- sam. 23 déc. 2017 15:59
#30907
La voix d’abord la surpris, elle en sursauta. Son regard hagard tourna autour d’elle dans la pénombre de l’aube naissante. Devant, derrière, elle ne le voyait pas. Jeny récupéra davantage de carton et s’y emmitouffla, comme un terrier, une grotte, une protection contre les attaques extérieures. Ici, c’était chez elle désormais. Le chat n’avait pas été assez, trop chétif, maladif. Rien de consistant. Sa vie avait besoin de plus, si elle ne devait pas s’éteindre. Sous ses cartons, elle ne bougeait plus. Son rythme cardiaque c’était stabilisé, ses blessures continuaient de la lancer, mais sans comparaison avec ce qu’elle avait vécu alors. Elle était une grise après tout. Non, elle avait été une grise, entraînée pour survivre. Mais tout cela avait été imparfait, car la survie ne dépend pas que de sa capacité à résister. Il y avait aussi la notion d’obtention. La vie dans les mains d’un autre était mal utilisée, approximative. Il s’en servait pour détruire son prochain. C’était une erreur. Jeny se devait de récupérer sa vie pour l’utiliser de manière bien plus adéquate. Lui réserver une place en elle, qui en même temps la faisait survivre. La ligne directrice commençait à se dessiner lentement dans son esprit. Tout prenait sens lentement. Une autre question, il était là, devant la ruelle, elle le voyait désormais. Ses deux étoiles se posèrent sur lui, elle ne répondit pas, se recroquevilla.
Secret ? Lui dire ? Un autre fou … Ils étaient tous fous. Il lui voulait sûrement du mal, ne pas bouger, peut-être perdra t-il patience et s’en ira-t-il. Le combat ? Non, trop faible. Instinctivement, elle approcha la main de son sabre. Surtout, ne pas se trahir. Jeny ne parla pas, mais son interlocuteur encapuchonné continua. La lumière des réverbères filtraient à peine à travers la ruelle. Un pas de plus sur le côté et elle ne pourrait plus le voir. La vue est inutile, idiote. Mais la Force … La Force demande trop d’énergie. Le côté obscure, lui peut aider. Il est là où la Force ne peut pas se manifester. Comment avait-elle pu être aussi aveugle toute sa vie ? Ami, pair avec la mort … Mangeur de mort ? Quel intérêt y avait-il à manger les morts ? Manger les vivants, c’était cela qui donnait toute la vitalité nécessaire. C’était plus logique, plus … apaitissant. Son regard alla à ses pieds quand le sol commença à se mouvoir. Des rats. Des dizaines de rats qui, telle une armée, se tenait au garde à vous derrière l’inconnu. Jeny fronça les sourcils sans rien dire. Des questions, elle en avait. Mais ne voulait pas de réponse. Elle n’en avait rien à faire de qui il était finalement. Pourquoi ? Parce qu’elle était en train de mourir. Le sursis était ce qu’il était, du temps. Il semblait qu’il ait raison sur le fait que les rats ne peuvent pas exister sans les vivants, puisqu’ils seraient morts, et donc leur nourriture. Quelque chose comme cela, elle n’avait pas tout saisi. Son esprit était ailleurs, et partout à la fois. Malade, brisé, recroquevillé et pourtant si diffus. Elle n’avait pas les idées claires, qu’est ce qu’elle était en train de faire ? Survivre. Cette idée qui ne cessait de tembourinner dans sa tête. Ne pas réfléchir, c’était la clé, cela faisait mal, et son corps en répondait.
Son regard ardent ne cessa de croiser les centaines des rats. Oui, un ou deux. Une invitation. Il voulait l’aider. Alors c’est qu’il voulait faire de son sursis, une convalescence. Quel qu’il soit, elle l’aurait bien remercié, mais sa gorge était trop sèche pour qu’un son ne sorte. Les cartons bougèrent sur elle. Lentement, elle en enleva un premier, découvrant sa tête, puis ses épaules. Comme un animal devant lequel on agite un morceau de viande, elle s’approcha avec méfiance, croisant le regard des rats et de l’être derrière eux. Le souffle. Elle inspira profondément et serra les dents. Jeny leva sa main et en choisit un, le plus gros ! Lentement, très lentement, les filins s’échapèrent de son corps pour se transférer jusque dans le bout de ses doigts. Lentement, très lentement, son propre corps semblait s’illuminer là où la vie circulait. Le premier rat tomba, un deuxième. Le même phénomène se produisit. Son corps accelera davantage, avec elle l’exctitation. Tout cela était bien trop vital pour qu’elle ne s’arrête. La cadence accelera, un troisième, un quatrième, un cinquième. Stop. L’individu la fit arrêter et par la même occasion lui fit de nouveau peur. Elle se faufila de nouveau sous ses cartons. « Je pourrai te boire toi aussi … Mais ton aura n’est guère plus grosse que ces rats ».
Jeny se sentait mieux, ses plaies intimes s’étaient refermées, elle le sentait. Et avec elles le souvenir de ce qu’il s’était passé. Enterré à jamais, ne jamais en parler. Jamais. Nouvelle question. Jeny déglutit lentement et sortit tout comme alors de sa cachette. Très lentement, fixant cette présence qui lui donnait à manger. Peut-être qu’elle en aurait plus, c’était ce qui comptait. Même si, elle ne comprenait pas vraiment le sens de ses phrases …
« Je veux … le souffle. La vengeance, les remords, les regrets. Je n’en ai cure. Je veux boire. Je veux la vie. Je veux tout ! »
Elle sembla grogner légèrement mais cessa d’avancer, toujours à même le sol, à quatre pattes, comme un animal. Le côté obscure faisait briller ses yeux d’une lueur rougeâtre. Elle voulait tellement plus.
Secret ? Lui dire ? Un autre fou … Ils étaient tous fous. Il lui voulait sûrement du mal, ne pas bouger, peut-être perdra t-il patience et s’en ira-t-il. Le combat ? Non, trop faible. Instinctivement, elle approcha la main de son sabre. Surtout, ne pas se trahir. Jeny ne parla pas, mais son interlocuteur encapuchonné continua. La lumière des réverbères filtraient à peine à travers la ruelle. Un pas de plus sur le côté et elle ne pourrait plus le voir. La vue est inutile, idiote. Mais la Force … La Force demande trop d’énergie. Le côté obscure, lui peut aider. Il est là où la Force ne peut pas se manifester. Comment avait-elle pu être aussi aveugle toute sa vie ? Ami, pair avec la mort … Mangeur de mort ? Quel intérêt y avait-il à manger les morts ? Manger les vivants, c’était cela qui donnait toute la vitalité nécessaire. C’était plus logique, plus … apaitissant. Son regard alla à ses pieds quand le sol commença à se mouvoir. Des rats. Des dizaines de rats qui, telle une armée, se tenait au garde à vous derrière l’inconnu. Jeny fronça les sourcils sans rien dire. Des questions, elle en avait. Mais ne voulait pas de réponse. Elle n’en avait rien à faire de qui il était finalement. Pourquoi ? Parce qu’elle était en train de mourir. Le sursis était ce qu’il était, du temps. Il semblait qu’il ait raison sur le fait que les rats ne peuvent pas exister sans les vivants, puisqu’ils seraient morts, et donc leur nourriture. Quelque chose comme cela, elle n’avait pas tout saisi. Son esprit était ailleurs, et partout à la fois. Malade, brisé, recroquevillé et pourtant si diffus. Elle n’avait pas les idées claires, qu’est ce qu’elle était en train de faire ? Survivre. Cette idée qui ne cessait de tembourinner dans sa tête. Ne pas réfléchir, c’était la clé, cela faisait mal, et son corps en répondait.
Son regard ardent ne cessa de croiser les centaines des rats. Oui, un ou deux. Une invitation. Il voulait l’aider. Alors c’est qu’il voulait faire de son sursis, une convalescence. Quel qu’il soit, elle l’aurait bien remercié, mais sa gorge était trop sèche pour qu’un son ne sorte. Les cartons bougèrent sur elle. Lentement, elle en enleva un premier, découvrant sa tête, puis ses épaules. Comme un animal devant lequel on agite un morceau de viande, elle s’approcha avec méfiance, croisant le regard des rats et de l’être derrière eux. Le souffle. Elle inspira profondément et serra les dents. Jeny leva sa main et en choisit un, le plus gros ! Lentement, très lentement, les filins s’échapèrent de son corps pour se transférer jusque dans le bout de ses doigts. Lentement, très lentement, son propre corps semblait s’illuminer là où la vie circulait. Le premier rat tomba, un deuxième. Le même phénomène se produisit. Son corps accelera davantage, avec elle l’exctitation. Tout cela était bien trop vital pour qu’elle ne s’arrête. La cadence accelera, un troisième, un quatrième, un cinquième. Stop. L’individu la fit arrêter et par la même occasion lui fit de nouveau peur. Elle se faufila de nouveau sous ses cartons. « Je pourrai te boire toi aussi … Mais ton aura n’est guère plus grosse que ces rats ».
Jeny se sentait mieux, ses plaies intimes s’étaient refermées, elle le sentait. Et avec elles le souvenir de ce qu’il s’était passé. Enterré à jamais, ne jamais en parler. Jamais. Nouvelle question. Jeny déglutit lentement et sortit tout comme alors de sa cachette. Très lentement, fixant cette présence qui lui donnait à manger. Peut-être qu’elle en aurait plus, c’était ce qui comptait. Même si, elle ne comprenait pas vraiment le sens de ses phrases …
« Je veux … le souffle. La vengeance, les remords, les regrets. Je n’en ai cure. Je veux boire. Je veux la vie. Je veux tout ! »
Elle sembla grogner légèrement mais cessa d’avancer, toujours à même le sol, à quatre pattes, comme un animal. Le côté obscure faisait briller ses yeux d’une lueur rougeâtre. Elle voulait tellement plus.