L'Astre Tyran

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Aussi loin que remonte l'histoire du voyage interstellaire, Coruscant demeure la planète-capitale, le centre politique de la Galaxie. Entièrement recouverte d'une vaste mégalopole, elle ne produit aucune denrée, et le trafic aérien dédié à la nourriture remplit à lui tout seul le ciel de la planète.
Gouvernement : Nouvelle République
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By Leene Halcard
#30713
Il n'y avait pas grand chose de plus efficace pour oublier ses soucis qu'un bon verre de vin. Lorsque les soucis prenaient l'aspect d'un meurtrier patibulaire avec une rancœur particulière pour votre personne, le remède évoluait en une bouteille de vin de la meilleure des caves, aux arômes raffinés et au prix absolument indécent. Rajoutez à l'équation un serveur au sourire ravageur, aux manières impeccables et à la conversation rafraichissante et vous aviez une idée du début d'après midi parfaite que vivait actuellement Leene Halcard.

Après ses aventures mouvementées, où elle avait croisé coup sur coup truands et justiciers, Leene avait passé une bonne partie de la veille à signer une demie douzaine de déclarations assermentées qui allaient sans nul doute impacter durablement son existence dans les mois à venir. Sans aller jusqu'à jurer de sa tranquillité d'esprit, la blonde avait plutôt confiance en son plan expéditif. Lorsque les autorités eurent fini de vider l'Inisa de sa cargaison, Leene l'avait ramené au hangar au plus vite, verrouillant son appareil avant de s'effondrer sur sa couche et d'y séjourner douze heures d'affilées, dans un sommeil aussi lourd que réparateur. La matinée suivante avait été consacrée à la tâche ô combien importante de dilapider une partie de ses gains de la veille afin de retrouver une garde robe digne de ce nom. Réfrénant à grand peine une forte envie de vider la totalité de son compte en banque et d'aviser ensuite, Leene avait abandonné à grand renfort de soupir les étoffes les plus chères pour se rabattre sur des tenues à un prix plus raisonnable, selon son point de vue particulier en tout cas.

Ce fut donc après avoir dépensé une somme tout à fait déraisonnable qu'elle s'était mise en quête du restaurant le plus cher du coin, pour y pénétrer avec l'assurance d'une habituée des lieux. En bons soldats rodés à l'exercice difficile de satisfaire ce genre de clientèle exigeante, le personnel fut immédiatement aux petits soins pour elle, sa robe nouvelle acquise trahissant à la fois un goût certain pour le luxe et une propension égale à se séparer sans état d'âme de centaines de crédits.

Au bout de deux verres d'une boisson d'autant plus délicieuse qu'elle n'avait plus trempé ses lèvres dans pareil breuvage depuis plusieurs années, Leene aurait pu jurer être prête à affronter une armée de Drex à mains nues. Elle avait en tout cas les idées bien plus claires quant à la suite des évènements. Mieux encore, ses lobes et ses phalanges étaient enfin lestés de lourds bijoux dont l'apparence sobre ne tromperait guère les initiés quant à leur valeur réelle. Enfin, ses doigts palpaient des métaux précieux lorsqu'elle rabattait ses cheveux derrière ses oreilles dans ce tic caractéristique qui ne la quittait guère depuis le début de son aventure. Avec un sourire étincelant, Leene rappela son serveur et sa bouteille aux milles délices.
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By Leene Halcard
#30725
Leene aurait pu jurer que sa situation s'améliorait au fur et à mesure que sa bouteille descendait et que les arômes raffinés affolaient ses papilles. Lorsqu'elle jugea être tout à fait disposée, elle fit signe à son serveur attitré de déposer sa bouteille sur la table et de ne pas la déranger davantage. S'il s'exécuta sans discuter, on aurait pu jurer que se lisait sur son visage une certaine déception. Leene y était totalement insensible, pour ne pas dire qu'elle n'avait pas déjà oublié jusqu'à l'existence de son pourtant très dévoué échanson.

L'heure était venue de passer aux choses sérieuses et ce fut d'une main ferme qu'elle activa son datapad et y pianota à un rythme endiablé. Les tables de l'illustre établissement étaient suffisament espacées pour garantir une intimité totale à sa clientèle et elle n'eut pas besoin de regarder par dessus son épaule pour s'assurer d'être tranquille. Son projet du moment était simple et elle l'espérait efficace. Les quelques misérables deniers qu'elle avait, osons le dire, gagné honnêtement étaient l'occasion ou jamais de se lancer. Par chance pour la grande blonde, qui n'avait clairement pas envie de s'éloigner de sa bouteille de vin, la Nouvelle République permettait à ses membres de nombreuses facilités dans la création d'entreprise, et pour peu que vous soyez animé des plus honnêtes intentions et d'un compte en banque, il était aisé pour une personne très modérément alcoolisé de créer sa boîte, comme disait familièrement le petit peuple. Pour Leene, l'intérêt principal de cette avancée était de pouvoir recruter quelqu'un pour assurer le pilotage de l'Inisa à sa place. Bien qu'elle appréciait faire voler son appareil de temps à autre, la perspective de continuer à vivre dans son cockpit et d'enchainer inlassablement les sauts en hyperespace pour des livraisons à un rythme effréné était pour le moins dissuasive.

En quelques minutes donc, elle créa StarCorp. L’appellation était dépourvue de toute personnalité et c'était bien là son principal intérêt, puisqu'une entreprise affublée de ce nom pouvait être aussi bien un marchand de canon laser qu'un fabriquant de machine à laver. En d'autres termes, c'était un nom qui n'éveillait pas l'intention. C'était là toute l'intention de Leene. Si son activité, basée pour l'instant exclusivement sur son modeste cargo, n'avait aucune chance de rivaliser avec ne serais ce que les plus petits concurrents du moment, elle pouvait proposer bien d'autres services qui trouveraient preneur. Même en restant dans la légalité, une foule de clients étaient forts intéressés par les services rapides et discrets d'un transporteur anonyme et muet. Qu'il s'agisse de déplacer en douceur quelques possessions particulièrement rares en vue d'un divorce mouvementé ou d'acheminer une troupe de danseuses twi'lek pour une soirée particulière, Leene comptait bien contribuer à ce que les petits secrets de chacun demeurent bien gardés. Dans le pire des cas, elle pourrait toujours continuer à remplir chaque centimètre carré de marchandise de son vaisseau et continuer ces trajets qui dégageaient tout juste un bénéfice. Guère découragée par la longueur des formulaires, leur langue particulière qu'on aurait juré créé par une espèce rare de scribes pervers et leur phrasé alambiqués, Leene s'attaqua avec entrain à donner à StarCorp l'existence la plus légale et la plus établie qui soit. Elle faillit en oublier son verre plus de trois minutes d'affilées.
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By Zeph Mathuin
#30728
C'est quoi ce nom pourri? StarCorp? Sans déconner? Le type qui a trouvé ça devait en avoir un bon coup dans le pif.
Je ne comprend pas le problème. StarCorp c'est simple, fonctionnel, précis et je trouve ça plutôt joli.
Vous avez pris du Glitterstim avant de venir me voir ou quoi mon vieux? Et pourquoi pas "la fabrique de Tatie Cléclé" ou "l'entreprise familiale de John-Bob" tant qu'on y est?
Vous n'avez pas d'âme Capitaine.
Et vous, vous êtes un stupide lézard bipède.

Comme à leur accoutumée, l'Humain et le Trandoshan passaient le temps sur Chandrila en buvant une bière corellienne dans l'un des nombreux bars huppés du centre-ville d'Hannahla. Et comme à leur habitude, ils s'engueulaient comme un vieux couple. Le spectacle du grand rouquin se prenant la tête avec un Trandoshan haut de 2m qui aurait aisément pu le bouffer tout cru vu ses crocs et ses griffes avait quelque chose de comique, mais personne n'aurait pu deviner que ce rituel d'insultes était symptomatique de leur amitié.

Mais comment êtes-vous tombé sur cette entreprise au fait Capitaine?
Vous vous souvenez qu'Iris est allée avec le Cafard planquer notre magot y a quelques mois?
Oui.
Bon, ben va bien falloir qu'on songe à le récupérer ce magot, pas question de le laisser traîner comme ça, surtout depuis qu'on a appris par notre amie que le Cafard s'est fait descendre, j'ai pas confiance en son fameux contact.
Et tout ça vous a mené à cette entreprise qui vient littéralement d'être crée et semble sortir de nulle part?
Eyh oh vous me prenez pour qui mon vieux? J'ai fouiné un peu, Swole m'a laissé utiliser ses contacts pour en savoir plus, à priori cette boîte c'est du sérieux, pas de société-écran ou quoi, pas de lien avec un gang ou un syndicat du crime.
Attendez, vous ne songez tout de même pas à...
Vous avez tout compris. Envoyez un message au patron de StarCorp - mais vraiment, quel nom bidon - et dites-lui qu'il a rendez-vous sur Chandrila dans 2 jours pour un entretien d'embauche. Ah et, histoire de lui donner une raison de venir, dites-lui qu'on lui filera cash 15 000 Crédits si il vient à l'heure.
C'est un peu beaucoup quand même vous ne trouvez pas?
Bienvenue dans le capitalisme mon vieux, on n'a rien sans rien, faut savoir appâter la bête si vous voulez sa peau. Enfin, façon de parler, on ne va tuer personne. J'espère.
Bien bien d'accord... Rendez-vous ou exactement?
La fierté de Chandrila dans le centre-ville. Dites-lui de demander Monsieur Cain à l'accueil. On a 2 jours pour préparer l'accueil de notre nouvelle mule.
Et si ça ne marche pas? Si on découvre que c'est un plan pourri?
Vous savez comment ça marche Monsieur DeGroot.

Le Trandoshan soupira. La violence ne le dérangeait pas outre mesure, c'était génétique chez ceux de sa race après tout, mais il songeait déjà à combien ça allait être problématique s'ils s'amusaient à flinguer un illustre inconnu au milieu d'un restaurant bondé en plein centre-ville. Avec l'affaire Decarpaccio et Snoll et son gouvernement sur le pied de guerre, il faudrait mieux marcher droit.

Un message fut donc envoyé au patron de la toute jeune et minuscule StarCorp avec les coordonnées du restaurant La fierté de Chandrila, la date, l'heure et autres bricoles administratives.

A : PDG de StarCorp
De : Lucien Fairfax
Sujet : Entretien d'embauche

Salutations au PDG de StarCorp. Mon nom est Lucien Fairfax, particulier et résidant actuellement sur Chandrila.
J'ai pu consulter votre fiche entreprise sur l'holonet et votre profil m'intéresse. Je suis à la recherche d'un cargo de transport pour des marchandises et pense que vous pourriez faire l'affaire. Que diriez-vous de me rencontrer pour un entretien afin que je puisse m'en assurer? Du reste, vous pourrez de votre côté vous assurer que mon offre entre dans votre domaine de compétences.

Si cela vous agrée, je vous donne rendez-vous aux coordonnées et menus détails joints pour un entretien. Vous demanderez Monsieur Fairfax à l'entrée. J'ajoute que, conscient de la probable surcharge de travail que vous devez avoir et du temps de trajet potentiel d'ou vous êtes à Chandrila, je vous dédommagerai d'un montant de 15 000 crédits si vous pouvez vous libérer à cet effet. Cette assurance ne prendra effet que dans le cas ou vous seriez présent en temps et en heure.
Dans l'attente d'une réponse que j'espère positive, je vous présente mes respects.

Cordialement,

Signé Lucien Fairfax
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By Leene Halcard
#30735
A l'attention de monsieur Lucian Fairfax.

Monsieur.

Votre offre a retenu mon attention. S'il est plus que probable que StarCorp corresponde à vos exigences de qualité, je me fais un devoir d'accorder à mes clients potentiels la plus complète attention.

Je vous rencontrerais donc sur Chandrila dans quarante huit heures.

Dans l'attente de vous rencontrer, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de ma sincère considération.

L. Halcard, PDG de StarCorp
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Et donc, madame Donos, vous...
J'vous arrête, c'est mademoiselle. Et appelez moi Canna, comme tout le monde.

Leene poussa un profond soupir. Elle se tenait face à une corellienne pure jus, très occupée à se goinfrer d'un steak de bantha de la taille de sa tête. C'était sa troisième candidate et la seule avec laquelle elle avait jugé opportun de discuter plus d'une fraction de seconde. Après un type bien trop louche à son goût et un deuxième qui ne savait pas piloter mais jurait apprendre très vite, Canna Donos semblait être sa meilleure chance, d'autant que le temps pressait.

Canna. Pourquoi avez vous quitté votre emploi précédent ?

Stai chiant.

Leene poussa son second soupir en moins d'une minute et se força à fixer l'arète du nez de son interlocutrice plutôt que ses cheveux sales, ses balafres et son horripilante façon de manger la bouche ouverte.

D'après mes recherches, vous avez endommagé un appareil...
Awai, ça aussi. Mais jvous arrête, ma jolie, c'était pas ma faute. D'abord, ils auraient du le réviser. Ou m'prévenir qu'il était pas en état de voler. Jme suis retrouvée en vol avec la moitié des thrusters en carafe et l'autre moitié qui m'faisait vriller à chaque coup d'palonnier. Alors ouais, j'ai crashé le bousin dans le hangar, seule solution, j'étais en vrille horizontale. J'ai sauvé ma peau, j'ai sauvé l'cargo, ils z'avaient plus qu'à le retaper vite fait !

La blonde s'autorisa une gorgée de jus de fruit. Bien sûr, elle était déjà au courant des particularités de l'accident. Ses recherches, bien que limitées par le temps disponible et ses modestes moyens, avaient été fructueuses. C'était d'ailleurs la seule raison pour laquelle elle avait accepté la demande d'entretien de la corellienne. Cette dernière acheva enfin son steak et leva les yeux vers Leene, qui la dépassait de deux têtes.

Bon allez ma jolie, spa grave, vous z'allez me dire que j'correspond pas à vos critères. Je vous en veux pas vous savez. J'ai eut un steak gratos.

Leene haussa les épaules et se décida à ouvrir la bouche.

C'est ce que je vous aurais en effet déclaré si vous m'aviez menti sur votre crash contrôlé. Je vais être franchement avec vous... Canna. Vous êtes manifestement une excellente pilote mais je recherche un pilote de cargo. Si vous vous lancez dans des rases mottes avec mon appareil parce que vous vous ennuyiez, je n'hésiterais pas à vous licencier.


Ce fut au tour de la corellienne de hausser les épaules.

Si j'peux voler à nouveau, je vous jure que j'ferais la pilote la plus chiante que vous puissiez trouver !
Il y a autre chose. Je cherche une employée en qui je peux avoir une totale confiance, même en cas de coups durs. Je n'ai que peu d'expérience dans le domaine, mais j'ai pu constater que les embûches, dirons nous poliment, sont nombreuses. En d'autres termes...
Vous voulez savoir si j'peux descendre un type avant qu'il vous refasse les fesses et se tire avec vot' beauté.

Leene leva les yeux au ciel et réclama l'addition.

On peut dire ça comme ça. Pour ce qui est de votre salaire, je vous propose 2000 crédits mensuels. C'est peu, mais vous toucherez également 5% des bénéfices nets de StarCorp. Si cette affaire fonctionne comme je l'espère, cela peut se révéler intéressant.


Cette fois, Canna en perdit son débit légendaire et il lui fallut quelques secondes pour retrouver sa verve.

Ma jolie, à s'tarif là, vous pouvez m'demander plein de trucs super dégueu en extra !
Si j'entends encore une « ma jolie » franchir vos lèvres, je vous affecte pour deux ans au transport de banthas, nettoyage de la soute à votre charge.

Compris chef !

Une demie heure plus tard, la totalité du personnnel de StarCorp trinquait pour célébrer l'arrivée du premier pilote officiel de la compagnie. Leene manqua de briser son verre à pied contre l'énorme chope à bière de Canna mais elle ne lui en tint pas rigueur et attendit patiemment que la corellienne ait avalé son contenu avant de poursuivre, les formalités ayant été expédiées entre leur entrée dans le bar haut de gamme et l'arrivée des verres.

Bien. J'ai rendez vous sur Chandrila dans quarante deux heures très exactement. Ce qui veux dire que vous avez deux heures pour me trouver un blaster et préparer l'Inisa au départ. Je vous retrouve au hangar.
Un quoi ?
Et un élégant, je vous prie.
Un blaster élégant ?
Exécution.
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By Amertume
#30737
Une arme élégante c'est pas forcément difficile à trouver. Mais une élégante et qui dissuade de s'approcher de soit c'est déjà plus compliqué. Sauf si on cherche à dissuader de manière définitive et radicale. On pouvait passer par le marché noir ou un vendeur d'armes, c'est pas ça qui manque dans Coruscant. Qu'entend-je par "ça"? Les deux.

Le marché noir proposait en vente le pistolet DH-17 pour la modique somme de 900 crédits tandis qu'un vendeur fiable connu par Canna proposait le modèle Defender en 2 déclinaisons, celle du Conglomérat de Défense Drearien pour la somme de 650 crédits ou son petit frère de Mer-Sonn pour 600 crédits. L'excédent sur le premier par rapport au second venait de sa conception effilée le rendant facile à cacher et la possibilité de le démonter en 3 parties facilement.

Voilà pour les offres de blaster élégant, modérément efficace et facile à utiliser et cacher.
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