- dim. 1 déc. 2019 17:42
#36489
- La fin de l’innocence
- Il pleuvait. C’était comme si la soirée elle-même voulait pleurer cette funeste journée, comme si elle cherchait à soulager la plaie béante de destruction qui défigurait à présent Coronet City. La cité capitale, jadis enjouée et heureuse de vivre était tombée dans le désespoir et le questionnement. Qui les frappait et pourquoi ? Certains se tournaient vers les dieux, d’autres vers la Force, cherchant une explication à un malheur qui n’en avait aucune car qui pouvait justifier la violence dans de telles conditions, une violence aveugle comme venue d’une bête enragée tapissant l’intérieur de la civilisation. Le peuple corellien aurait besoin de temps, pour se redresser et se relever d’un tel évènements, tellement choquant qu’il laissait des êtres hagards et perdu dans les tourments de sa propre fureur. Mais cette action n’était pas restée sans réaction et les autorités avaient promis de retrouver les responsables de ce terrible et de les traduire devant la justice et nombre de corelliens attendaient l’allocution du diktat qui ne saurait tarder à arriver. Et la CorSec n’était pas seule. Les Jedi Corelliens avaient promis d’assister les autorités et ils tiendraient leur promesse.
La silhouette encapuchonnée faisait face au bâtiment, le Yippee Ki-Yay, un bar notoirement connu pour ses accointances avec le milieux criminel, la destination première que la Jedi avait visé ce matin si elle n’avait été interrompue par la prise d’otages. C’était également ici qu’elle s’était retrouvée lors de son premier contact avec la Ligue Humaine, qu’elle savait être derrière tout ça. Elle se tenait toujours devant, sous la pluie, hésitante. Elle souhaitait aider les forces de l’ordre mais Mat’ lui avait déconseillé de se rendre ici, parce qu’il craignait ce qu’il pouvait y arriver, sans qu’elle sache de quoi il avait peur : qu’elle soit prise à partie avec toutes les terribles conséquences que cela pourrait avoir ou bien qu’elle soit incapable de se contrôler ?
L’ancienne elle, celle qui avait été l’esclave du Simurgh, aurait probablement fait un carnage à l’intérieur de ce bar, sans chercher à distinguer le bon grain de l’ivraie. Ce n’est pas ce qu’il adviendrait là. Elle serra son poing gauche jusqu’à sentir la douleur puis fit un pas en avant, se dirigeant avec détermination vers le bar. A l’intérieur, il faisait chaud et l’ambiance était bien plus festive qu’elle l’aurait voulu, ici et là on entendait des rires dans des conversations, certains s’apostrophant à coup de blagues vaseuses. Elle laissa sa capuche sur sa tête, couvrant en partie son visage et alla s’installer au bar, patientant que le barman vienne à sa rencontre pour prendre sa commande, au bout de quelques minutes il l’interrogea sur ce qu’elle voulait :
- - Un whisky corellien.
- Il en existe d’autre ?
Son ton était badin, mais nul doute qu’il restait convaincu de ce qu’il disait, comme beaucoup de corelliens d’ailleurs, la grande majorité des corelliens étaient fiers de leur alcool, c’était culturel. Le barman déposa le verre devant elle et elle lui paya ce qu’elle lui devait. Un verre d’alcool dans ce bar et la première pensée qui lui vint à l’idée fût Ethea Deklan, un rapport simple à établir : la dernière fois qu’elle était passée ici la jeune femme y était aussi, dans un sale état. Ce qui établit un nouveau lien, la faisant penser à Riggs, ou plutôt Norin Varracht comme elle l’avait apprit par la suite par le biais de Rafael Eridan. Elle se demandait où se trouvaient les deux, s’ils avaient appris pour l’attentat, s’ils étaient en sécurité. Étrangement, elle aurait voulu être auprès d’eux à cet instant. Mais pour des tas de raisons, ce n’était pas possible.
Sa main s’empara du verre, admirant la couleur ambrée du liquide alcoolisé tandis qu’elle le portait sous son nez, se laissant envahir par l’odeur forte quoiqu’un brin épicé du whisky. Finalement, après un court temps d’hésitation, elle avala le contenu du verre cul sec, ne laissant presque pas le temps à l’alcool le temps de lui brûler la gorge. Le goût sembla se diffuser sur sa langue en même temps que la chaleur envahit son corps, elle ne résista pas, c’était peut-être le meilleur moment pour se laisser. Plus d’alcool. Elle déposa son verre sur le comptoir dans un bruit sec, levant la main en direction du barman :
- - Un autre.
Le tenancier lui lança un drôle de regard, mi-amusé, mi-intrigué, mais s'exécuta. Elle paya de nouveau sa consommation et s’enquilla un seconde verra sans adopter le même rituel cette fois. Et de nouveau le son du choc du verre sur le comptoir, bientôt agrémenté d’un :
- - Encore.
- Devriez faire gaffe ma p’tite dame, c’est de l’alcool corellien, ça torche vite.
- Je sais, je suis corellienne.
- Ah ? J’aurais pas dit, z’avez un accent étranger.
- Kuati, ouaip’.
Le troisième verre ne survit pas pas plus longtemps que son prédécesseur, et elle en commanda un quatrième ce qui provoqua un écarquillement du barman mais il ne contesta pas, après tout la p’tite dame payait ses consos sans faire d’ennui et si jamais il lui arrivait quoi que ce soit en-dehors du bar et bien...c’était pas son problème. Ce verre-ci, elle le laissa devant elle, visiblement perdue dans sa contemplation. Elle sentait un léger engourdissement au bout de ses doigts mais rien qui ne la détournait vraiment de l’envie de boire, ce n’était pas la première fois qu’elle buvait et elle tenait très bien l’alcool comme pas mal de corelliens. En fin de compte ce verre ce n’était rien et le boire n’aurait aucune conséquence. Toujours à ses réflexions, le verre posé devant elle, elle sentit une présence dans son dos.
- - Alors ma jolie, on noie son chagrin dans l’alcool ?
- Foutez-moi la paix.
L’autre éclata de rire.