionnelle. Les deux inconnus finirent par ouvrir une double porte qui donnait sur une grande pièce de travail somptueuse. Des décorations venant de tous les mondes du noyau s'y côtoyant dans un style unique.

- Enfin !

Une jeune femme blonde se précipitait déjà vers les nouveaux arrivants, la mine réjouie. La moquette masquait le bruit de ses botes alors qu'elle faisait de grande enjambées pour atteindre les nouveaux arrivant. Sa tunique verte, couleur de sa maisonnée, était étrangement assortie à la couleur de ses yeux. Et même si sa démarche n'était pas très noble en cet instant, une prestance se dégageait d'elle comme un halo de lumière. De part son allure, elle accaparait l'attention, la mode délicate et distinguée d'Alderaan effaçant son jeune âge de dix-sept ans. Et elle enlaça longuement l'homme qui l'avait rejoint.

Image- Vous m'avez manquée, dit-elle en relâchant prise. Je n'imaginais pas à quel point la vie était calme sans vous pour me sermonner chaque jour que la galaxie fait.

L'inconnu ne répondit pas, se contentant de balayer la remarque de la main. Cela faisait prêt de deux semaines qu'il était sur Kuat pour préparer cette arrivée. Il sourit néanmoins et se tourna vers la personne qui l'accompagnait. Cette dernière semblait encore plus tendue encore que sur la piste. Elle ne semblait pas se trouver à sa place dans cet endroit, comme si l’opulence qui s'en émanait l'oppressait au plus au point. Des bustes sur piédestal fréquentaient des peintures et hologrammes au prix indécent accrochés aux murs, dans une ambiance paisible.

- Je vous présente le lieutenant McCreary. Elle nous a été détachée par le gouverneur.
- Votre Grâce, salua l'officier impérial en s’inclinant. C'est un plaisir de vous voir. Je suis à votre disposition durant toute la durée de votre séjour sur la planète. Votre... intendant et moi avons déjà mis une suite à votre disposition, dans un hôtel prêt du palais du gouverneur.

Jadonna Theisman-Harrington, Comtesse et Seigneur d'Alderaan, serra doucement la main du lieutenant, la jaugeant d'un regard exercé. Elle semblait avoir quelques années de plus qu'elle-même, un visage innocent, joli s'il en était, une voie douce et chantante... Ce n'était pas sans raisons qu'elle travaillait pour le gouverneur. Si de Jadonna émanait la grâce, sa visiteuse inspirait la confidence. On avait l'impression de pouvoir - non de
devoir ! - lui confier quelque chose, n'importe quoi. D'un simple regard la native d'Alderaan se douta que l'ange en uniforme pouvait certainement soutirer nombre de secrets. Sur l'oreiller ? Par la boisson ? Le vol ? Le charme et le flirt ? Jadonna était suffisamment lucide pour finalement se poser la seule question importante : pour qui ?

- Merci, lieutenant, répondit-elle, lui lâchant la main. Je vous prie de transmettre à Son Excellence mes remerciements pour sa prévenance. C'est un plaisir de vous avoir avec nous.
- Le plaisir est pour moi, madame la Comtesse.

Jadonna lui sourit doucement mais avec insistance. L'officier comprit le message rapidement s'excusa d'un air gênée. Songeuse, la comtesse fixa la porte quelques secondes après qu'elle fut fermé derrière l'impériale. Puis, finalement seuls, les deux personnes présentes se dirigèrent vers une table de travail au centre de la pièce. L'homme s'installa dans un fauteuil, sortant un datapad qu'il activa. Jadonna s'était approchée des fenêtres tintées, observant sans le regarder le monde bouger à l'extérieur.

- Alors ? Qu'en pensez-vous, milady ?
- J'en pense qu'elle se fait bien plus simplette qu'elle ne l'est, répondit la Comtesse le regard toujours perdu dans le vide. Elle se donne un air... absent. Mais son regard la trahi. Non, elle est bien trop vive et alerte pour n'être qu'un simple officier d’ordonnance.
- Je vois que mes leçons ne sont pas inutiles. Il faudra faire attention. Ce n'est pas un hasard si le gouverneur vous l'a assigné.

La jeune femme gloussa.

- Bien sûr ! Trouvons le bon angle d'approche pour travailler avec elle. A partir de là...

Elle se retourna, s'installant dans un canapé le long d'une baie vitrée.

- Mais tout cela est secondaire, David, alors mettons-nous au travail et concentrons-nous sur l'objectif de cette visite.

ImageDavid Weber fit glisser le datapad jusqu'à son Seigneur et commença son rapport. Une partie de son cerveau s'égara dans ses souvenirs... Il n'était en rien un "intendant", comme l'avait nommé l'officier impérial. Il avait rejoint la maison Theisman-Harrington après son service militaire, comme son père. Et son père avant lui. Cela faisait plusieurs générations que sa famille occupait des postes d'importance au sein du Comté, plus ou moins dans l'ombre. En retour, la dynastie s'occupait de payer les études, appuyaient des demandes financière ou encore protégeait les membres de poursuites judiciaires. La liste n'étant pas exhaustive... Il aidait la dernière-née de la famille depuis qu'elle avait dix ans. A l'époque il s'agissait principalement d'un rôle de garde du corps, la petite n'ayant pas encore l'âge de faire la politique sienne. Puis il était devenu son "tuteur" ; comment soutirer les secrets, les conserver... Et la petite fille devint rapidement une jeune femme douée dans la manipulation. L'attentat rebelle ayant conduit à la mort du paternel fut un chamboulement administratif dans le comté. Alors que sa fille récupérait le titre, se plongeant dans ses devoirs et ses droits, elle avait besoin d'aide d'une personne de confiance pour la gestion des "affaires" que son père avait en cours. Pour David, le job resta le même, seule la description changea. Son titre officiel était devenu "Chef de cabinet du Comté". Aucun texte officiel ne prévoyait pourtant son existence ni ses attributions au sein de la Maison Theisman-Harrington. De ce fait, son rôle était bien plus important que les gens ne pouvaient l'imaginer. Il suivait son Seigneur partout, gérait la sécurité et les grosses pontes... Et ça c'était le côté public. Dans l'ombre, il y avait bien plus de chose à s'occuper.

Non, David Weber n'était pas un simple "intendant". Mais en tant qu'ancien du Bureau, il n'était pas mécontent que les gens le prennent comme tel.

- La soirée étant demain soir, je pense que nous pouvons nous concentrer sur...
Modifié en dernier par Jadonna Harrington le lun. 19 juin 2017 18:05, modifié 3 fois.
#28528
La limousine filait à vive allure dans le ciel de Kuat City, capitale et plus importante agglomération de la planète. Elle se faufilait entre les immenses buildings de la ville, esquivant par les voies prioritaires les tunnels bouchonnés. Pour elle, la circulation était toujours fluide. Elle quitta la capitale, laissant derrière elle ses élégantes tours pointant vers le ciel et se dirigea vers l'une des mers de la planète. Il lui fallut moins d'une heure pour rejoindre un lieu vidé de toute civilisation. Toute ? Non. Une villa si grande qu'elle en avait presque le titre de "palais" se tenait là, au bord d'une falaise, offrant une vue imprenable sur l'horizon. Un turbo-élévateur transparent partait de l'une des terrasses pour rejoindre une plage de sable blanc, une centaine de mètres plus bas, équipé avec des dizaines de transats et divers véhicule de sport nautique. De l'autre côté de la résidence, des jardins d'un style Ancienne République enrichi par nombres de statues, bassins et autres fontaines. Les seuls véhicules en vol aux alentours étaient des patrouilleurs du Corps de Défense Planétaire. Ainsi qu'une paire de chasseur TIE représentée par des points noir, haut dans le ciel rosé du soir, faisant des allers-retours le long du périmètre désigné. Au sol, regroupés en une espèce de parking, des speeders tous plus luxueux les uns que les autres. Et aux quatre coins du domaine, des formes humaines accompagnées de droïdes de sécurité faisaient des rondes sans discrétion.
ImageLa limousine amorça sa descente vers le bâtiment principal. Et alors qu'elle se rapprochait de l'entrée, survolant les terrasses et plates-formes, que le bruit du vent diminuait alors qu'elle ralentissait, les occupants du véhicule purent avoir une brève idée de ce qui les attendait ; découvrant le nombre de silhouettes présentes et discernant l'ambiance sonore du lieu. Lorsque finalement la limousine se fut arrêté à l'endroit prévu, deux soldats en tenue d'apparat de la garde du Comté sortirent de l'avant du véhicule et se positionnèrent de chaque côté de la portière arrière. Un droïde de protocole s'approcha de sa démarche particulière et ouvrit la porte. Jadonna en sortie, vêtue d'une élégante robe de soirée verte, suivi de David Weber qui tentait de cacher tant bien que mal le fait qu'il abhorrait d'être en costume. Ils s'avancèrent sur l'escalier menant à l'entrée principale d'une manière très protocolaire : la Comtesse ouvrait la marche, Weber restant à deux pas derrière elle et les deux gardes de chaque côté en escorte. Au milieu des marches, le lieutenant McCreary patientait en uniforme de cérémonie.

- Madame la Comtesse, la salua-t-elle arrivée à son niveau. Vous êtes ravissante.
- Merci, lieutenant.

Jadonna abordait un sourire sincère aux lèvres. McCreary l'avait dévisagée de la tête au pied et n'avait pu s'empêcher un léger mouvement de surprise quand elle avait prêté attention à la couleur des cheveux de la jeune femme ; ses longs cheveux blond lisse et d'ordinaire détaché avait laissé la place à une coupe plus de circonstance... et rousse.

- Vous allez faire forte impression, l'avait félicité Weber alors qu'elle entrait dans la limousine. Je gage que personne ne sera indifférent.
- C'est bien le but, avait-elle répondit du tac-au-tac en s'installant confortablement. D'ailleurs, je vous charge de me désigner ceux qui seraient insensible à mon charme.

Elle lui avait offert alors avec un sourire de prédateur. Contrairement aux apparences, elle n'avait pas traversée plusieurs dizaines de parsecs pour une simple soirée. Oh, l'un des buts était certainement de se montrer, comme la majorité des invités. Mais le principal objectif de cette visite sur Kuat était bel et bien l'hôte de ce soir, le gouverneur planétaire. La Maisonnée Theisman-Harrington avait besoin d'appui dans les mondes du noyau pour faire grandir son influence au sein de la Cité Impériale. Le gouverneur n'était que la première étape d'une idée qui avait germée bien des mois auparavant et dont le plan prendrait plusieurs années à être appliqué entièrement. Et dont les effets principaux ne seraient pas perceptibles avant plus longtemps encore. C'était un projet réfléchit et nécessiterait des ajustements le temps passant, mais il fonctionnerait. Jadonna en était certaine. Elle voulait se rapprocher du pouvoir Impérial, avoir ses accès dans le cercle de l'Impératrice. Non, elle le devait. Pourquoi ? Allez parler d'Alderaan à des membres ayant leurs entrées dans les couloirs décisionnaire de Coruscant et tout ce qu'ils entendront sera "Organa, Organa, Organa". Voilà la vision qu'avaient les membres essentiel de l'Empire à propos de sa planète natale ; un foyer majeur de Rebelle en puissance réfutant le progrès et l'Ordre établi. Cela devait changer. Elle ne voulait pas de la place au Sénat ; ça, le Vice-Roi Bail pouvait toujours la garder. Pas plus qu'elle ne voulait destituer du trône la Reine Breha Organa ; malgré toutes les différences qu'il pouvait y avoir entre les deux Maisonnées - et par la Galaxie, il y en avait ! - la Comtesse accordait bien trop de déférence à la famille royale et à l'histoire de sa planète. Elle ne serait pas celle qui aurait engagé Alderaan sur la voie d'une énième guerre civile.

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Ainsi cette soirée de bienfaisance dans la "Résidence d'été" du gouverneur, comme elle était nommée avec humilité, réunissait une bonne partie du gratin Kuati et d'autres de divers monde du Noyau. Des industriels richissimes, des politiques en pleine ascendance, voir même quelques escrocs de grande échelle connaissant trop de beau monde au bon endroit pour être inquiété de leurs activités. Mais n'était-ce pas la même chose pour toutes les personnes présentes ? L'occasion était donc trop belle pour la laissé passer. Et lors des enquêtes sur le gouverneur et son cercle rapproché qu'avait discrètement effectué Weber en amont, il avait rapidement découvert plusieurs choses : il se prenait pour un critique d'art mais n'y connaissait absolument rien, qu'il dépensait sans compté et qu'il appréciait les Twi'lek dans son lit mais qu'il était absolument ébloui par les humaines aux cheveux roux...
Cette teinture relevait bien plus d'un enjeu politique que d'une frivolité.

- Je crains que vos gardes ne puisse se rendre à la réception même, s'excusa McCreary sa surprise passée.
- Bien sûr, répondit l'alderaanienne qui avait gardée son sourire.
- D'autres invités sont également venu avec leurs gardes du corps ; une aile de la résidence leur est réservé où ils pourront se détendre et avoir accès aux jardins. Des rafraîchissements et un dîner sont également prévus.
- Je veillerais à ce que tout soit en ordre, milady
, intervint Weber.
- Après vous, Madame la Comtesse, l'invita du bras l'officier.

Le petit groupe gravi les marches jusqu'à l'entrée principale. Certains individus jetèrent des regards en coin, quelque peu intrigué par l'étrange troupe qui arrivait. Jadonna gardait un sourire léger, loin d'être faux mais travaillé depuis toute jeune spécialement pour ce genre d'occasion publique. Le lieutenant McCreary était en train de lui expliquer le déroulement de la soirée ainsi que le type de personnes présente. Près de trois cent convives étaient prévus pour ce soir et plus de deux cent avaient déjà été accueillis. Que du beau monde. Les deux jeunes femmes passèrent devant l'entrée mais n'y pénétrèrent pas. A la place, elles longèrent une partie des jardins servant de lieu de rendez-vous à divers groupes d'invités. Elles atteignirent l'aile droite de la résidence, abritant la gigantesque salle de bal qui servait à l'heure actuelle de salle de réception, et y pénétrèrent par l'une des nombreux doubles portes vitrés restée ouverte.

- Madame Jadonna Theisman-Harrington, Comtesse d'Alderaan, présenta aussitôt le chambellan, accompagnée par Leliana McCreary, lieutenant de sa Gracieuse Majesté l'Impératrice !

ImageL'annonce effectuée par comlink relié à la salle ne pouvait passer inaperçu. Le système de sonorisation des lieux mit l'annonce à portée de toutes les oreilles sans qu'il soit besoin de s'abaisser à beugler. La voix du chambellan n'était pas forte au point d'interrompre les conversations en cours, mais celles-ci se turent néanmoins petit à petit dans toute la salle. Quelque uns des invités n'accordèrent à peine qu'une ignorance polie aux nouvelles venues. Mais la majorité ne purent s'empêcher de les fixer plus longtemps que ne l'aurait voulu la convenance. Pour leur défense, il fallait avouer que la scène était déconcertante, à tout le moins. Deux femmes dont l'âge combiné n’atteignaient pas la moyenne des autres membres présents, qu'on aurait pu se demander si ces deux jeunes filles ne s'étaient pas trompées de soirée. Puis leur physique ne pouvait les rendre inaperçu. Déjà ravissante au naturelle, les tenue respectives rajoutaient à l'attirance ; l'officier immaculé dans son uniforme blanc de cérémonie et Jadonna dans une robe de soirée verte émeraude profond. Les voir ensemble côte à côte, couleur de cheveux identique telles deux sœurs, les rendaient ensorcelante pour bien des mâles présent.
Une vague de silence, presque de quiétude, sembla se produire le temps d'une respiration. Jadonna s'avança alors avec l'aisance et la grâce de son statut social et les conversations reprirent. Le gouverneur avait interrompu sa conversation avec un dignitaire à l'annonce de l'arrivée de Jadonna. Et maintenant il traversait prestement la salle, souriant à travers une moustache grise parfaitement taillée. La comtesse lui sourit en réponse et se fendit d'une gracieuse révérence à la mode d'Alderaan avant de prendre la main que lui tendait le politique. Il se permit un baisemain avec la galanterie d'un homme de son rang.

- Comtesse, c'est un plaisir de vous rencontrer enfin de visu, dit-il en se redressant. Je vous l'ai déjà dit lors de nos précédents échanges bien sûr, mais je tenais à vous présenter en personne mes condoléances pour la mort tragique de votre père.

Cet événement funeste remontait à plus de quatre mois standard maintenant. Jadonna avait fait son deuil depuis longtemps, la gestion du comté lui laissant bien peu de temps libre pour pleurer. La douleur de la perte était gérable. En revanche la colère, elle, était toujours bien présente.

- Merci, Vôtre Excellence, répondit-elle. Cela me va droit au cœur.
- Soyez certaine que ces vermines ne s'en tireront pas comme cela. Toute cette bande de terroriste, ces soi-disant "Rebelles", seront bientôt punis comme il se doit par le bras armé de l'Empire.


Jadonna garda un visage calme et attentif puis le remercia de son obligeance. Le gouverneur s'excusa, promettant de revenir lui parler plus longuement dans la soirée assez fort pour les invités proche l'entende, adressa un signe de tête à McCreary et repartit vers son précédent interlocuteur. Une esclave Twi'lek en profita pour s'approcher, apportant deux coupes de champagne sur un plateau avant de se diriger avec élégance vers un autre groupe d'invités.
Le début de soirée se déroulait parfaitement bien. Maintenant, il fallait transformer l'essai, songea la comtesse...


**************


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Weber observait le déroulement de la soirée discrètement, se mêlant au milieu des invités ou restant à l'écart suivant les situations. Réflexe de formation, il avait tendance à laisser ses oreilles traînées un peu partout dans ce genre d’événement. La nuit suivant son cours, les gens se pensant dans un lieu sûr avaient tendance, aidé par la boisson, à vouloir parler faisant fi d'une discrétion souvent nécessaire. Lui tenait à la main son premier et unique verre d'alcool auquel il n'avait pas touché, se contentant parfois de faire semblant de le boire. Il s'agissait de garder l'esprit lucide quelque soit les circonstances tout en se fondant dans la foule. Passer inaperçu. Un second réflexe de travail qui ne l'avait pas quitté.
D'un coin de l’œil, il surveillait son Seigneur et l'hôte de ces lieux qui s'étaient éclipsé sur l'une des terrasses donnant sur la mer.
De l'autre, il reconnut la silhouette tentant de s'approcher furtivement de lui dans un angle mort.

- J'espère que vous passez une bonne soirée, monsieur Weber ?

Ce dernier joua la surprise.

- Lieutenant ? Oh, vous m'avez fait peur !
- J'en doute.


La réponse de McCreary était si sèche que Weber en fut réellement surpris. Son attention se dirigea entièrement vers la jeune femme en face de lui. Et clairement le masque était tombé. Son air de jeune fille fragile s'était définitivement envolé, laissant à la place une femme débordant d'assurance et d'hardiesse. Son regard le fusillait. Il prit le temps de respirer et décida de voir jusqu'où elle allait aller.

- Je ne vois vraiment pas ce que vous insinuez...
- Me croyez-vous stupide, monsieur Weber ?
réagit l'officier froidement. Ou bien est-ce vous qui l'êtes ?
- Oh, je vous en prie
, répondit-il en souriant jusqu'aux oreilles. Vous allez m’offenser.

Le visage de son interlocutrice sembla passer à un rouge plus vif qu'un rayon de blaster et tout aussi mortel. Le temps d'un bâtiment de cœur, de la fumée aurait pu sortir de ses oreilles tant elle était sur le point d'exploser. Puis, finalement, un sourire méprisant se dessina sur son visage. Weber se retint de sourire tant la situation l'amusait. Mais en son for intérieur il était impressionné qu'elle puisse se maîtriser après avoir été sans doute à deux doigts d'essayer de lui briser l'entre-jambe.

- Très bien, passons ce petit jeu. Je vous observe depuis un bon moment maintenant ; pensez-vous que je ne sais pas à quoi votre maîtresse joue...? Je ne suis pas aveugle !

Weber sembla ne pas réagir de suite. Une alarme s'activa au fond de son subconscient. Ce n'était pas ni le moment ni l'endroit pour se faire remarquer de la sorte. Il posa son verre sur une table basse à côté, et fit signe au lieutenant de le suivre. Quittant la salle pour les jardins, Weber analysa rapidement le lieu pour trouver un coin tranquille à l'abri des oreilles indiscrètes - telles qui pouvait les avoir, lui. Ils s’engagèrent dans un labyrinthe végétal.

- Qu'est-ce qui vous a mis la puce à l'oreille ? fit doucement l'homme.

Les graviers sur lesquels ils marchaient couvraient presque entièrement sa voix. Le bruit des fontaines aux alentours se mélangeaient aux conversations et rires bruyant des personnes profitant des jardins. L'officier impérial s'était visiblement calmée. Maîtresse d'elle-même, sa réponse était bien plus douce.

- Vous ne pensiez tout de même pas que vos enquêtes - très discrète, je dois l'avouer - allaient toutes me passer sous le nez ? En général je ne m’inquiète pas outre mesure, tout le monde le fait. Mais les vôtres sont allez bien trop loin pour une simple routine. Vous devez avoir de très bon contacts ou des moyens financiers importants.
- Pour tout vous avouez, les deux. Mais ce n'est pas important. Je crois deviner la suite : vous avez cherché dans mon passé et n'avez rien trouvé. Cela vous a encore plus intrigué et vous vous êtes retrouvée à demander au gouverneur de nous être affectée.


McCreary maugréa quelque chose entre ses mâchoires fermées. Weber eut un sourire franc ; il avait tapé juste.

- Quelque choses ne tournait pas rond. Le premier dossier que j'ai reçu qui portait votre nom était trop... classique. Bien trop banal. Comme si l'on voulait vous faire passer pour un citoyen lambda. En revanche le second dossier... Vous savez ce que j'ai pu lire dans celui venant de la Cité Impériale, monsieur David Weber ? Rien. Ni votre planète d'origine, ni votre date de naissance. Seul votre nom n'était pas classifié.
- Comment diable avez-vous pu avoir accès à mon dossier ?


Weber s'était arrêté net la fixait d'un air très contrarié. La jeune femme qui avait continuée de quelque pas se retourna, l'observant attentivement. Sa colère semblait s'être dissipée et son visage était bien plus doux que lorsqu'elle avait abordée David quelques minutes auparavant. D'un signe elle l'invita à s'asseoir sur un banc libre à côté. Il n'y avait plus aucun bruit dans le labyrinthe si ce n'est leur voix.

- Je suis déçue que vous teniez en si petite estime. Je travaille directement pour le gouverneur de Kuat, pas d'une planète pommée de l'Espace Sauvage ; ne pensez-vous pas que j'ai moi-même des sources dans les équipes du Moff ou que je ne sache pas user de talents tels que les vôtres ?

L'ancien agent du BSI se rendit compte à quel point McCreary l'avait pris par surprise. Il avait soit misérablement sous-estimé son caractère ou n'avait pas pris en compte la menace trop sérieusement. Dans les deux cas, elle l'avait berné. Le pire dans l'histoire étant que jamais l'idée qu'elle aurait eu le culot de trouver le moyen d'avoir accès à son dossier personnel, dans les archives du Bureau, ne l'avait effleurée.

- Après quelques nuits blanche, continua-t-elle, j'en suis arrivé à la conclusion suivante : vous êtes véritablement blanc comme neige et moi je suis une Gamorréenne. Quant à la comtesse et sa teinture rousse... Le gouverneur n'est pas stupide, il va...
- Madame la comtesse sait parfaitement ce qu'elle fait
, l'interrompit sèchement Weber sous le regard courroucé de son interlocutrice. Elle s'est méfiée de vous dès votre première rencontre. Mais si nous sommes ici en train d'en discuter calmement, c'est que vous n'avez absolument rien dit au gouverneur n'est-ce pas ? Le fait est lieutenant, je suis très impressionné. Laissez-moi vous expliquer ce que je pense de la situation et si j'ai vu juste, j'aurais certainement une proposition à vous faire par la suite...


**************



ImageLe vent marin apportait une fraîcheur bienvenue dans cette nuit où la chaleur était lourde. Le ciel sans nuage rendait visible les gigantesques anneaux des chantiers naval en orbite. Jadonna discutait avec un groupe d'aristocrate de la planète sur l'une des terrasses quand le gouverneur s'approcha. S'excusant auprès de tous, il demanda à parler à la comtesse. Cette dernière fut saluée par les personnes présentes qui disparurent rapidement, laissant l'administrateur impérial et la native d'Alderaan seuls sur la terrasse. Elle s'appuya contre la rambarde, le dos à la mer tandis que l’hôte des lieux murmura quelque chose dans un comlink. Quelques dizaines de secondes plus tard, un droïde apportait deux verres de spiritueux sur un plateau. Le gouverneur les prit entre ses doigts et s'approcha de la comtesse tandis que le droïde repartait en roulant tout aussi rapidement qu'il était venu. Jadonna sourit à l'homme dans son uniforme blanc alors qu'il lui présentait une des coupes. Le cœur de la comtesse rata un battement tandis qu'elle observait "l'objectif" de cette soirée. La raison de sa présence ici était cet homme dans sa cinquantaine, bien entretenu avec son sourire jovial sur le visage. Elle prit la coupe et les deux trinquèrent.
Pendant de deux heures ils discutèrent face à l'horizon tandis que les divertissements se déroulèrent au fil de la nuit. Un feu d'artifice éclata pendant plus de trente minutes, illuminant le domaine dans la nuit claire. Deux chasseurs TIE firent un vol en rase-motte le long de la falaise, provoquant parmi les invités une hilarité générale et une vague d'applaudissements à s'en casser les poignets. Usant d'un charme naturel, la comtesse amena doucement la conversation sur le chemin de la politique. Elle avait cette étrange habilité à diriger un échange en tête à tête, pouvant suggérer, avec charisme et attention au gré des sujets évoqués, des fractions d'idées qui allaient émerger dans l'esprit de son interlocuteur comme complète et surtout, sienne. Puis usant avec brio d'une séduction fuyante, méthode aussi vielle qu'infaillible quand parfaitement exécutée, elle le félicita des nombreuses pièces d'art moderne et exotiques qu'il possédait. Glorifié par les compliments et séduit par Jadonna, le gouverneur sortit de sa poche deux petits rouleaux de feuilles constitué de fragments de plantes Corellienne.

- Je pense que nous allons parfaitement nous entendre, madame la comtesse, dit-il.
- Excellence, vous m'en voyez ravie, répondit-elle en allumant le présent du gouverneur.

Et pendant que le gouverneur et comtesse appréciaient en silence le parfum exotique des cigares, que David Weber et Leliana McCreary ressortaient des jardins, que le monde présent profitait des délices à leurs dispositions, baigné dans l'ignorance de la catastrophe qui venait de se produire à des milliers d'années lumières... un bouleversement si fort que seuls quelques êtres doués de capacités devenu mythe dans l'imaginaire collectif sentirent. Un événement si invraisemblable que beaucoup croiront à un canular lorsque l'information sera diffusée. Un immense patrimoine culturel, artistique et philosophique venait de disparaître à jamais.

Alderaan n'était plus. L'Histoire était en marche.
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