L'Astre Tyran

[Jen'Ari Nekanasaza]

-- À la découverte d'une nouvelle route --
[Helera Kor'rial]


Isabo Daerenth (PNJ)

Les rues sont noires de monde, d'une foule fourmillant dans toutes les directions. Tout le centre de la ville est bloqué par les passants, les habitants, les visiteurs, pratiquement aucun véhicule ne peut circuler normalement. Les forces de l'ordre présentes tentent de les diriger vers des rues moins encombrées, mais chacun veut accéder à l'événement, à la Maison de la Guilde des Explorateurs de l'Hyperespace. La place qui s'étend aux pieds du bâtiment est occupée par une estrade et de nombreux autres petits stands : la Guilde inaugure une nouvelle mission d'exploration. L'équipe choisie pour cette aventure doit quitter la planète après la cérémonie, dans l'un des vaisseaux les mieux équipés de la galaxie, amélioré par les mécaniciens de la Guilde. Le vaisseau décollera de l'astroport, après une longue parade courant de la Maison de la Guilde jusqu'au quai d'embarquement.

Isabo déambule sur la grande place, se frayant un chemin dan la foule. Elle va d'un stand à l'autre, glanant des informations, sur les technologies développées par la Guilde, ou les découvertes faites ces dernières années. Son grand-père lui parlait souvent de cette planète et de la Guilde des Explorateurs. Il avait toujours voulu en faire partie, mais n'avait pas les compétences requises, et aujourd'hui, il était trop vieux. En revanche, un de ses anciens employés, embauché il y a quelques années par la Guilde, avait été sélectionné pour la mission d'exploration. C'est pour ces deux raisons qu'Isabo avait fait son possible pour se rendre sur Impératrice Teta, pour cette fameuse date.

L'estrade est pour le moment vide de monde, elle accueille simplement une maquette du vaisseau équipé pour la mission, mais l'équipe sera bientôt présentée au public. La jeune femme, en attendant l'événement et la parade, s'intéresse à un stand particulièrement curieux. L'homme qui se tient là expose des répliques des découvertes faites lors de missions passées. Des missions ayant atteint leur but, ou ayant dévié, trouvant ainsi des planètes éloignées, des civilisations disparues, et ramenant des objets lointains. Cette session, Isabo la trouve des plus attractives. En tant qu'historienne et, à ses heures perdues exploratrice, certaines reconstitutions holographiques de ruines piquent sa curiosité. Mais la rouquine n'ose pas demander de précisions : l'homme est occupé, présentant un droïde biomécanique hors d'état. De plus, ne disposant pas de la parole, Isabo ne désire pas créer la surprise chez un éventuel interlocuteur. Elle répond donc d'un signe de tête lorsqu'un exposant la salue, mais rien de plus.

La jeune femme se sent un peu perdue, et tout en restant au stand, elle explore du regard les alentours. Elle se remémore alors les paroles de Mya, qui lui conseillait de pratiquer l'art de la dissimulation au sein d'une foule. Cela est peut-être envisageable ici. Après tout, personne ne fait attention à elle. Isabo débute le processus, se concentre sur son emprunte et visualise son aura. Elle essaie tout de même de garder les yeux ouverts, c'est plus difficile, mais l'exercice n’inquiétera pas les passants. Elle ramène ses sentiments à elle, amenuisant peu à peu sa présence dans la Force.

[Helera Kor'rial]

[Deux semaines après la planète poubelle.]

Les trois sensitifs venaient de sortir de l’astroport. Ils jouaient des coudes pour se faire un passage à travers la cohue. Beaucoup de personne, beaucoup d’aliens également. En fait, ils étaient majoritaires ici, des Duros pour la plupart, comme le voulait la coutume. Ils avaient créés les principales voies hyperspatiales connues, la Guilde, c’était leur domaine. Helera doutait même qu’ils ne s’essaient à d’autres choses. Elle ne voulait pas être catégorique dans cette idée, aussi la chassa-t-elle de suite. Elle était vêtue avec des habits brodés, qui paraissaient être de la haute couture. Une chemise à bouton blanche et un pantalon slim beige, tendant vers le marron. Elle trainait derrière elle une longue cape, dissimulant son sabre laser. A ses côtés, Jeny et Yanis. Ils étaient tous les deux habillés dans le même style, sans compter la cape néanmoins. Un blaster au holster chez la fille, et une virolâme pour le garçon. Il n’était même pas nécessaire de préciser qu’ils n’avaient pas l’âge pour utiliser ce genre d’arme. En temps normal du moins. Au simple coup d’œil, on voyait qu’ils n’étaient pas normaux. Pas dans le sens, ils maîtrisaient la Force, surtout en montrant une apparence d’adulte proche de la vingtaine. Helera savait choisir ses partenaires avec soin … Les quatre premiers apprentis allaient probablement devenir les futurs maîtres de l’Ordre gris, cela voulait donc dire qu’ils allaient prendre les commandes quand elle ne serait plus là. Elle devait les éduquer dès à présent.

-Dans la ruelle, là. Puis tout de suite à gauche sur l’axe principal. Attention à vos poches.

Le garçon ricana et ils bifurquèrent comme selon ses instructions. L’exposition, la démonstration et tout ce qui allait avec allait se dérouler au bout de la grande rue. C’était là où il y avait le plus de monde, mais paradoxalement, là où il y avait le plus de place. Une fois le croisement emprunté, Jeny demanda :

-On est censé voir quoi ?

-Trouver des zones commerciales spatiales peu connues, répondit-elle. Cette expo cherche aussi à faire la promotion des trous de vide de la galaxie.

Un haussement d’épaule du garçon et un regard dans sa direction.

-De toute manière, on peut y aller au culot. Je veux dire, vu la flotte qui nous suit, on risque rien.

-La flotte nous suit, et les systèmes indépendant son faibles. Mais si nous attaquons de manière calculés, la République ou l’empire peut nous tomber dessus.

C’était vrai en plus, ils ne devaient surtout pas attirer l’attention des grandes puissances. Ce n’était pas comme s’ils avaient un destroyer dans la poche non plus. Aucun des bâtiments ne devaient être détruits.

-Je croyais qu’on était l’empire.

-Officieusement seulement. On agit dans l’ombre, toujours.

Elle acquiesça et ils débouchèrent sur la grande place ronde. A la périphérie, plusieurs vendeurs montraient ce qu’ils avaient trouvé, les nouvelles technologies, les nouvelles cartes. Tout ce genre de chose en rapport avec l’exploration et la colonisation. Au centre, des barrières rougeâtres faisaient le tour d’une plateforme, que personne ne pouvait emprunter. C’était sûrement ici que le vaisseau prototype allait décoller.

-Faites un peu le tour. On se retrouve ici, ouvrez votre esprit à la Force, je vous contacterai.

Ils acquiescèrent et se dispersèrent, avant qu’elle ne les perde de vue. Qu’est-ce qu’elle allait faire, elle ?

[Jen'Ari Nekanasaza]

Un alien, visiblement très intéressé par l'une des cartes présentées au stand, bouscule la jeune femme pour lui prendre sa place. Elle en perd toute sa concentration et préfère s'éloigner de l'endroit, emportant avec elle le regard d'un humain ayant vu la scène.

En se frayant un chemin dans la foule, Isabo se rapproche de l'estrade. Elle en profite pour se concentrer sur son propre esprit et sur son entourage proche. Mais ses sens se heurtent à de nombreuses présences, elle perçoit l'intérêt, la joie, l'agacement ou encore l'agressivité des êtres vivants passant à côté d'elle. Toutes les émotions défilent, s'entremêlent, certaines s'éloignent dès que d'autres reviennent. La rouquine ne peut s'empêcher de se laisser accrocher par chacune d'elle, tournant son esprit vers chaque source d'émotions, tout en continuant à progresser vers la maquette du vaisseau placée sur l'estrade.



Découverte « Empathie » [connu].



Elle en oublie sa propre présence, incapable d'évaluer lesquelles de ses pensées vagabondent autour d'elle, incapable de se rendre compte que son emprunte dans la Force prend de l'ampleur. Isabo s'arrête finalement tout près de la barrière qui entoure la scène, son regard s'y pose mais elle ne voit pas la maquette. Elle se perd peu à peu dans les sentiments qui sont émis de toute part. La novice en repère un, l'examine, puis passe au suivant, à toute vitesse, elle inspecte les passants. Une émotion forte pique parfois sa curiosité, et elle pousse l'investigation plus loin, en trouvant la source, le cerveau émetteur. Elle en explore le réseau de neurones, la configuration, jusqu'à pouvoir déterminer la race de son propriétaire.

Toute la concentration, tout l'esprit d'Isabo est occupé à une unique tâche. Si bien qu'elle ne se rend pas compte que l'humain l'a suivie. Il se poste près d'elle, la dévisage un instant puis l'interroge.



« Ça va ? Je lui aurais bien fait sa fête à l'autre là-bas, dit-il en désignant d'un signe de tête le stand précédemment quitté. »


Isabo sursaute en comprenant qu'on s'adresse à elle. Elle ne l'avait pas vu arriver, et ne se souvient pas l'avoir perçu. La panique s'empare doucement d'elle, tandis qu'elle tend son esprit vers l'inconnu pour se heurter à une agressivité profondément ancrée. La jeune femme esquisse un pas de recul, mais bouscule une alien qui se tient derrière elle, perdant ainsi tous ses repères. Elle cherche du regard une issue de secours, ne trouvant rien. Un visage attire soudain son attention, à plusieurs mètres de là, se tient une présence amicale.

La jeune femme se soustrait à la compagnie de l'inconnu, effectuant plusieurs pas en direction de la silhouette repérée de loin. Elle cherche frénétiquement à l'atteindre, autant physiquement que télépathiquement. Elle rencontre enfin la barrière mentale de la sensitive, et tandis que la peur monte lentement en elle, elle lance un appel au secours.



* Helera ! *





Utilisation de « Télépathie » [maîtrisé].

[Helera Kor'rial]

Le prototype de moteur subluminique devant elle la laissait perplexe. Il paraissait que les radiations étaient tellement faibles qu’ils étaient possibles de l’utiliser pour le décollage, éliminant de surcroît les répulseurs. Après une inspection générale de l’engin et de multiples questions envers l’humain qui tenait l’échoppe, elle en conclut que ce n’était pas un attrape pigeon. Il semblerait bien qu’un jour, ce genre de moteur soit installé. Qui voudrait cependant se priver de ses bons vieux répulseurs ? La maniabilité valait largement sont bruit horrible. Cette invention ne serait probablement jamais commercialisée, mais elle trouva cela amusant que certaines personnes se penchent sur le sujet. Elle tapota son sabre laser derrière sa cape et se détourna de ce stand-là. Comme une mère qui surveille ses enfants, elle projeta son esprit par-delà la foule pour y repérer ses deux protégés. Ils étaient partis dans des directions différentes pour au final se retrouver vers un stand de ce qu’il semblait être, des combinaisons spatiales. Aucun danger ne semblait présent autour d’eux pour le moment. Elle plaça ses mains dans son dos, au niveau du sabre et continua sa visite de la zone. Elle faisait complètement fit de l’environnement extérieur, misant sa propre protection sur son sens aigüe du danger. Il y avait beaucoup de monde, et cela s’intensifiait à chaque minute. Les esprits mouvaient dans tous les sens en une multitude de suggestions, d’interrogations et de projets. C’était comparable à un immense champ de céréales. Vu de loin, il n’y avait aucune différence entre chaque brin, mais en se rapprochant, on voyait tout le caractère unique de la graine.

Cette vision de l’esprit soumise, la jeune femme chassa cette pensée et tapota brièvement sur son poignet pour lui indiquer l’heure standard. Encore une demi-heure à patienter. En fait, elle n’avait pas réellement envie d’être ici, préférant amplement être au calme. La vue des personnes l’exaspérait. Elle s’accouda sur la barrière et passa une main dans ses cheveux, alors que le vent venait de se lever. Une petite brise vint caresser son cou, dans un frémissement. Helera retira ses mains de la barrière et leva la tête vers l’horizon. Ce n’était pas la brise qui produisait cela. Elle chercha du regard la cause de cette perturbation, vérifiant que les deux adolescents soient hors de danger. Un grésillement résonna dans sa tête. Elle le chassa instantanément et se retourna pour regarder le reste de la foule. Nouveau son très aigüe, qui sembla percer son esprit. Un murmure s’élevant de l’assemblée, le temps qui s’arrêta. Tous les mouvements altérés par la rapidité d’execution de son esprit, essayant de comprendre, de chercher. Un nom résonne dans sa tête en écho avant de faiblir et de disparaître. Son nom, mêlé à l’enthousiasme, mais surtout à la peur. Le temps reprend son cours normal et les gens reprennent leur activité. La jeune femme avait trouvé la source et était presque certaine de son identité. Un simple mouvement pour repérer les jeunes :

-Convergence.

Se contenta-t-elle d’envoyer. Elle poussa ceux qui lui barraient le chemin en accélérant la cadence. Au même moment, sortant de derrière deux gros Houks, la rousse la percute. Helera la rattrapa et lui entoura les épaules avec son bras droit. Elle regarde par-dessus son épaule la raison de sa peur. Un humain s’approchait d’elle. Elle lui jeta un regard noir et serra le poing gauche. Lentement, elle lui murmura :

-Je suis contente de te revoir, Isabo. Qu’est ce qui s’est passé ?

Sans baisser le regard face à l’homme, elle attendait la réponse mentale de son ancienne connaissance. Un mois ou deux s’étaient écoulés depuis leur dernière rencontre sur la planète poubelle. Un mois qui avait été dur pour l’ex-inquisitrice, et qui visiblement ne l’avait pas été que pour elle. Impossible de voir le maître de la jeune femme, il a dû arriver quelque chose à la mirialan.

[Jen'Ari Nekanasaza]

L'homme marque un temps d'hésitation au moment où Isabo rejoint une jeune femme a l'air peu commode. Méfiant, il préfère faire demi-tour. La rouquine jette un coup d’œil derrière son épaule pour le voir s'éloigner et disparaître dans la foule. Elle relève ensuite le nez vers Helera, et la peur s'amenuise pour laisser place à de l'étonnement.

Isabo avait aperçu Helera, mais n'avait jamais envisagé que cette vision pouvait être réelle. La jeune femme rencontrée sur Lotho Minor occupait la plupart de ses pensées depuis son arrivée sur Coruscant. Pendant un instant, elle demeure complètement immobile, plongeant son regard dans les yeux bleus qui lui font face. Isabo en oublie le début de sa journée. Elle trouve un chemin rapide pour lui glisser une question.


* Tu n'as plus ton masque ? *

Elle avait également beaucoup songé à ce masque et à sa raison d'exister. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi Helera cachait ses traits derrière du métal. Mais peut-être la jeune femme de Dargul n'avait elle pas encore assez vécu de péripéties pour pouvoir répondre à ses questions.

Le temps reprend un cours normal pour Isabo. Cette rencontre est bien réelle. La question de son interlocutrice refait soudain surface, et la jeune femme se rend comte qu'elle n'a pas répondu. Elle baisse les yeux, honteuse.


* J'ai eu peur de cet homme ... Il y a trop de monde. *

Bien que concentrée sur Helera, la rouquine perçoit encore les émotions qui se meuvent tout autour, et elle ne parvient pas à s'en isoler. Le ton se fait plus maussade, un peu lointain.


* J'entends ... Non, je ressens tout ce qu'ils ressentent. Il y en a trop. *

Isabo a du mal à contrôler sa pensée, à contrôler ce qui doit être dit à Helera. Le tri est difficile, et de nombreuses sensations sont transmises. Et en particulier ce sentiment que l'on a au moment où l'on se rend compte qu'on est égaré. Un mélange de panique, de désarroi et de tristesse. Elle poursuit néanmoins.


* Pourquoi tu es ici ? *

[Helera Kor'rial]

Je te laisse jouer les deux apprentis si nécessaire, j'ai brièvement écrit leur état d'esprit. Sinon : ici

Le poursuivant d’Isabo semblait réfléchir avant de venir les voir et au final, abandonne, retournant dans la foule. Helera le suit du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse. Elle reporte ensuite son attention sur Isabo et la lâche. Sa première réaction fut le port de son masque, ce qui lui étira un sourire. Isabo avait toujours cette âme d’enfant qui la rendait totalement embêté à chaque faux pas et surtout cette spontanéité. C’était attendrissant plus que déroutant, en réalité, et l’on ne pouvait qu’en rire. Isabo lui expliqua alors ce qui lui faisait peur, et surtout à quel point elle n’arrivait pas à maîtriser ce qu’elle entendait. Une super-sensitive comme elle devait probablement entendre toutes les pensées de tout le monde. A la longue, cela devait être usant. Dans un premier temps, elle lui expliqua pour le masque :

-Je ne le mets pas tout le temps. C’est juste un outil.

C’est ce qui était vrai désormais. Il y a une époque où elle ne pouvait même pas l’enlever, parce qu’elle n’avait pas envie de voir le monde qui l’entourait, voir à quel point la perversion avait rongé la société. Maintenant, au lieu d’observer une galaxie décadente, elle avait choisi de devenir celle qui allait la guérir de ses maux. Pour en revenir à son problème, Helera lui expliqua, malgré la foule ambiante :

-Pense à ce que tu ressens toi. Les odeurs, les sons, toutes les sensations de ton corps. De la moindre brise entre tes cheveux jusqu’à tes orteils. Tu verras, cela ira mieux après.

Ce n’était pas le moment de lui expliquer quoi que ce soit de plus compliqué, ni même de prendre le temps de lui montrer. Il y avait des gens dans les alentours, et moins elles attiraient l’attention, mieux ce serait. Néanmoins, cette technique rudimentaire fonctionnait plutôt bien. Se concentrer sur soi permettait d’oublier les autres.

-On est là.

Helera se retourna vers les deux « apprentis ». Elle s’écarta légèrement pour faire les présentations.

-Isabo, je te présente Jeny et Yanis, des membres de l’ordre. Quant à vous, je vous présente Isabo, rencontrée sur Lotho minor il y a quelques mois.

Les deux hochèrent la tête de concert, le garçon fronça les sourcils, perplexe, le regard accusateur.

-Vous êtes une sensitive également ?

L’esprit des deux jeunes gens n’avait rien de bien complexe. Celui de Jeny était droit, ferme et aucun de ses sentiments ne se traduisait sur son visage. Dans les premières observations, on pouvait y trouver la rigueur d’un entraînement militaire. Pour le garçon, c’était autre chose, il y avait beaucoup de tumulte, de haine et de rage. Il ne le cachait pas. C’est ce qui faisait sa force et sa défense mental. Aussi il était celui dont la discussion serait la plus difficile. Quand la voix résonna dans sa tête, si tant-elle qu’elle résonnerait, il ne broncha pas et fut de nouveau encore plus perplexe. Helera regarda la scène, les bras croisés. Elle ne savait pas encore comment « briser » sa carapace. Il lui obéissait pour l’instant, mais elle n’était pas sûre que cela perdure. Helera changea ensuite de pensée et donna enfin la réponse à Isabo.

-Nous sommes ici pour découvrir des routes commerciales peu connues et peu fréquentées. Et toi ? Je ne vois pas Mya ni Xhien.

Elle serait désolée d’apprendre qu’il était arrivé quelque chose à la mirialan ou au poilu, avec toutes les bonnes intentions qu’elle avait développées lors de leur dernière rencontre. Un bref mouvement de Yanis attira une partie de son attention. Il venait de ranger quelque chose dans sa poche, pour le cacher totalement, et regardait à droite et à gauche. Helera roula des yeux intérieurement, il ne fallait pas être très futé pour comprendre ce qu’il avait fait. Jeny à côté ne transcrivait aucune émotion mais elle savait lire à l’intérieur de sa tête. D’abord savoir où est l'équipe, ensuite les bêtises.

[Jen'Ari Nekanasaza]

La voix d'Helera isole déjà la jeune novice du reste du monde. Isabo choisit de se concentrer sur son aspect visuel. Commençant par ses gants de cuir brun, brodés avec une précision à vous en faire perdre la tête. Elle les inspecte, constate avec joie qu'ils sont toujours en aussi bon état. Il faut dire qu'Iss les avait fait confectionner spécialement pour elle, dans un cuir extrêmement fin, mais avec des coutures des plus solides.

L'arrivée de deux jeunes gens la tire de ses pensées. Elle relève brusquement le nez pour dévisager les deux inconnus. Ils n'ont pas l'air bien vieux, et pourtant, ils semblent déjà avoir une bonne expérience de la vie dans cette vaste galaxie. Rien à voir avec la rouquine, qui sait tant de choses mais découvre encore chaque jour, toujours surprise par les événements, toujours ébahie face à de nouvelles rencontres. Elle se contient cependant, évitant les questions. Elle ne peut néanmoins pas retenir un petit signe de main pour saluer les amis d'Helera.

La question du garçon la dérange. Ce mot, elle ne l'aime pas, et elle ne peut s'empêcher de froncer le nez. Elle répond pourtant, hochant positivement la tête. Mais Isabo n'a pas envie de communiquer outre mesure, ces deux là viennent tout juste d'arriver. La méfiance s'installe, la jeune femme préfère garder ses distances physiques. Mais mentalement, elle par en exploration. La fille d'abord. Son cerveau est petit à petit visité, les zones, les neurones, Isabo trouve des chemins qui ne sont pas gardés : la vue, l'ouïe, l'odorat. Puis le garçon. Il n'a pas l'air très amical, mais elle se force tout de même à trouver une zone facile d'accès.

La rouquine intercepte un mouvement de la part du jeune homme, une main qui disparaît au fond d'une poche. Le toucher, Isabo choisit le toucher, et elle inspecte une fois de plus les neurones de sa cible. Le toucher est le sens le plus facile à cibler, car toute la peau transmet des informations au cerveau, cependant, les signaux sont plus difficiles à comprendre. Pour l'interlocuteur, il est préférable que la jeune femme s’immisce dans les zones réservées à l'ouïe, il n'est ainsi que peu déstabilisé.

Puis tombe la question sur Mya et Xien. Ils sont effectivement absents. Isabo revient à Helera et s'adresse à elle uniquement.


* Ça fait longtemps que Xien est parti, il enquête pour Mya. Et Mya est en mission. Donc je suis toute seule pendant quelques jours. Je suis venue ici pour voir le départ. *
Elle désigne la maquette du vaisseau. La jeune femme espère également assister à la présentation de l'équipe d'exploration et des équipements, cela devrait être intéressant. D'ailleurs, le présentateur vient tout juste de rejoindre la scène, il salue la foule en lui souhaitant la bienvenue sur Impératrice Téta.

[Helera Kor'rial]

Quand Yanis lui posa la question, Isabo eut un mouvement de recul. Helera fronça les sourcils. Serait-il possible qu’elle puisse avoir peur de lui ? En fait, au premier abord, il est vrai qu’il pouvait afficher la crainte vers une tierce. Mais c’était le rôle qu’il s’était donné en fin de compte, pour se protéger des autres. Helera ne pouvait avoir peur de lui, car elle savait que même s’il essayait, elle pouvait le mettre hors d’état de nuire. Ce n’était sûrement pas le cas d’Isabo. Elle n’avait pas pensé à cela sur le moment et se pinça la lèvre. Le hochement de tête de la jeune femme indiquait qu’elle ne s’était pas aventurée dans son esprit, peut-être pour les mêmes raisons que citées plus haut. Il y eu le mouvement de main imperceptible et l’explication d’Isabo quant à la non-présence du reste de l’équipe. Cela ne contenta pas l’inquisitrice qui resta quelques secondes figée, à regarder Isabo. Mya en mission, pour le compte de qui ? Et surtout pourquoi Isabo, qui n’était sûrement pas une personne apte à se défendre, était toute seule ? Elle avait confiance en son interlocutrice, mais pas aux personnes qui l’entouraient, la preuve en était il y a quelques minutes. Si elle n’avait pas été là, qu’est-ce qu’il se serait passé ? Elle n’avait rien à dire à ce sujet, car ce n’était pas son rôle de sermonner tout le monde. Elle-même était très loin d’être parfaite. Alors après ces quelques secondes de réflexion, elle déclara :

-Reste avec nous pendant ces quelques jours si tu veux, je te ramènerai là où tu dois être à terme.

Helera esquissa un sourire et écouta sa réponse. Même si elle était négative, elle ne lui en voudrait pas, mais elle ne pourrait s’empêcher de s’inquiéter. Celle qui se prétendait ne pas suivre la voie des Jedi était bien en train de s’enfoncer dans le sacrifice de sa personne. Cela ne lui déplaisait pas nécessairement, mais elle n’était pas sûre qu’elle réussisse dans cette tâche, à voir. Tous les quatre se retourne quand un Duros s’avance sur la scène. D’un basic plutôt excellent, ce qui était normal, il souhaita à tous la bienvenu sur la planète. Quelques acclamations s’élevèrent dans l’assemblée. La jeune femme n’écouta qu’à moitié ce qu’il avait à dire et se pencha légèrement vers Yanis.

-Qu’est-ce que c’est ?

L’autre se retourna vers elle, le regard surpris. D’un bref mouvement de tête, elle montra sa poche. Il souffla de dédain.

-Une datacarte, j’crois que c’est une cartographie de la galaxie, avec les voies de commerces majeurs, comme on cherchait.

Elle haussa un sourcil, ne comprenant pas vraiment.

-Qui te la vendu ?

-Personne, j’l’ai piqué à un Bothan.

Il étira son sourire, content de son exploit. Helera fit de même et se retourna vers l’auditeur. S’il savait que tout ce que l’on vole sur un Bothan ne sert à rien … Oh elle ne doutait pas qu’il y ait une carte de la galaxie, mais c’est tout. De plus, chose qu’elle réalisa dans l’instant, c’était que l’objet devait probablement être piégé. Sans se retourner, elle ajouta :

- Jette-le. Cela peut être un piège, ou pire, dérégler les contrôles du vaisseau. Contente-toi de regarder et arrête de voler.

Il marmonna deux ou trois phrases incompréhensibles et s’éloigna avec son faux trésor. Helera roula des yeux, tandis que Jeny souriait en coin. Du coup, la moitié du discourt était passé à la trappe et l’orateur appela l’équipage qui allait entamer le voyage. D’un même côté de la foule, six personnes en combinaison intégrale s’approchèrent, le casque couvrant leur visage. Ils se placèrent devant l’orateur, tandis qu’il les présentait. Un bref passage dans leur esprit pour comprendre qu’ils étaient tous humains et bien déterminés à réussir leur mission. C’était honorable de leur part. Par contre, les noms que l’orateur présenta ne faisaient pas du tout humains, mais Duros, comme elle s’y était attendue en venant ici. Pendant un instant, elle se demanda s’il n’y avait pas une erreur puis jeta ses interrogations en dehors de son esprit. La guilde savait ce qu’elle faisait probablement.

[Jen'Ari Nekanasaza]

Isabo n'avait pas non plus écouté le discours certainement très éloquent du présentateur, bien trop occupée à dévisager les nouveaux arrivants. À la proposition d'Helera, elle se contente de répondre d'un signe de tête positif. Ce qu'elle refuse de dire à la jeune femme, c'est tout simplement que Mya n'est pas au courant de sa présence sur Impératrice Téta. La Jedi étant absente pour une mission, Isabo avait organisé ce petit voyage solitaire.

L'équipe d'exploration monte enfin sur scène, et Isabo se retourne immédiatement pour espérer saluer une connaissance de son enfance. Mais aucun des explorateurs n'enlève son casque, leur visage est donc complètement masqué. Ils lancent tout de même quelques saluts timides, agitant la main à la foule qui les applaudit. Une bien étrange présentation, et même l'orateur semble interloqué, cependant, il poursuit sa présentation, donnant plus de précisions quant au but précis de la mission.

La Guilde a investi beaucoup de crédits dans cette opération, mais les bénéfices récoltés si la mission aboutit seront considérables. Le trajet sera sûrement dangereux, peut-être même simplement mortel, mais la découverte n'a pas de prix pour ces explorateurs. L'objet de leur désir se tient au delà des routes connues. Ces explorateurs là n'ont pas l'air très motivés ...

Isabo ne peut s’empêcher d'avancer son esprit vers l'équipage, elle choisit le plus proche et débute sa petite enquête. L'homme esquisse un mouvement de tête, comme si son casque le démangeait. La rouquine explore peu à peu l'organe cérébral ciblé, mais celui-ci n'a rien de celui d'un duro, il est beaucoup plus petit. Elle passe au suivant, même constat. Les six cerveaux sont sondés. Tous sont humains, ou très proches de la race humaine. Mais Ta'Erad n'est pas dans l'une de ces combinaisons, il était pourtant annoncé par le programme et par le présentateur.

La jeune femme s'attarde, et le dernier explorateur tourne soudain la tête vers elle. Elle ne voit pas ses yeux mais est persuadée que c'est elle qu'il regarde. Elle rompt le contact et revient à Helera.


* Ce n'est pas l'équipage présenté ... Des imposteurs ? *
Des imposteurs, ou une pirouette de la Guilde pour éviter les problèmes au cours de la parade, préservant ainsi les explorateurs d'éventuels attentats. Isabo s'en remet à son interlocutrice, mais ne quitte pas le sixième homme des yeux, il regarde toujours dans leur direction.

[Helera Kor'rial]

La remarque d’Isabo lui fait décocher un regard suspicieux. Elle tourna la tête vers l’équipe une nouvelle fois et explore brièvement leur esprit sans y pénétrer de force. Rien n’indiquait qu’ils étaient des imposteurs.

-Qu’est ce qui te fait dire cela ?

Isabo semblait sûre d’elle. Il était plus que probable qu’elle se soit aventurée plus profondément dans leurs esprits. Voir leur nom, comprendre leurs vraies motivations, ce genre de chose. Seulement, il n’y avait pas de logique dans sa phrase. Si ce n’était pas l’équipe présentée, deux possibilités s’offraient à elles. Ou bien l’équipe de présentation n’étaient que des débutants, ou bien c’était des imposteurs. Isabo semblait avoir du mal à affirmer un raisonnement, à prendre une décision d’elle-même. Helera se retourna alors vers elle.

-C’est à toi de me dire s’ils le sont ou pas, fais confiance en ton instinct.

L’inquisitrice ne sentait rien d’anormal. Cela ne faisait que la conforter dans l’idée que l’on pouvait apprendre de tout le monde, même des personnes jugée « moins fortes » que soi. Elle sourit pour elle-même quand elle formula cette conclusion tout en regardant l’équipe. Le présentateur continuait son discourt. La plateforme devant laquelle il se trouvait s’ouvrit et un turboélévateur monta à la vue de tous. Posé dessus, un nouveau modèle de vaisseau d’exploration. Plus gros qu’un chasseur, plus petit qu’un cargo, il faisait danser des étoiles devant les yeux des amateurs de technologie. Dessiné sur la longueur, l’arrière était surmonté de quatre ailerons solaire, tandis que l’avant de forme oblongue paraissait lisse et parfaitement manœuvrable. C’était une sorte de missile géant. Une merveille à plusieurs millions de crédit, équipé d’un hyperpropulseur de classe 1, voire moins. De là où elle était, il était impossible d’apercevoir les générateurs de bouclier, mais ils devaient également être à la hauteur de l’appareil. Quatre trous étaient disposés aux quatre extrémités de l’avant, cachant un système d’armement standard. Sa couleur blanche immaculée était hypnotisant. Avec ce genre de bijoux, il est claire que les mesures de sécurité avait dû être prises, et pourtant…

Helera se frotta le menton avec sa main droite, soutenue par le gauche au niveau du ventre. Mais avec ce genre de bijoux également, beaucoup voudrait s’en emparer. Plusieurs questions s’imposaient à son esprit sans qu’elle puisse réellement y répondre.

-Je ne sais pas exactement ce que l’on peut faire.

L’équipe monta à l’intérieur avec une acclamation de la foule, disparaissant dans les méandres de la technologie. Ils ne pouvaient pas les attaquer en public, ni même les dénoncer. La situation était tendue pour eux et Helera ne procédait que sur l’intuition d’Isabo. En fait, c’était à elle de décider de ce qu’ils devaient faire. Elle proposa néanmoins :

-On peut les suivre avec mon vaisseau, cela te va ?

Ils n’avaient pas une hyperpropulsion aussi puissante mais pouvait compter sur l’aide du Renaissance pour calculer le vecteur directionnel. Normalement, ils ne s’attendraient pas à être suivit donc ne feraient pas d’escale. Elle allait penser à la chance, mais ce n’était pas exactement cela. Si la Force le leur permettait, ils pourraient les suivre, sinon, c’est que leurs destins ne devaient pas les y conduire.