L'Astre Tyran

[Darth Oxious]

Il avait réussi à enrayer le processus, au moins pour le temps de la conversation. Il sentait que la Force était puissante avec elle.

« Je ne connais ni cette Silri, ni ce Drakell et qui est-tu, toi ?
Nullement agacé par cette confusion fréquente, le Khommite expliqua une nouvelle fois.
– Lui, c'est Drakell. Le 82ème représentant de la lignée de Drakell, spécimen original et premier de la lignée. Et si Drakell se trouve ici, c'est parce que Mère Silri l'a guidé. Elle donne sa sagesse aux Sœurs de la Nuit depuis de nombreuses années maintenant, et ses enseignements sont empreints de justesse. »

Il perçut la manière que la femme eut de se raidir à l'évocation des Sœurs. Elles ne lui étaient pas étrangères, c'était l'évidence. Il lui fallait désamorcer la situation, dévier vers autre chose pour éviter de verser dans un affrontement plus direct. Non qu'il craignait de se battre, mais un combat serait une perte de temps.

« Ne t'imagine pas que Drakell cherche à te tuer, ou à te faire du mal. S'il avait dû, il n'aurait pas perdu son temps à discuter. Il n'y a que deux façons de régler une situation : les mots ou le sabre. Là où l'un est inefficace, il faut utiliser l'autre, et réciproquement. Voilà tout.
– Qui cherches-tu si ce n’est moi ?
– Un être d'exception, comme toi. Comme toi, il a provoqué des perturbations dans l'Équilibre.
– L'Équilibre ?

Elle semblait curieuse et désireuse de comprendre le concept. Il avait donc raison, à l'instant. Si les mots fonctionnaient, le sabre serait inutile.

« Tout est le fait de ce qui te parle, de ce qui parle à Drakell. On lui donne plusieurs noms. La Force, les Esprits… Au fond, peu importe. Drakell l'appelle la Force. Beaucoup de gens considèrent qu'il y a le bien et le mal, sans véritable nuance de l'un à l'autre. Pourtant, la palette est infinie. Et pour chaque chose, il existe son exact opposé. Pour chaque action vient une réaction proportionnelle. Car la Force n'est ni bonne ni mauvaise. Elle n'est ni lumière ni ombre. Elle est tout, Elle est complète. Elle cherche sans cesse à s'équilibrer, et si un déséquilibre apparaît, Elle réussira toujours à opérer un retour à la normale. Peu importe comment, peu importe le temps que ça prendra.

Tu as provoqué un Déséquilibre. Et Drakell a été guidé jusqu'à toi pour t'aider à renverser la vapeur. Drakell n'avait pas tout à fait compris comment, ni pourquoi, mais maintenant il sait. »

Le Khommite sentait qu'elle l'écoutait avec attention. Il parviendrait peut-être à la convaincre de l'aider. Elle était assez puissante pour être utile dans sa chasse.

« Celui que Drakell cherche a provoqué un Déséquilibre, plus important que celui que tu as entraîné. C'est un être qui baigne dans le Côté Obscur depuis son plus jeune âge, et il est à l'origine de beaucoup de mal. Mais s'il existe un tel être de noirceur, il existe quelque part son opposé…
Le fait est qu'il s'est corrompu lui-même. En voulant servir son propre objectif, il a pris de mauvaises décisions. Maintenant, il arrive des choses que Drakell n'arrive pas à interpréter. Mais ce que Drakell sait, c'est qu'il est temps pour lui de disparaître. Lui qui a mis à mal le bien doit payer le prix de ses actes. Et en y aidant Drakell, tu pourrais compenser le déséquilibre que tu as provoqué. »

Il espérait avoir piqué la curiosité de la fille, assez pour qu'elle accepte de baisser encore un peu sa garde. Ils avaient tellement de choses à faire, pour retrouver Oxious, qu'il ne savait pas par où commencer. Ils y arriveraient, mais il faudrait du travail et de la patience. Loin de s'avouer vaincu ou décourager, Drakell ne crachait pourtant pas sur un peu d'aide. D'autant qu'il ignorer où il retrouverait son ancien Maître, et dans quelles conditions ils se rencontreraient.

Tout ce qu'il savait, c'était qu'entre maintenant et le jour de leurs retrouvailles, c'était tout le temps qu'il aurait pour se préparer. Au terme de ce délai, il devrait être assez affûté pour rivaliser avec un Seigneur Sith. Parce qu'il n'aurait qu'une seule chance.

[Hayley Curwee]

Le sensitif semblait d’humeur loquace, réaction pour le moins inhabituelle lorsque l’on se trouvait face au Simurgh, il fallait dire aussi que le Simurgh avait pour habitude de ne poser que des questions simples qui ne nécessitait pas autant de développement. Il fallait dire également que dans la plupart des cas ceux qui se trouvaient face à elle n’avait pas le loisir de parler autant, elle les mettait en condition pour que les choses soient simples, car le Simurgh aimait la simplicité, cela satisfaisait grandement ce qu’elle était. Mais qui était ce Drakell au fond ? Qu’est ce qui lui permettait de débarquer ici pour lui apprendre, à elle, ce qu’était exactement la Force ?


- La Force est. Nul question d’équilibre. Puise en elle et elle pourvoira à tes besoins. C’est ainsi. Les créatures dans votre genre se sentent le besoin d’intellectualiser et d’interroger l’existence de quelque chose et sa dimension. Je suis et la Force est. Tout est aussi simple que ça. Il suffit de ressentir.

Le Simurgh ne voyait pas en quoi elle était la cause d’un déséquilibre. Elle éliminait des insectes dont l’existence importait peu. Si elle pouvait faire, elle faisait. Mais c’est lorsque Drakell fit mention de sa traque d’un individu du Côté Obscur que l’attitude du Simurgh changea. Dans le but de dissimuler son trouble, elle se détourna de lui pour s’approcher d’une fenêtre, le verre y était brisé, laissant quelques débris épars encore agencés au cadre, le visage du Simurgh s’y inséra en son centre et alors qu’elle s’apprêtait à poser son regard sur l’extérieur, elle sentit ce quelque chose qui s'agitait en elle, resserant un peu son étreinte. Son regard s’attarda sur le ciel, il faisait froid mais le temps commençait à s’offrir un peu plus à un printemps qui arrivait. Lorsqu’elle prit la parole, l’impression qui en ressortait c’était que ce n’était pas Simurgh qui avait prit la parole, mais quelqu’un d’autre, avec un ton dans la voix bien différent, on y sentait la culpabilité et la tristesse :


- Jadis, je faisais partie de ceux qui traquaient les séides du Côté Obscur… J’avais ce Côté en horreur et je cherchais à mettre hors d’état de nuire ceux qui en faisaient us… J’étais moi-même quelqu’un d’animé par le Côté Lumineux…

Elle avança sa main au soleil, laissant le rayon éclairer et réchauffer sa main.


- J’étais une Jedi…

Il y avait une note implorante dans cette simple phrase, un ton qui en disait bien plus qu’il n’y paraissait, peut-être même plus qu’il n’y aurait eût besoin d’en dire. Dans Simurgh, une faille venait de s’ouvrir, une faille qu’elle ne laisserait pas se répandre. Sa croisade ardente n’était pas terminée, loin de là. Elle raffermit son emprise et força cet aspect d’elle à rester à l’écart de tout ça. Elle avait le contrôle et elle devait le conserver. Et c’est de nouveau Simurgh qui se détourna de cette ouverture pleine de lumière pour se rapprocher de Drakell 82, comme c’était également elle qui reprit la parole :


- Je n’ai que faire de ta traque Drakell, 82ème de ta lignée. Celui que je recherche, c’est Tyber Zann, pas un énième énergumène dont l’existence pathétique n’aurait aucune coïncidence avec la mienne.

Tout en disant cela, sa main caressa la dent de Dragon Krayt qu’était le manche de son sabre laser. Ce qui la tentait, là, maintenant, tout de suite, c’était de sortir son sabre et de découper l’alien en morceaux, pour avoir eut l’impudence de s’être approché d’elle ainsi sans avoir l’air de craindre pour sa vie. Mais le jeu n’était pas terminé et elle lâcha bien vite la dent pour reprendre ses cent pas autour du Khommite. La curiosité du chat l’emporte une fois encore et elle se surprit à interroger le sensitif :


- Et quels signes n’arrive tu pas à interpréter Drakell 82 ? Peut-être pourrais-je t’aider à trouver ta voie afin que tu me laisses continuer ma croisade ardente, hm ?

Un sourire carnassier sur la face, elle s’arrête pour se placer face à l’alien. Puis de reprendre d’un ton dégagé :


- J’ai chassé bon nombre des servants du Côté Obscur. Celui que tu cherches à un nom ?

[Darth Oxious]

Décidément il avait remué la fille bien plus qu'il ne l'aurait pensé. L'espace d'un instant, elle évoqua son passé, avec un rien de tristesse dans le ton de sa voix – voix qui avait changé radicalement – avant de revenir à la colère.

Elle se moquait de ce qu'avait à faire Drakell, et le disait ouvertement. Elle laissait traîner sa main sur un objet d'ivoire, la dent d'une bête de toute évidence, qu'il identifia comme le sabre de la Jedi qu'elle disait avoir été. Ce geste appela chez lui le besoin de raffermir sa prise sur son bâton. Sa main aux doigts longs et fins resserra un peu plus le bois. Puis comme elle semblait abandonner l'idée d'un assaut, il se détendit un peu.

« Et quels signes n’arrive tu pas à interpréter Drakell 82 ? Peut-être pourrais-je t’aider à trouver ta voie afin que tu me laisses continuer ma croisade ardente, hm ?
– La Force donne parfois des visions difficiles à interpréter. Et l'interprétation laisse toujours de la place à l'erreur. Connaître l'avenir avec précision est difficile. Tout ce que Drakell sait, c'est que celui qu'il cherche doit mourir, afin de compenser le déséquilibre.
– J’ai chassé bon nombre des servants du Côté Obscur. Celui que tu cherches à un nom ?
– Il est possible que vos routes se soient croisées, car lui aussi a traqué des Jedi. Il en a tué, bien qu'il n'en ai jamais vraiment parlé. Mais son nom, Drakell peut te le fournir. Pour Drakell, il était l'Am'Jenor, son Maître. Aujourd'hui, il n'est personne. Juste un Sith perdu, qui se donne le titre de Darth... »

Le Khommite marqua un silence lourd. Il n'aurait pas cru qu'un jour il parlerait de la sorte de celui qui lui avait appris les voies du Côté Obscur. S'il l'avait fait devant lui, nul doute qu'une correction serait tombée sans appel. À l'époque, il le craignait et le respectait. Son séjour parmi les Sœurs lui avait fait découvrir beaucoup de choses sur la Force et sur lui-même. Son potentiel était bien plus étendu que ce que l'Am'Jenor ne lui avait fait entendre. Mère Silri le lui avait révélé. Elle lui avait enseigné des choses qu'il pensait inaccessibles, et pourtant il les avait maîtrisées. Là où le Maître ne faisait qu'attiser la colère par l'esprit de compétition et la peur de l'éviction, la Mère ne faisait que mettre à jour la vérité et l'exposer aux yeux de l'élève. Ensuite, elle donnait les clés, mais n'ouvrait jamais la porte, il revenait à Drakell de le faire. L'Am'Jenor ne procédait pas de la sorte. Il prenait garde à ce que ses disciples apprennent vite mais ne deviennent pas trop puissants. Il voulait les contrôler. Il voulait les utiliser, les envoyer à la bataille sans risquer de les voir un jour le surpasser et prendre l'ascendant sur lui. Il voulait son armée fidèle et dépendante. Drakell ne pouvait se résoudre à être l'instrument d'un pauvre fou qui lui-même n'était que le pantin du Conseil Noir. Il ne voulait être le pantin de personne. Il s'émanciperait une bonne fois de l'emprise du Maître, rétablirait une partie de l'Équilibre au passage, et il en aurait fini avec ces inepties. Lumière, Ombre, Jedi et Sith… Aucun n'avait compris qu'il ne pouvait exister sans son opposé. Il ne perdrait pas son temps, il ne dépenserait pas son énergie à l'expliquer, à essayer de convaincre. Il savait, c'était tout ce qui imporait.

Il planta finalement son regard dans celui gris de la fille, et prononça les mots.

« Darth Oxious. C'est son nom. »

[Hayley Curwee]

Reuben's Train - Rag'N'Bone Man

Un silence de mort s’abattit alors que les mots de Drakell 82 emplissait tout l’espace.


« Darth Oxious. C'est son nom. »

Un nom qui sortait d’outre-tombe. Elle le pensait mort. Elle pensait que ce cloporte de Cyniosis Jugo l’avait tué. Elle pensait que cet acte avait mis fin à ses espoirs de vengeance. Ses mains auparavant jointes se séparèrent lentement, le regard gris de la femme restait planté dans celui du Khommite, mais elle ne le regardait pas. Ses bras ballant commencèrent à trembler et ses doigts étaient agités de mouvements incontrôlables et incohérents.

Que se passait-il dans la tête d’une personne quand elle apprenait qu’elle s’était construite sur un mensonge ? Quand cette personne était du calibre d’un être purement émotionnel comme l’était le Simurgh ?

Il y avait tellement de possibilités qui s’offraient à elle à ce moment précis de l’espace-temps. Un éventail de subtilités allant jusqu’aux possibilités les plus frontales. De ce point de vue, le Simurgh s’avérait bien prévisible, cette révélation se traduisit par des spasmes au niveau de ses doigts et les murs autour d’elle se fracturèrent et elle s’effondra à terre, comme saisi par l’énormité de cette révélation que Drakell 82 ne semblait pas saisir. Elle releva doucement la tête des mèches de cheveux formant un voile qui laissait filtrer le regard haineux de la femme. Autour d’elle l’aura avait changé, la tempête éclatait, une tempête où les nuages et la mer formait un maelstrom qui aurait brisé tout bâtiment s’y aventurant, la foudre frappait et le tonnerre grondait sans retenue.

Elle se redressa, lentement, sans ciller ni quitter le Khommite du regard, la tentation de s’en prendre au messager était grande, mais le peu de contrôle qui lui restait elle le mettait en oeuvre pour préserver l’apprenti de Darth Oxious.


- Oxious est mort. Tué par Cyniosis Jugo. Tu mens.

L’aura d'une noirceur effrayante se resserra autour du Khommite qu'il souleva de terre tandis qu’une pression invisible s’appliquait sur la gorge de l’alien. Etait-ce encore un tour qu’on lui jouait ? Etait-elle encore le jouet de quelques marionnettistes dissimulés dans les ombres ? Simurgh était né de la mort d’Oxious, il avait été une conséquence de la fin du zabrak, tué par l’un de ses confrères. Un désir de vengeance non étanché, voilà ce qu’elle était et on lui apprenait à présent que ce désir pouvait être assouvi. Que pouvait-elle faire ? Sa raison d’être se retrouvait remise en question.

Elle relâcha son étreinte, libérant le Khommite de son emprise, tandis qu’elle réfléchissait sur la suite.

Non. Drakell 82 ne mentait pas, elle en avait l’intime conviction, l’apprenti Sith n’était pas fait du même bois qu’Oxious, la tromperie ne semblait pas faire partie de ses prédispositions, cette notion d'Equilibre n’était pas le fait d’un enseignement de quelqu’un d’aussi violent que Darth Oxious. Le Maître et son apprenti semblait avoir prit des chemins séparés, des chemins qui semblaient quand même mener à ce que les Sith appellaient la Règle des Deux. Elle s’adressa au Khommite, d’un ton furieux, tout en faisant les cent pas :


- Darth Oxious… Il a tué l’un des miens.

Le destin d’Oxious était lié au sien, c’était indéniable. Depuis la mort de Ian Curwee elle n’avait eût de cesse d’espérer un moment où elle pourrait retrouver des traces de lui, remonter jusqu’à lui et finir par décapiter sa sale tête de zabrak. Tout en lui n’inspirait que dégoût et haine, une haine sourde et aveugle. Une haine qui ne demandait qu'à se traduire physiquement, l’entraînant peut-être dans des abysses plus sombres encore. Elle se stoppa net, pour faire de nouveau face au Khommite, les yeux pleins de détermination :


- Je t’aiderai à traquer ce Sith, dussé-je m’enfoncer dans les profondeurs de l’Hadès pour l’y retrouver.

Utilisation des pouvoirs de la Force :

• Télékinésie : Pratiqué
• Étranglement - Pratiqué