- lun. 20 janv. 2020 10:41
#36995
- « Tu avais dit “seule” … »
La Mirialan ajustait l’attache de son sabre laser.
- « Tu avais dit “sans arme” … »
La verte releva le menton vers la Farghule.
- « Mya …
- J’ai changé d’avis. »
Narella tirait maintenant une moue de trois pieds de long.
- « Qu’est ce que tu vas faire ? Ils ont dit un seul, un seul, pas deux.
- Tais-toi ! »
Il avait marché vite, très vite. On lui avait bien répété : quinze minutes, pas plus. Alors il s’était dépêché. On lui avait dit de ne pas courir, il avait fait les pas les plus longs possibles, et les plus rapides possibles. Il passa la porte de la cantina bien en avance. La sueur perlait sur son front. Il s’arrêta après avoir fait un pas dans l’établissement, et du regard, chercha le comptable. Là ! Il s’approcha, lentement, on lui avait dit lentement. Il ne pouvait pas s’empêcher de regarder tout autour de lui, il surveillait, mais il ne savait pas quoi surveiller. Le comptable posait sur lui un regard vide, dans lequel on pouvait lire, bien loin derrière les pupilles, la peur. Ils se connaissaient tous les deux, bien que l’acheteur n’eut fait que de très rares sorties. Il n’était ni Valens, ni Narella, ni Mya.
- « Ça … ça va ? »
Il désigna la chaise du doigt, puis sans attendre l’invitation, tira sur le dossier pour s’asseoir en face, dos à la salle.
Les clients allaient et venaient dans cette cantina, sans trop s’attarder à la porte. Ils allaient vers le bar, ou se tournaient directement vers les tables, hélaient leurs amis, évitaient leurs ennemis. La Mirialan passa la porte à son tour au moment où celui qui avait été envoyé au contact tirait sur le dossier de sa chaise dans un raclement de métal sur béton inaudible dans le brouhaha ambiant de la salle. Sans une hésitation, elle se dirigea vers le bar. En deux temps, trois mouvements, elle était installée, dos au comptoir, servie d’un verre commandé au hasard, et inspectait l’endroit, lentement. Il y avait du monde, mais pas beaucoup, une densité raisonnable d’individus. Son regard se promenait dans la salle, de table en table. Régulièrement, elle jetait un coup d’œil à son poignet, son comlink, qui devait inclure l’heure locale, et soupirait en relevant la tête. Son esprit lui, travaillait à son rythme, cherchant un indice. La Sith avait parié sur le fait que son ennemie viendrait elle-même assister à l’échange. Le temps filait. Rien. Tous ces idiots étaient de banals badauds. Elle repassait, discrètement, lentement, contenant sa propre frustration, dissimulant sa colère et amenuisant son aura, les visages immobiles autour des tables. Et soudain, lui apparut l’indice tant recherché. Cette fille, qui n’avait l’air de rien, rien de plus que la fille assise sur le banc d’à côté. Il n’y avait qu’elle ici. La Force vibrait autour d’elle.
Ranath décolla ses coudes du bar, abandonna sa boisson et se dirigea calmement vers la cible présumée. Elle se posta devant elle. Pendant ce temps, de l’autre côté de la salle, la transaction avait lieu. La Mirialan sourit doucement à la jeune femme au teint pâle. Elle était persuadée que c’était elle. Son portrait lui paraissait ressembler à la vision de l’imbécile qu’elle avait brutalisé plus tôt pour lui arracher les souvenirs de l’affrontement.
- « Salut.
Tu m’accordes un moment ? Je voudrais te parler. »
Son manteau, un peu délavé, parfois rapiécé, lui tombait jusqu’aux genoux. En prétendant s’asseoir, elle rejeta en arrière le pan gauche, révélant l’arme qui contenait le cristal de sang.
- « Ça ne t’embête pas ? »