- mer. 7 sept. 2016 15:12
#23482
« JAMAIS, m'entendez-vous !? JAMAIS je ne ferais un tel affront à mon peuple ! »
Emporté dans son élan, il percuta du plat de sa main son verre de thé glacé, qui alla se briser sur le sol de marbre de ses appartements trop spacieux. Une réunion à huis-clos de La Voix se tenait ce soir-là, avec une dizaine d'invités de marque, dont sa famille au complet, mais au milieu des festivités richissimes, son père, son géniteur, celui qui avait fait de son existence ce qu'elle était, lui avait soufflé l'idée la plus abominable, la plus intolérable qu'il ait jamais entendue.
« Ce que vous proposez là n'est pas seulement un acte de trahison, c'est un blasphème ! Un blasphème envers ce tout ce pourquoi j'ai vécu, je vis et vivrais ! Vous osez opposer à mon esprit une idée aussi folle que celle-ci ? Envers elle ? Dois-je vous rappeler que nous parlons-là d'une ennemie héréditaire ? Née pour nous opposer, avec sa bonne morale, ses grands discours, et sa bouche en coeur ?
Vous faites insulte à mon intellect, père ! »
« Harlon ! Vous n'avez guère besoin de hausser le ton pour rétorquer de telles choses. Votre refus même envers une demande que je formulâs dans l'espoir que vous la considéreriez est une blessure suffisante. »
« Je refuse d'être témoin de ce chantage affectif indigne d'un Astellan. Mère, expliquez donc à père ce en quoi il a tort. »
« Je n'ai pas d'autre choix que de me ranger aux côtés de votre père, Harlon. »
Si Harlon eut plané au-dessus des forêts couvrant Serenno au milieu d'angelos rieurs, il en serait tombé littéralement des nues.
« Daignerez-vous expliquer cette ineptie, en ce cas ? »
« Vous savez, comme chacun ici, que nous manquons d'appuis dans la Nouvelle République. Cette manouevre conduirait à un rapprochement des cercles les plus insoupçonnables chez les deux parties... les nôtres. »
« Les pour ne comblent aucunement les contre. Je refuse de poursuivre cette entreprise. »
Son père sembla s'avancer vers lui, le silence étant fait chez le restant des invités. Chacun voulait voir la finalité de cette bataille de volonté, mais chacun ne manquerait pas de s'éclipser discrètement quand le temps serait venu, pour revenir quand la poussière serait définitivement retombée.
« Harlon, vous avez accompli beaucoup déjà, mais le surmenage trouble votre esprit. Un membre puissant ne peut pas apporter plus de grandeur que nécessaire ! »
Une phrase qu'il n'aurait jamais cru voir prononcée de la bouche de son père. Faisait volte-face, Harlon pointa un doigt accusateur sur son géniteur, le bras tendu, les muscles de la mâchoire contractés, comme prêts à exploser... et ce fut verbalement qu'il explosa.
« Mais un MAILLON FAIBLE, peut briser la grandeur d'une puissante dynastie ! »
Un silence. Lourd. Des bouches ouvertes, figées. Comme le visage de son père, imberbe, à peine ridé. Noble. Mais faible. Trop faible. Harlon était le vrai Astellan ici. Sa mère se porta aux côtés de son père et lui serra le bras, tandis que la tristesse s'abattait sur leur deux visage. Harlon sentit une pression sur son propre bras. Une main de femme, appartenant à des yeux tristes, eux aussi. Sa soeur, sa douce soeur, sa charmante soeur, sa seule amie... Harlon scruta le visage de Nova, pis se reporta sur celui de son père. Baissant les épaules, il poussa un soupir langoureux, plissa les paupières et fit un geste ample de la main, avant de se tourner face à la baie vitrée.
« Vous pouvez vous retirer. »
« Mais... Harlon... mon petit... »
Lequel ne tourna pas la tête. Une seconde passa, ou une éternité, il n'aurait su le dire. A terme, il entendit un bruit de talon sur le marbre, s'en allant vers l'opposé des appartements. Il partait. Non, ils partaient. Tant mieux. Mais il sentait encore la présence rassurante de sa soeur, en retrait, bienveillante et prête à tout pour le soutenir.
« Harlon... tu ne penses pas que tu exagères ? »
« ... ... ... Oh, Nova... j'essaye de bâtir un Empire. De renforcer mon secteur, et mon état. Et là, c'est ni plus ni moins que demander de le mettre en lotterie. »
« Je sais Harlon, et tu fais de ton mieux. Mais il faut que tu comprennes que père a ses raisons de te demander cela. En te rapprochant avec elle, tu pourrais permettre à nous tous d'avoir une voie, une possibilité d'enfin accéder à ce que tous espèrent. Une trêve, et des échanges. La victoire, mon frère, ne sera pas totale et ne se couvrira pas de bain de sang... mais elle sera annonciatrice d'une domination insidieuse et consensuelle. »
Harlon se gratta la barbe un instant et songea aux possibilités politiques d'une telle entreprise.
« Oui, peut-être... tu as peut-être raison.
Viens maintenant, allons disputer une partie d'échec. »
Harlon venait de prendre une décision.
Un gamin lambda, adolescent à peine pubère, qu'une promesse d'un peu d'argent facile avait convaincu que faire cette commission, se présenta au bureau officiel de la Princesse. Un service spécial chargé de recueillir les requêtes du peuple. Généralement, tout tombait dans l'oreille d'un sourd institutionnalisé, tel était la démocratie. Harlon faisait preuve de plus d'écoute en recevant des doléances triées selon leur importance que les républicains en les refoulant automatiquement selon un algorithme bureaucratique.
A un guichet semblable à tous les autres, le gamin débita son texte.
« J'aurais un message à transmettre à la Princesse Maya Tega. De la part du Grand Moff Harlon Astellan, du Sur-Secteur Hydien.
Mais avant dites-lui ceci... »
Un gamin un peu paumé en manque d'argent. Une bagatelle de 50.000 crédits lui serait donnée s'il entreprenait cette entreprise à sa demande. Il semblait réceptif.
« Quand tu auras révélé mon identité, et la nature de ta venue, dis-leur ceci, à transmettre à la Princesse Tega...
Nous achèverons ensemble... ce que vous et Thoryn avez commencé. »
Palais de Serenno,
20 heures 47
20 heures 47
« JAMAIS, m'entendez-vous !? JAMAIS je ne ferais un tel affront à mon peuple ! »
Emporté dans son élan, il percuta du plat de sa main son verre de thé glacé, qui alla se briser sur le sol de marbre de ses appartements trop spacieux. Une réunion à huis-clos de La Voix se tenait ce soir-là, avec une dizaine d'invités de marque, dont sa famille au complet, mais au milieu des festivités richissimes, son père, son géniteur, celui qui avait fait de son existence ce qu'elle était, lui avait soufflé l'idée la plus abominable, la plus intolérable qu'il ait jamais entendue.
« Ce que vous proposez là n'est pas seulement un acte de trahison, c'est un blasphème ! Un blasphème envers ce tout ce pourquoi j'ai vécu, je vis et vivrais ! Vous osez opposer à mon esprit une idée aussi folle que celle-ci ? Envers elle ? Dois-je vous rappeler que nous parlons-là d'une ennemie héréditaire ? Née pour nous opposer, avec sa bonne morale, ses grands discours, et sa bouche en coeur ?
Vous faites insulte à mon intellect, père ! »
« Harlon ! Vous n'avez guère besoin de hausser le ton pour rétorquer de telles choses. Votre refus même envers une demande que je formulâs dans l'espoir que vous la considéreriez est une blessure suffisante. »
« Je refuse d'être témoin de ce chantage affectif indigne d'un Astellan. Mère, expliquez donc à père ce en quoi il a tort. »
« Je n'ai pas d'autre choix que de me ranger aux côtés de votre père, Harlon. »
Si Harlon eut plané au-dessus des forêts couvrant Serenno au milieu d'angelos rieurs, il en serait tombé littéralement des nues.
« Daignerez-vous expliquer cette ineptie, en ce cas ? »
« Vous savez, comme chacun ici, que nous manquons d'appuis dans la Nouvelle République. Cette manouevre conduirait à un rapprochement des cercles les plus insoupçonnables chez les deux parties... les nôtres. »
« Les pour ne comblent aucunement les contre. Je refuse de poursuivre cette entreprise. »
Son père sembla s'avancer vers lui, le silence étant fait chez le restant des invités. Chacun voulait voir la finalité de cette bataille de volonté, mais chacun ne manquerait pas de s'éclipser discrètement quand le temps serait venu, pour revenir quand la poussière serait définitivement retombée.
« Harlon, vous avez accompli beaucoup déjà, mais le surmenage trouble votre esprit. Un membre puissant ne peut pas apporter plus de grandeur que nécessaire ! »
Une phrase qu'il n'aurait jamais cru voir prononcée de la bouche de son père. Faisait volte-face, Harlon pointa un doigt accusateur sur son géniteur, le bras tendu, les muscles de la mâchoire contractés, comme prêts à exploser... et ce fut verbalement qu'il explosa.
« Mais un MAILLON FAIBLE, peut briser la grandeur d'une puissante dynastie ! »
Un silence. Lourd. Des bouches ouvertes, figées. Comme le visage de son père, imberbe, à peine ridé. Noble. Mais faible. Trop faible. Harlon était le vrai Astellan ici. Sa mère se porta aux côtés de son père et lui serra le bras, tandis que la tristesse s'abattait sur leur deux visage. Harlon sentit une pression sur son propre bras. Une main de femme, appartenant à des yeux tristes, eux aussi. Sa soeur, sa douce soeur, sa charmante soeur, sa seule amie... Harlon scruta le visage de Nova, pis se reporta sur celui de son père. Baissant les épaules, il poussa un soupir langoureux, plissa les paupières et fit un geste ample de la main, avant de se tourner face à la baie vitrée.
« Vous pouvez vous retirer. »
« Mais... Harlon... mon petit... »
Lequel ne tourna pas la tête. Une seconde passa, ou une éternité, il n'aurait su le dire. A terme, il entendit un bruit de talon sur le marbre, s'en allant vers l'opposé des appartements. Il partait. Non, ils partaient. Tant mieux. Mais il sentait encore la présence rassurante de sa soeur, en retrait, bienveillante et prête à tout pour le soutenir.
« Harlon... tu ne penses pas que tu exagères ? »
« ... ... ... Oh, Nova... j'essaye de bâtir un Empire. De renforcer mon secteur, et mon état. Et là, c'est ni plus ni moins que demander de le mettre en lotterie. »
« Je sais Harlon, et tu fais de ton mieux. Mais il faut que tu comprennes que père a ses raisons de te demander cela. En te rapprochant avec elle, tu pourrais permettre à nous tous d'avoir une voie, une possibilité d'enfin accéder à ce que tous espèrent. Une trêve, et des échanges. La victoire, mon frère, ne sera pas totale et ne se couvrira pas de bain de sang... mais elle sera annonciatrice d'une domination insidieuse et consensuelle. »
Harlon se gratta la barbe un instant et songea aux possibilités politiques d'une telle entreprise.
« Oui, peut-être... tu as peut-être raison.
Viens maintenant, allons disputer une partie d'échec. »
Harlon venait de prendre une décision.
Chandrila,
1 semaine plus tard
1 semaine plus tard
Un gamin lambda, adolescent à peine pubère, qu'une promesse d'un peu d'argent facile avait convaincu que faire cette commission, se présenta au bureau officiel de la Princesse. Un service spécial chargé de recueillir les requêtes du peuple. Généralement, tout tombait dans l'oreille d'un sourd institutionnalisé, tel était la démocratie. Harlon faisait preuve de plus d'écoute en recevant des doléances triées selon leur importance que les républicains en les refoulant automatiquement selon un algorithme bureaucratique.
A un guichet semblable à tous les autres, le gamin débita son texte.
« J'aurais un message à transmettre à la Princesse Maya Tega. De la part du Grand Moff Harlon Astellan, du Sur-Secteur Hydien.
Mais avant dites-lui ceci... »
Palais de Serenno,
9 heures 31, le lendemain de la soirée
9 heures 31, le lendemain de la soirée
Un gamin un peu paumé en manque d'argent. Une bagatelle de 50.000 crédits lui serait donnée s'il entreprenait cette entreprise à sa demande. Il semblait réceptif.
« Quand tu auras révélé mon identité, et la nature de ta venue, dis-leur ceci, à transmettre à la Princesse Tega...
Nous achèverons ensemble... ce que vous et Thoryn avez commencé. »